1
Septième armée.
IV.
2 Février 1873.
L’ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialemenl consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaiidoise.
Que toutes? les choses qui sont véritables. oocupeu,
vos pensées — { Philippietis., IV. 8.)
PRIX D ABONNEMENT I
Italie, à domicile lîMi aui Fr. 3
Suisse...................» 5
Fram'.e..................» 6
Alleina'rne i 6
Angleterre. Pays-Bas . * 8
Tn séparé : 5 (îent.
numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D ABONNEMENT
Torrr-Peì.i.ick ; Via Maestra,
N . A'ì. (Agenzia bihìiografìra)
PiGNERoL : J. Chlantore Impr.
Turin Tcon, via Lagrange
près le N. 22.
Florrnck ; Libreria Evangelica. via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'adresser [lour Ladini ni St rat ion
an Bureau t\ Torr.e-Peilice,
via Maestra N. -12 — pour la
rédaction: A Mr. E. Malan
Prof ' a Torre-Pelice.
Sommaire.
Adresse ii la Table. — Les torts du Pasteur d’Augrogne. — L’instruction en Hollande {mile). — L’élaline. — Nouvelles religieuses. — Chronique xaudoise. — Chronique politique. — Souscription Stewart.
La Table nous invite à publier
la communication suivante de la
Commission chargée par le dernier
Synode d’étudier la question de
l’émigration en Italie.
À LA Table de l’Eglise Vaddoise
Quoique la Commission nommée
par le dernier Synode pour étudier
la question de l’établissement d’une
colonie vaudoise en Italie, n’ait
pas encore, jusqu’à présent, donné
signe de vie, elle s'est cependant
occupée avec sollicitude du mandat
qui lui a été confié.
Elle a cherché d’abord à s'entourer des renseignements les plus
exacts sur les terrains qui pourraient présenter le plus de convenance aux familles qui veulent
émigrer, sous le triple rapport de
la sécurité, de la salubrité et de
la fertilité du sol.
Elle a en vue plusieurs localités
qu’elle se propose de faire visiter
par des délégués capables, aussitôt
que la saison le permettra, et elle
espère pouvoir bientôt présenter
à la Table un rapport détaillé et
précis sur les avantages que l’Italie présente à la colonisation.
La Commission
Aimé Gaydou.
D'' Monnet.
D'’ Pellegrin.
Av. Vola.
Jules Parise.
LES TORTS ÜU P4STE11R
(l’Angrogne
DANS L.4 QUESTION DES TROUBLES
QUI y SONT SURVENUS.
Monsieur Canton a aussi ses torts. Voilà
ce que l’oa entend souvent répéter en
parlant de la question d'Angrogue. — En
quoi consistent ces torts ? Quoique nous
n’ayons pas encore eu la satisfaction de
les entendre clairement articuler, et qu’à
nos demandes à ce sujet on n’ait répondu
que par de vagues généralités, ou en portant la question sur un terrain qui n’est
pas le sien; nous essayerons toutefois de
les énumérer d’après les renseignements
2
-(34)
les plus sûrs que nous ayons pu obtenir,
tonteen nous déclarant prêts à modifier
ce en quoi on nous montrera que nous
sommes dans l’erreur.
Quelques uns ont impudemment essayé
de donner le change en détournant sur
le pasteur les accusations qui pesaient sur
un autre personnage ; mais ce manège
n'a pu réussir; ceux-mêmes qui faisaient
au pasteur la guerre la plus acharnée,
il faut le dire à leur honneur, ont eu
honte d’un (el procédé, et ils l’ont fait
cesser. Si quelqu’un, voire même un
membre du Consistoire, s’est fait le colporteur d’une aussi noire invention, il y
a été pour ses frais.
Un procédé plus habile, et qui n’a pas
peu contribué à faire mal juger toute cette
affaire, c’est le soin que l’on a mis à la
faire considérer comme n’étant qu’un différend, ou si l’on veut, une guerre entièrement personnelle entre le pasteur et le
régent. Là dessus l’on a crié au scandale
parce qu’un pasteur ne pouvait pas vivre
en paix avec son régent; on a déclaré
que, puisqu’ils ne pouvaient marcher d’accord, il les fallait renvoyer l’un et l’autre ; et surtout, l’on a trouvé étrange que
le pasteur, comme devant avoir plus
d'escient, n’ait pas tout pardonné et <)ue
tout n’ait pas été fini par là. C’est l’un
des graves torts qu’on lui reproche.
