1
Olnqulème année.
IV. 11.
18 Mars 18TO.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBD0M4DAIRE
Spécialement consacrée an\ intérêts matériels et spirituels
de la Famille \audoise.
Que toutes les choses qui sont véritables. oecu\»eh(
vos pensées — ( PhiÎip'pxenfi., ÎV. 8.)
PRIX D ABONHEMEHT :
Italie, k domicile {'tm an) Fr. 3
Suisse...................>5
France................» 6
Allemagne A
Angleterre , Pays-Bas . • 8
Ün numéi‘0 séparé : 5 cent.
Vn numéro arriéré : 10 cent.
BU1IEADX D'aBONNEMENT
ToRRK-v’Ef.r.icE 1 Via Maestra,
N.42, (Agenzia bibliografica)
PiGNERof. : J. Chiantore Impr.
Turin Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica. via de'Panzaiii.
ANNONi’ES : 5 cent. la ligun
ou portion de ligne.
Lettres et envois ft‘anco. S' a
dresser pour t'administratioit
au Bureau à Torre-PelHce ,
via Maestra N. 42. —pour la
rédaction ; à Mr. A. Revel
Prof, h Torre-Pellice.
Sommair'o.
Correspondance. — Chronique locale. — Chronique politique. — Statistique.
Correspondance.
Avis.
Nous avons reçu des plaintes, de
la part surtout dé nos abonnés de
Turin , sur~TëSSt’f'ërne irrégularité
avec laquelle leur parviennent les
Numéros du journal depuis le,commencement de Vannée. Nous avons
cherché, mais en vain, à découvrir
la cause du fait ; le journal se publie à Torre-Pellice le vendredi;
l'expédition s'est toujours faite régulièrement le jour même, au plus
tard le lende
été oublié,
quent prie
nousrendi
ou de pertes qui
lieu que sur le
Ce n'est pas la première fois que
Von a sujet de se plaindre de la
manière dont on entend le service
postal dans Varrondissement et dans
la province. Mais qui pourrait dire
où est le mal ?-r ,
personne n a
par consée ne point
blMde retards
uvent avoir
Mon cher Rédacteur,
Pomaret, 12 mars 1870.
Ne vous étonnez pas trop si je
ne résiste pas au besoin de répondre aux observations dont vous
avez fait suivre ma lettre du 5
courant.
Une fois de plus je me suis
convaincu en les lisant que, pour
être compris, il faut s’exprimer
très-clairement et ne jamais supposer chez autrui les idées que
l’on a soi-même.
Il y a d’abord un mot dans ma
lettre dont j’ai eu tort de ne pas
préciser le sens. Lorsqu’au sein
d’une Vassemblée délibérante une
proposition de quelque importance
est faite d’une manière inattendue
et I votée sans discussion, il y a
souvent surprise chez plusieurs et
plus ¡ tard viendront lesi.regrets.
La proposition de fondre i la fête
de notre émancipation avec celle
de la constitution a été ainsi votée
sanS'Idiscussion ; ellé en valait CQ-
2
-(82)
pendant la peine. Quand j’ai dit
que notre fête du 17 février nous
avait été escamotée, je n’ai pas
voulu exprimer autre chose, et
j’ai pris ce gros mot dans son
sens le plus innocent; j’aurai mieux
fait peut-être d’en employer un
autre.
Vous paraissez vous effrayer de
cette liberté d’allures que je signale au sein de notre confédération d’églises et dont il vous
semble même que je donne l’exemple , comme si j’encourageais au
mépris, tout au moins, de nos
décisions synodales. Soyez, à cet
égard , sans inquiétude ; ce que je
n’ai pas fait pendant ces trente
ans passés, je ne commencerai pas
aujourd’hui à le faire. Je n’ai
jamais pu comprendre que l’on
pût honnêtement s’obstiner à être
membre d’une société quelconque,
surtout d’une société ecclésiastique , dont on rejette les statuts
organiques et dont on viole les
réglements ; mais de quoi s’agitil, je vous prie, dans le fait qui
nous occupe ? d’une fête d’enfants
dont on a senti dans ma paroisse,
la très-grande utilité et que l’on
a trouvé tout naturel de placer
au 17 février, parceque ce jour
fait encore battre le cœur d’un
grand nombre.
