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Année XXXTH.
28 Mars 1902.
N. 12.
L’ÉCHO DES VALLÉES
OHÀQUEJ VE^KTOREiOI
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Que toutes les choses vraies, honnêtes, justes, pures, aimables... dignes de louange, occupent vos pensées. (Phïl. IV, 8).
SOMMAIRE ;
Résurrection ! — Nos catéchumènes —
A propos des Anglais et des Boers —
Méditation pour le Vendredi-Saint —
Correspondance — Evangélisation —
Questions morales et sociales — Chronique — Nouvelles et faits divers —
Revue Politique — Annonces.
La semaine prochaine VEcho sera
remplacé par le Vaudois, Echo des
Vallées mensuel.
RÉSURRECTION !
Voilà le grand sujet qui nous préoccupe tous ces joùrs-ci.
C’est que ce mot exprime le désir
profond de toute âme. Oh ! pouvoir
vaincre la mort qui fait passer tous
les humains sous son joug ! Quelle
victoire! Mais ce désir serait-il jamais satisfait ? Ce rêve glorieux pourra-t-il jamais être une réalité? La
résurrection est-elle chose possible ?
Oui, elle l’est. Ne la voyons-nous
pas dans la nature à ce moment de
l’année ? Qu’est-ce que le réveil de
la nature si ce h’est une résurrection
après la mort de l’hiver? Et nous
la verrons bientôt d’une manière plus
frappante encore quand la chrysalide
de nos cocons s’échappera de son
tombeau transformée en papillon.
Et surtout, Dimanche prochain les
voix joyeuses de 400 millions de
chrétiens le proclameront sur toute
la terre dans toutes les langues du
monde. Oui, la résurrection est une
réalité, car Jésus est ressuscité !
Notre espoir, notre foi, notre chant
de triomphe, repose sur un fait, qui
est là au centre de l’histoire comme
un phare lumineux au milieu des
ténèbres de la nuit.
Toute objection, tout doute, tombe
devant un fait.
On disait la résurrection impossible ; mais il n’y a rien d’impossible
dans l’histoire ; il n’y a que ce qui
est arrivé et ce qui n’est pas arrivé.
Tout ce que peut la science, c’est
de reconnaître ce qui est arrivé ; elle
ne peut pas dire cet fui ne peut pas
- arriver ; demain peut-être ce qu’elle
proclamerait impossible aujourd’hui,
arrivera, et aussitôt toutes ses théories, s’écroulent.
Tout ce que peut et doit faire la
science pour connaître ce qui s’est
passé sur la terre avant nous, c’est de
s’assurer si ces événements sont dûment attestés par des témoins dignes
de foi ; mais prétendre fixer d’avance
par de prétendus axiomes ce qui a
pu arriver et ce qui n’a pas pu, ce
n’est pas de la science c’est de l’ignorance, des préjugés de la fatuité.
Or la résurrection de Jésus est de
tous les événements du passé le fait
le mieux attesté par les témoins les
plus dignes de foi, dont la déposition
nous est parvenue dans les documents qui ont été Je plus soigneusement examinés et déclarés d’une
authenticité au dessus de tout doute.
Il est de fait qu’il y a tantôt 19
siècles, dans la capitale de la nation
Juive, un homme nommé Jésus fut
condamné à mort par le Sénat de
son peuple parce qu’il se disait le
Fils de Dieu, et crucifié par le gouverneur Romain de la province, un
Vendredi à la veille de la grande
fête de Pâques ; puis son cadavre fut
déposé dans un tombeau auquel ses
juges mêmes firent apposer les scellés
et placer une garde de soldats Romains.
Il est de fait que le Dimanche à
l’aube, ces soldats Romains virent
tout à coup, à leur grande terreur,
cette tombe s’ouvrir et ce cadavre
reprendre vie et en sortir au milieu
d’une lumière éblouissante ; et ils
coururent aussitôt en informer les
juges qui ne surent faire autre chose
que d’acheter le silence de si dangereux témoins par de l’argent. Mais peu
après la mère de Jésus et d’autres
femmes vinrent au sépulcre espérant
pouvoir achever d’embaumer son
cadavre suivant l’usage oriental, et
l’ayant trouvé ouvert et vide, se hâtèrent de porter la nouvelle à la
ville.
Il est de fait que le soir même
les disciples de Jésus assemblés s’entretenaient de l’événement et quelques-uns d’entr’eux racontaient que
Jésus leur était apparu, quand Jésus
se présenta au milieu d’eux et les
persuada que c’était bien Lui même
revenu à la vie ; et le Dimanche suivant il consacra de nouveau leur
réunion par sa présence, convainquant même le sceptique Thomas ;
et dès lors pendant 4G jours il leur
apparut maintes fois en Galilée où
il leur avait donné rendez-vous et
finalement sur le mont des Oliviers
d’où il monta au ciel.
Il est de fait que dix jours plus
tard, 50 jours seulement après la
crucifixion, Pierre prêcha à Jérusalem
même que Jésus était ressuscité, et
3 mille personnes le crurent et se
déclarèrent disciples de Jésus ; et
plus tard un docteur d’Israël, Saul
de Tarse, le prêcha si ouvertement
aux Juifs comme aux Romains mêmes, que le gouverneur Festus disait que les accusations des Juifs
contre Paul se résumaient en « quelques disputes touchant un certain
Jésus mort que Paul assurait être
vivant» (Actes XXV, 19).
C’est comme martyrs, non d’une
idée, mais du fait de la résurrection
de Jésus dont ils se disaient témoins,
que les apôtres sont morts ; et c’est
sur ce fait que s’est fondée l’église
chrétienne qqe ni les Juifs, ni les
Romains, ni les Musulmans, ni les
incrédules, n’ont pu abattre, et qui,
aujourd’hui est répandue sur toute
la terre et est plus puissante que
jamais.
Fêtons donc le glorieux jour de
Pâques de tout notre cœur ; il nous
rappelle le fait qui a démontré que
Jésus est bien vraiment ce qu’il s’est
déclaré, le Fils de Dieu, le Sauveur
des pécheurs, le fait qui nous assure
de notre propre résurrection.
Et puisse cette commémoration de
la fésurreetion de Jésus être pour
bien des âmes l’occasion d’une vraie
résurrection de la mort de l’indifférence, du doute et du péché, à la
vie de l’amour chrétien, de la joie
et de la sainteté qui est la vie de
Jésus !
