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Année Septième.
3 Juin 1881
N. n
LE ÏEMOIIV
ECHt) DES VALLEES VAUDOISËS
rtiraissant chaque Vendredi
Vous me sefes témoins. Actf,s l, &. ' ‘ ' Suivant la vérité avec la charité. Ee.
PRÎx'b’jiBBONNEI^NTPAR AN
Ualis . ' ..w Ii.^ 3
4*0113 Les pays dt l'Unig)!
’d6»puate_ . . 0^
Amérique
On g'hbonno :
t^our; Vintérieiir che« MM.
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mominalro.
3 Juin. -- Nos origines. Une considération do plus. — Le càléohismo et ta
liturgie. — Correspondance. — Comptprondu do la CQufôron_ji.o'dos Eglises du
Val Saint Martin. — ÉgucBlles reiigieuKs.
— Reçue•polUiqHç'.- '
3 JIIIN
Le Millenium.
,>^ue nos lecteurs rie s’effniyenl
pas! Nous n’avons nulle idée d'étudier avec eux, ou salis eux, cette
doctrine, affirmée avec enthousiasme
par les uns, repoussée absolument
par les autres et que la plupart
s’abstiennent d’affirmer aussi bien
(]ü‘ê de nier. Noué eriteridoris parler
(ie’cétte vehne corporelle et visime où
spiriluélle et invisible du Seigneur
pour ressusciter les martyrs et les
faire régner avec lui, sur ta terre
même, du du liaüt du ciel péridant
mille ans; lorsque, selon l’attente
de quelques uns, notre terre étant
délivrée de Satan et de ses esclaves,
ii*n’y aura plus de séduction, plus
de persécution, plus de soiiflrances
et pillé' de maladies; et que chacun
aura sa part dés biens que Dieu à
créés pour tous.
S’il ÿ avait .pour chaque fidèle
Une importance vitale dans l’adhésion*fennelle et absolue à line paleille doctrine, ils nons-paijait hors
de doute quei^le -Saumiir.
enseignée et patiemment expliquée
à ses disciples. Et si elle était déjà
comme on le prétend, renfermée
dans les prophéties de l’Ancien
Testament, comment s’est-il fait
que Jésus, qui si souvent s’y rapporte et en montre l’accomplissernenl, n’aîl jamais dit un mot de
cette prophétie spéciale qui était
pourtant d’un intérêt capital? Mais
en admettant que Jésus n’en àît pas
voulu parler à ses disciples parce
qu’ils étaient incapables de le comprendre, et qu’il ait réservé ce fait
pour une révélation postérieure,
précisément celle qu’il a faite dans
l’île de Palrnos à son disciple bien
aimé, nous nous sommes souvent
demandé quels seraient dans l'intention du Seigneur, le but spécial
et l’effet salutaire de cette doctrine.
Le racheté, qui par le témoignage
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474™
du Si. Esprit dans son cœur, sait
qu’il est réconcilié avec Dieu, adopté
par lui pour être héritier du ciel ;
que son Sauveur est avec lui jusqu’à la fin, qu’il est allé lui préparer une place dans la Maison du
Père; qu’il lui sera un jour semblable parce qu’il le verra tel qu’il
est ; sachant tout cela , le racheté
a-t-il encore besoin de quelqu’autre
motif pour vivre saintement, justement et religieusement, en attendant
la venue du Saveur et sa réunion
avec lui ? Quiconque n’a pas été
gagné et subjugué par la charité de
Christ, le sera-t-il par la perspective du gouvernement de dix villes,
ou même d’une couronne royale
' pendant le règne de mille ans ?
Nous ne le pensons pas, quoique
d’autres, plus intelligents ou plus
spirituels que nous, puissent comprendre ces choses autrement que
nous. Ce qpe nous ne permettrons
à personne de nous contester , c’est
l’expérience que nous avons faite
un grand nombre de fois, des effets
désastreux de ces préoccupations
milléniaires sur la vie même de
ceux qui en sont possédés.
