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s* année
Novembre; 1868.
O ■ . •
•
L’ÉCHO DES VALLEES
—(NOUVELLE SERIE)
Que toutes les choses qui sont véritables....... occupent
vos pensées — Philippiens., IV. 8.)
SOMM.MRE: — Uneréuiion d’enfants, ou Notes d'un voyage aux Etats-Unis. —
Instruction Irtpiaire. — Vallées Vaudoises.
RÉUNION DES ENFANTS
tenne à S‘<‘ Margnerite ie 29 septembre par M'le Pasteur G. Appia.
Chers Enfants,
Invité â vous clire quelques mots au sujet de mon récent voyage en
Amérique, je me demande comment dans l’étroit espace de temps
dont nous pouvons disposer, je vous donnerai quelque idée claire de
ce vaste pays. Pour y parvenir, je commence par vous tracer sur ce
papier noir une grande carte de l’Amérique du Nord. Celle contrée
doit vous intéresser à plus d’un litre, puisque c’est un de vos compatriotes qui lui a donné son nom : Amerigo Vespucci ; et un autre
qui en a fait la découverte , le Génois Christophe Colomb : ce nom
seul Vîtut aux Italiens la sympathie et même la reconnaissance des
Américains, comme me l’exprimait dans une belle lettre, datée de
Brooklyn, une amie des Ecoles du dimanche (I) C’est qu’il y a là en
eflfif un grand, un noble souvenir. Colomb, aussi bien que ses successeurs, n’a enfanté l’Amérique que moyennant une persévérance
admirable, et une patience à tout épreuve. Fort de l'appel qu’il sent,
il ne se laisse décourager ni par là mort de son épouse , ni par la
.f
(1) Voir cette lettre dans VEoho d'octobre.
5v
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pauvreté qui fond sur lui, et le réduit à mendier à pied son pain
pour pouvoir poursuivre sa route jusqu’à la capitale de l’Espagne.
Rien ne le déconcerte , ni les mépris, ni les intrigues des marins
portuguais, qui veulent découvrir l’Amérique sans lui ; ni les malheurs
de son frère Barthélemy, pris par les pirates au moment où il va
plaider sa cause auprès du roi d’Angleterre. Les pieds meurtris, conduisant avec lui son petit garçon , presque mort de fatigue, Colomb
vient demander un morceau de pain à la pi^te d’un couvent; le
prieur reconnaît en lui l’homme de génie, le Recommande au Cardinal Mendoza, et lui fait obtenir ainsi l’appui généreux d’Isabelle de
Castille qui déclare qu’elle vendra ses joyaux pour le soutenir, mais
il faut qu’il attende de 1487 à 1492 , qu’il accompagne la cour par
monts et par vaux dans une expédition guerrière contre les Maures ,
jusqu’à ce que deux négociants, les frères Pinzón, lui fournissent trois
pauvres vaisseaux nommés ; Santa Maria , Pinta, et Nigna. Mais qui
décrira la joie de l’Espagne et celle de Christophe Colomb, lorsque ,
sept mois après être parti de Palos en Andalousie, il rentrait dans
Barcelone , salué par une foule ivre d’admiration , traversait en roi
les rues pavoisées de la ville , accompagné de deux rangées d’indiens
en costume bizarre , portant des flamans aux riches couleurs , couronnés de plumes, les pieds et les mains ornés de bijoux d’or , et
allant déposer un nouveau monde découvert par lui aUx pieds du
roi d’Espagne Ferdinand d’Aragon et de son épouse Isabelle ?
Il serait trop long de raconter les aventures de ceux qui l’imitèrent. (1).
(1) NB* Le 11 octobre 1492, Colomb avait débarqué aux îles Bahama. — 1496 Jean
Cabot découvre le Labrador. — 1498 le Florentin Amerigg Vespucci explore les
côtes de l'Amérique du sud , et se vante d'avoir découvert le Nouveau Monde. —
La même année 1498 Colomb dans son 3.a voyage touchait le continent. — En 1501
Gaspard Contereal visite l'Amérique du Nord. — En 1504 Denys de Harfleur dresse
la carte du S. Laurent. — En 1512 Jean Ponce de Léon , ayant envain cherché la
fontaine de Jouvence , découvre la Floride. — En 1513 Vasco Nunez de Babbea
touche le premier l’Océan Pacifique, puis va mourir sur l’échafaud. —En 1519 Fernand Cortez est reçu dans Mexico par le roi Montezuma. — En 1520 Magellans
faisait le tour de l'Amérique , et après sa mort, l'un de ses cinq vaisseaux, la Vi. ctoria, achevait le tour du Monde. — En 1523 Verazzani de Florence , envoyé par
la France, découvrait le port de New-York. Fn 1570 Pizarre, d'odieuse mémoire, et
Almagro faisaient la conquête du Pérou. — En 1535, Jacques Cartier atteignait Montréal en Canada , et en 1540 Côrnada pénétrait en Californie.
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165 —
II.
Venons-en aux voyages des premiers protestants établis en .Amérique. Dieu semblait avoir destiné ce vaste continent à être le [refuge
de ses enfants persécutés. Le noble chef des Huguenots, l'amiral Gaspard de Coligny , fut l’un des premiers d le comprendre. Ses essais
échouèrent néammoins.
