1
Cinquième Année.
31 Févriei' 1879
N. 8
LE
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
VoMS me sere: témoins;, Actrs Î,’S. la vérüé avec la ckaritc. Ep. 1, ]5.
PRIX D’ABBOnHEMKKT PAR Aw! «‘‘•bt'jme ; I ,, T q l’fcur Vlntérieuy cîjez MM. les ‘ ’ ‘‘ ■* ' pVii^eurs et les libraires de j Toni les payitide 1 Viiibn ^ .‘v. Torre’VeHicft. • ' , d» poste . il l^our T'.FiCiét'iewt'au Bureau â'Ad- Amériqûe , . " i ministtaiion. 1 II • 1 Uû l’-u plusieurs numéros sépa- 1 rés,. demandés avant le ti- 10 cent, chacun. Annonces : 2b centiibes par ligne.' Les.etwois d'avflieht*se font par. 1 iGlive reçi n\mandiie. ou par 1 manàais sur le fiureau de Pé^ 1 rosa Argentina.
1 Pour la RÉDACTION adresser ainsi : A la Directi' n du Témoin , PomSireUo \ Pînerolo) Italie, i Pour TADMINESTRATION adreitserainsi : Al'Administraiion du Téwoiw, Pomàretto ( Phierolo) Italie,.]
H O tn iriàï r*e.
Pierre Valdp 01 les pauvres de Lyon.
David Lanlarel. — Correspondance. —
L’Anti-Chfist. — üiJ Inmigoon qui fume
encore. Nouvelles religieuses H (ails
divers. — llevuè pdlilique.
^ « l'IEßRE V4LD0
" . ( ■
ü les panvres de Lyoïi
H.
La Parole de Dieu ( Suite ).
Cépendanil, il ne se pouvait faire 'que
la luiWière demeurât longtemps cachée.
Ceux-là mêmes que Valdo secourait de
ses biens, depuis des années, furent
lespremiers' à profiler de''ses' enseignemêntsi Comme il leur avait fait'
part *de ses' Wcbessfes temporelles ; le
chàrilable négociant ne pouvait inanqiier' de" leur communiquer aussi les
trésors de gi’àeë'qU’it venait de trouyei"
pour lui-même dans la Parole de Dieu."
il les atlirait: dans sa propre derneure;
et là, n’ayant' toujours que sa Bible
latine et manii&crile ; il se cOftlëntàil
de traduire simplement et à 'mesui'è'
en latKfiie’ vulgaire le 'lejcie iaÉin du'
Nouveau' Testament qiCil suivait du
doigt. ' Sans prétendre qitià la suite,
ou' à côté' de'celte tradüclièn orale ,
Pierre "Valdo ■ se soit' interdit absolü
meht''toulc rêfleiti'ori sûr la portioh
des Rcrilures qu’il lisait, ce'qui eût*
été difficile , nous serí|ús disposé à
ci'oiré que' dàiis'Mes cômnienceiUeuts"
il se bornait à donner connaissance du
texte évangélique aifssi puremeiil que
possible. Il n’en 'fallut pas d'avantage'
pour remplir sa maison d’uné'multiinde' d’hommes etdè femmes qu’aUifait
celle, lecliire. On vit'alors lo'’'palaîâ du
ricbé''négoéiaftl' se iraÈfsfiïtmer à la
fois en école et en re'fugè, 'pour parler
avec' nos historiens , et vou'¿ eussiez *
difficilemenl* pu dire si c’était là une ,
Béihel ou une Betbléém , car on'ÿ ’
rompait successivement le' pain qui'
nourrit'le corps' et le pain qivi'ddnne ‘
la vie'éternelle.
[.a biblS de Pieri’é Vaido était eñ
latin, comme nous l’avons dit. S’il
existait quelque autre version partielle
en langue vulgaire, œuvre des premî'eb
vaudoisl toujours rallaibil én multiplier
les copies pour en faciliter P.ICquisîsili'on aux gens peu mbÿenijés. Maik '
on était alors à piafe de deux siècles
et demi avant l’imprimene, et l’óií '
n’avaii 'de livres' qub ceux que l’otf"
copiait à'grand frais de temps et d’argent. « Une ..bonne'copie de la .Bible"
auhail àoûlé, nous dil-ôh, plus de 1500'
francs sans compter la reliuté' et'le
parchemin; ’alors' trèfe chers àufesi ; l’écrivaiii le plus habile n’y aiii’àil pas
employé'moins de dix mois içnlier.s » ,*
en soiTe-quë ce précieux voUime qu’un"'
2
58 .