Si la chose était comme ou veut la représenter, M. C. aurait, en effet, méconnu
un devoir capital du chrétien et à plus
forte raison du pasteur; mais c’est dénaturer entièrement la question que de la
présenter sous cet aspect; c’est si peu
une question personnelle à deux individus
qu’elle n’est pas même restreinte à la
commune d’Angrogne, elle est au contraire très générale; c’est une question
de capacité ou d’incapacité morale pour
un homme de remplir les fonctions d’instituteur de la jeunesse.
M. C. avait, il est vrai, des griefs personnels fort sérieux contre le régent; mais
il a déclaré en présence du Consistoire
qu’il les mettait tous dans le sac aux oublis, qu’il n’en ferait plus mention; et il
a tenu parole; il a pardonné au régent
toute offense personnelle, en signe de
quoi il lui a tendu la main devant le Con
sistoire. Il dut déclarer, toutefois, qvi’il
existait des accusations étrangères 5 sa
personne et qu’il n’était pas en son pouvoir d’annuler; que, par conséquent, le
cadavre puant que l’on enterrait pour le
moment ne pouvait manquer de reparaître
bientôt, par le fait des dépositions existantes à la charge du régent. C’est ce qui
eut lieu, et c’est ce que l’on n’a pas voulu
comprendre. On aurait voulu que le pasteur eût pardonné non seulement pour
sou compte, mais encore pour le compte
d’autrui et qu’il eût fait taire les plus
graves plaintes qui se produisaient de
droite et de gauche. C’était exiger plus
qu’il n’était possible de faire. Voilà donc,
nous semble-t-il, un tort qui est bien dûment éliminé.
Un autre tort que nous avons entendu
formuler à la charge du pasteur, c’est
qu’il a une cure trop belle et trop spacieuse dont la réparation a coûté quelques milliers de francs à ta Commune.
Si M. C. avait, en quelque manière, exigé
pour cette réparation une somme de la
part de la Commune, s’il en avait seulement fait une condition pour donner son
ministère à cette paroisse, nous n’hésiterions pas à lui en faire un grief, nous
aussi ; mais il n’en est rien. ,M. C., avec
le concours volontaire et comparativement très faible de la Commune, fit reparer la plus grande partie de la vieille
cure ; et quand il eut épuisé les ressources
dont il pouvait disposer pour cet objet,
il avertit l’administration communale de ce
qui serait encore resté à faire pour la réparer en entier, ajoutant que, pour son
logement, ce qui était fait était suffisant.
L’administration se transporta en corps
sur le lieu, examina le tout et décida l’achèvement de l’entière réparation, en se
chargeant d’en faire les frais.
M. C. aurait peut-être bien fait do s’opposer à cette augmentation de dépense; il
n’y a pas de doute qu’il l’aurait fait s'il
avait pu prévoir qu’un jour on lui reprocherait ce qu’on lui accordait alors avec
tant de libéralité. Mais peut-on loyalement
lui imputer cela à faute? N’était-ce pas
alors, en tout cas, qu’il fallait s’opposer
à cette décision de l’administration communale? Venir, après plus de dix ans,
3
-(35)
en faire un grief contre le pasteur, ce
n’est pas raisonnable. Voilà un tort qui
ne supporte pas l’examen et qui doit être
pareillement éliminé. Est ce tout? A notre
avis, non.
M. C. a eu le tort d’avoir été trop silencieux et trop tolérant. Il aurait dé,
dans l’intérêt de l’œuvre du régent, provo<iuer plus tét une en<|uête sur les plaintes portées contre ce dernier; et il n’aurait
pas dû supporter lui-même sans réclamation certains faits qui, quoique dirigés
contre sa personne on particulier, étaient
une atteinte au respect do l’autorité en général, et par là un élément de perversité
pour la jeunesse. Il est vrai quo la situation était difficile et délicate.
M. C. réservé par principe et par caraclère, ignora longtemps et l’œuvre de
subversion faite à son égard par le régent,
et les plaintes qui déjà circulaient sourdement .sur le compte de ce dernier.
Qui ne connaît, du reste, le pouvoir de
l’engouement? Tout le monde ne vantaitil pas le savoir et l’aptitude superlative
du régent?
Au milieu d’un tel déluge d’approbation
et d'éloges, quel cas pouvait-on faire de
quelques accusations isolées, si tant est
quo, vu leur nature, elles osassent même
se produire au grand jour?
