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Seconde Année.
14 Avril il 876.
N. 18.
V i„ .
,1>
«JoAirrial cle l’^g'lîse ÉvaMg*^lîq[iie Vaimcioîso
Paraissant chaqne Vendredi
Yùu» me seres témoins. Actes I. 8.
Suivant la vérité avec la charité.
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Soixaxn.alx'e.
14 avril. — L’Évangélisation en Espagne
— Chronique vaitdoise. - Reçue politique.
14 AVRIL
Ce ti'esl pas sans raison que
j’Egiise Vaudoise a établi un jour
de jeûne annuel, comme ce n’esl
pas par hasard qu’elle a choisi le
Vendredi saint. 11 est vrai que nous
avons entendu quelquefois exprimer des doutes au sujet de la convenance el de l’utilité pour l’Eglise
d’un jeûne régulier , à jour fixe,
et alléguer un double argument
pour le combattre. L’on reconnaît
sans peine que nos pères, aux
jours de leurs grandes détresses,
avaient grandement raison de s'humilier et d’unir leurs supplications
pour obtenir la délivrance commune. Dans les temps particulièrement difficiles et sous le poids de
quelques visitations douloureuses
l’Eglise, comme chaque chrétien,
sans qu’il soit même nécessaire
de les y inviter, prennent les habits de deuil et jeûnent plus véritablement et plus efficacement que
si la contrition leur était, en quelque sorte, imposée. Mais qu’aux
jours de la paix et de la prospérité
l'on prenne lesac et la cendre, n’estce pas, disent cos personnes, quelque chose de peu naturel, et surtout qui contredit la règle du Seigneur lui-mème quand il dit : Les
amis de l’époux, peuvent-ils jeûner
pendant que l'époux est avec eux ?
Les jours viendront que l’époux
leur sera ôté ; ils jeûneront en
ces jours là». En outre, ajoute-ton, le véritable jeûne ne se prescrit
pas. même quand les circontanoes
extérieures semblent le commander,
il doit être, comme l’adoration et
la prière, tout ce qu’il y a de
plus spontané.
A ces objections dont la valeur
n’est qu'apparente. nous avons
toujours répondu comme nous le
faisons très brièvement ici. Quant
à la parole du Seigneur par laquelle
il a justifié ses disciples du reproche de ne pas jeûner comme
ceux des Pharisiens et de JeanBaptiste , c’est précisément celle
qui établit non seulement la convenance, mais la nécessité du jeûne
pour l’Eglise. L'Epoux est retourné
auprès du Père *, il a été ôté aux
amis de l’époux et nous ne pensons
pas que la condition de l’Eglise
soit essentiellement antre aujourd'hui qu’elle ne l’était au siècle
apostolique. Aujourd'hui coiurne
alors, nous ne sommes sauvés qu’en
espérance , nous marchons par
la foi et non par la vue ; nous
attendons des deux Je Seigneur
Jésus. Etrangers dans un monde
qui est plongé dans le mal, mais
dont les attraits sont encore si
puissants, — ce n’est qu’au prix
I de combats incessants et d'une exI trême vigilance que nous pouvons
: nous conserver purs de ses souil' lures. El quand nous sommes
I obligés de confesser sans cesse à
; Dieu des fautes nouvelles, pour en
I obletiir un pardnn nouveau —
quand au moment où nous pensions attendre enfin le but, il nous
semble le voir s'éloigner de nouveau, — l’humiliation el le jeune
ne sont-ils pas légitimes? Il y a
d’ailleurs, c’est ce que dit le Sauveur. une sorte de démons qui ne
sortent que par la prière et par
le jeûne.
