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■Y. année
19 Mars 18C9.
/Y" tt.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBD03IADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables..... eccupent
vos pensées — ( PhiHppiens., IV. 8.)
PRIX d’abonnement ;
Italie, h domicile (un anj Fr. 3
Suisse...................» 5
France...................» 6
Angleterre , Pays-Bas , Allemagne .................» S
t'n nuynéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BDREADX D’aBONNEMENT
ToRRE.pBr.MrE : Via Maestra,
N. 4*2. (Agenzia hìbìiografìca)
l’rGNKROL : J. Chìautore linpr.
TuRtN :J.J. Troll, via Lagrange
près le N. 22.
Florkncr : Librerìa Evangelica, via de'Panzani.
« ANNONi'ES : 5 cent, la ligne
I ou portion de ligne.
< Lettre.s et envois franco. S' a‘ dre.sser pour l’administration
I an Ihireaii à Torre-PrWre ,
f via Maestra N. 42. — pour la
î rédaction : ft. Mr. A. Revet
\ Prof, h, Torre-Pellice.
SOMMAIRE: — Des contributions volontaires. — Chronique locale. — Correspondance. — Annonces.
DES CONTRIBUTIONS VOLONTAIRES
Nous avons, à deux reprises, entretenu nos lecteurs
de cet important sujet qui intére.sse au plus haut point la
vie chrétienne au sein de nos Eglises ; et déjà nos observations ont amené plus d’une réponse encourageante. C’est
un bon signe que de voir une pareille question préoccuper
les esprits ; nous y voyons, non sans cause, un motif d’espérer une transformation progressive de notre petite société
religieuse, dans le sens d’une intelligence plus complète
des principes évangéliques.
Nous y voyons pareillement le gage d’une adhésion toujours plus libre et plus individuelle aux principes de notre
constitution ecclésiastique ( § 2 ). Il s’agit de savoir en effet
si nous sommes une Eglise capable d’agir avec un esprit
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— 8î
de suite , ou si nous ne sommes qu’une aggrégaüon de
synagogues composées des éiéments les plus hétérogènes,
un mélange confus de professants , d’indifférents , d’incrédules et de rétrogrades.
Un membre de l’Eglise Vaidoise, qui n’est ni pasteur, ni
ministre, ni ancien, ni diacre, a bien voulu nous communiquer ses idées à cet égard, et nous nous empressons de
lui céder la place.
«Plusieurs personnes ne reculent pas devant l’invitation à contribuer pour les collectes; mais il en est un bon nombre qui ne veulent pas même en entendre parler. N’ai-je pas entendu dire à un soidisant membre de l’Eglise Vaudoise , au sortir d’une réunion où la
question avait été traitée, qu’il aimait mieux aller boire â l’auberge
que de consacrer à cet objet une somme annuelle de 50 centimes ?
Cet homme , il est vrai, n’est pas riche et doit nourrir une nombreuse famille ; cependant il sait se procurer de l’argent pour passer
de longues soirées au cabaret; ne pourrait-il donc se procurer aussi
le plaisir de contribuer à une bonne œuvre?
• S’agit-il de contribuer au bien des pauvres, de l’Eglise , ou des
hôpitaux? La réponse ordinaire est: Il y a des fonds; qu'ils y puisent.
Or je dis qu’aussi longtemps que l’Eglise comptera beaucoup de membres de cette espèce , l’on ne pourra jamais subvenir aux besoins
même les plus indispensables. Que peut-on attendre en effet de pareils
électeurs qui, lorsqu’il s’agit de travailler au bien temporel ou spirituel de l’Eglise, ne songent qu’â créer des obstacles et ne trouvent
que des paroles de blâme ?
» On pourrait comparer quelques unes de nos paroisses ( si ce n’est
plusieurs ) â une personne qui a tout ce qui lui est nécessaire, mais
qui est affligée d’une maladie à laquelle on ne sait pas appliquer le
bon remède. La recette existe assurément ; mais il faudrait la donner.