En 1555 quelques seigneurs protestants lui demandèrent secrètement, s’il ne pourrait pas profiter de sa position pour leur ouvrirait
delà de l’Océan , une nouvelle patrie , où ils pussent servir Dieu
selon leur conscience. Nicolas Durant, seigneur de Villegagnon , chevalier de Malte, et vice amiral de Bretagne, se chargea de les conduire au Brésil : Calvin envoya à la colonie deux pasteur.« ; Pierre
Richer , et Guillaume Chartier. Tout commença par bien marcher ;
Villegagnon accueillit favorablement les envoyés de Genève , feignit
d'approuver leurs réglements; mais bientôt un élève catholique de la
Sorbonne , Jean Contât, ayant commencé à chicaner le jour même
où l’on devait prendre la S‘® Cène , Villegagnon se permit de contredire publiquement le ministre Richer ; puis ayant jeté le masque , il
interdit le culte réformé , exigea des colons qu’ils signassent une rétractation de leur foi protestante; il contraignit, par un insupportable
tyrannie, les meilleurs à émigrer. Trois d’entre eux étant revenus,
il les fit étrangler; c’étaient Bordel , Bourdon et Mathieu Vermeil: ce
dernier s'écria en expirant: « Signeur Jésus , aie pitié de moi». Les
corps des trois confesseurs, furent précipités du haut d’un rocher dans
la mer. Quinze autres arrivèrent presque morts de faim sur les côtes
de Bretagne , et toute la colonie fut dissoute , quoique l’île porte
encore le nom de Villegagnon. Sept ans plus tard , le protestant Jean
de Ribault, laissait le nom de Caroline à une partie de la Géorgie. En
1564 Laudonnière , homme d’une grande intelligence, auquel Coligny
adjoignit le peintre Jacques Le Moyne, allait s’établir avec une troupe
de colons , sur la rivière de Mai. Rejoints par Ribault, les protestants de la nouvelle colonie devinrent eux aussi les victimes de l’intolérance des Espagnols papistes ; 2500 soldats marins, prêtres, jésuites
et colons , conduits par Menendez se chargèrent de détruire ce nid
de protestants. On fond sur eux à l’improviste : hommes , femmes ,
enfants , malades, tous sont taillés en pièces ; ceux même qui s’étaient rendus à discrétion, les mains liées derrière le dos , furent
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poussés comme des moutons dans les rangs des Espagnols , qui les
massacrèrent au bruit du tambour et au son des fanfares; on insulte
les corps des victimes : puis sur leurs cadavres pendus aux arbres ,
les assassins écrivent : « Je ne fais pas ceci comme à Français, mais
comme à Luthériens»: après quoi, les mains teintes de sang, on
va planter une croix . et fonder la première église ! Ainsi dès les
premières années , le sang des martyrs avait rougi le sol de l’Amérique , et consacré cette terre classique de la liberté de conscience.
Mais Dieu ne vengera-t-il point ses élus? Après les expéditions de
Champlain , que rappelle le lac de ce nom , en 1603, de John Smith
sur le Potomac trois ans plus tard, après la fondation de Québec par
le gentilhomme protestant^, M'' de Monts, de Saintonge , gouverneur
de Pons , et après les découvertes de la rivière et de la baie de Hudson par le hollandais Henri Hudson , en 1609 et 1610 , arrivait la
grande et belle époque des Puritains qui débarquèrent près de Boston
à Plymouth en 1620. Les autres établissements suivirent rapidement:
en 1628 les Massachusets et Salem étaient fondés par Endicott. En
1630 Winthrop venait d’Angleterre pour le rejoindre. En 1633 ceux de
Plymouth colonisaient la vallée de Connecticut. En 1636 Providence
et le Rhode Island étaient fondés par Roger Williams. En 1638 Newhaven par Gaton et Davemport. Vers la même époque George Calvert.
Lord Baltimore , fondait en souvenir de la ûlle d’Henri IV, le Maryland.
Nous touchons en 1655, l’année de notre grande persécution. A
l’ouïe de l’affreux massacre des vaudois du Piémont , qui eut lieu
cette année-là à la fête de Pâques , les habitans de la ville de New
York se sentirent émus de compassion , et cette ville qui portait
alors le nom de Nouvelle Amsterdam , se chargea des frais de transport des émigrants vaudois. Un auteur prétend qu’il y en eût 600.
Bancroft croit ce chiffre ifort éxagéré ; quoiqu’il en soit, déjà alors
commencèrent nos relations avec l’Amérique. Ne vous effrayez pas de
chiffres et des dates , les idées claires sont utiles , et ne dussiez-vous
apprendre que le fait de la nouveauté de la plupart des villes du
Nouveau Monde, il vaudrait la peine de vous en souvenir. L’Amérique devenue le refuge des protestants persécutés, prit un développement rapide, d’ordinaire fort heureux, dû à ses bons commencements.
Dieu avait préparé celte vaste terre pour être le réservoir où irait se
verser le trop plein de nos pays ; mais n’est-il pas admirable qu'a-
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— 167 —
vant de permettre que les bateaux à vapeur, et les autres moyens de
communication . amenassent d’Allemagne , d’Irlande , de Norvège les
flots de population qui vont chaque année coloniser les plaines de
l’Ouest, Il avait pris soin de leur faire préparer le terrain par les
meilleurs des hommes , dont la piété, la persévérance dans les dangers . l'énergie à maintenir leurs principes jusqu’à la mort , sont encore aujourd’hui un inappréciable héritage pour l’Amérique entière.
III.
