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■ V. année
18 Juin IStiO
y: *4.
L’ECHO DES VALLEES
FElîiLIÆ HFBDOMADAIRi:
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Yaiiiloise.
Que toutes les choses qui sont véritables.............. **ci-uj>cni
vos pens^*es — i Philippieast., IV. 8. )
PRIX D ABONNEMENT :
Italie, à domicile Cwn an) Fr. 3
Suisse.......................
Pranea ................» 6
Allemagne...................» fi
Angleterre . Pays-Bas * 8
Un numéro séparé : 5 cent
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUIIEAUZ D’aBONNEHENT
To'RRi.vPKU.ins : Via Maestra.
N. 42. (Agenzia hihìiogrnfica)
PkìNkroi. : J. Cliìaninre Inipr.
Turin Troii, via Lagrange
près le N. 22.
Ff.OEENcF : Libreria Evange- < rédaction : X Mr. A
lica. via de'Panzani. < Prof, a Torre-Pollire
annonces ; 5 ceni la Ugno
ou pnrtion de ligne.
Lettres et envois finnico. S' a(Iresser pour radministration
ttît llureau d T<n're-Pellice ,
via Maestra N. 42. — pour la
Bevel
SOMMAIllE — Ce qui nous manque comme église. — Instruction secondaire. —
Chronique locale. — Correspondance. — Chronique politique.
CE QUI NOUS MANQUE COMME ÉGLISE.
Commençons par rapiieler ce tpie nous avons. — Nous
avons beaucoup, car d’abord nous avons la Bible , qui est
toute la Parole de Dieu , le fondement inébranlable de notre
foi, l’instrument pleinement efficace de notre saint, la
source infaillible de toute vérité et de toute liberté , la « loi
parfaite » qui nous affranchit du péché et nous délivre des
maux, et des stériles agitations de Vathéisme.
Nous avons, pour servir de règle à l’enseignement religieux et au culte, une Confession de foi qui ne reconnaît d’autre
Chef de l’Eglise que Jésus-Christ, et qui est l’expression
scripturaire des doctrines contenues dans les livres canoniques de l’Ancien et du Nouveau-Testament.
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Nous avons une Constitution , non point parfaite, il est
vrai , mais qui repose sur ce principe si fécond, quand
il est sincèrement appliqué : gouvernement de l’Eglise par
l’Eglise , c’est-à-dire, non point par le clergé seulement,
mais par l'assemlilée des fidèles, sans aucune intervention
d’un pouvoir étranger.
Nous jouissons, de droit et de fait, d’une complète Indépendance vis-à-vis de l’Etat libre dont nous sommes les libres citoyens. Et ce n’est pas pour nous seulement que
nous revendiquons l’indépendance et l’autonomie. Fidèle
aux principes de liberté qu’il a proclamés depuis longtemps,
le Synode de cette année, appelé à déterminer la position
des églises nouvelles formées au sein des stations, a répudié
une fois de plus toute prétention de leur imposer une forme
quelconque, et consacré de nouveau, par un vote significatif, leur pleine et entière liberté de s’organiser comme
bon leur semble, même sous la conduite pastorale d’un fonctionnaire de l’Eglise Vaudoise.
Nous avons un système complet d’iNSTRUcTiON : instruction
primaire à divers degrés (écoles enfantines, écoles de quartiers, écoles de filles; écoles subsidiaires, écoles paroissiales,
— fréquentées par plus de 4000 enfants, à .savoir le cinquième de la population), instruction secondaire (Collège
à La Tour, Ecole latine au Pomaret, Ecole Normale, Ecole
Supérieure de jeunes filles), et enfin, complément obligé
pour une église poursuivant une oeuvre missionnaire qui
s’étend d’année en année , une Ecole de Théologie dans le
centre politique de l’Italie et, qui plus est, aux sources
mêmes du beau langage.
Nous avons, sans plus sortir des Vallées, une Prédication
évangélique exerçant son action sur un peuple avide d’en-
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tendre , sur une jeunesse bien disposée à s’instruire, et sur
plus de 2000 enfants qui suivent avec assiduité les écoles
du dimanche.