Et si, pour chaque chrétien, les
occasions et les motifs de jeûner
sont bien plus fréquents qu'on ne
le pense, dira-t-on, qu'il n’en est
plus de même pour une Eglise
toute enlière ? C’est autant que
si l'on prétendait qu’une famille
jouit d’une excellente santé, tandis
I que chacun de ses membres est at; teint de quelque maladie. Oserat-on affirmer que les représentants
de notre Eglise l’ont calomniée,
lorsqu’ils ont jugé qu'il y avait
lieu pour elle de s'humilier, entr’auires, une fois par an ? Ou
bien encore, que depuis lors, les
temps ont changé el que l’Eglise
a atteint un degré de prospérité
spirituelle que depuis longtemps
elle ne connaissait plus ? Hélas î
que nous sommes loin de pouvoir
le dire, et combien nous serions
davantage dans le vrai en constatant, au sein de nos paroisses ,
des symptômes de corruption et
d’impiété qui jamais encore ne
s’étaient produits avec ce degré
d’impudence ! Les chrétiens vij vants partout où il s’en rencontra
J dans la masse des indifférents, ou
des incrédules • n’auront-ils point
I de pleurs è répandre» sur ce nié, pris si général de la grâce de
: Dieu ? Notre conviction personnelle est que ce ne sont jamais
les chrétiens qui protestent contre
nn jeûne public et solennel d’une
Eglise particulière , ou même de
toutes les Eglises évangéliques.
Croit-on peut-être avoir assez fait
' quand on a chanté des paroles
comme celles-ci ; « Notre ville abaissée se cache au voyageur,
notre lampe est brisée, notre sel
sans saveur • .
Au reste il ne faut pas oublier
que grâces à Dieu , notre Eglise,
qui s’est imposé un jeûne annuel,
n’a pas le pouvoir , et moins en-
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58
LE TÉMOIN
core la volonté d'y cootraiodre
an seul de ses membres. Nul^que
nous sachions, n'a été excommâtiié
ni meme rayé simplement du catalogue des membres de la paroisse
pour n’être pas intervenu à cette
solennité ; et si pour plusieurs .
sans doute, ce n’est que l’habitude
et le respect humain qui les amènent ce jour là, dans nos tem*
pies, qui sait si le Seigneur n’en
a pas renvoyé plus d’un bien
différent de ce qu'il était en y venant ?
De tous les jours dont se compose l’année . il n’y en a aucun
qui soit comparable au VendrediSaint comme jour d’humiliation
et de jeûne ; en le choisissant
notre Eglise a été bien dirigée.
Qui pourrait parler de la mort
du Rédempteur sans en indiquer
la cause et le but ? Et qui pourrait
contempler le saint et le juste
cloué au bois maudit , sans se
frapper la poitrine et sans dire :
C’est pour moi qu’il souffre, c'est
pour mes péchés qu’il est navré,
comme c’est pour moi qu’il a été
dans l’angoisse? Comment puisje encore tant aimer le péché pour
lequel mon Sauveur est mort? Et
si je ne l’aime plus , me laisser
si souvent enlacer par lui ? Grand
sacrificateur, souviens toi d’intercéder pour moi ».
LtVA!\GÊLISATiOi^ î\ ESPAGM
Le numéro XX des Blätter
aus Spanien rédigées par M. Fliedner contient un tableau succint
de l’étal de l’œuvre de l’Evangélisation de l’Espagne. Raconter
rhistoire de celte mission , ses
progrès et ses difficultés, c’est, à
bien des égards, passer en revue
la marche de l’évangélisation de
l’Italie. C’est pourquoi, outre l’intérêt que cette œuvre nous offre
en elle-même, nous ne cessons
pas, en la racontant, de nous occuper de questions qui nous concernent.
Personne ne s’attendra, dit M.
Fliedner. à ce qu’une église évangélique pleine de vie et de force,
douée d’une puissante organisation
et composée d’un grand nombre
de membres, ait pu être formée
pendant les sept années que viennent de s'écouler. Les églises évan
géliques sqat bien plutôt des staÌ|joDs.-missÌQiiDaìre8 que des égli«
«es; ^t si quelques .gerbes ont
déjà [fkétre ramassées, en général
on est plus dans le vrai en ne
parlant que de'’semaiIles et non
pas de récolte. Cependant l'espérance D’a-t-elle pas pour symbole
la couleur des vertes semailles !
