1
Année Huitième.
IMUX IVABBONNESIENT PAR AN
Malie . . .. I,. 3 '
Toiis les pays dr rOnion |
de poste . . . • ,
A tnél-iqne . . . * ^ |
OII s' I l)i>niie :
l’our V Inléritiv.)' t'Iiez MM. I»>s
paiHteurs «t les iiljruH'es de
7'orre PeUio«.
l’oiir rà'rw/.(9)'i>JfJ'« Il HiirMau d’Ad
ministiation.
N. 13.
31 Mars 1882
\ Un on pJusieura nnméroR sép«' rés. demandés avant I« ti
' rage 10 cent, cliacnn.
Annonces: 25 centimes par ligne.
Les envois d'argent ae font par
lettre reconymandee on par
I mandata sur le Bureau de />•
rosa Argentina.
l-’our la RÉDACTION adresser
ainsi : A la Direciion du Ténioin,
Pomaretto fPinerolo) Italie,
l'oiir r ADMINISTRATION adresserainsi; A rAdministration du
Témoin, Pomaretto iPinerolcJ
Italie.
LE TEMOIN
ECHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Volts oie Snsrei témfiins. Actes 1, 8.
sio I»» »»1 a ii*o.
31 Mars. — Ouplijucs notes sur l’histoire lies (Communautés du Val-I.usonio
( Péiis). --De Piguerol a Pral avec Gilles.
— Jean Uivoiro. - Los adieux li’uue
mère. — Noiaellcs religicmen, r- CtironUjue
vauduise.
Suivant la vérité avec la 'charité. l£i*. 1,15»
31 MAFIS.
Nous avons lu, il y a plusieurs
années, dans un livre, dont nous
ne saurions indiquer ni le litre, ni
l’auteur , un mot que nous avons
noté et qui nous tombe par hasard
sous les yeux: ce mot très singulier
est le suivant : Aà ! nous savons
maintenant que, s’il y a un enfer,
les élus ' sbnt à plaindre dans leur
paradis.
Est-ce défaut d’intelligence, étroitesse de jugement, manque absolu
ou insuffisance de sympathie, le fait
est que, comme nous avions été
scandalisé à une première lecture,
nous venons de l’être tout aussi
sérieusement en relisant celte sentence. Passe encore si c’était la
pensée de l’un ou l’autre de ces
auteurs, soi-disant libéraux qui, à
tout propos et sous les formes les
plus diverses, s’acharnent à renverser toutes les bonnes vieilles croyances "Scripturaires. — Mais non; si
nous ne faisons erreur, le livre où
se trouve la sentence qui nous occupe a la prétention d’être écrit au
point de vue chrétien et dans l’esprit de l’Evangile; c’est là précisément ce qui nous étonne et qui
dépasse notre conception. —- Nous
avons essayé de déduire de celte
pensée la conséquence la plus nécessaire et la plus logique, et voici le
résultat auquel nous sommes arrivé.
Nous supposons charilablenKuit que
l’auteur est un des élus du Père,
l’un de ces petits enfants auxquels
il lui a plu de révéler les choses
cachées aux sages et aux intelligents.
Ayant achevé la course qui lui était
proposée et gardé jusqu’à la fin ce
qui l’a soutenu au commencement,
il entend enfin celte ravissante parole: Venez, bénis de mon Père,
possédez en héritage le royaume
qui vous a été préparé dès avant
2
.98.
la' fondalion du monde. » — « Non
Seigneur, devrait-il répondre à celle
glorieuse invilalion , je ne saurais
cnlrer dans Ion paradis où je serai
à plaindre, s’il y a c|uelque pari
de mes proches, de mes amis, de
mes connaissances, ou simplement
de mes semblables, qui n’y soient
pas repus comme moi. On m’a parlé
d’un de mes ancêtres qui professait
OLiverterneiU l’incrédulité et qui est
mort inconverii : comment pourraisje l’oublier et jouir de la félicité,
en le sachant misérable? El parmi
ceux des miens que j’ai connus, i!
y en a, malheureusement, plus d’un
chez qui l’on n’a pu constater celle
vie nouvelle qui eslle commencement
nécessaire de la vie éternelle. Celle
pensée me poursuirail sans cesse;
elle ne me permellrail pas de jouir
des délices de ta maison! Ouvre
donc la porte assez large pour que
tous puissent y passer; ou bien....
laisse moi deliors, avec le grand
nombre, je ne souffrirai pas beaucoup plus!
