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IV. année
28 Mai 1869.
N.° *1.
L’ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spéciiilcmenl consacrée aux intérêts matériels et spirituels
(le la Famille Yandoise.
Que toutes les choses qui sont v<^ritables......... eccupeni
vos pensées — t PhUii'piens., IV. 8.)
PRIX d’aBONUEMINT : ; BUREAUX d'abonnement .\NN0X' ES : 5 rent. la lign.'
Italie, il domicile ('«« an I Fr. 3 \ TnKHp.Uiu.r.irK : Via Maestra, ; ou portion de lif-'ne.
Suisse....................5 > S. Ì2. !bìblìOfii't'fìra I-ettres et envois frmiro. S* a
Frant’e ..............* ^ ^ PiONERot, : J Chinntoyf hiipr. \ dresser pour l‘aihninistrat:on
Allemagne . . , . . . » fi ^ Truis Tron, via Lagrange ‘ au liin'eun d Torre-Pei^ice .
Angleterre, Pays-Bas . » 8 ’ prA“s le N. ’2*2. ^ via Maestra N. 12. —pour la
Un vuméro separé: 5 cent I Ft.oRKNCii : Libreria Evange- { rédaction: Mr. .A. Revel
Un numéro arriéré : 10 cent. \ lica, x ia de’PaQzani. \ Prof. ii Torre-Pellice.
S0MMAIHE: — Le Synode de 1869.
— Auii.
Chronique locale. — Chronique politique.
LE SYNODE LE 1869.
t.a session synodale de 1809 s’est ouverte à La Tour,
Temple neuf, 18 mai, par un service en langue italienne.
BU Blatthicu Proehet, Evangéliste à Gènes, désigné , selon
l'usage, comme prédicateur d’office, dès l’année dernière,
— avait pris pour texte Actes I. 14: Tutti perseveravano di
pari consentimento in orirjine, e in preghiera. *I.e secret de la
victoire du christianisme sur le paganisme se trouve, a dit
l’oiateur , renfermé dans ce peu de mots: prière, communion de prières, persévérance dans la prière et l’union. Le
discours, qui a duré près d’une heure, a été écouté avec
la plus grande attention et avec un véritable recueillement.
A l’issue du service, le Synode, composé de 80 représentants, s’est constitué sous la présidence provisoire de M.
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le pasteur Louis Jalla, et a nommé membres du Bureau
définitif: MM. J. P. Meille pasteur, Président, J. D. Charbonnier Professeur, Vice-Président, ilb. Revel Professeur, Secrétaire , le chevalier G. Jervis et l’Instituteur H. Guigou ,
députés , Assesseurs.
PREMIÈRE SÉANCE.
Dans sa première séance ( 18 mai ), le Synode a entendu lecture des Rapports de deux Eglises, Saint-Jean at Perrier-Maneille, — et des rapports de
deux stations, Livourne et Aoste, désignées par le sort.
DEUXIÈME SÉANCE.
{mercredi 19 mai J
Dans sa deuxième séance, le Synode a passé premièrement en revue la
Oestioix do la Tablo, en suivant l’ordre du Rapport de l’Administration.
Deux questions spéciales, d’une haute gravité, ont absorbé à elles seules
une notable partie de la discus.sion. Ce sont celles relatives à l’état des paroisses de Rorà et de Prarustin, dont les pasteurs étaient tous les deux absents,
l’un pour affaires urgentes qui, dit-on, l’avaient rappelé chez Im', l’autre pour
une indisposition qui l'avait retenu. La question de Rorà fut bientôt écartée,
comme à l’improviste, par une lettre du pasteur donnant à la fois sa démission et déclarant ne plus pouvoir appartenir à l’Eglise Vaudoise. Le Synode a
pris acte de la démission, à partir du jour même ; quant à l’autre question,
il a donné son approbation à ta Table, en l’invitant à procéder selon les articles 51, 52 de la Constitution, au cas où elle ne pourrait trouver un moyen
conciliant de rétablir l’ordre dans la paroisse.
Parmi les questions spéciales soumises par la Table au Synode, une seule a
été l’objet d’une délibération. Acceptant le double don fait à l’Eglise Vaudoise
par Miss Elisabeth Warne, et consistant l’un en 1000 L. st., l’autre en 1500
dollars, l’assemblée a assuré ta jouissance des intérêts à la généreuse donatrice, sa vie durant, et lui a exprimé sa vive reconnaissance.
