1
Huitième auuée
Pff. 34.
26 Septembre ISTS.
L'ECHO DES VALLEES
FKLILLE IIEBDOMADAimi
Spécialeineiil consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vandoise.
Que toute» les choses qui sout véritables.ocou(>eitt
vos pensées — ( P/tiiippie»îS., IV. 8.)
PBix d’abomnbbeit :
Italie, h domicile ('w«an)Kr. ^
Suisse.......................
K rance...............» 6
Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas » 8
Un numéro séparé : 10 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUREAU! D AB0NNEHENT
ToRRK*PRi.r.iCE •. Via Maestra,
N. 42, {Affemia bibliografica)
PiGMiRoi. : J. Chìantove Impr.
Turin:J.^. Trou, via Lagrange
près le N. 22.
Fr.oRKNCE ; Libreria Evangelica, via de’Panzanì.
ANNONi.’ES ; 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franeo. S'adresser pour l'admiDÎsiratioD
au Bureau a Torre-PeVice.
via Maestra N. 42 —pour U
rédaction : à Mr. E. Malan
Prof, h Torre-Pellice.
Sominair'e.
Le Synode. — Un songe. — La Bible
apprend à bien penser. — Noucelles religieuses. — Chronique politique. — .Annonces.
SYNODE DE 187S
r Suite V. lê N. SS J.
Nous sommes parvenus dans notre compte-rendu du Synode à la
fin de la seconde journée. Nous
devons relever ici, d’abord, un incident auquel a encore donné lieu
l’examen de la gestion de la Table.
En vertu de l’article 16 des Actes
du Synode de 1869, la Table est
tenue d’annexer à son rapport
annuel celui de la Direction de
l’Ecole de théologie. Elle ne pouvait par conséquent passer sous
silence deux plaintes contenues
dans ce rapport, l’un corcernant
des influences occultes, venant des
Vallées, et qui arrêtaient les étudiants sur le seuil de la P’aculté de
théologie de Florence, l’autre au
sujet de la position particulière
de M. Geymonat, à la fois pro
fesseur de théologie dans l’Ecole
de l’Eglise vaudoise et pasteur
d’une Eglise indépendante dont il
est obligé de refuser la chaire à
ses collègues, pendant qu’il a pu
l’accorder à un ministre que l’Eglise vaudoise a rayé du catalogue
de ses ministres. —Quelques paroles ont été échangées sur la première plainte; et la seconde qui
menaçait d’amener une discussion
personnelle, pénible et irritante,
a été heureusement et charitablement tronquée par la. déclaration
spontanée de M. le professeur
Geymonat de renoncer dans l’intervalle d’un an à la charge de
pasteur de l’Eglise de Sainte Elisabeth. Le Synode a entendu avec
satisfaction cette déclaration et a
absolument refusé d’accej)ter d’autres alternatives qui, si elles venaient à se réaliser , auraient pour
effet de nous priver. dans un
avenir plus ou moins rapproclié,
de la précieuse coopération d’un
frère qui jouit, k juste titre, de
festime et de l’affection générales.
Après des explications deman-
2
-270
dées et'reçues sur divers points
de finances et de comptabilité,
le Synode a, approuvé la gestion
de la Table.
La journée du jeudi et une partie de celle du vendredi, a été
employée à l’examen de la gestion
de la Commission d’Evangélisation
et à la réception des députations
étrangères.
Nous avons reproduit, d’après
nos notes, et nullement sur des
documents que nous n’avions pas
sous nos yeux, le bureau du Synode en étant jusqu’ici le détenteur , ce que nous avons entendu
et retenu des discours et des noms
des membres des députations étrangères. Nous pourrions sur quelques
points être plus complets aujourd’hui, mais nous laissons ce soin
au bureau du Synode lui-même.
Toutefois , comme nous avons
nommé les membres des députations , excepté celle de l’Eglise
libre d’Ecosse ; nous nommons
aussi les membres de cette dernière, ce sont le Rév. Doct. Robert
Stewart pasteur à Livourne, le Rév.
