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Année Septième.
i5 Juillet 1«81
N. 28
LE
1 .y*
ECHO DES VALLEES VAU
Paraissant chaque Vein^edi
Fous me aefei (sinoitiS. Actes 1, S, i $ufVa«t la vérité avec la charité. Ep. 1,15.
PRIX D'ABBONNëMEWTPAR an Tlalie . .. L. 3 Tous Jes pays l’Ünion de poste . . ‘ ^ 1 Amérique • - ■ ’ ^ I On s'abonne : ^ Pour VIntérieur cher MM. leu pasteurs et les libraires de Torre PelJice. Pour r£'¿cís)"?eíírauEureau d'Ad- jninisiiaijon. Un ou plusieurs numéro« sépa* rés, demandés avani le ti> râpe 10 cent, chacun. Annonces: 25 centimes;par ligne. Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- rosa Argeniina. *
Pour la RÉDACTION ariiesKer ainsi: A la Direction du Témoin r Pomaretto (Pinernlo) Italie. Pour l’ADMINlSTRATlON adresser ainsi : Al'Arimiîiistraiion du rémoin» Poinaretto i Pinerolo; Italie
;; f^oxnmairo'.
Nos Origines. ■— La eoiirso ilu dtréiien.
— Le 24 juin it Snifôrino. — Correspondance. — On gréiiii prix. — La liime. —
On Zoiilon apaisé. — iterue poliligue.
^ ORIGINES
N«'ii
Monsieur le WdçÀteur.
I '. .
Je rie me.trouve pas précisément,
pour iè quart d’heure, dans un centre
d’études, ni dans une bibliothèque;
et les indigènes ne me paraissent pas
se préoccuper beaucoup de la question de Nos Origines. En revanche,
la question a pour moi un grand intérêt, que les articles de M'' Alexis
Muston n’.ont lait qu’accroître; et je
me suis dit: en abordant la question
sur lè terrain linguistique et littéraire, nous obtiendrons, sans don te,
un élément de plus, et un ensemble
de considérations certainement décisives, Ainsi , écoutons d’abord ce que
M' Muston a à nous dire; et, en
temps et lieu, on pourra tirer quelques conclusions. . ,
Il est naturel de commencer, comme
l’a fait Ai' Muston, par le commencement; c’est-à-dire, par un aperçu
sommaire, de la formation des langues romanes, ou autrement dites,
néo-latines. Ces langue^, quelles sont
elles? De l’ouest à l’est, ce sont: le
portuguais, l’espagnol, le français,,
l’italien, le romantsch et le roumain ,
six langues-sœurs qui sont.autanf de
ramifications d’un même tronc. Rome,
maîtresse du monde, a porté ses armes victorieuses bien au delà des
frontièreslindiquées par ces différents
idiomes; mais les vraies conquêtes,
tes conquêtes durabtgia j. wwiimixeattaft
de l’esprit et de la langue, èt rion
celles des armes. La langue làtirie
était elle-même un idiome, passablement grossier et barbare, quand les
Romains entreprirent de subjuguer
l’Orient. Qu’arriva-t-il alors.? Au contact de l’esprit grec, de la civilisation grecque, de la langue grecque,
les Romains furent subjugués à leur
tour; et, dans tout ce qui tient à la
culture intellectuelle, — littérature,
sciences, beaux-arts, — ils devinrent
les disciples et les imitateurs des
Grecs. Leur langue leur parut, avec
raison, tellement inférieure comme
instrument littéraire, que les jeunes
gens des bonnes familles accouraient
en foule en Grèce pour y faire leur
éducation; et, à Rome même, dans
les écoles, c’était par le grec, et non
par le latin, que débutait l’instruction des enfants. Dès lors, le latin
des hommes cultivés, des savants,
des orateurs, devint une langue littéraire s’éloignant toujours plus de