Quant à son étendue, la mission
va des Pirhénées à Gibraltar , du
golfe de Biscaye à la Méditerranée. Mais la bonne semence n’est
pas encore partout répandue , il
s'en faut de beaucoup. Lorsque la
guerre civile a éclaté, l'œuvre venait d'être initiée dans les provinces du nord : un seul Evangile
était imprime dans la langue des
Basques Pendant la guerre des
Carlistes il fallut abandonner non
seulement les provinces du nord,
mais une grande partie de (’Aragon et de la Catalogne. Maintenant
toutes ces provinces nous sont ouvertes. En dehors du théâtre de
la guerre, il n’y a pas un district,
pas une ville d’Espagne , digne
d’être nommée, qui n'ait été visitée par nos colporteurs et où une
Bible, un Nouveau Testament ou
quelques portions de la parole de
Dieu n’ait été vendue. La nature
montagneuse du pays, sa population clair-semée, et le manque souvent incroyable de moyens de communications rend très pénible cette
branche de l’œuvre. Environ 25
à 30 colporteurs sont constamment
en roule et trouvent à côte de
plusieurs anciennes connaissances
un plus grand nombre de nouvelles qui n’ont jamais rien entendu
de la parole de Dieu. Par leur
moyen des milliers de personnes
qui avaient en horreur le nom de
protestants, ont fini pour l’aimer
et par protéger ceux qui le por.
tent. L’influence générale de i’Evangélisalion sur le peuple est
frappante. Le nom d'hérétiques et
d’évangéliques a perdu une partie
de son horreur. Les prêtres ne
peuvet)t pins s'en servir comme
d’un moyen pour fanatiser les masses ou pour les effrayer.
Dans ce moment ce n’est plus
le bas peuple, co ne sont plus les
masses ignorantes qui, conduites
par les prêtres, demandent le rétablissement de l’ancienne intolérance ; c’est bien plutôt la haute
aristocratie, élevée par les jésui
tes, parvenaa à une nouvelle autorité par le retour des Bourbons,
qui est Pappui principal de Rome
et la grande^ennemie de l'œuvre
évangélique.
Hier leurs journaux niaient
l’existence des protestants; aujourd’hui ils annoncent avec douleur
l’existence des six chapelles évangéliques de Madrid et sont obligés
d’ajouter qu’elles sont toute.«» bien
fréquentées et que les écoles, qui
y sont annexées, sont prospères.
Nulle part peut-être il n’est
tombe' une si grande quantité de
semence sur un terrain pierreux,
elle a levé, a donné des espérances, a autorisé une attente légitime. mais bientôt elle s’est desséchée, parcequ’efle n’avait pas de
racines. Partout où l’Evangile
était annoncé, le concours a été
très considérable; chaque ville demandait un ministre de l’Evangile,
chaque village paraissait décidé
à devenir évangélique. L’attrait
de la nouveauté, la haine pour
les prêtres, la libération d’une servitude spirituelle séculaire; toutes
ces circonstances amenèrent des
milliers de personnes à voir dans
les prêdicaleurs de l'Evangile de
vrais apôtres. On ne saurait en
vouloir à bien des personnes et
surtout à des anglais, si, sous l'impression d’un tel mouvement, ils
parlaient déjà d’un entier renouvellement de l’Espagne et cela
tout au plus dans l’espace de dix
ans. Cependant cet enthousiasme
inconsidéré fut la cause d’un grand
dommage pour l’œuvre. 11 poussa
à établir des stations qui durent
ê^re bientôt abandonnées, celle de
Constantine. de Malarja, de Cordoue, de Valence, de Bejar, d’A/cazar, et de Coruna. 11 aurait
mieux valu cent fois n'avoir rien
entrepris dans toute.s ces villes que
d’être obligé d’abandonner l’œuvre; il sera beaucoup plus difficile
de la reprendre plus tard. Cet
enthousiasme porta très haut l’attente des amis de la mission, et
quand ils virent que les espérances ne se réalisaient point, ils
se refroidirent d'autant plus vile.