Nous avons enfin, et c’est un avantage inappréciable,
une Histoire des plus riches en beaux et grands souvenirs,
une chaîne ininterrompue de glorieuses traditions qui nous
rattache sans elTort aux premières protestations évangéliques
qui se soient produites au Moyen-àge, —et qui est, a elle
seule , une éloquente prédication d’exemples de piété, de
sacrifice, et de dévouement sans borne à la vérité.
Voilà ce que nous avons comme Kglisc; voilà ce que
nous devons à la fidélité et aux compassions de Dieu. Toutes,
ou peu s’en faut, les conditions réunies de vitalité, de stabilité , de liberté, de progrès dans la connaissance , nous
sont oflertcs, pourvu que nous nous eiTorcions de les réaliser d’une manière toujours plus vivante , sans cesser de
courir vers le but.
Courons sans broncher ; courons de manière à remporter
le prix. {La mile nu prochain N.).
I\STRI](1T10^ seî;o.\daire
Nous avons, dans notre N. 16, parlé de la visite de M“' I’Inspecteur Gakelli
à nos divers établissements d’instruction secondaire , nous réservant d’en faire
connaître les résultats.
L’appréciation de M'' Garelli est consignée dans une communication de Mf le
Délégué mandemental en date du 25 mai, et elle porte sur les points suivants :
1“) L’enseignement donné au Collège répond bien aux intentions de ceux
qui sont appelés à le diriger. mais il s’écarte notablement de celui des Instituts congénères ; d’où il suit que pas un élève du Collège ne s’est présenté
l’année dernière à l’éxamen de licence lycéale et que pas un peut-être ne se
présentera davantage cette année.
2o) Le Collège recevant un subside de l’Etat, il semble raisonnable qu’il
devrait cesser d’être exclusivement consacré à l’éducation des jeunes gens qui
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sa vouent à la camàre du miaistère, et se prêter à être utile au plus grand
nombre possible.
3“) Il serait à désirer par conséquent que la distribution de l’enseignement
fût rendu plus conforme au.x programmes en vigueur. Le grec, par exemple,
a un dévidoppement do beaucoup supérieur aux exigences des programmes
de l’Etat, et par contre , le latin est renfermé en des limites trop étroites.
L’enseignement des sciences physiques et naturelles paraît être également
eu souffrance fsmdmte,'.
Tel est, en résumé, le rapport fait au Ministère de l’instruction publique par
Mr le Proviseur des études de la province de Turin.
L’existence d’im rapport spécial tel que celui dont nous venons d’indiquer
la substance, est un fait qui témoigne d’un intérêt particulier à l’égard de
notre reconnaissance. Mais on ne doit pas s’étonner que nous ayons quelques
réserves ii faire sur son contenu.
I. D’oii vient que pas un élève du Collège ne s’est présenté l’année dernière
à Texameii de licence lycéale à Turin? C’est que d’une part, cet examen est
Tiiutile pour ceux qui, au terme île leurs huit années de Collège, se destinent
aux études théologiipies ; et que d’autre part, l’examen eu question entraîne
des dépenses qu’au fort petit nombre de privilégiés sont seuls en état de supporter. Nous croyons que là est la véritable explication du fait constaté par
.M>' l’Inspecteur. Nous ne sommes pas exhisivistes; notre but spécial peut et
doit s’allier parfaitement avec le but général d’un dévetoppement classique et
d’une préparation aux dii erses carrières libérales. Ceux de nos jeunes gens
qui ont ou le goût et les inoyeus de poursuivre à l’üniversité leurs études,
s’ils ont tout d’abord, et à certains égards, été trouvés inférieurs à leurs condisciples , les ont bientôt égalés et ont pu , à l’instar de bien d’autres, fournir
la carrière avec distinction.
II. L’observation ])orlaut sur le subside alloué par l’Etat, a une gravité particulière. Elle tendrait à faire dévier le Collège du but spécial en vue duquel
il a été fondé. Il n’est donc pas indifférent de rappeler, ici, que la fondation
du Collège en tue de son but spécial a obtenu l’autorisation supérieure, et cela
dans un temps où les libertés civiles et religieuses étaient encore à naître ; à
pîus forte raison, aujourd’hui, il semble que toute tentative de nous faire
dévier d’un but précis devrait tomber devant Finfluence croissante du principe
de la liberté d’enseignement ; au reste, le subside alloué par l’Etat a été accordé, paraît-il û’nne- manière inconditionnelle', —enfin, et quoiqu’il en soit,
nous croyons pouvoir affirmer que l’Administration ne désire riem tant eps»
d’effectuer toutes les améliorations désirables, et que tons noas seriOins heureux de voir dans ce but, se renouveler les visites de M’’ Tlospecteur du
Gouvernement.