Il est vrai que toutes les lois
humaines soni accompagnées d’une
sanction pénale deslinée à effrayer
salulairement ceu.x qui seraienl tentés
de les enfreindre.
Mais il en serait tout autrement
des lois divines ; la sanction y est
bien, mais elle n’est pas .sérieuse,
si en définitive les peines* dont clic
menace ne sont que de vains fantômes. Plus de ténèbres de dehors
avec dés pleurs et des grincements
de dents, plus de peines éternelles,
plus de mort seconde, ni d’étang
ardent de feu et de soufre; plus
de réprobation, plus de malédiction,
non pas même pour Satan qui a
dù laisser au ciel, lorsqu’il en fut
précipité, une multitude de connais
.sances et d’amis, — 11 faudrait
ajouter aussi: plus de bonheur sans
mélange'pour les anges demeurés
fidèles, car ils ont dù beaucoup
souftrir de la révolte de leurs compagnons! — Voilà, croyons-nous, où
l’on arrive fatalement avec la croyance qui nous occupe, à moins
que 1 on ne recoure à celle enseignée aussi de nos jours, de l’anéanlissement final du mal aussi bien
que des méchants !
PËIQHE8 ILOTES
sur l'Iiisloire des Ciiminunaulês
(lu Val-luscriic (Pélis)
U. — Rorà.
En sortant de Luserne pour nous
rendre à Ro'rà , nous voyons à notre
gauche, Lusernelte. Gillès racOiiïë
que le onzième de décembre 1639,
il s’y alluma un grand et épouvantable embrasement qui, « porté par
un furieux vent, ■» s’étendit jusques
vers Barges. A droite, sur l'a hauteur, SC trouvait le fort St. Michel ,
et plus haut le.s vigne&- C’est ici que
bous, trouvons la maison de Giosué
Gianavel ; les deux initiale’s G. G.
1660, gravéc.s sur le roc, en font
foi. L’endroit où elle s’élève s’appelle
encore la Gianavella; il est à peu
près à mi-côte de la colline, dans un
tout petit vallon , fort ombragé, et
au pied d’une pente abrupte sauvage
et rocheuse appelée encorq de nos
jours li banai, (Réserve), lieu dé
chasse, parait-il, des seienêurs de
Luserne. En mars 1662, la maison
de Janavel fut rasée par Perachino,
mais le capitaine ne s’y trouvait pas.
En juillet 166.3, ,Sl. Damian dressa
une embuscade au quartier des Vignes pour le prendre, mais il s’y
laissa surprendre lui-même, et, ses
troupes furent taillées en pièces.
3
99
De In maison de Jatiavel an territoire actuel, de la Cominnrie de Rorà,
il n’y a guère plus d’un ijuart d’heure
de marche. Depuis Tort longlemp.?
celte petite Commune a clé en relation avec les seigneurs de Luserne.
Dès l’an 1295 ceux-ci en recevaient
l’investiture totale ou partielle. Le
3 octobre 1531 Boniface des Rorenghi
des comtes de Lirserne vendait au
collatéral Antoine de la Rive, seigneur de Farnolasc, la-huitième partie
de sa jurisdiction .sur Rorà. Par le
fait de leur situation à l’écart de
Luserne et de La Tour, les Rorengs
ont eu moins de tracasseries à .souffrir que les vaudois de St. Jean,
d’Angrogne, de la Toiii- et du Villar.
Toutefois, dans les grandes occasions
sui'.lout, ils n’étaient pas oubliés.
Le 29 mars 1559, Arluset Durand,
Etienne Durand, Jacques Morglia,
Jacques Mirot, Jacques Marauda,
Louis Mirot, devaient comparaître à
Turin devant les commissaires du
ro.i. Au mois de juin, c’ctail « Me!chior de Dio, de la Tour, demeurant
et prêchant à Rora, r> qui devait être
saisi et mené prisonnier à Tnrin avec
bièn d’autres ministres et" maîtres
d’ëeples. En 1500, le comte Guillaume
ohlint une assignation d’un don de
mille écus, dont Rorà devait payer
le.s quatre cinquièmes.
