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Année Septième.
1-4 Janvier 1881
N. 2
Echo des vallées vaudoises
Paraissant chaque Vendredi
Ftij-fs me serez témoins. Actes 1, 8. Suivant la vérité avec la c/iarti«. Ep. 1, 15.
1 PRIX D’ABBONNEMBNTPAR AN Italie ■ . .. L. S 1 To.ua les pays de rUoipn i de poste ... * 6 Amérique . » . fl On s'abofifie : Pour VIntérieur chez MM. Jea pasteurs et les libraires de , Terre Pellice. Pour TA'âJiértei'r au^reaud'Ad- mifiistratioii. Un ou plusieurs numéros sépa' rés, detnafidés avaiic le ' tit- rage 10 cent, chaçua. ÂnboDces: ^5 centimes par ligoo. Les envoisd’.aofpirti ae font par ïôfire recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser aifisi: A la DirecUfin du 7’emoin, Pomaretto (Pînerolo) Uaîie. Pour l’ADMINISTRATION adréssér ainsi : A 1‘Administraiiou du Témoin, Pomarptto < PiaeroloJ Italie
!?$ O mm ai r*e.
Los communautés vaudoises du Wurtemberg... ot les Juifs — Le ba/.ar vaudois
d’Edimbourg. — Correspondunpe. — A
propos de VaJdo,— Education et iustructipn
secondaire. —fïep^e poütiqm.
du Wurtemberg..
et les Juifs
Nous venons de recevoir d’une
personne en état d’ôlre très exactement informée, quelques curieux
renseignements sur ces communautés
vaudoises, et nous nous empressons
de les communiquer à nos lo&teurs,
persuadés qu’ils y prendront un intérêt pareil au nôtre.
Le village de Neu-Hengsteit, l’un
des'plus pauvres, est depuis assez
longtemps l’objet de l’intérêt généreiix du Baron de Georgü-Georgenau,
consul général des' Pays-Bas ; souvent ÎL est venu en aide à la Comntupauté, soit par des dons, soit
îr des' prêts d’argent sans intérêt,
ês’ lüî avoir fait - cadeau d’un
l'.orgùe' pour sa petite église,
nt de , lui donner un grand
verger dans lequel il fait placer un
monument qui rappellera leur origine aux habitants de cette jlocalité.
Ce monument consistera en un
rocher surmonté d’un plateau en
fer, portant les armoiries vaudoises
et les norasr des immigrés, et quelques, notes sur l’état actuel ide la
cbmmunaaté! C’est le vieux paysan
Abram Charrier,.enthousiasteplus
qu’aucun autre, de son peuplé et
de son passé, qui a été chargé par
M, le Baron Georgü de l’arrangé-t
ment du verger et de la' boosÈrucfi
lion du monument. ' 1
La petite église de Schônenberg,
dans laquelle Arnaud a prêché et
où il a été enseveli, n’est préservée
d’une ruine complète que par. les
solides appuis qui en soutiennent les
quatre murs. Au ‘moment où nous
attendions la' nouvelle que l’édiftee
qui doit la remplacer était terminé,
nous apprenons avec beaucoup de
regret que l’on se dispute encore
sur l’emplacement à ehtmir. Une
partie des habitants de Schônenberg
insiste avec force pour que le nouveau bâtiment recouvre, Comme Pancien, le tombeau d’Arnaud. Le pas-
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leur d’Oeticheim qui dessert aussi
l’annexe de Schônenberg , secondé
en cela par une autre partie des
habitants, veut placer le nouvel édifice assez loin de l’ancien et à
l’extrémité du village du côté d’Oeticheim. Nous espérons que le gouvernement auquel il appartient de
trancher la question, trouvera le
moyen de satisfaire, dans ce qu’ils
ont de raisonnable, les vœux des
deux partis. Nous espérons surtolit
qu’il ne se trouvera parmi ces descendants de Vaudois aucun homme
assez obstiné et assez insensé pouf
mépriser la • prédication de la parole de Dieu, si elle ne lui est
pas apportée au lieu et à l’heure
où il lui plairait de l’entendre !
A la pauvreté traditionnelle des
communautés vaudoises. du Wurtemberg , dont les terres sont en
général de la dernière qualité, est
venu depuis bien des ’années déjà
se joindre un fléau de la pire
espèce. Les juifs se sont introduits
partout, à Kniltlingen, à Viüar, à
Nordhausen , à Pinache , au Serre,
à Neu-Hengsletl ; on nous donne
les noms de plusieurs de ces harpies, ou de ces vampires qui sucent jusqu’à la dernière goutte du
sang de quiconque a le malheur de
se mettre en contact avec eux. Les
choses se passent en ce pays-là
comme partout ailleurs. Le paysan
paresseux, ou imprévoyant, dépensier ou adonné à la fagisson, se voit
un beau jour en présence de quelque dette pressante qu’il lui est
impossible d’acquitter, ou d’une récolte insuflisante à laquelle il ne
sait comment suppléer. Alors arrive
providentiellement un Lévi, un Salomon , un Weiss ou un Schwarz
quelconque, un Lôwenthal ou un
Lôwengarlen, qui consent à débourser quelques florins, ou quelques
thalers, quelques francs ou quelques
livres, toujours un peu moins que
ce dont on aurait besoin , car il
faut qu’on recoure à lui une seconde et une troisième fois. Le
paysan ne sait pas ce que c’est
qu’une lettre de change ou un billet
à ordre; il signe et prend cet argent au moyen duquel il consommera
sa ruine, au lieu de la conjurer.
Les plus belles vignes de Kniltlingen
et de "Villar sont déjà toutes aux
mains de ces juifs, et il est fort à
craindre que les meilleures terres
ne prennent insensiblement le même
chemin.
Comme c’est là ce qui se passe
un peu partout en Allemagne, il
n’y a pas lieu de s’étonner que les
Sémites n’y soient pas regardés d’un
œil trop bienveillant. — Mais l’avidité du gain, l’ivsure pratiquée
sans mesure et sans scrupule, n’étant plus une spécialité ou un privilège des juifs, elles ne suflisenl
pas pour expliquer cette redoutable
croisade qui se prêche en ce moment et qui s’accomplit même déjà
contr’eux, surtout en Prusse. Tous
les journaux de notre pays et quelques-uns qui nous viennent de
France blâment à l’envi ce mouvement anti-sémitique dont Berlin est
le centre ; ils n’hésitent pas à le
flétrir comme un attentat contre la
liberté et contre le christianisme.