Oh ! si la fidélité de nos pères à
l’évangile et leur héroïque dévouement à son service qui semblent parfois morts ou endormis, ressuscitaient
chez nous, aux sons joyeux de la
fête de Pâques qui semblent si propres à réchauffer nos cœurs 1
Dieu le veuille I
Teofilo Gay.
Nos avons lu avec plaisir l’article de
M. B. G. sur les catéchumènes et d’une
manière spéciale sur le mode d’admission dans l’Eglise. En laissant à la
commission nommée de nous présenter
au prochain Synode le fruit de ses
recherches, je voudrais à la veille de
Pâques, attirer l’attention des lecteurs
sur un point trop souvent laissé dans
l’ombre. Que les catéchumènes ne soient
pas toujours sérieux, qu’ils n’apportent
pas toujours avec eux une idée claire
de l’importance de la promesse qu’ils
vont faire, que l’Esprit n’ait pas encore
fait d’eux des créatures nouvelles, nous
sommes hélas ! d’accord avec tous ceux
qui doivent faire la même expérience
chaque année. Mais il est un fait que
cela se doit en grande partie aux parents d’abord qui ne sont pas sérieux,
qui n’ont pas même eu l’idée de prier
avec leurs chers enfants, qui n’ont pas
abordé la question de l’admission dans
l’Eglise sauf peut-être à s’occuper de
quelques petits détails sur la manière
de se présenter ou de s’habiller ce
jour-là. Ce n’est pas naturel, le catéchumène se sent seul, il est ému, agité,
il va accomplir un acte solennel mais
il n’en comprend pas la grande portée
et une fois l’acte accompli il tombe
dans le grand oubli de ses engagements. Il n’en serait pas ainsi si à côté
des exhortations du pasteur, il y avait
eu les avertissements et les prières des
parents.
A côté des parents les grands coupables ce sont nos frères et nos sœurs,
tous membres d’Eglise. Vous savez
critiquer, porter des jugements sévères
sur nos jeunes recrues, vos lamentations sont continuelles, vous voyez tout
en noir ; mais, dites, la main sur la
conscience, qu’avez-vous fait pour nos
jeunes amis ? Sauf quelques nobles et
rares exceptions, vous avez gardé vos
trésors, votre longue expérience pour
vous ; vous vous êtes drapés dans votre contentement spirituel en laissant
nos catéchumènes livrés à eux-mêmes
et à leur inexpérience. Il est temps
de vous dépouiller de ce pharisaïsme
égoïste qui consiste à remercier Dieu
de ceci et de cela, quand vous négligez le devoir le plus élémentaire celui
de la politesse, de serrer la main à
un catéchumène et de lui adresser un
mot aimable et d’encouragement. Mettons-nous tous à l’œuvre et nous obtiendrons « davantage ».
Le fait suivant, tiré du « Chrétien
Belge » le prouve à l’évidence.
Un catéchumène
d’il y a soixante-quinze ans.
Il ne sont plus nombreux parmi nous
ceux qui peuvent raconter leurs souvenirs d’il y a trois quarts de siècle.
Je voudrais donner la parole à un
d’entre eux, non pour des récits émouvants, mais pour un simple détail. qui
m’a paru propre à nous instruire.
Je me trouvai être, me disait-il, le
premier de notre volée. Non que je
fusse le plus âgé, mais celui qui avait
droit à ce rang préféra ne pas l’occuper. Un matin, au moment où je sortais de notre maison, pour aller à la
cure, la vieille Louise X, qui demeurait en face de chez nous, m’arrêta
sur la rue. C’était une Morave, comme
il y en avait alors plusieurs dans notre
village ; « Tu vas à la cure me dit-elle.
Souviens-toi qu’une fois les six semaines terminées, quand tu auras prononcé au nom de toute ta volée les
engagements de la ratification, tu ne
devras pas manquer de venir occuper
ta place au temple chaque dimanche 1 *
Cette parole d’une personne respectable et qui prêchait d’exemple me frappa.
J’y repensai souvent. D’ailleurs plus
tard, si je manquais un dimanche de
prendre part au culte, la vieille Louise,
2
r-'
pendant le courant de la semaine, me
demandait la cause de cette absence.
Elle ne venait pas chez nous ; mais,
comme par hasard, je la rencontrais
sur la rue. Ce fut plutôt moi qui bientôt allai chez elle pour lui rendre de
petits services ; puis je me sentis attiré aux réunions moraves auxquelles
elle prenait part. Je devins même son
conseiller, si bien qu’elle me confia
ses dernières dispositions. Sans moi,
ajoutait le vieillard avec un sourire,
elle oubliait les missions dans son testament.
Tel est le récit du vieillard. Ce n’est
qu’un détail, ai-je dit, détail perdu dès
longtemps dans un lointain passé. La
vie du catéchumène d’alors a été embellie, éprouvée, dévastée par toute
espèce d’événements ; des révolutions
politiques ont agité notre pays ; luimême a failli être tué par une balle
qu’il entend encore siffler à son oreille.
Et pourtant ce détail, ce mot d’une
vieille femme, plus important pour lui
que tout le reste, fut l’étincelle qui
alluma dans son cœur une aspiration,
un commencement de vie que Dieu
n’a pas laissé s’éteindre. Sans doute
les leçons qu’il reçut de son pasteur,
à cette époque, furent excellentes ; excellentes aussi les prédications, les lectures dont il profita. Mais la parole
tout ordinaire de la vieille Louise resplendit encore dai.s son souvenir d’une
clarté qui ne s’éteindra pas, parce que
le Saint-Esprit l’a faite sienne.
Et puis n’y a-t-il pas quelque chose
de touchant dans ces relations de respect, de confiance, d’affection, de services mutuels qui, à partir de ce moment-là, se formèrent entre la vieille
Morave et le jeune catéchumène ?
De tout cela nous concluons que le
pasteur ne doit pas être seul à l’œuvre dans l’instruction de nos catéchumènes. Il faut que l’Eglise prie, parle,
agisse. Et l’Eglise, c’est vous, lecteurs.
Non pas que vous ayez à répéter comme une phrase stéréotypée telle exhortation ; non pas surtout qu’il faille morigéner notre jeunesse avec un air de
supériorité. Avant tout, prêchons d’exemple ; vivons la vie chrétienne ; que
le Seigneur habite en nous, n’allons
nulle part sans lui. Puis, qui nous empêche de nous intéresser spécialement
à tel catéchumène, de prier pour lui,
et, sans pédanterie, de lui dire, à l’occasion, ce qui nous viendra au cœur ?