Au mois de février 1561, le sieur
de la Trinité voulut avoir Rorà, qui
comptait^ alors environ hiiitanlo familles, « Il n’y envoya deux jours
durant qu’une partie de l’armée, la(pielle y fut vigoureusement l'cpoussée ». ”« Le troisième jour il y employa toute l’armée » de .sorte que
les vaudois furent environnés de loms
côtés. * Mais Dieu fit arriver à temps
la compagnie volante.» de sorte que
l’on eut le temps d’arraclier « les
familles et quelque peu de bien.s de
cet extrême danger ». I.es fugilifs se
dirigèrent vers le Villar, de nuit,
par le.s neiges, n loulefois nn chacun
louait Dieu , et sc montrait joyeux
pour telle délivrance ».
Pendant l’élé^dc 1003, le capitaine
Galine « soilit un malin de Luserne
et s’achemina avec sa coiiipagnie (de
vagabonds) vers les montagnes, de
Rorà..,. mais..... l’alarme s’étânt
donnée par toute la Vallée, il y vit
courir tant de gens vers lui, qu’il
rebroussa et i-elourna à grand pas à
Luserne, cl fil bien ... ».
Le 29 décembre 1629 toute la ti’oupc
de la moinerio, monta à Rorà, «où
trouvant toutes les portes fermées,
le gentilhomme du lieu , avec autres,
.se saisirent d'une maison inhabitée,
et y logèrent deux moines... ». L’on
faisait beaucoup de belles promçsses
aux vaudois de Rorà comme à ceiix
du Villar et de St. Jean, s’ils conservaient les moines au milieu d’eux,
et même des députés se rendireni
pour cela à Turin. Mais les moines
en profilaient pour devenir audacieux.
« A Rorà ils afTiclièrenl et semèrent
par la rue des placars et dictons injurieux et exécrables contre la'religion » Pour prévenir tout désordre,
on leur lit dire de se retirer. Comme
ils faisaient difïiculté de partir, çîte/quBs femmes les porlèrcnl quelque
temps sur leurs bras, sans les outrager
autrement en aucune manière.
En 1630, le bon air de Rorà n’enipêchà point la peste d’y monlci'.
Jean Brunerol ministre en'mourut le
5 août, en son âge de 43 ans. \
Le 24 avril 1655, jour fixé pour le
massacre généra! des Vaudois, le
comte Christophe de Luserne part du
Villar avec cinq ou six cents hommes,
dans le but de fondre comme un vautour sur les vingt-cinq ou trente familles qui composaient la Gomniu- ^
nauté de Rorà. Le capitaine dès
vignes de Luserne, accompagné de
cinq ou six hommes, va l’attendre
sur la montagne de Rumer et fait si
bien que l’expédition manque .son
but, Le jour suivant, seconde attaque
par Cassuler qui se trouve, en venant
du Villar, à droite de la sommité
supérieure des rochei’S de Brouard.
Janavol avec seize hommes, battit
l’ennemi. « Lorsqu’on se bat à la
descente, les pierres des frondes avec
dix fusiliers font plus d’eflTet ipie vous
ne pourriez croire » écrivait Januvel,
trente ans pins tard.
4
-.aoo-^
Le lendemain 27 avril, un régiment tout entier pénètre dans Rorà
et saccage tout sur son passage. Janavel et ses hommes après avoir prié,
vont attendre les ennemis à Ramasser {i), entre Ciapel et Rumer. Ceuxci rétrogradent pour se retirer sur
le Villar. Janavel passe plus haut, les
devance et vient se poster h Pian-prà.
Il surp^pnd l’armée qui ne pensait
plus à une attaque et recouvre ie
butin qu’elle avait fait. De retour à
Pian-pra, il rend grâces à Dieu et
prononce rOm'ii'OU Dominicak et le
Symbole des Apôtres.