Sur la question posée par notre vénérable ami le Docteur R. W. Stewart, si
le Synode serait disposé à charger la Table d’envoyer un député au Rosario,
dçins le cas où les moyens lui seraient fournis de pourvoir à la dépense (150
L. sterling ), — te Synode est d'avis que l’envoi d’un député serait de la plus
haute importance, afin d’obtenir les lumières qui lui manquent encore pour
résoudre les difficultés existantes, — et il exprime au D^ Stewart sa vive reconnaissance pour ce nouveau témoignage d’intérêt envers l’Eglise Vaudoise.
Le § Orphelinat a attiré l’attention de l’Assemblée sur une question des
plus importantes, à savoir sur les moyens de préparer et de former, au sein
de l’Eglise, de bonnes garde-malades. Le Synode a invité la Table à s’entendre, là dessus, avec la Commission des hôpitaux.
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La fréquentation de VFcole de méthode est rendue oblig;atoire pour tous les
régents de quartier.
La direction de YEcole de Théologie, école qui est au sommet de nos établissements scholaire.s, et qui com[)te aujourd’hui 14 élèves, — est invitée à
annexer au rapport annuel de la Table un rapport circonstancié sur l’état
et la marche de l’établissement.
Enfin, le Synode remercie cordialement la Table pour la prudence, le zèle
et la fidélité qu’elle a déployés dans l’accomplissement de son mandat.
La Oest ioix cio la CominIs.sloix «riüvaiijEçoliNatlon a
occupé le Synode pendant une bonne partie de la deuxième séance, pendant
toute la troisième, et une portion de la quatrième. La discussion a roulé
presqu’en entier sur la quention de Florence, soulevée à la fois dans le rapport
et le contre-rapport. Il s’agissait de savoir si la Congrégation de Fiorence, qui,
depuis 1866, s’efforce de se transformer en Egiise constituée, aie droit de
jouir, vis-à-vis de ia Commission, de l’existence autonome et indépendante à
laquelle elle prétend. L’essai d’organisation est-il complet, concluant? Pas encore. Tel est le résultat auquel le Synode semble être arrivé à la fin de la
deuxième séance, en suite des explications détaillées fournies par divers orateurs.
TROISIÈME SÉANCE
(jeudi 30J.
Continuation. — La liberté de s’organiser comme elles l’entendent est, et
demeure, pour les congrégations, entière et absolue, conformément au vote
mémorable du Synode de 1855. Mais il faut distinguer ici deux choses; le
droit abstrait et la faculté d’exercer ce droit. Une église naissante doit prouver
qu’elle est née viable., c’est-à-dire qu’elle donne de sérieuses garanties quant
à ia pureté de la doctrine, quant au nombre, et à l’homogénéité de ses membres, et quant aux moyens d’assurer sa propre existence économique. Or on
ne croit pas, à en juger par les faits, que la station de Florence puisse déjà
satisfaire à toutes ces exigences réunies.
Quant au but et aux intentions de la Commission, ils se résument dans ce
mot: travailler à la propagation de l’Evangile. Si elle a cru néce.ssaire de placer à Florence un évangéliste en titre, c’est qu’une pareille nécessité s’était
imposée à elle depuis 1863, et n’a fait ensuite que devenir de plus en plus
urgente, à cause du transfert de la capitale ; bref, il faut à la station de Florence un évangéliste qui y ré.side toute l’année, et qui soit revêtu d’une responsabilité continue et non intermittente; sans quoi l’œuvre essentielle, la
propagation de l’Evangile, s’arrête et se paralyse. — Le débat a été clos par
l’ordre du jour suivant;
« Reconnaissant aux frères qui forment une église à Florence, sous la conduite pastorale de M' le professeur Geymonat, le droit de se conduire et de
s’administrer comme bon leur semble, et de déterminer tout ce qui la concerne au mieux de ses intérêts;
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« Reconnaissant en mime temps la distinction qui existe entre l’église dont
il s’agit et l’évangélisation poursuivie à Florence par les soins de la Commission
d’Evangélisaüon;
« Considérant qu’il convient de maintenir à la fois, et la liberté de l’église
et l’indépendance de la Commission, lesquelles ne sont pas inconciliables;
« Considérant que si la Commission n’a nul droit de s’ingérer dans les affaires
de l’église, l’église n’a nul droit de s’immiscer dans la direction de l’œuvre
d’évangélisation entreprise et poursuivie par la Commission;
« Considérant qu’il y a eu et qu’il y a lieu pour la Commission d’Evangélisation de poursuivre dans un esprit de conciliation et de fermeté l’œuvre
qu’elle a entrp[)rise à Florence;
« Laisse é la future Commission le soin de prendre les mesures nécessaires
au bien à venir de cette œuvre ».