■ Je me hasarde à faire une proposition aux personnes qui sentent
le besoin d’avoir quelque chose de mieux au sein de nos paroisses.
Que ceux qui ont la ferme intention de faire quelque chose pour le
bien de l’Eglise , se constituent d’eux-mêmes en une société ; que
cette société ait son règlement particulier pour ce qui concerne les
souscriptions et décide elle-même de leur emploi , à l’exclusion des
3
- m —
fton-ilonateurs. La marche de la plupart des Consistoires et des Assemblées de paroisse n’en sera point gênée ni interrompue; et nous
aurons l’avantage d’avoir deux caisses au lieu d’une seule , qui, le
plus souvent, menace de rester vide
In membre de l'Eglise Vaudoise •.
La question est des plus simples : il s’agit ici, non pas
d’un impôt, ni d’une taxe , ni d’un tribut, ce qui, en
matière de religion, serait odieux, — mais d’un acte parfaitement volontaire qui dans la pensée du Synode de 1866,
doit amener la complète liberté de nos Eglises, Le Synode
a sagement fait de ne rien réglementer à cet égard ; la
réalisation de son vœu , il l’attend de l’initiative des Eglises
elles-mêmes ; et là où cette initiative fait défaut, par suite
de l’incurie ou de l’incapacité des conducteurs , il est bon
que les individus y suppléent.
Quant à la proposition , que nous soumet notre correspondant , nous nous réservons d’y revenir plus tard à
loisir.
CkrontC|ue locale.
Torx'e-'Polllo©. Conférences populaires : IXe Conf., du 10 mars.
Mf le Prof. H. Rollier a parlé de la formation de l’acide carbonique, au
point de vue de la solidarité des plantes et des animaux.
— Leçons d’agronomie. Comme nous l’avions annoncé , l'ouverture de ce
cours a eu lieu le 8 mars, dans le local de l’école paroissiale.
— Société auxiliaire pour VEvangélisation en Italie. Celte société, fondée
en 1^3, est une preuve de la bonté du principe de la libre association.
Ses recettes, produites de dons volontaires qui ne sont soumis à aucune
règle extérieure, se sont graduellement accrues d'année en année. Elles
étaient à la fin d’avril 1864 ... de fres 67, 00
» 113, 40
1865
1866
1867
1868
167, 00
185, 00
282, 97
Total général Fr. 815, 37
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— 84 —
Nous ne pouvons indiquer le chiffre que l’on a atteint en 1869, car
LES SOUSCRIPTIONS RESTENT OUVERTES JUSQU’À LA. FIN DU MOIS DE MARS. A.VÍS
aux personnes que cela pourrait intéresser.
— Caisse d’épargne de Milan. Nous avons, dans notre dernier N° et à
cette même place, donné quelques détails sur la faillite frauduleuse de
cet établissement, et porté au chiffre de 100 mille francs environ la perte
qu’a dfi subir la population de cette vallée. L’e.x-agent de la Succursale
de Torre-Pellice, JP Spirito Maggiore, nous écrit que notre calcul est
alquanlo esagerato, et que la somme en question n’arrive actuellement
qu’à 60 mille francs. « Cette perte, ajoute-t-il, est assez considérable en
elle-même , et il n’est pas necessaire de la grossir pour en être peinés ».
D’accord ; mais Vactucl d’aujourd’hui n’est que provisoire, et les syndics de
la faillite ont prudemment fait observer que les écentualités de la liquidation pouvaient influer soit en bien, soit en mal. Nous souhaitons de
tout notre cœur aux nombreuses victimes de la faillite que JP Jlaggiore
ait raison, et que l’issue du procès ( car il y a procès, et l’on a pu arrêter
deux des trois commissaires de la Caisse ) leur soit le plus le favorable
possible.
