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Quatrième Année.
25 Janvier 1878
N. i
LE TÉMOIN
ËCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant ohaque Vendredi î >
Yùui me terei témoint. kcrm 1, S.
Æuivaxt ta vén'ité àt>ec ta eftan'lfe'. Ep.-1, 15.
PRIXD’ABBONNEMENT PAR AN Uatie . II. 1 Tous Les pays do rUniou de poste . , . > 6 Amérique , . . » B On s'abonne: Pour 1 IntéHetcr chez MM^ Lèé pasteurs et Jea libraires de Torre Pellice. ^ Pour P£'icf^n’<«r au Bureau d'Ad- | ministration. Du. iQuméro séparé ; 10 centimes. ' Aíll:^oïìceS ^25 centimes par ligne. Lrps envois d’argent çe font par . iettfe retommandrfe ou par fnandats sur le Bureau de Pe- ' ^osa Àrffehtina,
Pour ïa RÉDACTION adresser ainsi: A la Direction dü Témoin, Poiiïftretto (Piaerolo/Italie. Pou'' l’ADMlNISTEATION adreseer ainsi ; A rAdministtaUnn du îVntoin,Pomâretto iPiiierolo^UilLè.'
^ommatx'o.
Viclor ïîmmanuel et tes Vaudois. — Cor-'
respondançe. — Chronique mudotse^ —
Revue politique.
.1
Vider Efflmpiel et les Vaidois
Jamais' souTerain d*an grand
peuple n'est descendu dans^ la
tombe accompagne de regrets aussi’
universels;’jamais deuil 'plus sin^
Gère ne s’est manifesté id’une ma*
nière plus éclatante. Les quelques
notes discordantes entendues i ici
et là ont fait ressortir aveo d’au*
tapt plus de force’ la touelrante'
unanimité de la douleur natiOiiale.
C'est que celui qu’une mystérieuse dispensation <du SeigUeur
retirait brusquement de la scène
du monde oû il a joué on si glorieux rôle, qüe ce Roi de tiiigt-!
sept millions d’italjens avait su
prendre dans le cœur de ses sujets, une place plus grande qu’il
n’aurait' pu l’espérer, une place’
telle que, ad monjent où elle s’est
révélée dans sa splendide réalité
les italiens eux-mêmes en ont été'
dans l'admiration.
Nous avons' tintendii'’ dire tjue
Je premier Roi d’Italiedont le
corps repose âu Pantheon recevra
de l’histoiré le sürnom de gtcùnd.
Franchement nous ëspiérqns qtfëlle
n’en fera' rienV de; seCait lé còtifondre avec cas hommes qùTpour
satiSfàire ùrie arabitioh pék-SotinéUe
insâtiablë, ont 'fait répàndt^é' pâO
torrents le''sang de leurs'propres
sujets, aussi bien qüe celui des
autres peuplés. Or s’il n’a pas
été insensi’ble aux cris de douleur
‘ des*membres de la famille italienne
encore Opprimés; il a constammentemployé le pouvoir souverain ‘ à
guérir les blessures, jamais 'à ‘les
faire. . - i.-i ■ ■ i
Noùs pensons que les titrés bien
plus glorieux qui s’attacheront in*
I dissolubiement au nom de VictorI Emmanuel sopt ceux de /ot/al et
de bon, et iPifÿ a aucune présomption de notre part à être persuadé fqure l’histoire né portera
pas ùh autre jugement. Elle l’a
fait'déjà, ‘car'ce« manifestations
offlOiélles on spontanées des GÒUV^rnéments et'des peuples ne sont
pas autre chose qu’un hommage
2
'26
éclatant renda à la loyauté de
celui que l’Italie pleura longtemps
encore comme soa libérateur et
son père.
Nous espérons que nul ne contestera aux Vaudois l’obligation
et lé droit de prendre une part
toute spéciale dans le deuil national, car ils doivent pins que
tous leurs concitoyens à cet homme
qui, pendant vingt-neuf ans, a dirigé avec tant de prudence et de
fermeté les destinées de l’Italie.