la loxiguo vulgaire, quotidienne, rusti-
2
-222
que, plébéienne; mais, comme il advient de toute floraison factice, le
latin claJsiqtie, -lavec toute son élégance d’emprunt, ne pouvait subsister léingtèmps, et, dès l’époque de
Trajan, c’est-a-dire, dès la fin du
premier siècle de l’ère chrétienne,
le latin vulgaire ne fit que gagner
du terrain sur son rival aristocratique, et anémique. En cela, il fut
puissamment secondé par la propagation du Christianisme, qui s’adresse
avant tout aux pauvres (Matth. 11, 5)
et aux classes les plus humbles de
la société, et qui lient par conséquent à leur parler un langage clair,
intelligible, simple et sans fard, se
piquant plus de rudesse que d’éléggnc.e. Ce monvement d’extension du
latin vtil^àihe' s’psl acdqmpli úníforime.m'ërit dh'sé^nd aii cinq'uiéine sièclè;
à Wartir du cinquième siècle , coifathènfe^ènt 'à s’accuser (J'es formes diveWës, .cqrresponiiijaht & la diversité
dèi |!èuj^îés compris, dans fe même
dpi:h|iiii,e ' Un guis 11 que, et cette lente
éïàhofàtinn ’a;bdüi.it, vers le comttiènce^|Ht du huitième 'siècle, á la foi-mhtio'n ffiMpenííante des langues romaiies ou liéb-latines.
,(!fn ne saurait voii’, dans tout cela,
rie|n;(le forluiï, rien à'irrégulier, riep
ÎUÎ ,'r,ensemble à la eàhue de dialectes
opt ,pprle M” Musloh à la page 158
dp tépioin dp cette ap,péo (Ijl“
â0_ ipài) ; pas plus qu’il p’y a de Xûrtpii; ààiis íes ramifications d’up même
arprp. )Í n'y a rien 4’íi’Jí’óguUer daps
le idé.yolO|P|)ement des langues ; .ellès
np spnj; jèTles-mêmes qpe le develop
Spéffièpt de l’esjprit humain. Xa coPi jde;s lapgues pe s'est produite
e fois , au pied ,^e la topr de
, dans ce même èspace où les
piodern^ppt .eppôi'è tejleraent
peíjúe'ù débrouiller ]pùr écheycap,
ap :'fmlieù ,des rüineç. de”Nrpivé.,et .ëe
lElajd^lphe. ir y a si tóp d'irrêgujarité
et SI peu dp ppsprd PP de.eonfusion
dpps là formation des larigues româpes,. qp’pn homme p6ss,édant la
conhajaapçp (|.à latïp, et sourtout du
]bas-làtih ,'psi &rhpsur,e de connaître
bien vite ies idiapaes ropiiahs, qui pè
sont autre chose que les maîtresses ,
branches de l’ancien tronc.
En France, la maîtresse branche a
eu deux rameaux; celui dp la langue
d’oc, ou du provençal , dont la floraison a précédé celle de l’italien ;
et celïii du français, du nord, ou
langue d’oii. La littérature provençale
a exercé une fort grande influence
sur les origines de la poésie italienne;
je ne sache pas, néanmoins, que
« le Dante ait commencé- à écrire
son poëme en provençal, » et je serais reconnaissant ii M" Muston de
m’en fournir la preuve. Je lui saurais
gré aussi de me dire où il a trouvé
l’origine provençale des Chansons de
Geste et du Roman de la Rose; et je
me permettrai, en attendant, de lui
faire observer que notre ancienne littérature vaudoise n’a rien à faire avec
la formation de la langue française
actuelle, qui est issue de la langue
d’oïi, ou vieux français du Nord,
tandis que nos poèmes Vaudois appartiennement au domaine de Pidióme
provençal. Et, pttisqué* je suiS en
train de faire des questions., j’aimerais savoir aussi comment le français
actuel est né du rapprochement de
la langue à'oîl et de la langue d’oc.