L’attente de cette glorieuse existence aurait dû, nous semble-t-il,
bannir du cœur, l’amour du monde,
l’avarice, l’avidité du gain matériel,
et produire avec le renoncement à
soi-même, la douceur, l’humilité,
en un mot « le môme sentiment
qui a été en Jésus—Christ ».
Est-ce là le spectacle que donnent
à leurs frères et au monde ces
chrétiens qui vivent de prophéties
et qui attendent avec impatience le
règne des mille ans? qui ne savent
parler d’antre chose, même à ceux
qui n’ont pas compris encore les
premiers éléments de l’Evangile?
Nos lecteurs le savent aussi bien
que nous, slfs veulent le dire; ils
n’allendent de ces chrétiens là, ni
douceur, ni humilité , ni dèsinléressemenl, ni charité véritable; dans
leurs-lransaclion.'j^vec eux ils doivent
être pai'liculièrement sur leurs gardes. C’est la règle, et l’on peut
s’estimer heureux si l’on a rencontré quelque exception.
Que veut dire cela? En voyant
leur amour des richesses on est tenté
de croire qu’ils veulent se présenter
à leur Seigneur vêtus de pourpre
et de fin lin, ou bien encore qu’ils
ne croient pas à la réalité des biens
invisibles. En voyant leur présomption vaniteuse, on dirait qu’ils
croient être déjà couronnés. Ceux
qui prétendent que le chrétien, dès
celte terre, a surtout à jouir de
ses privilége.s d’enfant du royaume,
nous rappellent cet aslronôme, ou
astrologue qui s’avançait la tête en
l’air, le regard fixé sur une étoile,
et qui tomba dans nn puits qui se
trouvait sur son chemin.
NOS OiUGINES.
line coiisitlérulion de plus.
A
III.
L’idiôme Vaudois, étant de forrnation italienne et non française, la
règle des cas maintenue dans tous
les idiomes français jusqu’au quinzième siècle, cesse d’être applicable
aux ouvrages vaudois; ils peuvent
dès lors être antérieurs à cette époque.
Cherchons à quelle date ils peuvent
remonter. — Une telle recherche ayant
été faite pour la Noble leçon, je ne
ferai que la reproduire, en l’abrégeant
un peu.
Tous ceux qui se sont occupés des
langues romanes, s’accordent à reconnaître que les poèmes en assonances,
3
175^
suivies par groupes irréguliers, sont
plus anciens que ceux à rimes accouplées, ou en strophes régulières. La
^ohle leçon est en assonances suivies
irrégulièrement: La Barca, est en
strophes régulières. La Noble leçon
est donc plus ancienne que la Barca.
Si nous pouvons déterminer l’époque
de cette dernière, nous savons déjà
que la première sera d’une époque
plus reculée.
Eh bien, dans la vingt et unième
strophe de la Barca, on lit ces vers :
Alciin raéton Icfr témp saper la itayso
Do li îmyt du qnest mont, pér U rendre en rasson.
llh Jïiéton lor tré.sor ô déspr-.ndQn lor Uhnp,
En rnondana sapiéneza é lansor de la gent
Il n’y a, dans le texte ni accentuation, ni ponctuation; les accents que
j’ai mis, n’ont pour but que d’en
l'aire comprendre la prononciation.
Voici le sens de ces vers;
Quelques uns mettent leur tenip.s b. savoir la chanson
Des atienturea do ce monde, pour là rendre à rançon;
(C’est-à-dire, pour la faire entendre à prix d’argent).
Ils mettent leur trésor et dépensent leur temps,
En mondaine science et louange des gons^
On ne peut méconnaître à ces traits
les ménestrels, qui allaient de château en château, chantant les faits
et gestes de leur époque. C’était pour
eux un moyen d’existence. Or l’industrie des Ménestrels, ne s’est exercée que depuis le milieu du onzième
siècle, jusqu’à la fin du treizième;
par conséquent l’auteur d’un ouvrage
qui en parle comme s’ils étaient de
son temps, ne peut avoir écrit plus
tard que dans le treizième siècle; et,
puisque la Noble leçon est plus ancienne que La Barca, elle doit dater
d’un temps plus reculé.