Ils n’oublient pas que c’est au
magnanime Charles-Albert qu’ils
doivent d’être devenus enfants de
la patrie au mêm« titre que leurs
concitoyens et leur reconnaissance
pour le Roi émancipateur ne s’est
pas affaiblie. Mais il y a loin entre
la proclamation d’un principe et
son entière,, application,, et le
premier article de la Constitution
était là pour avertir les vaudois,
et autres dissidents, qu’ils n'avaient droit qu’à être tolérés conformément aux lois.
Lorsque, au » lendemain de la
funeste, niais providentielle journée de Novare. la Table Vaudoise
fut admise à l’honneur de présenter
au jeune Souverain les hommages
et les vœux de la petite population qu’elle représentait, l’accueil
qu’elle reçut la pénétra de reconnaissance et d’une joyeuse confiance. « Je connais vos Vallées,
je les ai parcouruès avec mon frère.'
J’aime les vaudois ce sont de fi*
dèles sujets et da vailiantSf. soldats; mon frère qui les a tous
dans sa brigade m’en a fait le
plus grand éloge; dites leur qu’ils
peuvent compter sur moi . comme
je compte sur eux. On nous a fait
beaucoup de mal en poussant à
la guerre pour laquelle nous n’étions pas prêts; mais, s’il -plait à
Dieu, avec de la prudence et de
la fermeté tout pourra se réparer ».
— Des cinq membres de la députation, deux seulement survivent
à leur Roi bien-aimé. — Mais les
paroles que l’on entend une fois
en sa vie d’une bouche royale ne
sont pas de celles que l’on oublie
jamais.
Les Vaudois ont donc compté
sur leur Roi Victor-Emmanuel et
ils n’y ont pas compté en vain.
Le principe delà liberté religieuse,
c’est-à-dire, non seulement de la
liberté de conscience et de culte,'
mais aussi de la manifestation des
convictions religieuses, a pris sa
place parmi les plus chers à la
nation italienne. Proclamé avec
un(?:évjdéntelréseHaffiaiüle Statut,
appliqué au début avec une grande
timidité, il s’est introduit dans les
lois, dans lés habitudes, dans les
mœurs de, la nation , ¡et il s’est si
bien enraciné ! qu’aucun vent d’aquilon ne pourra l’arracher du sol
de l’Italie. ! .. *
Qu’une révolution pareille ne se:
soit pas accomplie saris opposition
et sans protestations , c’est ce qui
est trop naturel, mais nous en
sommes encore à nous demander
s’il y a au monde un peuple qui
ait fait paisiblement ,et en aussi:
peu de temps la oonquôlesde la
plus précieuse des diberlés,
Les Vaudous» HïTonsmotis dit,
ont compté sur leur Roi:, nous
ajoutons avec reconnaissance, et
même avec un peu .d'orgueil national, que jamais,! ,n’ont eu
besoin de 'réolamer son intervention personnelle pour le maintien
et l’exercice de leur liberté reli-
3
-27~
gieuse. Ses conseillers animés des
mêmes senlirnents, obéissant aux
mêmes principes, n’ontjamais dévié
à cet égard de la ligne droite du
respect le plus absolu pour les
convictions religieuses. Les représentants de la nation ont, à plus
d’une reprise, proclamé ce même
grand principe, et l'ont sanctionné
par plus d’une disposition législative. Les vaudois ne demandaient
rien de plus, car ils ont trop longtemps souffert lorsque le privilège
était contre eux, pour le désirer
en leur faveur.
Ils se sont associés de cœur aux
épreuves et aux joies de leur Monarque, ils ont applaudi à ses merveilleux succès. Us ont tress3,illi
de joyeuse reconnaissance lorsque
dans des circonstances mémorables, il les a mentionnés avec une
très grande bienveillance. La nouvelle de sa mort les a consternés.