Mario de Bagnol aurait voulu acquérir l’honneur d’en finir avec celte
poignée de paysans. Tandis que Ic
Marquis de Pianesse rassemble toutes
ses troupes, Mario part de Luserne
avec cinq Compagnies qu’il divise en
deu.v corps pour occuper la droite
et la gauche du vallon. Janavel s’était encore retranché à Rumer avec
trente à quarante hommes. Il voit à
temps le piège, il gagne la broua,
terrain placé au-dessus de l’endroit
oq,allait s’engager la bataille, et la
victoire est à lui. Les troupes ennemies sont mises en complète déroute,
en laissant sur la place soixante cinq
dé leui's iports. Janavel les surprit
encore ' à Peirocappello (2), et telle
fut la panique de ces soldats que
Mario lui-itiême tomba dans la riviere
où il faillit se noyer. Ce même jour,
d’après Léger, il y aurait encore eu
une attaque repoussée comme la première. Trois jours après, le marquis
de Pianesse envoie aux habitants de
Rorà l’ordre d’aller d la messe dans
11) Nous lisons DamasSêr dans nos bistO'
riens, mais il doit y av-oir arreur, I.es roraincs disontRamaseerr
, . iSj Peirocappello doit désigner Ciapel ou
Üiiftpflce entre Peiret et Ciapel. li y a une
dizaine d'années, le comte de Bagnol, sa
rendant A uiessa k Uorii, s'informait auprès
d’im vaudois de la siiuation de Kamasser,
de Ciapel et de Oraltin. Selon lui» le comte
Mnrio aurait perdu la vie dans un étang ou
toxtmpi de cette, dernière localité ^ qui se
trouve BU bas d'une pénlo excessivement
rapide, entlre Pelrei et Ciapel.
vingt quatre heures à peine de la vie
cl de ne voir pas seulement réduire en
cendre le reste de leurs bâtiments,
mais même couper jusques aux arbres.
Ifs répondirent : Nous aimons cent
mille fois mie^ix la mort que la messe,
puisqu’on ne nous a jamais pu mor\trer que Jésus-Christ ni ses apôtres,
l’agent célébrée ; que si après l’incendie
de nos maisons on en vient jusqu’à
couper nos arbres, notre Père céleste
est un bon pourvoyeur. Huit mille
soldais suivis de deux mille paysans
partirent de Luserne, de Bagnol et
du Villar pour s’emparer de Rorà.
Janavel repoussa ceux qui arrivaient
de ce derniei' côté, rnai.s la résistance
devint bientôt impossible. Ccnt-vinglsix personnes furent massacrées, et
quelques autres furent emmenées pri.sonnicres. Parmi celles-ci se -trouvaient la femme et les trois filles de
Janavel. Le marquis de Pianesse en
profita pour exhorter ce dernier à
renoncer â son hérésie, et le menacer
de la manière la plus terrible. Peine
inutile! Le Vaudois avait dû céder
au nombre, mais il n’était pas vaincu.
(A suivre)..
De l'igiierul à rral avec (iill«s
IV. ^ ,
Gil!e.s nous raconte les ravages do
la peste de 1630 à Plamol"; mais il
ne vil pas les massacres de 165,5 qui
éveillèrent , avec I’ irtdignalion , le
coiii’age pieux et terrible des deux
héros vaudois Janavel et B. Jahier, ce
dernier originaire de Prarnol. Il n’eiu
pas non plus le triste privilège de raconter la trahison de Câlinât en 1686
et les cjuaulés exercées à Peumian.
Saluons les prés de la V.nchère au
midi, et de Lazara au nord, puis
holons-nous de redescendre sur les
rives du Cluson et de reprendre la roule
ordinaire,
lin quiilanl St. Germain nous trouvons sur la rive gauche du Cluson
les campagnes du Villar-Pérouse
et Gilles nous indiquera où se trouvait
5
.101
le lieu (.le culte (ies Vaudois. 11 n’avail
pas sans doute la majestueuse appal ence du temple catholique actuel,
mais en revanche on y entciidail la
Parole de Dieu expliquée par des
hommes capables et pieux, tels que
ce Félix Ughei qui surpris un dimanche
matin , en 1597, par h;s soldats de
Pignero! , pql échapper grâce à un
manteau el à un chapeau de paysan
dont on le couvrit. On se vengea en
emprisonnant son i’rère et son vieux
père, qui mourut dans les prisons de
rinquisilion.
Passé le Viüar, se ironve le gros
bourg de Dublon qui a toujours eu
un certain nombre de catholiques. Ils
formaient aulrefoi.s le sixième de la population de la communauté de Pinache.