Cet ordre du jour à rallié, à la fin de la troisième séance, la presqu’unanimité des votes.
QUATRIÈME SÉANCE
f vendredi 24J.
Continuation. — Le reste du rapport n’a plus donné lieu qu’à une seule délibération , à savoir celle par laquelle le Synode recommande à la future Commission de placer à Pise un évangéliste à poste fixe, si la chose lui est possible.
L’examen de la gestion de la Commission à été clos par un vote conçu, en
ces termes; Sia lodata e ringraziata la Commissione di Evangelizzazione per
la sua operosità , la sua divozione e la smi fedellà.
La OestioTX do la, Ooivxiniisssloiv clos liopitiiiix n’adonné
lieu à aucune discussion et 1’e.xamen du Rapport s’est bientôt terminé par l’ordre du jour suivant:
« Le Synode reconnaissant le zèle et la fidélité avec lesquels la Commission
des hôpitaux a rempli son mandat, lui vote ses remerciements ».
La Commission chargée d’examiner, en vue des paroisses, le projet de
liturgie proposé à l’acci'ptation des Evangélistes, a conclu; 1») qu’il fallait remercier les auteurs du projet; 2») ([u’avec certaines modifications le projet
pourrait être employé dans les stations et dans les églises; 3») qu’en attendant,
on pourrait continuer à faire usage de la liturgie actuelle. — Le rapport doit
être imprimé , uni au projet lui-même et soumis aux paroisses; au reste une
nouvelle Commission a été nommée par le Bureau du Synode pour s’occuper
à nouveau de la liturgie générale.
Le rapport de la Commission chargée de référer sur la proposition de la
Table relative à la bénédiction nuptiale, a été suivi d’un ordre du jour portant
que la Table enverra une circulaire aux pasteurs et aux évangélistes, pour
presser le devoir qui incombe aux époux chrétiens de demander la bénédiction
de leur mariage.
Parmi les propositions détachées, se font remarquer : celle qui recommande
à la Table la question très-grande relative à l’état religieux et moral des Vau~
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dois établis d (Marsnlle ; — celle qui recommande pareillement de tirer parti
de la nouvelle eure de Massel, avant qu’elle ne tombe tout à fait en ruine ; —
une troisième invitant la Commission d'émngélusation à envoyer de temps à
autre des délégués dans nos différentes paroisses, afin de provoquer et de
nourrir l’intérêt en faveur de l’œuvre ; — une quatrième, par laquelle le Synode
charge son Bureau d’exprimer sa vive sympathie a nos frères d’Espagne; —
une cinquième, par laquelle M''Pilatte, pasteur à Nice, est chargé d’éclairer
V.Xmerican and Fureign Christian Viiion sur les menées d'un sien agent en
Italie, et sur l’œuvre poursuivie par l’Eglise Vaudoise; — une sixième enfin,
par laquelle le Synode prend acte d’une nouvelle déclaration de M’' Charbonnier,
ex-pasteur de Rorà, portant qu’il entend demeurer membre de l’Eglise Vaudoise.
En dernier lieu le Synode a procédé à la nomination des Commissions lesquelles se trouvent composées comme suit ;
'^rsil>l© : MM. P. Lantaret Modérateur; Etienne Malan Modérateur-Adjoint ;
Antoine Gay Secrétaire ; Pierre Meynier et Elisée Costabel Membres Idiques.
Oominlsslon crKvangollsatloii : .MM. J. P. Revel D"' en th.
Président; Joseph Malan banquier, D’’ Louis Desanctis, Chev. G. Jervis, Matthieu Prochet Ev.
Oommisslon <ios Hôpitaux. : MM. David Pellegrin, P. Lantaret, B. Tron, J. P. Bonjour, J. B. Balmas.