Pour en-revenir au sujet,'M. Muston
a entrepris de démonU'er que le dialecte Vaudois, celui de notre ancienne
littérature n’est pas de formation française ni pmven^le, mais italienne;
car, di-il, non seulement ce dialecte
n’a pas conservé la trace de la .déclinaison latine, non plus que. l’italien,
mais il s’y trouve tels mots, telles
désinences, telles tournures qui révèlent une origine ilailienne; Je ne
suis pas en mesure, aujourd’hui, de
vérifier toutes ces assertions; mais
j’en prends bonne note, car c’est un
point fort intéressant. S’il e«t acquis ,
il s’ensuivrait que le dialecte des
Vaudois -primiMifs, par suite de leur
séjour plus ou moins prolongé dans
les Vallées ' du Piémont, s’est modifié d’une manière séijsible, Sous
l’influence des dialectes avoisinants ;
et cela me semble plus croyable que
la prapositiîon de M'" Muston,, à savoir que « l’idiome VaadOis ®st non
3
' wVv'\jSri/*«Ai'tA/V SAU VN • w n
~293~
seulement de formation italienne,
mais qu’il aurait contribué lui-même
à former l’italien ! »
QtiOi qu’il én soit,, il me paraît
que, pour résoudre le problème, il
conviêndrâit dè l’attaquer par les deux
bouts. D’abord, aussi longtemps qup
nous n’aurons pas sous les yeux le
texte exact , et complet de tous nos
anciens manuscrits, — y compris
tous les doubles, — il sera malaisé
de discuter d'tjné façon utile. Ces
manuscrits ont besoin d’être soigneusement collationnés , et comparés entr’eux quant, au style et au vocabulaire ; puis, d’être mis en regard,
soit idbs écrits provençaux, soit des
produ*cüons contemporaines de l’Italie
du Nord, par exemple, de ces sermons Gallo-italiens dü 13® siècle, découverts et publiés par M. le professeur E. Böhmer de Strasbourg. Cela
fait, il conviendrait d’entreprendre
Pétude cbbiparée des variétés dialectales qui existent encore aujourd’hui
dans nos Vallées, afin de rattacher
ce qui existe au dialecte de la iVoWa
Leyezon.
Il est incroyable combien d’opinioiis
erronées et "tout-à-fait fausses ont
cours sur ce sujet. Le grand linguiste
Diez, le père de la filologie romane,
nous a consacré dans sa Grammaire
une page si étonnante que je n’en suis
pas encore revenu; il est vrai qu’elle
est, non pas de lui, mais d’un collaborateur qui certainement, n’a pas
dépassé, dans ses excursions, la
Roche de Çavdür, Pourquoi ne dresserait-on pas, sur lés jieüx , un yoqàbülaire.Vaudpis précédé d’une notice
statistique, voire d’une carte montrant la distribution topographique
de nos sous-dialectes? Professeurs,
maîtres d’écple et élèves pourraient
facilement, s’entendre pour coopérer
i ce travail ; et tel, instituteur énjé,‘i|ile,pourrait y apporter un appoint
considérable.
En .uutmot, il convient que nous
apprenions,à fond notre vieille langue vaudoise ; et si les lignes qui
précèdent, isont de nature à en inspirer le désir à quelques uns, —
comme j’en ai le désir moi-même, —
j’en serais très-satisfait et cbarm'é.
Votre tout dêooùé
A. Revel.
La coursé du chrélien
Voilà le grand chemin par lequel
passent les générations Humaines !
Que de gens qiii s’y pressent, qui
courent, les uns apres l’argent, les
autres après lés plaisirs,', d’autres encore après la gloire des hommes où
apres le bonhëur que personne ti’a
jamais pu trouver loin de Dieu. Le
chrétien cburt aussi, car sa vie est
une course ; mais une côurse qui' a
lin but bien plus élevé qüe céllëS qué
nous vénons |d’intiiquer. Nous dussi,
écrit l’apôtre Paul, puisque nous
sonaraes envirorinn'és d’une si grahdé
nuée de témoins, rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe
si aisémemenl, poursuivons constamment la course qui nous est proposée, regardant a Jésus le chef et
le consommateur dé la foi (IMBr.
