1
Année Huìlième,
PRIX D'ABBONNBMENT par an
Italie . !.. 3
Tous loH pays del'ünioD
dé . • 1 6
Amérique . . . * 9
On e'iitioïiûé :
VIntérieur ch«z MM. leu
paateurs et ie» iibrmres de
Torre Pellice.
Pour VE,r4érieurnM Bureau, li'Ad •
laiiiîstration.
N. 10
10 Mars 4882
Uu ou pini^ieni'a niiméro«« réparés, (leiliandés ftVttïU 1« Urajîe ÎO tient ohacun.
Annonces: 25 centimes par
Leii «««cts d!’otVi?eni se foril par
t^îre recommctniii'e ou par
mandais sur le Bineaii de J’eifûsa Avÿeniftîrt.
i-’oiir la IIÉDACTIOIS adreRaer
ainsi : A lalHreoiion du Témoin,
Pomarettf* (Pioerolo'i Italie,
Pour J‘ADMINISTRATION adresserainsi; A l'Administration du
Té^\9in, Pomaretto sPioeroloJ
Halîa,
LE TEMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Voua ni<i serez iémoins. AcTEB 1. S.
5rîf/viinf Ifl mérité avêc l& charité. Eu 1,15*
Somiiiai i‘o.
L’Eglise et l’Ecok». ■— Qunkfiiss nnlos
sur l’histoiro des Communanlés du val
Luserne (Pélis). — De Pignerol a Pral
aveu Gilles. — Üue uouvollo publication
sur les vaudois. — Chronique mudoise
— Hecue politique.
l’Eigiise et l’Ecole
VJ.
Pas de diiiûi'Cfî.
Les Vaudois ne doivent jamais oiibliei’ que noblesse oblige! Si nos aïeux,
dépourvus des choses nécessairas' A
la vie, en butte à la persécution et
A toutes les violences, n’ont cependant pas négligé de donner les soins
les plus assidus a l’école chrétienne,
nous qui jouissons de tous biens en
abondance et qui avons le bonheur
de vivre sous un régime de pleine et
entière liberté, nous les héritiers de
tels exemples, nous refuserions-nous,
par paresse, avarice ou indifférence,
a marcher sur leurs nobles traces j
Non, il n’est pas croyable que les fils
des martyrs soient dégénérés à tel
pointqued’abandonnerl’instruction de
leurs enfants à des,jiiains étrangères,
à des ennemis de la foi de l’Evangile!
Autant vaudrait dire alors, franche
ment, qu’il s’agit de savoir si nous
voulons conserver le trésor qui;a si
abondamment enrichi nos ancêtres,
ou si nous consentons à laisser arracher violemment, de son sol évangélique, notre peuple, pour le voir
lance dans im avenir inconnu, au
seuil duquel le regard ne saurait
entrevoir que périls et égarement !
Il suffit oc signaler les désastreuses
conséquences qu’entraînerait avec lui
le divorce de l’Eglise et de l’Ecole
vaudûises, pour que-nous repoussions, de toutes nos forces, la proposition de ceux qui nous le conseillent et nous y poussent assez lestement.
S’il se trouve parmi nous des vaudois de nom, pour lesquels il est
indifférent que l’école soit confiée à
un maître chrétien ou à un instituteur sceptique — quand ce ne serait
pas un affilié secret des jésuile.s —
nous ne saurions, quant à nous, en
prendre notre parti. Nous avons peur
du bonnet à trois cornes et l’athéisme
nous épouvante.
Tout en respectant les droits et les
devoirs que nous n’avons pas marchandé au pouvoir civil, il est évident
à nos yeux, que dans nos vallées,
la société religieuse évangélique doit
maintenir les siens , tes remplir et
les défendre au besoin. Quelle que
soit notre déférence pour l’autorité
2
74
du gouvernoinent, nous ne saurions
lui reconnaître celle de porter la
moindre atteinte à la liberté des iamilles et des convictions religieuses,
en ce qui touche à l’instruction.
Qu’on ne vienne pas nous dire que
l’école doit être laïque et que par
conséquent force est à l’Eglise de se
retirer. Nous aussi nous voulons i'î«.vtrnetion laïque. Mais il y a une confusion dans le double sens donné au
mot laïque. Si pai' là vous entendez
(|tie les intérêts de l’état et de l’église doivent être distincts, nous souscrivons de bon cœur à cette appellalion, aussi bien dans l’inlérêt de la
société religieuse que dans celui de
la-civile. Mais d’autres entendent par
enseignement laïque, un enseipnoraent d’où toute religion, d’ou la
Bible est bannie; nous ne voulons
pas de cette instruction là, quelque
soit le nom qu’on lui donne. Quand
un père, un maître pailenl de Dieu
et du Seigneur Jésus à l’enfant, ontils cessé, pour cela, d’être laïques?
