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iTcutlk IH^nsuelle
SPÉCIAIEMENT COJISACRÉE AUX INTÉRÊTS DE LA PAMIILE VAOIDISE
« Ilh dion q u ’ es y a u d e s . .. «
Il Ils disent qu’ il e st V a u d o is a
Nobla leyczon.
S03I1IAIRE. Quelques mots aux lecteurs de VEcho. — Histoire vaudoise: les enfants de Mérindol. — Variétés: Michel, ou le salut
par grâce. — Pensées. — Nouvelles Religieuses. — Nouvelles
politiques.
QEEEQEE8 H O TS
aux
le cte u rs
de
V M eha
Avec cc Numéro finit la première année de noire modeste
publication. En comparant ce qu’elle eût pu ê tre , ce que
nous eussions voulu qu’elle fût avec ce qu’elle a é té , nous
ne pouvons que nous humilier profondément, tant nous sen
tons d’être restés en arrière de notre tâche.
La cause principale en est assurément notre insuffisance
propre ; avec plus de talent que nous n’en avo n s, mais
surtout avec plus d’amour , plus de foi et plus de prières ,
notre Feuille eût été autre. Le reste trouvera son explication
et jusqu’à un certain point peut-être sa justification dans les
circonstances : sans parler de ce tâtonnement inséparable de
toute cntrqirise q u i, commence et auquel la nôtre est loin
d ’avoir échappé; sans parler de bien d’autres difficultés en
co re, nos Ilecteurs comprendront que c’en ait été une trèsgrande pour nous que de devoir pomrsnlvre notre publication,
pendant les deux-tiers de l’année, à plus de cent lieues de
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— i86 —
distance de l’imprimeur et du pays auquel elle était tout
particulièrement destinée.
Toutefois nous aimons à nous persuader que, malgré ses
imperfections de toute espèce, notre entreprise n’aura pas
été entièrement inutile. Nous n’aurons, il est vrai, ni résolu
une question , ni abattu un préjugé, ni fait prendre une
détermination quelconque ; mais nous aurons jeté dans notre
public quelques idées, éveillé quelques sentiments qui tôt ou
tard porteront leurs fruits. Le bien , quand c’est de bien
moral qu’il s’agit, n’apparaît jamais tout-à-coup ; ce n ’est
(lue lentement et à la longue qu’il se montre ; mais parceque la récolte ne suit pas de très-près les semailles, ce n’est
j)as une raison pour envisager comme inutile le travail du
cultivateur. Du reste, n’est-il pas vrai que si peu que nous
ayons fait et que nous soyons en état de faire , ce peu vaut
toujours mieux que new? Que d’autres se présentent, avec
le désir et les moyens de faire mieux , et c’est avec joie
que nous leur céderons la place ; jusque-là nous regarde
rions comme une infidélité de nous retirer d’une entreprise
à laquelle nous ne nous sommes sentis poussés ni par l’in
térêt , ni par le caprice, mais , nous osons le d ire , par
pur sentiment de devoir.
h ’Echo continuera donc à paraître aux mêmes intervalles
et aux mêmes conditions que précédemment. Si la chose
eût dépendu de n o u s, nous n’eussions pas demandé mieux
que de nous rendre audésir exprimé par beaucoup de personnes,
d e ^ J ^ vûir _se,^ublier_.deux fois par "mois au lieu d’u n e ;
mais tant (juc nous serons seul ou à peu près seul à l’œuvre,
et avec des occupations qui se font plus nombreuses de jour
en jour , nous ne pourrons y songer.
Nous eussions également voulu, quoique le^qudx-ji’jJumnement soit déjà bien, b a s , le-,xli«iinuer encore, afin de
rendre notre petit journal accessible à plus de personnes ;
mais cela aussi, pour le m om ent, noj^s est impossible :
peut-être plus tard le pourrons-nous, et alors nous nous
hâterons de le faire, ne voulant retirer de cette entreprise
d’antre profit que celui du peu de bien qu’il nous serait
donné de faire par son moyen.
Que nos amis du pays et de l’étranger veuillent donc
nous continuer cet intérêt et ces encouragements dont nous
a vons reçu jusqu à ce jour de si précieux témoignages ;
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— 187 —
4e notre côté, nous nous engageons à ne rien négliger de ce
qui pourra rendre notre publication toujours moins impar
faite , toujours plus conforme au but qui nous l’a faite entre
prendre : la gloire de Dieu et le bien de nos frères.
La Tour le 1*'’ juin 18it9.
J. P. Meille .
H I S T O I R E V A IJD O ISE
Ees enfiin to de M é rln d o l
fragmenl d’une histoire des Faudois racontée aux enfants.
Jugez, mes petits amis , de la satisfaction qui devait rem
plir l’âme du seigneur d’A lenc, en voyant ses efforts cou
ronnés d’un si beau succès , et l’affreux malheur qui mena
çait tant de personnes innocentes écarté, au moins momenta
nément , de dessus leur tête !
