1
Année Dixième.
PRIX IVaBONNKMKNT PAR AN
Italie . ■ . . I.. S
Tous les payh H*- rHiuu'ii
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On s’»1 bon ne :
Pour Vhuéri&vr oboy. M.M Ih^
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Torre Peilice.
Pour Vlünoféyiein'un Ruresu d’Ari
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Un ou plusieurs riuméros sép^l’é.s, domaiidéiî aV.artt le li10 <*.ent. uhaoun.
A Dimnoes : '¿h qenttmes par ligne.
I^os rïnu<»(is rPai'ç/en/l se font par
lülfi'e reeomniiütilge ou. par
nvtii'Uls sur Ih Bureau de /'e►’o.ia .At'pfiîi/ina.
otir la RÉDACTION s'adresser
ainsi: A là Itiréc ion du Témoin,
Pomareito (Pinerplo) Halle.
Tour r A DMJNI8 TRÀTIOlS adfeB*
seruinsi: A l'AdministraiiOD du
Témoin, PomArettq.. iPiiie.rolo^
Italie.
ÉCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Koe«# .mr Mmu/us. AuTHs 1, Îj.
la vérité avec la ohat’ila. IDPH IV, R>
^1
ma i C'è.
La rudesse. “ Correspondance. — Les
Thermopyles Vaudois. — Nouvelles religieuses. — Revue politique. — Annonce.
U
Quoique .souvent assez proche
voisine de la grossièreté et de la
dureté, et appartenant au fond à
la môme famille, la rudesse peut
n’avoir rien de commun ni avec
l’une ni avec l’autre. La grossièreté est non seulement impolie et
maladroite, mais essentiellement
ignorante; la/udesse peut n’ôtre
rien de tout cela. Quant à la dureté, c’est dans le cœur qu’elle
règne, étouffant jusqu’aux germes
de sensibilité et de sympathie
qui pourraiént s’y trouver, tandis
qu’il n’est pas rare de voir la rudesse des formes cacher un fonds
d’exquise sensibilité. Quand on
parle d’un bourru bienfaisant, on
se représente aussitôt uu homme
qui gronde volontiers, mais comme
le tonnerre qui est suivi d’une
pluie bienfaisante. Qui sait s’il n’y
a pas dans cette manière d’agir
un principe ’et un dessein prémé-r
dité, plutôt que l’effet du tempérament et de l’habitude, èt si'cet
homme qui secourt avec rudesse
ne veut pas s’épargner l’expression d’une reconnaissance souvent
exagérée? — Une puissante constitution physique est souvent alliée à la rudesse du langage et
des manières, sans qu’il soit exact
de les regarder comme inséparables. Nous n’avons pas de peiné
à nous représenter que Lémec , le
descendant de Caïn,, et ces géants
dont nous parle la Genèse (chapitre VI), fussent des hommes non
seulement rudes, mais viole î et
brutaux. Caleb lui-même eu ses
descendants, "parmi lesquels se
distingue Nabal, le marid’Abigàil,
nous font l’effet d’avoir été des
hommes aussi épais de corps que
d’intelligence, rudes d’esprit et de
manières, ce qui n’exclut pas, au
moins chez Caleb, une foi iné-
2
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braolable aux promesses de Dieu
(Nombres xiii, 31). Mais David et
Jonathan suffisent pour montrer
qu'une vigueur peu commune et
un courage indomptable s’allient
souvent aussi aux sentiments les
plus tendres et à une grande douceur de .caractère. C’est la piété
qui accomplit ce miracle, comme
c’est elle qui seule réussit à corriger les défauts et les travers de
caractère.
Comme la rudesse n’embellit pas
et ne rend pas plus aimable, au
contraire, quiconque y est enclin,
ou l’a déjà revêtue, fera bien, dans
son propre, intérêt, comme dans
celui du prochain, de travailler
sérieusement à s’en affranchir. S’il
est chrétien, la chose lui sera plus
facile, car il apprendra de jour en
jour, à l’école de son Sauveur,
à être doux et humble de cœur.