Dublon a été choisi souvent, soit pour
la raison ci-dessus, soit à cause de
sa position centrale datis la Vallée de
Pérouse, comme lieu de conrérences
avec les commissaires du Gouverneinetu envoyés pour ajuster tantôt une
affaire, tantôt une autre. —Le.s Vauilois y avaienl bâti un temple écliangé
ensuite par un contrai régulier contre
celui des catholiques de Pinache qui
était plus grand. Mais comme on n’est
pàà tenu de garder la foi aux hérétiques, on leur défendit en 1597 de
l'airè usage du temple de Pinache
sans leur rendre celui de Du1||tn et
comme ils ne crurent pas devoir oüéir à
un tordre injuste, on y employa la
force. Pendant cinq ou .«ix ans on s'arrangea comme l'on put ; à la fin, on
perdit patience el au mois de Janvier
1603 les Vaudois s’emparèrent de leur
temple de Dublon. Là-dessus on crie
au sacrilège el voici arriver le sieur
Guidet prévôt de justice pour accorder
le différend. L’assemblée est nombreuse. Trois pasteurs vaudois s’y troiivenl, au nombre desquels Gilles. La
discussion, d’abord assez vive s’apaise
enfin et on en vient à un accord. Les
Vaudois se^bâtiront un temple à Pinache
et les catholiques contribueront aux dépenses. Guidet exhorte ensuite à la
concoi de et va jusqu’à leur conseiller,
lui prévôt de justice, d’„éviler les procès.
Puis il les invite tiîus à souper el
lorsqu’il a entendu les deux prières
des Vaudois avant el après le repas,
il avoue qu’ils ne sont, pas « tant
esloignés du bon chemin» qu’ils doivent être exclus du paradis.
Le temple de Pinache fut bâti; mais
quelques années plus lard on découvrit
qu’il était hors des limites ainsi que
cinq autres situés au Puy de Dublon,
à Alhone, au Villar-Pérouse , à Saint
Gennain el à Pramol , — c’est-à-dire
qu’ils n’étaient pas situés là où se
trouvaient les lieux de culte de 1561,
encore fort peu nombreux. On persuada même à ceux de Pinache de
bâtir, comme dit le prieur Rorengo,
«un campanile fuor delle limili!» —
Aussi on 1624-, a lit-on esclore un
édit » qui enjoignait au cotlaléral ,
Sylian de se ' rendre en Val Pérouse
el d’ordonner que dans trois jours on
eût à •abbalire el ainsi démolir les
six temples » coupables. Des troupes
allaient le suivre. ()n tint alors à Dublon
un conseil général où fut pendant deux
jours discutée la question de la démolition des six temples. La majorité
se prononça pour ¡’obéissance à la
condition que les troupes déjà arrivées
jusqu’à St. Germair» se retireraient el
que les temples seraient rebâtis.
Le soir, Sylian courut un grand
danger. Le régiment de Savoie avait
ce jour-là attaqué St. Germain el une
troupe de Vaudois s’avançait furieuse
vers Dublon pour punir le collatéral
de sa trahison. — Ils furent apaisés
et Sylian déclara que i'allaque avait
été faite sans son ordre. Le fait est
que les six temples furent démolis,
mais les troupes ne se retirèrent pas
avant de s’être convaincues qu’on n’occuperait pas si facilement le vallon de
Pramol où elles avaienl fait de vains
efforts pour pénétrer.
Dublon a eu des prêtres et des
moines qui ne péchaient pas par excès
de timidité. Gilles cite un Paul Loup
((dont le naturel esloil correspondant
*au surnom» el qui prétendait avoir
le droit de se faire payer les dîmes de
la part des Vaudois.
Le capucin Ribol essaya aussi de
faire défense aux Vaudois du lieu . de
6
.102
manger chair c! île Iravaiiler les Joui's
iléi’f'in'iiii par l'Kglise l'oinaine», il en
('crivit même an pasteni' Roslain de
l'inache allégnanl ipio, d’après Calvin,
lorsqu’on su Irmive dans les Kglises
non eiicore iiieii orilonnèe.s on doit en
user ain.«i. — Vous avouez donc, lui
réiiliqiia-Pon, que voire église n’e.sl
pas bien ordonnée.
JEAN RIVOIRE
: '.n;
An^^rngnt', lu 15'mars’
. li ne l'aul pas que le juste meure
sans que nous .y prenions garde,
quelque rnodesle qu’ait, été sa posi
lion sur la teri'O.