’Villosèclxo. Visite pastorale du 7 mars 1869. Une assemblée de 60
électeurs s’est formée après le service divin. On croit pouvoir affirmer
qu’il y a, en certaines localités. un progrès réel dans la vie religieuse.
Jlalgré la proximité de la cathédrale du Périer, la fréquentation des services religieux est très-satisfaisante. Il en est de même de l’école du dimanche , où l’instruction est départie à une cimiuantaine d’enfants. Les collectes se font régulièrement ; mais la question du fonds d’église a soulevé d’abord une vive opposition. On ne s’est pas découragé néanmoins; l’on est
revenu à la charge une fois, deux- fois, trois fois; et l’assemblée a paru
maintenant assez unanime pour l’adoption de là mesure. Un bon témoignage
est rendu au pasteur, aux anciens et au régent paroissial.
(ffomsponbance.
(RetdrdéJ. On nous envoie de Oênos le 11« Rapport (année 1868) de
rUôpiTAL Protestant. — La situation financière accuse une entrée de francs
25960 29, et une sortie de francs 18575 69, avec un compte de résèrve de
francs 7384 , 60.
Le mowDemenf des malades a été de 161, sur lequel 4 sont morts et 157
guéris. — Jloyenné du téîmps passé à l’Asile par chaque malade : 24 jours.—r
Jloyenne des irialadés : 12 par jour. —Les malades payants figurent à l’article
des recettes pour la ,somme de francs 4625.
— Les souscriptions annuelles ont produit francs 4737 50 ; et les dons ont
élevé cette somme- àr francs 7489 85. A lui seul enfin le Bazar, ou vente de
bienfaisance, a - produit francs.-5740-
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— 85
Nous regrettons quo le manque d’espace nous empôche d’imprimer le rapport en entier, bien (ju’il n’occupe que deux pages ; et nous remercions, eu
terminant, la persoime inconnue , qui nous a mis à même do donner nos
lecteurs cos quelques détails sur une œuvre de bienfaisance aussi importante
et aussi prospère.
On nous écrit de Oôiiovo, en date du 9 mars:
Mr Buisson est venu dernièrement renouveler, au soin do la Rome du
protestantisme, ses violentes et jiarfois déloyales attaipics contre l’Ancien
Testament, et proclamer avec enthousiasme les principes, le dernier mot
du christianisme libéral. Les défenseurs du vrai Christianisme n’ont [)as
manqué de se porter aussitôt à la brèche. MM. les pasteurs Paul et Barde
fils ont soutenu avec force et avec de bonnes raisons, contrairement au.x
allégations du professeur de Neuchâtel, (jue l’.Ancien Testament ne donne
pas à l’enfance de mauvaises notions sur l’humanité, sur la morale et
sur Dieu.
Mf Bungener devait, en opposition au programme du christianisme libéral,
faire connaître les principes du Christianisme seul digne de ce nom ; mais
il n’a pas su s’élever à la hauteur de son sujet et sou discours n’a été
autre chose, il me semble, qu’un plaidoyer en faveur de l’Eglise nationale
de Genève.
Ce soir, mardi 9 mars, une foule immense se [>ressait dans le cirque
de Plainpalais. Que se passait-il donc, ou qu’allait-il se passer de nouveau ? C’est que .M’’ de Gasparin devait, lui aus.si, aborder la ([uestion
qui a remué tant de consciences, üu tonnerre d’applaudissements annonce
l’arrivée de l’orateur. Il était vivement ému; on sentait, par un certain
frisson (pii vous traversait l’âme, qu’une question grave allait être traitée
sous le regard de Dieu.