Les pères avec leurs enfants, les
maîtres avec leurs domestiques,
les régents avec leurs enfants,
ont tout à gagner en employant
la douceur— qui n’exclut nullement la fermeté, préférablement
à la rudesse, que quelques-uns
d’entr’eux estiment être la meilleure méthode à suivre. — Nous
avons eu le temps et de fréquentes
occasions de voir fonctionner cette
méthode dont quelques-uns vantent encore l'excellence surtout
dans l’éducation des enfants, et
nous, pouvons en parler avec connaissance de cause. Voici les fruits
quelle porte.
Accoutumé de bonne heure à la
parole brève et impérieuse de son
père, l’enfant ne peut autrement
que de prendre l’habitude d’obéir
et de se soumettre. S’il a tenté
de se révolter mal lui en a pris;
on ne l’y reprendra plus. Si le
père est un homme laborieux et
intelligent, l’enfant apprendra sous
sa direction beaucoup de choses
utiles, et à ce point de vue, il
ne regrettera pas, plus tard, d’avoir été soumis à cette discipline
sévère. — Mais l'enfant est devenu
un jeune homme, et si le ton du
commandement ne s’adoucit pas,
la soumission passive se change
insensiblement en répugnance, en
murmure et enfin en révolte décidée. Il a longtemps tremblé,
parcequ’il se sentait faible et sous
la dépendance absolue de ce père
peu tendre avec sa famille, et jaloux à l’excès de son autorité.
Mais il est maintenant robuste et
très capable de pourvoir à son
entretien par son travail ; il est
devenu un homme et il lui répughe absolument d’étre traité
encore comme un enfant. De son
côté le père ne peut, ou ne veut
pas changer ce qu’il appelle sa
méthode; il continue h être le seul
maître dans la maison, à avoir
seul le droit de commander et
de diriger. Après un temps plus
ou moins prolongé de disputes,
de récriminations et de menaces,
le fils ■ s’en va, le cœur gros, chercher fortune ailleurs, au grand
chagrin du père qui se garde bien
de le laisser voir, et au grand
dommage de la famille qui perd
sa meilleure paire de bras.
Au fond, ce père n’était pas
mauvais et il aimait son fils autant qu’un autre de ses enfants,
c’est-à-dire, autant qu’il savait
3
139'
aimer. Son grand tort et son grand
malheur a été de se persuader à
lui-même" que la rudesse était le
moyen le plus sûr d’obtenir l'obéissance et la soumission ; que
la verge d’abord , pnis les paroles
dures, étaient les instruments les
plus propres pour atteindre ce
but. Jamais une parole affectueuse,
jamais une caresse, jamais un témoignage de cette affection paternelle qu’il prétendait avoir pour
ses enfants. Or, comme ce n’est
que l’affection qui fait naître l’affection, il ne faut pas s’étonner,
que ce fils n’ait pas été retenu à
la maison paternelle par l’affection
filiale, ni que ses frères et sœurs,
s’il en a, soupirent après le jour
où ils pourront imiter son exemple. Nous plaignons sincèrement
les pères qui se glorifient du respect et de la crainte qu’ils ont su
inspirer à leurs enfants. Nous ne
les gâtons pas, disent-ils, ils savent que nous ne leur en pardonnons point, et qu’avec nous on
ne plaisante pas ». — Oui, sans
doute, vous avez la force en
mains, et vos enfants vous craignent et tremblent devant vous.
Mais pensez-vous qu’ils vous aiment autant qu’ils vous redoutent? Et que . croyez-vous qu’il
arrivera le jour où les rôles seront renversés, c’est-à-dire lorsqu'ils seront forts et que vous
serez faibles? S’ils sont devenus
chrétiens (et ce ne sera pas votre
faute s’ils le sont devenus I) ils
ne vous abandonneront pas, et
par l’affection dont ils entoureront
Votre vieillesse, ils vous feront
rougir de la froideur, au moins
apparente, par laquelle vous avez,
autant que cela a dépendu de
vous, gâté tes joies légitimes de
leurs jeunes années.