ouvrier se procure aujourd’hui avec le
gain d’une seule, journée , il aurait
fallu pour le payer, au temps de Vaido,
le produit de plusieurs années d’un
Iray^iiil assidu. Les prêtres, tout occupés^de satisfaire leur amour des plaisirs ou de l’argent, ne s’étaient guère
souciés de rnelli-e ta-Parole de Dieu
à la portée du peuple, trouvant d’ailleurs beaucoup mieux leur compte à
laisser ignorer l’Evangile qu’à le répandre. Ce que les prêtres ne firent
pas, Dieu mil au cœur du pieux négociant de ¡’accomplir, et Vaido entreprit de traduire m langue romane
ow gauloiie les Saintes Ecritures du
¡Nouveau Testament et des Psaumes,
en attendant qu’il pût en faire autant
pour la Bible toute entière.
Il y avait' alors à Lyon deux jeunes
clercs qui étudiaient pour la prêtrise.
Vaido, qui était assez instruit pour
juger de l’exactitude d’une traduction
du latin, mais qui n’aurait eu ni le
temps ni les forces de se charger à
lui seul d’un si grand.ouvrage, fit avec
eux un arrangement. Pour une somme
convenue, l’un, Etienne d'Anse, plus
avancé, devait traduire du latin en
langue romane |les livres de la Bible
que Vaido lui indiquait ; l’autre, Bernard ydroi, jeune encore et très pauvre
alors), mais copiste habile,.fut chargé
d’écrire de sa plus belle main sous la
dictée du premier. Aidé de ces deux
éludianls, et s’entourant d’ailleurs de
loutés les ressources que pouvaient lui
fournir son argent et les lumières de
de ses amis, Pierre Vaido mit coiira-,
geuseraenl la main à cet ouvrage important. ,
H aurait pu se contenter de suivre
simplement la version latine qu’il avait
entre les mains ; mais autant Vaido
était impatient d’ouvrir l’Evangile au
fieuple, autant il avait à cœur de ne
ui donner que la traduction la plus
fidèle qu’il poturait, si profond était
son respect pour la sainte Parole de
Dieu, tout en suivant la Vulgate , il
fallut donc consulter ou faire consulter
des manuscrits, dont plusieurs se trouvaient dans les bibliothèques de Piémont et de Lombardie. Il en résulta
que vingt fois, on l’a compté, dans le
seul Evangile de St. Jean, le Iraducleur crut devoir s’écarter du texte latin
qui Ini servait de guide.
Ces difQcullés n’empêchèrent pas
qu’on n’eût en peu de temps traduit
un certain nombre de livres dont il
fut permis à tout le monde de tirer
des copies.
En 1179, deux vaiidois (Valdesii)
envoyés à Rome, à l’occasion du concile de Lalran, furent en mesure de
présenter de fa part du iraducleur an
pape ' le Livre des Psaumes avec des t
annolalions, —■ ainsi que plusieurs i
autres livres de l’Ancien Testament et
du Nouveau , tons en langue vulgaire
ou romane.
C’était depuis que le latin avait cessé
d’être compris de tout le monde , la
première fois peut-être qu’un homme
avait le privilège de présenter à la
France, à l’Espagne et à l’Ilalié, dans
une langue sinon parlée de tous, du
moins intelligible à des millions de
personnes, un recueil un peu complet
des Saints Livres où Dieu a déposé
pour le peuple les trésors de sa grâce
et les secrets de sa volonté. Le concile, .
on le pense bien, n’avait point fait à *
la traduction de Vaido l’accueil qu’il
en avait espéré. Mais il y avait alors
dans le monde des milliers de personnes capables d’apprécier le service
que le marchand de Lyon venait de
rendre à l’Eglise de|Dieu. Les vaudois
d’iialie par exernple ne furent pas ceux
qui profilèrent le moins de cet inestimable bienfait. Non seulement ils acceptèrent pour leur propre usage les
livres traduits à Lyon, mais ils s’employèrent de tout leur pouvoir à les
transcrire à leur tour. Ce fui toujours
le premier besoin des vaudois de tout
pays de mettre la Parole de Dieu aux
mains du peuple, afin que chacun soit
en état de sonder par lui-même les
Ecritures et d’arriver par-leur moyen u
à Celui qui est la vie étemelle.