Qui oserait • soutenir une ¡elle absurdité ?
Chez nous, au reste, malgré les
conflits qui ont éclaté çà e,t là, entre
commune et consistoire, nous sommes loin de croire à l’impossibilité de
continuer sur le pied où marchent nos
écoles depuis longtemps. L’article xiv®
de notre Constitution, animé de l’esprit d’un de nos anciens Synodes
(1718), établit que «dans le cas d’écoles ressortissant à la fois, à la
Paroi.sse et à la Commune, les attributions de nommer et de révoquer les régents et de surveiller les
écoles, sont exercées, en commun,
par le Consistoire et le Conseil Communal , ou par leurs déPégués. Vu
la situation faite à nos écoles par
les circonstances, ce compromis nous
paraît sage et raisonnable. Nous pour^
lions même citer .telles de nos Commissions scolaires mixtes, celles de
Torre-Pellice et de Luserne Si. Jean,
par exemple, où la bonne harmonie
rend k direction de l’enseignement
primaire très facile. Jl est à souhaiter
que cet esprit de concorde anime
toujours et partout, dans nos vallées,
les Commissions issne.s des Consistoires et de.s Conseils Communaux, cl
que chacun se montre plus soucieux
des vrais intérêts de l’inslruclion,
que de faire prévaloir ses viie.s particulières ou ses caprices. Là où l’mie
des parties veut dominer en mnilrc
absolu, il y a conflit; et l’instruction
publique paie les frais de ces regrettables et puériles rivalité.?. Que chacun
piainlienne ses di'oits, sans empiéfer
sur ceux d’autrui et que tous poursuivent .sérieusement l’idéal d’une
instruction forte et ebrétienne , que
notre nom de vaudois nous impose,
et les choses iront de bien en iiiioux.
Vouloir proscrire la religion de
l’école, par crainte de l’abns , c’est
raisonner comme feraient des hommes qui, pour prévenir les incendies,
proposeraient à riiumanilé de se pi-iver du feu qui la réchauffe et qui
l’éclaire.
11 nous reste à examiner ce que l’Eglise Vaudoise doit accomplir, pour
assurer à ses écoles un avenir toujours
plus prospère.
(ll’ELilUKS ^’^OTIÎS
sur l'Iiistoire des l'ommuiiaulés
du Val Useme (l'élis)
(Voir N. 9/
l. - Luserne.
Le 1®’' jiiilki 1603, dans l’aprèsntidi , le capitaine (jaline sortait de
Luserne avec sa compagnie, sous pré
texte d’aller surprendie les haniiis à
Bobi. Il y fut lui-même surpris « il
s'enfuit par delà la rivière et par les
bois sans chapeau , et an iva à grand
peine à l.userne, bien peu accompagné V.
Le 27 avril 1655, le capitaiite Mario
comle de Bagnol, battu par Janavel ,
renlntil ■ à Luserne, sans habit.s, sans
chapeau, sans souliers, et il mourut
peu de jours après ».
Le 11 juillet de la rnêmc année, les
ennemis , après une rude attaque conire les Vaudois campés à la Vachère,
3
venlriiienl à Ltisernc, où lo -Syndic de
la ville, leni' tnisail ce coinplimeirl :
iiUre ii hifi manijiavan» li barbelìi , ma io tempo . e venuto che ti
barbelli mangiano i lupi, .lanavel el
PCS compagnons , s’ciaienl rendus si
rodonlal)les, qne lo 11 soplemhre 1663,
l.iisonu! demanda à che ccinle do murailles, pour sc mellre à l’abri de leurs
alla(|ucp.