Ce n’est certes pas nous qui nous
chargerons de justifier ces violentes
récriminations et cette tentative de
proscription d’un nombre considérable de citoyens de cette Prqÿse
que nous avons appris à eslinqer
à aimer. Mais nous pensons-qu^îF
ne faut jamais se hasarder à porter.
3
■ l\
un jugement absolu sur les faits
et gestes d’un peuple, ou sur les
actes d’un gouvernement, avant de
s’être exactement informé des circonstances et des motifs de ces
actes. — Dans ce cas particulier,
si les Germains qui ne s’émeuvent
pas aussi facilement que les méridionaux , si les hommes les plus
sérieux et les plus grèves, ont pris
l’initiative du mouvement où s’y
sont laissés envelopper, ce n’est ni
l’envie, ni la peur qui les y a déterminés ; quoique ces deux passions puissent y avoir poussé beaucoup d’autres personnes. Ce qui a
mis le comble à l’irritation des esprits les plus calmes et les plus modérés c’est la croissante impudence
avec laquelle les juifs attaquent le
christianisrne, dans les journaux
qu’ils rédigent et dont ils sont les
propriétaires. Voici un échantillon
de cette atroce polémique ; c’est un
journal de Berlin, la Boersen-Zeilung
qui nous le fournil.
« La haute Chambre des Députés
vient de clore sa session on votant
la loi sur les maladies épidémiques
(peste) du bétail. Nous souhaitons,
aussi bien qu’à nos concitoyens, à
ce cher bétail, des fêles de Noël
exemptes de peste et de maladie.
Nous pouvons bien accorder ( souhaiter) aux bœufs qui ont joué un
rôle si éminent lors de la, naissance
de Christ, un pareil repos en souvenir du fait mémorable auquel ils
ont concouru ». — Le rédacteur
principal de ce môme journal a fait
encore une effrontée comparaison
entre la Sainte Trinité laquelle,
dit-il^ est paresseuse à puer, ( Stinkend-faul ) et celle de la BörsenZeitung qui travaille sans cesse pour
le bien de ses concitovens ».
De pareilles insolences’expliquenl,
sans la justifier, cette levée tardive
de boucliers contre ces adversaires
acharnés et puissants du christianisme.
lÆ um \AVD0IS D’ËDiHBOlRG
(Troisième lettre).
Le jeudi matin, tous les journaux
d’Edimbourg annonçaient à leurs lecteurs qu’à midi, le Right Hon. Lord
Provost ouvrirait le bazar vaudois.
Chaque annonce consistait en une
trentaine de lignes, et coûtait, pour
chaque jour la bagatelle de 250 francs.
Or comme l’avis a paru, sous des
formes diverses, pendant près d’une
semaine dans leiScotemcm, le Daily
Review et le Courant, vous pouvez
vous faire par là une idée de ce que
doivent être les dépenses qu’entraîne
avec soi un bazar fait sur une aussi
vaste échelle. Mais il est prouvé que
plus on fait de bruit, et plus on fait
d’argent, et cette fois encore on en
a fait l’expérience, car au moment
même de l’ouverture c’est par centaines que l’on comptait les acheteurs,
et par centaines aussi les bank-notes
qui affluaient dans la caisse du bazar.
Ces dépenses inévitables sont amplement compensées par le redoublement
d’intérêt ou de curiosité qu’elles occasionnent.
A midi précis, le Lord Provost
montait sur la plateforme, "suivi d’un
cortège des représentants des diverses
Eglises, tandisqu’un chœur entonnait
l’hymne au refrain bien connu :
Cbrisiiun sold-iers , onwarJ go.
Après la prière prononcée par le révérend doct. Blaïkie, le Lord Provost
prit la parole, et voici un résumé de
son discours : Il m’est souvent échu,
en ma qualité de premier magistrat,
pendant les trois dernières années,
de faire plus d’un appel en faveur de
ceux que la crise commerciale que
nous venons de traverser, avait plus
particulièrement affectés. Mais à présent que l’aspect des choses est plus
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souriant, n’est-il pas de notre devoir
d’en profiter pour aider ces hommes
dévoués en faveur desquels ce bazar
a été organisé? Je suis heureux de
constater que plusieurs des églises
de la Grande Bretagne et d’Amérique,
éprouvent un nouvel intérêt en faveur
de cette Eglise Vaudoise, dont l’hisLoire remonte si haut ; dont l’existence, en dépit de Rome, est un vrai
miracle, et dont les pasteurs prêchent
maintenant l’Evangilè avec autant de
fnîôlité qü’ils le faisaient à travers
les pérsécuiion's. Impossible de regarder autour de soi sans en emporter
PittipressioU que ce bâ/ar a excité
partout b'éaucoup d^enthousiasme , et
ceiâ.ne fait, pas pèü d’honneur à Edinbourg que d’avoir pris la première
plâee dans cette; lutte de générosité.
Avant de finir, perjdiettez-moi de vous
proposer une affaire commerciale.
Nbus avons ici une collection d’antiqiiités Vaudoises, et il serait regrettable de les Voir dispersées. Ne vaudraitil pas mieux souscrire une soramq,
et déposer ensuite cettë cotleclidn
dahs un. dés Musées d’Edinbourg?
Cent livres sterlines suffiront pour
t seule the wwiier, et je désire, qu’en
ma qualité de représentant de cette
ville, mon nom soit inscrit pour le
pr'eniiéf sur lâ listé ».
Inutile de dire que les applaudissement les plus sincères accueillirent
et le discours et la proposition du
Lord Provost ; pour moi j’en étais
enchanté;. J’avaife déjà hazardé quelque
chose d’approchant dans une de mes
.leetutes, et la bieiiveilianèe avec laffuëllte mes pâroles avaient été accueillies m’avaient prouvé qu’eîlés avaient!
un écho dans le cœur de plus d’un.