Telles ont été, en abrégé, les délibérations du Synode de 1869.
Mais il y a eu, à côté des séances ordinaires, trois séances extraordinaires
dont il nous reste à dire un mot maintenant; — l’une, dans la soirée du mercredi 19, a été consacrée à entendre les communications des évangélistes ; —
l’autre, dans la soirée du jeudi 20, l’a été à entendre les communications des
députés envoyés au dehors ; — et la troisième, intermédiaire entre les deux
précédentes, dans la même journée, à savoir jeudi 20 de 10 h. du matin à 2
h. p. m., a été consacrée à la réception des députations étrangères.
Les députés des Eglises sœurs et les amis qui se sont joints à eux étaient
plus nombreux que de coutume. La députation de [’Eglise Libre d’Ecosse ôtait
composée des vénérables et révérends Docteurs R. W. Stewart, Thomas Guthrie,
et Trail, et du rev. Ross ; — [’Union des Eglises Evangéliques de Francs s’était
fait représenter par le pasteur Crozat, de Châlons sur Saône ; et la Société
Evangélique de Genève par M^ le Ministre Dardier, directeur du Colportage.
L’Amérique nous avait envoyé, sinon des députés, un nombreux contingent
d’amis : le rev. D'' Elliot, prof, de Ihéol. à Chicago ; le rév. Dr Smith , prof,
de théol. au Collège Uni de New-York ; le rév. Henderson, mim'stre presbytérien de Chicago, recommandé par le rév. D'' Thom.son d’Edimbourg; et le
rev. Spencer, Missionnaire dans les Indes. L’Eglûe presbytérienne d’Irlande était
représentée par le rév. Wallaces, Missionnaire parmi les Juifs d’Italie; et [’Eglise
Episcopale d’Angleterre par le rév. Williamson. — M'le colonel de Scheerer
{Nice ) non plus que le rév. Ross, n’a pas jugé à propos de s’adresser au
Synode.
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Veut-on une plus belle preuve de Tunité vivante qui unit eutr’elles les Eglises
protestantes ? Il serait malaisé de la trouver; non pas que nous méconnaissions
en aucune manière les services éminents rendus par Y Alliance Evangélique ;
mais l’Alliance Evangélique ne s’est, jusqu’ici, adress ée qu’aux seuls individus,
tandis que, depuis nombre d’années, nos Synodes nous offrent le spectacle
d’une Union d’églises évangéliques. A Jésus-Christ seul Chef de l’Eglise , seul
médiateur entre Dieu et l’homme!, seul Sauveur, en soit la gloire.
(Chronique locale.
is avons rinfentiou de reprendre l’nne après l’antre, dans notre feuille,
les (piestions de (pielqu’importance qui ont été traitées ou seulement
Tor*r*o-lPolli<^o. L’événement le plus considérable, non seulement
de la semaine, mais de l’année, — que nous ayons a enregistrer aujourd’hui,
est sans aucun doute la .meion synodale, close le vendredi 21 courant dans
le temple de La Tour. Nous en avons donné un résumé en tête de ce numéro;
et nous
toutes
touchées par les représentants de nos églises'.
— Notre désir eût été de répondre ainsi que nous en avons manifesté l’intention, aux deux mots que nous a adressés, par la voie de la presse, le
Consistoire de la La Tour. D’autres soins plus pressants nous ont empêché de
satisfaire, aujourd’hui même, la curiosité de nos lecteurs. Mais ce qui est
différé n’est [las perdu.
— Don Amhrogio est revenu visiter Torre-Pellice et, dimanche 2.3 courant,
au moment ou Íes adhérents des deux cultes se rencontraient sur la place
municipale, à l’issue du service, — il est monté sur un banc pour haranguer
la foule. Le Révd. Docteur Guthrie et les amis qui l’accompagnaient, ont fait
un demi-cercle en face de l’orateur, lequel a été écouté très-attentivernent.
Et à peine était-il descendu de sa tribune improvisée, il y fut remplacé par
le Rév. Wall (de Bologne) qui, à son tour, s’adressa à la foule, et lui parla,
en un italien très-coulant, des principes positifs qui sont à la base de l’Evangile. Cette double prédication en plein air n’a pas .suscité le moindre inconvénient; et nous sommes particulièrement heureux de noter que l’on commence , è La Tour même , h avoir plus de respect pour la liberté de la
parole.
