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iTeutUe IH^nsuclle
SPBCiAlENENT CONSACRÉE ADX INTÉRÊTS DE LA FAMILLE TAIIDOISE
« Ilh dion qu' es fraudes... •
> lis disent qu'il est Vaudois <
NOBLA LEYCZON.
Vaudoise : Giovanni Ludovico Pascale (suite).
— Questions locales : Ce que nous avons et ce qui nous man
que comme Eglise (1'"' article). — Questions d’humanité: Un
fruit des écoles déguenillées. — Missions Eeanyéliques : Ce qu’est
en bien des cas la vie du Missionnaire. - - Variétés: Lettre du
Père Ventura. — Nouvelles religieuses. — Nouvelles politiques.
Sommaire. Histoire
H IS T O IR E T A IJ U O IS E
O i o v n n n i Æ tuaovica JRnacale C i J
II.
Pour bien apprécier ces pieuses consolations et le senlimen*
qui les dictait, il faut songer à tout ce qu’endurait lui-mém^
d’afflictions et d’épreuves celui qui les adressait à son église.
Traîné d’une prison dans l’autre; échangeant un cachot hu
mide contre un plus humide encore ; sous la surveillance
constante d’un prêtre espagnol qui ne répondait à ses questions
que par de grossières injures ; forcé de subir des interrogatoires
sans fin et de se défendre contre les attaques de deux et souvent
trois moines réunis pour le convertir, il n’avait presque pas
un moment de relâche, et les souffrances du cœur surpassaient
de beaucoup celles que le corps endurait.
(1) Voyez II. année numéro 1.
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— i8
rSéaniiioins, on ne trouverait dans les lettres que Pascale écri
vit à cette époque, et qui sont nombreuses, pas une expression de
plainte et eneore moins d’injure ou de haine contre ses persé
cuteurs. Une douce gaîté, légèrement ironique , en parlant du
(irand Vicaire de Cosenza, qu’il reconnut incontinent au visage,
au marcher et au ventre , et de « l'honnêteté » du « bon »
prêtre espagnol qui l ’aurait volontiers dépouillé de sa dernière
chemise , est tout ce que lui inspirent de plus amer les
cruels traitements dont il était l ’objet. Sa foi l ’avait rendu
victorieux de toutes ces épreuves , e t , s’il en parle, c’est
avec cette humble sérénité du Chrétien , persuadé que les
afflictions du temps présent ne sont que « légères », comparées
à la gloire du monde à venir qui doit être manifestée en lui.
■< Vous savez bien, écrivait-il à sa tiancée , que la lin de
r homme est de glorifier Dieu , lequel , avee grand profit
» nous récompensera toute peine et tout travail que nous aurons
» pris pour l’amour de lui. L’arrhe que je sens par sa bonté
•> est si grande qu’elle me fait demeurer tout réjoui, et c e ,
» d’autant que j’entends la même ehose être aussi de votre part.
» Que si la chair se deuilt et plaint de ce qu’elle souffre afflictions
» plus grandes que de coutume, l’esprit la reprend comme in» grate de tant de bienfaits de Dieu. Et pour c e , je puis
» chanter de bon droit avec David : « Le Seigneur me p a ît,
« rien ne me défaudra ». Chantons donc ensemble les louanges
» de notre Dieu ; et afin que vous ayez toujours souvenance de
» moi , je vous envoie au psaume qui commence : « Jamais je
« ne cesserai de magnifier le Seigneur, » afin de vous réjouir
» en certaine espérance que vous me suivrez bientôt au Ciel
» où je vais vous attendre ».
Le jour de Pâques, i k avril 1 5 6 0 , il lui écrivit ces
paroles, legs pieux et touchant de l’époux qui va mourir
à celle qu’il avait chrétiennement aimée ;
« Je vous désire être en l’état auquel je suis maintenant par
» la grâce de Dieu, c’est-à-dire, que tous deux soyons à Dieu,
» à la vie et à la m o rt, et que nous prenions toute notre
» consolation aux prières faites en foi, par lesquelles nous som» mes assurés devoir obtenir tout ce qui sera expédient pour
» la gloire de Dieu, laquelle doit être désirée par-dessus toutes
» choses et pour notre bien et profit....... Par quoi, ma très» chère amie, consolez-vous en Jésus-Christ..... ; remettez en
» Dieu tout votre soin et sollicitude, vous confiant en Lui qu’il
» accomplira tout votre désir quand il'sera bien réglé....; réjouis» sez-vous au Seigneur ; craignez Dieu ; Usez incessamment l’Écri» ture sainte. Fréquentez les sermons. Secourez les pauvres.
» Visitez les malades. Employez-vous de tout votre pouvoir à
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— 19 —
»‘consoler les affligés. Soyez surtout soigneuse de prier Dieu ,
» et faites que votre vie soit un portrait de la doctrine dont
» vous faites profession....... Quant à moi je m’offre, et consacre
» à Jésus-Christ mon Seigneur et Sauveur, m’assurant qu’il ne
>1 m’abandonnera jamais, jusques
à tant qu’il m’ait donné la
» victoire de cette sainte bataille. Et suis honteux moi-même
» de tant d’honneur qu’il me fait, à m oi, dis-je, qui n’étant
» qu’un pauvre et misérable soldat, dois être conduit en champ
» clos pour maintenir l’honneur d’un tel capitaine comme est
» Jésus-Christ ».