C’eût été grand dommage que les boulets de la Ralsille s’en allassent à
Aberdeen, la beiâana dè Rorà à Glasgow et les vieilles Bibles à Jnverness.
Nos manuscrits sont dans les bibliothèques de Dublin et de Cambridge:
pourquoi nos vieilles armes, mais
toutes ensemble, ne seraifent-elles pas
à Edittbourg ? elles y seront presque
mieux gardeés- qiPaux Valléés. Le desideratum^ de tout le monde, ünfe fôid
sanctionné par l’autorité du premier
magistrat, ne pouvait plus rencontrer
d’opposition, et maintenant notre collection reposera afcôté des souvenirs
des Covenanters , à moins qu’un revirement de l’opinion publique ne
fasse reprendre à ces vieilles armes
le chemin des Vallées. Qui sait ? On
a vu des choses plus improbables
s’effectuer.
Pour inviter un plus grand nombre
de personnes'à concourir à cette soûscription, et pour que l’on pût examiner de plus près les arguments
donl_se servait l’Église Romaine pour
la conversion des Vaudois, |e déscendis la collection|de l’ètagere où
je l’avais placée le soir du concert,
et l’étalai sur une petite table au
centre de la salle, autour de laquelle
je fis établir un petit treillis; de chaque côté un grand écriteau répétait
la proposition dü Lord Provost in
caratteri di scatola, tandis qu’une de
nos jeunes Vaudoises recueillait les
souscriptions qui arrivaient sans relâche. Les deux autres,fM“® Cleghorn,
M. Cesan et moi , nous avions assez
à faire, pendant ce temps, pour suffire à toutes les requêtes de nos chalands. A peine le Provost eût-il fini
de parler que la foule qui remplissait
la salle se groupa autour de chaque
sfall, et surtout autour de la nôtre :
pendant quatre heures de suite nous
eûmes à peine le temps de respirer,
tellement il fallait expliquer, répondre à celui-ci, prendre l’argent de
celui-là, mais aussi vers quatre heures notre table ctait-elle dégarnie !
De mes trente-six poupées il ri’en
restait plus une; chocolat, miel, lavande, cuillers en bois, lampes en
laiton, photographies.... tout était
littéralement enlevé: chacun voulait
avoir quelque souvenir des Vallées :
il ne me resta plus bientôt, en fait
d’objets caractéristiques, qu’une vieille
pinta de Prarustin: un monsieur qui
vint me supplier de fini trouver encore quelque chose,{l’emporta triomphalement et l’exhibait autour de la
salle à qui voulait la'fvoir. Les bon'nets vaudois firent fureur, et vous
eûssiez pû voir ce couvre-chef caractéristique sur laj'tête de mainte dame
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-13.
vêtue de soie et de satin. Les Vaudois de Genève avaient envoyé 100
iylographies représentant le départ
de nos Pères du bois de Prangins,
dans la nuit du 16 au 17 août 1689:
ceux de Florence avaient expédié une
superbe collection d’albâtres de Volterra ; M. Appia et M. Muston de
Boxirdeaux, des vues des Vallées; tout
cela fut si fort apprécié que pour
regarnir notre table en vue du lendemain, il nous fallut aller mendier
des autres staMs, moins dilapidées
que la nôtre. Et cependant toutes
i avaient fait de fort bonnes affaires :
si bonnes, qu’au lieu de faire son
tour au l30ut de quatre heures de
vente, le trésorier fut obligé de recueillir vers deux heures l’argent que
les coffrets ne pouvaient plus contenir.
A quatre heures l’on obtint un peu
de répit, et vraiment on en éprouvait
le besoin. Plusieurs personnes qui ont
visité les Vallées, en profitèrent pour
venir me serrer la main, en me demandant avec beaucoup d’affection
des nouvelles de leurs amis, et en
m’exprimant tout le plaisir que le
succès du bazar leur faisait éprouver.
Braves gens ! j’étais si fatigué que je
ne pouvais guère répondre que oui
et non à leurs demandes empressées,
mais leur bonté me touchait profondément.
Je fus' aussi très heureux de pouvoir serrer la main à trois des jeunes
gens et jeunes filles qui sont venus
passer un hiver à la Tour. Cela faisait du bien de voir quel bon souvenir ils en ont conservé; de se sentir
quelque peu Vaudois les lendaient frétillants comme des poissons dans l’eau
fraîche. Deux d’entre eux surtout nous
furent très utiles en colportant autour
de la salle des petits objets difficiles à
liquider, et leur zèle allait à un tel
point que je dûs en arrêter un qui
s’en allait vendant, en parfaite bonne
foi, des bâtons dé Stirling pour des
cannes des Vallées. .— Quand je l’avertis de son erreur involontaire, il
me remercia, mais ajouta : « Quel
dommage que vous me l’ayez dit;
j’aurais fait de meilleures affaires ! »
Ce moment de répit, dont j’ai parlé
plus haut, nous fut accordé par le
petit concert qui chaquejour, à quatre
et à huit heures, se donnait dans une
des salles latérales et dont le répertoire fut successivement compose de
musique sacrée, de musique classique
et enfin de musique purement écossaise. A côté de ces matinées et
soirées musicales, il y avait aussi des
récitations, et votre pauvre délégué
dut aussi s’exécuter, bon gré mal gré,
à déclamer tout d’abord un morceau
de Dante (celui où il y a : Ahi,
dura terra perché non t’ap'hti f ) k
raconter pour la vingtième fois au
moins la Glorieuse Rentrée, et enfin
à lire et commenter la lettre en patois qui lui fut confiée par la V. Table
en guise de mandat. Tout autant de
moyens pour amener plus d’eau au
moulin ! W. Meille.
ERRATA-CORRIGE — Oans le dernier
N. à la page n, colonne 2. ligne 1“, au lieu
de lire : «er» la table des Vallées Vaudoises ijui
ne paraissaient.,. etc. lire: vers la table des VaL
lies, et vers les trois jeunesVattdoiscs, qui... etc.
Poésie.
Traduction de la préface du Catalogue
en vers, destiné aux visiteurs du
Bazar Yaudois d’Edimbourg.