On commit faute sur^faute dans le
choix d’évangélistes et de maîtres
d'école. Avant d’avoir les bases
d’un développement sain d'une
église , on voulut org.aniser; on
n'eut souvent que des cadres; on
3
LE TÉMOIN
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coorut beaucoup pi us après les mots
et après l’apparence qu'après la rèa>
lité des choses et la mérité; ainsi
l'on se trompa soi-méme et les autres. On reconnaît généralement ces
fautes ; et cet aveu montre que l'on
a commencé à les surmonter ; ce la
nous fait espérer de nouvelles victoires et de nouveaux progrès; les
secours ont diminué, mais ils sont
mieux employés; on parle moins
de synodes, d’assemblées et d’organisation d’églises, mais l’union
entre les divers et très différents
éléments protestants , qui sont à
l'œuvre, a augmenté; et là où l’on
ne travaille pas encore en commun. on travaille en paix à côté
les uns des autres.
L’Evangélisation de l’Espagne
se partage dans ce moment entre
les sociétés ou églises suivantes:
Un Comité écossais, do'.ii le siège
est à Edimbourg, avec cinq stations , celle de Maderabnja à Madrid. une station à Séville, une à
Grenade , une à Cadix et une à
Huelva. La station de Séville possède une grande église appartenant ci-devant aux jésuites. Dans
celle même ville la mission AngloEpiscopale a aussi acquis une
belle église catholique et une chapelle. Cette même mission a en
outre des stations à Puerto de
Santa Maria, à Aìgeciras et à
Mahon
L’Eglise presbytérienne unie
(f EJcosse a bâti à Xérès un beau
temple avec deux maisons d’école,
elle a en outre à Madrid une autre
station, celle Leganitos avec une
Ecole supérieure.
L’Eglise presbytérienne d'Irlande
a une chapelle et une école à Madrid , celles de Las Penuelas et
une école à Cordone.
Le comité de Lausanne possède
â Barcelone une chapelle et de très
bonnes écoles.
La Hollande et Genève donnent
des contributions pour l'œuvre
de Maderabaja à Madrid et maintiennent une station à Carthagène.
La Société des missions d'Amé1 ique a une station à Santander
et est occupée à en fonder une
seconde.
La Société continentale d'Angleterre entretient la station de Saragosse et de Camuñas
Les "Wesleyens travaillent à
Barcelone et aux îles Baléares.
Les frères ‘ de Ply moût h ou lest
Darbystes ont des stations 'a I Valladotid, à Orviedo, à Madrid et à
Barcelone. . ’ ,
Enfin la mission allemande a
une congrégation. quatre écoles
et un petit orphelinat à Madrid;
elle possède une maison pour le
culte et pour l’école, une muisort
à Grenade, une autre à Camunns
et une station à Bazn. Elle a établi en outre à Madrid la sente
librairie protestante qu'il y ait en
Espagne ; par sa librairie cette
mission est eu relation plus particulière avec toutes les œuvres
évangéliques du pays.
C’est ainsi qu’il y a maintenant
en Espagne trente stations entretenues par dix églises^ou comités différents. L’on comprendra qu'il ne
soit pas toujours facile d’obéir à
la parole de l’apôtre : « appliquezvous à conserver runité de l’esprit
par le lien de la paix ».
Cependant les différences ne sont
pas aussi considérables qu’on pourrait le croire; presque partout ce
sont des Espagnols qui sont à l’œuvre et les comités qui les employant les ont mis sous une direction qui est en Espagne, et les
mêmes besoins, les mêmes dangers
les unissent dans certaines parties
de la t.àche. C’est ainsi qu’à Madrid travaille en paix à augmenter
la littérature évangélique un comité de traités, composé des divers éléments. C’est de Madrid
que soit la Société Biblique Britannique, soit la Société Biblique
d’Ecosse envoie ses colporteurs ;
quatre journaux protestants sont
publiés à Madrid, deux autres à
Barcelone; la variété redouble leur
force. Plusieurs congrégations .
quoique pauvres, ont déjà appris à
donner leur pile dans l'intérêt du
règne de Dieu. La finance scolaire
fonrnit une contribution assez
considérable, quoique le principe
de l’entretien de l’école et de
l’église par les fidèles ne soit pas
encore aussi généralement reçu
qu’on pourrait le désirer.