Cependant, en dehors de ces accusations, le pasteur fut obligé de constater
quo le régent travaillait bien moins en
vue du vrai progrès des élèves qu’en vue
des louanges dont il se montrait toujours
plus avide. On en eut une preuve effrayante un jour [qu’on faisait subir l’examen
annuel aux élèves de son école. A propos
d’un rien il se mit à dire: « Oui, le pauvre régent se tue de peine pendant l’année, et arrivé à l’examen on lui refusera
le témoignage de satisfaction qu’il mérite; »
puis, s’emportant et prononçant plusieurs
vilains jnrons, il .s’écria: «Je brûle la
cervelle au premier qui osera porter atteinte à ma réputation ». Ces paroles furent dites non seulement à la face de la
Commission d’examen, mais encore en
présence de tous les élèves réunis. Le
Syndic, président de la Commission , lui
intima de sortir de la salle, ce qu’il 'fit
en efTet, mais se ravisant, il rentra aussi
tôt et resta là malgré le syndic qu’il savait bien n’avoir pas de carabiniers à son
service.
Quelle leçon de morale pour la jeunesse,
quel exemple de respect pour l’autorilé !
Faut-il savoir gré à la Commission, et à
M. C. en particulier qui en était membre,
do n’avoir pas dénoncé la conduite du
régent comme incompatible avec l’exercice de sa charge? Nous no le pensons
pas. Car dès lors on avait la certitude que
s’il pouvait être un habile instructeur, il
ne pouvait plus être (¡u’un mauvais éducateur.
C’était pourtant là le joyau précieux
qu’il fallait à tout prix conserver, et pour
la possession duquel certains démagogues
de cabaret n’ont pas hésité à occasionner
les plus grands bouleversements et à
créer au sein de la population d’.Vngrogne
dos haines et des rancunes qui ne s’effaceront peut être que lorsque toute une
génération sera couchée dans la poussière de la tombe !
Les émanations du cabaret, les vapeurs
du vin et du tabac inspirent trop souvent
de pitoyables conseils.
Ce qu’il y aura de plus matériellement
sensible dans toute cette affaire, ce sont
les frais qu’elle aura occasionnés et qui
pèseront sur toute la population; et si
c’était au.moins fini; ntais qui paiera les
frais du procès que la majorité du Conseil
délégué n’a pas craint de s’endosser pour
essayer de se maintenir en possession
des édifices dont elle a spolié le Consistoire? Evidemment la population d’Angrogne.
Après cette pénible digression, revenons au sujet. Le pasteur jugeant intenable la position qui lui était faite comme
membre de la Commission des écoles, se
retira de cette Commission et laissa, quant
à lui, les choses aller par le plus bas.
Nous le lui dirons sans détour, c’est en
cela, selon nous, que consiste son véritable tort. S’il ne pouvait obtenir des autorités locales les mesures réclamées par
la situation, c’était le moment ou jamais
d’en appeler aux autorités supérieures.
Si cela a été fait, nous l’ignorons..
Mais il est dans beaucoup de cas une
amulette infaillible pour conjurer les ora-
4
-i36)
ges ; c’esl de porter coostammeut sur sa
persoQue une bonne dose de cette précieuse drogue que l’on nomme encens;
et d’en répandre abondamment le parfum
en présence des personnes qui l’aiment.
C’est un moyen que des gens très prudents ont employé et emploient encore
avec un plein succès; témoin Gédéon luimême qui s’en servit quelque peu auprès
des insolents Epliraïmites et se délivra
ainsi d’une grosse affaire de leur part. On
dira que ce n’est pas ce qu’il a fait de
mieux, c’est possible, mais il l’a fait.
l’ourijuoi M. C. n’y a-t-il pas eu tout le
recours nécessaire? Ignorait-il la puissance de ce spéciüque, ou bien en avaitil lui-même pris en dégoût le parfum?
Dans le premier cas, sou ignorance serait ine,xcusable; dans le second cas, il
aurait fait preuve d’égoïsme en consultant
son goût plutôt que le goût d’autrui.
M. C. aurait dû aussi, dans sa prédication , user de certaines précautions oratoires qui donnassent au moins à entendre
que ses exhortations et la mention de
certains péchés, de certaines dispositions
que l'Ecriture condamne, ne pouvaient
atteindre certains individus qui, se mettant audessus de tout, devaient être considérés comme exempts de toutes misères
humaines.