On vient de voir ce que fit Pierre
Vaido. Deux cents ans après lui (an
1380) Wicleff de Lincoln, suivant les
traces du traducteur Lyonnais, donnait
à sa patrie la première traduction complète des Ecritures en anglais. Bien
plus tard, en 1535, devait paraître
3
• 59.
aussi pour la première fois en lauffue
française • la Sainte Bible loul entière,
traduite, par ordre d’un Synode d’Angrogtie (ÎSseplembre 1532)et imprimée
à Neuchâtel aux frais des vaudois. C’était
de la part de Wicleffla meilleure manière de continuer l’œuvre de Vaido ;
c’était pour les églises vaudoises une
preuve de plus qu’elles furent toujours
les églises de la Bible.
(A suivre),
D4VID mumi
Monsieur le Rédacteur,
Votre correspondant du Va! Pellice
en vous envoyant quelques détails sui'
la mort du regretté David Lantaret vous
a annoncé des données plus complètes,
promises par un de ses collègues sur
la vie de ce cher frère. Ce collègue ce
Eeutfêlre quiconque a connu le cher
arba David et possède sur sa vie queU
ques détails propres, non pas à gloriiier l’homme mais à édifier les lecteurs
du Témoin. Pour ce qui me concerne
voici ce qui dans la vie de notre frère
me semble devoir intéresser vos lecteurs.
David Isac Lantaret naquit à Saint
Jean le 17 décembre 1802. D’un caractère doux et débonnaire il avait su
si bien dés sa jeunesse, s’acquérir
l’affection et l’estime de ses coréligionnàires, qu’à l’âge de 25 ans il fut
élu ancien* de son quartier. Des membres de la famille de notre frère, nous
assurent que les sentiments de piété,
dont il était déjà alors pénétré lui
avaient été inculqués par sa mère,
qui lui avait appris dès son enfance à
aimer et à respecter la Parole de Dieu.
Ce fut vers l’an 1827 qu’eut lieu aux
Vallées ce que nous avons appelé le
réveil. Ce n’est pas ici le moment de
dire quels en furent les* commencements, mais ne serait-il pas à désirer que
quelqu’un qui l’a vu de près voulût
bien nous en donner rbistoire dans
votre journal; un tel sujet ne pourrait
qu’intéresser le public Vaudois. L’ancien Lantaret fut un de ceux qui prirent part à ce réveil déjà éloigné de
nous d’un demi siècle. Il entendit la
prédication des deux instruments dont
Dieu se servit pour rendre quelques
personnes allenlives au salut de leur
àme, André Blanc et Félix Neff; il
s’unit à elles pour lire la Parole de
Dieu et prier Celui qu’elles venaient
de connaître comme leur unique Sauveur. De telles réunions étaient considérées par plusieurs comme des nouveautés dangereuses et contraires à la
religion. L’ancien Lantaret n’ayant pas
voulu consentir à ne plus les fréquenter
dut renoncer à la charge qu’il avait
occupée honorablement pendant quelques années.
Dès lors il fut un des membres les
plus vivants et les plus actifs de la
réunion dite des Odins. Son but, pour
m’en tenir à ce qui regarde ce vénéré
frère a été celui de Iravatiler au réveil
de la foi et de la piété au sein de nos
vallées. — Voici quelques uns des
moyens employés par lui et ses amis
pour atteindre ce but:
1* Des course.s d’évangélisation dans
lesidifférenles paroisses des vallées pour
y tenir des réunions religieuses; ces
visites furent bénies pour bien des
âmes.
Le cher Barba David, accompagné
ordinairement par un autre frère, s’en
allait de paroisse en paroisse, réunissant partout ou cela était possible ceux
qui sentaient le besoin de s’édifier par
la lecture et la méditation de la Parole
de Dieu et par la prière. Ce qui nous
parait maintenant indispensable, était
jugé alors une innovation dangereuse,
aussi ce fut souvent au péril de leur
vie que ces frères durent maintenir
leur droit de se réunir pour rendre à
Dieu leur culte. Ne sont-ils pas dignes
de notre sincère, reconnaissance pour
nous avoir ouvert la voie dans laquelle
aujourd’hui. Eglises et, Pasteurs sentent le besoin de marcher?
2® Un autre moyen auquel ces amis
recoururent encore pour la vivification
de leur chère Eglise Vaudoise a été
celui des écoles du Dimanche.