Cherchons maintenant, s’il ne serait
pas possible de trouver en elle-même,
quelque indication de l’époque où elle
a dû être composée. — Ayant à parler
des persécutions qui sévirent sur les
premiers chrétiens, elle appelle les
persécuteurs, des Sarrasinz: (vers
331). Celte expression ne peut avoir
été employée qu’à une époque où les
Sarrasins étaient encore un sujet de
terreur et des agents de violence pour
les chrétiens.
J’ignore jusqu’à quelle époque ils
se sont maintenus en Italie; mais
dans le nord de la France, ils furent
détruits par Charles-Martel en 732;
et dans le raidi ils se maintinrent
partiellement, en diverses localités
isolées, jusqu’au onzième siècle..On
dit même que dans les Alpes du
Dévoluy, peu éloignées des montagnes
vaudoises, ils persistèrent jusqu’au
douzième. Ce serait donc au moins
dans le douzième siècle, que cet indice
nous amènerait à placer l’origine de
la Noble leçon. Ce serait même au
commencement bien plutôt qu’à la
fin de ce siècle, que nous serions
conduits par le sujet du poêmé: ou
du moins par le motif qui détermina
l’auteur à l’entreprendre. — C’est,
dit-il (an commencement et à la fin),
parce qu’il faut noiis préparer à la
prochaine fin du monde.
On sait que ce fut pour l’an mil,
que la fin du monde avait été prédite;
lorsque cette date fut franchie, on
se trouva dans l’onzième siècle, qui
ne cessa d’attendre avec leiTeiir la
catastrophe annoncée; quand le siècle
eut fini, tout respira; ce ne fut plus
cju’exceptionnellement et dans des régions reculées, que pendant quelques
années encore, les esprits attardés
restèrent dans l’appréhension.
Tel est le temps que la Noble leçon ,
parait désigner dans ce vers: (le sixième)
I3an ha mi\ é cent at'ûz compli éntiorament
Qud fo script alora qut) sen al derier témp.
(Ce dernier est le septième. Les
accents n’ont été mis que pour la
prononciation. Au dernier vers, une
légère modification dans la division
des mots, a été introduite, pour lui
donner un .sens compréhensible).
Je n’insiste pas sur cette date (quoique je croie parfaitement authentique
le vers qui la renferme) parce qu’elle
a été contestée,, et que la discussion
sur ce point m’écarterait du but que
j’ai en vue.
Pour le moment, je ne veux retenir que ceci : c’est que la Noble leçon
avait paru, ou parut à l’époque de
l’arrivée de Valdo, dans les monta-+
gnes vaudoises.
4
-176^
Çe poème, du reste, ne doit pas
avoir été, le seul, ni le premier: Lo
Nov&l Sermon offre la même prosodie
archaïque; l’un et l’autre sont des
compositions déjà considérables, et
qui; témoignent d’une culture antérieure.
io Despréczi del Mont a des vers
déjà plus réguliers ; les poèmes en
strophes viennent ensuite, indiquant
de nouveaux progrès dans la •forme,
sur le même fond de pensées , prér
cé;dem,ment actiuis.
Enfin, sans discuter sur les détails
on; peut dire que ces poèmes attestent un mouvement littéraire, qui
n’était pas à ses débuts; et la question qui nous touche maintenant, est
de savoir si cette littérature locale,
fut indigène ou importée.
(A suivre).''
Le caléchisme el la liliirgie.