■ S. Giovaixiii l^ollico. On nous écrit.’
L’inondation et les dégâts causés par les pluies de l’automne dernier ne
sont rien à côté de ceux que l’orage du 15 courant a subitement occasionnés.
Le temps, quoique sombre, n’otfrait encore rien de menaçant à l’heure naême
de minuit, lorsque tout à coup les nuages gros de pluie et de grêle déchaînèrent sur nos pauvres campagnes et au milieu des éclats répétés de la foudre
l’orage qu’ils tenaient dans leur sein. En moins d’une heure tous les ruisseaux
et canaux d’irrigation furent remplis, et la pluie augmentant, leur débordement fut inévitable.
Partout les routes creuses furent converties en torrents, leur sous-sol et
leurs bords profondément altérés et endommagés. En bien des jocalités les
chemins furent rendus impraticables. Celui qui des Nazerotti conduit aux Airals
par les Marauda est encore actuellement occupé par le lit du torrent qui le
longeait. Nous devons en dire autant de celui qui des Blonats mène au fond
de Saint-Jean en passant par le petit bourg des Turins, oli plus que partout ailleurs l’eau a exercé ses ravages. Une voûte jetée à une trop petite élévation
sur le torrent de ce nom afin de servir de base à un hangar, en fut la cause.
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Quelque arbre déraciné ayant obstrué le passage des eaux, celles-ci refluèrent
dans les maisons voisines jnsqu’à la hauteur d’un demi mètre et elles auraient
certes encore élevé leur niveau et causé de très-graves accidents par le changement de leur cours, si par l’enfoncement d’une paroi en brique et le soulèvement d'une partie de la voûte, elles n’eussent bientôt pu reprendre leur
première direction.
Leur regorgement fut si subit et si complet qu’un cordonnier], déjà occupé
à son ouvrage à cette heure matinale (2 1|2 ou 3 heures a. m.), ne s’aperçut
pas plus tût de la chose, que déjà les eaux avaient envahi le sol de sa sombre
et étroite boutique Jusqu’à la hauteur du genou. C’est alors (|ue reveillés en
sursaut, les habitants de l’endroit virent une jeune veau s’etforçant de grimper
le long du mur de son écurie pour échapper à un bain involontaire, et quhiii
pauvre ouvrier maçon (}ui fut surpris dormant sous le hangar, risqua d’être
englouti par les eaux, et ne trouva voie de salut qu’en s’accrochant à une
cuve flottante jusqu’à ce que du secours lui fut apporté. — Il est peu de ponts
au dessus desquels le courant n’ait passé. Nombre d’entr’enx furent emportés,
et ceux qui résistèrent-ont subi de très-graves dégâts. Le Pellice a emporté dans
ses ondes menaçantes tous ceux qui depuis Luserne jusqu’à sa source offraient
quel(|ues légers obstacles à son cours. Il est en outre beaucoup à regretter
qu’à côté de tous les dégâts que les campagnes subirent par suite du déversement des eaux, la grêle ait aussi, du moins chez nous, porté de bien graves
atteintes à nos vignobles dont le produit sera en bien des localités réduit de
la moitié.
Certes les sinistres de ce genre ont bien de l’accidentel, mais remercions en
aussi nos bons ancêtres qui ont procédé avec plus d’avidité que de prévoyance
au déboisement de nos montagnes.
P. S. Même le pont en pierre jeté sur l’Angrogne à La Tour a couru un
danger sérieux par suite d’un éboulement sur un des côtés de la voie.
Cltronique |)oUtiquc.
Dimanche 30 mai les élections politiques, auront lieu dans les collèges de
Lucques, Casalmaggiore, Bologne 1°, etTurin II, laissés vacants par l’élévation
au pouvoir de leurs qu'atre députés devenus ministres. Minghetti, peu sûr d’être
réélu à Bologne, a prudemment accepté la candidature du collège de Legnago
oh il fut nommé le jour 23 courant à la grande majorité de 305 Votes sur 406
votants. À Turin on oppose an Commandeur Kerraris le professeur Coppino,
Recteur actuel de notre Université et ex-Ministre de l’Istructiou publique. Une
lettre récemment adressé à ses électeurs uous montre que le premier résignerait immédiatement ses fonctions do Ministre de l’Intérieur, si le résultat
du scrutin ne lui était pas favorable.