Ceux que les Etats-Unis considèrent à bon droit comme leurs fondateurs furent des pèlerins chrétiens chassés d’Angleterre pour leur
conscience , établis d’abord à Leyde en Hollande, et partis en 1620
sur le vaisseau La Fleur de May pour la nouvelle Angleterre. Je ne
saurais vous raconter ce que souffrirent durant les premières années
ces héroïques colons. .Arrivés au nombre de 102 , ils n’étaient plus
après cinq mois , que 51. Le souvenir de leur foi , de leurs souffrances , de leur énergie est resté si ineffaçablement imprimé dans
les cœurs , que les protestants de ces contrées ont conservé à Plymouth le rocher qu’ils touchèrent le premier, comme une sorte de
sanctuaire ou de relique ; il y a peu de temps, vous y auriez vu
une immense conférence de pasteurs et de fidèles réunis pour une
espèce de Synode libre.
La fidélité de ces anciens Pèlerins n’a pas été perdue: leurs principes se sont transmis à leurs descendants comme un saint dépôt. —
C’est à eux qu’est dû , en grande partie, le cachet religieux de l'Amérique. Non que nous voulions admirer tout ce qu’ils ont fait, ni condamner à une amende ceux qui manquent au culte, ou bien, comme
dans quelques unes de leurs anciennes églises , établir un suisse
chargé de réveiller les dormeurs hommes avec le bout de son bâton
garni d’une boule , et les dormeuses avec le bout garni de plumes;
nous n’admirons pas leur tolérance qui excluait les papistes et les
épiscopaux du privilège de la liberté ; mais je relèverai un trait : la
sanctification du dimanche Allez voir dans l’une des villes de la Nouvelle-Angleterre comment on y entend l’observation du sabbat chrétien; j’y ai reçu des leçons même des chemins de fer; car plus d'une
fois voulant profiter de la nuit du samedi ou de celle du dimanche
au lundi pour voyager, il m’a fallu y renoncer : arrivé à la gare avec
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- 168 —
mes paquets, on me disait : » Monsieur , il n’y a pas de train aujourd’hui , c’est dimanche » — Les boutiques sont fermées , les marchés déserts , toutes les provisions achetées la veille , tous les trafics
interrompus, cela vous réjouit et vous édifie , môme à New-York; —
et comme ou peut faire beaucoup pendant douze heures , et que les
Américains n’aiment pas à demeurer oisifs , l’instruction de la jeunesse longtemps négligée, est venue réclamer le temps disponible
des adultes , et les hommes de bonne volonté ont vu s’ouvrir devant
eux un champ immense d’utilité et d’action ; il suffira de quelques
traits pour vous le faire sentir. — Dès le premier dimanche que je
passai à Brooklyn, sous le toit hospitalier de l’ami des écoles du dimanche , M'' Woodruff , j’eus le plaisir d’en visiter quelques unes.
Là , c’est celle du D’’ Beecher , par exemple : belle salle décorée de
passages, de symboles, de belles fleurs toutes fraîches, ayant au centre un joli jet d’eau , lançant sa gerbe de cristal sur un lit de mousse
et de coquillages, et rafraîchissant l’air que respirent 600 à 800 enfants
de toutes les classes réunis autour de leurs moniteurs : le matin, au
sermon , leur pasteur avait fait rire tout le monde en réclamant de
ses paroissiens autant de gâteaux et de pains d'épice que possible ;
et le mardi suivant, quelque vingt mille enfants défilant dans les
rues de la grande ville, allaient se réunir dans leurs différentes écoles, pour consommer les crèmes, gâteaux et brioches que leur avaient
préparées leurs protecteurs. — 11 y a quelques années que l’on
comptait trois millions d’enfants dans les écoles du dimanche d’Amérique ; — et dans l’assemblée annuelle de « l’Union Américaine des
Ecoles du dimanche » de Chicago, M'' Corey , le surintendant des vingt
sept missionaires des provinces de l’Ouest dirigés par la Société, rapportait que durant l’année, ils avaient organisé 810 écoles nouvelles
avec 5707 moniteurs et 34347 élèves , et distribué pour 62000 francs
de livres dans les seules provinces d’Illinois, .lowa, Missouri, Kansas
et Nebraska, outre quelques comtés de l’Indiana — Un frère du centre
de la province de Jowa écrit; t Je viens de repasser ce matin avec
« une émotion particulière nos humbles efforts dans les écoles du
• dimanche durant cette année. Nous avons des preuves indubitables
« que Dieu a mis sur nos travaux le sceau de sa bénédiction. Combien
• de chers enfants ont été amenés à Christ! Combien de parents vain« eus par les prières et par les larmes de leurs enfants ont été . dé« cidés a donner leur cœur au Sauveur! — Combien ont appris à lire
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« leur Bible et à cesser de désobéir à leurs parents! A peine se passe
• t-il une semaine sans que nous voyions et entendions quelqu’une
• de ces bonnes nouvelles dues aux efforts de nos écoles du diman. cjie. » — Six églises sorties de nos écoles ont été organisées. — Un
frère du Missouri écrit : " Dieu a visité dans sa miséricorde Sédalia
« par une effusion de son esprit. — Dimanche dernier trente trois
« nouveaux membres ont été ajoutés à l’église, et la plupart sortaient
. de notre école du dimanche ». — Dans les seules provinces
nommées , la Société des écoles du dimanche a organisé, durant les
vingt et une dernières années, 18895 écoles , avec 138118 moniteurs
et 944721 élèves.