Doct. Walter, M. Gilvay d’Aberdeen
et le Rév.-James Collie de Livourne.
Nous sentons d’autant plus le devoir de signaler la députation de
cette Eglise que depuis 48.51 elle
s'est fait constamment représenter
et que le Doct. Stewart en particulier y a toujours assisté , avec
l’intérêt et la sympathie la plus
vive, à l’exception de deux- fois ,
si nous ne vous trompons.
Donner une idée satisfaisante de
Texamen de la gestion de la Commission d'Evangélisation serait une
tâche assez diflBcile.
Il ne s’agirait en effet de rien
moins que d’analyser et de reproduire le rapport de la Commission
elle-même qui comprend 64 pages
serrées de texte et 12* de statistique et de compte rendu des collectes et des dons; il faudrait ensuite tenir compte de l’excellent
contrerapport de la Commission
examinatrice et enfin des discussions auxquelles ces deux rapports ont donné lieu.
Nous nous en tiendrons aux
points principaux qui nous paraissent les plus propres à faire connaître l’état de l’œuvre et les plus
utiles à examiner et à discuter.
Le rapport de la Commission
d’Evangélisation comprend deux
parties principales de longueur
inégale: une introduction ou des
observations générales et une revue de chaque station.
Dans l’introduction, le Comité
énumère les pertes que l’œuvre a
faites dans le courant de l’année
et tout d’abord celle du Docteur
Guthrie de l’Eglise libre d’Ecosse,
Tun des plus ardents amis de
notre Evangélisation, celle de la
jeune épouse d’un de nos évangélistes, et enfin le renvoi d’un
ouvrier et la démission d’un
autre.
Dieu a béni les efforts du Comité qui a eu une entrée de 189
mille francs, et qui a pu clore
ses comptes avec plus de 1Î mille
francs en caisse. Mais notre évangélisation est-elle en progrès?,On
pourrait répondre négativement
si l’on ne regardait qu’aux chiffres sans les discuter ; soit le
nombre total des’auditeurs, soit
3
-271
celui des communiants sont inférieurs à ceux de l’année dernière;
cependant l’œuvre a pris quelque
extension; deux nouvelles stations
ont été ajoutées aux 37 de l’année
dernière et l’Evangile a été annoncé
et répandu dans plusieurs endroits
où il ne l’avait pas encore été,
en Piémont, en Lombardie, dans
le Napolitain et en Sicile. Mais ce
sont des progrès peu sensibles ;
ils n’ont pas compensé les pertes
que nous avons subies dans la
station de Naples, où la plus grande
partie des membres de l’Eglise
formée par les travaux de M. Appia et de M. Gregori, sont allés
grossir et presque constituer la
Congrégation des méthodistes.