Chose singulière I on trouve tout
naturel que pour soumettre l’un
ou l'autre des animaux que Dieu
a créés pour le service de l’homme, on fasse abondamment usage
des caresses, et l’on s’imagine
que la verge seule et les menaces, la rudesse du langage et du
commandement, sont les moyens
par excellence pour l’éducation de
l’enfant au sein de la famille 1
Môme dans l’école, où, grâce à
Dieu , les cho.ses ont bien changé
depuis un demi siècle, les régents
qui seraient tentés de faire constanament la grosse voix pour se
faire craindre des enfants, doivent se mettre en garde contre
cette tentation et se bien persuader que s’ils témoignent ‘de
l’affection à leurs écoliers, ceuxci les aimeront à leur tour, qu’ils
feront pour leur plaire beaucoup
plus qu’ils ne feraient par frayeur
de leurs châtiments.
(¡Torrcspiibance ;
Brusio Canton des firisona), avril 1884.
Cher et honoré monsieur !
'Vous avez, sans nul doute, la persuasion que malgré mes promesses'et
votre ^ carte postale du mois passé,
Pai laissé tomber complèiement dans
i’oubli le «Témoin» el ceux parmi
ses lecteurs qui s’intéressent en quelque mesure à l’œuvre que notre Eglise
Vaudoisc a été tout-à-coup appelée à
entreprendre, il y a quelques mois',
parmi les Grisons de langue italienne.
4
-U9
Il n’en est rien cependant. Je n’ai
oublié ni le « Témoin i ni ses lecteurs.
Pourquoi donc n’avoir pas écrit plus
tôt, direz-vous? Réponse; lors de
mon arrivée à Brusio je me suis dit:
tu feras cela plus lard quand lu auras
eu le temps de t’orienter. Plus tard
je n’ai plus su trouver le moment
favorable pour le faire. .lé pi'évois
votre réplique: Je n’ai pas su, n’est
pas une raison sufïisante. C’esi peutêtre vrai; et pour vous montrer que
je reconnais mes lorts, me voilà entrain à vous écrire sans plus de retard.
De quoi vous pai lerai-je? D’histoire
des Eglises italiennes du canf.pn des
Grisons etc..? Non pas, pour le moment. Voici plutôt ce que nous allons
faire; nous allons parler de la toute
petite paroisse de Brusio, de ce qu’elle
est et de ce qui s’y est passé depuis
les derniers jours de septembre 1883
Ce sera aussi de l’histoire si l’on veut,
mais récente du moins, et dans celleci je m’y connais mieux.
A certains égards débuter par se
mettre à la tête d’une paroisse que
l’on ne connaît et qui ne vous connaît pas du tout, n’est pas ce qu’il y
a de plus agréable ni de plus rassurant; aussi ne serez-vous point étonné
de m’entendre dire que malgré l’unanimité de l’appel des Brusiesi et malgré les informations et les paroles
d’encouragement reçues de paît et
d’autre, ce ne fut pas sans quelque
appréhension que ma femme et moi
arrivâmes à Brusio, en septembie de
l’an dernier. Quelle espèce de gens y
trouverions-nous? quelles dispositions
manifesteraient-ils a notre égard?....
L’accueil que l’on nous a fait a suffi
pour dissiper dès l’abord toute appréhension. Le 27 septembre au soir
nous étions à Poschiavo (paroisse voisine, à 1Q kilom. de Brusio). Dès le
lendemain les Brusiesi, avertis déjà
par quelqu’un de notre prochaine
arrivée le soir précédent, envoyèrent
une députation coniposée de' deux
membres du conseil d’église pour
nous souhaiter la bienvenue et nous
.accompagner en voiture à Brusio.
Nous y arrivâmes avec le brouillard
et la pluie; mais les visages souriants
qui nous entourèrent au moment où
la voiture s’arrêta devant la porte de
la maison paroissiale et les bonnes
poignées de main de nos futurs paroissiens, nous firent bientôt oublier
le mauvais temps. Benvenulo sor Reverendo! Benvenuta sora Ministressa !
Benvenulo signor Parroco! entendionsnous de tous côtés. Et si tous ces
différents litres frappaient un peu
drôlement nos oreilles qui n’y aivaient
pas été accoutumées jusque là, je
vous assure que nos coeurs n’étaient
pas moins remplis de joie et de
gratitude en nous voyant l’objet d’un
accueil si franc et si cordial. On eût
dit que npu.s nous connaissions deppis
longteiups. Les jeûnes ffiles avaient
eu fa charmante idée d’orner de guirlandes et de fleurs, en l’honneur de
notre arrivée, l’entrée de la cure
ainsi que les portes, la galerie du
choeur et la chaire de la petite église
qui est tout à côté. Ce fut ici ^dans
l’église) que nous nous rendîmes aussitôt après avoir déposé nos bagages
et échangé Ips premières salqialions.