Peut-être sera-ce une parole de laïque,
vieux ou jeune, qui, comme une étincelle soudaine, illuminera tout un enseignement condamné sans cela à rester
enfoui et bientôt effacé dans l’intelligence de cet élève. Il plaît encore
aujourd’hui au Saint-Esprit de se servir
de choses faibles et sans apparence
pour produire des résultats éternels ;
il lui plaît aussi de créer d’âme à âme
de ces liens que rien ne peut briser.
Que Dieu bénisse nos catéchumènes !
Qu’Il les bénisse sans nous, s’il lui
plaît, mais par nous aussi, à sa gloire ! »
C’est notre vœu sincère.
C. A. Tron.
A propos des Anglais et des Boers
Ami, tout à la fois, moi aussi — et
ami très sincère — des Anglais et des
Boers, je n’ ai pu que me réjouir de
voir mon brillant collègue Teofilo Gay
terminer son article de l’avant-dernier
numéro, en renouvelant un appel à la
prière, qui s’est déjà fait entendre plusieurs fois dans l’Echo et par l’Echo,
— 2 —
depuis que « l’horrible guerre », comme
nous l’avons qualifiée dès le commencement, la « guerre fratricide », comme
il la qualifie, lui, avec non moins de
raison, finisse et finisse bientôt.
Cette guerre elle est un chef-d’œuvre de Satan et plus que toute autre
elle doit nous faire "détester la guerre
en elle-même et nous faire devenir des
amis de la paix ; mais que mon cher
collègue me permette de faire observer
que pour que la paix, et une paix durable, s’établisse entre Anglais et Boers,
bien loin de recourir à « une muraille
chinoise » qui parquerait ceux-ci dans
« uno région de l’Afrique » où les Anglais les laisseraient « jouir de l’indépendance qui leur est si chère », il faudrait pouvoir abattre « le mur de séparation » qui empêche les deux peuples
de n’en faire qu’un et qui consiste dans
r antagonisme de races, antagonisme
qui s’est établi et accentué dans des
circonstances, et pour des motifs que
j’essaierai d’exposer prochainement, à
grands traits, et avec la plus entière
impartialité.
Ce mur-là, un seul peut l’abattre et
c’est Jésus-Christ, comme il le fit autrefois du mur qui séparait les Juifs des
Gentils (cfr. Ephésiens II, 13-18) et
voilà pourquoi il nous faut « prier, prier
» toujours que cette guerre fratricide
» finisse par une entente fraternelle ».
{A suivre). J. Weitzecker.
JM ]© D I ^ À'T I O JV
pour le Vendredi-Saint (i)
“ Et quand Jésus eut pris le vinaigre il dit : Tout est accompli.
Et ayant baissé la tête il rendit
r Esprit „.
(Jean XIX, 30i.
« Tout est accompli » ou « tout est fini ».
Cette parole, tombée au dernier moment des lèvres mourantes de Jésus,
expriment :
iL D’ abord un soulagement intime
profond, le repos du cœur et de l’âme
délivrés d’un pesant fardeau, reposés
d’un rude labeur. Jésus avait prévu
longtemps à l’avance, et non sans anxiété, ce dur labeur, cette lutte terrible.
Pendant la première période de son
ministère Jésus ne parle qu’avec réserve
de sa mort : plus tard, vers la fin de
sa course, il en parle ouvertement à
ses disciples : et toujours de telle manière qu’ il nous fait voir combien cette
solennelle perspective préoccupait son
esprit. Tantôt il en parle comme d’une
coupe amère qu’ il doit boire jusqu’ à la
lie (Mat. XX, 22 — Jean XVIII, ii).
Tantôt il la compare à un douloureux
baptême, un baptême de sang dont il
doit être baptisé (Luc XII, 50 — Mat.
XX, 22). Tantôt il en parle comme
d’une heure d'angoisse et de lutte terrible
qu’ il doit traverser, et pour laquelle il
est venu sur la terre (Jean XII, 22-27).
Cette pensée obsède son âme : en même
temps il désire et redoute cette heure;
et même un jour il s’élance en avant
des Douze, comme impatient d’arriver
au terme (Marc X, 32 — Luc IX, 51,
XIX, 28). Plus le temps approche, plus
ce grand objet concentre ses pensées,
et semble peser sur son âme.
Ce n’était pas la perspective d’une
mort tragique, d’un supplice infamant
qui préoccupait si douloureusement notre Sauveur. Les vraies souffrances de
cette mort étaient d’une tout autre na
(1) L’auteur nous pardonnera si nous abrégeons
cet article, trop long pour la place dont nous
disposons. Réd.
ture que celle d’un martyre physique.
L’angoisse morale, les tourments de
l’âme en étaient les éléments principaux. Notre imagination ne peut pas
se faire une idée de l’effroi, de la souffrance, du terrible désespoir, du fardeau
immense de douleur qui pesa sur la
tête du Fils-de-l’homme à Gethsémané
et au Calvaire. La douleur que des
parents honnêtes ressentent pour les
déréglements d’un enfant dénaturé et
criminel est si grande qu’elle suffit
parfois pour faire descendre prématurément leurs cheveux blancs dans la
tombe. Les liens de sympathie entre
parents et enfants sont tels que les
innocents se chargent, pour ainsi dire,
de la faute du coupable, ils en ressentent le regret, la honte et ils voudraient
en porter seuls la peine. Il doit y avoir
eu quelque chose de semblable, mais
multiplié à r infini, dans les angoisses
de notre Seigneur, lorsque le fardeau
de tous nos crimes pesa sur son âme
pure et sainte : lorsque le Fils bienaimé du Père, qui a le mal en horreur
se chargea des péchés du monde : en
prit sur lui la responsabilité, comme
s’il eût été lui-même le coupable.
11 se commet, sur la terre, de si
grands crimes, de si horribles abominations que nous, tels que nous sommes, habitués au péché, nous sentons
un frisson traverser nos veines quand
nous en entendons parler. Que serait-ce
si ces péchés nous étaient imputés, ou
si nous en étions réellement coupables ?
Tous ces crimes, toutes ces abominations, tous ces débordements ont pesé
sur l’âme de notre Sauveur, malgré
l’horreur qu’il a pour toutes souillures,
et l’ont remplie d’une telle angoisse, d’un
tel sentiment de malédiction et d’abandon de la part de Dieu son Père, qu’il
dut s’écrier, dans cet abîme : « Mon
Dieu ! mon Dieu ! pourquoi ni’as-tu abandonné ? » Lorsque cette heure d’épreuve
suprême fut passée, et que la douce
lumière de l’amour céleste resplendit
de nouveau dans l’âme du crucifié ;
lorsque ses souffrances physiques, ellesmêmes tendaient à leur fin : dans un
sentiment de profond soulagement, il
put enfin s’écrier : « Tout est accompli ! »...