L’œuvre est difficile partout ; elle
l'est surtout en Italie où (nous devons lutter à la fois contre l’incrédulité, l’indifférence et la superstition la plus invétérée. — Le
prédicateur du Synode a dit avec
beaucoup de vérité que les évangélistes doivent être aussi des pasteurs c’est-à-dire, qu’après avoir
réussi à former une congrégation,
ils doivent la conserver, -la nourrir, l’édifier, et que, d’un autre
côté, les pasteurs doivent ne pas
oublier qu’ils sont aussi des évangélistes , et que cela est une nécessité dans notre Eglise des vallées, d’une manière toute spéciale
Mais, si nous considérons plusieurs de nos petites stations toujours les mêmes à peu près, toujours petites, nous ne pouvons
nous empêcher de dire aux évan
gélistes : soyez plus évangélistes,
sans cesser d’être pasteurs, préoccupez vous surtout beaucoup plus
d’étendre l’œuvre que d’organiser
et de constituer des paroisses microscopiques. Nous le savons , l’Evangéliste est souvent mal placé
pour attirer aux réunions de nouveaux auditeui’s, mais il devrait
y avoir chez les membres de l’Eglise eux-mêmes une sainte émuation; et chacun devrait tenir à
honneur d’amener à chaque assemblée ou conférence quelque figure
nouvelle. Que nos Eglises s'épurent,
se consolident, mais qu’elles-augmentent aussi le nombre de leurs
membres I
lilN SOPiGE
J’étais fatigué de ma journée et
très abattu; mes élèves avaient été
fort méchants (c’était un lundi!];
pour oublier un peu mes peines,
je me mis à parcourir le dernier
N. de YEcho (n. 32) que je venais
de recevoir. J'arrivai à la fin de
la rubrique: Vallées Vaudoises qui
commence ainsi : Nous sommes
pauvres.... et je m’endormis. Pendant mon sommeil j’eus un songe
qui me transporta à Boby dans
l’école paroissiale. Ce « Nous sommes pauvres » me roulait constamment jpar la tête. M. le pasteur
avait convoqué les notables du
pays, le concistoire et plusieurs
chefs de famille à une réunion
particulière. Le but de cette réunion était de s’occuper de la jeunesse, et des besoins de l’église.
Le pasteur et l’instituteur étaient
navrés de voir que leur paroisse,
malgré leurs efforts, ne donnait
I aucun contingent ni au collège, ni
4
-273
à l’école normale, ni à l’école supérieure. Ils avaient lâché de persuader les plus influents personnages
de la Commune à donner le bon
exemple et ils eurent pour toute
réponse: «Mais, Messieurs, vous
voyez bien que la chose n’est pas
possible; si nous envoyons nos
enfants là bas, ils deviennent des
vauriens et des paresseux, nos prés
et nos champs resteront déserts,
et puis, qui gardera nos vaches,
nos chèvres, nos brebis et qui
fera nos fromages? Ce langage affligeait profondément le pasteur
et l'instituteur. Ils décidèrent de
tenter un suprême effort et ils convoquèrent la paroisse. Après une
courte prière, M. le pasteur annonça le but de la réunion; il se produisitalors un bruitsourdsurpresque tous les bancs de l’école et je
vis môme une personne du quartier
des Ciamp, prendre son chapeau
pour s’évader tout doucement. Il
avait avec lui deux garçons très intelligents, bon vachers, et il ne
voulait pas qu'on leur mît de fausses idées dans la tête, qu’on semât,
comme il disait, de l’ivraie parmi
le bon grain. Mais, retenu par son
voisin , il se décida à garder sa
place. Quand le silence fpt rétabli,
« M. le pasteur s’adressa à l’assemblée à peu près en ces termes :
Mes chers frères ; nous vous avons
rassemblés aujourd’hui pour vous
parler des besoins de notre église
et de l’œuvre qu'elle accomplit
dans notre chère patrie de Prali à
Riesi. Ses besoins sont grands; nous
avons une immense moisson, mais
comme aux temps du Sauveur«des
ouvriers nous manquent. Des mil*
liers d’âmes périssent chaque année , parceque personne n’est là
pour leur annoncer que Dieu les
aime, malgré leurs péchés, et qu’il
veut les sauver, pourvu qu’ ils
croient en lui. Et pourtant, Dieu
s’est réservé dans ce coin reculé
de notre patrie, un peuple qui n’a
jamais fléchi le genoux devant
Baal ; un peuple qui a été merveilleusement conservé, malgré trente
trois terribles persécutions , pour
qu’il fût un jour (et ce jour est
arrivé) le luminaire de sa patrie ;
un peuple qui a toujours tenu
haut élevé le flambeau de l’Evangile ; un peuple qui , dans un
temps moins heureux que le nôtre, où l’on avait tout à craindre
pour ses jours, envoyait des missionnaires jusqu’en Calabre pour
annoncer le pardon aux pauvres
pécheurs.