III. Il y a certainement quoique chose à faire quant à la meilleare distribiïtion de noire enseignement. Mais est-il également désirable de s’adapter aux
incessantes fluctuations des programmes en vigueur ? Il est un principe auquel
nous tenons et devons tenir : l’enseignement littéraire doit primer l'euseigno-
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ment scientifique. Et pourquoi? C’est que l’étude des premiers éléments des
sciences exactes donne y'op peu de chose à faire à la raison ; elle ne compromet pas l’individualité , mais elle l’exerce peu. Nous ne pouvons , quant à
nous, nous plaindre de ce que, dans notre Collège les sciences sont relativement en souffrance, car nous ne les considérons pas comme des études fondamentales qui doivent avoir le pas sur les autres. Néanmoins, ceci n’est pas
une raison pour écarter absolument l’observation de M"" l’Inspecteur; nous
(Tovons (lue des études scientifiques, destinées à former des esprits clairs,
rapides, sagaces , pratiques, ne sauraicul être trop soignées dans la limite où
on les fait concourir au développement de l’intelligence. Si nous ne faisons
erreur, elles ne contribuent pas assez, dans nos établissements, à former le
talent d’observation; nous voudrions, à la fois, moins de théorie et plus de
praliijue, moins de dictées et plus d’expériences. L’adoption d’un manuel (il
y en a en si grand nombre) faciliterait considérablement l’accomplissement
de la tache, et remplacerait avec avantage les cahiers énormes et souvent
informes des élèves, sans supprimer l’enseignement oral et vivant Dans l’enseignement littéraire lui-même, il est clair (pie l’on ne peut tout mettre sur le
même rang; et lorsqu’il s’agit en particulier des langues clas.si(}ues , il faut
nécessairement faire un choix. Ici, l’on nous blâme de donner à l’étude de la
langue grecque une place trop grande et, par conlr(', de trop négliger le latin.
Sur le premier point, nous tenons le blâme comme un éloge, bien que nous
soyons obligés de reconnaître notre grande infériorité vis-à-vis des écoles de
r.Mleinagne. Notre prédilection pour l’étude de la langue grecque est fondée
sur des motifs très-sérieux. Considérée en elle-même, cette langue est l’instrument le plus parfait qui ait servi d’organe à la pensée humaine ; comme telle,
elle ne peut qu’exercer une grande influence sur le développement intellectuel
de ceux qui s’appliquent à l’étudier; il n’est |)as d’instruments de culture littéraire qui lui puisse être comparé. Elle est l’oigane d’une littérature qui contient des modèles de tous genres; la littérature latine au contraire, dominée
dès .son origine par l’esprit d’imitation , et, sauf quelque rare exception , dépourvue d’originalité , ne peut aucunement lui disputer ta palme. Elle est
l’organe d’une philosophie et d’nne science que les Latins n’ont eu d’autre
peine qu’à vulgariser; or qui est ce qui, mis en demeure de s’abreuver à la
source, préfère, se désaltérer dans le ruisseau ? Elle est enfin le dépositaire de
nos origines religieuses, la langue privilégiée qui a servi d’organe au Christianisme; et sous ce rapport elle a pour nous une importance incalculable.
Nous ne voulons pas dire qu’il faille négliger l’élude de la langue latine ;
celle-ci a son importance historique, imi)ortance telle que, dans l’ignorance
du latin, nous ignorerons l’essence même des langues vivantes dont nous
faisons usage. La question ici est de savoir s’il convient d’insister sur le maniement du latin ou sur l’interprétation des auteurs. A. notre sens, c’est dans
cette dernière direction qu’il importe snrtont d’améliorer notre enseignement ;
faisons ceci sans pourtant négliger cela. Exerçons davantage à écrire, non
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pour la chose en soi, mais pour faciliter autant que possible l’étude et la connaissance des auteurs.