XII ,1,2).
Les coureurs antiques faisaient'des
<préparatifs, avant d’entrer en lice ,
ils faisaient de nombreux exercices et
déposaient tout ce qui auraft pu .retarder leur course et les empêcher
de remporter le prix. C’est ainsi que
doit faire le chrétien en ràppelàrit
que si l’exercice corporel est utile à
peu de choses, la piété est utile à
toutes choses ayant la promesse de
la vie présente et de celle qui est à
venir (I Tim. iv, 8 ). Le chrétien doit
rejeter tout fardeau et toute entrave
qui retarderait sa course vers la Sion
céleste. Les mauvaises compagnies,
les sociétés légères, les biens de cc
monde , les soucis qui rongent, les
préoccupations,, tout ce qui Çélbigne
de Dieu doit être sacrifié, même son
bras, son pied ou son œil qui le ferait broncher.
,Mais parmi ces entraves, la plus
funeste entre toutes est le péçhé^, le
péché qui nous enveloppe : si aisé-
4
.224
; yvS/v^#vw\/^
ment. Des^vêtements trop amples empêcheraient la course , tout comme
l’orgueil qui nous ferait marcher la
tête haute ne nous permettrait pas
d’entrer par la porte étroite. Une
plante rampante qui entoure un arbre
jeune et tendre finit parfois par le
faire sécher, comme le péché qui
nous enveloppe d’une manière analogue, peu a peu, insensiblement,
frappe notre vie de stérilité et compromet notre existence. Le boa qui
entoure de ses terribles spires la génisse ou même le bœuf dont il broyé
les os par de funestes étreintes, n’est
pas le plus terrible d’entre tous les
serpents, puisque le serpent ancien,
celui qui approche comme un traître
et mord au talon, vient nous envelopper de ses spires impures et
souiller nos âmes par le péché. Rejetons tout cela, si nous voulons
marcher vers le ciel avec espoir d’y
parvenir.
Après avoir rejeté tout fardeau et
le péché qui nous enveloppe si aisément ^ourmivons la course qui nous
est proposée. Poursuivons-la constamment. Revenir sur nos pas|, serait
manquer la course, ou regarder en
arrière après avoir mis la main à la
charrue. Nous arrêter en roule serait
un acheminement pour revenir en
arrière vers la ville de la destruction.
Même il ne sufflt pas de nous mouvoir lentement, bu simplement de
marcher, il s’agit de courir, l’apôtre
parle d’une course, et non a’une
marche plus ou moins lente. Les difficultés ne manquent pas, mais souvenons-nous que ce n’est pas de notre
chef que nous avons entrepris la
course ; cette dernière nous est projposée, et lorsque nous marchons uans
la voie du devoir, n’ayons aucune
cfainle. Celui qui nous a engagés
dans cette voie, donnera lui-même
l’issue. En avant 1 Dieu le veut !
N’oublions pas que nous sommes
entourés de témoins ( martures , —
martyrs ) et qu’il y en a une grande
nuée. El nous qui sommes si enclins à perdre courage pareeque nous
nous croyons peu nombreux... 0 gens
de petite foi ! Souvenons-nous que
les rachetés sont une grande multitude que personne ne peut compter,
de toute nation, de toute tribu, de
de tout peuple et de toute langue
( Apoc. VII, 9). Ils nous environnent
ces témoins, ils nous encouragent
par leur exemple, comme les nombreux spectateurs encouraffeaient les
atlètes par leurs applaudissements.
Quelques-uns de ces témoins sont
nommés dans Hékr. xi.
Mais pardessus toute chose regardons à Jésus, comme les coureurs dans
la lice regardaient au but pour ne
pas le perdre de vue un seul instant et
pour enflammer leur courage. Nous
regardons à Jésus pareequ’il a fourni
la course avant nous et qu’il nous
est donné pour modèle. Notre courage s’enflammera lorsque nous verrons notre Sauveur tenant en sa main
la couronne qu’il destine à tous ceux
qui auront remporté la victoire avec
la force qu’il ne manque pas de
fournir.