Le meme jour où il écrivait ces paroles, Pascale dut se
meure en route pour Naples , et voici la description qu’il nous
a laissée de ce voyage :
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
« Ce fut le 14 d’avril que nous nous mîmes en chemin, avec
22 autres qui étaient condamnés aux galères.... Ce bon Espagnol qui nous conduisait , voulait que nous nous rachetassions
pour n’étre pas attachés à la chaîne avec les autres ; mais il
ne se contenta pas de cela, il me mit partout le chemin une
paire de menottes si étroites, que le fer commençait à m’entrer dedans la chair, ce qui me faisait si grand mal, que
je ne pouvais nullement reposer ni jour ni nuit ; et jamais il
ne me les voulut ôter, jusqu’à tant qu’il m’eût tiré tout l’argent
que j’avais , qui étaient deux ducats seulement qui me restaient
pour faire mes dépens. De nuit , les bêtes étaient beauconp
mieux traitées que nous, car on leur faisait de la litière pour
pouvoir coucher; mais nous n’avions que la dure et terre
toute nue pour reposer ; et demeurâmes en cette sorte par les
chemins l’espace d’environ 9 jours. Etant arrivés à Naples, on
nous mit tous ensemble en un grotton des criminels, lequel
dégouttait partout, à cause de la grande humidité qui y était,
et de la puanteur de l'haleine des prisonniers.
Le temps qu’il passa dans celte prison fut d’un mois en
viron. Le neuf mai, au matin . un lui avait annoncé qu’il
jiartirail pour Rome dans la journée; Pascale écrivait à celle
occasion à ses amis de Genève:
« Je m’en vais à Rome réjoui en mon esprit et fortifié de Dieu;
» car , comme le dit Saint Paul au chapitre premier de la se» conde épltre aux Corinthiens : « selon que les afflictions abondent,
« les consolations abondent aussi par Jésus-Christ » pour lequel
» uous sommes prêts non seulement de souffrir persécution,
» mais aussi d’endurer la mort, pour sceller la doctrine de son
» Saint Evangile ».
La mer paraissant trop grosse ce jour là , on ne se mit
point en roule , et ce ne fut que quelques jours plus tard,
le 16 mai 1560 , que Pascale arriva à Rome.
(La fin au i\° ]>rochain).
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Q 17EST109ÎS IiO C A l.E 9
Ce q u e n o u e a v o u e e t c e q u i n o u e m anquer
c o m m e Égliec«^
( l " article)
Nous avons beaucoup; car d’abord nous avons la B ible : la
Bible, P arole de D ieu , source infaillible par conséquent de toute
vérité ; la Bible, sur laquelle chacun de nous a non seulement
le d r o it, mais le devoir de fonder l’édiflce de sa foi ; la Bi
ble , par laquelle l’homme misérable et pécheur peut s’ap
procher de Dieu , l’écouler, lui parler , et recevoir de l u i ,
comme un enfant de son p ère, conseils, exhortations, pro
messes, consolations, et par-dessus tout celle assurance de
pardon si nécessaire à son âme ; la Bible enfin, qui lors
qu’elle est vivante au sein d’un peuple, initie ce peuple à
toutes les vertus , ralfranchil de toutes les tyrannies, tandis
que son absence le livre en proie à tous les vices, à toutes
les erreurs, aux despotismes de toute espèce qui auront intérêt
à l’asservir.
Nous avons de plus (e t ceci aussi est un bien immense)
une confession de foi parfaitement orthodoxe , parfaitement
biblique, grâces à laquelle nous pouvons toujours répondre
à ceux qui nous calomnient ou nous demandent raison de
notre foi : voilà ce que uous croyons, voilà ce que nous
trouvons dans la Bible; voilà les vérités par lesquelles notre
Église subsiste, et qu’avec l’àide de Dieu elle veut s’appliquer
à faire triompher.
Nous avons, en 3.*"® lieu, une organisation ecclésiastique,
non point parfaite, il est vrai (il n’y a rien de parfait de
ee qui sort de la main de l’homme), m ais, en soi, une des
meilleures assurément qu’il soit possible de concevoir , et telle
que plus d’une Eglise s’estimerait trop heureuse, s i, après
beaucoup de discussions et beaucoup de luttes, elle réussis
sait à s’en donner une pareille ; une organisation reposant
sur ce principe si fécond, quand il est sincèrement appliqué:
gouvernement de l’Église par l’Église, c’est-à-dire, par l’as
semblée des fidèles, sans aucune intervention d’un pouvoir
étranger.
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— 2i —
Quatrième avantage non moins grand que les précédents ;
nous avons une prédication fidèle et un peuple avide de l’en
tendre. La parole qui descend de nos chaires est générale
ment parlant, grâces en soient rendues à Dieu, une parole
évangélique; les doctrines que nos pasteurs nous annoncent,
ne sont pas des doctrines enfantées par l’inuginaiion hu
maine; ce sont celles de la Bible, celles de notre confession
de foi, celles qui sauvent en un mot. La prédication de ces
doctrines ne retentit pas en face de bancs déserts, mais de
vant des auditoires nombreux et attentifs, et ce serait man
quer à la vérité, que de ne pas reconnaître que celle prédi
cation a déjà opéré beaucoup de bien.
En 5.*"= lieu, nous possédons un système d’instruction primaire
organisé sur les meilleurs bases, et q u i, secondé comme il
l’est par des régents consciencieux et habiles, est susceptible
de nous donner en peu de temps une jeunesse de beaucoup
supérieure en intelligence, en instruction et en piété, à la
jeunesse des temps passés, beaucoup moins favorisée sous ce
rapport.
Nous avons enfin (et quel inappréciable avantage n’esl-ce
pas?) les souvenirs les plus beaux et les plus grands qu’une
Église puisse avoir; une histoire où les exemples les plus ad
mirables de piété, de sacrifice, de dévouement sans borne
à la vérité sont offerts à notre im itation, non par quelques
individus isolés, mais par un peuple tout entier.
Voilà ce que nous avons.
Or, qui oserait dire que cela soit peu de chose? qui ne
reconnaîtra au contraire que c’est beaucoup, et ne se sentira
pressé de rendre ii Dieu les plus ferventes actions de grâce,
pour tant de biens dont 11 s’est plû à nous combler.^
Mais d’un autre côté qui est ce q u i, considérant attenti
vement le but en vue duquel une société comme la nôtre
existe, n’éprouvera, en même temps que ces sentiments de
reconnaissance, une impression comme d’un grand vide?