Pensez eu effet quels besoins doivent se faire sentir dans des villes telles que S‘ Louis, où le dit M'' florey comptait <6000 âmes en
commençant son œuvre , et où il évalue actuellement à 200000 le
nombre des habitants; — ou bien Chicago , qui en 1837 avait 4170
habitants , en 1847, déjà 16800, pour s’élever en 1857 au chiffre de
85000, et en 1867 à celui de 250000 environ. Aussi, quand je visitai
la belle école de M’’ Morrisson à S‘ Louis , j’y trouvai mille enfants
inscrits , et le directeur avait commencé en 1848 avec six moniteurs
et trente quatre enfants — Que dire de Brooklyn , dont le vénérable
ami des esclaves, AP Lewis Tappan me disait: • Quand je tne suis
établi ici l’on comptait 3000 habitants , et maintenant on en compte
300000 ! • — Vous comprenez quels besoins spirituels apportent avec
eux de pareilles foules d’émigrants. — Heureusement que les chrétiens répondent à ces besoins. Voyez ce dessin représentant un lingot
d’argent : c’est la contribution d’une école du dimanche du Nevada
pour l’œuvre des missions ; il porte l’inscription suivante : « celte
pièce d’argent de la valeur de 153 dollars (le dollar valant de 3 à 5
francs ) produit du sol du Nevada , collecté par les enfants des écoles
du dimanche de S‘ ,lean, à Gold Hill, est présenté comme témoignage
d’affection à la Société des missions de l’Eglise d’Amérique , fondatrice de la paroisse et de l’école •.
Le rapport des missions d’une seule dénomination , celle des Presbytériens de la vieille école , évalue les contributions des enfants
durant l’année <867, à 45323 dollars. — Regardez ce journal des
écoles du dimanche: c’est un des mes amis d’enfance qui le rédige.
Quand il l’a commencé il n’avait pas de quoi payer les premières
dépenses : mais le besoin se faisant sentir, il s’est mis à l’œuvre
8
— 170 —
pans tarder, et comme il avait été imprimeur , il a d’abord composé
lui même son journal , l’imprimant en suite à grands coups de marteau dans sa chambre à coucher , se privant du nécessaire plutôt que
de renoncer à son entreprise. — Cet excellent frère et ami était catholique quand je le connaissais dans son enfance ; mais son père ,
sculpteur habile , le conduisait souvent au sermon pour entendre
mon père ( à Francfort sur Mein ); et maintenant, après plusieurs
années , Dieu l’a converti et lui a donné 1e moyen de devenir un
brave pasteur presbytérien , dans une des grands villes du centre de
l’Amérique , où il rédige , outre sa feuille des écoles du dimanche ,
un journal pour l’église presbytérienne allemande , où il dirige une
école , prêche tous les dimanches , et jouit de l’estime de tous ceux
qui le connaissent. — Eh bien , quand j’ai prêché dans sa petite église,
ces bonnes gens , la plupart ouvriers , et quelques uns pauvres et
’ chargés de famille , ont contribué cinquante six francs pour ma collecte. — Dans une des églises de S' Louis , j’ai trouvé un général
de l’armée du Nord , surintendant de l’école du dimanche, dans telle
autre le directeur d’une compagnie d’assurance; autre part, des banquiers, des négociants, des médecins, et vous avez appris , peut-être,
que le grand Abraham Lincoln ne dédaignait pas de mettre la main
à cette œuvre si utile — Aussi les écoles du dimanche sont-elles pour
l’étranger qui visite les Etats-Unis , l’un des plus beaux spectacles
qu'il puisse contempler.
Chers enfants, je m’arrête; le temps ne me permet pas d’allonger
davantage (1).
INSTRUCTION PRIMAIRE (2)
Le 5 et 6 août p. p. a eu lieu à Lausanne une exposition scholaire
dont les cantons de Vaud, de Fribourg et de Neuchâtel ont faitàpeu
près tous les frais Nous extrayons du Rapport de M'' Favre à ce sujet
les détails qui vont suivre, et dont quelqu’un peut-être saura profiter chez nous.
(1) Rapport sur l'expositioa scholaire de Lausanne des 5 et 6 août 1868, par
L. Favre professeur. Neuchâtel 1868. Brochure de 38 pp.
(2) Ici viendrait une anecdote qui ne nous a point été envoyée.
9
17t —
Les objets exposés appartenaient à cinq catégories; le mobilier de
l’école , — les manuels, etc. — les travaux des élèves , — le perfectionnement des méthodes, — la librairie.
J. La question de l'ameublement se posant un peu partout, il est non
seulement intéressant, mais très-utile, de connaître les expériences
faites sous ce rapport. — A Genève où l’on a dès l'abord reconnu la
nécessité des bancs à dossier, une Commission a recommandé en
outre le système des pupitres à deux places, pupitres mobiles à roulettes ; ce système en effet offre de grands avantages pour la surveillance des travaux, et la propreté des classes, mais il exige nécessairement des locaux plus ou moins spacieux et des pupitres de hauteurs
variées. L’inconvénient est surtout sensible dans les écoles primaires,
par suite du grand nombre des élèves ; on a été amené par conséquent à adopter des pupitres à quatre places pour diminuer le
nombre des couloirs , favoriser le maintien de la discipline , et faciliter les leçons orales qui exigent le groupement des élèves autour
du maître. Ouoqu’il en soit, ce système présente des avantages réels ;
dont un des principaux est de faciliter singulièrement le balayage d<»s
salles qui est si pénible et se fait si mal avec les grandes tables.