2° En second lieu, cette parole
renferme évidemment une allusion aux
prophéties de l’Ancien Testament.
3O Enfin, cette déclaration suprême
nous paraît une piarole de satisfaction,
de paisible triomphe,
Jésus avait achevé l’œuvre difficile
que son père lui avait donné à faire ;
il s’était acquitté de la tâche qui lui
avait été imposée ; tout était parfaitement accompli à la gloire de Dieu.
*
^ *
Oui, divin Jésus, tu as tout accompli 1 Tu nous as aimés d’un amour
infini, tu t’es livré à la mort et tu as
subi la malédiction pour nous. C’est
pour moi, ô mon Sanveur, que tu as
été cloué à la croix, où je te vois délaissé, maltraité, injurié, couvert de
sang et de blessures, enveloppé de
ténèbres et d’angoisses ! Par tes souffrances et ta mort tu as signalé ton
immense amour pour moi. Que je te
montre ma reconnaissance et mon amour
en mourant chaque jour au péché, et
en vivant pour te servir et te plaire.
Accomplis, en moi, par ton Esprit,
l’œuvre que tu as accomplie pour moi
sur la croix. Amen.
J. J. Ribetti.
C011ESP01B11CE
Le 25 Mars 1902.
Très honoré Mr le Directeur de l'Echo desfVallées
Je crois devoir prévenir le public
Vaudois, par l’organe de notre journal,
que quelques changements ont dû être
apportés à la marche de l’œuvre dite
des bains de mer.
I® Touchant la date où doivent se
faire les demandes d’admission, il a été
décidé que, au lieu de les faire comme
cela s’est pratiqué jusqu’ici, dans le mois
de Juin, elles devront être adressées au
soussigné dans le courant du mois d'Avril.
Et cela pour permettre, d’un côté, à
ceux qui désirent jouir des bourses
d’Aix de se faire inscrire à l’Asile évangélique avant que la saison des bains
ait commencé, et de l’autre pour donner
aux Administrateurs plus de temps pour
prendre les informations nécessaires et
pour organiser le départ des Squadre.
Inutile d’ajouter que toute demande
parvenant après la date du 30 Avril ne
sera plus prise en considération. Nous
prions MM. les pasteurs d’annoncer la
chose depuis leur chaire.
2® Les revenus de cette fondation
ayant subi une diminution sensible
nous nous sommes vus obligés ma sœur
mon frère et moi de limiter le nombre
des Bourses pour les ouvriers de l’Eglise et des places disponibles pour les
bains de mer. Il n’y aura donc plus pour
cette année que deux Bourses d’Aix et
quatre bourses pour la mer et les places
pour les enfants à Finalmarina ne pourront être que de vingt-quatre entre filles
et garçons. Les Capisquadre n’auront
plus comme par le passé la jouissance
d’une bourse mais seront défrayés de
toutes leurs dépenses.
Nous nous réservons pleine liberté
de choisir d’entre les postulants ceux
qui nous paraîtront avoir le plus besoin
de la cure d’après le certificat médical,
le certificat de pauvreté et les informations que nous nous réservons de prendre sur chaque cas particulier
Votre bien dévoué
W. Me ILLE. past. ém.
Le Champ de travail. Nous reproduisons, sous ce titre, un tableau statistique très succint que le Comité d’Evangélisation publie dans l’édition française
de son dernier rapport. Il donnera à
nos lecteur — et à ceux des Vallées
surtout — qui n’ont pas l’opportunité
de parcourir les rapports annuels une
juste idée de l’étendue de notre œuvre
et des nombreux besoins auxquels la Commission est appelée à pourvoir. Puisset-il les encourager aussi à faire à cette
œuvre qui est l’œuvre par excellence
de notre Eglise — une part toujours
plus large dans leur sympathie, dans
leurs prières et dans leurs dons.
« Sur 70 provinces que compte la
« péninsule et les îles nous avons pu
« déjà pénétrer dans 40, qui sont occu« pées fort différemment, quelques unes
« comptant déjà plusieurs Eglise et
« stations, tandis que d’autres n’ont en« core que ce que nous pourrions ap« peler des avant-postes. Pour faciliter
« l’administration nous avons divisé tout
« le champ en cinq distrits de dimen« sions inégales, chaque district ayant
« un membre de la Commission qui y
« réside et y remplit l’olfice de surin« tendant.
3
- 3
ì < I.) ~Le Piemonte-Liguria compte i6
■ «Eglises, IO stations et 34 ouvriers.
«2.) Le Loinbardo-Veiìeto-Einilia, io
«Eglises, 15 stations et 16 ouvriers.
« 3.) Le Toscana-Sardegna, 6 Eglises,
«^Stations, I diaspora(I)et 26 ouvriers,
« 4.) Le lioma-NapoU, 8 Eglises, 20
«stations, 3 diaspore et 25 ouvriers.
*.1'« 5. La Sicile, 7 Eglises, 14 stations,
«3 diaspore et 54 ouvriers.
«ïotal; 47 Eglises, 66 stations, 7
«diaspore et 155 ouvriers».
*
Ü! *
Pietramarazzi. Malgré les hauts cris
du curé, notre école sur semaine compte
67 élèves et nous en avons une moyenne
de 60 à l’Ecole du Dimanche, écrit M.
R. au Bollettino. Et ces écoles n’ont
pas travaillé en vain. Outre l’éducation
évangélique qu’elles ont donnée à leurs
nombreux élèves — et dont le Seigneur
saura certes se servir pour le vrai bien
de ces âmes — elles ont fourni à notre
Eglise quelques-uns de ses meilleurs
membres.
Les prêtres sont infatigables dans la
croisade qu’ils ont entreprise contre
notre œuvre. Ils attendent nos élèves
au retour de l’école et essayent de tous
les moyens pour les éloigner, mais il
n’est pas rare qu’ils reçoivent de nos
chers écoliers des réponses pleines de
sagesse et d’à propos.