Nous comptons que de pr6s et de loin sans retard,
Les chalands par milliers vont venir au Bazar,
Et qu’jtutonr de nos bancs une foule mouvante
Hâtera promptement le succès de la vente.
Pour certain l'Ecossais aux sentiments courtois
Ne ferme point sa bourse aux indigente vaudois.
Nous aimons notre sol, nous aimons nos montagneg.
Car lâ font leur séjour en fidèles compagnea
La constante vertu, la sainte vérité.
De TKoosse la force et la prospérité.
Au delà de la mer que notre cceur »‘élance
Pour s'arrêter au lieu que, dans sa Providence,
DTea dunna comme asile aux saints persécutés,
Que la Nature orna de sublimes beauté»;
Oo les sommets des monts vont chercher Tempyrée
SerabLant montrer la vie éternelle en durée.
Le sentier du devoir est battu dans ce lieu,
Kt rbomme et la nature entretiennent de Dieu.
Eoosse I Donne donc, donne l'or avec zèle
Pour aider les pasteurs de ce troupeau fidèle
— Ces cœurs zélés qui n'ont pour principe moteur
Que d'honorer le nom du divin Rédempteur, —
A conduire ïes grands, sans pftîàéa en arrière.
Les enfants au devoir, h l'amour, la prière,
Ouvrez donc h la fois vos bourses et vos cœurs,
Et soyez en ces jours de vous mômes vainquears,
La sympathie sent mais encore elle donne,
Qui ne fait que sentir ne soulage personne.
Quelqu'un n’a*t‘il pas dit (nous le devons savoir)
Qu’il vaut certes bien mieux donner que recevoir?
J. D. C.
6
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(ÎPorrcsponbance
Torre-PeHicei le 8 Janvier 1881,
Honorez monsimr le Rédacieur,
Complez-moi parmi ceux qui apprécient votre modeste feuille, et qui se.
réjouissent de la voir entrer dans sa
septième année. Pour un petit journal
fort peu encouragé de ceux là même
à qui il est tout particulièrement
destiné, je trouve que son âge est
déjà respectable et propre à nous
inspirer ■ de la conflance pour son
avenir, que je lui souhaite toujours
plus prospère.
L’annonce que le concours de quelfjues nouveaux collaborateurs vous
est assuré est de bon augure; et
nous attendons avec quelque impatience, de les voir à l’œuvre. Pour
■répondre au désir des athéniens- du
jour, qui réclament, à grand cris,
des nouvelles, plus d’une fois j’ai été
tenté de vous envoyer quelques ..glanures , ramassées dans mon petit
champ et dans ceux de... mes voisins.
Mais la crainte de voler le métier à
vos correspondants ofiiciels, qui connaissent aussi bien que moi, tout
ce que je pouvais vous dire, et sauraient le conter bien mieux, m’a
toujours retenu. Leur silence, à l’endroit de bien des choses qu’ils pensent ne pas mériter qu’on les relève,
m’a seul donné le courage de vous
écrire.
Après un tel préambule, le lecteur
s’attend sans doute, à ce que je lui
raconte merveille ! Vous allez voir
comme il se trompe, s’il’ a do telles
prétentions. — Pour ne pas faire de
jaloux, nous allons procéder par ordre
chronologique, selon la méthode des
chroniqueurs, car quant à faire de
l’histoire nous n’y pensons même pas,
et nous laissons volontiers cette intéressante rubrique aux professeurs
et à Yaudés, Ne fait pas de l’histoire
qui veut.
La veille de Noël, M'^® Sircoulon
recevait à l’Orphelinat, .quelques amis
de cet établissement pour leur faire
partager la joie qu’éprouvaient plus
de cinquante jeunes filles, rélmies
autour d’un magnifique arbre étincelant de lumière et chargé de jolis
cadeaux destinés aux orphelines et
à leurs hôtes. Belle soirée, s’il en
fut, joie pure, franche gaieté, j’ai
un seul regret et c’est que M’**® M.
W., qui a tant fait pour nous procurer cette agréable fête, ne pût
être là pour en prendre sa part. —
Qu’elle soit remerciée et bénie, pour
tous ses bienfaits !
Le jour suivant, à 3 heures, dans
le temple des Coppiers, fraîchement
restauré grâce à la générosité de M'"®
M. IL, les enfants de l’école enfantine de ce quartier, célébraient, eux
aussi, la venue du Sauveur. Après
avoir vivement intéressé la nombreuse
assemblée qui se pressait dans le temple, par des chants et des récitations
fort bien exécutés, sous la direction
de leur excellent maître, ces chers
petits s’en retournèrent à la maison
les mains pleines de toute espèce de
bonnes choses.
Nos rcmercîme’nts à M*’’*® C. qui ne
se fatigue pas de prendre.chaque année sur elle les soins et les fatigues
qu’ occasionne nécessairement une
aussi belle fête.
Lundi 3 Janvier, un troisième arbre
appelait à-via û'IMm l’école enfantine de k ville. Ici il faudrait dire
merci à trop de monde, et encore
risquerait-on de faire quelque oubli!
Qu’il nous suffise de rappeler, avec
reconnaissance, les soins qu’apportent
à cette fête depuis nombre d’années,
les demoiselles M.
Je passe sous silence ce qui s’est
fait à l’hôpital de La Tour, pour ne
pas répéter ce que VItalia Evangelica
a, du reste, si nien raconté.
La Semaine de prières a été bonne
malgré le mauvais temps. Nous avons
eu onze réunions dans les differents
quartiers. Les dernières ont été très
Iréquentées. Grâce au concours de
quelques uns de nos frères, il y a
eu presque partout plusieurs allocutions et nombre de prières. La variété
et brièveté sont plus utiles qu’on ne
pense au succès de ces réunions.
Maigre gerbe, mais de cœur, etc.
L-P. P.
7
.15^
Florence, Janvier 7, 1881.
Monsieur le Rédacteur,
Je comptais en avoir fini avec mon
censeur^ contre mon gré et celui des
lecteurs plus bénévoles, il me force
par scs procédés ii lui répondre une
seconde fois.