Ce but, savoir le salut des âm es, la réalisation toujours
plus complète parmi nous et autour de nous du règne de
notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, est-il atteint ?
Sont-ils seulement en grand nombre au milieu de nous ceux
qui sciemment, sincèrement se proposent un pareil but et le
poursuivent? Le résultat est-il ce que des moyens d’acüon
comme ceux que noos venons d'énumérer feraient attendre?
6
—
“22
—
«
Et s’il est vrai que nous ayons beaucoup, ne l’est-il pas
tout autant qu’il nous manque beaucoup encore ? Or, ce
qui nous manque, qu’est-il?
{La suite •prochainement).
Q U E S T IO N S » ’H U IO A N IT E
I/M frwH
éfsoMe» tiégueniliéeg (É)
Qu’est-ce donc que les écoles déguenillées ? demanderont bon
nombre de nos lecteu rs, en lisant ce titre. — La question est
légitim e, et nous allons chercher à la satisfaire :
En Angleterre et sans doute aussi ailleurs , il existe dans les
grandes villes, ces vastes foyers de corruption , une population
entière tombée si bas dans la misère, dans l’abandon et dans
le vice, qu’elle se rapproche de l’état sauvage, et v i t , non seu
lement étrangère au reste des habitants, mais encore dans une
espèce de guerre avec eux. Ne possédant rie n , et n’ayant au
cun moyen régulier d’existence, ils sont réduits à chercher par
la mendicité et par le vol , ce que les petits gains incertains
de chaque jour ne peuvent leur fournir pour vivre. La famille
et ses affections y sont presque nulles, ensorte q u e , le plus
souvent, les enfants , à peine en état de courir les rues, sont
dressés par leurs parents à leur déplorable industrie , et fi
nissent par se détacher d’eux pour vivre dans une indépendance
et un abandon complets. Ces enfants qui s’élèvent à Londres ,
par exemple , à un chiffre très-considérable , n’ont ni gîte , ni
repas fixes , sont en guerre continuelle avec la police , et forment
entr’eux des associations de vol qui servent encore à les per
fectionner dans le mal et à les séparer du reste du monde.
On ne saurait se représenter le degré de dépravation, d’abru
tissement où ils tom bent, et qui finit par les rendre incapables
d’aucun bon sentim ent...........
La police qui ne voyait ces enfants qu’un à un , n’avait
jamais sondé jusqu’au fond cette plaie publique, et celle-ci de
meurait d’autant plus cachée , qu’ils y avaient un plus grand
intérêt. 11 appartenait à la charité chrétienne de découvrir un
si grand mal et d’y appliquer le vrai remède. Un homme dont
le nom est devenu syuonime de charité et de bienfaisance , le
noble lord Ashley, fut le principal organisateur de cette œuvre
d’amour. Après des essais partiels , il fonda à Londres, en
1844, une Société des Ecoles déguenillées, qui se propose pour
but de tirer , si possible , cette génération naissante du bourbier
profond où elle croupit, et d’employer pour cela tous les pro(1) Nous empruntons, en l’abrégeant un peu, cette intéressante notice'à l’ex
cellente feuille religieuse du Canton de Vaud, qui se publie à Lausanne.
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cédés de la bienveillance et de la compassion dans une éduca
tion chrétienne. Cette société fit si bien, q u e , 3 ans après.
elle avait déjà réussi à établir, en Angleterre seulement, 80 écoles
de ce genre, dans les quelles 4776 enfants étaient instruits par
430 maîtres salariés ou gratuits . . . . Mais que l’on se figure,
si l’on peut, toutes les difficultés à surmonter pour amener à
la discipline d’une école chrétienne ces petits vagabonds, ac
coutumés à la plus complète indépendance , et formés dès leur
naissance aux vices les plus révoltants ! Que de peine déjà ,
pour les aborder , sans exciter cette méfiance qui leur fait en
visager comme des ennemis tout le reste des hommes. Puis
quand on a pu arriver jusqu’au milieu d’eux , ce n’est pas
toujours sans danger que l’on y reste, pour s’expliquer avec
eux et leur persuader de se laisser instruire. Ceux qui sont
chargés de cette pénible mission disent qu’ils aiment souvent
mieux avoir à faire à une tribu de farouches Indiens. Ensuite
comment les convaincre qu’ils doivent aller s’asseoir sur les
bancs d’une école ? comment apprivoiser leur esprit avec les
idées de livres , d’étude, de travail intellectuel ? Enfin, intro
duits à grand’ peine dans l’école , comment le régent se rendrat-il maître de 40 ou 30 enfants sauvages et pervers , réunis
tout-à-coup autour de lui ? Les témoins oculaires font là dessus
des descriptions aussi tristes que curieuses. 11 est arrivé plus
d’une fois que le pauvre instituteur a vu les pans de son habit
coupés, son chapeau rempli d’huile, et que, les portes ayant
été barricadées, il a dù s’échapper au plus tôt par les fenêtres.
Mais de quoi n’est pas capable l’amour chrétien , quand il est
sincère ? Ce que la sévérité et la contrainte n’eussent jamais ob
tenu , la douceur , la bonté. la patience , la persévérance que
donne la foi , ont pu le faire. Tous ceux qui ont pris part à
cc travail déelarent que le résultat a dépassé leurs espérances.
Citons à l’appui la lettre suivante écrite, l’année dernière , à
la maîtresse d’une de ces écoles, par une jeune fille irlandaise ,
qui l’avait fréquentée ;
«
Ma chère maîtresse !
« Il s’est écoulé cinq a n s, depuis que vous me rencontrâtes
dans la rue de Glocester , et que vous m’engageâtes à vous
accompagner à l’école du soir de la rue Jurston. Je refusai d’a
bord de vous suivre; mais vous ne voulûtes point aller sans
moi. Vous me dites-: « viens ! essaie seulement une fois ! » et
ainsi j’allai avec vous. Vous pouvez vous souvenir quel monstre
j ’étais alors, ne me souciant de rien ,le t n’ayant aucune crainte.