Vers la lin de l’année dernière nous
avons même eu' le privilège d’être ouvertement attaqués par des missionnaires que les autorités ecclésiastiques avaient envoyés de ces côtés pour y préparer le peuple à faire bon accueil à
l’évêque d’Alexandrie qui devait les
suivre pour confirmer les enfants. Un
de ces missionnaires a même été jusqu’à
inviter nos gens à lui répondre, séance
tenante, dans l’église, mais personne ne
s’est laissé prendre à ce piège si habilement tendu — Cependant l’Evangéliste ayant invité le rév. père à une discussion publique, mais dans un local
neutre et sous une présidence impartiale et avec la Bible comme la seule
arme de combat, sa lettre fut laissée
sans réponse. L’attente de la population fut déçue, mais non pas entièrement, car M. R. ayant donné quelques
conférence spéciales, elles furent 'suivies
par des auditoires de 200 personnes.
*
* ^
Falerna. Commencée en Mars 1899,
l’Evangélisation a si bien pris dans
cette petite ville des Calabres que nous
avons actuellement une Eglise ne comptant pas moins de 62 membres communiants, tous sortis du catholicisme, et
bon nombre d’adhérents et de personnes favorablement • disposées remplissant bien souvent notre lieu de culte.
Ge n’est cependant pas sans lutte que
ces progrès si réjouissants ont pu être
obtenus. Là, comme ailleurs, l’ennemi
séculaire de l’Evangile a tiré du cher
arsenal de l’inquisition quelques unes
de ses armes de prédilection qui avaient
eu, hélas ! un sinistre succès dans ces
contrées lors du massacre de nos ancêtres. Mais les temps ont changé, comme
le montre le dénouement de l’épisode
le plus caractéristique dé * cette lutte,
que nous portons à la connaissance des
lecteurs en nous servant de l’exposé
textuel du Comité qui est le plus à
même d’en avoir une exacte connaissance.
(1) On donne ce nom — dont la signification
littérale est dispersion — à un groupe de loca1 lités éparses sur une latitude plus ou moins vaste
d; périodiquement visitées par quelques-uns des
É ouvriers les plus rapprochés.
« Le 7 octobre dernier le Dr Brochet
« recevait de Falerna la dépêche sui« vante que nous traduisons de l’italien :
« Hier cidte troublé par procession catho« ligue, Mathieu (l’évangéliste) et Conseil
« d'Eglise innocents, emprisonnés. Frères
« prient recours autorité supérieure - signé
« Chevalier SpinelU». Il n’est pas besoin
« de dire que le Dr Brochet écrivit im«médiatement au ministre de l’Intérieur.
«Voici ce qui s’était passé — Le
„ prêtre, à bout de ressource et ne sa« chant plus à quel saint se vouer pour
« arrêter la marée croissante, avait ima« giné un complot qui aurait eu un
« succès complet il y a trente ou qua«rante ans. Une procession, organisée
« pour la circonstance, musique en tête,
« passa une première fois devant notre
« local de culte interropant la prédica« tion par un vacarme assourdissant.
« Nos frères se tinrent tranquilles à
« leurs places et l’Evangéliste attendit,
« pour reprendre son discours, que la
« procession, eût continué sa route.
« Ceci ne faisait pas l’affaire des con« jurés qui avaient compté que les évan« géliques auraient réagi et causé quel« que tumulte dont on les aurait ensuite
« accusés.
« Espérant avoir plus de succès en
« redoublant la dose, la procession, con« trairement à la coutume, non seule« ment refit la même route, mais s’ar« rêta devant notre local en poussant
« des cris qui avec l’aide de la musique
« constituaient un vrai tintamarre. L’un
« des anciens de l’Eglise s’approcha,
« alors, de la fenêtre, faisant signe aux
« braillards de continuer leur route pen« dant qu’un diacre descendait dans la
« rue et essayait de persuader ces pau« vres fanatiques qu’ils n’avaient pas le
« droit de troubler le culte. — L’Evan« géliste, un peu plus tard, se présenta
« sur la porte de la maison et subit les
« insultes les plus violentes.... Heureu« sement il n’y eut pas de conflit et nos
« frères, croyant que tout était terminé,
« rentrèrent dans leurs demeures.
« Vers dix heures du soir les gen« darmes se présentent chez notre évan« géliste, le font lever, lui mettent les
« fers aux mains et le conduisent à la
« prison du village où il est bientôt
« rejoint par l’ancien, le diacre et un
« frère, les mains pareillement ornées de
« menottes. On leur fit passer la nuit
« entière dans cette position, et comme
« l’un d’eux faisait observer, au maréchal
« que, la porte étant fermée à clef, il
« n’y avait pas de danger d’évasion et
« que l’on pouvait sans crainte les dé« barrasser des fers aux mains, le ma« réchal répondit avec cette amabilité
« particulière à la police des anciens
«temps: «Si'vous ne vous taisez pas,
«je vous ferai mettre les fers aux pieds
« aussi, »... Le lendemain, avant l’aube,
« les quatre furent conduits à Nocera
« Tirinese dans une prison basse, hu« mide, sans air et sans lumière, où se
« trouvaient déjà des détenus pour vols
« et autres infractions aux lois. Ils y
«passèrent trois jours, du lundi matin
« au mercredi soir. Enfin l’ordre vint
« d’en haut de les remettre en liberté,
« et ils purent ainsi retourner à Fa« lerna où les frères les reçurent à bras
« ouverts, les enviant presque d’avoir eu
« l’honneur de souffrir pour l’Evangile.
«.... Fendant l’instruction du procès
« nous avons pu, enfin, savoir de quoi
« nos chers prisonniers étaient accusés.
« L’accusation déposée par le prêtre et
« les gendarmes porte que l’Evangé« liste a craché sur la statue de la Ma« done, déchiré son manteau et arraché
« ses cheveux {!); que l’ancien a menacé la
«.procession avec son fusil depuis la fenê« tre du local (!!), et que le diacre s’est
«précipité sur la foule revolver en main H !
« Ces faussetés, ces calomnie absurdes,
« des bigots se sont trouvés prêts à les
«jurer et, ce faisant, ces malheureux
« sont convaincus qu’ils attireront sur
« eux et leurs familles les bonne grâces
« de la Madone ! ! Il est facile de se re« présenter l’embarras des juges».,,.
Ils en sont sortis, cependant, et en
faisant triompher la vérité et la justice!
En effet, le Bollettino de Février nous annonce que nos Frères ont été absous tandis que les organisateurs de la procession
ont été condamnés à trois jours de prison, à une amende et aux frais du
procès.