Comme l’on veut que, si possible, tous les enfants de 3 à 13
ans y prennent part, l’époque est
parfaitement choisie, puisque toutes
les écoles sont encore ouvertes,
tandis que trois ou quatre semaines
plus tard, la moitié an moins seraient déjàrfermées. u < ilu;: jli
Mais le Synode, dites-vous,' s’appuyant sur dêi plus hautes consi
dérations, a décrété l’abolition de
la fête. Je réponds qu’il n’a pu
abolir ce qui n’existait pas encore,
ni dépouiller les consistoires du
droit qui leur appartient de régler
tout ce qui concerne le culte, —
ou les commissions locales d’instruction, de la direction des écoles
placées sous leur responsabilité.
Il avait été établi par acte du Synode que l’anniversaire de notre
émancipation serait célébré par
un service religieux et le Synode
de 1854 a décidé que ce service
spécial d'actions de grâces aura
lieu désormais à la fête du Statuto. Cet arrêté du Synode n’a
absolument rien à faire avec la
fêle des écoles, qui s’est très-heureusement introduite dans quelques paroisses, qui, j’espère, se
fera bientôt partout, et de la manière que l’on jugera plus convenable.
Le moyen bien simple , selon
vous, pour regagner ce que l’on
a légalement perdu, savoir de demander au Synode le rétablissement de la fête, n’est pas du tout
aussi simple qu’il vous semble,
c.-à-d. que je le crois sans efficace.
La joie ne se commande ni ne se
réglemente, pas plus que l’affection. Il n’y a rien de plus insipide,
rien de plus triste à voir, qu’une
joie factice ou. des efforts stériles
pour la produit^. Quant à moi je
suis d’avance' 'biqn décidé à laisser
tomber notre belle fête d’enfants,
du moment où je m’apercevrai
qu’elle n’est plus pour eux une
fête mais une corvée, ou une simple journée de loisir, — du momentaussi où il me serait démontré
qu’elle a sur eux une influence
3
-{83)
malsaine en les rendant paresseux
ou indisciplinés.
Ma lettre est déjà très-longue;
mais il y a un point dont il faut
que je dise quelques mots , car
c’est celui sur lequel il semble que
je sois , avec vous en complet désaccord.
Moi qui croyais, en donnant
plus d’importance à notre émancipation qu’à la Constitution ellemême ( à notre point de vue, c.à-d. au point de vue de l’Eglise)
exprimer une vérité inconstestable,
une espèce de lieu commun, il se
trouverait que j’ai simplement fait
une énorme bévue, comme qui affirmerait que la partie est plus
grande que le tout. Ayant le bonheur de n’être pas infaillible, vous
voyant vous-même si sûr de votre
fait, et ne me souciant pas de
m’exposer à être une seconde fois
rappelé au respect du bon sens ,
j’avoue que j’ai été un peu confus
à la lecture de votre observation
et que j’ai examiné encore avec
plus de soin la question dont il
s’agit. Après avoir tremblé un moment pour ma vieille tête , je me
suis bientôt rassuré en découvrant
que , cette fois du moins , le bon
sens n’était pas contre moi. Je
pourrais vous dire que, même
aujourd’hui, je ne suis pas seul de
mon avis et que, il y a 23 ans,
l’opinion que je soutiens était celle
de nos compatriotes catholiques.
Combien n’en avons-nous pas entendus affirmer , — quelques-uns
peut-être, avec un peu d’envie, —
que les ’Vaudois étaient de tous
les citoyens, ceux qui avaient reçu
la meilleure part. Mais à la rigueur
cet argument n’en est pas un en
faveur de ma thèse. Vous seriez
même capable de le tourner contre
moi. Laissez-moi donc recourir à
l’argument des simples, à une
parabole;
Une famille qui, pendant de longues années, a vécu dans la gêne et
l’oppression, parvient par un travail
opiniâtre, une constance à toute
épreuve et de courageuses luttes, à
se délivrer de ses adversaires , à
secouer le joug sous lequel elle
gémissait et à conquérir enfin une
existence agréable et tranquille.