Il est dei? ebrétiens qui l'ont beaucoup de travail, et un travail béni,
sans' iairo pour cola jjeauconp de
bruit daus le monde, C’est, croyonsnous, le cas du regretté Jean
RiVoleo qui a été pendant 42 ans
régent ix Rra.du-tonr et qui vient de
inoiinV à l’âge «de 77 ans. Un trèsgrand nombre des babilant.« actuels
de Pra-du-toiir ont été ses élèves et
ont reeii de lui toutes les connaissances qu’ils possèdent. D’antres ont
poussé plus loin leurs éludes, et sont
inainlenanl à l’œuvre dans le cbamn
du Seigneur,
Pendant sa carrière longue et bénie,
Jean Rivoïre a toujours eu la Parole,
de Dieu poui' base de sou ernscig-nemenl, au.ssi le pasteur d’Angrogne
a l il pu rendre maintes l'ois le témoignage que les catéchumènes qui
sortaient de i’êcolc de fra-dii-tonr
étaient d’entre les plus instruits et
parmi les mieux disposés. Ce digne
maître d’écolo était un vaiidois de
là vieille roclie, « un israélite dans
le (fuel il n’y avait point de i'i-aude, »
aussi a-t-i! exercé, par sa piété et par
sa conduite (.■brélieiine, une influence
Iiéiiie sur ses nombreux élèves Icommé
aus.si sur la population en général.
UtikniXe ilo.xNE'r paxf.
les adieux d'une mci’e
-Une mère cliiélieime plaça un Noïiveaii Teslameni dans les mains de son
garçon qui allait s'embai'qiier eu qiialilé de mousse â bord d’un vaisseau
maicbaml. lille l’exhorle avec beâiicmi]) d’afleclion à ne pas laisser passer
un .seul jour sans lii'e une portion du
Sain! Livre, et sans prier le bon Dieu.
Ce gniçoii éiail iiisouciani comme laril
d’aulreslesoiiliisonâge. Ayant fréquenlé
de iiiauvaise.s compagnies, ses bonnes
mœurs avaieiil élècorrompues et il élaii
devenu pi'csque ingouvernable.
Mais les |irière.s de sa mère lé'Vjflvireni '|iarlimt , cl bien queq)lil.si'éH'és
aimées s’écoulassent sans (j'u’elie’'èOI
pn'a’vnir de ses nouvelles , eille Ije
i’oulilia'pas un seul jom; ;m pied d'ii
trône rie giàce. Ce riil en vain qii’ellu
riemanria ries noiivellè.S rie son lil.s à
Ions ceux (|ui potivaienl Viqiseíiíbiji
blemciil lui-en rion'riei'. '* ■ ' y
IJit , jour un pauVire makripi ùnit
coiîvqii dèi luiilloiis . vi.ul, li'a(ipei',|i'i^.!sia
porte cl ilcmanrii.'i' rie l'assistaniœciLa
vue ri’uii uialelol produisait lôujqp,i;ssur elle une r ive éinolioii, çlle,pf^qtti;a
sou. histoire avec une 1nlér|b,jvis,tÎJÎç^
il avait couru des gj.iijpisj'fltipgéiysj.él
avait ('ail naufrage (riu4Í'j3fjji;S;,ífi¿;,.uu
jamais il n’avail élé aiVlii'nl á|¡p)aÍM(li'i!
ipie lorsqu’une fois il avail ,¿cua|qvé
seul avec un jeune nioM.ssi; à lui muifrage dans’Ie(|nel loiil le les.te de l'équtpage avais péri. Nous fûmes jelés,
conliniia-t-il, [lar la violence ries vagues, sur une île'déserte, où apré.s
sept jouis je vis expirer mou jeune
compagnon el bii fermai les veux,. Kt,
fUMuianl que Ic.s.Iarmcs .in.omiaieiii son
visage, le maieloi iaconta , queb bonlieiir avait- ÍSofitú le jeune*' mouss.e en
lisant un pelii livre que .«a nière lui
avait'donné lors de son départ ei qui
avait été le seul objet saii'vé du iiaufragp.
Cl ce |K'lit livre, ajouta le jeune
moU.s.se .me l’a donné cu'mme il s’en
iillail mourir et il m’a dit :
— Tiens, Jacques, |)renris ce livie,
lis le et que Dieu te bén'isse ! '
7
.103,
— Toiii cein vr;ii ? (Ifimaiuin
l.'i veuve élonnée el ireuihlanie,
— Oui, lïiadiiinc, jiisqii’jni dernier
mol. lil soi'ianl cle [loclie nn pelil
livre louL usé il ajoiiui : Voici le livre .
(toMl je [uu'lr.