Bientôt qne bonne partie des jeunes
filles et jeunes gens qui forment le
chœur se trouva réunie pour chanter
quelques versets de cantique avec
accompagnement d’orgue. Fuis, d^
retour dans la maison paroissiale,
nouvelles salutations, nouveaux^souhaits de’bienvenue... et nous voilà
installés dans notre nouvelle demeure
et au sein de notre petite paroisse.
L’impression que nous avons gardée
de cette réception toute simple mais
si affectueuse est telle que je n’ai pu
résister au désir d’en-parier à vos
lecteurs. Suffit pour aujourd’hui.
A bientôt ma secondé lettre.
Votre bien dévoué
Ad. Comba.
L.€|9 Thermopyleg Vaudois,
A cette hepre, bon nombre des
lecteurs de notre petit journal connaissent Aile Porte d’Italia de Èd. De
Amicis. Nous n’écrivons pas pour eux,
aujourd’hui, mais pour celte partie
5
de nos amis qui tie peuvent se procurer le volume, ou qui ne connaissent pas .la langue italienne.
Le Témoin ne s’occupe guères de
littérature ; aussi n’avons-nous pas
la prétention de porter un jugement
sur l’ensemble du dernier ouvrage
sorti de la plume du sympathique
écrivain populaire que Buenos-Ayres
fête en ce moment. De Amicis est
peintre avant tout. Voulant faire connaître et aimer de nos compatriotes,
« ce coin d’Italie où l’on a tant souffert et tant combattu», il n’a écrit
ni un livre d’histoire, ni un livre de
géographie, ni même un livre de
voyages; — il a peint une dixaine
de tableaux qui nous transportent,
en esprit, tantôt au temps de la domination française, tantôt au milieu
de fêtes d’un peuple saluant son retour
sous le sceptre de la Maison de Savoie,
tantôt au sein des combats livrés autour de Pignerol an siècle de Louis XIV,
ou bien même plus loin, aux temps
des princes d’Acbaïe. Deux bozietti
ibnl passer sous les yeux du lecteur
la Roche de Cavour et son histoire
sanglante, puis le fort de Fénestrelle,
formidable au point de vue moderne.
Et les Vallées Vaudoises?.
Un écrivain moins impartial ou de
sentiments moins généreux, les eût
tout simplement laissées dans l’ombre,
ou se fût contenté de décrire quelque
paysage ravissant, se gardant bien
de faire revivre l’histoire des persécutions, ou l’effleurant à peine, à la
manière de bien des historiens catholiques.
Que de gens lui en auraient su
bon gré, sans en excepter même de
certains vaudoi.s !
Par contre. De Amicis a fait aux
Vaudois et à leur histoire une part,
non seulement équitable, mais généreuse. Il a visité leurs vallées, il a
étudié avec amour leur passé it la
fois triste et glorieux. Lors même
qu^il ne cite pas toujours les noms
et les dates, que de traits de son
pinceau, dans la Ginevra italiana et
les Termopili Valdesi, qui retracent
des faits historiques ou y font alliisionl Et quant à sa manière d’envi
sager les persécuteurs et les persécutés, il n’a pas voulu seulejiienl la
laisser deviner (comme cela lui est
arrivé dans la splendide description
des combats de taureaux, de Madrid);
il flétrit avec hoi'renr les cruautés
commises et ceux qui les ordonnaient
ou les commettaient. Si bien, que
Ugo Pesci a pu inviter ceux qui accusent De Amicis de ne pas sentir ce
qu’il écrit, à lire les chapitres sur
la Marchesa di Spigno, sui- la Ginevra
italiana, et les Thennopyles Vaudois
afin de se convaincre de leur erreur.