L’heureux événement qui met
fin aux misères du passé doit être
fêté au sein de cette famille, mais
pour que rien ne manque à sa
joie, il faut que tous ses membres
y participent. Or il se trouve que
l’un d’eux est depuis longtemps
exilé de sa patrie, sous le poids
d’accusations forgées par d’aveugles
ennemis. On est généralement persuadé, quoique ses calomniateurs
ne soient pas tous morts, qu’il est
innocent des crimes qu’on lui a
imputés. Sa famille et ses amis
demandent, et ils obtiennent, la
révision de son procès. Son innocence est proclamée; il est rappelé
dans sa patrie et il arrive à temps
pour s’asseoir avec ses frères et
sœurs au banquet qui avait été
préparé et pour lequel il semble
qu’on l’avait attendu. Et si, au lieu
d’une sentence réparatrice , c’est
une grâce souveraine qui l’a rendu
libre et lui a rouvert le chemin
de la patrie, il n’en goûte pas
moins toute la douceur des joies
de la famille, et d’autant plus vivement qu’il en a été plus longtemps sevré. Ne bénira-t-il pas cet
acte de. justice , un peu tardive
4
-(84)
peut-être, ou de miséricorde qui
l’a rendu à sa famille? Même au
sein de la plus grande prospérité
pourra-t-il oublier que c’est grâce
à cet acte qu’il est heureux avec
les siens, comme il le serait encore de pouvoir partager avec euxmêmes l’affliction et l’épreuve ?
L’émancipation des Vaudois a
été une solennelle réparation d’injustices passées; elle a rendu capable de particjper à la bonne et à
la mauvaise fortune de la patrie
pour laquelle ils ne sont plus des
étrangers et des hilotes.
Prenez patience pour cette fois
si ma lettre a dépassé les bornes
d’une communication à un petit
journal. J’ose promettre que je ne
commettrai pas souvent une pareille indiscrétion.
Croyez-moi, mon cher Monsieur,
même quand je ne suis pas d’accord
avec vous, ■ > >
Votre dévoué
P. Lanta.ret,
11 y a trois choses dans la lettre
de M’’ le pasteur Lantaret : une restriction apportée à certaine liberté
dont nous nous sommes plaint et
qui, nous n’en doutions pas, est
aux, yeux de M"^ Lantaret comme
aux nôtres incompatible avec l'existence d’une société organisée ; —
une distinction entre la fête (légalement abolie ) du 17 février et les
solennités scholaires qui en ont
pris: la place ; — enfin une appréciation du fait de l’émancipation ,
sous forme d’un apologue.
A l’égard du premier point, il
n’y a pas lieu d'insister.
A l’égard du second , nous ne
pouvons que répéter ce que nous
avons dit dans notre numéro pré
cédent: « nous ne prétendons point
interdire les solennités scholaires».
Le point de départ de toute la discussion a été la fête du 17 février
comme telle , et non une fête des
écoles qui peut avoir lieu tout aussi
bien le 2 mars et qui « ne perd
rien à être renvoyée >>.
A l’égard du troisième, nous
sommes un peu confus de l’avouer,
nous n’avons pas très-bien senti la
force de l’argument, et il nous semble que nous pourrions signer l’apologue sans encourir le reproche
d’inconséquence.
Nous mettrons ici un point final,
non sans témoigner à M" Lantaret
combien son « indiscrétion » nous
a été agréable , et combien nous
serions fâché qu’il n’en voulût plus
commettre de pareilles.
(¡rkrontque locale.
Oollectos des Eglises en- faveur des
Missions. A l’occasion de l’envoi à
M' Casalis, Directeur de la Maison des
Missions de Paris, la Table Vaudoise, par
circulaire du 8 mars, a rendu compte aux
églises du montant des collectes et des
dons reçus pour l’année 18*19 en faveur
de cette œuvre. En voici le tableau:
Rora . . . . fr. 20 20
Yillesèche . » 27 95
Rodoret » 23,
M. J. P. Tron . ^ 10
Pomarél . » 100
Ma-ssel . . » 35
Perrier . . , > . > » 30.
S» JitHn, Paroisse 125 1
» Ecole du dimanche 15 60 f
'» '■ Appiols . . 4 10 fl97 70
i!»! Par D. Lantaret 30' j
» Collecte au Chabas 23
Artgrogne^ Paroisse . 49 35 J
» Société du filage 10 \ -q
» Ecole du dimanche 10 (
» Ecole des fitles 4 25 '
À reporter fr. 517 45
5
-(85>
RepoH fr.