M. C. n’a pas su s’inspirer auprès des
grands prédicateurs de la cour de Louis
XIV, lesquels, tout eu foudroyant, du haut
de la chaire, toutes sortes de péchés et
toutes sortes de pécheurs, savent toujours
faire une honorable exception en faveur
de cet impudique monarque. — Par ce
moyen il aurait épargné la peine a quelqu’un de faire, en pleine assemblée, des
signes pour indiquer que les paroles du
prédicateur allaient à son adresse; il aurait épargné à l’assemblée d’être témoin
d’un acte aussi impie, acte dont quelques
uns avaient l’impie simplicité de rire.....
Ici se présente une question qui nous
sort un peu de notre sujet, mais à laquelle
nous croyons devoir brièvement répondre.
Le régent, dont les imprudents amis ont
obligé .le public de s’occuper, a-t-il toujours été tel qu’il nous apparaît aujourd’hui ? Nous croyons qu’il y eut un temps
où il méritait le noble titre d’instituteur
de la jeunesse, et où il aurait lui-même
sévèrement condamné sa manière d’agir de
ces dernières années. D’où peut provenir
un tel changement? Plusieurs causes internes et externes y ont sûrement concouru,
mais parmi ces dernières il en est une
si évidente qu’on ne risque pas de se
tromper en la signalant.
La louange et l’adulation, en nourrissant
son orgueil, ont altéré la rectitude de son
jugement et la simplicité do son cœur.
C’est en particulier la louange et la flatterie qui l’out conduit où il est. Tous ceux
qui l’ont encensé sont coupables de sa
déchéance actuelle. La louange était d’autant plus funeste qu’elle lui arrivait de plus
haut et de la part de personnes qui doivent être très compétentes en matière
d’éducation.
Quel tort immense ne lui ont pas fait
en dernier lieu ses plus chaleureux amis
d’Angrogne ? Ne sont-ce pas eux qui par
leurs flagorneries l’ont poussé à sa dernière défaite? Qu’on en juge ; il pouvait
se retirer avec tous les honneurs de la
guerre, comme on a coutume de dire ; il
pouvait jouir de sa pension de retraite et
employer encore sou temps d’une manière
utile et lucrative; plusieurs des accusations les plus graves qui ont surgi dans
la suite contre sa personne n’étaient pas
encore formulées et seraient probablement
restées enfouies au fond du bourbier, si
ses trop fougueux amis n’en avaient fait
remuer ta vase : sa réputation, aux yeux
du public demeurait encore presque intacte, et pour une partie de la population
d’Angrogne, qui n’aurait pas manqué de
de le proclamer une innocente victime de
l’intolérance ecclésiastique, il se serait retiré presque avec l’auréole du martyr.
Qu’ont fait ses fougueux amis? D’une main
cruelle et vengeresse ils l'ont poussé de
degré en degré jusqu’à ce qu’il est arrivé
au fond. Ce sont eux qui par leurs flagorneries lui ont procuré la destitution de la
part de l’administration de l’Eglise et l’ont
privé de la pension de retraite à la quelle
lui auraient donné droit trente années de
service; ce sont eux qui ont fait surgir
une masse d’accusations déshonorantes
pour son caractère; c’est à eux enfin qu’il
doit la démission qu’il a été obligé de
5
-(37)
donner au Sous-Préfel et qu’ils ont été
eux mêmes obligés d’accepter.
Voilà votre ouvrage, ô vous qui portiez
son nom jusqu’aux nues et qui lui promettiez ce qu’il n’était pas en votre pouvoir de maintenir ! .Vprès lui avoir fait
dépenser beaucoup d'argent pour vous
payer des litres de vin et des paquets de
cigares, vous n’avez réussi qu’à 1e plonger dans la boue. Vous avez été impitoyables, il faut le dire, et il n’a pas lieu
de vous remercier. Puissiez-vous du moins
faire là dessus ((uelques reflexions utiles
pour votre conduite à venir !
Quant à lui , (]u’il soit coupable ou innocent des accusations que l’on fait peser
sur sa personne, ce que nous ne voulons
pas décider, il doit bien reconnaître (|ue
devant Dieu il n’est, comme nous qu’un
pauvre pécheur; qu’il prenne donc la dispensation pénible et humiliante dont il
est présentement l’objet, comme une invitation de la part de Dieu à s’humilier
dans le secret de son cœur e,t à se repentir. C’est ainsi qu’en sauvant sou âme, il
récupérera l’estime et l’affection des gens
de bien, non pas comme un aliment de
vanité , mais comme un encouragement
à marcher avec crainte et tremblement
dans la voio de la sanctification et du
salut. C’est ce que de tout cœur nous lui
souhaitons.