I! n’est pas exact de dire que je
cite M. Tron parmi les écrivains qui
aslroiog'uent avec trop de bonne volonté ; qu’on regarde au texte puis à
la note qui se rapporte à cette expression. J’y parle d’ailleurs d’Atsionen
non de biographes. J’ai ajouté que
tel est l’esprit de l’école de Léger,
vous imprimez que je comprends là
sans doute Perrin. Ce sans doute est
mal placé , puisque Perrin précède
Léger et que d’ailleurs il affirme en
s’appuyant sur le témoignage des
Vaudois que ceux-ci descendent de
Valdo.
On se scandalise du mot astrologare.
Je laisse au meilleur lexique italien,
à.ma connaissance, le soin de l’expliquer. Il dit : « comunemente vale
pensare per fare conjettura ». La peccadille que je relève ( puisqu’il faut
l’appeler par son nom ), consiste donc
à méditer des conjectures, au lieu ^de
s’en tenir aux faits. — Ceci me rap_
felle que mon expression relative à
éger a subi une interprétation arbitraire. Je dis, après avoir mentionné
Perrin et Gilles comme plus fidèles
à l’ancienne tradition ; « chi usci adii dirittura dalla via battuta per isvolaz»zare sull’ali della fantasia nel campo
»delle leggende, si fu quel Legero da
»cui trasse le ispirazioni una genera»zione di scrittori ».On commence par
mutiler la phrase et me faire dire ce
Léger, tout court, sans songer que
j’écris en italien pour les italiens qui
ne connaissent pas tous Léger; que.
ce quel qui sert à le déterminer n’impliquejpas de mépris, si l’qn tient
compte du fait qu’il n’avait pas été
mentionné et des paroles qui suivent
et qui complètent. Mais j’ai écrit qu’il
s’est égaré ( je n’en fais pas un volatile, ne pressez pas ), dans le champ
des légendes. Eh bien , il y a autre
chose de plus grave à noter. Qu’on
regarde par exemple à sa manière
de citer des écrivains catholiques pour
leur faire dire ce qu’ils n’ont jamais
dit. J’ai reconnu, apr,ès les critiques
français, allemands, anglais, même
après Gilly, que la probité littéraire
de Perrin est sur un point plus que
suspecte. Ceci non plus n’est pas du
goût de mon censeur. Ce qui lui plaît
a lui, c’est de me faire dire ce que
je ne dis pas ; c’est de donner à croire
à des lecteurs qui ne jugeront généralement que d’après son dire que
selon mon étude, les Alpes n’offrent
aux premiers vaudois d’autre attraction que des terrains et un souffle de
liberté; c’est encore de prétendre que
je fais juge absolue la critique allemande, quand il n’a qu’à ouvrir les
yeux pour voir que je discute plus
d’un critique et m’en écarte sur plus
d’un point. Si après cela, il lient à
me donner des leçons de respect, je
lui dirai d’abord qiîe s’il ne croit pas
devoir se découvrir ( non pour saluer
mais se laisser voir ), du moins qu’il
paye d’exemple. Libre à lui de mépriser mes conclusions, de les discuter , de s’en moquer même, mais
non de les altérer. Et d’ailleurs, on
ne s’arme pas d’autorité quand on
recourt à la Bible pour lui faire dire
critique allemande foù elle dit mâchoire d'âne ( voir la version Segond )
outre que l’on ne se montre pas respectueux envers des nom.s comme
ceux de Neander ou Herzog, qui ne
représentent pas seulement des savants consciencieux de premier ordre,
mais encore des amis sûrs et précieux
de l’Eglise Vaudoise.
Je regretterais que le Témoin ne
voulût pas saisir, mieux que par la
plume inexacte de l’inconnu imaginaire, l’oCcasion que nos amis du
dehors nous ont plus d’une fois et solennellement procurée de nous prononcer sans préjugé sur la question
de nos origines. Avant de vérifier les
assertions de nos écrivains., j’étais
enclin à admettre des traditions que
je crois maintenant erronées. Je prétends que jusqu’ici, il n’y a pas de
preuve à leur appui, et je pense aussi
avoir le droit d’appuyer nées convictions
8
■16,
historiques sur des faits, comme j’ai
le devoir comme chrétien d’appuyer
ma foi sur la Parole de Dieu.
Pour n’avoir pas à revenir sur ce
sujet, qu’il mè soit permis d’en appeler à ceux qui veulent bien me
lire, sûr d’avance qu’ils seront équitables, E. COMBA.
4 props de VtiliJo
Monsieur le Directeur,
Avez-vous remarqué, dans les annonces de VItalia Evangelica, une
petite pointe à l’adresse àu Témoin?
Nombre de vos lecteurs peuvent l’ignorer ; me permettez vous donc de
reproduire ici l’expression dont il
.s’agit? Sous le titre opinione della
stampa, à propos du livre Valdo ed
i Valdesi avanti la Riforma, par
M. Comba, on lit'entre autres choses:
questo libro interessa massimamente
la quistione dell’origine dei Valdesi.
Salvo il Témoin, giornale valdese, i
perwdioi l’approvarono pi qui senza
restrizione. Citiamo i giudizi seguenti :
(f studio di critica storica spassionato
e diligentissimo » (rassegna settimanale, 3 ottobre ) etc. etc.
Je me souviens parfaitement d’avoir
lu avec un de mes amis, pasteur
vaudois, l’article du reste assez flatteur de la Rassegna sur l’ouvrage de
M. Comba, je l’aurais vu avec plaisir
reproduit par un de nos journaux,
mais savez-vous, monsieur, quelle
est la chose qui nous ale plus frappés?
C’est tout juste une restriction de
la Rassegna, identique à celle du
Témoin, restriction qui, évidemment,
a échappé au rédacteur de l’annonce.
Vdici encore ce passage qui ne manque pas d’intérêt. I valdesi entrati
per le Alpi Cozie nelle Valli occidentali del Piemonte v’incontrarono essi
qualche altra gente ivi pure infugiatasi da persecuzioni politiche o religiose e quindi disposta ad accoqliere
novità ? Più che a noi, al professore
Comba sembra questa un’ipotesi poco
fondala. Comunque non la esclude ecc,
ecc. N’est-ce pas là aussi l’avis du
Témoin ? Soil dit entre amis, le «journal vaudois i est donc en bonne compagnie.