Il y a on des lcm|)s où l'ou u’albiil
]),'is aussi h'anquillemeiil qu'anjoiird’hui
au marche el ù la foire. .‘\u conimericemenl de mars 1603, «six des banni,ç allèrent, à bti.^crne un vendredi
jour de marcile ». « Le comte Eiiunannol, fil inconlinciil armer secrèlemeni
environ ufie centaine des plus délermiiiès papistes qu’il put avoir.... »
8 puis en donna urie panic à conduire
au capitaine Crespiti de Hnbiaiic, et
lui se mil à ît'i tête de.» autres Itr picque il la main, et allèrent l'nn d’un
côté, l’autre de ranirc, eii.serrer ces
bannis dans une ruelle*. Ceux-ci se
ruent sur le capilaiue Crespiti, le lueni,
« et un autre près de lui, pniss’ouvranl le cbeuiin pai ini les antres , <à
la pointe de ré|iée, se .sauvèrenl tous,
saut' un , lequel sautant lia,s d’une mu
faille, se rompit une cnis'se, el l’iil
pris, et condamné à rjtre rnis en quatre
quartiers ».
l,e 21 juillet 1627, le sénateur Barbéri arriva à laiscrne « avec grande
suite d’antres gens de justice, ipii le
lendemain se Caisaienl voir armés par
le marché, avec des coiilenauces d’indignation el de fierté, puis ayant laissé
osconler le peuple de la Vallée, sejelèrenl ès maisons de ceux de la religion »,>'
l.,a même année, « le 2 de noveinbre, second de la foire de Lu.serne,
rpiehpies merciers du Val Chison, exposèrent avec leurs autres marchan
dises, ipieltjiies livres de la ndigiou »
el bien tpi’il y eut le Oélis entre eux
el Lnseriie, cependant le prieur de
celle ville, se Ht accompagner du magistrat , de quelques gendarmes , el
« d’aiilres pas.sioimés adversaires, pour
SC Sitisir des livies el de eeiix (]iii les
vendaient ». l’iusieiirs iiommes de la
religion prirent la défense des mer
ciers, mais • ils en l’nrenl longlemps
molestés ».
I.e 4 mars 1632, encore un jour de
uiarclié, si vous aviez été à l.nscrne
vers la porte occidentale, vous auriez
vu de.s moine.s el leurs partisans fuir
à toutes jambes, se cacher ou se jcini'
eu bas de certaines rivages là proches,
sans que nul les ponrsiiivil. Qn’élailil arrivé? Ils avaient assisté à l’exécnlion d’iin certain Pierre Arlus, condamné à être pendu pour quelques
désordres qu’il avait commis. On l’.nvaii empêché de rien dire, en Int
niellant le haillon , et même de rien
voir. Quelques mis de la religion s’en
plaignireiil ; un papisie les injuria ,
nn vaiidois le. reprit , « l’autre mil la
main à l’épée, et cesini-ci de même
pour se défendre, el ineoniinenl se
vii’fiiit tant d’épées dégainées d’un côté
el d’antre, el tant d’autres armes firesles à jouer, que le danger l'ut grand
d’une sanglante tragédie ».,l,’é(iou
vante rcmpêelni d’avoir lien.
Le premier uiai's 1639, .11. Anloine
Léger iiaslonr à St. .lean < alla visiter
un de la religion bidiilaiil à l.nserne ».
Les moines inis.'ioniiaii es , s’enloni èrenl de quelques uns des leurs, deinandèretil l’appui du juge, et allèreni
chercher te ministre. l,a maison du
malade était l'ermée, le moine Simond
impatient , du : j’aurais ce minislro
vif üti mor!. Un vaudois entendit ces
paroles , « le In iiii en com nl ans.O
tosi [lar Liiserne » el (lar tonte la vallée. s l-es pins procite.s liien éqnippés
arrivèrent ineoiuinenl à la maison as
siégée, » et les assiégeants « se reiiréretil visiemeni •>. Ue sorte qne le
pasteur fut im,ii éioniié en sortant, de,
voli' tant de ses gens en de telles dispositions. « Il a(ipril d'eux l’occasion
de leni' allée, imis ions en.semble,
sans aiienn bruit, s’acheminèrent vers
■St. .lean, mai.-; à grand peine avaientils passé la rivière, (jn'ils rencoiilrèreni huit de peuple, et Ioni escbaniTé,
qu’il y eut ilc la peine à l’apaiseï’.
Tmitefüis le miaisire ;i|>i'ès les sérieuses
exhortations , ayant fait la pi ière sur
le gravier du fleuve, ciiacuii s’en relourna ... ». Il y eut assez de peur
chez les papisle.s pour ipie « les geii-
4
ctai'iiies iliiliens logés à la Tour, s’enl'ei'noassenL dans le coiu’enl où ils se
han'icadèrenl avec les moines»,
Rti 1643, SOI' la place appelée encore
anjonrd’hoi le Canave7\ Jean Léger
enl une longue dispnie avec Padre
Angelo environné de moine? et d’oiie
foule incroyable de peuple venu an
innrclié.