Les premiers écoles du dimanche
aux Vallées ont eu lieu atix Odins et
ont été présidées par le bienheuieux
Antoine Blanc et David Lantaret en
4
,60.
parlicnlier. Tous ceux qui ont assislo
il ces .réunions se souviennent qu'un
certain nombre d'enfants récitaient des
portions de l’Kcriture qui lui étaient
ensuite expliquées, ainsi qu’aux adultes
qui assistaient volontiers à çelle première partie de leur culte. Ce ne fut
que plus lard que ce moyen si propre
à faire pénétrer les précieuses vérités
de l’Kvangile dans l’esprit et dans le
cœur de.s pelils et même des grands
s’élabiii dans nos paroisses.
Notre cher Barba David,excellait dans
ce genre d’instruction , sa bonté et sa
simplicité lui gagnaient,bientôt le,cœur
dés enfants. Tes paroisses de St. Jean,
d’Angrogne et de Borà ont eu le pi'ivilège d'avoir de nombreuses écoles du
dimanclie, dirigée.s par noireifrère aiix
Ociins, dans les écoles des,Gonins, du
Martel ql des F’iisipes. Ce qui conlri,buajt à rendre ces écoles imére.s.s;mles,
c’était le chant des cantiques, toujours
si goûté par les enfants, Ür notre frère
aimait beaucoup le chant, et il y recourait souvent pour réveiller l’allenlion de sou petit auditoire.
Si vous pensez, Monsieur le Directeur,
que ces communications piijs.senl iuléresser vos lecteurs, je les continuerai
dans une prochaine lettre car celle-ci
aura déjà dépas.sé, je crains, l’espace
que le Témoin peut m’accorder.
Croyez-rnoi en attendant,
Voire tout dévoué frère
A. Gay, pasteur.
(fTotreoppubance
Monsieur le Diredeur,
j’ai lu avec salisfaction les deux lettres datées l’une du Périer, l’autre de
chez moi au sujet, des agissements de
l’inspecteur Troncone. C’est vous dire
que je partagé complèlerneiu les . vues
de vos deux correspondants. Je ne
viens donc pas prendre la défense de
M. Troncone, je ne pourrais le justifier,
ni même l’excuser, sur une Joule de
points. Permellez-moi loulefois de réclamer pour lui CO qu’on appelle les
circonstances anémiantes. Je.qi’expbque et je voies donne mes motifs. Tout
employé qui arrive chez ¡nous d’une
aube province de notre patrie .ne nous
connaît pas, n’est pas au courant de
ce qui,nous conceme, ni au point de
vue de la.religion, ni au point de vue
de l’instniclion. Il ignore notre passé
et notre présent. .Vous me direz : « qu’il
l’étudie! qu’il s’informe!* Vous avez
cent fois raison. Aussi, je le répète,
je ne veux excuser ni M. Troncone ni
aucun de ses pareils. Il ne suffit pas
d’avoir des diplômes, de.s. cerlificals,
il faut autre chose encore pour être
bon inspecteur. Mais comme il est
beaucoup plus commode de ne vouloir
connaître que la loi et le règlement,
de s'y tenir .envers et contre tous, de
les appliquer partout de,la même manière, j'allais dire brutalement , d'on
trouve plus simple do le faire. Par là
l’oii s,e croit en règle avec tout le
monde; l’on a, pensc-l-on, fait preuve
de libéralisme et d’impartialilé.
Un itispecletii' venu de loin peut se
croire d’autant pins dans,Ipibonne voie
qu’en appliquant aveuglément la loi et
¡le règlement, il obtient l’approbation
,el les éloges de ¡bien des vaudois....,
de naissance. — C’est ici que je vois
le principal motif des circonstances
atténuantes que j.e ¡réclame pour mpri
client, M. Troncone. Si les v|mdo,is qiii
par leur position auraient pu éqlairer
iM- il’ln.specteur l’avaienl fan , s’ils lui
avaient donné les remseignemenls dont
ils avaient besoin comrnû étranger à
notre religion, à nos coutumes, à notre
petit pays, je veux croire que M. l’inspecleur aurait accepté, venant d'eux,
tes informations qu’ils lui aurajeAlidonnées. Je ne connais pas M. Troncone,
pas même de vue , mais je ne pense
pas qu’il ail voiibi tracasser q,uj que
ce soit, de propos délibéré et pour le
plaisir de tracasser 11 :v cru être dans
son droit, sur la ligne ,du deyoir ; il
n’en savait pas daiVîmlage, malgré Iqus
ses diplômes et Ions sqs plus brillants
témoignages, peut-être même à,cause
,de ces éclatants documents.