Nos renseignements ne nous fournissant
pas d’autres griefs contre le Pasteur d’Angrogne , nous mettons ici un point final.
____________________________ G. D. M.
INSTitUGTION U HOLLANDE
{Continuation V. N. 2J.
L’enseignement moyen, tel qu’il est organisé aujourd’hui dans toute retendue
du royaume, ne date que d’une huitaine
d’années.
Le ministre Thorbecke (le Cavour de la
Hollande) frappé de la supériorité des
études que l’on faisait dans les ReichSchôlen de la Prusse, après en avoir
étudié à fond tout le système, décida le
gouvernement de son pays A procéder à
une réforme complète de l’enseignement
moyen , et présenta un projet de loi pour
la fondation dans toutes les grandes villes
de Hoogere Burgerscholen (écoles supérieures des citoyens) qui seraient placées
sous la direction immédiate du ministre
de l’intérieur. .Malgré une vive opposition,
son projet finit par triompher.
Ces instituts ont une grande analogie
avec nos écoles techniques d’Italie. L’étude
des langues anciennes est entièrement
abandonnée , et la plus grande place est
faite à celle des langues modernes, des
sciences exactes et de l’histoire naturelle.
C’est de là que sortent les employés de
l’administration et du commerce, tant do
la métropole que des colonies, et ce sera
dorénavant là aussi que devront faire leurs
premières études fous ceux qui veulent
entrer à l’Académie militaire où à l’Académie polytechnique.
Ces écoles ont pris un développement
très rapide ; fondées d’abord dans cinq
grandes villes seulement, on en compte
aujourd’hui une quarantaine dans toutes
les parties du royaume.
Le personnel enseignant est relativement très jeune encore , aussi montre-t-il
souvent plus d’érudition que do talent pédagogique , lequel ne s’acquiert que par
une longue ex|)érience toutes les fois qu’il
n’est pas un don naturel.
C’est là, la principale raison des petits
mécomptes qu’on arencontrésquelquefois.
Il est vrai qu’un tout nouveau système
devait donner lieu A quelques tûtonnemeuts car l’on peut bien ériger des écoles,
trouver des méthodes, mais non improviser des directeurs qui puissent d’un coup,
être à la hauteur de leur tâche.
L’instruction dans les quarante écoles
moyennes est donnée aujourd’hui par
quatre cent quatre-vingts professeurs dont
120 sont pourvus du grade de docteurs et
130 candidats.
Si le nombre des élèves n’est pas encore
proportionné à celui des professeurs, il
faut l’attribuer à l’introduction fort récente
d’un système d’éducation entièrement en
dehors des habitudes hollandaises. Les
parents, habitués aux pensions et aux internats, ne peuvent pas aisément se résoudre à prendre sur eux la surveillance
et la direction des études de leurs flis,
ou n’en ont pas le loisir, ou n’eu sont
6
-(38)
pas capables ; aussi tiennent-ils fort peu
à les envoyer à des écoles où ils sont entièrement laissés à eux-mémes on dehors
des heures de classe, et pretèrent-ils les
anciens étildissements.
Le noml)ie des élèves inscrits sur les
rés'istres nVst guère aujourd’hui que de
3500. — Mais une innovation plus remarquable encore pour celui qui connaît les
mœurs hollandaises, c’est l’introduction
d’écoles moyennes pour les demoiselles.
C’est la ville de Ilaarlem qui en a donné
la première, l’exemple et lorsque, après
trois années d’essai, ou en eut constaté
les heureux résultats, plusieurs autres
villes marchèrent sur ses traces et aujourd’hui cinq déjà marchent régulièrement.
Ici encore les grandes familles préféreront toujours les internats ou l’éducation
privée et quoique sons le rapport de l’instruction ces nouvelles écoles soient bien
supérieures, nous ne saurions les blâmer,
car à notre avis elles ollrent une grande
lacune.' en reléguant la culture morale à
l’arrière plan on réussira à faire des savants, mais non des femmes prêtes à exercer dans la famille les vertus chrétiennes
qu’elles ne connaissent pas, ou qu’on ne
leur a pas appris à apprécier. On invoque
l’exemple des Etats-Unis ! Donnez-nous les
mœurs et la Société des Etats Unis et fondez alors des écoles américaines tant que
vous voudrez, iou plutôt tant que vous
pourrez, nous en serons bien aises, car
nous verrons alors notre vieille société rajeunie, la lumière et les connaissances renouveler notre ancien monde.
nous devons encore pas.ser en revue, savoir les écoles normales.