Peu de temps après, Padre Anlonio,
peu salisfail d’une cotUroverse qu’il
avait eue à St. Georges, avait dit à
Léger; iion ê qua, non è qua che H
voglio, ma nella piazza di Lusmia.
Le pasteur pour ne pas perdre ses
droits, se rendit le vendredi suivant
à Luserne, mais bien accompagné; le
moine l’allendait avec une troupe de
bannis piémoniais. A la vue do danger,
les comtes tirent tant qu’ils ramenèrent le moine dans sou couvent.
Pendant l’exil , la commune de Saint
Jean fnl englobée dans celle de Luserne.
Au mois d’aoùt 1690, Luserne et le
fort St. Miche! étaient occupés par
trois mille français. Les Vaudois aidés
par quelques troupes du duc, les chassèrent. En novembre de celle même
année, les français brûlèrent Luserne
cl les villages environnanls. Les Vaiidois relevèrent tin peu ses ruines et
s’y mirent en élal de défense.
"Le 19 avril 1691 , Feuquières vint
camper en face de Luserne, les Vaudois en soi'tirenl, les français y mirent
le feu. Mais « au milieu de l’incendie,
les montagnards se précipitent snr son
armée, lui font plus de cent mort, el
<ie deux cents blessés ».
On saut d’un siècle. En 1793 au
mois de mai , tandis que les milices
vandoises gardaient la frontière, une
colonne d’assassins s’assemblait à Luserne, dans le but, encore aine fois ,
d’qxlerminer les barbets. Don Briania,
prêtre à Lnseine, enl assez de bonté
el dû courage pour en infoimer à
temps les Vaudois.
Enfin nous voici en des lemps meilleurs. — G’esl le 24 septembre 1844.
Le roi Charles Albert est debout sur
le seuil de la porle du palais de Luserne ; les milice.? vandoises délilenl
devant lui , selon leurs communes el
avec leurs üiapcaux. « Il salue chaque
.
élendard ; el chacun peut voir un
sourire bienveillant errer sur ses lèvres ».
En 1S55, le couvent fut transformé
en hôpital, où les Vaudois sont aussi
bien traités que les catholiques.
En 1871, les communes de Luserne
el de .Si. Jean se sont fondues en une
seule, en prenant le nom de Luserna
S. Giovanni, avec l’ancienne devise vandoise : nue lampe el ces paroles bien
connues; Lux lucet in tenebris. Ev.
selon St. Jean i, 5.
De IMgnerol à Pral avec Gilles
III
Autrefois, — je veux dire avant
1777, — la roule de St. Germain à
Pramol n’élail pas amssi facile que
maintenant. Au lieu dit la Barricade
elle passait à une centaine de mètres
au dessus de racluelle, puis arrivait
aux Champet et de là .aux Balmas.
Que de fois Gilles a dû passer par
ces lieux lorsqu’il élait pasteur à Pramol 1 Que de choses il pourrait nous
dire sur chaque localité, presque sur
chaque individu ! Il est ici comme
chez lui, el nous nous en apercevrons
bien vite û l'abondance el à la précision de certains détails.
En passant aux Balmas il ne manquera pas de nous rappeler que là , en
1624, fut dressée, dans une assemblée
des députés des Vallées, la requête
destinée à obtenir « par écrit authentique», les conditions de paix qui
avaient été promises de bouche. On y
ordonna aussi que «toutes les autres
Eglises assisteroyeni de charitables
aumo.'iies ceux de Saint (’jermain et
quelques uns de Pramol, qui y auruieril plus souffert en leurs biens ou
en leurs personnes ».
Gilles nous montrera sans doute aussi
le lieu où habitait François Guérin
lorsque en 1573, il eut le bonheur
d’amener les callioliques de Pramol à
embrasser l’Evangile, « les exhortant
de penser à eux-mêmes el que ceux
qui désireroyent esire instruits pai'
5
lili l’allassenl trouver aux Balmas, lieu
de sa résidence entre Prarnol et Saint
Germain», — Aujourd’hui encore on
donne le nom de Gkisa à une aire
où devait s’élever autrefois la maison
du Barbe Vaudois et l’on montre derrière le village, du côté de l’occident,
le lieu où se trouvait le cimetière des
Vaudois au 16* siècle.