La question, il est vrai , n'a qu’une importance relative ; car tel ins
tituteur , telle école ; mais il n’est certes pas indifférent d’aménager
les classes d’une manière intelligente et confortable.
B. En fait de manuels et livres d'école , le Rapporteur Neuchàtelois
constate avec satisfaction la tendance actuelle de la Suisse Romande
à s’affranchir du tribut de l’étranger et à se créer elle-même les
manuels et les livres dont ses écoles ont besoin. Ainsi elle possède
déjà des manuels d’histoire, de géographie, de pédagogie, des recueils
de poésie, etc. Dans nos Vallées, nous ne sommes pas, tant s’en faut,
aussi riches; à part un petit recueil de poésies françaises, publié par
JI'' B. Olivet, à part un recueil italien du môme genre , publié par
Mr le Pasteur Meille, à part enfin [’Arpa Evangelica, nous ne possédons
en propre que deux petits livres de lecture , l’un français , l’autre
italien, qui , bien que publiés par ordre du Synode, n’offrent qu’une
nomenclature peut-être un peu sèche. Mais poursuivons.
C. Les travaux des élèves étaient représentés à Lausanne de bien des
manières différentes. L’Eco/esp^m/e tenait son rang par des épures de
géométrie descriptive , des dessins d’architecture , de grands croquis
d’appareils, de machines, de coupe de pierres , ainsi que par des
10
— 172
modèles en bois et en plâtre etc La Société indusirieîle et commerciale
exposait de remarquables modelages en terre glaise, en carton-pierre
et en plomb, exécutés par des apprentis et des ouvriers, qui suivent
les leçons avec entrain et avec beaucoup de zèle Divers autres établissements se sont fait remarquer par les dessins, les cartes, et la
calligraphie. — Le Rapporteur ne mentionne nulle part les pattes de
mouche que l’on décore du nom d’écriture américaine. — Les Ecoles
primaires brillaient.. par leur absence; et la déception du Rapporteur,
attiré à Lausanne pour juger avant tout de leur travail, a été, dit-il,
aussi complète que possible. Les Ecoles de jeunes fdles exposaient des
travaux à l’aiguille ; et les Ecoles enfantines, faiblement représentées,
de jolis dessins formés de bandelettes de papiers de couleurs assorties,
tissées et entrelacées avec beaucoup d’ailresse.
Une école enfantine a, entre toutes, attiré l’attention du Rapporteur;
c’est celle de notre compatriote M'’ Malan (de La Tour, quartier de la
Ravadera), à Neuchâtel. C’est avec une légitime satisfaction que nous
transcrivons ici le passage entier qui le concerne (pages 26, 27):
« Malan avait exposé, outre les ouvrages de ses élèves, des appareils destinés à faciliter l’enseignement de l’épellation, de la lecture,
de la numération et des quatre règles simples Ces appareils ont
attiré beaucoup de personnes soucieuses de l’instruction de la première enfance , et ont reçu l’approbation de pédagogues autorisés.
M'’ Malan n'a pas quitté ses appareils pendant plusieurs jours, afin de
pouvoir donner aux curieux les explications nécessaires. — Le premier
consiste en une quarantaine de petits cubes en bois, d’un pouce,
portant des lettres sur quatre faces, un chiffre sur la cinquième; la
sixième est blanche pour se prêter aux constructions dans les moments de relâche En outre vingt morceaux de bois de diverses longueurs
portant des mots sur trois faces, avec une face blanche, servent aussi
aux constructions de tours , de maisonnettes qui occupent l’enfant et
lui aident à développer son adresse, son goût et ses facultés créatrices.
Avec les cubes, l’enfant compose des mots qu’il apprend à épeler et
à ortographier exactement, et qui restent dans son souvenir.
« Les tableaux d’arithmétique sont très-grands et les chiffres peuvent
être vus d'un bout de la classe â l’autre. Les quatre premiers comprennent la table de Pythagore , mais intervertie et variée de toutes
façons, formant ainsi un ensemble de 400 questions adressées à l'enfant, qui est obligé de trouver les réponses, celles-ci n'étant pas sur
le tableau.
« Le S™® tableau est dans un cadre sur lequel glisse horizontalement
une fente verticale , ou fenêtre , sur laquelle glisse un guichet qui
peut se mouvoir de haut en bas. Ce guichet, qu’on peut promener
sur tous les nombres du tableau, de manière à en isoler un sur
lequel on fixe l’attention et les yeux de l’enfant, sert à résoudre une
foule de petits problèmes dans l’étendue des nombres du tableau,
l’addition en descendant, la soustraction en remontant, la multipli-
11
— 173 —
calion en allant de gauche à droite , la division en allant de droite
â gauche.
• Pour ceux qui savent par expérience que les notions ne se fixent
dans la mémoire et dans l’intelligence des enfants que par des exercices variés et mille fois répétés, les tableaux dont je viens de parler
prennent une valeur pédagogique inconstestable. Ce n’est pas seulement dans l’école enfantine , mais plutôt clans le degré inférieur de
l’école primaire qu’ils rendraient des services qu’on ne tarderait pas
à apprécier .le propose donc que l’on commande quelques tableaux
â M’’ Malan , et que des essais soient entrepris dans de bonnes conditions. Si les résultats sont heureux , la Direction recommanderait
instamment ces tableaux dans nos écoles primaires. M'' Malan recevrait
ainsi la juste récompense de son initiative et de son génie inventif ».