Il a paru dernièrement, dans notre
petit journal, deux articles fort peu
favorables au caléchisme. Gela n’empêche pas que ceux qui- se sont mis
en tête d’en faire un, ne continuent
à y travailler avec toute la persévérance dont ils sont capables. Ils ne
sont sans doute point sûrs d’obtenir
l’approbation du public, toutefois ils
veulent faire un essai dans l’espoir
de faciliter leur tâche et celle de leurs
catéchumènes.
Il y a d’abord pour eux, dans ce
travail, un avantage incontestable,
c’est qu’ils voyent, et ils se le font
voir les uns aux autres, combien il
est difficile de faire un bon catéchisme
à la fois court, précis, complet, simple et biblique. Et avec celui-là, il y
en a un autre: c’est que en s’efforçant d’atteindre le but, chacun de
ceux qui s’y emploient,“gagne en
clarté et en précision dans ses idées
et dans ses vues sur les doctrines
qu’il doit enseigner. Cela dit, alors
même que les craintes qu’ils ne puissent aboutir, seraient fondées, la peine
et le temps employés à élaborer un
catéchisme, ne seront point perdus.
Au reste on l’a déjà dit et répété
maintes fois et c’est aussi ce que laissent supposer les articles susmentionnés, lorsque celui qui est appelé
à enseigner n’a point de catéchisme,
il en fait un. Etudions, si vous voulez, l’Evangile selon St. Luc, faisons-le
apprendre par cœur, expliquons-le
en faisant ressortir et remarquer les
doctrines qui y sont contenues. Quand;
ce travail sera fait, nous sentirons le
besoin de résumer notre enseignement
par quelques demandes el réponses,
avec le désir bien naturel de nous
assurer qu’il y a quelque chose de
bien réel et défini dans l’esprit des
catéchumènes. Et nous voilà faisant
un catéchisme. Aussi, même parmi
nous, ceux qui ont mis de côté tout
catéchisme, ont fini par avoir le leur.
Ils le trouveront sans doute meilleur
que tant et tant d’autres, car ad ogni
cmmacchiella par bello un cornaùcMello
suo. C’est aussi sans doute pour cela,
que chaque année voit le nombre des
catéchismes s’augmenter. Hormis toute
la vanité qu’il peut y avoir, il n’y a
point de mal dans' ce travail que
tes hommes se donnent, c’est un
moyen de se rendre compte de la
lecture que l’on a faite do la Bible.
Le Livre, ad-on dit, a produit les livres, et parmi ceux-ci se trouvent
et même en première ligne, les catéchismes. Nous ne voulons donc pas
remplacer la Bible par le catéchisme,
mais‘ il nous faut celui-ci, comme résultat de l’étude de la Bible.
Il nous souvient d’avoir lu qu’une
église des Etats-Unis qui avait mis'
de côté tout catéchisme pour n'ayoir
que la Bible, se. proposait sérieusement d’y revenir, sentant le besoin
de donner à scs catéchumènes une
vue d’ensemble sur les doctrines bibliques. — Un catéchisme nous l’avons
toujours eu, probablement même dans
les temps où nos pères apprenaient
et savaient par cœur des portions
plus ou moins considérables de la
Parole de Dieu. (Voir le vieux catéchisme patois, dans l’histoire de.Monasticr).
II y a beaucoup d’incertitude dans
les idées religieuses de notre peuple.
5
»177
nous devons la combattre par une
étude toujours plus soig'née de la
Bible. Et celte étude doit-être faite
avant et après et en tout temps, dans
la famille, puis dans l’école du Dimanche et se résumer dans un catécliisme, afin gue nous soyons nous
même au clair, et que l’on sache
quelle est l’intelligence que. nous avons
de la Parole de Dieu.
Et comme le catéchisme a en soimême q^uelque chose dè sec, comme
cela arrive h toute collection de fleurs
quë l’on a détachées de leurs tiges ou
arrachées, il faut avoir à côté de lui
une liturgie où sous forme d’adoration , de prières, de-^ supplications ,
d’actions de grâces, s’expriment les
enseignements et les doctrines de la
Bible. Le général Beckvvith écrivait à
la préface de son Sagtjio di Liturgia
les paroles suivantes: «Le but de
cette liturgie, est d’enseigner à celui
qui lit, quels sont les dogmes et les
doctrines de la religion chrétienne.