Si, par exemple, on lui avait dit
que les pasteurs vaudois piU toujours
été et sont encore les amis de l'ins-
5
------.„61.
trnction, qu’ils ont élé les rondaleurs
de beaucoup d’écoles, qu’jls n’o.nl cessé
et ne cessent d’inléresser les bienfaileui’s élrangters en faveur de nos écoles
et d’eiciler leurs paroissiens et même
les conseils communaux en faveur de
celle sainte cause; on n’aui'ail dit que
la vérité, et l’on aurait rendu un grand
service à M. l'Inspecteur qui aurait vu
dans les pasteurs des alliés et non pas
des adversaires, des aides pour appliquer toujours plus parfailctnenl la loi de
l’inslniction graluile et obligatoire qui
est depuis longleiups dans nos mœurs.
Aussi bien loin de vouloir mettre
le pasteur hors de l’école , il l’aurait
prié de l’y remplacer et d’y multiplier
ses visites et ses bons conseils. Si l’on
avait |f‘*‘t observer <à M, l’Inspecteur
que la plupart de nos écoles, pour ne
pas dire toutes, ne .sont pas des écoles
communales , iriais,¡des écoles paroissiales , des écoles,confessionnelles , et
que les écoles purement communales
sont encore à créer parmi nous ; si
des Vaudojs lui avaient dit que l’école
vaudoisé est, un non-sens sans la Bible,
mais que du reste le livre divin, source
de lumière , de liberté, de piété et
de moralité, n’est pas une entrave au
développement du . programme de l’enseignement pritnaire; s’ils lui avaient
du que le régent .n’enseigne même pas
la religion , mais .fait une lecture de
la Bible, aU ;poinl de vue de l’édificalion et comme culte, et que l’objet de
l’enseignement est l’hisloi.re biblique
pour laquelle nous ne réclamons au
fond quaine demi-heure chaque jour
d’école, ainsi deux heures et demie par
semaine, au lieu de deux jours, je
veux croire que M. Troncone se serait
rendu à ces raisons, venant de personnes non suspectes.
Je pourrais multiplier les exemples
et; généraliser le sujet sur lequel je
vous écris en rappliquant, soit an
Collège auquel le Gouvernenienl a ôté
le .subside qui lui avait été accordé
depuis 1848, soit aux impôts écrasants
dont les pasteurs cl les professeurs
sont frappés, puisque pour une partie
de leurs lionoraires le fisc ne perçait
pas moinsdirectement ou indirectement, de fr. Si 20 pour cent, — Peut
être reviendrons nous plus tard sur
ce;| sujet. Pour le moment permeüeziious,'monsieur le Directeur, d’insister
pour ,faire accorder, à M. Troncone qui
personnifie pour nous rinspecleur et
l’agent du Gouvernement,, le bénéfice
des circonstances alléniiautes, et disons avec le poète ;
Votss n'avez point ici d'ennemis que vous
[mètiies;
Agréez etc.
l’Anti-ührist.
(Suite ¥. N. 3.J
^ Quelle que soit la.valeur des observations précédentes, permell,ef moi de vous
mettre sous les yeux, ce que M. God.el
écrit de l’Anlidiiist dans son Essai.sur
l’Apocalypse. Nous voudrions bien vous
le transcrire en entier, mais .comme ce
serait un peu. long pour les, colonnes
de notre petit journal, nous alfans
vous en donner un abrégé aussi fidèle
que possible, ,.,,,
Anliçhri.sl signifie Cçrilçe-Chrisl ou
Ami-Messie. L’Anli-Messiel,* aussi bien
que le Messie hii-même, est nécessairement un fruit du judaïsme. D’après
l’apôtre Paul, r/ionnnc du pécAé réalise le faux Messiejuifvoulu par l’Israël
charnel, eu opposition au Mes.sie de
Dieu. Ce personnage sera risraëliic qui
consentira à accomplir ce que Satan
demandait â Jésus : «Si lu rn’adorcs ,
je le donnerai tous ces royainncs et
leur gloire ». Du temps de l’apôtre
ce qui empêchait l’iiomme de se manifester, c’était la puissance romaine.
Chez Paul comme chez Jean l'Anlichrisl
représente une religion opposée à l’Evangile , en même temps qu’un pouvoii' de nature politique. Ces deux traits
réunis ne conviennent naliUjt’ellemeot
qu’à un juif». La naiurc môme des cAoses
fait aisément comprendre que, comme
c’est du peuple juif qu’est sorti ce que
rimmanilé a produit de meiileur, c’est
de lui,, au.ssl que doit sortir ce que
l’humanité produira de pire». Lejuif
occupe la première p)açc, qu’il s’agisse
d’adorer, ou qu’il s’agisse de,blasphé-
6
mer. Li’hisloire rend lémoî^nage de la
haine persécnlrice des juifs dès'qu’ils
onL le'pouvoir en main. Lisez I TnESS.