Si les {irogrès nesont pasgrands,
si l’homme n’a pas sujet de se glorifier, cependant à la gloire de
Dieu, le rapprochement entre ce
qu'était l'Espagne à l'égard de
l’Evangile en 1868 et ce qu’elle est
aujourd'hui fera voir aux plus découragés que le Seigneur n’a pas
laissé ses serviteurs'sans bénédic^
lions. 'Alors la Bible était prohibé^'
en Espagne, ses lecteurs émprispiï*"
nés ou bannis, anjourd'hui des dixaÎ^
nés de milliers d'exemplaires de la
parole de Dieu sont répandus dans
toutle pays;alorsle nom d'hérétique '
était un épouvantail , aujourd'hui
environ dix mille espagnols, formant 30 congrégations, se réunissent autour de l’Evangile, protestant contre les erreurs de Rome:
il y a cinq mille enfants dans les
e'coles ; des milliers de livres d’instruction et d'éducation, écrits dans
un esprit évangélique , circulent
dans les écoles des villes et des
villages; plus de trois mille exemplaires de nos journaux religieux
trouvent chaque semaine un nombre égal d'abonnés, et des centaines
de milliers de traités et de brochures ont. chaque jour, des
lecteurs attentifs. Neuf maisons
ou églises sont devenues la propriété de la mission évangélique;
une entrée de 7 à 8.000 francs,
de contributions des écoles et des
congrégations , quelque petite
quelle soit, offre le témoignage
qu’on n’a pas acheté les convertis avec de l’or anglais, selon l'expression favorite des ennemis de
l'Evangile, mais qu’ils sont disposés à faire quelques sacrifices
pour le privilège de la prédication de la parole de Dieu et de
l'éducation évangélique.
Tout cela sur le terrain classique de l’inquisition , des anto-dafè, dans le pays de Torquemaila,
de Loyola et de Philippe 11, et
sous le gouvernement d’un descendant des Bourbons. Tout cela
dit plus haut que nous ne pourrions le dire; • le Puissants fait
de grandes choses; et son nom
est saint •.
dirontfjuc Cllaubotse
Anttragi*«. — Les écoles d’.\ngrogne ont en aussi leur fêle lundi
dernier 3 Avril. Bien que l’on ne dût
se réunir qii’à 10 heures, plusieurs
classes élaienl arrivées déjà bien avant
9 b. Kl il fallait les voir arriver chantant de (oui leur cœur et de tous
leurs poumons, ou s’écriant Viva l'Ilalia! Viva l’istruzione ! Les drapeaux
tricolores ne manquaient pas, cela v.a
sans dire; telle école qui n’avait pu
réussir à s’en procurer un, se mil en
4
60
LE TÉMOIN
devoir de le confectionner à sa manière. Vous auriez vu garçons et filles
marcher de leur mieux au pas du
tambour, et plus d’un enfant se donner
des airs militaires en portant nO long
sabre de bois enfilé dans sa ceinture.
Malgré les mauvais chemins et la
foire de la Tour, la fêle a réuni
près de 250 enfants dont plusieurs accompagnés de leurs parents. Vers 11
h. la joyeuse troupe défila, tambour
battant et bannières déployées, pour
se rendre au temple où le pasteur et
après lui le régent paroissial, leur adressèrent quelques exhorlations en rapport avec la circonstance.
rès le service religieux les enfants
allèrent, école après école, se ranger
sous la halle {le seul local assez grand
Îiour les abriter), où les allendail un
rugal repas. Ils y mordirent d’autant
plus volontiers qu’ils avaient payé de
leur bourse, ou plutôt de celle de
leurs parents. Le pain que l’on paye
est bien plus savoureux que celui que
l’on vous donne.