Puisque les Hoogere Burgerscholen tendent à remplacer les internats, comme
elles ont dépeuplé les gymnases, disons
un mot de ceux qui restent. La Hollande
est le seul pays en Europe où l’on en
compte un si grand nombre relativement
à sa population.
Quelques-uns d’entre eux ont une renommée bien méritée et obtiendront longtemps encore la préférence de bien des
familles par la bonne éducation que l’on
y reçoit.
La plupart cependant laissent beaucoup
à désirer sous le rapport do l’instruction,
qui, suffisante par le passé, ne l’est plus
aujourd’hui ; mais le plus grand inconvénient était la disparité des éludes, ce qui
faisait qu’à un examen c’était toujours les
éléves des mêmes instituts qui remportaient le prix.
Cet inconvénient n’existe pas pour les
internats de demoiselles auxquelles les
fonctions publiques sont encore interdites
jusqu’ici.
Enfin il est dans l’enseignement secondaire une dernière catégorie d'écoles que
Pour n'iienir do bons rénultalsdans l’enseignement, il faut de bons maîtres, et
pour avoir de bous maîtres, il faut de
bonnes écoles normales. Sous ce rapport,
la Hollande est au premier rang depuis
longtemps et nous on verrons les heureuses conséquences en examinant l’état
de l’instruction primaire. Il faut mettre
au premier rang les trois écoles normales
du gouvernement avec quatre années do
cours et 150 élèves. C’est do là que sort
l’élite des instituteurs, et rien ne leur
manque de ce qu’il leur est important de
connaître.
Outre celles là, toute ville de quelque
importance possède un école normale ;
on estime le nombre des jeunes gens qui
les fréquentent à huit ou neuf cents,
chiffre énorme pour un si petit pays; mais
il faut tenir compte de ses nombreuses
colonies qui réclament annuellement un
contingent d’une centaine d'entre eux. Il
n’y a qu’une seule école normale de demoiselles, ce qui ne doit pas étonner,
puisque, les écoles primaires étant mixtes,
l’enseignement est presque exclusivement
donné par des maîtres. Elle compte à elle
seule une centaine d’élèves, et est digne
de figurer parmi les meilleurs établissements de ce genre en Europe. Il est regrettable que parmi les jeunes vaudoises
qui sont venues en Hollande, il ne s’en
soit trouvé aucune qui y ait occupé la
place d’institutrice de français. On trouve
en outre dans différentes villes des internats et des écoles où l’on forme dos maîtresses, mais ils sont loin d’atteindre
l’importance de celle-ci.
Voilà un rapide aperçu des ressources
dont la Hollande dispose pour répandre
l’instruction dans la jeunesse et fournir à
l’état ses employés, aux professions libérales ses aspirants, à l’enseignement ses
recrues.
L’enseignement moyen avaitbesoin d’une
réforme et cette réforme s’est accomplie,
conformément aux besoins et à l’esprit du
temps. S’il y a eu des tâtonnements, s’il y
a eu des méprises, un grand progrès n’eu
est pas moins réalisé. {àsûinrej.
1/ Ëlilline
Fleur spéciale aux Vallées Vaudoises»
appelée dans l’idiooQe du pays le Chiot*’ltt4
Sur les rochers de nos vallées
Où l’abeille cherche son miel,
Des fleurs d’azur sont étalées.
Dont les corolles-étoilées
Brillent comme un réflet du ciel.
7
-(391
Pelito llPur humble et tardive,
D )Ut lo printemps brille en été;
Et (;:ii, lorsijne l’hiver arrive,
Semble avoir gardé sa beauté
Pour sourire à l’adversité.
Tige fragile et délicate
Qui se brise au moindre toucher;
Et croît pourtant dans le rocher
Que bientôt, sans qu’elle se hâte.
Sous sa muette étreinte éclate.
Emblème d’un cœur tendre et pur,
Qu’un rien peut briser au passage,
ilais qu’aussi rien ne décourage
Et qui poursuit coniro un sort dur
Son triomphe paisible et sòr.
C’est bien la fleur de nos vallées
Si séreines dans le mallieur.
Si puissantes par la ferveur,
Qui les a toujours consolées...
Les mains à l’œuvre, à Dieu le cœur!
Les étoiles de l’élatine
Brillent toujours du même azur;
Mais en nous, de la foi divino
Et des vertus qu’elle enracine
L’éclat reste-t-il aussi pur ?