De l’enquête que le roi ordonna sur cette affaire , il
résulta, au témoignage des catholiques eux-mêmes, que ceux
que l ’on persécutait si cruellem ent, étaient gens de grand
travail, qui avaient transformé en peu de temps le sol sur
lequel ils étaient venus s’étab lir, gens paisibles, aimés de
tous leurs voisins, de mœurs irréprochables , maintenant
fidèlement leurs promesses et payant ponctuellement leurs
dettes ; gens charitables, ne permettant qu’ancun d’entr’eux
eût nécessité, aumôniers envers les étrangers et pauvres
passans, selon leur pouvoir ; gens de grande piété , se di
stinguant de ceux du pays en ce qu’on ne pouvait en aucune
façon les induire à blasphémer ou nommer le diable, ni à
jurer , si ce n’était en jugement ou en passant quelque
contrat ; et en ce que, se trouvant en une compagnie où se
tenaient des propos inconvenants ou des blasphèmes contre
D ieu, ils s’en départaient tout aussitôt. Nous ne connais
sons autre chose à leur charge, ajoutaient ceux de Provence,
si ce n’est que , se rendant aux marchés ou dans les villes,
on ne les voit guère aller à moustier (J) , et s’ils y entrent,
y font leurs prières sans regarder ni saints ni saintes, comme
; 1) Dans les églises.
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—
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—
aussi , rencontrant sur leur chemin croix ou images , ils
passent devant sans faire de révérence. Les prêtres leur
reprochaient en outre de ne faire dire aucune messe pour les
morts , de se soucier peu de l’eau bénite ; de ne pas aller
en pèlerinage pour gagner leur pardon , et lorsqu’il tonnait
on qu’ils se mettaient à genoux pour p rier, de ne pas faire
le signe de la croix , mais d’élever simplement leurs regards
au ciel en soupirant.
Ce ne sont pas des supplices, ce sont des récompenses ,
mes petits amis, qu’étant les maîtres, vous auriez décernées
à de tels hommes ! François
(c’était le nom du roi
qui régnait alors en France), aveuglé qu’il était par ses préju
gés et par ses passions, n’en jugea malheureusement pas comme
vous. Tout ce qu’il f i t , fut de publier, sous 1a date du
8 février IS itl , des lettres-patentes par lesquelles il ac
cordait aux Vaudois grâce et pardon , à la condition que
dans trois mois , tous auraient fait abjuration solennelle de
leurs erreurs et fausses doctrines, promettant de vivre
catholiquement et fidèlement selon la loi de Dieu et de l'Église.
Dans le cas où ces conditions ne seraient pas acceptées ,
le Parlement de Provence avait ordre de faire des Vaudois
telle punition qu’il jugerait convenable.
En vain pour détourner un pareil eoup, ceux de Mérindol
se hâtèrent-ils de faire présenter au monarque une profession
de leur foi , entièrement appuyée sur les E critures, le
conjurant d’ordonner qu’il leur fût permis de vivre tranquil
lement selon ces croyances, ils n ’obtinrent pour toute réponse
qu’un nouvel édit désignant deux membres de la Courd’Aix,
par-devant lesquels les suppliants devaient déclarer sans
autre s’ils voulaient ou non se prévaloir des grâces qui
leur étaient offertes.
Ces députés arriv és, et avec eux l’évêque de Cavaillon
avec son secrétaire et un docteur en théologie , les Vaudois
prièrent qu’avant de les contraindre à ab ju re r, la confes
sion de foi qu’ils avaient présentée fût lue et examinée
d’après la Parole de Dieu. — C’était justice, mes petits
a m is, qu’une telle demande. Le docteur en convint et
demanda quelques jours pour confronter chacun des articles
de cette confession avec le texte des Ecritures ; les députés
y consentirent ; l’évéqne seul se montrait peu satisfait de
ce délai. Il sc relira pourtant avec les autres; mais comme
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—
sa présomption égalait son ignorance , il ne larda pas à re
venir, cette fois sans le docteur, n’amenant avec lui que
quelques moines, sûr qu’il n ’en fallait pas tant pour réduire
quelques campagnards au silence.
Arrivé qu’ il fut sur la place de la ville , ayant fait veuil
les enfants grands et petits, il commença par leur jeter
quelqu’ argent. — « Récitez-m oi, leur dit-il ensuite, le
Pater (^otre Père) et le Credo (Je crois) ». — Les enfants
le récitèrent, puis l’un d’eux prenant la parole pour tous
les autres dit : « Nous ne pouvons expliquer cela ni rendre
raison de notre foi qu’en français ». — « Il n’est pas besoin
de tant de science , répartit l’évêq u e, c ’en est assez que
vous sachiez et reteniez ces prières en latin ; car il y a
beaucoup d’évêques et de curés et même de docteurs en théo
logie à qui il sufQt de pouvoir présenter une simple para
phrase de l’Oraison dominicale et du Symbole des Apôtres ».
— Alors André Meynard, syndic de Mérindol qui était pré
sent , prenant la parole : « Et à quoi servirait-il je vous
prie, dit-il à l ’évêque, de proférer des mots que l ’on n’en
tend p as, et de réciter comme un perroquet le Pater et
le Credo ? Certes , ne ment-il pas et ne se moque-t-il pas
de D ieu , celui qui, sans les comprendre , se permet de dire
ces paroles : je crois en Dieu ? et qui ignore leur valeur ! »
— « Et comprends-tu toi-même, reprit l’évêque impatienté,
ce que signifient ces paroles : je crois en Dieu ‘f »
.Alors
André Meynard se mit à rendre tres-en détail raison de sa
foi. — « Je ne croyais p as, morbleu ! fit l ’évêque en l ’é
coutant , qu’il y eût tant de docteurs à Mérindol ». —
« Cela vous étonne ! répliqua Meynard, mais le moindre d’entre
nous pourrait vous exposer les principes de notre foi mieux
encore que moi-même ; essayez plutôt, comme je désire en
faire l’expérience sur un des enfants qni sont i c i , ou du
premier venu , afin que vous puissiez juger s’ils ne sont
pas convenablement instruits ». — L ’évêque gardait le
silence. « Monseigneur, lui dit alors Perron R é g i, préfet
de Mérindol, s’il vous plait que Tun de ces petits inter
roge lui-même ses camarades , ils s’y prêteront volontiers ».