Le lieu de culte en 1561, a dû être
un peu au dessus des Balmas au village des Dormiltons. Un des articles
de la paix de Cavonr établit en etfel
« qu’il sera permis û ceux de la paroisse de Saint Germain, du Val
Pérouse iel à ceux de Rocheplale ,
lesquels sont présentement Ingiiifs
cause'de la dite religion, et iqui
y persistent d’avoir un seul ministre qui pourra un ¡owv adtninislrer
et prêcher au lieu de St. Germain dit
le Dormiglioio et l’autre jour à Rocheplate au lien des Godins, et non
ailleurs.,.. ».
Lorsque Prarnol fut pourvu d’un
pasteur et d'un temple on célébra le
culte à la ville de Si. Germain. Mais
on 1624 on fui obligé de démolir ces
temples parce qu’ils^élaienl situés hors
des limites». ,
La ii-adition a également conservé
la mémoire du lieu de culte des Dormillons et l’on y indique un endroit
qui s’appelle la Gleisa. Ges exemples
prouvent qu’il y aurait une foule de
traditions locales <à recueillir dans
les Vallées et qu’elles sont en général
pleinement dignes de foi.
Passons Coslabelle, gravissons lu
pente boisée du Châtaignerel, et nous
voici arrivés au chef-lieu de Prarnol,
la Rua. Ici Gilles nous racontera en
détail la lamentable histoire du capitaine Bernardin Jahier (1599) , que
son avarice conduisit à l’apostasie,
d’abord, puis à des actes de cruauté
et enfin à une mort sans consolation.
Mais si la conduite du père fui triste,
la fermeté de sa femme et de ses
enfants ne peut qu’inspirer un sentiment d’admiration.
Le sourire vient aux lèvres quand
notre chi’oniqueur raconte, non sans
une pointe de malice la visite du capucin Ribol et compagnie en juin
1599. « Le presclie se fit, les moines
l’escoulèrenl et y ouïrent partie de
leur leçon». Par contre, loi'squ’ils
voulurent chanter messe sous un ombrage improvisé, » il n’y alla pas un
de Prarnol, sauf Jahier et un Jaquet
qui était encore de ces • vieux anciens
papistes et qui confessa qu’il avait
toujours gardé la messey^en son ccBur».
lit sur ce, ajoute Gilles qui était alors
pasteur de Prarnol, l’Eglise se fortifia
et ce que les adver.saires firent pour
la pei'di'e fut une occasion qu’elle se
fortifia gi'andement.
Duc noHvelte pubblicalioii
sur les vautlois.
I.
C’est un fait bien digne de remai'qiie , que le nombre considérable de
pubticiilions relatives à l’Eglise vaudoises qui ont vu le jour tteridanl le.s
cinq nu six dernières années, seiih;menl,
En sus encore île la réimpre.ssion de
la Glorieuse rentrée par Arnaud, et de
i'Hisiaire des Eglises vaudoises par
Gilles, œuvre pieuse et grandement
méritoire de notre Modérateur actuel;
de la réimpression par ,M. le pasteur
Musimi des quatre volumes de son
Israël des Alpes-, des charmantes brocliures sur ce même sujet qui, depuis
quelques années, sont venues donner
un nouvel élan à noire fêle du 17 février, que d’autres publications qui
ont paru à liés peu de distance les
unes des autre.«, et ont conli ibué, chachune îi sa manière et selon son point
de vue particulier, à ramener l’aUeulioii sur ce glorieux passé , dans la
méditation duquel noli'e Eglise a plus
que jamais besoin de se relremprer :
Pierre Valdo el les pauvres de Lyon
par M. le [irofesseur Tron ; Valdo ed
i Valdesi par M. le professeur Comba;
Petrus Valdensis par le rév. WorsI'oId;
Pierre Vahlo el les Vaudois dît Brianoonnuis par Lombaid;' Jean Louis
Paschale et les martyrs iû Calabre palle même; Les Vaudois de Provence au
6
.78
XIV siècle pîtf K. Schloesing; Procès
de i'¡Dquisüion contre les vaudois domiciliés à Fribourg, en 14W, voliimo
lie plus .de 300 pages pur le pasleur
O.'Cliembein de Berne; \'Eglise vaudoise
des Vallées dxi Piémont, depuis son
origine jxtsqn'à nos jours, d’aprôs Loiiisos WilliaiMS , vol. égalemeiil de plus
de 300 pages, grand 8., piddié par
la sociélé de Toulouse; enfin Les T«ilées vaxidoises , élude de lO|)ogrnphie
el il’liisloire militaire pai’A. de Rociiazd’Aiglun, eliefde bataillon du Génie. ..
n’üsl'Ce pas là, en effet, une liste bien
respectable, et faite pour donner aitiplemeni raison à ce (jue nous disons
en commençant cet article ?