Xous souhaitons vivement que ces lignes attirent l’attention de nos
autorités scholaires , mixtes et non mixtes , ecclésiastiques et communales.
L'hospice des aveugles ( Lausanne ) vient en dernier lieu , et ce n’est
pas la portion la moins intéressante du Rapport. » Ces pauvres déshérités, par quel travail mélé de regrets et de défaillances, parviennentils à remplacer les yeux qui leur manquent, par la sensibilité nerveuse du bout de leurs doigts ? Ils ne sont pas encouragés par la
vue de ce qu’ils ont déjà fait, et des difficultés qu’ils ont déjà vaincues ;
ils ne peuvent non plus être stimulés par cette émulation qui
naît de la vue de la réussite de nos rivaux. — Et pourtant ces
paniers aussi solides et réguliers qu’ils sont jolis , ces nombreux
ouvrages de vannerie, de sparlerie, ces objets lournés, ces chaussons,
ces tricots, ces dessins même, ce sont des aveugles qui les ont faits.
On leur enseigne la géométrie et ils la comprennent; s’ils ne voient
pas les figures, on les leur fait palper en le.s traçant en relief, avec
les lettres explicatives, sur un papier préparé Ils lisent en promenant
leurs doigts sur les feuilles imprimées au repoussé et dont les caractères forment un relief. Ils étudient la géographie sur des cartes
dessinées aussi en relief ; ils font aussi de la musique et la lisent
sur des partitions mises à la portée de leurs organes. Où s’arrêterat-on ? C’est en présence de tels miracles qu’on reconnaît l’étonnante
puissance du génie de l’homme qui réussit à combler de si affreuses
lacunes ; et qu’on bénit Dieu qui a guidé de nobles efforts entrepris
dans un esprit de dévouement et de charité»
D. Quant au perfectionnement des méthodes admises, le Rapporteur
se montre surtout préoccupé du dessin et de la calligraphie La
calligraphie en particulier devrait reconquérir son importance et
son ancienne l’éputatiou, n’en déplaise aux griffonneurs qui ont, pour
s’excuser, posé en principe qu’une belle écriture est l’apanage des
sots. D’après M'' Favre, le dessin et l’écriture , se prêtant un mutuel
appui, devraient être enseignés aux jeunes enfants dès leur entrée à
l'école et faire par conséquent partie, l’un et l’autre, du programme
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— 174 —
de l’instruction primaire. Le dessin en effet a pour résultat de fortifier la main , de ('onner de l’adresse aux doigts , de la rectitude à
l’œil, et de développer le goût C’est un amusement instructif que l’on
proposerait aux élèves comme une recompense de leur application.
E Le sujet de la librairie est à peine effleuré et ne renferme rien
de saillant.
Le principe des expositions scholaires n’est pas admis par tout le
monde ; à cet égard les avis sont très-partagès , car plusieurs les
considèrent comme une foire aux vanités . comme un spectacle bon
tout au plus à amuser les badauds, comme un moyen dangereux, qui
entraîne les instituteurs à déplacer leur activité pour la porter uniquement sur un ou deux élèves , comme une porte ouverte au caprice pour se lancer dans l’imprévu et l’extraordinaire , comme une
tentation enfin à laquelle peu d’instituteurs sont en état de résister
et qui les pousse à aider les élèves et à travailler pour eux. Tout cela
peut être vrai ; il n’en demeure pas moins que les expositions constituent un excellent moyen de comparer les résultats obtenus dans
les diverses écoles , et de juger par là du niveau réel de l’intruction
et de la moyenne réelle du développement intellectuel d’une population
Que de questions intéressantes surgiraient de cet examen , fait avec
sérieux ! L’ameublement des écoles, les livres et manuels, les travaux
des élèves, le perfectionnement des méthodes, la rédaction des programmes ; tout cela pourrait se traiter d’une manière vraiment pratique , ainsi que nous 1e prouve l’excellent rapport du professeur
Neuchâtelois.
VALLEES WLT330ISES.
Collétçe : coneours. Le concours pour l’obtention de trois bourses
anonymes , dites Burgess , de la valeur de 250 frs. chacune et valables pour trois ans, a eu lieu, comme nous l’avons dit dans-notre
dernier N®, le 28 octobre. Il s’est présenté trois concurrents . Alexandre Vinaj, Jean Roman et Jules Perpetui, tous les trois de 2“ année
de Rhétorique. Le résultat de l’examen a été satisfaisant; le premier
ayant obtenu 86i<00 , le second 84, et le troisième 80 (le minimum
avait été d’avance fixé à 75^100), les trois bourses ont été adjugées.