L ’évêque le permit. Alors, dit l’historieo qui nous i a conservé
ces détails , l’un de ces enfants commença à interroger les
autres avec une gravité et une grâce toute charmante , si
bien que vous l’auriez dit faisant l’office d'un professeur.
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— 190 —
Les autres enfants répondaient tonr-à-tour avec tant d’aisanee
et de justesse que les auditeurs n ’en étaient pas médiocre
ment étonnés. Un des Religieux qui accompagnaient l’évêque
ne put contenir son admiration et s’écria : « 11 faut que
je confesse ici que j ’ai été souvent à la Sorbonne à Paris
entendre les disputes qui se faisaient sur la théologie; mais
je n’ai jamais appris tant de bien que je l’ai fait en en
tendant ces enfants ». — « Et n’avez-vous pas lu dans
St Luc , répondit un des assistants vaudois, ces paroles de
Jésus-Christ : Je te rends grâces, ô P ère, Seigneur du Ciel
et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages
et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants ! »
(S. Luc X. 21). L’évêque était dans le plus grand embarras.
Ayant fait retirer tous les étrangers, il dit à ceux de Mérindol : qu’il savait bien qu’il n’y avait pas en eux au
tant de mal que plusieurs le pensaient ; que toutefois pour
ôter tout prétexte à ceux qui les poursuivaient, il était né
cessaire qu’ils fissent en ses mains une espèce d’abjuration
que les principaux seulement signeraient au nom de tout le
peuple. — Les principaux répondirent qu’ils le feraient quand
on leur aurait prouvé par la Parole de Dieu qu’ils étaient
en hérésie. — L’évéque eut alors recours aux caresses et à la
flatterie. Il parla comme s’il s’était senti un cœur de père
pour tous les habitants de Mérindol ; il reconnut qu’on les
avait calomniés, et les supplia au nom de leurs intérêts de
faire, uniquement pour la forme et devant lui s e u l, une
abjuration générale, ajoutant qu’il en garderait le secret.
Mais l’hypocrisie n ’était pas le fait de ces hommes habi
tués à tout sacrifier à leurs convictions ; la flatterie fut
donc aussi impuissante que l’avaient été les menaces, et il
ne resta à l’évêque d’autre parti que de se retirer le cœur
plein de colère et de confusion.
La bonne chose , mes chers am is, que de demeurer pour
toutes choses invariablement attaché à la pakole de dieu ! par
elle les faibles deviennent forts , les plus timides sont rem
plis de courage et elle communique aux petits enfants une
sagesse capable de confondre même les savants et les habiles
de la terre. Attachez-vous donc de tout votre cœur à cette
Parole, mes petits am is, afin que sur ce fondement des
Apôjrcs et des Prophètes l’erreur aussi bien que le vice vous
trouvent inébranlables !
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— 49i —
VARIÉTÉS
M lC H E E i
ou
LE SALUT PAR GRACE
Ce qui suit est extrait de la vie d’ un prêtre catholique
romain, Mai’im Boos, mort en 1 8 2 5 , curé de Sayn en Ba
vière. Une étude attentive des S .‘" Ecritures lui avait fait
embrasser la grande et consolante doctrine du Salut par
grâce, et quoique la franche prédication de cette doctrine
lui ait valu de passer une bonne partie de sa vie en prison
ou en exil , il ne consentit jamais à la rétracter. Nous ne
connaissons en fait d’exposition familière de cette doctrine
rien de plus complet que ce simple dialogue.
Un homme nommé Michel, jouissait depuis fort-longtemps d’une
grande réputation de p ie té , mais était sans cesse en proie aux
angoisses et à la terreur du jugement de Dieu. 11 recourait à
toutes sortes de moyens pour apaiser sa conscience effrayée: 11 fit plu
sieurs pèlerinages et plus de trente confessions générales. Chaque
année il donnait aux pauvres un tonneau de môut , deux
boisseaux de froment et la moitié d’ un porc gras. Il faisait
faire à ses frais des sermons de carême , adoptait de pauvres
enfants illégitimes et les élevait avec tous les soins d’un père.
Toutes ces œuvres avaient pour but de lui obtenir son pardon
auprès de Dieu, et de faire naître la paix dans son cœur.
Un jour tous ses porcs périrent ou des voleurs les lui
enlevèrent ; ses champs de blé furent détruits par le gel , et il
se trouva sans provisions pour lui et ses enfants adoptifs. Surpris
à cette v u e , Michel s’écrie ; « Quoi ! je donne à Dieu, dans la
personne du pauvre , la dîme de tout ce qu’il m’accorde, et
voilà qu’ il m’enlève toilt ! » Le dimanche suivant il se r e nd,
auprès de Boos, et lui raconte tout ce qui lui est arrivé. « Dieu
n’a jamais eu mes bonnes œuvres pour agréables , ou mes
œuvres ne sont pas bonnes. Je suis comme Caïn dont le sacri
fice déplut à l’Eternel ».
Boos — « Comment donc ? »
Michel — « Et oui ; je viens de perdre soit par les voleurs ,
soit par la maladie, soit par le gel tout ce que j’avais coutüme
de donner aux pauvres : je ne puis plus faire d’aumônes, et j ’ai
à peine de quoi subvenir à mon entretien ».