Il, 15,16. Le tableau que l’Apocalypse
trace de l’AiUiclirisl ne paraît pouvoir
.s’expliquer qu’en tant qu’on l’applique
à un juif. • I’
La bêle qui a élé\ qui n'est plus ,
et qui sera. Ut téle blessée à mort qui
a précédé celle qui lègne au moment
où écrit Jean , et qui sera guérie miraculeusement, se rapportent à Israël,
à sa destruction et à son rétablissement final pour former la huitième
monarchie ’dont l’Anli-Messie sera le
chef. — Mais la puissance juive, peutelle raisonnableiqenl être l’une des
sept têtes de la bêle? Au point de
Vite de l’histoire religieuse de l’humanité, — et c’est celui do Jean, — l’on
peut répondre' afïirrnalivement. — Car
• Israël a joué envers l’Eglisô naissante
exactement le même rôle que l’Egypte
envers Israël hii même à son berceau •.
D’après cela, les qiiàlfe prem îères têtes
de la bêles dôivont èti-é lês 'élats suivants ; Dans les temps dé l'ancienne
alliance: ['Egypte, l’Ass^n'e et la Babylonîe, la'’/•'erse et la érrécé, avec son
qùdncipal représentant, Antiochus, Epiphane, le vrai Antichrist de celte première période, le persécuteur proprement dit. Leg'qaatre têtes hostiles à
TEglrse’durant le temps des Gentils,
sont r /sraè?"lui-même , rangé parmi
les' nations de la terre. Les juils ont
déclaré n’avoir pas d'autre roi que
César,'ef Jean les appelle, la
de Sitfcwi. Israël est donc la cinquième
bête, celle qui a été' comme blessée à
fiiorl, par le glaive romain en l'an 70.
«Israël, le premier des peuples, dis'paru subilernent du rang des nations,
voilà la bête qui èMii', et qui n'esl
bien qu'elle soit, et. qui, ajoute
a prophétie, sera de nouveau » Apoc.
xvtr, 8jH'. bu sixième tête (la seconde
par rapport à l’Eglise) c’est la puissance romaine qui règne sur le monde
au moment où écrit Si. Jean. « Cinq
sont tombés, l’w» est, eji l’autre n’est
pas encore venu el quand il sera venu,
il ne durera qu'un peu de temps ». La
Septième tête (le troisième .Anlichrist
du temps des Gentils )■ qui doit durer
peu de lenips, fera table rase de la
puissance romaine, le retenant, de II
Tuess. Il, 7, el préparera ainsi l’avènemeiil du pouvoir final anti-chrétien.
« Alor.s pai'aitra l'Anliclirisl , la huitième tête el en même temps le monstre
entier, sortant cette fois non seulement de la mer des peuples ( Apoc.
xm, 1 ) mais de Vabîme, en vertu du
souille diabolique dont il est animé
( Apoc. xvii , 8 ). H se présentera à
l’humanité désorganisée et désespérée, comme son Sauveur, • il s’assiéra
comme Dieu dans le temple de Dieu».
( El à la stupéfaction de la terre entière le détenteur de ce pouvoir se
trouvera être cet Israël que l’on croyait
rayé à jamais de la liste des peuples....
qui sortira lout-à-coiip de sa iombe
comme ce qu’il est réellement, le premier des peuples, celui auquel appartient, quant au bien comme quant au
mal, le scepli’e du monde
Uu loiuignuo qui fume encore '
Nous lisons dans le Christian Hèirald
qu’une congrégation d'un village de
l'Illinois avait dépéri au point qu’on
la croyait morte el une commission
fut envoyée pour la licencier. La commission vint à Quincy ( c’est le nom
du village) et demanda des nouvelles
de l’église.
— Point d’église,
—• El les anciens ?
— Point d’anciens.
— El les diacres?
— Pas de trace.
— Et les membres de l’église hommes ?
— Pas un.
— El les femmes?
Il y en avait M«e seule. La commission !.i chercha el lui fit connaître
l’objet de sa mission.
— N’avez vous pas honte d’une
telle mission , Monsieur? leur dit la
digne chrétienne. Allez dire à ceux
qui vous ont envoyés que je ne veux
être licenciée ni dispersée ¡^dîsùctMiiedJ.