Elle commence par la proclamation
des commandements de Dieu, exhortant les hommes à reconnaître cl à
confesser qm’ils les ont violés; elle
leur indique, comment ils peuvent
échapper aux terribles conséquences
de leur désobéissance, et les excite
il chanter à l’aide des paroles du
psalmiste, les louanges du Seigneur
pour une si grande délivrance ».
.Ni le catéchisme, ni la liturgie ne
doivent et ne peuvent remplacer la
la Bible, mais l’un et l’autre y puisent leur substance et ont leur place
dans une église pour ¡’instruction et
l’édifiealiou du peuple.
(iTorreojîoiibiince
. , Î7, n,iu ISSU.
Mon cher Directeur,
Comme le poids de vingt années
de plus fait voir autrement les choses
qui sont pourtant toujours les mêmes 1
Autrefois je m’impatientais follement
lorsque,'à cette saison, la pluie me
faisait perdre une journée de travail;
aujourd’hui je supporte sans peine
même deux ou trois jours de suspension, sauf que j’aie du foin à retirer;
dans ce cas seulement le vieil-homme
réparait avec sa prétention de mieux
régler le temps, que Celui gui nous
le donne. Cette année je n’ai rien de
pareil à me reprocher et j’ai beaucoup joui de ces deux jours de pluie.
J’en ai employé une partie à lire, ce
que je ne pouvais plus faire à souhait depuis une quinzaine; j’ai aussi
passé quelques bonnes heures à causer
avec mon ami François, aussi désœuvré
que moi. Nous avons parlé de beaucoup de choses, un peu de politique
à laquelle nous ne nous vantons pas
de comprendre grand chose. Mon ami
François, à propos de notre ministère
qui tantôt est fait et le lendemain
est à faire, a exprimé deux idées
assez curieuses dont j’ai bien ri avec
lui. L’une est que l’on devrait mettre
dans l’urne les noms de tous les députés et en extraire deux fois par
an, les huit ou dix qui seraient ministres pendant ces six mois, pour
faire ensuit* place à dix autres. Les
employés de chaque ministère resteraient et les affaires ne marcheraient
pas plus mal. Son autre proposition
serait de mettre au concours les postes
de ministre et de les confier à ceux
qui feraient payer le moins d’impôts.
Je lui ai observé que jamais les progressistes ne consentiraient à revenir
en arrière , et que l’on serait presque plus sûr d’aboutir en offrant le
pouvoir à ceux-là précisément qui
ont pour principe d’augmenter indéfiniment les revenus de l’Etat, sans
s’inquiéter autrement de ceux qui les
fournissent.
Mais ce n’est pas du tout de nos
extravagances politiques, ni des perspectives de nos récoltes dè l’année,
3ue je voulais vous parler, quoique
epuis longtemps vous m’ayez invité à vous écrire dé temps a autre
sur ce sujet. Ce qui nous a le plus
occupés, ni vous ni aucun de vos
lecteurs ne le devineriez, et je veux
vous le dire. Mon ami François qui
est appelé plus fréquemment que mon
6
.-.-178^.