Regardons au chef et au consommateur de notre foi, et marchons
résolument dans la voie qui mène
au ciel !
le 24 jiiiii il Sol réri no
Solfcrino. I0 ^6 juin 1881.
M. le Directeur',
J’ai assisté hier à la 22® commémoration de la bataille qui a donné
l’indépendance à l’Ralie, et je me suis
convaincu que c’est un anniversaire
qui n’est plus que languissamment
célébré, en attendant de ne plus
l’être du tout.
11 y a plusieurs causes de cet abandon ; et tout d’abord le temps qui
affaiblit les souvenirs, refroidit l’enthousiasme. Ajoutons l’absence, pour
cause de maladie, du Sénateur Torelli
le fondateur de la Société des ossuaires et l’initiateur de toutes les œuvres
3ui s’y rapportent. Puis l’on s’est dit ces
erniers temps, que la fêle nationale
doit se faire à San-Martino où nos
soldats se sont battus, et non à Sol-
5
-S25
ferino où les braves enfants de la
France sont tombés pour une cause
çiui ne lui est plus sympathique aujourd’hui...
Solférino est un petit village de qjuelques centaines d’habitants situe au
pied de la cbaîne de collines! qui
tordent le lac de Garde, a son extrémité sud, pas bien loin de la route
de Brescia à Mantoue, et exactement
à égale distance de ces deux villes.
Les habitants n’ont rien perdu à
ce que leur village ait été le théâtre
d’une lutte aussi sanglante, car il est
devenu un but de pèlerinage patriotique et un objet de curiosité pour
les voyageurs de tous les pays. Aussi
chaque paysan se fait-il volontiers
le narrateur d’événements auxquels
il s’est bien gardé d'assister en 1859...
Les deux monuments dignes d’étre
visités à Solférino sont la fameuse
tour dite spia d’Italia et ['ossuaire
où ont été pieusement recueillies les
■ cendres de plus de 7000 braves de
l’armée française et autrichienne. Du
haut de la terrasse de la tour un panorama des plus vastes s’offre aux
regards du voyageur ; au nord, c’est
le lac de Garde et les montagnes du
Tirol ; au levant Vérone et Mantoue ,
au sud la vallée du Pô, au couchant
Brescia et bonne partie de la Lombardie. Cette fameuse tour de Solférino mérite ainsi bien le nom de spia
d’Italia.
C’est de là que peut être étudié
dans Ses moindres détails le vaste
champ de bataille de Solférino et de
San Martino de 15 kilomètres de
longueur en ligne presque droite,
dont la spia d’Italia est le point central. Une inscription .sur marbre y
résume les pertes de la journée de
la part des alliés ; je la traduis et
la transcris,
La journée du '24 juin 1^59 a coûté
à la France à VItalie
2 généraux (Auger, Dieu) 1 général (Amaldi)
7 colonels ‘1 colonels.
200 autres officiers 70 officiers.
6,500 soldats. 2,200 soldats.
Italien qui viens ici , souviens-loi
de ces noms et de ces chiffres.
Voyant dans le lointain une colonne
militaire venir de San-Martino, en
soulevant un tourbillon de poussière ,
je redescendis de la Tour, traversai
les jardins c[ui l’environnent, et, après
avoir passe un petit vallon, je me
dirigeai vers un autre monticule, sur
lequel se dresse l’ossuaire de Solférino. C’était une petite église abandonnée , lorsqu’on l’acheta pour l’adapter à une nouvelle destination.
Au dessus de la porte d’entrée on
remarque un Jésus-Sauveur en mosaïque, aux deux côtés l’ange avec la
trompette symbolisant la résurrection et cette inscription : \,Mortui résurgent incorrupti. (JoH. ad Cor. xv);
attribuer à St. Jean l’une des épitres
aux Corinthiens, c’est un écart un
peu grave ; il y a des années déjà
que l’erreur a été relevée par un
nn pasteur protestant ; peut-être est-'
ce pour cela que la correction se
fait encore attendre.