La liigne vciive saisi! le Teslamenl,
l’oiiviil, ei reromiul a'ussiiàl sOn ériàliire. el. vil hii la doiiblme le nom do
son Ills il côté du sien. lOlè lui, ydeura
l'I se réjouit lour . il loui'; el il lui
.‘iemhuit entendre une voix qui lui disail: ion Ills est vivanl. Sou corps esl
là bas dan.s l’île déserte , mais son
àiiie esl vivarde el beureuse auprès de
son Dieu.
Ln écrivant l es quelques lignes nous
avons pensé an grand nombre de jeunes
garçons et de jeunes filles qui chaque
annéq quiumii les vallées vaudoise's
pour gagnei' leur jiiiin de l’aulre.çôlé
des Alpe'soii. cherclieni dn, service
enideçiu Noms-Tv'avons plis 'ou'hji^é-^jes
jeu:fi'Kf)eobbiis 'qui parlènl potir servir,
Leniii! mères n’oubüeul pas
de gathir leur peiil sac du linge et
des articles d'Iiabillemenl indispensable»;'.Qu’elles n’mibiienî pas de placer
daiiÿdenrs mains une Bible avec La
reOÎ^fîinandaliun' solemnelle d’y lire
lousqles jours quelques* versets el de
demander chaque jour au Seigneur
son assistance el sa bénédiction.
Celle reconunandalion aura d’anlanl
pins de valeur el de cliance d’êire
snivié que les paifiils auront donné
en famille rcxeuqde de la luière cl
(le la leclift'e du volume sacré. Le
culte domestique pratiqué régulièremenf e.sl un puissant moyen pour préserver de la corruption nos bi*n-airnés
enfanls qui doivent aller gagner leur
vie loin dn toit paternel. Les nieilleures recommandations el les pins
louchants adieux n’eugageronl pas nos
enfants à lire la Bible ,* qùa'nd nous
ne leurs en avons [»as donné rexeiiqvle
en famille. **
iiouDellce reluijicuece
Jtaue. — Les journaux cléricaux,
— par crainle, sans doute, que les
I profanes vinssent à croire que qircl(lue idée de Iqlérance pût gerni.er
dans leur esprit el dans celui de
leur Chef suprême, avaient affirmé
très-haut que si Lanza , le président
dn Conseil qui a ordonné l’occupalinn
de Rome par b:s troupes italiennes,
était mort dans la p.aix de^ l’Eglise.,
cela était dû, à ce que avant do mourir,. J,l, avait réirac.lé tout son pass.é
polîtiqiie.,.Or une lettre.,publiée par
son rièveu- diliis le Popôlo HQinaito,
donne le démenti le plus catégorique
à cette affirmationt ,1e n’ai’pas quitté, dit l’avocat
Enrico Lanza, un seul inslanl,.ie cltevet de mon onclè. Lorsque le prêtre
lui a demandé s’il voulait rélracler
ce qu’il pouvait avoir commis con/rr
la religion et contre- les lois, dç, la.,
sainte 'Église, mon oncle qui,j'usques
Là, avait répondu affiimaliyeinepl à
toutes les qiiestions, a fixé ,son regard sur le prêtre, avec une telle
expression ci’indignalion , que celuici n’alla pas pins loin, n’essaya pas
d’insister; il lui donna immédiatement
la bénédiction, en prononçant les pat'oles sacramentelles : Ego le absolvo
a ^peccatis^ tùis J... Q.e t’absous de le.s
ce mênie sujet, le même
nçüCb’, écrit ce qiii suit à rOpbfioiiC:
I tiiigl-qualre heures ne s’élaient.pas
écoulées depuis la mort de mon oncle,
quand, vf'ndrcdi, 10 courant, vers ■
midi, se présenta à moi, à l’hôlel
de New-York, le vice-curé de S. Lorenzo in Lufiigna ,, qui, d’un air coiiIrit, me mit sous les yeux la relation
qu’il entendait consigner au Cardinal
vicaire, relalive précisément aux derniers momeiils de mon regretté parent. A peine l’eus-je lue, que je me
sentis saisi d’indignation, en face'de
l’impiidenle assertion de ce prêtre
qu’une demande dans .ce sens, faîte
par lui à mon oncle, celui-ci avait
donné des signes évidents de vouloir
rétracter tout ce qu’il aurait commis
conii'e la religion cl les lois de l’Eglise. Et comme Je contestais vivement son dire, le prêtre commença. ,
à se l'améniev, eit disant,: qn’il se
tronyail dans un grand embarras, et (
8
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qu’il voulait que, poui' le sauver de
la colère de ses supérieurs, je’ lui
permisse au moins de dire qu’il lui
l/V .1 f Ayi/»vl t\1 n AV I 1 ANV» ^ I ^
avait semblé que mon oncle' n’étail
pas éloigné de consentir à l’idée d’une
rétraction. Naturellement je repoussai
toute déclaration de ce genre, et le
prêtre- m’autorisa à effacer la fausse
déclaration, me promettant solennellement qu’il n’y aurait pas donné
cours; et même'il voulut que j’écrivisse de ma propre main comment
les choses s’etaient passées, ce que
je fis sans hésiter. Hfais, à ce qu’il
paraît, le prêtre a fait après précisément le contraire de ce qu’il m’avait dit ».