Alexis M.
l{ouoclU0 reUigteuecô
RIESI (en Sicile). Une lettre de M. l’évangéliste Rosto à l’Eco deUn terilà nous
apprend que si les cléricaux ont réussi à
ôter au.x évangéliques l’usage de l'Eglise
de San Giuseppe, ceux-ci en ont cependant trouvé une pouvant contenir deuxcents personnes, insuflisanle pour les centaines de Riesani qui accourent, pour ainsi
dire, à tour, aux prédications de l’Evangile. On y compte par milliers ceux qui
ne veulent plus suivre le pape et les prêtres, mais Jésus-Christ seul, et qui ont
compris qu’on ne peut servir deux maîtres.
ROME. Rome a dans ses murs les deux
adversaires les plus constants et les plus
conséquents du dogme de l’infaillibilité,
1 évêque Strossmayer et le père Hyacinthe.
Ce dernier aurait toujours l’iateutiou do
k'^^AAr cette ville un journal destiné
a défendre et à_ propager les prineqies
«les vieux catholiques. Il en est question
depuis longtemps, mais les faits se font
attendre.
Cliroutquc 0îrtuboi6e
M. Pendleton a passé à La Tour la plus
grande partie do la semaine dernière. Si
nos informations sont exactes , un gi ind
nombre de familles de Kora et de lîobi se
disposent à partir pour la Colonie Alexandra , près de Santa-Ec dans la République Argentine. Tous nos averiissements
n’ont servi de rien, d’abord parceipie M.
Pendleton a eu soin de dire aux colons
de ne pas écouter les conseils des personnes de condition cirile et surtout ceux
des pasteurs , qui doivent leur être les
plus suspects parcei)u’ils ont tout intérêt
à retenir ici leurs paroissiens dans la misère; mais l’argument le plus puis.sant,
c’est le voyage entièrement payé par la
banque Thompson et Bonar, par I’ ntermédiaire des ban([uiers .Maipiay et Conqi. de
Florence. Nous ignorons l’engagement ipie
nrennent nos gens pour être admis aux
nénéfices du x oy ige et du premier établissement gratuits; mais il esl éviileiit
qu’il y en a un ou qu’il y en aura un.
Jusipi'à présent, nous as'suro-t-on , personne n’en a signé, .\ucun des nouveaux
colons n’ignore ce que VEdio a publié à
cet égard ; on leur a fait remarijuer aussi
que le terrain qu’on veut leur donner à
travailler doit être malsain, puisipie c’est
une liste de 50 kilomètres de longueur
sur 3 de largeur entre dos marais déséchés une partie de l’année. Tout cela ne
les effraie pas; le voyage est gratuit, disent-ils, et quand nous serons en Amérique, si la colonie Alexandra ne nous convient pas, nous tournerons nos pas d’un
autre côté. Forts de cette conviclion , et
prévenus, il n’y a pas moyen de. leur faire
entendre la voix de la raison et du bon
sens.
Au sujet de la colonie du Rosario Oriental, qui d’après nos dernieres informations
marche bien à tous égards, M. P. n’a f|ue
des choses désobligeantes à dire pour en
détourner nos gens; de sorte que son intention bien évidente, celle que nous avons
déjà trouvée exprimée ailleurs, c’est de
faire la guerre anx Vaudois dans les Vallées et en Amérique, de dépeupler nos
vallées autant que cela dépend de lui et
de travailler à ruiner la colonie qu’il a
aidé à établir dans l’Uruguay. M. P, est
donc pour nous un grand ennemi. Nous
savons que des colons ont demandé à &f.
P. des garanties de ses belles promesses,
et voudraient qu’elles fussent confirmées
par la signature d’un consul ; nous savons
au.ssi qu’on s’est adres.sé aux autorités
pour qu’elles veuillent prendre des informations et nous rassurer sur le sort de
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nos compatriotes qui se jelteut aussi facilement entre les mains au premier venu.
Dans le cas actuel, la nationalité de M. P.
lui ouvre facilement toutes les portes.
Nous avons, comme Vaudois, reçu tant
de bienfaits des anglais que nos gens ne
peuvent pas croire qu’il y en ait un . et
même un pasteur, qui au lieu de vouloir
notre bien, ait juré notre ruine, tout en
protestant de faire une œuvre désintéressée et philanthropique.
Ckronique politique.