Vous vous étonnâtes sans doute du' motif qui m’engageait à
fréffuenter l’école avec tant de régularité. Je ne saurais le dire
moi-môme, à moins que ce ne fût le plaisir d’y répandre le
désordre et la confumon ; car , à peine ' étais-je entrée dans la
classe qu’il ne pouvait plus y régner aucune tranquillité. En vain
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—
me pressiez-vous d’écouter les leçons, mon coeur était dur comme
le fer, et froid comme la glace. Et cependant aucun obstacle
ne pouvait m’empêcher de venir. Quelquefois, en arrivant , je
regardais avec inquiétude si vous étiez là ; car les petites filles
de l’école me disaient souvent que, si je continuais à me con
duire ainsi, vous ne reviendriez plus. Mais béni soit Dieu, de
ce que vous êtes toujours revenue, et de ce qu’ainsi, je n’ai,
jamais eu d’autre maîtresse que vous ! Durant les deux années
que j’ai fréquenté l’école , il ne s’est fait aucune espece de
changement dans mon caractère. Ma conduite était honteuse, et
je ne comprends pas comment vous avez pu me supporter ,
avec tant de patience et de bonté.
« Après deux années , mes parents furent obligés de retourner
en Irlande. O ma chère amie ! jamais je n’oublierai le soir où
je vous dis que je ne viendrais plus. Avec quelle affection vous
me parlâtes ! si j’avais été une des plus dociles écolières, vous
n’auriez pu rne témoigner plus d’amour. Vous marquâtes quelques
chapitres dans ma Bible, et vous me recommandâtes de les lire
quand je ne pourrais pas aller à l’école. Le moment ciù vous
me dites adieu, fut le premier de ma vie dans lequel je res
sentis quelque douleur réelle de mes péchés. 11 me semblait que
je serais prête à donner le monde entier pour pouvoir passer
encore un mois à votre école. INous quittâmes Londres la même
semaine. Je ne trouvais de repos ni jour, ni nuit. Je ne
pouvais penser à autre chose qu’à vous. J’en vins memé' ”à Ta
résolution désespérée d’en finir avec moi-même. Ainsi l’enfer
semblait tout prêt à m’engloutir. Mais au moment où j’allais
prendre le poison que j’avais préparé , je crus vous entendre
m’appeler et me dire : « Où est ta Bible ? » Je reposai le
poison ; je courus la chercher , et à l’ouverture du livre , j’a
perçus ce verset (S. J e.vx HL 16j que vous aviez vous-même
marqué : « Dieu a tant armé le monde , qu'il a donné son Fils
unique au monde, afin que quiconque croit en lui ne périsse
point, mais qu’il ail la vie éternelle. Bien que j’eusse si souvent
déjà entendu ces paroles, elles m’apparurent comme si je les
entendais pour la première fols. Je parcourus encore d’autres
passages marqués et j’en vins à celui-ci : c’est une chose certaine
et digne d'être entièrement reçue que Jésus-Christ est venu au
monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. Je sentis
que je devais m’appliquer ces dernières paroles; je me mis à
genoux, et pour la première fois de ma vie , j’adressai à Dieu
le cri de mes supplications. J’en fus trés-fortifiée. Je jetai loin de
moi le poison. Dès lors j’ai obtenu miséricorde , et j’ai été
rendue capable d’appeler Dieu Àbba, c’est-à-dire mon Père, ea
Jésus-Christ.
,
*•
« Je souffris bien des persécutions de mes alentours ; mais
béni soit Dieu 1 il m’a toujours donné,la force de les endurer.
Je savais quelle grande pécheresse j’étais, c’est pourquoi je pou
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—
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—
vais prier pour ceux qui cherchaient à me faire de la peine.
Je fus une fois tout près de perdre ma Bible, le prêtre ayant
appris que j ’en avais une, vint me la demander. Je dis que
j ’abandonnerais la vie plutôt qu’elle. 11 me dit que je me trou
verais encore plus mal de la lui refuser que de mourir. Mais
une nuit, quand chacun fut réduit dans son lit, je me levai,
je descendis dans la cour, je fis un creu, et après avoir re
commandé à Dieu ma plus chère compagne , je la déposai dans
ce tombeau et je la recouvris si bien, que personne n’aurait
pu en reconnaître la place. Pendant trois semaines, j’allai chaque
nuit retirer ma Bible de sa cachette , et je passai deux heures à
la lire , car c’était le seul moment où j’aurais osé l’ouvrir. Enfin,
j’appris qu’une dame cherchait une domestique. Je fus m’offrir
et elle me dit que je pouvais entrer chez elle quand je vou
drais. Je pris ma Bible et j’entrai sur-le-champ chez cette
dame. Elle était membre d’une église évangélique , ce qui fut
pour moi d’une très-grande consolation. Trois mois après, je fis
aussi partie de la même église. Je suis toujours dans la même
bonne place. Je dois vous dire aussi, que mon père et ma
mère se sont joints, il y a neuf mois , à la même congrégation.
Leur demeure qui ressemblait autrefois à un petit enfer, est
à présent comme un ciel. Vous seriez heureuse de voir mon
père, entouré de 50 ou 60 pauvres gens, hommes et femmes,
avoir avec eux une réunion de prière le dimanche soir. Quel
ques-uns viennent de une ou même deux lieues loin, et ils
n’oublient jamais de répandre leur cœur en prières devant Dieu,
en faveur de l’école de la rue Jurston. Il y a quelques jours
qu’un ami disait à mon père ; « Vous n’oublierez jamais cette
école » — « L’oublier! oh non , jamais ! jusqu’à ce que Dieu
oublie de faire miséricorde ». Veuillez avoir la bonté de donner
ces 2 7» schellings (3 fr. et demi environ) à la Société biblique,
comme un faible , mais sincère témoignage de mon amour pour
la Bible que j ’ai reçue de ses soins et qui m’est aussi précieuse
que le jour....... Maintenant, ma chère et précieuse amie, il faut
que je vous dise adieu. Que le Seigneur vous bénisse pour le
temps et pour l’éternité ! C’est le vœu de votre dévouée etc.