Prarustin .... »
Villar........................»
Bobbio ...................... »
S. Germain .... »
M' E. Rostan Docteur . . »
Pramol........................»
Prali ...,.»
Orphelinat . . . ,. »
Société du sou hebd. par M"C.
Malan .... »
Soc. de couture p. M"' Chambeaud »
MU« H. S......................»
La Tour -, Paroisse fr, 66, Ecole
de filles fr. 14 . . . »
Turin.........................»
517 45
32 00
135 25
21 70
48
5
30
12
20
44
50
5
80
222 60
Total fr. 1223 00
Torr*o-"r*elHoo fUne prédication
àj. Le retour de la belle saison nous a valu,
ces jours deroiers, la visite du D' Keb, de
l’Eglise Presbytér.-ünie d’Ecosse, accompagné d’un grand nombre d’amis. Dimanche, 13 courant, dans une salle de l’Hôtel
de l’Ours, et ensuite d’un avis donné du
haut de la chaire, nos amis et frères d’Ecosse ont eu leur culte particulier et plusieurs personnes de l’endroit se sont joints
à eux.
Le D' Ker qui présidait, avait pris pour
texte de son allocution la parole de Christ:
«Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés, et vous trouverez le repos
de vos âmes». Il a montré la promesse
du Sauveur s’accompbssant dans la conscience , délivrée du péché; dans l’esprit,
affranchi de ses doutes et de ses perplexités ; dans le cœur, dont rien ne saurait
combler le vide sinon Dieu. Délivrance
complète s’opérant par la foi, l’espérance
et l’amour, tous trois contenus dans le
même germe, mais produisant successivement des bourgeons, des fleurs et des
fruits. L’attention a été ensuite appelée
sur ce fait; que ce n’est point à une doctrine ou à un dogme que nous sommes
invités à aller, mais à une personne vivante; une doctrine peut bien obtenir
l’acquiescement de notre esprit, mais elle
est impuissante à punfier la conscience
et à remplir le cœur. Enfin le don de Jésus
est un don gratuite; Jésus ne nous dit
pas : Tâchez de devenir meilleurs, efforcez-vous de vous réformer, mais il dit:
«Venez — et vous trouverez».
Qu’on tâche de se représenter une prédication parlée, une prédication nourrie,
une prédication claire et limpide, se résumant toujours à propos pour soutenir
l’attention, s’adressant de prime abord à
la conscience et satisfaisant le cœur et
l'esprit; qu'on y ajoute, si l’on veut, le
sentiment des proportions, un style soutenu et sobrement coloré ; et l’on aura une
idée de la manière dont s’exprime le D'
Ker. Que n’avons-nous plus souvent le
privilège d’entendre de pareilles méditations ! Elles nous semblent réaliser ce qui,
à nos yeux, constitue l’idéal de la prédication évangélique : semer, planter, arroser.
Il se pourrait faire que plus d’un auditeur, peu familiarisé avec la langue anglaise, ait jugé autrement que nous. Mais
l’ignorance n’est pas tenue de porter des
jugements.
(¡Throntque pUttjque.
Italie. Il n’est pas facile de résumer
en quelques mots l’exposé financier de M.
Sella. Mais il y a nombre de choses à
noter au passage. — De 1862 à 1870 les
recettes ordinaires ont augmenté de 400
millions (à peu près 87 "¡,); en 1868, les
dépenses ordinaires étaient de 448 millions ;
aujourd’hui elles se réduisent à 378 millions (diminution : 36 ”u). En 1862, le ministère de la guerre coûtait le double de
ce qu’il coûte aujourd’hui. On a donc fait
quelque chose ; les recettes ont augmenté,
les dépenses ont diminué. Mais voici le
revers de la médaille ; les dépenses intangibles, qui étaient de 150.000.000 en.l860,
se sont accrues jusqu’à 400.000.000. Cela
provient de ce qu’on a été forcé de demander au crédit public, par divers emprunts,
la somme énorme de 3 mille 201 millions.