»Nous sommes descendants de ce
peuple , mes chers frères , mais
comment l’imitons nous? Nous
sommes Vaudois, et cela, paraitil, nous suflit. Nous pensons peutêtre que, parceque nous sommes
vaudois, nous sommes chrétiens.
Non, mes frères, nous ne sommes
pas des chrétiens'si nous ne nous
intéressons pas au vrai bien de
notre patrie, ^i nous ne pensons
pas à préparer nos jeunes gens les
mieux doués., pour qu’ils aillent
un jour arracher à l’ignorance et
et àla superstition nos concitoyens
et leur annoncer le salut. Jésus
pleurait sur l’endurcissement de
Jérusalem; ne pleurera-t-il pas sur
notre ¡propre endurcissement ! Avons-nous >bien songé que mous
sommes on quelque isorte respon-
5
-273
sables devant Dieu de toutes ces
âmes qui périssent I Vous-avez un
trésor,'qui, eu le participant, peut
être centuplé et vous le gardez
improductifl N'est-ce pas de la
folie ? Vous avez des enfants intelligents et bien doués sous tous les
rapports, et au lieu de les envoyer
dans nos beaux établissements
d’éducation afin qu’ils deviennent
plus tard des pasteurs, des évangélistes , des instituteurs , vous
souffrez qu’ils passent leur vie avec
vos troupeaux ou, ce qui est pire,
qu’ils aillent faire le garçon de
café, peut-être même les décroteurs
à Marseille I
» Je suis profondément abattu
d’un tel état de choses. Vous êtes
vaudoisi oui, mais ce nom sera
votre plus terrible condamnation,
si vous n’ôtes pas chrétiens. Et
qu’est-ce donc qui vous arrête,
pour ne pas envoyer vos enfants
à nos établissements d’éducation
à La Tour? Plusieurs d’entre vous
n’ont point d’excuses. Boby estune
des paroisses les plus favorisées,
Massel est une de celles qui le
sont le moins , et cependant de
cette dernière nous comptons plusieurs évangélistes en peu d’années. Et d’où cela? Ah I c’est que
il paraît que là, on ne se contente
pas d’être vaudois, mais on veut
être' chrétien. L’éloignement n’est
pas *une excuse à mettre en avant ;
la dépense non plus ; chaque vendredi vous pouvez apporter à vos
enfants les provisions pour la semaine et ainsi votre bourse ne peut
paw ¡s'en ressentir ,de beaucoup.
Mais je n’aime pas à entrer dans
ces petits détails, .qui sont un ef
fet du manque de confiance dans
la providence de Dieu. Nos pères,.
avaient leur établissement missionnaire dans une écurie au Pra-duTour, ils étaient atrocement persécutés et cependant les élèves
accouraient de tous côtés ; nous,
nous avons de magnifiques palais
à La Tour jet dans une des plus
belles villes d’Italie , à Florence ,
nous sommes aussi libres et respectés qu’aucun autre de nos concitoyens; nos enfants ont un immense avenir devant eux , ils
peuvent faire un grand bien à leur
patrie et vous vous refuseriez de
les engager à se consacrer à l’étude 1 Les ouvriers de notre église
qui travaillent actuellement pour
évangéliser notre patrie, n’arrivent
pas à la centaine et qu’est-ce que
cela pour plus de 26.000.000 d’habitants ? Et si nous ne trouvons pas
des ouvriers dans nos vallées, où
les trouverons-nous? Si le foyer
devient froid comment nous réchaufferons-nous? Ah 1 songez-y
bien ; Israël fut un temps le peuple de Dieu; il fut infidèle et Dieu
l’abandonna. Nous sommes l’Israël
des Alpes, si nous sommes infidèles il nous abandonnera et alors?
Oh alors Dieu fera naître des pierres
môme des enfants à Abraham ».
Cette dernière phrase était terrible; je croyais qu’elle aurait réveillé plusieurs dormeurs; il n’en
fut rien; je voyais pourtant quelques membres de l’assemblée émus;
j’eu fus tout heureux pensant que
le discours avait produit son effet.