à faire des courses dans les paroisses
voisines, même aussi dans les plus
éloignées, est retourné dernièrement
à la maison avec un torticolis, dont
il a eu quelque peine à guérir. Il a
comme moi l’habitude de se placer
dans le temple aussi près que possible de" la chaire aün de mieux entendre et de tenir les yeux fixés sur
le prédicateur. Or il s’était trouvé au
pied d’une chaire si prodigieusement
elevée que ce n’était qu’au prix de
grands efforts et de contorsions pénibles qu’il parvenait à apercevoir
le prédicateur, lorsque celui-ci ne se
reculait pas trop dans sa boîte. La
prédication, me dit-il, était évangélique, mais l’impression que j’en ai
gardée n’est pas agi'éable, même aujourd’hui que mon cou est guéri. Si
j’étais pasteur, ajoutait-il, et que la
-plus belle de nos paroisses, me voulût pour son conducteur, mais eu
m’offrant une chaire pareille, je refuserais net. —■ Puis nous avons passé
en revue toutes les chaires que nous
connaissons et nous leur ayons trouvé
Îiresque sans exception, le même déaut capital. Celle du Périer est la
seule qui aît trouvé grâce à nos yeux,
Partout ailleurs il faudrait les abaisser d’un ou deux mètres, les ouvrir,
les éiarger, les rapprocher de l’assemblée,pour que le ministre n’ait pas
Pair du souverain sacrificateur , séparé des autres pécheurs. Un simple
pupitre comme ceux qu’il y a dans
nos écoles paroissiales, est tout ce
ju’il nous faudrait dans nos temples.
Pest la conclusion à laquelle nous
sommes arrivés en nous poussant l’un
l’autre ; mais en y pensant depuis,
j’ai reconnu que c’est aller trop loin
dans le sens contraire à celui que
nous blâmons, mon ami et moi.
Votre dévoué Jacques.
2'
lloni[yte-rend» tl« la Cuiiférencc
des églises du Val Saint iHartin.
La conférence des églises du Val
Saint Martin a eu sa onzième session,
le 23 mai, à Massel. Cinq pasteurs et
neuf délégués des différentes églises de
la vallée y assistaient. La séance s’est
ouverte à neuf heures du matin par
le culte et un court exposé du sujet
à l’ordre du jour; « devoirs et droits
des mmnbres électeurs ». Les questions
suivantes sont proposées à l’attention
des membres de la Conférence et du
public:
1. Conditions auxquelles on peut
être membres électeurs;
2. Devoirs des membres électeurs;
3. Droits des membres électeurs;
Pour ce qui a trait aux conditions,
elles se résument dans les trois suivantes: professer la foi de l’Eglise,
se soumettre à son gouvernement et
avoir atteint l’âge de 25 ans. Ces
trois conditions ne sont pas remplies
aussi souvent qn’on parait le croire.
En effet, s’il est vrai que la dernièi’e
est généralement observée et que la
plupart des membres électeurs se soumettent â la seconde, il n’en est pas
ainsi de la première. Que de mis
ne rencontre-t-on pas au sein de nos
paroisses des personnes qui professent une toute autre doctrine que
celle de l’Eglise, qui pour la plupart
du temps abandonnent les saintes
assemblées et qui cependant y interviennent quand l’assemblée électorale
est convoquée, parfois même pour y
apporter le trouble et la dissension!
Comment remédier à ce mal ? Nous
faudra-t-il continuer d’inscrire sur
les listes 'électorales tous ceux qui
se présentent quelle que soit leur
profession de foi? Esl-il raisonnable
qu’un incrédule, par exemple, prenne
part aux élections quand on est appelé à nommer un Pasteur ou un
ancien? Certes non. A quel moyen
aurons-nous donc recours pour obvier
à cet inconvénient? Le moyen est
simple: il suffît de faire subir un
examen à tous ces membres dont la
foi est douteuse et qui se trouvant
dans la paroisse depuis au moins six
mois, se présentent pour être reçus
au nombre des électeurs.
Quant aux devoirs, on ne peut les
séparer des droits pour la raison
toute simple qu’il n’y a point de droits
sans devoirs. Outre les devoirs qui
7
.179,
sont imposés à chaque membre de
l’Eglise, tels crue la fréquentation des
saintes assemblées et les contributions
pour les diiférentes œuvres de l’Eglise,
il en est un qui est propre aux électeurs : c’est celui d’assister aux assemblées électorales quel que soit l’objet
de leur convocation. Ceux qui s*en
dispensent se dessaisissent de leur droit
d’électeur et s’excluent eux mêmes.