«Et si, dit-il, après les avoir lus,
ils ne sont pas persuadés, alors, tant
pis pour eux». La chaleur de conviction avec laquelle l’auteur a travaillé à réhabiliter la mémoire de la
tnarclma di Spimo, a fait dire au
rédacteur en chef de la Gazzetla Piemóntese que l’ouvrage de De Amicis
était une œuvre de revendication historique. Il aurait pu le dire avec
beaucoup plus de raison, (il l’a pensé
sans doute), des chapitres consacrés
aux Vaudois.
Nous avons donné ailleurs des extraits de la Ginevra italiana, résumons
en peu de mots les Termopili.
Par une belle matinée de septembre
l’auteur- s’achemine avec deux amis
vers la vallée d’Angrogne, dans l’intention de pousser jusqiies au Pra
du Tour, sanctuaire et torteresse des
Vaudois. Chemin faisant, il décrit la
vallée, comme il sait décrire, et intercale, ici, un trait de mœurs, là,
une observation linguistique, ailleurs
une légende. Mais c’est l’hisloire des
temps passés qui revient le plus
souvent, liée comme elle t’est, à
Rocciamaneot, à S. Laurent, à la
Ghiei'Sa dë la tana, à Chanforan, au
toumpi Saquet, à la Rochaiile, à Pra
du Tour. « Les Vaudois,, observe-l-il,
ont éié, durant trois siècles, assaillis
sur tous les points de leur pays, de
Pragela à LuserneUe , de Boni'à Prarnol, dans la plaine et sur les monts,
dans la bonne saison et au cœur de
l’hiver, par des .armées régulières,
par des croisés, par des bandits, —
6
ua
après de longs préparatifs et â l’improviste, avec des lignes très-étendues
— et avec des forces concentrées,
ouvertement et traîtreusement, avec
toutes les combinaisons stratégiques,
avec toutes les tromperies permises
et défendues, avec toutes les ruses
de ta politique, de la guerre et du
brigandage, que peut imaginer l’esprit
humain. Chaque pied de leur territoire, chaque rocher de leurs montagnes, a son histoire de sang, de
feu et de gloire »,
Depuis S. Laurent, le pasteur d’Angrogne accompagne les visiteurs en
qualité de guide, leur fait voir le
temple, puis la grotte où se tenaient
les assemblées en temps de persécution, et leur fournit les indications
topographiques nécessaires à l’intelligence de l’hisloire. On arrive au
Serre, puis au pied de la Rochaille,
puis à l’entrée du Vallon de Pra du
Tour, si étroite que l’auteur n’hésite
pas à l’appeler les Thei mopyies Vaudois. Et tandis que les voyageurs se
reposent à l’ombre d’un rocher, l’auteur retrace à grands trait sl’histoire
des nombreux assauts livrés à Pfa du
Tour, en 1488, en 1561 et en 1686.
Il s’explique les défaites des généraux
catholiques en tenant compte de la
difficulté de calculer avec précision
les distances, des armures pesantes
des soldats peu habitués à la montagne, de l’impression que devait
produire l’aspect des rochers gigantesques, du manque de connaissance
des ressources que fournissaient les
lieux. L’agilité, la tactique des Vaudois, leur parfaite connaissance du
terrain, les brouillards parfois, les
embûches, les positions favorables,
l’armure légère, les quartiers de roc
qu’ils faisaient rouler sur les assaillants, le désespoir enfin, leur donnaient la victoire. Si l’auteur avait
été croyant, il aurait pu mettre en
compte, à côté des moyens humains,
la manifeste protection de Dieu. La
description qu’il fait des fuites désastreuses, a quelque chose de saisissant. «El pourtant, ajoute t-il,
même à ces batailles féroces, la religion donnait quelque chose de so
lennel et d’auguste. Quel spectacle
devaient offi'ir, sur la montagne, ces
longues rangées de Vaudoisaux grands
chapeaux et aux longs cheveux, ces
vieillards armés d’arquebuses, ces
jeunes garçons avec leurs frondes,
ces jeunes gens avec leurs piques,
ces pasteurs avec la Bible, alors que,
avant de combattre, ils s’agenouillaient
tous ensemble sur les rochers, aux
premiers feux du Jour, levant les
yeux et les mains au ciel pour demander à Dieu la victoire ».