Candidats Au At Miniscèpe. L’audition des sermons d’épreuve
des quatre candidats MM''® J. P. Micol, J, P. Pons , J. 'Weitzecker et
B. Pons, a eu lieu, le 5 novembre, au temple de La Tour, de 8 h.
à 10 h. du matin et de 2 h. à 4 h. de l’après midi. Les textes de
l’Ecriture qui ont été successivement développés devant un auditoire
passablement nombreux, étaient: Jean XVII. 3 ( M" Micol), 1 Pierre
13
— 17T)
IV. 7 (Mr J. P. Pons), 1 Pierre V. 5 | Weitzecker ). Lue XXIV. 26
(M'' B Pons); le premier a été traité en langue française , les trois
derniers en langue italienne. Dans l’intervalle , M'' Micol a été examiné sur sa foi et ses convictions religieuses; et le corps des pasteurs
lui a proposé les mêmes sujets sur lesquels avait porté l’examen précédent, à savoir: nécessité et réalité de l'expiation par J C. ;— la florale
peut-elle exister indépendamment de la Religion ? — Institution divine du
Ministère; — Vocation au St Ministère L’examen et les sermons ayant été
admis à runanimité, la cérémonie de la consécration a eu lieu, le 17 novembre , au temple de La Tour, en présence d’un auditoire considérable. Le prédicateur, M'’ l’Evangéliste P Cardon prononça un discours, en langue italienne, sur Jean III. 30; « Il faut qu'il croisse
et que je diminue ■; ensuite les quatre candidats reçurent rimjiosition
des mains des seize pasteurs et ministres présents. L’occasion semblet-il , était bonne pour avoir , le même jour , une réunion fraternelle;
mais . l’esprit de coterie y aidant , il n’en a rien été , les mesures
prises ont fait manquer le mesures à prendre.
f'omiiiiinnl de Topre-Pelllce. La session d’automne
vient de se clore, ainsi que le témoigne la publication (manuscrite)
des procès-verbaux et du budget. Jetons un coup-d’œil sur ces pièces.
Le total des entrées, tant ordinaires qu’extraordinaires, s’élève, pour
1869 , à la somme de.........................frcs. 10156, 65 ;
Celui des charges, à la somme de . . •
Le déßcit, à combler au moyen des impôts directs ,
est donc de ...... . »
Les entrées ordinaires se divisent en VI catégories ;
1. Résidus disponibles .....
2. Rentes de biens meubles ; cédules etc.
3. Quote-part d’autres Communes . . • .
4. Entrées diverses ....
5. Octroi ( dazio comunale )
6. Comptes spéciaux ( travaux d’irrig. )
Total
20677, 44 :
10520, 79.
472, 63
3293, 17
230, 85
4li, »
5000, .
130, j>
9156, 65
Les entrées extraordinaires ne comprennent que II catégories :
1. Entrées extraordinaires et éventuelles (coupe de
bois)................................................. 1000,
2, Comptes spéciaux _.................................. »
Total de l'actif . 10156, 65
Les dépenses ordinaires se divisent en X catégories ;
14
176 —
4. Intérêts......................................... 30, 80
2. Administration (frais de bureau = 150 fr.; imprimés et papier timbré = 300 fr.; indemnité au
Syndic = 150; employés = 850 fr.; percepteur =
260 fr. ; employés subalternes = 920 fr.;rembours
au Syndic etc. = 130 fr,; impôts = 1540 fr ;
abonnements = 60 fr. ; registres = 450 fr ) 4810, »
3. Dép â la charge de plusieurs Communes (locaux etc.) 129, 69
4. Police, hygiène et sûreté publique ( balayage =
150 fr.; éclairage = 500 fr. ; au garde-forestier =
85, 90 ; service sanitaire = 264, 80 dont 200 fr,
pour le médecin nécroscopique ) ... 1000, 70
5. Garde nationale.................................. » »
6. Travaux publics ( chemins communaux = 500 fr.-;
pavé etc. = 300 fr.; chemins vicinaux = 300 fr.) 1100, »
7. Instruction publique (écoles catholiques = 200 '
fr. ; maîtres d’école catholiques = 615 fr. ; maîtresses d’école vaudoises = 250 fr.; maîtres des
écoles secondaires vaudoises = 1904 fr. ; dépenses
diverses pour les écoles Vaudoises = 260 fr.) . 3229, »
8. Cultes et Cimetières (au sonneur de cloche des Coppiers = 7 fr.; aux fossoyeurs = 85 fr.; au pasteur
de La Tour =132 fr.; aux pasteurs émérites = 68,25) 292, 25
9. Dépenses diverses (fête nationale = 100 fr.; éta
blissements de bienfaisance = 100 fr, ; enfants
trouvés =180 fr. ; octroi dû à l’Etat = 3135 fr.;
dépenses imprévues = 1300 fr ) .... 5315, »
10. Dépenses ordinaires spéciales ( irrigation ) . . 130, »
Total des dépenses ordinaires . 16037, 44
Les dépenses extraordinaires se divisent également en X catégories ,
identiques aux précédentes ;
6, Travaux publics ( chemin de la Ravadera = 200
fr. ; réparations à la Prèture = 80 fr. ; halle =
1000 fr.; chemin de S. Marguerite = 500 fr, ; pour
le tronçon de via nuova non achevé = 300 fr.;
pavé de la petite place' de via centra = 60 fr.; pour
élargir le tronçon de xia maestra entre Piazza délia
Fiera et via Wigram = 200 fr.) .
7. Instruction publique ( pour l’école de filles des
Javels = 550 fr. ; aux écoles sérales = 150 fr. ;
pour l’école de quartier de l’Envers = 100 fr.; pour
la construction de l’école des Coppiers = 300 fr. ;
pour réparations a l’école des Rouisses = 200 fr. )
9, Dépenses diverses.................................
2340,
1300,
1000,
Total des dép. extr,
3340,
15
r
Nous avons plus d'une observation A présenter sur ce tableau.