M. Sella pourvoit au déficit (161 millions)
au moyen d’économies , de surtaxes, et
d’une convention passée avec la Banque
nationale. '' '
6
-(85)
— Les économies sur le budget de la
guerre s’élèveraient à 18 millions. Mais le
général Nunziante, duc de Mignano, dans
une brochure qui a fait sensation, établit
que «sans enlever à l’armée une seule
baionette, » il est possible d’opérer sur
ce budget une réduction de 30 millions.
Il démontre, à l’appui, que 150 mille soldats en Italie coûtent autant que 300,000
soldats en d’autres pays. Le général es^
convaincu que l’on n’entend pas la division du travail, que l’on ne sait pas compter ni faire des marchés, en un mot qu’il
est urgent d’administrer tout de bon.
— En attendant le général Covone, ministre de la guerre, a renvoyé dans leurs
foyers les 30 mille hommes de la classe
provinciale de 1845. Cette mesure a produit un effet excellent.
— Un moyen d’augmenter les recettes:
Il existe dans le royaume d’Italie 46 archevêchés et 215 évêchés, à savoir 261
cathédrales ; — 350 basiliques ; — 50 sanctuaires isolés; —30 mille paroisses avec
leurs temples respectifs : — 75 mille églises , oratoires etc. ; — enfin 105,660 clochers de toute espèce, dont plusieurs renferment 2, 3, 4,5 et même 7 cloches.
Toute cette richesse mobilière- ne paie
aucun impôt, dit-on; — pourquoi ce privilège ?
— Il résulte de l’interpellation du député
Nicotera sur les banques à usure de Naples , qu’il n’y avait pas moins de 107
établissements de ce genre. Celui de RuffoScilla a englouti 30 millions ; — celui de
Costa une dixaine de raillions. *
— 27Ç votants ont pris part à l’élection
du président de la Chambre des députés.
M. l’avocat Biancheri, candidat du gouvernement , a obtenu 144 voix ; M. Benedetto Cairoli, candidat de la gauche , 117
voix. M. Biancheri a été proclamé président.
— L’avance dans l’arrivée à Londres ,
en faveur de la malle supplémentaire des
Indes, «voie de Brindisi,» sur la malle
principale, «voie de Marseille,» a été (en
février 1870), pour le premier voyage, de
34 heures 33 minutes, pour le second de
31 h., pour le troisième de 48 h. 4 m.
Rome. — La distribution du schéma
(proposition!) de l’infaillibilité papale s’est
faite d’une manière si inattendue qu’elle
a eu l’air d’un coup de théâtre. On espère
que l’obstination sénile de la Cour de Rome
achèvera de destiller les yeux des nations
catholiques et fera faire un pas immense
à l’idée de la séparation de l’Eglise et de
l’Etat, dont M. Ollivier est depuis longtemps le partisan convaincu. Les ultrapapistes ne paraissent pourtant pas s’en
inquiéter beaucoup; ils nagent dans la
joie, ils sont transportés de confiance et
ils jettent un superbe défi aux gallicans
et aux catholiques libéraux d’Allemagne.
— Le gouvernement français qui a pour
ministre des affaires étrangères un théologien, M. le comte Daru, a fait la demande d’être représenté au sein du Concile.
La Cour de Rome s’est empressée d’y déférer.
— Il paraît que le cardinal Rauscher et
les évêques autrichiens ne rejettent pas
en principe le dogme de l’infaillibilité ;
ils croient seulement que sa proclamation
est inopportune.
Espagxio. Le duc de Montpensier
a tué en duel Henri de Bourbon, frère du
mari de l’ex-reine Isabelle.
France. Une anecdote à propos de
la fausse monnaie de Pie IX. — Un curé
d’un département voisin de celui de la
Seine-Inférieure, en faisant la quête dans
son église, vit tomber dans son plat une
pièce papale ; il la retira brusquement, et
la jetant à son dévot paroissien, il lui dit :
«J’aime mieux le pape que sa monnaie».
Le généreux paroissien reprit la pièce et
en donna une autre à l’efligie de VictorEmmanuel. Le curé se mit fi rire et garda
la pièce, bien entendu.
Ce trait de mœurs nous fait souvenir de
Mgr. Dupanloup. Ce prélat qui a versé des
flots d’encre pour maudire la révolution
italienne, ne se fie aucunement à la discrétion de la poste papale. A-t-il à expédier quelque lettre d’importance? Il la
remet à une personne sûre qui s’en va...
la jeter à'la poste de Florence.