Après avoir, dans son introduction, combattu le chridiauisme dit libéral qui voudrait nous ravir ce ijue nous avons de plus cher au inonde,
la Parole de Dieu, l’orateur entra dans le vif de la question. — Quelle
e.st, dit-il, au milieu des débats qui passionnent le protestantisme tout
entier, la question qui est, non posée, mais imposée ? C’est le mensonge
des situations. L’on voit en effet dans certaines églises nationales des pasteurs , partisans décidés de M*' Buisson, lire au peuple la Parole de Dieu,
lui parler de la divinité de Jésus-Christ, prier Dieu , adorer Dieu. A l’heure
où une guerre ouverte est déclarée au Christianisme, il y a, dans une
même église, le oui et le non, le blanc et le noir, des individus qui
font les affaires de l’ennemi et sont prêts à lui ouvrir les portes.
A un tel état de choses il faut nécessairement apporter uu remède, à
savoir la séparation de l’Eglise et de l’Etat acceptée avec toutes ses conditions
et avec toutes ses conséquences.
L’orateur examine eu passant toutes les objections que l’on élève contre
Tapplication de ce principe. — Exemples; le principe est bon en théorie,
6
se
mais non en pratiqiie ; — l’avenir appartient à la séparation, maiis noXis
n’en voulons pas maintenant; — le principe est bon pour nos voisins,
mais noü pas pour noiis; — il entraînera des diiDcultés (comme si l’on
pouvait ici-bas, sans difficultés, accomplir quelque chose de grand ); —
il nous faut une église (¡ui soit, non pas le monde, mais pour tout le
monde; ünd église qui permette à chacun de se croire chrétien.
Cette dernière objection est capitale. Mais cette église, l’Evangile ne la
reconnaît pas, car l’Evangile ne dispense personne de porter sa propre
responsabilité dans les questions religieu.ses. L’Evangile ne veut pas de formalisme ; or c’est à ce formalisme que tient une grande partie de l’immoralité de notre Europe ; l’on fait profession de croire ce que fon ne croit
pas; on participe aüx mêmes cérémonies sans croire à la chose qu’elles
représentent.
L’Evangile .part de la nouvelle naissance, de la conversion. L’Eglise ,
selon l’Evangile, n’est pas le monde ; efle doit se rattacher au contraire
à la folie de la croix. L’évangile, ne veut pas de ces églises où l’on
est fait chrétien à époque fixe , et où parfois un débauché même peut
faire ses quatre communions. — En ce cas , dira-t-on, vous repoussez de
vos églises la multitude. — Mais regardez donc en Amérique ; il n’y a pas
d’églises qui exercent plus d’influence sur la multitude que celles qui sont
opposées au multitudiuisme. Il est impossible de fonder une institution religieuse sur Un fondement autre que la conviction personnelle. M^ de G.
en donne la preuve historique.
Que disent les partisans de l’union des deux pouvoirs, temporel et spirituel ? — C’est un fait, disent-ils, — Oui, c’est un fait ; mais où est lé
principe ? — Il y a de l’utilité, disent-ils encore. — Pour ce qui regardé
l’Eglise, il n’y a pas d’utilité ; quant à celle qu’en relire l’Etat, c’est
d’être chargé, écrasé, du poids des questions religieuses. Quel soulagement
pour lui quand il sera débarrassé de tout ce bagage.
La séparation, c’est la liberté toute simple ; on ne demande aucun privilège. Il ne s’agit pas de fonder un état athée, mais un état incompétent
dans les questions religieuses. Alors tout ce qui sera viable vivra; tout
ce qui ne sera pas viablë mourra; et le droit de mourir est encore un
fruit de la liberté.
Mais la séparation, ce n’est pas l’Eglise emportant avec elle le budgetj
en ce cas elle serait privée de ce qui doit être sa vie, de l'esprit de
sacrifice. 11 faut la séparation pauvre; car de quel droit vous imposeraiton des sacrifices pour une foi qui n’est pas la vôtre ?
Entière liberté; puissance du système volontaire pour apprendre, nonseulement à toujours recevoir, mais aussi à donner; action vivante de
l’individu travaillant pareequ’il croit et qu’il aime ; progrès de la vie religieuse dans l’Eglise; — voilà quels seront les principaux caractères d'une
Eglise vraiment libre, elles résultats de la séparation.