r a i s s i o a i s E V A M G E lilQ C E S
C« qu’est en bleu des eas la vie du ¡Missionnaire
Deuxième fragment de l’ouvrage du missionnaire Moffat :
Vingt-trois ans de séjour au sud de 1‘Afriqm :
n Ges tournées missionnaires étaient souvent accompagnées de
privations et aussi de dangers. Après avoir attaché ma Bible et
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—
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—
mon livre de Cantiques derrière la selle de mon cheval, et pris
une bonne ration de lait, je me mettais en route avec mou inter
prète qui montait un bœuf. Quand , après avoir voyagé pendant
la chaleur du jour, nous arrivions le soir dans un village , on
nous donnait ordinairement pour tout repas une tasse de lait,
puis jeunes et vieux, se rassemblant dans un coin de l’étable,
au milieu des vaches, écoutaient les exhortations que je leur
adressais sur leurs intérêts éternels. J’engageais ceux qui savaient
lire à lire aux autres la Parole de Dieu, leur promettant une
récompense dans le Ciel, car je n’en avais point à leur donner
sur la terre. Quand le service était terminé , je prenais une
nonvelle ration de la it, et après avoir causé encore quelque
temps avec les indigènes, je m’étendais sur une natte pour y
P sser la nuit..... Le matin après avoir tenu une nouvelle
rénnion , je me remettais en route pour un autre village ; mais
comme les indigènes changent fréquemment de place, pour aller
chercher de l’herbe et de l’eau, je n’étais rien moins que cer
tain de les trouver. 11 arrivait souvent qu’après avoir voyagé
lentement tout le jour, n’ayant pris pour déjeuner qu’une ration
de la it, le soir, quand nous arrivions à notre destination, tout
avait disparu..... Les seuls êtres vivants que nous apercevions
étaient quelques corneilles ou quelques vautours que notre ar
rivée dérangeait dans l’occupation de ramasser des débris d’ali
ments au milieu des ruines des cabanes de nattes. Ne sachant
de quel côté nous diriger pour trouver de l’e a u , nous étions
réduits à nous asseoir par terre, peu disposés à parler ou même
à penser ; e t , après nous être recommandés aux soins de notre
Père céleste , nous nous couchions pour passer la n u it, troublés
souvent par la visite des hyènes, des chacals ou même des lions
qui venaient tour à tour chercher des os dans le village abandonné.
Nous venons de voir Mr Moiîat en voyage ; voici maintenant
ce qu’il était souvent à la station.
Toute ma nourriture consistait en viande et en liit ; et encore
je vivais des semaines entières de l’un de ccs aliments exclusi
vement. Tout allait bien tant que j’en avais un des deux à ma
disposition ; mais quelque fois ils venaient à manquer à la fois
et il n’y avait point dans le village de boutique où je pusse
en acheter , sans compter qu’il eût fallu me faire crédit. car
je ne possédais pas un sou. J’étais souvent réduit à faire de
longs jeûnes et à faire usage de ce qu’on appelle la ceinture de
jeûne ; plus d’une fois, après le service du matin, il m’arriva
de prendre mon fusil sur l’épaule, et de parcourir vainement
la plaine ou la montagne pour chercher quelque chose à manger;
il me fallait revenir sans succès , poser mon arme , prendre la
Parole de vie et m’adresser à mon troupeau.......
.\
Le contenu de ma garderobe était marqué au même coin de
pauvreté. Les habits que j’avais apportés de Londres avaient
malheureusement été taillés â la mode,' et comme j’étais encore
11
—
—
dans l'àge de la croissance , ils se trouvèrent bientôt en pièces.
11 n’y avait pas chez les Namaquois de lingère, ni rien qui
ressemblât à une repasseuse. La vieille femme qui lavait mon
linge était dans l’usage de convertir une de mes chemises en
un sac, dans lequel elle enfonçait les autres sous forme de chif
fons ; je les en lirais telles quelles, e t, plus d’une fois, j ’ai
été réduit à tourner ma chemise pour me procurer la sensation
du linge propre. Mâ bonne vieille mère m’avait appris à coudre
et à tricoter dans les longues soirée d’ hiver , et quand je lui
disais que je voulais devenir un « hom m e, » elle me répondait :
Cl Mon garçon , tu ne sais pas quel lot te doit échoir ». Elle
avait raison; car j ’ai eu souvent occasion de manier l’aiguille.
L’n jour je me souvins qu’elle m’avait enseigné la manière d’unir
le linge en le pliant avec soin et frappant dessus avec un
morceau de bois. Désirant avoir une chemise propre pour le
dimanche , j ’en pliai une , je la plaçai sur un bloc du plus
beau g ra n it, et me mis à la marteler de mon mieux. Africaner venant à passer me demanda ce que je faisais : « Je re
passe ma chemise » lui répondis-je. — « En vérité, d it-il, vous
vous y prenez d’une étrange façon ». La soulevant alors en face
du j o u r , il me la montra criblée de tro u s , dont quelques-uns
étaient aussi grands que , le bout du doigt.
•
V A R IK T E S t
____
M ætii'e (fM M*êre V e n t u r a
Nous ne pourrions, mieux que par les fragments que nous
donnons ci-après de celte lettre remarquable , fournir à nos
lecteurs une juste appréciation des événements qui viennent
de s’accomplir à Rome et de l’état des esprits dans cette
capitale du monde catholique. Que nos lecteurs surtout n’ou
blient point que celui qui écrivait il y a quelques semaines
ces lignes, est un moine , le premier parmi les prédicateurs
catholiques vivants, et, un des plus sincères et des plus
fervents appuis de la Papauté.
Très-cher ami et frère !