— On annonce la mort de M. le comte
de Montalembert, catholique fervent, point
trop ultramontain.
7
-(87)
B el gl 0.11 o. Le projet de loi sur le
temporel des cultes, qui soumet les dépenses des fabriques d’église au contrôle
de l’autorité civile, a été adopté par la
Chambre des représentants à la presque
unanimité. L’incident capital de la séance
a été un remarquable discours du ministre de la justice, qui a positivement déclaré que le but à poursuivre, et qu’on
atteindrait tôt ou tard , est la séparation
complète de l’Eglise et de l'Etat.
Cette séparation n’est pas une simple
idée en Belgique. L’Eglise chrétienne missionnaire belge, qui s’étend sur une partie
notable du pays, est une église libre qui
ne demande qu’à la foi les ressources dont
elle a besoin
Anglotorro. Veut-on voir ce que
peut produire la séparation Qu’on regarde à l’église anglicane d’Irlande, aujourd’hui séparée de l'Etat et privée de
tout caractère oiTiciel. — Le comité chargé
d’en préparer la réorganisation, propose
de confier le pouvoir administratif à un
Synode général composé des archevêques,
des évêques, des députés du clergé et des
laïques. Le Synode se composera de deux
Chambres, l’une comprenant les archevêques et évêques, l’autre les représentants
du clergé inférieur ( prêtres et diacres) et
des la'iques.
— La séparation gagne du terrain. Dans
la Chambre des Communes a été proposé
un bill portant séparation de l’Eglise et
de l’Etat dans le pays de Galles; et le 10
février, M’ Beautmont a annoncé, au milieu des applaudissements le plus vifs du
parti libéral, qu’il proposerait un bill tendant à enlever aux lords ecclésiastiques le
droit de siéger au Parlement.
Bavière. Le nouveau ministère,
présidé par le comte de Bray-Steinburg,
et renforcé par l’élection (Jje plusieurs député progressistes, disposé d’un nombre
de voix supérieur à celui de l’opposition
cléricale.
— Le pape avait fait chasser de Rome
le chanoine Friederich, correspondant supposé de l’indiscrète Gazette d'Augsbourg ;
le roi Louis, par représailles, a nommé
le chanoine Friederich attaché d’ambassade à la Légation bavaroise à Rome.
Orand-Biiolxo de Bade. —
Les Chambres viennent de décider que le
mariage civil devra dorénavant précéder
le mariage religieux, et que les régistres
civil auront seuls qualité pour établir la
constatation légale des mariages, des naissances et des décès.
■Wtxi'*teiiil>er's. Un projet de loi
relatif aux associations religieuses dissidentes a été soumis à la Chambre des
députés, et la Commission chargée de
l’examiner, a proposé, à l’unanimanité, de
le voter. Il n’a qu’un seul article , conçu
en ces termes;
« La formation d’associations religieuses
en dehors des églises connues par l’état
comme corporations publiques, ne dépend
pas d’une autorisation préalable. Ces associations ont le droit de professer leur
religion librement et en commun dans le
culte domestique et public ; elles ont également le droit d’ordonner et d’administrer librement leurs affaires. Mais il ne
leur est pas permis de se mettre par leur
confession, leur constitution et leur action
en opposition avec les lois, la morale et
le droit public ».
Honja;r'lo. D’après le projet de loi
qui vient d’être élaboré, au sujet de l’exercice des cultes, une liberté complète est
assurée à tout citoyen. Chacun peut professer et exprimer sa foi comme il l’entend, sans que cela influe sur ses droits
politiques et civils, pourvu qu’il ne viole
pas les lois établies. Les églises sont placées entre elles sur un pied d’égalité et
soumises à la même surveillance de l’Etat.
Les conversions sont entièrement libres.
Le mariage civil est facultatif, et il y aura
des cimetières communs outre ceux que
peut avoir chaque confession. Quant )aux
mariages mixtes, ils pourront se faire sans
entraves; seulement par une bizarre inconséquence, il serait arrêté que les garçons suivraient la religion du père , et
les filles celle de la mère.