Il est une troisième cause d’exclusion : c’est le refus de contribuer pour
les différents besoins de l’Eglise. Ici
une discussion s’engage. Sommes-nous
autorisés par la Parole de Dieu à rayer
de la liste des membres électeurs quelqu’un qui ne contribue pas? Il n’y
a que nous sachions, aucune déclaration dans les Ecritures qui l’établisse; au contraire, l’ordre que l’Apôtre donne aux Corinthiens à l’égard
des collectes semble nous prouver
que nous ne devons pas user de ce
moyen. « Que chacun, » dit-il, « donne
selon qu’il l’a résolu en son cœur,
non à regret, ni par contrainte » ( II,
Corinth. IX, 7). Quand on menacerait de la radiation un électeur qui
ne contribue pas, il n’y aurait plus
cette pleine liberté de donner à laquelle fait allusion Saint Paul), mais
contrainte. Observons cependant qu’il
n’est pas ici question d’exclure de
l’Eglise celui qui ne donne pas ; il
s’agit simplement de lui retirer les
droits qui lui ont été conférés, mais
à certaines conditions. Ne remplit-il
pas les conditions qu’il a acceptées?
Il n’est plus dans la règle et par
conséquent il se prive lui-même de
ces droits. Ajoutons que ce doit ótre
le moyen extrême. Il faut avant d’en
venir là, s’efforcer de faire comprendre , non seulement aux électeurs,
mais à chaque membre de l’Eglise
que c’est un devoir que de donner.
Voici d’ailleurs l’ordre du jour voté
par la Conférence: « La Conférence
» de Massel exprime l’avis que les
» électeurs qui, après avertissement
» fraternel, ne prennent pas part aux
» assemblées électorales et refusent
» toute contribution pour les besoins
» de l’Eglise, ne doivent plus figurer
» sur la liste électorale.
La séance est close vers deux heures de l’après-midi par la lecture de
la Parole de Dieu, la prière et le
chant du Te Deum. n. p.
itout)cUc0 reltjgtc\isee
Italie. — On annonce comme imminente l’apparition d’un nouveau livre du P. Curci sur la question politico-religieuse, dans lequel l’ex-jé.su!te
mettra sous les yeux du grand public
toutes les pressions, toutes les intrigues
qui empêchent Léon XIII de prendre
les décisions qu’ils croit les meilleures dans l’intérêt de l’église.
Nous-nous demandons à ce sujet,
à quoi sert donc l’infaillibilité si elle
n’affranchit pas celui qui la possède
de pareilles misères auxquelles le común des mortels est assujetti!
Suisse. — Le Synode de l’église
libre du Canton de Vaud à siégé du
lundi 9 mai au jeudi après midi. Parmi
les sujets mis à son ordre du jour,
se trouvait une proposition faite, il y
a deux ans, et déjà discutée, dans
un précédent Synode, tendant à accorder à tous les membres de l’église,
aux femmes comme aux hommes, le
droit de présentation lors de la nomination d’un pasteur. Des opinions
très-diverses se sont fait jour dans
la nouvelle discussion sur ce point.
Une commission de 7 membres chargés d’examiner à nouveau l’ensemble
du règlement sur cette matière, fora
son rapport au prochain synode.
France. ~ L’Asile évangélique de
Aix-les-Bains, s’est rouvert le 15 de
mai, sous la direction dévouée de
W et M'”« Fournier. Le prix de la
pension varie de 2 à 3 fr. par jour,
suivant la chambre; et la durée normale de la cure est de 25 jours. L’an
dernier l’Asile a reçu d50 malades,
parmi lesquels 15 pasteurs et 27 instituteurs ou étudiants.