« C’est cette fois avec les larmes aux yeux , et le cœur brisé
d’angoissfe que je vous écris. Pendant que je suis occupé à vous
tracer ces lignes, les soldats français bombardent Rome, rédui
sent en ruines ses monuments , mitraillent ses citoyens, et le
sang court par torrents de part et d’autre......... ¡.a belle restau
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ratiun de l’autorité papale que l’on aura faite ! L’histoire nous
apprend qu’en général les restaurations opérées par la force ne
sont pas durables, et que les trônes relevés sur les cadavres et
dans le sang, ont pour sort d’être bientôt renversés par de plus
violentes secousses. Ainsi, de toutes les combinaisons qui ont été
discutées à Gaëte pour remettre le Pape sur son trône , on s’est
arrêté à la plus déplorable , à la plus funeste.
« Mais ce qui désole davantage toute âme catholique, c’est que
cette restauration, si elle a lieu, sans arriver à rétablir solidement
le pouvoir du prince , frappera et détruira peut-être l’autorité du
Pontife ; c’est que chaque coup de canon, en endommageant les
murs de Rome, détruira peu à peu la foi catholique dans le cœur
des Romains.............
« Je suis loin de croire que Pie IX veuille toutes ces choses
ou que seulement il les connaisse........... mais ce que je sais et
ce que je crois , le peuple romain ne le sait pas et ne le croit
pas. 11 ne sait, il ne croit que ce qu’il voit, que ce qu’il souffre.
11 voit que les Autrichiens, avec un prélat du Pape (Mr Bedini)
au milieu d’eux, ravagent les légations, bombardent les villes,
frappent de contributions énormes les plus paisibles citoyens, exi
lent , fusillent les plus ardents patriotes, et rétablissent partout
l’absolutisme clérical. Il voit que les Français, au nom du Pape,
font couler le sang romain et détruisent la ville de Rome. Il voit
que c’est le Pape qui a lancé quatre,Puissances, armées de tous
les moyens de destruction, contre l’Etat romain , comme un,
meute sur une bête féroce ; et dès lors il n’entend plus rie n ,
il se lève contre le Pape et l’Eglise, au nom et*^dans l’intérêt
de laquelle le Pape proclame qu’il est de son devoir de recon
quérir par la force le pouvoir temporel.
« Mes amis, d’ici me cachent tout ce qui se fait et se dit à Rome
dans ce déplorable sens. Ils veulent m’épargner l’immense douleur que
cela me causerait. Malgré ces soins délicats, je viens d’apprendre
qu’à Rome toute la jeunesse, tous les hommes de quelqu’instruction en sont à ce raisonnement : « Le Pape veut régner par
» la force sur nous. 11 veut, pour l’Eglise et pour les prêtres,
» la souveraineté qui n’appartient qu’au peuple , et il c ro it, et
» il dit qu’il est de son devoir d’agir ainsi, pareeque nous sommes
» catholiques, pareeque Rome est le centre du catholicisme,
» Eh bien ! qui nous empêche d’en finir avec le catholicisme,
» de nous faire protestants s’il le faut, et alors quel droit politique
» pourra-t-il réclamer sur nous ? Car n’est-ce pas horrible à
•> penser, q u e , pareeque nous sommes catholiques et fils de
» l’Eglise , il faille être maîtrisés par l’Eglise , abjurer tous
i> nos droits , attendre de la libéralité des prêtres , comme une
» concession, ce qui nous est dû par justice, et être condamnés
» au sort du plus misérable des peuples? »
13
—
29
—
« J’apprends anssi que ces sentiments sont devenus plus eommiins qu’on ne pense , qu’ils ont pénétré même jusque dans le
cœur des femmes. Ainsi, vingt ans de travaux apostoliques que
j’ai supportés, pour unir de plus en plus le peuple romain à
l’Eglise, les voilà perdus en quelques jours! Ainsi ce que j’avais
prévu , ce que j’avais prédit dans toutes mes lettres, le voilà
malheureusement accompli, et au-delà même de toutes mes pré
visions. Le Protestantisme se trouve implanté de fait dans une
partie de ce boh et religieux peuple romain, e t , chose horrible à
dire, cela est arrivé par des prêtres, par la mauvaise politique
dans laquelle on a entraîné le Pape.
« Ah ! mon cher ami, l’idée d’un évêque qui fait mitrailler
ses diocésains, d’un pasteur qui fait égorger ses brebis, d’un
père qui envoie à la mort ses enfants, d’un pape qui veut régner,
qui veut s’imposer à trois millions de chrétiens par la force,
qui veut rétablir son trône sur des ruines , des cadavres et
du sang, cette idée, dis-je, est si étrange, si absurde, si scan
daleuse , si horrible, si contraire à l’esprit et à la lettre de
l’Evangile, qu’il n’y a pas de conscience qui n’en soit révoltée,
qu’il n’y a pas de foi qui puisse y tenir, pas de cœur qui n’en
frémisse , pas de langue qui ne se sente poussée à la malédiction,
au blasphème! Ah! mieux valait mille fois perdre tout le temporel,
le monde entier, s’il le fallait, que de donner un pareil scandale
à son peuple!
U II est probable que Rome succombera sous l’attaque des armes
françaises. Comment résister à la France ? Il est possible que le
Pape rentre à Rome, portant à la main le glaive au lieu de
la croix,, précédé de soldats , suivi par le bourreau, comme si
Rome était la Mecque, et l’Evangile le Coran; mais il ne régnera
jamais sur le cœur des Romains. Sous ce rapport, son règne est
détruit , fini pour toujours; il ne sera plus pape que d’un petit
nombre de fidèles. L’immense majorité restera protestante de fait,
car elle ne pratiquera plus la religion, tant sera grande sa haine
pour le prêtre. Nos prédications ne pourront plus rien. 11 nous
sera impossible de faire aimer et même tolérer l’Eglise catholique
par un peuple qui aura appris à la haïr, à la mépriser dans un chef
imposé par la force et dans un clergé dépendant de ce chef. 11 nous
sera impossible de persuader que la religion catholique est la
mère , la tutrice de la liberté des peuples et la garantie de leur
commune félicité....... Remerciez donc, au nom de l’Eglise de Rome,
vos soi-disants catholiques, vos journaux prétendus religieux. Oh!
ils peuvent se vanter d’avoir soutenu le gouvernement actuel de
la France dans cette guerre fratricide!....... Ils ont réussi à éteindre
la foi catholique dans son centre , à frapper le Pape en s’achar
nant à restaurer le souverain. Quel mal immense ils ont fait L
Us le comprendront un jour ; mais il sera, trop tard 1 »
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—
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—
x o w J V Æ i^ i é K s K E g iM e t iM u r m e s .