A Pra du Tour, il prend note d’une
jeune vachère qu’il trouve lisant l’hisstoire de l’Eglise Vaudoise. « C’était,
dit-il, la première jeune paysanne
italienne que je voyais lire ». La vie
simple et retirée des habitants d’aujourd’hui lui arrache une page poétique, «Leurs besoins sont: un peu
de pain, un peu de feu et le sermon
du pasteur. Quand ils ont en cela
pendant 60 ans, ils meurent sans se
plaindre de la vie. Et dire que c’est
pour avoir cela, rien que cela, qu’ils
ont lutté, et pleuré pendant quatre
cents ans ! »
Au retour, il demande à voir l’histoire de Léger, qui lui laisse une
impression d’horreur ineffaçable. Il
ne parvient à l’attenuer qu’en pensant
aux scènes touchantes de Février
1848, aux Vallées et à Turin. « Beaux
moments, ■■ s’écrie-t-il, à ce propos,
de la vie des peuples, belles heures
glorieuses du cœur humain, pages
d’or de l’histoire de la civilisation,
oh! soyez rappelées au souvenir, soyez
aimées, soyez bénies éternellement!
Et sois bénie, toi aussi, belle et
noble vallée d’Angrognet loi qui, dans
les annales de la grande guerre pour
la liberté de l’âme, as écrit, avec le
sang de tes bergers, une parole victorieuse et immortelle». ***
Aoufeliee rcltigteuece
Italie. — Le dimanche 20 avril,
l’Eglise de Turin a eu le -privilège
d’entendre, sur 1 Tim. i, 15, une
7
„,143.™
excellente prédication de M. le pasteur
et prol’esseur Ed. Barde de Genève,
qui, de passage par notre ville, a
bien voulu se rendi e à la prière qui
lui a été faile de présider le Culte.
— Mardi 15 avril, à Florence, et
dans la grande salle du cercle philologique, avait lieu, sous la présidence
de k A. R. la duchesse de Teck,
tante de S. M. la Reine d’.Angleterre,
et avec l’intervention de plusieurs
Eer.sonnages de distinction, la distriution des prix qu’un Comité de dames
étrangères, oflVe, chaque année,
aux enfants des Ecoles du Peuple, et
Vaudoises qui se distinguent le plus
par une composition sur les bons
traitements dont il est juste que les
hommes usent envers les animaux.
Excellente direction à donner, en tout
pays, aux pensées et aux sentiments
de l’enfance,- mais plus particulièrement dans le nôtre qui laisse parliculièrement à désirer sous ce rapport.
Florence— Mardi 29 avril, les
21 membres, représentants officieux
des diverses églises évangéliques italiennes, se sont réunis dans la chapelle écossaise de cette ville, afin
d’inaugurer, par un culte, les séances
de « VAssemblea Promotrice * qui doit
s’occuper de l’union et de la coopération entre les églises qui sont à
l’œuvre dans notre patrie.
A ces représentants s’unissaient
un certain nombre de chrétiens compris lord Radstock. Le Rev. M. Mac
Dougall, président du Comité intermissionnaire. nous a donné, dans
un magnifique discours, les raisons
qui ont poussé Je Comité à convoquer
cette assemblée. Les voici en quelques
mots :
1. Les Eglises évangéliques d’Italie
professent unanimément les principes
fondamentaux de la foi chrétienne.
2. Cette union, dans les choses de
la foi, doit nécessairement se montrer
au dehors. Et, en vue de la réaliser,
il importe que les diverses dénominations se rapprochent toujours davantage.
3. Nous avons des exemples de
véritable union chrétienne dans l’E
glise primitive; et les recommandations réitérées des apôtres en font
un devoir aux églises chrétiennes de
tous les temps.
4. Tant que l’Eglise évangélique
est divisée, elle est faible, unie elle
opposerait une force solide à l’ennemi.
Le service d’ouverture a été une
vraie réunion de prière qui s’est close
par l’élection du bureau, appelé à
diriger les travaux de l’Assemblée,
dans les personnes de .MM. Mac Dougall président, Geymonat, prof., vice
président, Th. Gay et II. Pasquet,
secrétaires.
Nous espérons donner, la semaine
prochaine, des détails sur cette assemblée qui commence à peine son
travail, au moment où nous traçons
CCS quelques lignes.