Boos se mit d’abord à rire ; mais voyant que le pauvre Michel
manquait de lumière, il lui dit :
« Vois-tu, Michel, les œuvres que tu as faites jusqu’ici étaient
sans doute boimes et louables en elles-mêmes ; mais si tu les
as faites dans U intention de t'acquérir la justice qui subsiste
8
—
—
devant Dieu et pour mériter te ciel , où l’on ne peut être
admis que par pure grâce, par la foi en Jésus-Christ, tu ne dois
pas être surpris de te voir privé dés objets dans lesquels tu
mettais ton espoir de salut ».
A ces mots, Michel ouvrit de grands yeux, et s’écria ; « n’estpas par de bonnes œuvres que nous pouvons gagner le ciel ? »
Boo$ — « Et non , non sans doute : le pardon des péchés.
le salut, la vie éternelle ne s’obtiennent que par grâce ; c’est Jésus
qui nous les a mérités par son obéissance jusqu’à la mort de la
croix. Celui qui croit en lui a la vie éternelle ; mais celui
qui ne croit pas est condamné, lors même qu’il donnerait, comme
toi, chaque année aux pauvres, un porc, un tonneau de moût
et deux mesures de froment. Y penses-tu , Michel ? Comment
pourrait-on acheter d’aussi grands biens, la rémission des péchés,
le ciel et la vie éternelle, pour un porc, un tonneau de moût
et deux mesures de froment ? A ce compte là les riches seuls
entreraient dans le ciel, et les pauvres resteraient à la porte ».
Michel — « Les bonnes œuvres ne valent-elles donc rien ? »
Boos — « Elles ont leur utilité , lorsqu’elles sont faites avec
foi et dans la grâce de Dieu ; mais elles ne peuvent jamais nous
mériter notre justification : on ne l’ obtient que par la foi en
Jésus, afin que l’honneur n’en revienne qu’à Dieu et à son Christ.
Si Abraham ou Michel étaient justifiés par les œuvres, l’honneur
en reviendrait à Abraham ou à Michel , et non à Dieu ; mais
il n’en peut être ainsi » (Rom. IV. 2 ).
Michel toujours plus étonné ne comprenait rien à ces paroles ;
c’étaient pour lui des choses cachées, et même suspectes- Le Curé
prit alors le Nouveau-Testament. « Crois-tu, lui dit-il, que ce livre
soit la parole de Dieu et par conséquent la vérité ? »
Michel — « Oui, je le crois. »
Booz — « ElrWen ! écoute ce que disent Jésus et ses Apôtres ».
— Il lui lut alors les passages suivants : Jean III, 16 ; VI, 4 0 ;
Romains III, 20-30 ; Galates I I , 16 ; Tite III, S. Mais tout cela
ne calmait pas son angoisse. 11 tomba enfin sur Rom. V, 18. A
cette parole les yeux de Michel s’ouvrirent i « Ah ! je comprends
dit-il ; oui, je comprends ; nous héritons de Jésus la justice qui
subsiste devant Dieu , tout aussi bien que nous avons hérité
d’Adam le péché et l’injustice ».
Boos — « Oui, c’est bien cela ».
Michel — « Je comprends maintenant ».
Boos — « Crois-tu que les choses soient ainsi ? »
Michel — « Oui, je le crois ».
Boos — « Est-tu content de ce que tu ne peux , ni ne dois
acheter la vie éternelle pour un porc,' deux boisseaux de froment
et un tonneau de moût? »
Michel — « Ou i, assurément, j ’en suis bien réjoui. Que ne
suis-je venu plùs tôt vers vous ! Je suis maintenant tout consolé :
9
—
m
—
mon angoisse a fait place à la paix. Mon cœur est heureux, que
le Seigneur soit loué 1 »
Boos — « Mais , Michel , alin que tu ne t’imagines pas que ,
parce que j ’attribue la justification à la fol je rejette les bonnes
œuvres, écoute-moi encore ; Adonne-toi à toutes les vertus chré
tiennes. Tu es sauvé par grâce ; mais ton Père céleste veut que
tu accomplisses maintenant toute sa volonté. Fais-le par reconnais
sance. La foi qui est sans les œuvres est morte ». —■
i-
P E IV S E E »
« Il y a beaucoup de liberté dans la vérité ». M.™' Fnj.
« Il ne faut jamais servir une cause par des moyens qui ne
soient pas conformes à l’honneur le plus strict, la loyauté doit pas
ser avant tout , et si l’on ne peut pas servir la vérité sans y
manquer, il vaut mieux renoncer à la servir ».
Idem.
« Personne ne peut savoir le mal que l’on se fait en apprenant
du mal ».
Mad.”“ de Broglie.
« Celui qui sait quel bien on peut faire en un jour, eelui-là seul
peut pleurer assez la perte d’un jour dissipé ».
Lavater.
« Croire est quelque chose de si simple , que la plupart des
âmes n’y parviennent pas, uniquement parce qu’elles s’imaginent
que croire est quelque chose de plus que croire ».
Idem.
« L’humilité n’est que la connaissance de la vérité, rien de plus ».
Idem.