Dites-leur que ce qu’ils ont de mieux
à* faire c’est d’envôyeé ici un homme
7
~63
de Dieu pour prêcher l’Evangile et pour
édifier l’église. On eut beau lui faire
des objections, elle ne voulait pas entendre parler d’être licenciée ni dissoute....
On vit dans cette insistance une vocation. Le prédicateur fut envoyé, un
réveil s’opéra et l’église fut réorganisée.
Celle congrégation se sulBl maintenant
à elle-même et compte 133 membres^
itouweUc0 religiciiöe0
et faits .divers ,,,
Italie. — Un grand bazar destiné
à procurer des fonds ppnr l’œuvre
d’Evangélisalion de l’Eglise yaodoise,,
est en voie de s’organiser à .Rome.,,
par les soins de MM. .les pasleursiRibelli et Boclial, 'et sous le haut patronage de Lady Pagel, femme de l’ambassadeur anglais auprès deS.M. le Roi
d’Italie, et de plusieurs autres personnages de distinction, dames et messieurs. Nos meilleurs vœux pour la
bonne réussite de cette pieuse entreprise.
Suisse. — Incendie tenHble. Un des
plus charmants villages de l’ObérIand
Bernois, celui de Meiringen, si connu
de tousses touristes, n’e.visie pins. Un
incendie aiiquel un vent violent du
Sud a donné une inlensilé extraordinaire, l’a presque eniièremenldétruit,
dans la journée du 10 février. Sur 2Ü0
bâtiments dont il se composait, 130
ont été réduits en cendre, suivies-,
quels 60 maisons dMiabiiation. Quatre
cent-cinquanle-cinq personnes sont sans
abri, et cinquante à soixante familles
dénuées de toute ressource. Quel cbarap
ouvert à la charité, pour venir en aide
à tant de misères ! ,
France. — Le yrojet de loi sur l'organisation de l’Eglise Luthérienne'’en
France, que nous avons, dans un précédent numéro, annoncé comme ayant
été définitivement adopté par le Sénat,
ne l’a été qu’en première lecture.
— Les conférences entreprises sur
différents points de la France, par
une élite d’hommes aussi ¡courageux
que convaincus, pour pous.ser les populations â se détacher oiïiciellemenl
du catholicisme romain auquel elles
ne tiennent plus par la conscience ,
se succèdent avec grande fréquence et
les meilleurs résultals';’ A Venioh, où
s'étaient rendus MM. Bouchard et PeyreGouranl, « les deux orateurs» dit le
journal de la localité, « ont captivé
. l’altenlion pendant deux heures un
9 quart, sans que personne demandât
• à quitter sa place. Les galeries étaient
• encombrées, les portes assiégées,
» les corridors pleins, la scène gafnié
» de speclaieurs. Si les Orateurs sont
» mécontents, ils'ne: sont pas seule» ment difficiles, ils sont ingrats ».
Mênie fonte empressée^ attentive et
visiblement' intéressée a S‘ Quentin,
à Fresiloy, à Robain , où M.» Réveil-- ■
laud a tenu une série dé- conférences!
Dans chacune de Ces localités; et â plus
d’une reprise, le conférericier a fortement insisté sur la nécéssilé'de s’attacher fl l’Evangile, qui seul répond aux
aspirations profondes de l’âme hunmine;
et partout sa parole facile, pénétrante
et éminemraeni sympathique,'a produit
un effet considérablej v
— L’inauguration de l’église dita.