Suis-SE. — Les vexations legales, ce
qui est pire, contre les salutistes
continuent à être à l’ordre du jour
en Suisse, et plus spécialement dans
les cantons limitrophes de Neuchâtel
et de Berne. Nous n’avons, quant à
nous, aucune tendresse pour cette
secte, et nous regarderions son apparition en Italie comme un véritable
fléau, dont nous demandons à Dieu
de nous garantir; mais toute atteinte
à la liberté de conscience, pour aussi
longtemps qu’elle même ne porte pas
atteinte à la moralité publique, nous
est aussi répugnante pour le moins
que la secte elle-même.
Afrique. — Dans les cinq dernières
années, vingt missionnaires blancs
appartenant à quatre missions différentes établies dans l’Afrique intertropicale, sont morts, tués par le
climat. On comprend dès lors la sentence du missionnaire Moffat: Les
Africains doivent enseigner les Africains. C’est l.â le plan divin. La Société
des Missions de Paris emploie, en
effet, un grand nombre de catéchistes
ou évangélistes africains et l’école
biblique de Morija est destinée à les
préparer.
France. — Au commencement du
siècle il n’\ avait en France, y compris l’Alsace-Lorraine, que 150 pas-
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leurs. Il y en a maintenant, sans
l’Alsace-Lorraine, 800, L’Eglise Réformée reçoit de l’Etat environ 2.000.000
de francs, mais elle collecte dans son
sein pour ses difi'éi entes sociétés et ins
titillions charitables environ-4.700.000
francs.
Russie, — La N. Ev. Kirchenzeilimq décrit l’étal des paysans russes
comme bien misérable. Un grand
nombre ne peuvent vivre en travaillant les lerre.s des .seigneurs et tombent dans les mains des usuriers qui
les ruinent. L’instruction est fort peu
répandue parmi eux, au point que
sur mille enfants en âge de fréquenter
les écoles, 78 seulement en profilent
^jandis que même en Turquie la proportion est de 106 pour mille.
Eet)ue ^oütiquc
Mtftite. — Tout autre intérêt a
été absorbé pendant cette dcrnièie
semaine par celui de l’ouverture de
l’Exposition nationale de Turin. —
Ainsi que nous l’avons annoncé,
Leurs Majestés avec le, prince de
Naples et toute la Cour, se sont
rendues à Turin pour cette eirconslance. Il y avait avec le roi, les ministres Dépretis, Brin, Grimaldi et
Mancini, tout le corps diplomatique
et les représentations du Sénat et de
la Chambre, une foule de sériàtcui's
et de députés, les syndics des principales villes du royaume. -- La presse
nationale et étrangère a été lai'gemenl
l'cprésenlée, surtout la presse française. — Tout n’élail pas prêt; cependant rimpression générale a été des
plus favorables, et un grand nombre
de journaux étrangers parlent d’une
manière très flatteuse, peut-être trop
flatteuse, des progrès industriels de
l’Italie et rendent justice à l’aimable
hospitalité de l’ancienne capitale de
nos rois.
Le comte Sambuy, syndic de Turin,
a su faire admirablenvent les honneurs
de chez lui. Il n’y a pour lui qu’un
concérl d’éloges. Nous rie parlons pas
des banquets officiels à la cour,: et
chez le syndic, de l’ill/uinination féerique dans laquelle le fameux Ottino
s’estsurpassé, et des pbursesàSuperga.
Les ministres soiit rentrés à Rome,
le roi Humbert les suivra de près.
— Le H mat les Chambres ont dû
reprendre leurs travaux.
r
.-Vtiïionoo
■V-,
On nous prie d’annoncer la vacance du poste de Régent de la
3“ et 4® élémentaire dans les Ecoles
Evaugélifjues-Vaudoises de Turin.
Les personnes qui y aspireraient
sont priées de faire parvenir leur
demande accompagnée des documents y relatifs, à l’adresse de M.
le F’asleur J. P. Meille, 15, via
Pio-Quinlo à Turin,
PtRNKST ftouERT, Gèrimt et lidministrateuT.
t’ignerûl, [mprim. Eliianturc et Mascurelli.