H E M iW fig ie r m s s
— Vaelêes vaudoises. Une députation de la V. Table , chargée de
complimenter le nouveau roi, a reçu de S. M. l'accueil le plus bien
veillant et l’assurance du vif intérêt qu’Elle ne cesserait de porter à la'
population vaudoise. Le langage de la députation a été ce qu’il devait
être en pareille circonstance ; respectueux et vrai. « Nous devons à la
> vérité , fut-il dit au ro i, de confesser à V. M. que les Vaudois n’ont
» p u , sans en ressentir d’amers regrets, voir partir pour une terre élran» gère Votre Père si généreux, si intrépide et si éprouvé; Lui qui a
• tant fait pour la gloire et le bonheur de ses peuples; Lui que
» les Vaudois en particulier avaient appris â aimer et à vénérer comme
r leur meilleur et leur plus constant ami. Aussi la mémoire de Charlcs» Albert sera-t-elle à jamais bénie an sein de cette population arrachée'
» par lui à une position humiliante et pénible , et mise en possession
» de précieuses libertés. Mais si nous avons accompagné avec une dou> loureuse émotion les pas du noble Exilé, nous avons aussitôt regardé
>' avec une parfaite confiance à Vous, Sire, qu’il désignait pour porter
10
— 1 9U —
après lui le fardeau de la couronne, rendu si lourd par les difficultés
» du temps présent; et nous attendons de V. M. la même bienveillance, le
» même intérêt paternel, la même puissante protection dont Votre
» magnanime Père s’est toujours plu à nous entourer ». Le roi parut
fort content de ce langage, et après s’être pendant assez longtemps
encore entretenu avec les membres de la députation , il les congédia .
en les chargeant de faire connaître à leurs amis combien lui avait été
agréable cet hommage spontané et sincère qu’ils étaient venus lui rendre
au nom de tous. —
Après plus de deux siècles d'interruption la prédication du pur
Évangile en .langue italienne a de nouveau retenti dans une chaire vaudoise. Un service dans cette langue se célèbre depuis cinq semaines
l'après-midi du dimanche dans le temple de S. Jean au milieu d’une
affluence toujours croissante d’auditeurs. Par les questions que nous
avons adressées à plusieurs d’entr’eux , nous avons pu nous convaincre
que ce culte est assez généralement compris, et que la transition du
français à ritalien ne sera pas, pour notre‘population, une chose aussi
difficile qu’on se le serait imaginé d’abord. Les formes et les con
structions de notre patois très-ressemblantes à celles de l’italien , y ai
deront considérablement. Qu’à Dieu soit la gloire de tout ce qui se
passe ! —
Un court article sur la liberté religieuse dans les Vallées vaudoises ,
publié par quelques journaux français et suisses, pouvant inspirer sur
notre compte, à nos frères de l’étranger, des inquiétudes q u i. Dieu en
soit béni, sont loin d’être fondées pour le moment, nous croyons bien
de faire observer que les faits rapportés dans cet article sont de quinze
ans au moins antérieurs au temps actuel, et se trouvent déjà consignés
à la page
, année 1833 , de la Feuille religieuse du Canton de
1
Vaud.
— T oscane. Nous apprenons de source certaine que l’édition du Nou
veau-Testament en langue italienne, version de Diodati, qui était sur le
point de paraître à Florence a été, le 16 du mois dernier, saisie par ordre de
l ’autorité. Ne le disions-nous pas naguère que la réaction marchait vile
en Toscane, et que le même zèle que certaines gens mettaient à ré
pandre les Saintes Écritures, d’autres le mettraient à les faire disparaître ?
Probablement que la présence des bayonnettes autrichiennes aura en
core augmenté le courage de ces derniers. N’importe; ce n’est pas la
première fois et ce ne sera pas la dernière que le méchant aura fait
une œuvre qui le trompe. Un procès va s’ouvrir sur celte affaire, l’opi
nion publique va en être saisie, et qui sait qu’elle ne fasse repentir
les provocateurs de cette mesure de s’être manifestés trop tôt? Quoi-qu’il en so it, nous avons cette confiance que si ce n’est aujourd’hui,
demain la Parole de Dieu triomphera des menées de ceux qui ont
tout intérêt à la mettre sous le boisseau.
— É tats -R o* ains . Une chose est maintenant évidente aux yeux de
tous et même des plus incrédules, c’est que, non pas une troupe de
factieux, comme pendant longtemps on cherchait à le faire croire, mais
le peuple tout entier des Etals-Romains ne veut plus de la domination
temporelle des Papes. Ce qui vient de se passer à Rome et dans les
Provinces (voir aux nouvelles politiques) ne peut laisser même l’ombre
d’un doute à oe sujet. Il n’est pas impossible, il est vrai, que cette
manifestation du sentiment de tout un peuple soit momentanément écrasée par
une force natériclte prépondérante; mais ce qui demeurera, quoiqu’il arrive,
c'est ce 'feitr que celui qui s’appelle le Ficaire de Jésus-Christ et qui
11
—
195
protestait ne pouvoir comme tel prendre les armes contre qni que ce
fût ( en quoi il avait raison ) , quand il s’est agi de ses intérêts
temporels et de la conservation d’un pouvoir dont Jésus-Christ ne s’est
certes pas montré jaloux, n’a pas hésité, pour les défendre, de recourir
au fe r , et d’appeler sur ses propres sujets les rigueurs et toutes les
calamités de la guerre. La Papauté n’avait pas encore reçu de scs ad
versaires un coup aussi terrible que celui qu’elle vient de se porter
elle-même par cette démarche. —
— Nous avons communiqué dans le temps à nos lecteurs le décret de
de la Constituante Romaine abolissant à perpétuité le tribunal du
Saint-Office. Voici ce que nous lisons sur cette odieuse institution
dans une lettre écrite par une personne présente aux fouilles qui
y ont été faites le 27 février dernier :
« J ’étais présent lorsqu’on commença la visite des cachots du St Office ;
• j ’ai été frappé d'horreur en voyant ce que j ’ai v u , en touchant du
• doigt ce que j ’ai touché........... Une rangée de cachots fermés de grosses
» barres de fer formaient le rez-de-chaussée d’une cour carrée...............