Les catholiques qui se réjouissaient
déjà de leur victoire ont été on ne peut
plus surpris ; quant à nos frères de Falerna ils sont sortis de la lutte avec
plus de foi et plus de courage pour la
continuation de l’œuvre que le Seigneur
leur a confiée.
Que la grâce et les bénédictions du
Maître les soutiennent et leur donnent
une victoire de plus en plus réjouissante !
*
* *
Borrello. Ici aussi l’œuvre de Dieu
marche en dépit des prêtres et des
grands efforts, qu’il font pour l’arrêter.
Le peuple commence à secouer la terrible indifférence et à s’occuper de religion dans ses conversations, nos livres
sont lus et opposés à la littérature cléricale et la Bible se répand.
Farmi ceux qui n’ont pas encore le
courage de se déclarer ouvertement
pour Christ et son pur Evangile, il en
est pourtant qui n’hésitent pas à rendre
témoignage à ce peu de vérité qui commence à percer dans leur esprit. En
un mot, ajoute le correspondant de l’italia Evangélica, on peut dire qu’à Borrello l’obscurantisme commence à disparaître. Mais c’est un rude combat que
celui que nos frères ont à soutenir au
jour le jour! Les armes des prêtres sont
toujours et partout les mêmes: intimidations, calomnies, suppression de travail, discordes habilement semées dans
les familles....
Cependant ils ne se laissent point
ébranler, se souvenant que J. Christ lui
même leur dit : “ Heureux serez-vous,
lorsqu’on vous outragera, qu’on vous
persécutera et qu’on dira faussement
de vous toute sorte de mal, à .cause
de moi
Le premier Dimanche de Janvier nos
frères ont donné au pasteur Mr Grill
de Chieti un touchant témoignage de
l’affection qu’il lui portent, et celui-ci
a présidé les cultes du matin et du
soir en administrant le baptême à un
enfant et en distribuant la Sainte-Cène
après avoir admis quatre nouveaux communiants.
Le Glaneur.
QUESTIONS MORALES ET SOCIALES
Pro Infaatia.
Nul n’ignore qu’un grand nombre
d’enfants livrés à eux-mêmes errent
dans les rues des grandes villes, sans
surveillance ni direction morale d’aucune sorte, et que par la pratique de
petits larcins d’abord, puis de vols plus
importants, ils se mettent souvent sur
la voie des grands crimes. Les particuliers, les associations, la loi même
se sont mis à l’œuvre pour combattre
un mal si déplorable ; mais les résul
tats obtenus sont encore bien insuffisants.
M. Henri Rollet a fondé il y a douze
ans, et continue à diriger une association qui s’occupe de ces pauvres
enfants sous le titre de Patronage de
l’enfance et de l’adolescence. Cette œuvre
excellente a ouvert à Faris un atelier
d’assistance par le travail, où tout
garçon sans ressources peut aller se
présenter et, en échange d’un travail
facile est nourri, logé, entouré de soins
moraux, placé ensuite selon ses aptitudes.
Fendant l’année 1901, 988 jeunes
garçons se sont ainsi présentés, savoir:
de moins de 13 ans, 142 : de 14 ans,
116 ; de 15 ans, 114 ; de 16 ans, 180 ;
de 17 ans, 210; de 18 ans, 137, etc.
Sur ces 988 jeunes gens, il y a 305
orphelins et 411 demi-orphelins, c’està-dire n’ayant qu’un seul de leurs parents. 277 seulement ont père et mère.
Les plus exposés, les plus compromis
sont donc ceux pour lesquels la vie
de famille existe le moins. Certes, pour
tous, elle est insuffisante, mais encore
le mal est-il atténué là où il y a un
père et une mère, où l’un des deux
au moins peut et veut faire son devoir
envers ses enfants. Fortifier ou remplacer la famille, c’est donc la bonne
manière de protéger les enfants.
D’où viennent ceux que M. Rollet
a recueillis ? De Faris au nombre de
476 ; de la province au nombre de
498; 19 étaient nés à l’étranger.
Quel est le résultat du Fatronage
exercé sur ces jeunes gens ? 476, près
de la moitié, ont été ou placés, ou
rapatriés, ou engagés comme soldats.
C’est un chiffre intéressant : il montre
que la moitié au moins de ces jeunes
malheureux n’est pas entièrement pervertie ; que son vice est curable et
qu’elle peut être rachetée au profit de
l’honnêteté et de l’humanité. Ces enfants sont moins coupables que malheureux. Rendez-leur un père, une
mère, l’affection et la direction de la
famille, ce n’est pas la moitié que vous
en sauverez, ce sont les neuf dixièmes.
Les statistiques d’œuvres analogues à
celle de M. Rollet, celle de V Union
française pour le sauvetage de l'enfance,
celle du Patronage familial que vient
de fonder M. Louis Albanel, juge d’instruction à Faris et toutes les autres
parlent dans le même sens. Elles nous
crient que les enfants se perdent dans
la mesure où la famille leur manque,
soit qu’elle n’existe pas, en effet, ou
qu’elle soit indigne, c’est-à-dire ne soit
pas une famille. C’est dans le milieu
familial seul que peuvent se former les
bons sentiments et les vies honnêtes.
Si les circonstances en privent aujourd’hui beaucoup d’enfants, c’est à nous
à leur en restituer le bienfait.
(Extrait du Belèvement Social),
Une expérience fort curieuse a été
tentée il y a quelques années, en Amérique pour le relèvement de la jeunesse
pauvre et abandonnée. Un certain M.
Georges fonda, en 1895, la République
enfantine. Voici ce qu’en dit la Revue
du Christianisme social :
« Four arracher à la vie des prisons
et au vagabondage des milliers d’enfants des rues, le fondateur de cette
institution a eu l’idée originale de les
grouper, en organisant une petite république sur le modèle de celle des
Etats-Unis. A douze ans on peut devenir citoyen à condition de travailler
ferme ; les garçons sont occupés à des
ouvrages d’agriculture, de menuiserie,
4
"'■’S'Kf-s
d^mprimerie ; les filles ont à pourvoir
aux soins de la cuisine et du blanchissage. Ils sont logés, nourris et vêtus
en échange de leur travail ; on frappe
une monnaie spéciale qui porte cette
inscription : Rien sans le travail. Tout
cela fonctionne à merveille et l’on voit
de précoces vauriens prendre au bout
de peu de temps des habitudes d’ordre
et d’économie, devenir d’excellents citoyens faisant honneur à leur pays».
,T.