AtLEM.AGNE. — Cet été doit avoir
lieu le pèlerinage septennal d’Aix-laChapelle (Prusse Rhénane ). A l’occasion de ce pélérinage (qui en •1874
a attiré prés d’un demi million de
8
,180~
curieux, surtout de paysans), on expose à l’adoration des dévots les
fameuses relicjues que possède la cathédrale fondée par Charlemagnel Les
grandes reliques qu’au temps ordinaire, les princes seuls ont le droit
de contempler, comprennent un jupon
de laine porté par la Vierge à la
naissance du Christ; les linges ,qui
enveloppaient l’enfant Jésus dans la
crèche, le drap sur lequel Jean Baptiste fut décapité, la toile qui ceignait
les reins du Sauveur sur la croix ,
enfin le mouchoir qui enveloppait sa
tête. Parmi les petites reliques, on
remarque la ceinture du Christ en
cuir, une partie des cordes avec lesquelles il fut lié, de l’éponge qui servit à le désaltérer, etc. etc.
Et l’éditeur des œuvres de St. Thomas, qui siège au Vatican ne trouve
pas un mot pour flétrir, comme il le
mérite, un appel si déhonté à la superstition , c’est-à-dire à ce qu’il y a de
plus opposé à la foi véritable. Et c’est
de cette manière que ceux qui se prétendent les chefs en Israël s’appliquent
à relever le sentiment chrétien toujours plus près de s’éteindre au sein
des multitudes! Et tout cela à la fin
du 19® siècle II
poUtt£juie
âtuMe. — Après cinquante jours
de crise ministérielle, c'est-à-dire,
depuis le 7 avril, nous avons enfin
le même ministère, car le changement des trois noms ne signifie pas
un changement de politique. Voici
le nouveau et l'ancien ministère:
Déprélis, présidence et intérieur,
renmlace Gairoli à la présidence;
Mandili, avocat, affaires étrangères,
remplace Cairoli.
Zanardelli, grâce et justice, remplace Villa, qui n’en peut mais.
Berli Domenico, agriculture et commerce, remplace Miceli.
Ferréro, guerre.
Actûn, marine.
Baccelli, instruction publique.
Baccarini, travaux publics.
Magliani, finances.
La Chambre a repris Ses travaux;
son ordre du jour est; nominatioh
des bureaux, projet de loi de la
réforme électorale. — La question
du scrutin de liste est séparée du
reste de la loi qui consiste essentiellèmeiït dans Télargissetnent du cens.
— Crispi, Nicotera et le Centre gauche sont peu satisfaits de la solution;
les deux premiers pour n’avoir pas
pu faire rentrer dans Tadmihistration
le général Mezzacapo qui demandait
une augmentation considérable du
budget de la guerre.
La Reine est partie pour Naples .
avec le prince royal.
Melegari ambassadeur à Berne est
mort.
fi'»nce. — Le traité imposé au
bey de Tunis est approuvé par la
Chambre des Députés. — Les journaux, qui enregistrent les moindres
paroles et les moindres gestes de Gambetta, publient et commentent son
discours de Cahors. Quoiqu’on en
dise, Gambetta est le second président de la Francei il n’est pas loin
d’en être le dictateur et d’inaugurer
le gouveriieriient personnel, cher
aux Français.
Monsieur Jules Ferry a prononcé
un discours très-élogieux de Léon XIII;
évidemment le gouvernement français tend à êlre au mieux avec le
siège papal, et cela après tout ce
que nous avons vu et entendu, l’année dernière, sur les corporations
religieuses et le reste.
jRussie. — Les persécutions contre les Juifs continuent, les nihilistes
paraissent en être les instigateurs.
AVIS.
Pensionnat de Jeunes Filles à
Eclénens, Vaud (Suisse), fondé
en 1844.
M’ E Malan professeur à La Tour,
a bien voulu se charger de donner
les renseignements nécessaires.
EttMESTltoiîBirr, Gérant elAdminislrnleiir
l’ignorol, lmp. Chlarilére et Mhsi-an.'Hl.