Après la prière chacun s’en retourna chez soi; le lendemain chacun
reprit son ouvrage ordinaire ; on
6
-274
parlait du beau discours du pasteur , de l’intérêt qu’il prenait à
la paroisse, mais.... et les futurs
étudiants, où sont-ils? .4h plaignez-raoi! ils étaient tous au Pra
ou à Giulian occupés à faire des
fromages. J’étais indigné; je me
réveillai en disant : Ah que nous
sommes coupables d’être pauvres 1
Rome, le 18 septembre 1873.
J. Garnier.
L4 BIBLE APPBEND A BIË^ PENSER
Oserons nous croire que la lecture de
la Bible, convenablement faite nous aidera aussi un peu à bien penser? — Une
idée se présente tout d’abord à notre esprit: Serait-il bien possible d’imprimer
une forte secousse à l’âme sans reveiller
du même coup l’intelligence et toutes les
facultés humaines? Ou voit bien tous les
jours l’activité de l’esprit s’accorder parfaitement avec la plus profonde paresse
du cœur; et il en est un peu de nous
comme de l’Océan que l’on peut voir fort
agité à la surface sans que le mouvement
se communique à une grande profondeur;
mais comment supposer qu’une mas.se
d’eau se déplace au fond de la mer sans
que la surface s’en ressente en quelque
manière? Il semble plus naturel de penser
avec Pestalozzi que « plus l’amour abonde,
plus les facultés de l’homme sont actives».
— C’est bien ce que voulait dire Bossuet
lorsqu’il affirmait que « rien n’achève les
esprits comme les sentiments forts ». et
lorsque, parlant du réformateur de l’Allemagne il s’écrie : « Luther, c’est le tonnerre, c’est la foudre qui a tiré le monde
de sa léthargie ». — Une âme qui se réveille comme celle de Luther, réveille effectivement avec elle bien de* forces assoupies; el l’expérience est là pour nous
apprendre que partout ob il y a eu un
réveil religieux de quelque profondeur,
il s’est aussitôt produit un réveil des intelligences.
Et commenten serait-il autrement, puisque nos sentiments religieux uous sont
communiqués au moyen d’un livre? Dans
la Bible vous ne trouvez point ce sentimentalisme vague et creux qui ne sait regarder que dans le vide ; là pas une émotion
à laquelle ne corresponde une idée nette
et précise. — Tous les sentiments, il est
vrai, y jaillissent de la foi ; mais la foi
que demande la Bible sait toujours en qui
elle a cru, elle n’adore que ce qu’elle
connaît.
Aussi, qui pourrait dire le nombre et
la variété des notions que les saints livres
fournissent à ceux qui les lisent. Sans
parler des idées qu’ils noos donnent de
Dieu, de l’homme, des esprits, de l'origine de toutes les choses qui frappent nos
regards, que de renseignements précieux
sur les mœurs et la vie des hommes pendant les deux mille ans environ qui ont
précédé le déluge, et les mille ans qui
l’ont suivi! Il n’y a point de nuit des temps
pour le lecteur de l’Ancien Testament.
Nous ajoutons que les saintes Ecritures,
à moins qu’on ne les torde, ne fournissent jamais que des notions de la plus
parfaite justesse. Nulle part comme dans
ce livre les choses ne sont aussi scrupuleusement appelées par leur nom. Ce n’est
pas là qu’on appelle jamais le mal bien,
ni le bien mal; les ténèbres lumière, ot
la lumière ténèbres.
La Bible aime à présenter à l’esprit les
choses telles qu’elles sont en réalité, sans
autre voile que le vêtement dont tout langage humain est obligé de recouvrir l’idée
qu’il veut rendre sensible. Or c’est là rendre à l’esprit humain un plus grand service qu’on ne pense; car, tandis que les
idées fausses, outre qu’elles occupent la
place inutilement, ont encore le tort de
déformer l’esprit, les idées justes et vraies
ont au contraire le double avantage de
constituer un fonds dont on n’aura plus
à se défaire, et de moûler l’intelligence
sur sa plus belle forme.