Nomlles et faits ta
ci fi ^ O 10 if li
La Tour. La soirée récréative de
la Société « la Balziglia » a eu le plus
beau succès. Le « Trionfo cT amore » de
Giacosa, représenté avec lescostumes
du temps, a été chaleureusement applaudi ; le monologue : la dolorosa storia di un sergente a fort amusé le public, de même que la farse : i deiiari
per la laurea, représentée avec beaucoup
de brio. Très applaudis aussi « la grève
des forgerons », le chant : « la mère et
l’enfant», 1’«Ouverture du Tannhâuser»,
pour piano à quatre mains, le Scherzo
de Wollenhaupt et la Caoalleria rusticana que M.lle Trossarelli a bien voulu
ajouter pour remplacer le rhorceau de
chant que M.lle Gay n’a pas pu exécuter à cause d’une indisposition. Mais
le public a fait une place à part au
chœur la Carità de Rossini exécuté
avec autant d’élan que de précision
par un groupe de dames, que les occupations prosaïques du ménage (car
la plupart sont mères de famille) n’empêchent pas, à l’occasion, de cultiver
avec succès les beaux arts. Il a fallu
hisser ce morceau, redemandé avec insistance par le public.
En somme le succès de la soirée a
été si complet que les promoteurs ont
décidé de la répéter samedi prochain
(5 avril) — avec un programme quelque peu modifié. On répétera il trionfo
d'amore et l’on remplacera les monologues déjà entendus par d’autres. Quant
à la partie musicale, elle sera entièrement nouvelle sauf la Carità, que tout
le monde désire entendre de nouveau,
et à laquelle on ajoutera « la Speranza »,
du même auteur.
Nous sommes assurés d’avance que
le succès de la seconde soirée sera au
moins égal à celui de la première,
d’autant plus qu’un bon nombre de
personnes ont été empêchées par le
mauvais temps d’assister à celle-ci.
, Jean. Catéchumènes. Trente
quatre catéchumènes ont été examinés
Vendredi 21 par la Commission du
’* Consistoire composée du pasteur et des
anciens Ri voir, Gay, Voile, Peyrot
ét dù diacre- Fenouil ; et tous ont été
, admis à la réception qui aura lieu
Í). y. le Vendredi Saint.
Un cas particulièrement intéressant
est celui d’une jeune femme catholique
conduite à l’Evangile par la lecture
de> la“ Bible faite par son mari.
Union Vaudoise. La Société « Le Printemps» a donné Jeudi 20 courant une
nouvelle soirée qui a démontré une
fois de plus la richesse de son répertoire, l’infatigable habileté de ses directrices et de ses jeunes membres,
non moins que le vif intérêt que lui
porte toute la paroisse.
Jeudi 3 Avril, à 8 heures du soir
le pasteur de St. Jean donnera dans
la grande salle une conférence sur le
divorce.
France. M. le pasteur Wilfred Monod a donné deux conférences à l’Oratoire ; l’une sur le dogmatisme religieux,
l’autre sur le Messianisme. L’orateur a
fait une charge à fond contre le dogmatisme qui peut avoir ses torts mais
qui ne mérite pas d’être maltraité
comme l’a fait M. Monod. S’il peut
parler aussi librement il le doit à l’œuvre de ces réformateurs qui s’appuyaient
sur la dogmatique. Que l’on doive
faire mieux et davantage pour le côté
social, d’accord, mais traiter le protestantisme comme une faillite, l’englober sans autre avec le catholicisme,
c’est aller trop loin en besogne. Le
Neo christianisme de M. Monod fera
ses preuves et qui vivra verra ses résultats ; jusque là attendons et agissons.
M. Lächeret nommé pasteur à l’Oratoire, a décliné l’appel ; on parle de
la candidature de Théodore Monod.
Suisse. Genève désire entendre les
grandes sommités du protestantisme,
du catholicisme et de l’incrédulité ;
après Loyson et Frank Thomas, après
Brunetière la Victoria Hall s’est ouverte au terrible Sébastien Faure, l’apôtre déclaré de l’incrédulité, ne voulant
ni Dieu ni Maître. L’immense salle n’a
pas pu contenir tous les auditeurs ;
est-ce un bon signe ? nous en doutons
fort, car là se trouvaient tous les amis
du conférencier et tous les tarés imaginables, tous les ennemis de la religion et de Dieu. M. le prof. Aloys
Berthoud et plusieurs pasteurs ont répondu, soit séance tenante, soit par
brochure, soit du haut de la chaire.
Angleterre. Dans la grande salle
du palais de ville, l’Union de l’Eglise
protestante de Londres, tint une réunion pour protester contre les traîtres
qui se trouvent dans l’Eglise d’Angleterre. Un fait très significatif: Le président ayant écrit à l’archevêque de
Canterbury pour se plaindre de son
éyêque qui, lorsqu’il était en Suisse,
adorait régulièrement dans une église,
catholique, celui-ci lui répondit ; L’Eglise d’Angleterre doit être assez large
pour laisser complète liberté à tout le
monde ; vous êtes scandalisé de votre
évêque fréquentant le culte catholique,
lui, de son côté n’est pas moins scandalisé quand vous fréquentez une église
presbytérienne ! ! Que Dieu nous garde
d’une telle largeur 1 Pauvre Eglise !
L’Angleterre a cru bon de se faire
représenter auprès du pape par un
Lord pour le complimenter sur son
jubilé pontifical ; plusieurs ont vivement protesté : curieuse coïncidence
le même jour les troupes anglaises
étaient battues et Lord Methuen fait
prisonnier ! L’Italie seule n’était pas
représentée aux fêtes du Vatican et
cependant l’Italie est catholique.
La division du parti libéral ruine à
jamais le Home Rule d’Irlande qui
aurait été changé en Rome Rule. En
ceci la division est un bienfait.
Le Cardinal Vaughan a commis une
grave faute : l’année dernière au son
de la trompette, il fit transporter les
reliques de St. Edmond, roi et martyr,
dans l’Eglise d’Arundel pour les placer
ensuite dans la cathédrale de Westminster ; ces reliques ont été adorées
par le fameux duc de Norfolk et plusieurs prélats Romains et maintenant ?
silence complet. Un indiscret protestant
a prouvé que tout cela est faux et on
se tait ; on a raison.
Le Concile des Eglises libres d’Angleterre a eu lieu à Bradford devant
un immense auditoire. Les meilleurs
orateurs du Royaume Uni s’y trouvaient et les problèmes les plus délicats furent examinés.