Vinrent ensuite de nombreuses récitations faites par les élèves, et voire
même par des régents. Nos petits orateurs montèrent à tour sur riiistorique
peira d'Ia reisoun et, avec un courage
que l’on n’osait guère leur attribuer,
récitèrent un grand nombre de poésies,
d’apologues et de dialogues qui inléressèi'ent les auditeurs à un haut degré.
Plusieurs de ces derniers se sont promis déjà de ne pas manquer l’année
prochaine, nous avons lieu de croire
que la fête prendra de plus grandes
proportions. Avant et après les récitations les enfants entonnèrent plusieurs
chants exercés pour la circonstance ,
sous la direction du régent. Le temps
de se séparer étant arrivé ( trop vile
hélas ! ) les enfants prirent le chemin
de leurs quartiers l’espectils avec une
biochure qui leur fut distribuée par
le pasteur.
Le soir un banquet fraternel réunit
la plupart des régents, quelques membres de la Commission scolaire et quelques autres personnes qui ont à cœur
le progrès de l’instruction parmi nous.
Nous ne dirons pas un mot des toasts
portés par le pasteur, pai’ le régent
paroissial, etc.; on ne peut pas tout
dire. Une quinzaine de personnes firent bon accueil à la proposition tendant à fonder à Angrogne une Société
Pédaijogique ayant poui- but l’insliaiclion et l'édification mutuelle de ses
meudnes. Nous souhailous à celte société une existence plus longue et plus
utile que celle de tant de sociétés qui
l’ont précédée.
Pans le but d’encourager et de faciliter rétablissement d’écoles du dimanche dans les quartiers trop éloignés
tour pouvoir profiler de celle de S.
aiirent, le pasteur olfrit aux régents
et à quiconque se préoccupe du salut
des âmes, de préparer pour eux et
avec eux une explication par semaine
qui serait la même pour toutes les
écoles dtt dimanche de la paroisse.
Ceux donc qui désirent se faire du
bien à eux mêmes ( tout en en faisant
aux autres ) en dirigeant une école du
dimanqjie, n’auront qu’à se rendre un
soir parr semaine à la cure pour y
être aidés dans la préparation de leur
leçon pour l’école du dimanche de leur
quartier.
Sachant que celui qui flatte son prochain lui tend un piège, nous ne donnons d’éloge à personne; qu’il suffise
de dire que chacun a fait de son mieux
pour rendre la fête aussi intéressante
et aussi profitable que possible. Nous
avons la conviction qu’elle a fait du
bien et nous désirons la voir se répéter l’année prochaine.
— La soirée de chant
et de récitation, annoncée dans notre
avant dernier numéro, a eu lieu le 7, et
s’est prolongée jusqu’après 10 heures.
Elle a pleinement répondu à l’attente
des personnes qui l’avaient préparée,
puisque l’entrée a dépassé fr. 200, déduction faite dos frais d’ailleurs peu
considérables. Quant aux auditeurs,
au notnbre d’une centaine, attirés soit
par une curiosité oïdinaire, soit par
rinléiêl pour l'objet même auquel ils
savaient qu’était déstiné le produit de
la soirée, ils n’ont eu l’air ni ennuyés,
ni mécontents; la modestie ne nous
perinellrail pas d’en dire davantage ,
même le pouvant. Gomme les applaudissements étaient inleidits, les auditeurs ont été privés de ce moyen
bruyant d’exprimer leur satisfaction.
Ecuue poUticjuc
Mtntie. — Les ministres ont adressé
des circulaires à leurs subordonnés.
La plus remarquable est celle du ministre de l’intérieur Nicotera. On ne
saurait nier qu’elle n’exprime des sentiments nobles et élevés; toutefois plus
d’un s’est demandé si le ministre eût
recommandé aux préfets et aux souspréfets une abstention aussi complète
de tonte immixtion dans les élections
administratives et politiques, si ces
fonctionnaires n’étaient pas encore des
serviteurs des ministres précédents.