Aux idées que la Bible nous communique
ajoutez celles qu’elle réveille en nous par
l’habitude qu’elle nous donne d'observer
et de réfléchir. « C’est une lampe de l’Eternel
que l’esprit de l’homme; elle sonde jusqu’aux choses les plus profondes». iProv.
20/. Or cette lampe divine, la lecture du
Saint Livre la maintientsans cesse allumée,
et c’est une loi que l’Ecriture ne livre ses
secrets qu’à ceux qui la méditent. — On
lui a pourtant reproché d’étouffer l’esprit
d’examen, d’imposer silence à tous les
pourquoi, à tous les comment. — Si telle
a été son intention, l’on conviendra qu’elle
y a bien mal réussi. — Quel livre, en
effet, a jamais provoqué, sur toutes choses, tant de comment et tant de pourquoi?
Quel livre a soulevé plus de questions et
sollicité la pensée dans toutes les (Sections comme celui-là? Eu d’autres termes,
quel livre a produit autant de livres?
A la bonne heure I ajoute-t-on, la Bible
soulève des difficultés, mais elle vous
défend de les résoudre; vous lui demandez « les causes secondes, et elle
vous répond « par la cause première ».
— Si l’on veut dire par là que la Bible
ne vous enseignera ni la grammaire, ni
les. mathématiques ou l’astronomie, ni
les sciences naturelles et physiques, ni
7
-275.
même la philosophie en tant que cette
science se propose la recherche de Dieu
eu dehors de la révélation, force nous est
d’en convenir.
Dieu vous a donné pour cela d’autres
lumières. Vous avez à votre disposition
tous les animaux des champs, toutes les
plantes «depuis le cèdre du Liban jusqu’à
l'hysope de la muraille » ; vous avez les
étoiles des cicux plus nombreuses que le
sable de la mer, vous avez les montagnes
qui bornent votre horizon; « elles ont de
l’âge, interrogez-les , elles répondront
pour ce qui les concerne ».
Mais conclure du fait qu’elle n’enseigne
pas les sciences, que la Bible ou dessèche
la plante en la frappant à sa racine même,
c’est une manifeste injustice. — Il n’en
Jugeait pas ainsi le célèbre Copernic, lorsque, voulant donner à connaître la cause
de tous ses travaux astronomiques, il nous
dit lui-même: « Mon âme soutirait de ce
qu’on n’avait pas trouvé la raison certaine
du mouvement sidéral », et quand arrivé
au bout de ses calculs , il est rempli d’admiration pour le Créateur très bon qui a
suspendu dans son temple «le soleil comme
une lampe brillante illuminant toutes les
planètes avec leurs satellites », — chez
lui, du moins , la-cause première n’avait
pas étouffé le besoin de connaître les causes secondes.
Il y a d’ailleurs si peu à craindre que
les saintes Lettres affaiblissent jamais en
nous le besoin de remonter de l’effet à la
cause qu’elles nous exhortent constamment
à tout examiner afin de pouvoir^wgier de
toutes choses avec discernement. Toujours
elles nous invitent à juger de l'arbre par
ses fruits ; et elles n’admettent point qu’on
puisse jamais recueillir des raisins sur
des épines ni des figues sur des chardons.
Nous ne connaissons dans la Bible que
l’autruche qui soit justifiée de ne regarder
ni à causes ni à conséquences. Dieu ne
lui ayant point donné d’intelligence et
l’ayant privée de sagesse fJob. S9J.
Mais pour nous, la lecture de ce livre
tiendra nos facultés sans cesse en éveil
et « coname le fer aiguise le fer», la pensée biblique excitera nos propres pensées.