» A l’aide d’ un passage pratiqué à gauche, on atteint une petite cour
• intérieure, sur laquelle donnait un triple étage de petits cachots............
• qui étaient désignés pour servir de logement à 60 prisonniers. Il pa» rait que ces cachots ne suffisaient pas toujours, car derrière la cour
> il y en avait une rangée supplémentaire.............. On remarquait dans
• chacune de ces cellules un énorme anneau de fer tantôt scellé dans
• le m ur, et tantôt dans une
grande pierre enchâssée dans le sol.
» Une foule d’inscriptions à demi-effacées, se lisent encore sur les .
> murailles de ces cachots.............., l’une d’entr’elles est ainsi conçue ;
» Le caprice et la méchanceté de l’homme_ne_parviendront pas à jn e
• séparer de ton Église , ô Christ, m'a"seule ^spérance! L’oificref de
» garde me conduisit dans uiTpassage'îhTêrièùr' ou les ouvriers fouil> laient des cachots soùterrains. Ils venaient de dégager un escalier
> encombré de ruines, et iis étaient parvenus à des cellules voûtées
» plus profondes encore..............Nous aperçûmes dans les enfoncements
» de la muraille cinq squelettes qui y avaient été placés il y a au moins
• un siècle et demi. Dans une autre salle dont le sol était jonché
» d’ossemenis et de crânes humains, on voyait un pjeu d’environ quatre
< pieds carrés, qui s’élevait perpendiculairement jusqu’au premier étage
> de l’édifice et se terminait à un corridor conduisant de la salle du
• tribunal à une rangée d’appartements destinés à l’un des membres
» du St Office. Sous ce passage se trouvait une trappe dont on com> prend facilement l’usage. Le sol du cachot inférieur était composé
• d’une poussière humaine, dans laquelle je trouvai une longue mèche
• soyeuse de cheveux. Nous vîmes encore deux grands fours, de la
> forme de deux immenses ruches; ils étaient remplis d’ossements
> calcinés............... Je ne sais si vous accorderez quelqu’ intérêt à cette
> page ; -----quant à m oi, si je n’avais pas vu ces choses de mes pro» près y e u x , je ne me serais jamais douté de rencontrer un tel
> spectacle dans les bâtiments du Saint Office dont les descriptions
» exagérées par l’esprit de parti, me paraissaient sujettes à caution ».
(Archives Évangéliques).
Et tout cela pour défendre et propager la religion de Celui qui déclare
de lui-même qu’il est « doux et humble de cœur ! »
— F hamce. Du 25 avril au 2 mai dernier ont eu lieu les assemblées
générales des différentes sociétés religieuses évangéliques dont le centre
est à Paris. Quoique moins nombreuses que les années préeédeotes ces
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assemblées n’en ont pas moins offert nn vif intérêt à ceux qui y as
sistaient. La lecture des différents rapports a constaté qu’une exceptée
toutes ces sociétés se soutiennent, et que quelques-unes même sont
dans un état de prospérité croissante. Les recettes de la Société évan
gélique de France et de la Société des Hissions, toutes les deux fort
dans t’embarras l’année dernière ont »été; celles de la première de
129,074 fr. et celles de ta deuxième de 165,629 fr., 84 cent. Le total
des recettes de ces différentes sociétés du 1" mars 1848 au 1” mars
1849 ne s’élève pas à moins de 500,000 fr.
N O fIV Æ W jJ L E S V O I jI T I Q V K S
INTERIEUR.
— P iémont. Voici comment s’exprimait naguère sur la situation géné
rale de d’Italie, le Risorgimento, feuille qui ne peut certes être soup
çonnée de tendances trop démocratiques :
« Ce qui arrive en Italie, révèle l’abîme au-devant duquel nous nous
K trouvons poussés. La Sicile trahie et opprimée essaie d’un dernier effort,
» mais d^à tout ce qu’il y avait Je plus élevé et de plus honnête
» parmi ses fils émigre en masse et va mendiant son pain. Naples du
» régime constitutionnel ne connaît que le vilain côté : la corruption,
» la dérision, la servilité des formes. Au nom de ce même Christ qui
» peu auparavant ne consentait pas à l’effusion du sang allemand, les
» bayonnettes étrangères accourent massacrer les fils de l’Église romaine.