Voire dévoué
F. M.
Nous avions bien remarqué la petite pointe dont parle notre correspondant, sans y donner cependant
une grande importance. Mais puisque *
l’occasion nous en est offerte, nous j
croyons utile de nous expliquer sur i
notre manière de procéder en des cas ]
pareils. Lors donc que les pointes sont'
méchantes, nous les renvoyons immédiatement à leurs auteurs; lorsqu’elles
sont simplement malicieuses nous résistons d’ordinaire à la tentation d’y
répondre et nous les aurons bientôt
oubliées.
Dans le cas particulier dont il s’agit, bien loin d’avoir sujet de nous
plaindre, nous avons plutôt été trèsheureux qu’on reconnût au Témoin
son caractère très spécial de journal
vaudois. Il l’est en effet, et même il
n’y en a pas d’autre qui le soit comme
lui ; car pour s’occuper des intérêts
de l’Eglise Vaudoise, il n’a besoin
de,la permission de personne, et il
s’inquiète "fort peu d’avoir l’approbation de tout le monde, même de ceux
qui sont mortellement jaloux de la
prospérité de cette Eglise.
Il va donc sans dire que le journal '
vaudois prend un très vif intérêt à
toutes les questions d’origine et d’histoire de son Eglise et il entend s’en
occuper dans la mesure de sa capacité.
A ce propos nous tenons à rappeler, et ce n’esl que justice, à ceux
qui trouvent qu’aux vallées on produit extrêmement peu, que ce n’est
pas tôut-à-fait notre faute. Si les professeurs de nos divers établissements,
au lieu de leurs cinq ou six heures
de leçons par jour, n’en avaient qu’une
ou tout au plus deux; si de leur côté
les pasteurs avaient leurs trois mois
de vacances, comme ceux qui sont
occupés de l’enseignement, il est asseî
probable que, de temps à autre, ils
feraient eux aussi gémir la presse, et
9
-li.
peut-être, leurs lecteurs. Car enfin il
y en a un ben nombre parmi eux qui
sont très capables de traiter des questions très diverses; il y en a même
qui ont cdnnu la critique allemande,
qiii apprécient hautement les très
grands services qü’ellp a rendus à
toutes lés branches de la théologie,
mais qui sont loin dé croire qu’elle
ait dans tous les domaines, prononcé
eh dernièr ressort..
Mais aiix Vallées on a toujours encore l’idée- que lorsqu’on est revêtu
de la charge de pasteur ou de professeur, il faut, avant toutes choses
que l’on soit cela. S’il reste ensuite
quelques moments de loisir, chacun
les emploie selon ses aptitudes et ses
goûts.
Nous avons tout lieu d’espérer qu’à
l’avenir plus d’un, aux Vallées, consacrera ses loisirs à l’étude dés questions d’histoire vaudoise. Vaudés s’y
est déjà engagé- et d’autres suivront
son exemple.
et iiislrwtiw seeoitdaife.
( ni® LETTRE ),
Cher Monsieur,
Que bien, que mal, j’ai dans mes
deux premières léttresj, soutenu que
le but des études, que l’on fait au
Collège, ne doit être rii matériel, ni'
scientifique; eh d’autres termes, j’ail
conclu que dans l’enseignernent que
l’on y donne, il ne faut viser ni à
l’ùitik, ni aü savaiitissime. Voilà, en
dêùxi mots ce qui ne doit.^pas être-.
qiiànt à ce qui doti éiré c’est un pepi
plus difficile à" savoir'et à dire aussi.
Cependant U arrivé parfois qu’en rerriohtarit à là source de l’erreur onl
découvre la vérité'. Essayons, de cette
méthode et demandons nous d’où peuvent bien vepir,, et en quoi consistent'
ces deux! tendances que nous accusons'
d^être funestes- aUx bonnes études.
Tout îé mài'vient de ce que les ^étudès'
sont précisément détournéès de leur
vrai but et cela à cause de certaines
idées fausses que l’on se fait de l’instruction. Les uns la considèrent, à
tort, comme une chose bonne en
elle^même et à elle seule parfaitement
suffisante; la science pour la science,
voilà leur devise ; aussi leur plus
noblé ambition est-elle de faire des
savants, au risque de faire parfois
tout autre choSe, les perroquets non
exceptés. ' L’erreur fondamentale de
ce système est de croire que l’instruction a son but en elle-même, tandis
qu’elle n’est au fond, autre chose
qu’un moyen. C’est ce que reconnaissent les autres et en cela ils ont
parfaitement raison. Leur seul tort,
mais il est assurément très-grave, est
de faire servir l’instruction comme
un des meilleurs moyens.... de gagner
de l’argent. On le voit,, c’est tomber
de Carybde en Scillà. Comment faire,
pour éviter ces deux dangereux écueils?
n n’y a qu’à aller droit devant soi
en laissant chaque chose à sa vraie
place.
Tout d’abord nous devons bien nous
pénétrer de cette idée : que l’instruction à tous ses dégrés, qu’elle soit
primaire, secondaire ou supérieure ,
n’est autre chose qu’un moyen, un
des plus puissants, si l’on veut, mais
enfin un moyen pour atteindre un
but plus élevé qui se résume en un
seulmot: Education.Le motqui résume
toits les devoirs du père de famille,
exprime aussi à lui seul quelle doit
être la' tâche de tout instituteur
qu’il soit réaerit, professeur où même
docteur. Eauquer, c’est-à-dire tirer
hors de l’enfant tous les trésors d’intelligence, de force et de bonté que
Dieu a renfermés, sous une enveloj^e
si frêle ; éduquer, c’est-à-dire souffler
sur Tâme pouT y éteindre, si possible,
la flamme trop tôt pétillante du mal
et y raviver la lueur vacillante du
bien, employer tous les moyens que
Dieu lui-même, a mis à notre disposition pour faire jaillir et développer
ce puissant germe de vie qu’il a déposé dans la nature de l’enfant et
qui doit non seulement animer son
corps, J mais éclairer- son- intelligence,
faire battre son cœur et s’épanouir
dans toutes les facultés de son âme.