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L’ìmportaiit c’ost que la séparation soit demandée par les croyants.
Eglise des Vallées, dirai-je en terminant,
ben puoi esser contenta
Di questa digression che non ti tocca.
Mercè del popol tuo che sì argomenta.
Monsieur le Ilédacleur
La Tour le 14 mars 18'39.
Vous avez publié dans le n» 3 et dans le ii» 7 de VEcho des Vallées deux
articles intitulés ¡Vos misères. Je ii’ai (jiie f)cu de chose à dire sur le contenu
■du premier de ces articles, dans le(iuel l’auteur se plaint de la répugnance
de la population vaudoise à concourir à l’entretien de ses œuvres d’instruction
et de bienfaisance. Malheureusement les faits avancés sont incontestables;
il n’est que trop vrai qu’il se dépense au milieu de nous l>eaucoup d’argent
d’une manière plus que frivole. .Mais c’est aussi un fait acquis que partout oii
l’on sait intéresser les chrétiens des Vallées à une bonne œuvre, on est sûr
de les voir disposés à y concourir. Les exemples nombreux ne man()ueraient
pas au besoin ; et si l’éducation de la population vaudoise laisse encore beaucoup à désirer à cet égard le plus grand tort doit retomber sur ceux qui
doivent l’entreprendre et (]ui ne l’ont entreprise jus()u’ici ni avec assez de
vigueur, ni assez de persévérance, ni surtout avec assez de courage.
Sans relever l’exagération (ju’il y aurait à soutenir (|ue le dixième de ce qui
se dépense journellement au milieu de nous en objets frivoles sufiirait au
maintien prospère de nos établissements de bienfaisance, ces données même
admises, rauteur ne dit rien ((ui ne pût être dit de tout autre pays, de la Suisse,
de l’Allemagne et de l’.Augleterre. Si les dons de Dieu étaient tous biens em[)lovés, il n'y aurait ni pauvreté ni misère sur la terre, [>as plus aux Vallées
(ju’ailleurs. Souvenons-nous bien que nous ne pouvons et nous ne devons
raisonnablement rendre que les chrétiens responsables de l’emploi (pi’ils font
de leur temps et de leurs autres bien terrestres. Mais l’on dira : les Vaudois
sont chrétiens, ils sont tous, ou pres(|ue tous membres de l’Eglise. Mais malheureusement être vaudois et être chrétien ce sont deux choses qu’il ne faut
pas confondre. Aussi longtemps qu’il existera de la confusion à cet égard,
on ne pourra pas demander, cela est évident, à nos églises des .sacrifices
l)écuniaires qui soient en proportion avec le nombre des membres qui les
composent ni avec les ressources dont elles pourraient disposer. — Mais je
m’aperçois que je me suis laissé glisser sur un terrain trop brûlant. Je m’arrête.
Je n’avais pas du reste l’intention de parler longuement du contenu du
premier article. Je passe au second où il est question d’une misère bien plus
grande et plus honteuse pour nous. C’est que nos divers établissements de
bienfaisance ont à leur tête des personnes étrangères à notre population.