Tout au haut de la façade est la
Vierge Marie, intercédant pour les
pécheurs, et au centre, une grande
mosaïque a la prétention de représenter
St. Pierre, le portier du Paradis.
Entrons dans la chapelle; un grand
voile la divise en deux parties ; dans
la première se trouvent de grands
quadres au belles corniches en bois,
renfermant les noms des donateurs
et souscripteurs de la Société des ossuaires, puis un petit nombre d’objets
trouvés sur les cadavres; ce sont des
médailles, des pièces de monnaie, des
bagues, comme aussi des lettres très
curieuses.
Au delà du voile noir il y a le
chœur où nous pûmes voir rangés en
bon ordre bras et jambes des victimes de la guerre; l’échafaudage des
têtes de mort s’élève jusqu’à la voûte.
Nous y entrâmes après un bataillon
d’infanterie, la représentation de la
Société des ossuaires, dont le roi est
le président honoraire, et la musique
militaire qui entonna la marche royale. Dès que les instruments en
cuivre eurent cessé de faire résonner
la voûte, voilà trois prêtres qui,
d’une voix nasillarde, se mettent à
chanter une litanie pour les morts;
6
.-526
puis l’un d’eux, rehcensoir en main
pàvçoürl lés rapgs.,. des crânes dè
soldats, et le.s asperge de funièe bénite. En rppins de dix minutes tout
est bâcle,içflïnme l’avait promis, quelques instants aijparavant , le' préire
oiSciânt à un jeune offîeier qui lui
démandait avec inquiétude si la forioli.on serait bien longue. Ainsi rieii
que quelques paroles en latin et là
filmée de l’encens.Oh ! comme uù
discours évang'éliqiiè et patriotique à
là fois, par exemple sur ces paroles
de Jésus-Christ: Sh le fils voiis affranchit, vous serez véritahlèmént libres (JeAnvhi, 36) aurait été mieux
accueilli qt aurait produit plus d’effet!
Vers deux heures de l’après-mÎdi,
ce fut de nouveau à la tour que le
monde se porta, il s’agissait d’un tirage au sort de 22 prix de lOOfrcs.
destinés aux familles des soldats
morts au champ d’honneur. Point de
discours, point de manifestations de
patriotisme ou de reconnaissance envers ceux qui ont répandu leur sang
sur la terre, que nous foulons,dé nos
pieds, pas de souvenîi’s évoqués, mais
une insipide froide et plate formalité
correspondant bien à celle à laquelle
j’avais assisté à l’ossuaire.
IjC concours du dehors brillait par
son absence. Une exception doitrétre
faite. De temps à autre vous rencontriez des groupes de voyageurs, au
costumes pittoresque, chapeau à plumes, veste bleue, portant tous au
moins une médaille sur, la poitrine;
c’étaient des reduci delle patrie battaglie, venus de Pise,,, au nombre de
300 environ, c’esl-à-dire qu’à leur passnge, on entendait résonner la mé7
lodieuse langue toscane. Quelques uqs
ont bien l’air de durs à cuire , trois
ou quatre sont même miUijés. Plusieurs
cependant, ont l’air si jeunes que
l’on se demande de quelles patrie batlaglie ils peuvent être les, restes glo.
rieux. La chaleur tropicale dont nous
avons souffert toute la journée , , la
lassitude extrême qui nous gagnait,
tous plus ou moins, étaient bien propres a augmenter notre admiration
pour les pauvres soldats dont les
cendres reposent sous la voûte du
petit temple.
Ce fut par une journée htiûlanfe
comme celle-ci, pensais-je , qu’ils sé
mirent en marche avec armes et bagages,_ exposés à Pardèur du sqie'il
et au feu de la mitraille,, vingt Ibis
récommençaut la lutte, tantôt gâchant
tantôt perdant dit téVraib'; deipr^^
par, la soif, blessés, sangiabits, ûiafS
toujours pleins dé coùrâgé, toujours
revenant à la charge jusqu’à ce qnè la
victoire vint couronner leurs efforts.