10
,18,
Eduquer, c’est-à-dire d’un enfant faire"
un homme, et un homme tel que
Dieu l’a voulu ; voilà la tâche à la
fois la plus noble et la plus utile,
la plus difficile aussi, que nous puissions nous proposer dans nos familles et dans nos établissements.
Ce qui surtout est difficile, c’est
de mener de front tant de choses,
de diriger et développer ces forces
si variées, de manière à cç que loin
de se combattre et de se nuire, elles
concourent ensemble au même but.
C’ est ainsi ' par exemple que chez
certains peuples l’on s’occupait de
fortifier, de développer les forces du
corps, sans s’inquiéter le moins du
monde du cerveau, ni même du cœur.
De nos jours, le courant de la mode,
puisque mode il y a, nous entraîne
plutôt vers l’autre bord : une aveugle
fureur s’est emparée des esprits et
pousse la plupart des parents à sacrifier la santé de leurs plus chers
enfants, pourvu que ces derniers, acquièrent une instruction hâtive et
prématurée. Mais ce sujet nous entraînerait trop loin : qu’il suffise de
le mentionner en passant, quitte à
y revenir peut-être un jour. Il est
d’ailleurs juste de dire que chez nous
aussi l’on a déjà en quelque mesure
remédié au mal que nous avons signalé, par l’établissement d’une salle
de mmnastique. Mais notre collège
souffre d’un autre mal beaucoup plus
grave, d’autant plus que le remède
n’est pas aussi facile à trouver. Qu’on
en juge par cette simple question , à
nos yeux la plus importante de toutes:
Notre collège est-il actuellement , ce
qu’il devrait-ôtre, c’est-à-dire nonjpas
un établissement d’instruction tout
simplement, mais un institut A’éducation ^l en d’autres termes ce modeste asile de la science où tant de nos
jeunes gens vont se former l’esprit,
leur offrè-t-il tout ce qu’il leur faut pour
leur développement religieux et moral ? N’est-il pas vrai de dire plutôt que
l’on se préoccupe trop de leur cerveau et pas assez de leur cœur ? Et
pourtant s’il v a une chose sur laquelle les philosophes soient d’accord, c’est de reconnaître en l’homnje,
à côté de la pénsée, ou plutôt au dessus d’elle, le sentiment et la volonté.
Voilà deux ressorts précieux et délicats
qu’il s’agit de ne pas laisser se rouiller , qu'il importe' au contraire de
polir et repolir avec le plus grand
soin : ou si l’on veut ce sont là les
deux racines, par lesquelles, plus
encore que par l’intelligence, s’alimente la vie de l’homme. Or ce n’est
pas de science que le cœur vit, mais
d’affection, il a nesoin d’autre chose
que de la poussière des bibliothèques,
et toutes les racines latines et grecques,
succulentes autant que l’on voudra, ■
ne suffisent pas à le nourrir. Ce qu’il
lui faut c’est ce qu’on appelle, faute
de mieux, le milieu, l’atmosphère,
l’ambiant, choses indéfinissables mais
réelles, que l’on ne voit pas, mais
que l’on sent. Des relations empreintes d’une certaine cordialité, une vie
3ui rappelle un peu la vie de famille ,
es rapports familiers sans trivialité,
intimes sans indiscrétion, des marques
d’un intérêt plein de sollicitude et
de bienveillance, des encouragements,
des conseils.... voilà des choses dont
nos étudiants ont tout aussi besoin
3ue des bonnes leçons. Celles-ci sont
estinées à développer leur intelligence , celles-là ont pour but d’agir
sur leur volonté, sur leur cœur et
toutes ensembles elles concourent |à
la formation du caractère, c’est-à-dire
à l’éducation.
Cette conclusion np sera pas du
goût de tout le monde: peut-être
m’accusera-t-on de détrôner la science,
de rabaisser les études; j’estime, au
contraire, leur faire le plus grand
honneur en les ramenant à leur vrai
rôle dont elles n’auront pas à rougir:
contribuer pour une bonne part à
l’éducation de l’homme, voilà à quoi
est destinée l’instruction, prise en
général. Et quant à l’enseignement
secondaire qu’a-t-il de mieux à faire,
si ce n’ est de former pour notre
pays des hommes bien éduqués, qui
non seulement aient de bons sentiments religieux et une volonté exercée
au bien, choses que l’on peut trouver
chez l’homme le moins instruit, mais
des hommes qui aient aussi une intel-
11
.19
ligence développée et qui puissent
mettre au service de toutes les bonnes
causes un esprit cultivé et réfléchi,
une instruction solide, uns culture
intellectuelle supérieure.
Aussi vrai donc qu’il y a une agriculture , une apiculture, etc., il y a
aussi une culture de l’homme; c’est
même là le vrai but des études. —
Voilà enfin notre principe établi. Une
fois les conséquences tirées, ce qui
sera l’affaire d’une dernière toute
petite lettre, le soussigné n’aura rien
de mieux à faire que de rentrer en
toute hâte en son domicile et de
refermer hermétiquement l’épaisse coquille de noix qui lui! sert d’enveloppe.
Baravantanus.
fiouDciiee reUjgteitees
et faits divers.
Italie. — Monsieur le pasteur Turin
écrit, de Milan, à l’Itaha Evangelica,
qu’à Noël dernier, quinze nouveaux
membres, parmi les quels un seul
protestant de naissance, ont été admis
dans l’Eglise Vaudoiso de cette ville,
ce qui porte le nombre de ses communiants à deux-cents.
Monsieur Turin ajoute cette circonstance intéressante que dans les deux
journées du 25 et 26 décembre, la
Sainte-Cène a dû être célébrée trois
fois, pour satisfaire aux besoins de
tous les frères désireux de témoigner
de leur foi au Sauveur, et de leur
amour les uns pour les autres.
A Gênes le nombre total des
catéchumènes demandant à être admis
dans l’Eglise, et dont quatre seulement
sont fils de parents évangéliques,
s’est élevé cet hiver à 32, dont 20
hommes et 12 femmes.