Les ministres députés ont été réélus
à une grande majorité, quelques-uns
à l’unanimité des voix. Mordini a insisté pour que sa démission de préfet
fût aceptée Un coup d’apoplexie met
sa vie en danger
Garibaldi a déclaré . par une lettre
adressée à Deprelis, en présence de la
confiance du roi dans les institutions
conslilniionnelles et de la nomination
d’un ministère de gauche, qu’il acceptait le don national de 100.000 francs
de rente, surtout dans l’intérêt de son
projet de canalisation du Tibre et de
bonification de la campagne romaine.
Victor-Emmanuel est allé faire un
séjour à San-Rossoi’e pendant les vacances des Chambres.
A Rome Moltke est l’objet de l’attention et de l’admiration des personnes capables de l’apprécier.
Le Fmfkdla dans nn article remarquable nous représente le grand slratégiste dans .sa vie privée, au point de
vue moral et religieux. Moltke, est,
dit-il, lin homme pieux , un scrupuleux observateur de la sanctification
du dimanche. Découvrez vous, dit-il,
aux Romains, sur le passage de cet
homme de génie et honnête.
Le Dirilio a engagé le ministère à
remplacer Nigra notre ambassedeur à
Paris par un autre diplomate; mais il
ne paraît pas avoir réussi dans sa tentative. Meœgari respecterait le slalu
qm; on parle d’Arlom pour lui succéder à Berne.
JFVane«. — La Chambre des députés , continuant la vérification des
mandats de ses membres , a invalidé
les nominations de M. de Boigne (Thonon) et de M. de Chesnelong pour in tervention illégale du parti clérical auquel ils appartiennent.
Deux projets de loi caractéristiques
ont été Jircsentés à l’Assemblée, l’une
de M. 'Tirard tendant à supprimer le
poste d’ambassadeur auprès du Saint
Siège, l’autre de MM. Barodet, Louis
Blanc etc., membres de l’extrême gauche, qui demandent à remplacer par un
zéi'o , les cinquante-cinq millions qui
sont annuellement consacrés au service
des cultes. On s’attend à ce que l’un
et l’antre de ces deux projets soient
repoussés par la Chambre.
Viewne. — La paix est loin d’être
faite entre l’Ilerzégovine et lu Bosnie
et le gouvernemeul turc. Dans ce moment il y a trêve; mais les insurgés,
qui n’ont pas confiance dans les promesses de la Turquie, demandent aux
puissances médiatrices des garanties.
Or ces garanties impliquent une intervention réelle que l’on a toujours
voulu éviter afin de ne pas faire surgir
la question d’ürient. — Des actes de
barbarie sont commis par' les in.cnrgés
contre les Turcs et contre les chrétiens
qui refusent de se joindre à eux.
E»i*agne. — La grande question
(kl jour est toujours celle du maintien
ou de la suppression de la liberté ou
de la tolérance i-eligicnse. Les clér icaux
intransigeants , poui'suivent leur campagne contr e la liber té de conscience.
L’épiscopat, sauf qirelqnes exceptions,
souille le feu du fanatisme dans les
campagnes, landisqne l’aristocratie féminine des grands centres agite autant
que faii’c se peut les « hautes couches
sociales » et obtient de la cour toisie
ce qrr’elle ne pourrait obtenir des principes que l’on n’a plus. Les pétitions
en i^aveur de l’unité religieuse cir culent,
en gr and nombre , dans la Mrrrcie et
dans la pai'tie montagneuse du royainne
de Valence.
AÊtgteterre. — La Chambre des
Lords a adopté en tr-oisièrne lectur e ,
sans amendement et sans vote, le bill
du nouveau titre de la Reine.
Ernbst Robert, Gérant et AdministraUur.
t’igaerot , tinpr. ('.hianlore et MasvarelIL