Oui, pensai-je, leurs privations et
leurs souffrances fiifeiat iniimensès,
indicibles ; mais là gràndeur de leur
sacrifice ffil égalée par celle du résultat dont les surviv,ants purent joiiir,
l’indépendànce de to,ut un peuple.
Les tristes froissements de ces derniers temps n’effaceront jamais die la
mémoire des italiens l’immpnse service
qu’ils ont reçu de la France, ja,,pfttpie des 7000 braves,, qui ont arrosé
d,è leur sqng les plairiés d'ù Piêiùqnt
et dé là Uombardie, lors de la guerre
• de J'359.
A. E.’ ii.
Monsieur te Directeur,
-M'. il
Je désirerais deraandçr aux Ipcfeurs
dé notre feuille s’il était .possible eï
convenable de fonder une Sooiélé faur
doise de rechexclm historiques, littéraires et scientifiques. .........
I.je programme serait à peu-prés
le suivant: ,,
1. Recherche et étude des documents
historiques manuscrits et imprimés
2. Étude des diaÎcctes vàudois anciens et modernes;
S. Mætirs et coMittmes;
4. Erreurs et préjugés populaires;
5. Chants populaires, anciens-et modernes;
6. Antiquités;
7. Immigrations et émigrations des
peuplades de nos Alpes depuis les
temps les plus reculés;
7
.>21^
.8. Géologie, botanique, minéralogie,
zoologie.
La société se réunirait, au moins
quaitrè fois par an, au lieu qu’elle
chbisitaît ■ èljé-fnêrinte.
Les dii jti^iUiere signataires la eonsliteiraient et prépai^eraient les statuts
et rôslèineiits valables pour les deux
preraiéres années.
iLe ôhamp de son activité serait
limité à la région des Alpes Cdttiennes.
Votre dévoué
EnpUiVRn Roso'An.
,, ,Le jpubÎiei’a volontiers les
Observations qui pourront être présentées au s.u|e,t de la proposition
de .monsieur ‘te docteur Rostan, aussi
bien que .les noms des personnes qui
serajeni disposées à donner leur concOuirs pour la réaTisation d’un projet
dpri,t il à souvent été parlé ,e,t qui
ne doit plus être abandonné.
In grrand prix,
Les chinois sont extrêmement mercenaires, et ne peuvent s’imaginer
que l’on fasse quoique ce soit sans y
avoir quelque profit. Nous en trotivons
la preuve dans le dialogue suivant
que nous venons de lire dans le Christian Hérald, et qui eut lieu entre un
chinois converti et l’une de ses connaissaitces.
— Combien vous ont ils donné ces
étrangère; pour que vous soyez devenu
membre de leur Eglise, cent francs ?
— Plus que cela.
— Cinq cent francs ?
— Plus encore.
— Cinq mille francs?
— Oh bien plus.
— Combien, je vous en prie ?
— Plus que la valeur de la montagne que voilà, si elle était toute
d’or ou d’argent.
Au nom de Boudha! Que vous
ont ils donné? s’écria rinterrogaleur
étonné.
— Ils m’ont donné ce précieux
livre,, répondit le chrétien en montrant sa Bible, qui me parle de Dieu
de Jésus Christ, du Calvaire, iu sahit
et de la vie éternelle dans les cieux.
Nous lisons dans le journal mentionné plus haut, qu’un jeune Kabyle
qui venait d’embrasser le christianisme
fut un jour interrogé par le chef dé
sa tribu qui lui dit:
— Es-tu disciple de Mahomet ou
disciple de Jésus ?
— Je suis disciple de Jésus, répondit le courageux Kabyle.
— Mais, Mit le chef, si tu retournes à l’islaraisme., je le donnerai
une forte somme d’argent.