Ce n’est toute l’oi.s que d’une seule
de ces puldicatIons , de la deruièi'e
dont, à cause de son caraclèie spécitd,
nous désirons donner un compte rendu
quelque j)en détaillé aux lecleurs du
Témoin.
Comme le litre l’indique, nous ii’avous
pas, dans ce vobnne, nue histoire des
Vaudois écrite an point <!e vue religieux et. ecclésia,stique. L'aulenr qui
est un soldai, chef de bataillon du
Génie français, a de tout autres préocenpalions. C’est à un point de vue
exclusivement militaire que son livre
a été composé. Imi même s’en explique
Irès-clairemenl. dans sa prélace ;
» Quand un peuple, y dil-il , porte
la guerre chez ime nation voisine dont
il est séparé p.ar une cliaine de hautes
montagnes, l’armée envahissante- se
divise en pbisieni's colonnes qni eherclieiU à traverser la chaîne par le.s
voie.s susceplible.s de donner passage
aux troupes de toutes armes, l/armée
défensive, après avoir défendu pied à
pied le terrain, de|mis le soinmel des
grandes vallées où passe généridemenl
la frontière, concentre l’efforl de sa
résistance an débonclié de ces mcmc.>;
vallées dans la plaine; c’est là en effet
qu’elle i>enl aeipiérit la pins grande
supériorité possible sur son adversaire,
en Ini barrant les passages à l’aide des
lignes de fortilicaiions solidenteni établies à l’avance, garnies d’nne atlillei'ie itoml)i'eiise cl pnissanle, el enfin
facilement iavil<aillés en liomme.s , en
vivres l'i i;n munilions. En même temps
le défense'nr occnpe par des troupes
spéciides les vallées qui se lionvenl
entre celles que suivent les gi'andes
voies d’invasion; il s’établit sur les
crêtes laléi tries et nr;\inlient les colonnes
envabis.sanles rnisér'abiemeni condensées ;rtr fond des i)roforttle.s el étroites
déchirures dn sol qui décotrpeitl les
régions str[iérierrr'es des grandes chaînes; il occupe éga lente tu les crêtes
forntanî frorriières qtti sont reslétt.s en
son pouvoir; el , de lotrs ces points
qtri Irri servent de refraires, il harcèle
son onnenti sur lerpiel il porte, par
rtne série d’engagements presque .sans
dangers pour lui, le irouble et le décoirrageiirent ».
Un peu plus loin t! ajoitle : < Les
longites Irrites des Vittrdoi.-^, soit cotilre
les princes de lit itutisorr de Srtvoitt,
soit cottlre les troupes frttnçaises, offrctil des exemple.s frappants des assertions rpri précédent, el on ne perti
voir sitrrs ttdmiralion trne poignér;
d'Itomirres tenir ert échec , pendtittl
tütrle ittte cantpagne en 1(589, la prrissitlice rie Imrtis XIV et l’habileté de générattx tels que GalinirtetFeiiquières ».
Démontrer pat* des farts puisés dair.s
l’hisloire des Vaudois, qrti lui en offrait itne tttoisson abondante, la gratule
imporliriice-qu'il corrvient d’attribuer',
soit porrr l’attaque, soilpOtrr la défense
des frontières alpestres , à ces corps
spéciaux, de créatiort récente, composés d’bornmes pris sttr les lîetrx nièmc.s el les connaissant dt'ptti.s leitr enfitnee , et qtt’etr Italie notts désignons
sorts le nom iV Alpini, voilà le bttl
principal de ce livre , éci il dtr teste
avec louable impartialité, qitoique avec
tme arrière pettsée,-à laquelle nous
n’avotts lieu à redire (l’aulettr éltmi
français), de disculper .ses com|ralriotes, le célèbr e marécital Câlinât en
parlictriier, des accusations de crnarrté
que l’histoire Ini a soitvetil adressées,
dans ta campagne contre !es_Vàmlqis,
potir les faire l'efomber sirv Itîs ' ibiflicns. ot On verra, dil-il, par la ¡$i));l-ç
de ce récit, qite h;s pltts eruels'-ppfr
sécrrletrrs des Vaudois ont lortjours été
le.s italiens». Pour notre part, art mol
« ilairett », notts snbsliltieriotts volontiru'sci avec rttisott « les l'itpes», pttis-
7
..79
<me c’esl d'ftiix, ayanl loiil, que soul
loiijom’s pioüôti&s les iticilalions aux
massacres.