Elle fera même plus que cela : elle sera
comme une lampe en notre main pour nous
aider à découvrir et à juger les pensées
des autres. — Les auteurs anciens ou modernes, qui nous servent de modèles, ont
à la multitude de leurs erreurs mêlé une
infinité de traits qui ne sont pas la térilé,
mais qui en sont les précieux débris. —
Quel seraj’aimant assez puissant pour attirer à lui tous ces fragments que l’ignorance méprise, et pour réunir en un corps
vivant cette ^poussière de vérité? Chose
étrange, mais vraie cependant, l’explication des auteurs profanes se trouve dans
les Saintes Ecritures, et le lecteur de la
Bible comprend mieux les chefs-d’œuvre
du paganisme que n’ont pu les comprendre
les païens eux-mêmes.
Avions-nous tort d’avancer que ce livre,
outre qu’il nous enseigne à bien sentir,
est en même temps relui (jui nous enseigne à bien penser, et que, lu avec soin,
il ne fournit pas moins d’aliments à l’esprit qu’au seutimeut. B. Tiion.
fFragment d’un discours,'.
iloui^eiks rdtjgtcuscô
France. La Commission permanente
du Synode général de l’Eglise réformée
de France a envoyé aux membres du Synode une circulaire dans laquelle eflo
annonce que le Synode sera convoqué
immédiatement après la promulgation de
la déclaration de foi, afin de continuer
la solution des questions de discipline et
d’organisation ecclésiastiques, qui avaient
été réservées.
Cette réunion aura lieu dans le courant
do novembre. La Commission engage les
Synodes parliculiers à compléter leur délégation au Synode.
Espafçne. Le pasteur Carrasca de
Madrid a donné à l’oratoire de Genève les
détails suivant sur l’Evangélisation dans
sa patrie. Il a dépeint sous do tristes couleurs la situation religieuse de l’Espagne.
Les formes catholiques demeurent, mais
la foi et la vie chrétienne disparaissent
de plus en plus. L’état moral du pays
n’est pas plus réjouissant. La littérature
est généralement malsaine. Cependant les
agitations politiques n’ont pas troublé directement la prédication protestante. L’autorité n’a cessé de se montrer tolérante
et même bienveillante à l’égard de l’œuvre
évangélique'et de ses ouvriers. La plupart
des Congrégations poursuiventleur marche
régulière. Le nombre des simples curieux
a diminué, mais le zèle des vrais fidèles
s’est accru. L’auditoire d’une des chapelles
de Madrid est tous les dimanches de 800
personnes, et l’Eglise ne compte pas moins
de 500 membres reçus après examen. Le
protestantisme a ainsi jeté des racines on
Espagne.
Chronique politique.
Le -voyage du. roi. — Notre
presse toute entière s’est jetée avec ardeur sur cette proie nouvelle offerte à la
chronique, et les journaux de toutes couleurs attachent à ce fait une grande im-
8
-276
portaoce : arrêtons-nous y donc quelques
instants.
Victor Emanuel a voyagé très rapidement,
ce qui n’a pas empêché les populations
de lui témoigner, chemin faisant, combien
son exode répondait au sentiment populaire, et de lui faire comprendre que les
vœux les plus sincères de tout son peuple
l’accompagnaient en pays étranger; c’est
un applaudissement nouveau à ajouter à
tous ceux que l’Italie a déjà prodigué au
roi pour son constitutionalisme, qu'on
nous passe le mot, pour cet esprit d’abnégation personnelle, qui lui fait passer
par dessus ses propres sympathies, dès
qu’il s’aperçoit que l’intérêt de la nation
est en jeu. Car ce voyage plaisait au roi au
tant qu’une pillule,à avaler les yeux fermés;
son instinct, sa .sympathie est bien évidemment plutôt pour ses compagnons d’armes de Palestra et de San Martina; mais
dès qu’il s’est agi des intérêts politiques
de la nation, il n’a plus hésité, et c’est
précisément de ce sacrifice qu’un peuple
immense à Milan, Brescia, Venise lui témoignait par ses applaudissements, sa réconnaissance et son admiration.