» Il n’a pas suffi à la proverbiale bonté du Grand-Duc qu’une paci» fique et honnête réaction des gens de bien le rétablit dans son pou» voir ; le concours de la France, l’appui des armes sardes n’a pas été
» agréé, le seul moyen dans lequel le Grand-duc ait confiance, c’est
V l’dcoupation allemande. Ainsi l’Autriche recommence sa prédominance
* sur la Péninsule (l’Italie). Tout d’un temps elle écrase la Lombardie,
n réduit à la désolation Venise, bombarde Bologne, est invitée en To’II scane, commande à Naple, se conduit insolemment sur les bords de
n la Sesia. Ainsi tout ce qui reste à l’Italie d’une année de'mouveD ments politiques, n’est que répugnances et amertume entre peuple
« et peuple ; défiance et vengeances entre peuples et princes; coalitions
T> infernales entre prince et prince ; et puis l’invasion étrangère ,
V moins apportée comme peine de nos égarements, qu’offerte comme
n généreuse faveur destinée à nous sauver de la dernière ruine. Voilà
» ce qui arrive en Italie; et ce que cela signifie, si chacun ne l’a» perçoit pas de lui-même, nous le dirons-nous franchement ; on court
V 4)cr.s l’absolutisme ». —
Au bruit, pendant quelque temps très-accrédité> d’une alliance avec
4’Autriche, a succédé celui d’une alliance offensive et défensive avec la
France ; mais jusqu’ici rien de positif et véritablement officiel n’a été
g)ublié ni dans un sens ni dans l’autre. — S. M. le roi Victor-Emimanuel U après avoir été pendant bien des jours fort dangereusement malade
«ommence à se trouver mieux. —> Le Général Ramorino convaincu
d’avoir, lors de la campagne de Novara, agi contrairement aux ordres
qui lui avaient été transmis par le Général en chef, et d’avoir par
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celle l'ausse iiianœuvre cuiupi'omis le succès de nos arm es, a élé con
damné à mort et fusillé le 22 avril dernier, en présence d’une imuiensj affluence de personnes — La question des élections est celle
qui préoccupe le plus en ce moment tout le m onde, mais jusqu’ici
rien n’a été ordonné à ce propos par le ministère. — L'Etat de siège
dure toujours pour la ville de Gènes, mais aussi mitigé qu’il est pos
sible. — Le chevalier Massimo d’Azeglio a succédé au Baron de Launay,
au Ministère des affaires étrangères et à la Présidence du Conseil. —
La députation chargée de remettre à S. M. le roi Charles-Albert
l’adresse de la Chambre des Députés est arrivée à Oporlo (Portugal)
le 11 mai. Elle a trouvé l’illustre Exilé logé dans un petit apparte
ment composé seulement de trois pièces. La conversation tout naturel
lement roula sur les affaires d ’Italie. Le roi ne pouvait retenir scs
larmes à la pensée que les Autrichiens occupaient la forteresse d’ A
lexandrie: « O h ! disait-il, si les Italiens avaient imité les Hongrois! si
» mes généraux m’avaient suivi dans cette citadelle ! à celte heure
» peut-être. nous n’aurions pas à déplorer notre honte et à courber
» la tète sous l’arrogance allemande. Mais après la déroute de Novara,
i> l'abandon des troupes, le découragement des officiers, j ’ai cru bien
» faire , dans l’intérêt de mon pays d’abdiquer, espérant de meilleures
H conditions pour un armistice auquel je n’aurais pas apposé mon nom.
» Maintenant il me reste la douleur de voir aussi cette espérance
• perdue ».
T osc .x nc . Un Corps autrichien de 17 à 20,000 hommes commandé par
le Baron d’Aspre a, sur l'invitation du Grand-Duc Léopold IL, pénétré
dans le Grand-Duché et successivement occupé Lneques, P ise, Livourne
et Elorence. Partout sur son passage la Garde-Nationnale a été dissoute,
l’état de siège proclamé, sans parler des fortes contributions qui ont été
levées, Livourne pour avoir essayé de quelque résistance a eu plus
à souffrir qu’aucune autre de ces villes; au delà de deux cents per
sonnes y ont été fusillées par ordre du Général autrichien. Les arresta
tions et les fusillades paraissent avoir aussi commencé à Florence.
Les voilà donc les garanties constitutionnelles que Léopold promettait
naguère à scs Toscans, pour les récompenser d’être revenus à lui avec
une si cordiale spontanéité !
— R épublique R om.x ix e . [.a République Romaine dont nous annoncions
dans notre dernier numéro la chhte comme inévitable , non seulement
n’est point tombée , mais subsiste plus forte et plus compacte que
jamais. La plupart de nos lecteurs connaissent déjà ou par les journaux
on par la voix publique le gros des faits qui se sont accomplis dans
celte partie de l ’Italie pendant le mois qui vient de s’écouler ; l’inter
vention française (sous le prétexte de mettre fin à une tyrannie qui
n’existait pas, mais en réalité pour rétablir le Pape); les protestations
très-énergiques de la plupart des municipii romains contre cette inter
vention armée (d’où résulte le consentement unanime de la nation à
vouloir ètrece qu’elle est actuellement); enfin la défaite des français q u i,
s’étant présentés sous les murs de Rome y furent battus et durent se
retirer laissant quantité de morts et au-delà de fiOO prisonniers. Ces
résultats, biendifférentsdeceuxquelesjournauxde Gaëte et du Gouvernement
français préconisaient à l’avance, donnèrent lieu, dans l’assemblée nationale de
Paris, à des interpellations très-vives , à la suite desquelles un membre de
celte assemblée fut député à Rome afin d’y traiter avec le gouverne
ment de la République. Les négociations sont encore pendantes. Une
première proposition d’yrangeraent du délégué français était ainsi conçue l
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1° I Les Êtats-Komains réclament la protection fraternelle de la République
française.
2° » Les populations romaines ont le droit de prononcer librement sur
les formes de leur gouvernement.
3* » Rome accueillera l’armée française comme une armée de frères.
Le service militaire de la ville se fera de concert avec les troupes
romaines, et les autorités civiles et militaires romaines fonctionneront
selon leurs attributions légales ».