Gallicane de l’éx père Hyacinlhe, qu’un
télégramme, d'un de nos journaux le
plu.s franchement libéraux pourtant ,' j
qualifiait de chose ridicule, ' de véri-table farce, est jugée bien différemment
par les per.sonnes sérieuses qui opt
pu y assister. Le public composé d’amis
et d’ennemis et de beaiiGonp de; curieux était considérable, trois fois, assure-t-on, ce que le local (où pourtant’
il y a place pour 1000 personnes )> aurait pu contenir. Sans doute le ; cuite
ne is’y est pas célébré, cette premièi'e
fois, avec lej.calme et la solennité avec
les quels il s’y célébrera certainement
à l’a venir, quand les opposanLs et les
curieux auront disparu et que l’cnceinle ne sera plus occupée que par
des fidèles.-SansüdRitie ij y.a-ifaîi.s la
position du pieux ex-carmélite, persistant â se dire ,membre, d’une Egli,se
qui le repoussé et le maudii, et,’pfoleslani aux'irois quarts,,répudiant de
toutes ses forces ce titre, uné"''cbnUa-
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>\AA>u*vi
diction patente el par suite iin germe
de faiblesse dont son œuvre ne pourra
que se ressentir défavorablement à
Paris, comme elle s'cn est ressentie
défavorablement I déjà à Genève; Mais
personne qui ait le sens des choses
religieuses , et qiii ait entendu, ne
fût-ce qu’une fois, i’ex père Hyacinthe,
ne pourra 1 refuser süti admiration à
cet homme sincèrement et profondément chrétien et qui., par lidélité à
sonidovoir, a su éohangei'i la position la
plus brillante contre,la. plus humble,
iespvaiiGns des multitudes se pressant
aiitpur de, sa chaire de Notre-Dame ,
contre les imprécations des adversaires
et les dédains moqueurs des sceptiques
et des incrédules. ' !' .■
— Emprisonnement d'tin dignitaire
ecclÉs,iast^ue. M, Marei, curé de Vêsinet
(Spine) et de plus camérier secret du
Pape., missionnaire apostolique , cha-;
noiiie lionoraire des Diocèses d’Agen ,
Bordeaux et Coulancer, a été derniè-'
remenl, arrêté, el>,an milieu des huées
de la population, a .été conduit, sous
bonne escorte, à la: prison de Versailles.
Il esli inculpé de crime Irèsrgrave
contre les rnœnrs.i
Afrique du Sud. — Un événement
qui pourrait avoir les conséquences les
plus désastreuses pour la Mission au
Sud de rAfrique, est l’anéantissement
presque cornpleli par les Ztmfons, d’une,
colonne anglaise envoyée conlr’enx par
lei Gouvernémenl du Gap. 102 voitures
d’approvisionnement, 1000 bœufs, 400
obus, 1000: fusils, plusieurs canons et
le drapeau sont, tombés an mains de
l’ennemi, qui a de plus lué aux anglais 500 hommes et 60 officiers. Les
mesures les plus promptes et les plus
énergiques ont élé prises par le gouvernement de la reine, pour mettre la'
colonie à l’abri des terribles consé-'
quences q.ue ce désastre pourrait amener à sa suilei« ; ¡.
îReiîUc.
MtaHe. —. La Chambre .a discuté,
lomguerrtept ,le budget de Jlinlérieur et
l’a apprpuv.é. Elle a enspjle.'.passé à
celui de la'guerre. Majs comme elfe
en a encore plusieurs à examiner et
snrioul celui des entrées, le miriisière
lui a demandé ainsi qu’au Sénat l’exercice provisoire pour le 3® douzième ,
c’est-à-dire pour le mois de mars.
Des étions soni faits pour réunir en
im seul tous les différenis groupes de
la gauclie, et surloul les groupes Déprélis, Orispi et Cairoti, pour les opposer à la droite qui s'est placée sous
l’hégémonie de Sella. — La combinaison .a-l-elle réussi? Le groupe de
Niéolera paraît vouloir continuer à
faire caste à parl.¡
En attendant nbs honorables ne font
pas beaucoup de besogne, ils s’occupent beaucoup'plus des intérêl'S-'de
leurs' partis que de ceux de la pairie.
Les docteurs chargés d’examiner
l'état menlal de Passananle ont enfin
déclaré à l’unanimité que ce malheureux, peu bien doué au point dé vue
intellectuel, n’estçependant al teint d’aucune espèce de folie et n’a jamais
donné aucun signe dé démence; ce que
Passananle lui-même, en contradiction
avec son défenseur, nlïirme aussi,
tout en protestant contre ceux qui disent le contraire
France. — Le Gouvernement républicain comi.nence à rencontrer bien
dés difficuliés avec les partis extrêmes,,
les radicaux auxquels semblent vouloir s’unir, les bonaparlisles.V|.
Angteterre. — Qe pays a sur les
bras, oulie la gueire de rAfgbaniçlan
et' celle contre le roi de Çpurnassie ,
iine Iroisièuie contre les Zoiilous dans,,
rAfrique méridionalé. Les Irpupa.s. anglaises ont subi un grand .échec ; onli
perdu 60 officiers, 500 soldats et un'i
immense matériel. Natal était menacé.
Dés renions étaient demandés à l’Aiir
glelerre.
— Bismark a déclaré
que l’enlenlei avec le Vatican n’est pas
près d’avoir lieu. i;
Erxkst ItOBKR'r, Gérant eï Administratévr.
l’igueroi ; Inipri CliiaotürC'eti Jlasearelli,