— Quand même vous rempliriez ma
maison d’argent je ne renoncerai
pas à Jésus mon éauveur.
La (lime
Le salaire d’un ouvrier indou converti à l’Evangile était si petit qu’il
avait beaucoup de peine à nouer les
deux bouts. Toutefois désirant faire
quelque chose pour que l’Evangile
fut annoncé à tant d’âmes qui périssent loin du Sauveur, il résolut de
consacrer la dixième partie de son
salaire aux œuvres missionnaires de
l’Jnde. Le missionnaire auquel cet
ouvrier apportait chaque semaine la
dîme de sa paye , lui demanda comment il pouvait donner si largement
puisqu’il avait si peu, et comment il
pouvait vivre avec neuf roupies par
mois lui et sa famille, tandis qu’il
avait tant de peine autrefois à se tirer
d’affaire avec dix roupies.
J’aime mieux, répondit-il, n’avoir que neuf roupies avec la bénédiction du Seigneur que dix, sans sa
bénédiction. (Ûhri&tian Herald).
Ill) /.(iialmi ii|)ais.é
Voilà un mi.ssionnaire tout seul
dans son cabinet de travail. tUn chef
sauvage furieux comme un démon
entre dans le cabinet, il est de très
haute stature et ferme les poings
avec rage.
8
.228—
Le missionnaire ainsi menacé, se
lève et répond avec grand calme;
— Chef, lui dit-il, aimeriez vous
prendre avec moi une tasse de thé ?
Le chef Zoulou tout confus tombe
à genoux devant le missionnaire et
dans une profonde émotion qui se
manifeste par d’abondantes larmes il
dit:
— Pardonnez-moi, maître, pardonnez-moi !
Ce chef sauvage était dévenu docile
comme un enfant, au point que le
missionnaire aurait pu le conduire
partout où il voulait. Ce fait, que
nous avons lu dans le Christian Herald,
montre bien que, to réponse douce
apaise la fureur », ( Pnov. xv, 1 ).
C’esi l'tiffaire. du Cu|iitaiiie
Lorsque le missionnaire Denhani
allait dans l’Inde, il y a environ Vingt
cinq ans, le vaisseau à bord duquel
il naviguait essuya de rudes tempêtes.
Pendant que la mer était houleuse,
le chtirpentier du bord ne cessait
nullement son travail; ce qui étonnait
à un très haut degré les voyageurs.
— Charpentier, dit un voyageur
d’entre les plus effrayés, y a-t-il du
danger ?
— Cela ne me regarde pas, répondit
l’ouvrier chrétien avec le plus grand
calme ; c’est l’affaire du capitaine. Je
suis charpentier et je fais mes affaires,
laissant au capitaine celles qui le concernent.
Ce charpentier était un philosophe.
Il avait confiance en son capitaine et
ne se préoccupait que de son devoir.
C’est précisément ce que nous devons
faire aussi. Nous croyons en notre
vaisseau, l’Eglise de Cbris’t à la quelle
nous appartenons. Nous croyons au
grand Capitaine qui commande ce
vaisseau, nous lui laissons diriger les
évènements et nous songeons à nos
devoirs. "Voilà ce que peut dire tout
vrai chrétien.
îfteüuc
Mtatie. — Le Sénat vote au pas
de charge les projets de loi déjà ap
Erouvés par la Chambre des députés.
es ministres eux-mêmes commencent
à quitter Rome et le roi Humbert
accompagnera bientôt la reine à Turin et au château de Sarre dans la
vallée d’Aoste. Le Sénat a approuvé
le projet du chemin de fer de Pignerol à la Tour.
Cialdini, dont la démission est enfin définitivement acceptée, va quitter
Paris; il se rend aux bains d’Evian
puis à Valence en Espagne.
France. — Les troupes françaises
ont bombardé Sfax et en ont réduit
en ruine les forts et la mosquée.
AmériQtte. — Le président Garfîeld se rétablit de ses blessures. Les
journaux annoncent que son état s’améliore de jour en jour.
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