Persuadé que l’auteur s’est propose un but plus élevé que celui de nous faire
rougir, en entretenant le public d’un si triste sujet, j^ai pris la plume pour
compléter sa pensée et pour atténuer, s’il est possible, la mauvaise impression
que ses paroles pourraient faire auprès de nos amis du dehors. J’avoue que si
j’étais un bienfaiteur de l’Eglise vaudoise, je me sentirais bien tenté, à moins
d’être animé d’une affection plus que paternelle, d’abandonner à elle-même
une population aussi peu digne de ma sympathie et de mon intérêt. Cependant
ce qui me rassure c’est que nous ne manquons ni d’intelligence ni de savoir
faire, puisque bon nombre de nos jeunes gens des deux sexes réussissent à
l’étranger dans des carrières fort diverses. Le terrain n’est donc pas tout à
fait ingrat ; il y a quelque espoir de le faire produire, en le labourant avec
8
soin. Ce qui nous fait défaut c’est l’esprît d’abnégation, de dévouement, de
sacrifice, en vue de l’action. Mais qu’avons-nous' fait pour engager notre
jeunesse à entrer dans la voie dans laquelle nous désirerions qu’elle hit
entrée? .Vvons-nous jamais essayé de préparer les jeunes filles de nos écoles
ou de nos établis.sements de charité pour les rendre capables de diriger nos
hôpitaux et nos écoles d’enfants pauvres ? Et lorsque l’on a voulu faire quelque chose dans ce sens, quel encouragement a-t-on reçu? Keconnaissons que
nous n’avons jusqu’à présent rien fait à cet égard. — Or si nous avons obtenu
un secours efllcace et bien précieux de l’étranger, ce sont des établissements
qui nous l’ont donné ; et lorsque nous avons tourné nos regards ailleurs,
nous n’avons eu à nous louer que médiocrement de ce que n»ns avons trouvé,
même à l’étranger ; preuve évidente que pour avoir des personnes capables
de diriger des établisseuts de bienfaisance , il faut les préparer. Aussi longtemps que nous ne les préparerons pas, nous ne les aurons pas. Si donc
nous ne voulons continuer à dépendre de l’étranger faisons au plus tôt
quelque chose nous-mêmes aussi. Préparons les jeunes personnes qui .sont
disposées à se vouer à une œuvre de charité et qui en ont le don, par une
instruction et une éducation convenables ; assurons leur, si cela est possible,
une position pour le jour oh elles ne pourront plus travailler, ou plutôt, ce
qui serait préférable pour des jeunes filles (jui ont, pour la plupart, l’impérieux devoir d’aider des parents dans la misere, rétribnons-les suffisamment ;
alors le vœu bien légitime qu’exprime l’auteur des articles en question sera
réalisé ; nous pourrons même restituer à nos amis et bienfaiteurs, en partie
du moins, les services ((u’ils nous ont rendus, et ôter ce sujet d’opprobre de
dessus nous, (le n’est pas que nous devions souhaiter d’être privés de l’élément étranger dans la direction de nos œuvres de bienfaisance, nous sommes
trop bien servis dans ce moment pour nous permettre un tel désir; mais
nous aurions la satisfaction d’être moins à charge et de contribuer d’une manière eliicace à l’œuvre commune que le Seigneur a confiée à ses enfants
d’avoir soin des pauvres et d’exercer la charité.
Annonoes.
Une jeune personne de 18 ans, qui a suivi tous les cours de notre
Ecole supérieure de jeunes filles, désire se placer comme institutrice
dans une famille. — S’adresser au gérant de VEcho des Vallées. 2
Deux demoiselles vaudnises récemment retournées de l’Angleterre, désirent se placer en qualité d’institutrices pour enseigner le français ,
l’anglais et les principes de la musique.
Pour les informations, s’adresser au Gérant de VEcho des Vallées. î
L’Echo des Vallées se vend à Turin [au Banco giornalistico
e librario de Maltirolo Luigi, sotto i poriki di Po, N. iO.
ERRATA — N. 9. — page 72, ligne 8 d’en haut, au lieu de-: des observations civiles. Use*: des
observations sur les actes de vos administrations civiles ; et même page, ligne 6 d’en bas ; au
lieu de , en plus intime, lise* : en rapport plus intime.
N. 10. — page 79,. ligne.22 d’en haut, au lieu de l'AiSfei; lise*: l'autel.
"I ■ 'Ti.i. - t, .
Pigncrol , J. Çhîaktqke ImpCv..
A. Revel GéranL