Le Rév. Thomas Spurgeon, fils et
successeur du fameux prédicateur du
tabernacle est gravement malade.
Le Rév. Ross, un de nos amis, quitte
Londres pour se rendre à Cambridge.
C. A. Tron.
Genève. Une conférence très intéressante sur la Reforme des Eglises a eu
lieu dimanche soir 12 janvier à la salle
de la Réformation, en présence d’un public
très nombreux. Les deux principaux orateurs de la soirée étaient Don Miraglia
et le célèbre père Hyacinthe Loyson.
M. Miraglia, lisons-nous dans le Journal
de Genève, parle en italien avec une volubilité et une ch'leur toutes méridionales
et, bien que personne ne le traduise, il
soulève à plusieurs reprises de chauds
applaudissements. Après une introcduction pour expliquer sa situation personnelle et comme quoi il s’appuie sur le livre
de messe et sur la Bible, ce qui lui permet
de s’élever avec véhémence contre l’enseignement du pape prétendu infaillible, il reprend les trois reproches adressés par M. Brunetière au profestantisme
(intellectualisme, aristocratisme, individualisme); il soùtient éloquemment^ que
ce sont là, au contraire, les trois signes
du christianisme authentique et que tous
les grands chrétiens, saint Paul comme
Savonarole, entre autres, ont professé
exactement les tendances qui offusquent
l’apologiste catholique. Don Miraglia termine en rappelant le vrai sens, large et
non étroit, du mot catholique, quijs’applique à tous les disciples sincères du
Christ, et parlant de sa patrie, l’Italie, il
dit qu’elle souffre surtout de la présence
des jésuites, qui y incarnent à cette
heure le catholicisme.
M. Hyacinthe Loyson a parlé, avec
son éloquence ordinaire, du but de la réforme catholique. L’Eglise doit être affranchie du césarisme sous toutes ses
formes et des cachots où les partisans
d’une autorité infaillible ont voulu enfermer la pensée, la raison, la conscience
et le. cœur des hommes.
Danemark. D’après la. dernière statistique publiée à Copenhague, il est
établi que, de tous les pays civilisés
du monde entier, c’est le Danemark
qui tient la tête au point de vue de
l’instruction publique. Aujourd’hui il
n’est pas, dans tout le Uanemark, un
seul adulte qui ne sache lire et écrire.
Revue Politique
Il y bon temps qu’ on réclamait en
Italie une loi réglementant le travail des
femmes et des enfants dans les manufactures et qui défendît aux patrons d’exploiter les efforts de tout jeunes enfants
et d’une certaine catégorie de femmes, auxquelles vu leur particulier état de santé,
tout travail fatigant devrait être interdit. Après une discussion de plusieurs
séances, la Chambre l’a enfin votée, par
186 voix contre 50. Il ne nous reste
maintenant qu’à souhaiter de ne pas la voir
fouler aux pieds comme tant d’autres, ou
du moins de ne pas en voir transgresser
l’esprit par les faux-fuyants dont notre
peuple est coutumier. La Chambre, qui
a pris ses vacances de Pâques, est convoquée pour le 15 avril.
La junte du budget a approuvé, dans
ses conclusions générales, le projet d’émission du nouveau titre de rente 3 1/2
0/0, et l’hon. Rubini va, pendant les vacances préparer les rapports à soumettre
à la Chambre. Le titre sera naturellement émis au-dessous du pair (de 100);
mais, si notre situation financière se maintient ce qu’elle est, il montera bientôt,
de sorte que les financiers prétendent
qu’il va être fort demandé.
A Chambre close, les journalistes en
quête de nouvelles et de sujets, remettent sur le tapis la question de Tripoli.
Quelqu’un a même affirmé que notre Gou
vernement prépare une expédition mili.
taire dans le but de s’en emparer. C’est
aller un peu trop vite en besogne.,
Nous n’irons probablement à Tripoli que j
si quelque autre nation faisait mine de ’
nous devancer ou dans le cas fort p/oblématique, d’un prochain démembrement
de l’empire .ottoman. Du reste, tant que
le Cabinet est un peu à la merci de l’E.
Gauche, nous n’avons pas à redouter de
folies coloniales.
M. Lacava est définitivement écarté
comme candidat au ministère des T,
Publics, parce que l’E. Gauche et plusieurs députés ministériels ont menacé de
retirer leur appui au Cabinet si on venait
à accorder un portefeuille à un homme
qui a été jusqu’ici un adversaire acharné
de toute la politique du Gouvernement.
Le Roi vient de .signer le décret qui
nomme M. Balenzano.
Ainsi que l’annonçaient plusieurs journaux, il y a quelques semaines, MM. De
Bulow et Prinetti auront une entrevue’
à Yenise dans les prochaines vacances de
Pâques,
— La Chambre française vient d’approuver, à la presque unanimité, une demande de crédit d’un demi million pour
le voyage de M. Loubet en Russie. Par
une délibération récente, elle a pareillement, sur la proposition de M. Rouvier,
décidé de prolonger le mandat législatif
de 4 à 6 ans. Les électeurs n’en sont pas
précisément charmés; heureusement que
le Sénat va tempérer la loi en proposant
le renouvellement partiel d’un tiers chaque
deux ans, à ce qu’on dit.
A propos de la récente convention
anglo-japonaise, les ministres des aff.
étrangères des puissances signataires du
protocole de Pékin, septembre 1901, ont
reçu la déclaration suivante: «Les gou-5
vernements alliés de France et de Russie,
ayant reçu communication de la convention anglo-japonaise du 30 janvier 1902
dans le but d’assurer le stato-quo et lâ
paix générale dans l’Extrême Orient....
ont été pleinement satisfaits d’y trouver
l’affirmation des principes essentiels qu’ils
ont eux-mêmes, à plusieurs reprises dé-,
claré constituer et qui demeurent la base.
de leur politique.... Toutefois, obligés
d’envisager, eux aussi, le cas où, soit
l’action agressive de tierces puissances,,
soit de nouveaux troubles en Chine met-;'
tant en question l’intégrité et le libre
développement .de cette puissance, deviendraient menaçants pour leurs propres
intérêts, les deux gouvernements alliés
se reservent d’aviser éventuellement au3^
moyens d’en assurer la sauvegarde. A
bon entendeur.... |
— Le suffrage universel, sans distinction de sexe, vient d’être repoussé à là
Chambre belge, à grande majorité.
li
J., C.
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La Tour — Imprimerie Besson.