Le roi fut reçu à la frontière par le
prince Taxis et recueillit le long de sa route
en Autriche les mêmes applaudissements
qu’en Italie, manifestation toute spontanée
d’estime pour le prince franchement constitutionel. Vienne était en fête tons les
matins. Une foule immense occupait les
abords de la station d’arrivée et les rues
qui y conduisent, et les journaux autrichiens s’accordent à dire que jamais visite princière ne fut fêtée avec autant
d’enthousiasme. C’est qu’en effet cette visite signifiait une révolution complète des
idées prédominantes deux ans passés ;
c’est qu’elle signifiait une impresión nouvelle dans la vie du progrès, c’est qu’elle
était, aux yeux du peuple, le gage d’uu ralliement sincère de la cour aux idées nouvelles de liberté. L’ombre de Metternich
a dû tressaillir en voyant le roi de l’Italie,
devenue au trechose qu’une expressiongéo
graphique, assis à la droite de l’empereur
et recueillant avec lui les ovations des
viennois; on peut bien dire que cet évènement efface toute trace de rancune entre doux rois comme entre deux peuples
et que ce mot prophétique du poète
Passate l’Alpi e tornerem fratelli,
a enfin trouvé son entière réalisation.
Il serait oiseux do raconter par le menu
les détails de ce s^our à Vienne; dîners,
théâtres, visite à l’exposition, revue, tout
le programme d’usage en pareil cas a été
épuisé. Le roi eut plusieurs conférences
avec ses propres ministres, et ceuxci
avec ceux de l’empereur. Quels sujets y
a-t-on draité? mystère ! à d’autres le soin
Ide bâtir jdes hypothèses, d’échafaudor de
laborieuses combinaisons. Nous espérons,
quant à nous, que la cause de la paix et
de la liberté y aura gagné, et que l’on
aura concerté les mésures à prendre contre le parti du syllabus , de jour en jour
plus ennemi de cette même paix, de cette
même liberté. Il n’est pas de trop que
plusieurs puissances s’entendent pour s’opposer au travail de taupes des ultramontains, les vrais révolutionnaires de nos
jours, qui cherchent, sous couleur de
vouloir les sauver, à saper les bases de
la société. Périsse le monde entier, pourvu
que le temporel-retourne au pape, voilà
désormais la divise d’un parti qui se prétend l'héritier unique de celui quii a dit ;
mon règne n’est pas de ce monde. Eux,
au contraire , n’en veulent pas d’autres ,
et ils avaient, à ce sujet, par l’organe de
leur journal le Vaterland, préparé une
manifestation cléricale, que l’attitude des
autorités et de la population a fait échouer
misérablement. Pauvres moyens, pauvre
but! il est vrai qu’on ne peut pas raisonnablement demander à des jésuites de
suivre les préceptes de Jé.sus.
Le roi a quitté Vienne dans la journée
de dimanche et est arrivé hier lundi, à
trois heures à Berlin, où il a été accueilli
avec un enthousiasme que confesse même
la Germania, journal'clérical, dont l’habitude, comme celle de toutes les feuilles
ejusdem farinœ, n’est pas de convenir de
faits qui ne lui plaisent point.
A-nnonoes
Les personnes qui désirent se procurer les Saintes-Ecritures peuvent s’adresser à M. Tron Jean , via Pio
Quinto, i5, Torino.
On désire acheter une petite maison
avec un jardin , dans les Vallées Vaudoises. — S’adresser à M. Benech Libraire , Torre-Pellice.
On demande une Maîtresse pour
VEcole des filles de Saint-Germain. —
Honoraires, outre le logement, francs
324 de la part du Consistoire, et fr.
100 de la part de la Commune, soit
fr. 424. — S’adresser à M. P. MoNASTiER Pasteur à StîGermain-Cluson.
E. Malas Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.