TriuLr*<a.txle.; Le gouvernement turc
ayant fondé à Constantinople un lycée
ouvert à toutes les confessions , le pape
s’est en^)ressé de menacer de l’excommunication tous les parents cathçliques-romains, qui sepermettraient d’y envoyer
8
-(88)
leurs enfants. Le gouvernement turc a
été très-choqué de cette déclaration et
songe, dit-on, à user de représailles.
— Un autre symptôme du progrès des
idées libérales dans l’empire ottoman,
c’est ¡la fondation à Constantinople d'un
journal pour dames, intitulé Térak (le
progrès). Il n’y a malheureusement que
fort peu de femmes turques même parmi
les plus haut placées, qui sachent lire.
— Le schisme des Arméniens unis, à
Constantinople , est un fait accompli. Le
pape a eu beau condamner les séparatistes et leur dépêcher l’évêque hollandais
Pluym pour les ramener; Pluym et Pie IX
y perdront leur latin. Le sultan a concédé
une église aux séparatistes.
Etats-Unis. La reconstruction des
Etats-Unis est à peu près achevée. Le
Texas, seul retardataire, s’est mis en règle
vis-à-vis de l’égalité des droits civils et
politiques sans distinction de couleur.
— Les nègres, devenus ouvriers libres,
travaillent généralement avec une ardeur
dont on ne les croyait pas capables, et
ceux qui les emploient à leur service les
dirigent avec une facilité à laquelle ils
étaient loin de s'attendre. Un riche propriétaire du Sud disait dernièrement à un
voyageur anglais que, pour rien au monde,
il ne voudrait voir revenir l’esclavage. Un
autre ajoutait qu’avec 25 ouvriers noirs ,
il obtenait de plus riches récoltes qu’il
n'en obtenait jadis avec 75 esclaves. Enfin , des rapports ofticiels ont constaté
qu’en 1838, les revenus des Etals du Sud
avaient dépassé de plus de 125 millions de
francs ceux des meilleures années sous
l’ancién régime.
— Le’ nombre des journaux uniquement
rédigés pSr des nègres augmente rapidement.'Il y en a qui tirent à 3 mille , 5
niffle, 10 mille exemplaires.
MexlqLiie. Au ternie de la session,
le Congrès a investi le président Juárez
des jA)ïlToirs' de dictaeteur. La révolution
s’est jùsqu’ici manifestée dans 9 états sur
ïfi'i -î: . ■
On parte de larenaissaiicé'dé'la traite des esclaves dans les
petfhgfeà de FOeéànie.’It paraît qn’on ven
dait, il y a peu de temps, dans la colonie
de Queensland (Australie Nord) de Polynésiens au prix de 150 à 200 fr., et qu’il
s’en est vendu à ce prix des milliers !
Statistique.
noràt —749'habitants (recensement
de 1862), dont 724 Vaudois et 25 catholiques.
nouvement de la Population durant l’année 1869
Décès: célibataire ( Sexe m. )
Id. id. ( sexe f. )
Id. Mariés (sexe tn.)
Id. id. {sexe f. )
Id. Veufs (sexe m.)
Id. id. (sexe f. )
I )
? )
Ì )
Total
13
Naissances sexe masculin
Id. sexe féminin .
24
10
Total
34
Mariages entre célibataires .
Id. entre célib, et veufs
Id. entre veufs
Total
D'après la Profession religieuse.
DÉCÈS : Culte Vaudois
Id Culte catholique
13
00
Total
13
Naissances: Culte Vaudois .
Id. Culte Catholique
33
l
Total
34
Mariages : Culte vaudois
Id. Culle catholique .
Total . 5
Rorà, 8 février 1870.
Daniel Mobbl Officier de l'Etat Civil.
ouvrage ‘REÇU.
Adplpli. Soliselïter. Les Huguenots' du seizième Aiëcle. Paris (Cherbuliez
Grassart-Meyrueis ), 8' vni. 331 pp. —
Prix 5 francs.
PETITE BOITE AUX LETTRES
M. M. L. Pignérol. Je n’ai pas su voir où
était l’erreur. En tout cas l’article n’est pas
une
d'un
correspondance , mais la reproduction
article de l’Beo della Verità.
A. Rbvxl Gérant.
Pignerol, J. Obiantore impr.