Cette proposition soumise à l'assemblée constituante a été unaniméinent rejelée; le peuple romain, fut-il dit, a déjà choisi sa forme de
gouvernement , il n’a donc plus à le faire ; et d’ ailleurs serait-ce
jamais un choix, qu’on pdt appeler libre que celui qui se ferait sous la pression
militaire de quatre armées? Une deuxième proposition depuis a été faite,
ajoutant ce quatrième article aux trois qui précèdent : « La République
Française garantit de toute invasion étrangère le territoire occupé par
ses troupes ». Cette proposition sera-telle acceptée? on pense généralement
que non. Ce qui résultera de ce refus. Dieu seul le sait; mais le Gou
vernement se montre plein de confiance et de courage et le peuple
entier, assure-t-on, partage l’enthousiasme de ceux qui le dirigent. —
Le roi de Naples avec une forte armée et deux mille espagnols
étaient entrés presqu’en même temps que les Français sur le territoire
de la République, mais les uns et les autres viennent de se retirer.
La même chose n'a pas lieu du côté des Romagnes. Bologne bombardée
pendant plusieurs jours de suite a enfin dû ouvrir ses portes aux Auti'ichiens qui se sont avancés sur Ancône qu’ils bombardent probablement
à cette heure. Qu'arrivera-t-il quand l'armée autrichienne et l’armée
Française se trouveront en présence ?
— V enise . Le Fort de Maighera a dû se rendre aux autrichiens, après
une résistance très longue et très-opiniàtre; mais Venise demeure fidèle
au magnanime décret de son assemblée de résister à tout prix.
— S ic il e . Cette île héroïque a dû courber encore une fois la tète de
vant les forces prépondérantes du Bourbon de Naples. Le sort de Messine,
le sort plus affreux encore de Catania horriblement bombardées, ont effra}'é les autres villes qui n’ont plus même demandé à pactiser mais se
sont rendues à discrétion. Une tentative de résistance a bien encore eu
lieu à Palerme (la capitale de file) mais sans aucun résultat. Quarantetrois des plus généreux citoyens de Sicile, à leur tête le vénérable Rugglero-Settimo, ont été exclus du décret d'amnistie accordé aux Siciliens
par le Général Filangieri au nom de son maître. — Les émigrations sont
très-nombreuses.
EXTÉRIEUR
— Une délibération de la plus haute importance sur les capitulations
militaires,a été prise par le conseil national helvétique, dans sa séance
du ââ mai. Les Capitulations militaires, y fut-il décrété, sont incompatibles
avec l’honneur et la dignité de la Suisse; le conseil fédéral est chargé
d’en négocier la dissolution ; la dissolution aura lieu instantanément toutes
les fois qu’un régiment Suisse sera employé contre un état indépendant.
— Le 26 ipai Vassemblée nationale Française a tenu sa dernière séance .
Les travaux de l’assemblée législative qui lui succède ont commencé
le 28. Les opinions sont assez diverses quant à l’esprit qui animera cette
assemblée; ce qui est certain et ne laisse pas de produire en France
et ailleurs une grande inquiétude , c’est que le parti socialiste y forme
une minorité imposante et très-redoutable. Il parait positif que la France
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s adressé au gouvernement prussien une protestation contre ie pas
sage sur le territoire de ce dernier étal de divers corps d’ar
mées russes dirigés sur la Hongrie. — La plus grande agitation
continue de régner sur tous les points de l'Allemagne. La cause princi
pale en est le refus de la plupart des gouvernements de reconnaître
la constitution arrêtée par l’Assemblée de Francfort pour l’Krapire Allemand.
— L’Autriche battue par les Hongrois a appelé à son secours les Russes;
182,000 hommes de celle nation avec 512 canons ont déjà passé la
frontière; six corps de réserve formant un effectif de 222,000 hommes
sont prêts à la passer au besoin. Des forces si colossales ne décou
ragent pas les Hongrois qui remportent tous les jours de nouvelles et
plus brillantes victoires.
iNOUVELLES POSTÉRIEURES
R ome, 30 mai. Hier nos commissaires sont revenus du cam p, ap
portant Vullimatum (les dernières propositions) du Général français,
dirigé aux Triumvirs, à l’assemblée, au président, au municipe
et à la direction des barricades, donnant 24 heures de temps pour
répondre. Le voici : « L’armée française entre comme amie dans
» Rome, maintenant les propositions faites, ou bien par la force »■.
L’assemblée a déjà donné des pleins-pouvoirs au Triumvirat, comme
aussi le Municipe. On ne connaît pas encore la détermination
du
Trium virat; aucun manifeste n’a été jusqu’ici publié; tout
le
monde croit qu’on résistera. Les communications sont inter
ceptées , les courriers ne passent p lu s , personne ne peut entrer
dans Rome. — La même lettre qui donne cetie nouvelle ajoute :
au départ du courrier à 2 heures après-midi, tout parait décidé
à la résistance. — Une autre correspondance porte: que l’Envoyé
de la République Française aurait été rappelé ; les propositions
([ue nous avons rapportées plus haut désavouées., et l’ordre donné
au Général Oudinot de se rendre maître de Rome par la force.
— Quatre mille espaguols ont débarqué le 29 à Gaëte, venant
renforcer les 2000 qui étaient arrivés il ÿ a déjà quelque temps.
4 juin, Rome n’a pasété inférieure à elle-même ; elle a résisté:
un combat des plus acharnés a eu lieu pendant une grande
partie de ce jour entre les Romains et les Français, mais sans
autre résultat qu’un nombre considérable de blessés de part et
d’autre.
— Âncône serrée à la fois par mer et par terre et bombardée
d’une manière affreüse tenait encore le 29 mai; mais nul doute
que depuis elle n’ait dû se rendre comme Bologne.
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