Lo livi'p lie M. (le'Rocliaz — enrichi
(I’liiie gi'aiiile cai le des Vallées à cinq
conkun, la plus belle el la plus coinplèU; cei'lainemeni ()iii ait jamais été
puirliée — se divise eu deux punies
princiiiaie-s'.
ba luemièt'c, iuiitulée; .Oexcfjptiofi
lies Vallées vmuUnses, .se subdivise elleniêiue eu irois chapitres, le preniier
des quels liaile des iioins spéciaux donnés à cei'laines parties des Vallées;
de leur a.spect fiéuéral , au point de
vue de l’oroptrafie ou description des
moiiiapaies, de la péoiopie, des cultures diverses qu’elles comportent, el se
termine pili' une liste assez longue,
mais patTois iaulive, des termes topographiques les plus en usage tels que
peuy, bric, serre, sarrel, se.a, broua,
cala, clol, cialancia, conibai, ronciailla
etc, etc. avec la traduction Irauçaise
à côté.
Le' second traite des bassins dont
les vallées se composent , au nombre
de quatre : Peüice. Rossillard, Gernianasca, Chison, et dornie, une description des crêtes, avec l•’indic;ation, que
np.us avons lipu de croiie, exacte , de
leur attitude respective.
Le troisième contient une desciiption li'ès bien laite, en même temps
que,des' Vallées principales, et do.s vallons latéraux qui y débouchent , des
bourgs ou, villages qui les peuplent et
des joules ou sentieps, qui conduisent
de l’un à i’aulre.
La seconde partie, la principale,
pii,is.-qu’ellc occnpe les liois quarts à
peuplés do volume , traite de ce qui
fait le véritable sujet du livre: de l'his'
loire mUiiaire des. Validais el se compose de 5 cluipîtr^;?fl(
Le prernjer, après queiqiie.s notions
Irès-som mai res et pas toiijoiir.s exactes,
sut; l’origine el les doctrines des Vaudois, raconte le.s premières persécution,® que ceux-ci eurent à endurer, à
cause de leur Coi , depuis l’an 1487,
jusqu'il l’époque de la Révocation de
l’Edit de Nantes, en 1686.
Le.® qualres antre.® — qui sont ceux
dont nous désirons suiloul l'aiic con
nailre le contenu à nos lecteurs, parce
que ce sont ceux qui abondent mi
docimienis jii.squ’ici demeurés inédit.®
el que l’auieiir a tirés des Arcliives du
\liuiflère de la Guerre fiançais — nous
conduisent de rnnnee 1686 ti nos join s
et plms spécialement à l’an 1879, époque de la création (>ar l’Etal Major
italien des Cotn,par/nies alpines.
Jtdle Imi iniiii ;i jtt sariitcc t!e.setiu\.
Un jeune voyageur cltréiimi (membre d'iHie association cliiélicnnc crilrc
voyageurs de commerce, comme il en
exisie plusieurs en Angleterre) se Iroiivait un soir dans une nombreii.se socié(é de collègncs ; on était en gaîté,
on pi'opo.®a que chacun des assistants,
à son tour, lit entendre un chant.
Après maints couplets d’iiii genre
léger, vient le tour de notre ami qui
déclara ne savoir aucune chanson qui
pût leur plaire. Pour le railler quelqu’un lui demanda une hymne de
Satikey : « Nous ferons les choeurs ! »
crièrent d’aiilres. Il les [iril an mot,
choisit un cantique bien coiimi, plein
de l’Evangile et , en élevant son cœur
à Dieu , il chaula , couime il ri'avail
jamais chantó auparavant. Tous se joignirent au refrain. Plus d’un cœur
était visiblement ému, le ton de l’cnirelieii changea, el plusieurs eoinmerçanis entourèrent le chanteur pour le
leniercier.