La Chambre continue à être déserte. La Gazzette Officielle du 22 courant
publie les noms des députés absents sans congés réguliers. Nous lisons avec
ceux de plusieurs de ses collègues piémontais le nom de notre propre représentant. Le budget du ministère de grâce et justice est voté. Celui de l’instruction publique est près de l’être. On loue beaucoup le rapport qu’en a fait le
professeur Messedaglia.
Le Ministère à présenté à la Chambre les trois projets de conventions, déjà
mentionnés dans l’exposé financier, et de l’acceptation desquels il fera dépendre sa continuation au pouvoir.
La discussion du projet d’abolition des privilèges du clergé touchautle reclutemenl militaire s’est fait au Sénat avec beaucoup d’animation; 67 votes contre
30 ont confirmé le vœu de la Chambre et du Ministère de la Guerre. Le di-
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scours prononcé à cette occasion par le comte Mamiani fut un véritable chefd’œuvre d’éloquence parlementaire dans lequel la beauté du langage a été
unie à la plus noble élévation des principes et des idées de la philosophie
moderne.
La Sacra Consulta, tribunal suprême de Rome, a enfin prononcé son jugement contre le 68 prévenus de Porta S. Paolo. Sept d’entr’eux furent relâchés,
les autres furent condamnés, qui à 20, qui à 10, qui à 7 et 5 ans de réclusion
ou de travaux forcés. Un seul fut condamné aux travaux forcés à vie. Point
de peine capitale. Après l’exécution de Monti et Tognetti, ce fait acquiert de
l’importance et mérite constatation.
Espagçixe. La votation d’abord lente des nombreux articles de la loi
fondamentale, procède maintenant au pas accéléré. L’article 32 confirmant le
principe du droit public moderne « que tous les pouvoirs émanent de la nation » fut acclamé par les Cortès à l’unanimité des votants, tandis que l’article
suivant qui établit la forme monarchique de gouvernement ne fut plus admis
qu’avec 214 voix contre 71. La fête-Dieu s’est pour la première fois célébrée
à Madrid, sans l’intervention oiTicielle de VAyuntamento et sans les secours pécuniaires qu’il avait coutume de fournir. On paraît comprendre aussi en Espagne, qu’en matière de religion l’Etat no doit être ni professant ni athée, mais
tout simplement incompétent.
France. Grande a été en France l’impression reçue par la lecture de la
circulaire que Thiers vient d’adresser à ses électeurs de Paris. L’éminent
historien reproche amèrement à l’Empire d’avoir substitué le gouvernement
personnel au gouvernement national à l’intérieur et de n’avoir abouti dans sa
politique extérieure qu’aux graves échecs du Mexique et de Sadowa.
nu-S-sio. On mande de Pétersbourg que le Czar Alexandre est malade.
Un accident survenu pendant qu’il traversait en voiture un pont de la Néva
avec son fils le granduc et l’émotion reçue à l’époque de la mort de l’amiral
Menzikotî et du ministre grec Métaxas aux funérailles desquels il a voulu assister personnellement, ont été , selon toute probabilité , sinon la cause , du
moins l’occasion de la maladie dont il est présentement oppressé et au sujet
de laquelle ses médecins ne sont pas sans inquiétudes.
TurnTiie. Le Sultan a ratifié le traité conclu par Daoub-Pacha avec une
banque allemande pour l’éxéculion du réseau des chemins de fer ottomans.
Autriclxe. Les délégations des deux moitiés de l’Empire sont convoquées à Vienne le Ir juillet prochain pour y décider des intérêts communs aux
habitants des deux cétés de la Leitha. A Liuz l’évêque, poursuivi pour une
lettre pastorale, a refusé de comparaître devant les tribunaux civils en alléguant
un bref du Pape qui le soustrait à la juridiction commune.
AVIS.
L’on a perdu, dans la journée du 18 courant (mardi, première
séance du Synode), entre le Temple et le Collège, un portemonnale
contenant quelques billets. La personne qui l’a égaré , peut adresser
ses réclamations au Bureau de Y Echo des Vallées, Via Maestra, 42.
Pignerol, J. Chiantore Impr.
A. Revel Gérant.