On se plaint, non sans raison , de l’exiguité des russiurces linancières et de la lourdeur des charges. Mais a-t-on songé qu’il en sera
toujours de même. aussi lontemps qu’nn district plus ou moins
populeux , comme le Val Pélis , sera fractionné en huit petites Communes? Se fait-on une idée de ce que doit coûter l’administration de
tous ces petits centres indépendants? A La Tour, elle ne coûte pas
moins de 4810 fres bien comptés , et absorbe par conséquent la moitié
des entrées. La fusion de plusieurs communes en une seule permettrait certainement de réaliser une économie notable , pour ne point
parler d’autres avantages. Nous appelons de nos voeux ce moment,
comme aussi celui où le nombre des mandements sera considérablement diminué Les contribuables ne s'en porteront que mieux, sous
plus d’un rapport
Après cela . nous aimons bien reconnaître les sacrifices que s’impose la Commune , tant au point de vue matériel qu’au point de
vue intellectuel. Elle a consacré à divers travaux publie.s (1) fr. 357Ü
(y compris les travaux d’irrigation): au service sanitaire un millier le
francs; à l’instruction publique enfin, plus de 4500 francs, dontSIô
sont destinés aux écoles catholiques {nsili infantili e sr.uole elementari).
La discussion au sein du Conseil a été parfois animée. La .lunte ,
à part le Syndic , insistait pour la radiation des 200 francs assignés
au médecin nécroscopique; celte dépense, disait-elle, est parfaitement
inutile. Le Conseil n’a pas été de cet avis; la nécroscopie , fut-il
répondu , est une œuvre bienfaisante et humanitaire ; on ne doit pas
hésiter à confier ce soin au Docteur Vola qui si souvent prête une
assistance gratuite aux pauvres de la Commune.
Nous regrettons que le Conseil n’ait pas fait preuve ailleurs du
même sens pratique ; car il a adopté â l’article 8® des Dépenses ordinaires une de ces demi-mesures qui sont trop souvent le signe des
intelligences rabougries. Voici ce dont il s’agit. Les réviseurs des
comptes Commissione tü Sindacato avaient été surpris de trouver des
articles comme les suivants;
L.
12 50
132 00
50 08
84 90
7 00
Cerèo Pasquale cattolico
Salaire du pasteur de La Tour
Frais de modérature
Subsides aux pasteurs émérites
Au sonneur de cloche des Coppiers
• Par le temps qui court, disaient-ils , et vu la nécessité toujours
plus évidente d’avoir un état libre qui fasse tout seul ses affaires , et
une église libre qui marche par elle-même sans dépendre de l’état et
sans lui être à charge, le fait que , dans la Commune de Torre-Pel
(Ij La plupart des sommes qui ûgurent k l'art, 6 des dépenses extraordinaires ne sont
que des fonds préparatoires.
16
— 178 —
lice , pays libéral et progressiste , il se trouve encore au budget de
pareils articles, doit vous inspirer, MM", de sérieuses réflexions. De
graves motifs ont pu , il est vrai , engendrer jadis une confusion ou
une fusion tout à l’avantage de l’Eglise ; mais aujourd’hui ce serait
un véritable anachronisme ». La Commission proposait donc hardiment la radiation de ces dépenses ; mais comme nos intérêts sont
souvent la boussole que suivent nos opinions , elle ne tarda point,
par l’organe de son Rapporteur , à branler au manche , et la discussion , quelque vive et prolongée qu’elle ait été, n’aboutit en somme
qu’à un résultat des plus mesquins ; on sacrifia le Cereo pasquale, on
bifi’a les frais de modérature {total fr, 62 5S ) et l’on fut tout glorieux.
Où la gloriole va-t-elle se nicher ! Il valait vraiment la peine de se
donner l’air d’un Cavour en 64® !
On a fait valoir, il nous en souvient parfaitement , qu’il ne fallait
pas léser les droits acquis ; mais de grâce , où sont-ils ces droits ?
Qu’on nous les montre. Comme contribuables nous ne nous sentons
aucune obligation envers les pasteurs émérites ou envers le pasteur
de La Tour; comme contribuables nous pouvons appartenir à la minorité catholique , laquelle n’a que faire de nos pasteurs ; nous pouvons être des dissidents déclarés , fort peu satisfaits de payer les frais
d’un culte dont nous ne voulons point; nous pouvons être aussi des
adversaires de l'Eglise , ennemis de toute société religieuse. De quel
droit prend-on cet argent dans la poche des indifférents de profession,
ou des dissidents ou des catholiques ? Que l’Eglise Vaudoise fasse
donc ses affaires et ne considère pas la Commune comme sa Providence ! Ici , quelque sot dira peut-être: la majorité fait loi:— Taisezvous , imprudent, et priez Dieu que la loi du nombre ne soit jamais
rétorquée contre vous et les vôtres. Oubliez-vous que nous sommes
à peine 30000 protestants en Italie , et que nous avons failli être
vingt fois écrasés ? — Mais revenons à nos moutons , c’est-à-dire à
notre Conseil Communal II n’a pas été conséquent, et il s’est rendu
coupable d’injustice. Il n’a pas su , à part une seule exception , se
placer au point de vue de l’intérêt public ; il a été constamment dominé par des intérêts particuliers , tellement que nous avons pensé
assister , non pas à un Conseil Communal, mais à une assemblée
de paroisse; l’illusion était si frappante, qu’il nous suflflsait de fermer
les yeux pour nous croire assis sur certains bancs , dans une certaine église, où les questions se traitent avec la même superficialité.
Nous osons espérer que le Conseil Communal de La Tour sera
mieux avisé une autre fois et qu’il cessera de se considérer comme
une succursale de la paroisse.
Pignerol, J. Chiantorb Impr.
H. Jabier Gérant.