Il venait de se retirer dans sa chanihre, quand il entendit fnipper à la
porte; c’èlail un jeune voyageur, chez
lequel ce cantique avait remué de
profonds souvenirs d’enfance, il était
fort Iroiihlc, il demandait le chemin
du salut; le chrétien lui parla de
.lésiis-Chrisl. Quand il se fut éloigné,
un autre coup .se fil entendre à la
même porte. Cette lois c’élait un
h.omme d'âge mûr, qui jadis avait profes.sé la foi, mais était l'eloumé eu
arrière ; ce chant lui avait rappelé un
bonheiîr perdu. Notre voyageur chrélien ne se coucha qu’a deux heures,
mais plein de joie et de reconnai.ssance envers Ceint qui avait ainsi; récompensé le léijioiguage de sa foi,
8
80
I*
iîlironiquc ^audotec
lUtoncemml du i88i. — Angrogne.
l’opiilation présente à Angrogne 2397
» liors d’Angrogne mais
<lans le royaume 78
Hors du royaume 99
Total 2574
Au point, de vue du sexe 1222 personnes présentes à Angrogne appartiennent au sexe masculin et 1175 au
se.xe féminin.
Au point de vue de la religion, 1725
personnes, réparties en 421 familles,
sont vaudoises et 672 personnes, distribuées en 134 familles, sont calholirjues romaines. Des 1725 vaudois, 879
individus appartiennent au sexe masculin Ht 846 au sexe féminin. Des 672
catholiques romains, 343 appartiennent au sexe masculin et 329 au sexe
féminin.
Ee0uc )>oUttquc
Mialie. ~ La Chambre des députés
est ouverte depuis le 2 mars, mais ce
n’est que depuis detix. jours qu’elle
est en nombre suffisant pour délibérer.
Dés qu’elle aura voté sur quelques projets do loi d'importance secondaire,
elle en viendra aux lois militaires et
à la loi communale et provinciale. —
Les bureaux du Sénat ont adopté en
principe le scrutin de liste.
Les journaux annoncent la mort du
député Bonaventura Mazzarella, et ses
collègues de la Gbambrc s’associent
aux regrets exprimés par le président,
qui fait l'éloge de l’honorable défunt.
On loue en Mazzarella lesavaril, l’homme
de cœur, le patriote, le député esclave
de son devoir, l’ami sincère et loyal.
L’iion. Mazzarella, démissionnaire, venait d’être réélu député de Gallipoli à
une très forte majorité.
Nous apprenons au dernier instant
la triste nouvelle de la mon de l’honorable député et ex-ministre Lanza,
ainsi que du général .Mèdici.
France. — Freycinet, sans .se prononcer pour la cessation du concordai,
croit qu’une discussion approfondie
sur les rapports de l’Etat avec l’Eglise
est opporlnne et utile; aussi se prononce-t-il, au nom du gouvernement,
en faveur de la prise en considération
dû la part de la Chambre des députés
du projet de loi tendant à rompre le
Concordat.
Angleterre.— {jtt attentat contre la
vie de la reine Vicloriaaeu lieu, au moment où la reine d’Angleterre, à la gare
de Windsor, montait en voilure avec sa
fille, la princesse Béalrix. Le régicide
a tiré à 30 pas de distance, personne
lieiireusemenl n’a été atteint ; arrêté
immédiatement, il a déclaré se nommer Maclean, natif de Londres, commis de négoce sans emploi, et que
c’est, la misère qui l’a poussé à cet
acte criminel. — Non seulement en
Angleterre, mais dans tonie l’Europe,
toutes les personnes honnêtes s’unissent à la Chambre des Lords et à celle
des Communes pour exprimer à la
reine et à ta mère de famille leur-regrel qu’un attentai aussi criminel ait
pu être dirigé encore une fois contre
une princesse juste , bienfaisante et
charitable.
Bradlangh expulsé de la Chambre
des Communes parcegue, comme libre
penseur, il ne pouvait pas prononcer
le serment prescrit par la loi à tons
les députés, a été réélu et va se présenter de donveau à la porte du Parlement.
Hn»eie. — Skobeleff a prononcé
un li'oisième discours belliqueux et
anli-allemand à Varsavie. Il a préierulu
prouver aux Polonais qu’il.s sont une
seule el môme chose avec les Russes.
Nous ignorons s'il les aura persuadés.
— Les journaux as.surent que la Russie
H la bagatelle de 8 corps d’années en
Pologne, presque sur ta frontière allemande. Ce n’est pas là un symptôme
de paix.
Ehnkst lloRKitT, Céranl el Adminülruteiir
Pignerol, lmp, Chiaiitore el Mascarelli,