Ttonvo. — La Chambre ne s’est pas
encore trouvée en nombre, depuis le 15
janvier, pour la votation du budget d’entrée de 1872. Le président a donné ordre
que les noms des députés absents soient
publiés dans la Gazzetta lifflciale. —Il en
était temps.
— VOssermlore Romano raconte que le
pape a reçu, le 25, une députation étrangère, composée de personnages très-distingués, appartenant à toutes les nations
catholiques et dont le but principal « était
de protester solennellement devant la plus
haute dignité de la terre, le vicaire de
lésus-Chrisl, contre l’inaction des gouvernements catholiques pour la défense des
droits les plus sacrés». L’adresse lue par
M. de Hemptine, l’un des délégués belges
est, comme à l’ordinaire, un tissu d’injures contre le gouvernement italien, et
contre les italiens en général, qui sont
appelés «les barbares modernes». —En
voici le passage le plus important, que
nous traduisons textuellement, en avertissant que les petits points ne nous appartiennent pas, mais appartiennent au
journal jésuitique ; « Les gouvernements
éuropéens ont fait le dernier pas, en envoyant leurs représentants à Rome, pour
s’a.s.socier, autant qu’il dépendait d’eux,
au sacrilège de....! Nous venons au nom
des Comités catholiques d’Allemagne, d’Angleterre, d’Autriche, de Belgique, d’Espagne , de Franco, des Pays-Bas et de la
Suisse pour faire amende honorable de ce
dernier et suprême attentat. Les gouvernements modernes ont consommé leur...
mais il n’est pas vrai de dire qu’ils représentent l’esprit, les cœurs, et les volontés
des peuples catholiques. Ceux d’entre nous
qui sont sujets de gouvernements protestants, déclarent que, même faisant abstraction de la foi catholique, le simple
respect du droit et de la loi morale chrétienne . aurait dû suffire pour rendre odieuse cette participation à un... qui viole
toutes les lois divines et humaines». —
Le pape a répondu que «ces expre,ssions
d|affection et de dévotion lui étaient précieuses ». Il a ajouté que « la société a été
jetée comme dans un labyrinthe, d’oîi elle
ne pourra .sortir sans la main de Dieu ;
que l’Eglise militante doit combattre et
qu’elle combattra; même que l’Eglise farà
aa sè». Ce qui ne diminue en rien la faute
de ceux qui devraient la proléger et qui
ne la protègent pas».
Fr-aiice. En suile d’une votation sur
une question économique ou d’impêtsur
les matières premières, M. Thiers a donné
sa démission de président de la République, bien persuadé qu’elle ne serait pas
acceptée. En efl’et après s’être bien fait
prier par la députation de la Chambre,
qui savait parfaitement que M. Thiers céderait, le président a retii’é sa démission
et fout son ministère a suivi son exemple.
M. Thiers a joué son va-tout et il a réussi
encore heureusement pour cette fois. —
Mais nous comprenons que pour ne pas
exposer une seconde fois la nation à un
lel danger et à une nouvelle humiliation,
de divers côtés de la Chambre, on demande la nomination d’un vice-président
et que l’on ait proposé déjà de désigner
le président de la Chambre M. Grévy et le
maréchal Mac-Mahon.
Bavière. On s’attend sous peu à
une grande lutte entre le ministère libéral
présidé par Lütz et la majorité cléricale
de la Chambre des députés bavarois. Divers sujets relatifs aux ditférents religieux
et spécialement aux rapports des catholiques infaillibilistes avec les vieux catholiques et du gouvernement avec les uns
et les autres seront mis en discussion.
L’évêque d’Augsbourg a présenté à la
Chambre une plainte contre le ministre
Lütz. lequel, selon ce prélat, a violé la
constitution bavaroise et les droits de l’Eglise catholique, en se refusant à lui prêter main forte pour dépouiller un prêtre
antinfaillibiliste d’un bénéfice écclésiastique. Plusieurs parents antinfaillibilistes
ont envoyé, d’un autre côté, une pétition
à la Chamtire pour lui demander des mesures contre les inconvénients auxquels
ils sont exposés, en laissant, en vertu des
lois bavaroises, leurs enfants dans les
écoles publiques où ils reçoivent l’instruction religieuse de la part des prêtres qui
enseignent le dogme de l’infaillibilité. —
La Chambre se prononcera probablement
contre le ministère qui n’a pas sa confiance, pendant qu’il a celle de Bismark.
SOUSCRIPTION
PODR LES PORTRAITS BU BOCT. STEWART
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E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.