Et les consciences sont réduites à
tel point dans notre pauvre pays,
qu’un moment d’indignation est tout
ce que de pareilles énormités de la
part de gens revêtus du caractère le
plus auguste (puisqu’ils s’appellent;
ministres de Dieu) .sont capables de
produire !
Suisse.—Leüratid Cpnseil duCanlon
lie Zurich a volé une nouvelle loi sur
la police des jours’ fériés , interdisant
ces jours là'loules les occupations
bruyanlcs, sauf les travaux d’nrgenle
nécessité , les ventes de marchandj^
dans tes maisons parlièuüères, or^inanl la iérmelure des magasins ûux’
heures de culte , et réglementant les
divertissements. Les speclacies, lès
danses, les jens des quilles. Ile. sont
inlerdils dans les jours de grandes
fêles religieuses ; les dan.ses publiques
dans les auberges' seront permises,
dans chaque localité, six dimanches
de l’année. « Cette loi, dit VEglise libre
à laquelle nous emprunlon.s ces détails,
est, on le voit, assez puérile». Nous
sommes tout à fait de son avis et pensons que la sanctification du jour du
Seigneur a une garaniie bien autrement assurée dans la conscience des
fidèles, que dans une loi qui n’esl
autre chose, en définitive, que l’accomodalion à l’usage et au profil du
monde, de la loi divine.
France. — On annonce que cinq
élèves de l’écoIc normale protestante
de Courbevoie, près Paris, pourvus
de brevet d’instituteurs, vont partir
pour Haiti à la suite d’un engagement
décennal pris avec le gouvernement
de ce pays, et reconnu par le gouvernement français. Le grand progrès
fait depuis cinquante ans par le protestantisme dans l’île de St. Dominique, explique cette mesure, qui prouve
en même temps les bonnes dispositions du gouvernement Haïtien, pour
les croyances évangéliques.
M' A. Sabatier, le professeur
distingué de la Faculté de Théologie
protestante de Paris, à toutes ses
autres occupations .qui sont considérables, vient d’ajouter celle de collaborateur du journal politique le Temps.
A cé propos le Journal du Protestantisme français fait les réflexions suivantes qui nous paraissent des plus
justes: ^
« Si nous nou.s i^jonissons (poiir
M. Sabatier) de la distinction dont il
est l’objet, nous ne pouvons cependant nous empêcher de fotmer le
vœu qu’il soit mis bientôt un terme
à la situation pécuniaire vraiment
déplorable qui est faite aux profesil
seurs de la Faculté de Paris, obligés,
pour vivre, de consacrer une notable
partie de leur temps à des occupations et à des travaux étrangers à
leur enseignement ». ■
■î'-'
^tiroiùque ®aubot0c
Bobbio-Pellice.
de iSS-i. ■
Popnlaiiori présente . .. .
» ,bors de liobi
» de droit . . .
.Nombre des familles . .
Population de droit en 1871
Nombre des familles en 1739
Protestants .......
Catholiques................
P^censémcnl
1519
103
1622
330
1572
.372
1540
73
lino roelilloHtion néceijgiairo.
Ç'goI fr. fil non pas [>0 qu« le Comité
ti'Evangc^isalion o donné puur lu \euve i-.t
les orphelines de l'eu J'instiiutfMjr Monnet.
Cinquante âiiires iVaiics attribués au Coinilé’
ont été donné piu- M. Matthieu i^rbuhet.
Ernest IIoiiert, (lémul et Adminiulratevr
Pigiu'i'ol, lmp. {.Ihianlore Pl Masrarelli.