V ali. ées V audoises . L’œuvre^de la réiiilrodogjion^dje rjlaljiija
Val
lées vaudpises avance avec suite et persévérance. Lundi, 16 ju illet, le
Modérateur a fait l'ouverture du cours que les professeurs, envoyés
l’année dernière en Toscane doivent donner sur cette langue aux régents des
Vallées, pour mettre ceux-ci en état de l'enseignera leur tour dans nos diffé
rentes écoles. Ces régents au nombre de 16 s'appliquent à leur tâche avec un
zèle et un courage qui nous font espérer les meilleurs résultats. Que Dieu veuille
mettre sa bénédiction sur celte œuvre naissante, et couronner de succès les ef
forts du généreux bienfaiteur, à qui point de sacrifice ne paraît trop grand
quand il s’agit du bien des Vallées et du progrès de l'Évangile !
Nous avons la joie de pouvoir donner cette fois comme un fait accompli
y annexion de la Congrégation évangélique de Turin à l’Église Vaudoise.
Le manque de place nous oblige à renvoyer les détails au N® prochain.
— AiNGLETERRE. Société BîbHque Britannique et étrangère ; Cette grande
association, mère de toutes celles qui se proposent le même but, a tenu
sa 45'"' fête annuelle à Londres le 2 m ai, sous la présidence du mar
quis de Cholmondeley. Le rapport annonce que les recettes de l’année
se sont élevées à deux millions, trois cent-quatre-vingt-dix-huit m ille,
trois cenl-vingt-cinq francs, et que un million cent-sept mille , cinq
cent-dix-huit exemplaires des livres saints ont été distribués. — A propos
de la traduction de la Bible dans la langue de l’ile de Man (1) , le
pasteur H. Stowcll raconta l’anecdote suivante : « Lorsque cette traduction
fut achevée, le manuscrit fut confié au Docteur Kelly , afin qu’il le
fit imprimer dans l’ile. Le docteur s’embarqua sur un petit navire qui,
pendant la traversée alla se briser contre un écueil. Le docteur Kelly ,
estimant le dépôt qui lui avait été confié, plus précieux que sa vie,
ne voulut point l'abandonner. S’étant saisi d’un débris, il gagna le rocher,
d’où il pouvait élever en l’air le précieux manuscrit au péril de ses
jours. Il sentait la marée élever ses ondes autour de lui , et ce ne
fut qu’après une mortelle heure que la chaloupe vint à son secours.
A ce moment suprême il était complètement exténué : ses mains glacées
et raidies s’élevaient encore au-dessus des eaux, rien n’avait pu lui
faire lâcher le volume , qu'il sauva ainsi de la destruction, et q u i,
depuis , a été imprimé. Lorsque l’excellent évêque de Man, Hilsley,
reçut ce précieux exemplaire, il le pressa sur son cœur en s’écriant :
< Seigneur, tu laisses maintenant ton serviteur aller en p aix, car mes
» yeux ont vu loti salut ». Le dimanche suivant il prêcha sur la mort,
et le lundi il s’endormit ; son œuvre était achevée ». L’orateur chré
tien termina ce trait en s'écriant : « Et nous , élevons aussi la Bible
• au-dessus des vagues de l’incrédulité , de la superstition , de l’anarcbie
» et de toutes les agitations du siècle. Élevons la Bible , elle nous
» élèvera à son tour ; elle nous fera surnager au milieu des tempêtes
» de la v i e , pour nous faire aborder au séjour de l’éternelle félicité ».
— Madère . Souffrances j)Our l’Évangile: Madère est une petite île
de 80 à 100,000 habitants , portugais et catholiques, située à quelque
distance de la côte occidentale d’Afrique, et réputée pour l'excellence
de ses vins et la douceur de son climat qui y attire beaucoup de malades,
particulièrement des anglais. 11 y a quelques années que, par le moyen
de l’un d’entr’eu x, le Docteur K alley, médecin écossais et chrétien
(1) Ile située entre l’Angleterre et l'Irlande avec une population de 110,000
habitants d’origine Celte, et parlant un dialecte particulier.
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—
ém iiienl, il s’opéra dans celle ile un réveil religieux des plus re
marquables. Des cenlaines de personnes y furent rendues altemives sur
leur salut, et déclarèrent franchement l’inlenlion où elles étaient de
ne vouloir plus avoir d'autre religion que celle de l'Évangile. Allarmées
de ces manifestations les autorités tant civiles qu’ecclésiastiques cher
chèrent à s’y opposer. Elles le firent d’abord par des tracasseries
qu’elles suscitèrent au docteur Kalley et aux principaux d’entre ses adhé
rents, [mis , cela ne suffisant pas, par des sentences de la dernière rigueur.