Nous avons dit notre pensée sur les importantes questions soulevées par le
rapport de Mv l’Inspecteur du Gouvernement. Il ne nous reste qu’à prier nos
lecteurs de vouloir bien nous excuser si nous avons quelque peu excédé les
limites que nous impose l’exiguïté de notre feuille.
(ffhronii|ue locale.
’^l'ori'e-r'ollioo. Dimanche, 13 c., un immense convoi accompagnait
à sa dernière demeure la dépouille mortelle de Henri Arnaud , le dernier descendant mâle du héros de ce nom. M>' Henri .Vrnaud s’est éteint de vieillesse,
à l’age de 84 ans, dans les bras de sa petite-fille, M*‘e j. p. qui lui a prodigué,
ses soins dévoués et affectueux. Le respectable vieillard a gardé jusqu’à la fin
une parfaite lucidité d’esprit; doué d’une remarquable vigueur physique et intellectuelle, il eiït peut-être été longtemps encore conservé à l’aftéction de sa
famille , si une chute n’avait, il y a ([uelque temps ébranlé sa robuste constitution. Appuyé sur la réalité des choses invisibles et éternelles, il a vu approcher sa fin avec le plus grand calme, jusqu’à en préciser lui-même l’approche.
— Il laisse derrière lui une veuve, âgée elle-même de 85 ans, un fille unique,
et de nombreux petits-fils et petites-filles. Son nom ne s’éteindra pas néanmoins avec lui ; sa famille désire le faire revivre en l’accolant au sien propre.
Ce nom a une telle signification et une telle célébrité dans notre histoire qu’on
nous saura gré de notre intention d’y consacrer prochainement une notice.
KROBSo: nc;3r.ms
— Collège etc. Les examens annuels de promotion, dans uos divers établissements d’instruction secondaire, auront lieu à partir du 21 juin. — Nous rappelons que tous ces examens sont publics.
— Collège. M'" le Docteur Gilchrist, directeur d’uii établissement d’aliénés à
Dumfries (Ecosse) a voulu contribuer a enrichir notre petit Musée d’histoire
naturelle, par l’envoi de deux précieuses collections. L’une est une collection de coquillages, l’autre une collection de fougères, toutes deux composées
avec un soin exquis. — Ce n’est pas la première fois que M>^ le G. a manifesté son intérêt à l’égard de notre établissement; nous rappelons que l’année
dernière il a donné trois prix, dont l’un au meilleur examen d’italien, le second au meilleur examen d’arithmétique, le 3« à la meilleure collection botaniste.
F'omar'et. Départ de M' le Modérateur P. Lantaret. Lorsqu’au dernier
Synode, on s’entretenait de l’état économique, et de l’état moral de la Colonie
du Rosario, il se produisit bientôt le désir que l’Eglise pût envoyer sur les
lieux un délégué capable de recueillir la plus grande somme possible de ren-
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seigaeiiients. Sur ro, notre vénérable ami le Rév. Doeteur 11. VV. Stewart s’étant levé, demanda à combien pourrait monter la dépense (l’on dil; 150 L. st.)
et, sans perdre de temps, annonça (|u’il avancerait lui-mème la sonime nécessaire; nouveau témoignagne d’intérêt accueilli par le Synode avec une vive
reconnaissance. — Restait à trouver l’homme capable de s’acquitter d’une tâche
aussi importanle. Ici encore, l’on n’a pas hésité longtemps, et la Table a
chargé de. ce soin délicat Jfle Modérateur 1*. Lantarel. Sans le flatter, nul n’est
mieux qualilié que lui pour s’acipiitter convenablement de cette tâche. Lorsque nos colons verront au milieu d’eux le Modérateur de l’Eglise Vandoisc“ eu
personne, ils seront persuadés, nous n’en doutons pas, de l’intérêt que leur
porte l’Eglise, et ils feront des etVorls consciencieux pour aplanir toute difliculté relative à leurs rapports récipro(|ues. Le fait (|ue .M“' Lautaret abandonne,
dans le désir de leur être utile et d’avancer la cause de Christ, les soins do
l’administration dont il est le chef, les soins de la parois.se dont il est le pasteur, et les soins multiples que réclame sa nombreuse famille, — ce fait, disons-nous, est de nature à faire s ir notre colonie du Rosario une profonde,
une durable impression. Veuille le Seigneur béuir abondamment celui qui part,
ceux qui attendent son arrivée, et ceux qui attendent son heureux retour.'