Angleterre. — La délégation du
Comité de la Société des missions
évangéliques de Paris auprès du Gouvernement anglais, au sujet de la
guerre qui désole le pays des Bassoutos-, a été reçue mercredi dernier
par lord Kimberlev, ministre des colonies.
Elle se composait de MM, les pasteurs Appia, Georges Fisch, E. de
Pressensé et des missionnaires Goillard et Mabille.
Voici, pour ceux de nos lecteurs
qui les ignoreraient, les circonstances
3ui avaient motivé l’envoi de cette
éputation ; le dernier gouverneur de
la Colonie du Cap, sir Bartlefrère
avait provoqué une mesure, qui avait
paru, avec raison, non seulement injuste, mais injurieuse aux Bassoutos,
celle de leur complet désarmement.
Bon nombre d’entre les chefs les plus
capables et les plus puissants de.ces
trihus se sont refusés à l’exécuteur,
et de là une guerre menaçant de détruire à la fois leur nationalité et la
florissante mission française et suisse
à la quelle ils doivent de s’être élevés à un état de vraie civilisation
chrétienne.
Une pétition consignant ces faits
et réclamant l’intervention du Gouvernement anglais, pour envoyer dans
cette contrée une Commission^ d’enquête qui deviendrait à coup sûr une
Commission de pacification, a été
présentée au ministre (anglais, couverte de milliers de signatures, et la
Commission sus mentionnée était chargée de la présenter ét d’en développer
les conclusions.
L’accueil de Lord Kimberley a été
des plus courtois, et aux discours des
cinq délégués, chacun des quels a
développé avec force un des côtés de
la question, le ministre a répondu de
la manière la plus intéressante. Après
avoir exprimé sai reconnaissance envers la Société des missions, pour
l’envoi de la députation, il a affirmé
à plusieurs reprises le vif désir du
Gouvernement anglais d’arriver le plus
promptement possible, à rétablir la
paix dans le Lessouto, et a même déclaré avoir donné, à cet égard, les
instructions les plus formelles , au
nouveau gouverneur chargé de remplacer l’auteur de cette malheureuse
guerre.
Lord Kimberley a de plus rendu
hommage le plus honorable et le plus
explicite aux missionnaires français
et à la belle œuvre qu’il leur a été
12
.20.
donné d’accomplir au milieu des Bassoutos. — Ajoutons, pour terminer,
que la délégation a pu trouver dans
le discours de la Couronne, prononcé
le lendemain même à rouverture du
Parlement, la confirmation expresse
des déclarations du ministre.
Genève. — Pierre Janavel, originaire du Charmis (Villar), est entré
dans son repos le 5 Janvier à 5 heures
du soir, après une longue et doulouteüse maladie.
Cher compatriote i
Ton âme repose dans le sein de
to.rf Sauveur, en qui tu as cru, et h
qui tu l’as recommandée en quittant
ce monde.
Tu avais en perspective ici-bas,
une modeste et honorable carrièrej
la mort... ce terrible salaire du péché est venue la briser au moment’
où tu ne t’y attendais pas, étant a
la fleur de l’âge; mais elle t’a ouvert
les portes d’un bonheur parfait et
sans 'fin, car Celui en qui tu as cru,
a expié le péché en mourant sur la
croix, etil est sorti vivant du tombeau,
et victorieux de la mort.
Ce grand salut accompli par la mort
et la résurrection de Christ, est le
partage assuré de tous ceux qui croient en lui.
L’amour du travail et l’obéissance
au devoir, t’ont guidé pendant les
années que tu as habité dans cette
ville, en sorte que ta conduite a été
irréprochable et exemplaire; tu as
honoré la mémoire de nos pères; tu
as honoré la mémoire de ton aïeul,
le Capitaine Janavel, dont les cendres
reposent depuis bientôt deux siècles,
dans le cimetière de celte noble ville
de Genève.
Adieu ! au revoir à .la grande et
gl0riGuse !ijo,urnée de la T résurrection
des corps.
Ætaiie. Les journaux sopt remplis de détails .sur la brUlanteîréception que les Palermijtains ont faite à
la famille royale. Les fêtes succèdent
aux fêtes.
A Rome et dans toute l’Italie l’anniversaire de la mort de Victor-Emmanuel , le 9 janvier, a . été rappelé
avec tristesse ' et affectueux respect.
Les Italiens, tout en rendant hommage à la loyauté et au libéralisme
éclairé du) roi Humbert, n’oublient
pas ce qu’ils doivent au fondateur de
Tunité et de rindépendance de la
patrie et au gardien jaloux des libertés constitutionnelles qui nous régissent.
Le nouveau ministre de rinstruc- ,
tion publique manifeste Tintention
d’introduire beaucoup de réformes ;
il a déjà mis la main à l’œuvre.
Les commissions pour l’examen de
la loi électorale et pour celui du projet de l’abolition du cours forcé travaillent avec ardeur.
Des élections supplémentaires pour
la Chambre des députés ont eu lieu
dans une vingtaine de collèges. Dans
quelques-uns la lutte a été chaude,
n y a plusieurs balloltiages.
—’En France les élections
municipales , même à Paris et dans
les autres grandes villas ont eu lieu
généralement dans le sens du pgrti
républicain modéré. La parti imtransigeant et çoramvinard a é^è pyesq^ue
partout battu.
— La reine a ouvert le parlement par un discours
rassurant pour la paix européenne,
L’Angleterre prend l’engagement de
s’entendre dans la. qùestiOii grécoturque avec les autres puissances signataires du traité de Berlin. —■ On
a l’espoir que la paix sera'bientôt
rétablie daps le Tranwaal et dans
toute l’Afrique .méridionale.—L’état
de l’Irlande est toujours le mime.
— Ti’empereur a eu
une longue conférence avec le.pripce
de Bismark. Il a exprimé l’espfii,r que
la paix de l’Europe pourra être- ràiaintenue, et il sera tieurepx fie-pouvoir
s’y consacrer fie tout smi poqyoir.
Eaw ïST U O H eb V, i el AiPwiiifsiraie« r
Pignerol, îiup. Chiaatore et Mascaiefli.