Une femme , Maria Zoachina fut condamnée à la peine de mort pour
avoir nié la présence de Dieu dans l'hostie , et n’échappa à ce juge
ment que par suite des représentations adressées, à son s u je t, par le
chargé d’affaire d'Angleterre , à la reine de Portugal. Alors commeacèrent les émeutes du peuple fanatisé. Les excès commis sur ces pau
vres chrétiens furent tels que 7 à 800 d’entr’eux quittèrent leur ile ,
abandonnant ainsi patrie, parents, am is, la plus grande partie de leurs
biens, pour s’en aller dans quelque contrée lointaine, où il leur serait permis
de servir Dieu selon sa Parole. Accueillis d’abord dans l’ile anglaise delà Tri
nité, ils viennent, ta plupart, de passer en Am érique, où des chrétiens
des États-Unis, informés de leur position, leur ont acheté des terres
l't les ont invités à se rendre. Grande a été , comme on peut bien le
penser , la joie de ces pauvres fidèles. Un premier détachement est
déjà parti pour la nouvelle patrie qui les attend tous; les autres quittent
en ce moment la Trinité et bientôt une nouvelle colonie de témoins
de Christ se sera formée sur ce territoire des Édats-Unis que les persé
cutions religieuses de l’Europe peuplaient il y a 200 atis. Puissent ces
[lauvres exilés éprouver avec plénitude de joie . l’accomplissement de
celle promesse du Maître que : i quiconque aura quitté maison, frères,
» sœurs, pères, mères, femmes, enfants, champs à cause de son nom,
» en recevra cent fois autant et héritera la vie éternelle ».
X O U V E E ,M ,I !S
POEM TM QVES
INTÉRIEUR
PiÉMo.xT. — A la nouvelle si affligeante pour tant d e coeurs de la mort
de Charles-Albert, ont succédé des nouvelles, vagues d’abord, puis de
plus en plus précises de convalescence. Le docteur Kiberi doit même
avoir donné les assurances les plus réjouissantes de guérison. Vaudois t
que nos prières ne cessent pas de s’élever au Maître de la vie et de
la m ort, pour l’entier rétablissement d’un Prince à qui nous devons tant !
Par décret du ff ju ille t, le Roi a déclaré aboli l’état de siège pour
la ville de Gênes.
D’après les meilleurs renseignements , il parait que la victoire est
restée au jvarli libéral dans les élections qui viennent d’avoir lieu. Nous
faisons des vœux pour que la victoire de ce parti soit vraiment celle de la
liberté , de la liberté pour to us, de la liberté comme principe et comme
d ro it, sans lequel l’homme ne peut se développer complètement ni.
s'acquitter de la lâche qui lui a été assignée par la Providence.
Et .vts R0M.V1NS. — La République Romaine est tombée. C ’est le 3 juillet,
que Rome s’est rendue aux Français, après une lutte de deux m o is ,.
[dus hcro'iqiie et plus sanglante à la lin qu’elle ne l’avait été au commencc
• »
16
_
52
—
ment. Le nombre des victimes du côté des Français et de celui des Ro
mains est considérable. Le jour encore où les premiers s'emparèrent de la ville,
ÔOO Romains qui demandaient à rendre les armes furent égorgés à la
bayonnettc. L’état de siège a été immédiatement déclaré par le général
Oudinot qui s'est également empressé d'envoyer à Pie IX les clefs de la
ville. Le Pape ne tardera donc pas à rentrer. A quel titre et avec quelles
intentions? L’allocution de G aë te, du iS avril dernier, ne peut laifsefe
te moindre doute à ce sujet. Celui qui publiquement presque solennel*^
lement ne craint pas de proclamer le roi de Naples un soleil de religion
et de p iété, digne de servir d’exemple à ses sujets , a donné par là
la mesure de ce qu'il est disposé à faire à son tour pour la vraie et
solide félicité de ses peuples. Garibaldi s'est jeté vers la Toscane avec
les soldats qui ont préféré suivre sa fortune que de se rendre. Enveloppé
de toutes parts, comment écliappera-t-il? — Mazzini est fugitif avec un
grand nombre d'autres. Plusieurs des membres les plus distingués de la
Constituante Romaine ont été faits prisonniers.
EXTÉRIEUR.
F r a n c e . Une répétition des affreuses scènes du mois de juin de l’année
dernière a failli avoir lie u , non seulement à Paris, mais cette fois
dans toute la France. Le prétexte de ce soulèvement était l’odieuse
conduite du gouvernement français à l'égard de la République romaine.
Heureusement la tentative n’a pas eu les suites qu'elle aurait pu avoir:
la France est maintenant tranquiiie, mais c ’est la tranquillité du volcan
prêt à faire explosion au moment où l’on s’y attend le moins.
— H o n g r ie . La guerre entre les Austro-Russes et les Hongrois se poursuit,
malgré la chaleur, la disette et le choléra qui exerce de grands ravages dans
les deux armées. La tactique des Hongrois en se retirant devant les troupes
impériales parait être de traîner les choses en longueur jusqu’à l'Iiivcr. De
sanglantes rencontres oqt cependant eu lie u , dans lesquelles, (si divers sont
les bruits) il serait difGcile de dire à quel parti la victoire est demeurée.
Le G érant: J . p. MEULE.
L ’ Écho des f'allées parait le premier Jeudi de chaque moU, par livraisons de i6
pages gr. 8“.
Prix de l’abonnement franco-frontière, i fr. 5o c.
Pour les .abonnements et les réclamations , s’adresser au bureau du Jo u rn al,
à ¿ a T ou r, vallées vaudoises. Lettres et envois fra n co. On s’ abonne de plus
au.x adresses ci-après :
à PioKCBOL, chez Mr J o sep h C h ia n t o r e , Imprimeur-Libraire,
à T o r ik , chez Mr M alan neveu et C ic.
à G e n è v e , chez M.mcs B er o o d et G o e r s , Libraires,
à L aosan n e , chez Mr B r i b e l , Libraire.
'
à L yo n , chez Mr G a r n ie r - G a c t ie r Négociant,
à P a r i s , â la l ie r a ir ib pro V e s t a n t r , bo b t b o k c k e t N* a. >
à Nines, chez M. B ia r q o is - G ig k o d x , Libraire.
à M a b s e il o b , chez Mr. Dusos, L ib ra ire , Rue de Rome ).
r
à L o n d r e s , chez M M . P a r t r id g e et O a x e t , Çeter noster-Roow.
. id.
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