— Nous apprenons que M'' Lantaret a fixé son départ au 21 juin.
domsponbancc.
On nous écrit de 'T'u.r'ln.:
Mr I ’avocat César Revel, auteur du Libru deWAqricoUore (voir notre doruier
N“) a été décoré de la croix de chevalier, ce que vous ignoriez peut-être lorsque vous rendiez compte de ce nouvel ouvrage de notre mmpaesano. t’ai cru
bien faire de porter le fait à votre connaissance; car, quoi([iie la légion des
chevaliers menace chez nous de croître à l’infini, nous ne doutons pas que
la distinction ne soit, en ce cas-ci, bien méritée. Puisse-t-elle encourager le
nouveau chevalier à poursuivre les travaux par lesquels il se propose de populariser les principes de la science économique.
Quelqu’un qui n’est pas encore chemlier.
(ÎTKrontquc |)oUttque.
Les préliminaires de l’enquête parlementaire sur l’affaire des tabacs ont suscité de graves orages dans notre Chambre des députés et l’ont détournée pendant bien des jours, de la poursuite de ses travaux.
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— 200 —
Elle a pourtant voté dernièrement la levée des jeunes gens nés en 1848,
dont elle a fixé le contingent de la première categorie à 40000 hommes, et elle
discute en ce moment un projet de loi relatif à l’extension de notre législation
civile a la Vénétie.
La fête du Statut a fourni à une classe de la population de Parme l’occasion
de se distinguer par de nouveaux désordres que l’Autorité a justement réprimés. Il règne en général dans les villes de l’Emilie un mécontentement et un
malaise très-prononcés, que ceux qui font nos lois et les appliquent feraient
bien d’étudier plus attentivement avant de se livrer à de stériles récriminations
personnelles dont le public est déjà rassasié. \
Fr-anoe. Un Decret Impérial convoque le Parlement pour le 28 de ce
mois. L’objet principal et presque unique de cette première session sera la
vérification des pouvoirs. Sur 290 députés dont ce corps important se compose,
213 paraissent être favorables au Gouvernement, tandisque 71 autres voteront
contre lui. Parmi ces derniers on compte 35 rivolutionnaires irréconciliables ,
disposés, selon leur expression, à revendiquer ce qu’ils appellent les droits
du peuple, e 42 opposants réformistes qui réclament avec l’ordre de plus
grandes libertés. Les dernières élections ont presque quadruplé le chiffre de l’opposition, et sans le système de votation par circonscriptions celle-ci eût remporté une victoire bien autrement grande , car il est de fait que sur 8 millions
de votants , l’Empire n’a été soutenu cette fois que par 4.500.000 votes contre
une minorité très-significative de 3..509.000.
Le dépouillement du .scrutin des ballottages à donné lieu dans bien des
villes de l’Empire à des démonstrations hostiles au gouvernement dont les
plus bruyantes furent faites à Paris pendant cinq jours environ. Des arrestations nombreuses ont eu lieu, sans que toute fois du sang ait été répandu.
Ces désordres prolongés ont évidémment dû préoccuper l’Empereur puisque
samedi dernier il a cru devoir se montrer au public parisien en se promenant
sans escorte, au milieu des quartiers les plus fréquentés de la capitalé oüles
passants surpris l’ont beaucoup acclamé. Ce acte de courage fut une heureuse
idée qui fut du goût des Parisiens et les apaisa presqu’entièrement. On a
remarqué à cette occasion le teint particulièrement pâle de l’Empereur malgré
le sourire apparent de ses lèvres et on a vu de grosses larmes rouler sur les
joues décolorées de l’Impératrice qui l’accompagnait.
Angloten-e. A Mold Hintskire, dans la principauté de Galles, une
émeute sanglante a éclaté le 4 juin entre les ouvriers mineurs, la troupe et
les policemen auxquels les premiers voulaient enlever de force deux de leurs
compagnons faits prisonniers. L’ordre, fut le jour après, complètement
rétabli.
Pignerol, J. Chiantorb Impr.
A. Revel Gérant.