Si la terrible raison d’Etatdontquelque fois on abuse , avait permis que
sa dépouille mortelle reposât à
côté dé celle de Charles-Albert,
les vaudois se disposaient à descendre comnae une avalanche de
leurs montagnes pour rendre un
dernier tribut de vénération et de
reconnaissance à Celui qui fut leur
am^.^aptant que leur Souverain. Il
leur aurait été bien doux, lorsqu’ils se réunissent parfois sur
quelqu’une de nos cimes les plus
élevées,, dé contempler et de montrëV de loin à leurs enfants cette
majestueuse basilique de Superga
et de leur, dire,;, c’est là que reposent les deux hommes auxquels
ntìdé ‘déVoTis 'ceptej’entièrei'liberté
doni'jnp.'us jouissons,* v;.' ;
I^tim’pqrie, la mémoire de Victor-;
BmmaaiUel sera bénie dans ces vah
lons retirés aussi longtemps qu’elles seront habités par des vaudois,
et il s’y est préparé lui-même
dans les cœurs un monument plus
dur((hle que l’airain et plus sublime
que les royales pyramides.
te souvenir toujours vivant de
son glorieux père rendra plus
facile et plus doux aux vaudois
¡’attachement affectueux pour le
jeune Monarque qui vient de ceindre la couronne. Humbert I, que
nous appellerions plus volontiers
le IV de ce nom, saura déjà,
nous l’espérons, qu’il y a, à cette
extrême frontière de son îtalie,
une peuplade, petite par le nombre
mais énergique dans le péril et
sur l’inaltérable fidélité de laquelle
il pourra toujours compter.
(fforrcopttbancc
Luserne S. Jean le 18 janvier 1878.
Monsieur et cher frère,
Vous avez si souvent demandé à vos
collègues de vous tenir au courant de
ce qui se passe dans nos paroisses,
que je crois de mon devoir, quoique
je n’aie rien de bien extraordinaire à
vous communiquer, de vous donner
quelques détails sur ta fêle de Noël
et sur les réunions de prière de la
prémière semaine de l’année.
Nous n’avons pas eir celle année un
arbre de Noël pour les enfants de
l’école enfantine, mais une grande réunion de tous les enfants de nos écoles
du Dimanche. Quelques dames leur
avaient prépai'é de petits cadeaux, et
dans ¡’après midi du jour de Noël
nous les avons réunis dans notre temple
au nombre d’environ 300.
Après une coorie allocution sur les
bienfaits que la naissance de Jésus
procure à tous le^ pécheurs et en particulier aux enfants, le chant de plusieurs cantiques et la prière, on a
4
distribué à chaque enfant une exemplaire des Etrennes toujours si intéressantes de M. Jaulmes-Gook de Lausanne, un pain et une pomme.
Nous espérons que notre petite fête
contribuera à engager parents et enfants à porter un intérêt toujours
plus vif à cette précieuse institution
déstinée à produire un si grand bien
au sein de nos églises.
Le dernier dimanche de l’année une
fête semblable avait eu lieu aux Appiots pour les écoles du Dimanche de
ce bourg. Celte école est dirigée par
M““ Canton et quelques autres dames
et demoiselles, qui réunissent dans
l’école de ce quartier 60 à 80 enfants.
Une magnifique fêle, beaucoup plus
riche que la nôtre, leur avait été
préparée par l’infatigable M'»' Canton.
Je suis heureux que celle occasion me
soit offerte pour lui exprimer publiquement notre Sincère reconnaissance,
pour tout ce qu’elle fait en faveur de
celte portion si importante de notre
paroisse.
Les réunions de prière de la première semaine de 1 année ont encore
été suivies cette année dans les principaux quartier de la paroisse par de
bons auditoires, plusieurs personnes
aussi y ont pris part active.
Vous aurez été frappé comme nous
du rapport qui existait entre tes sujets
de prière indiqué pour le jeudi et les
circonstances douloureuses dans lesquelles nous nous trouvions, par la
grande perte que nous venions de faire.
Aussi ce soir là, la réunion était-elle
plus nombreuse que les soirs précédentes. Le sentiment de chacun avait
été que ce que nous devions faire
avant tout c’était de prier, prier pour
la famille royale qui venait cl’êlre plongée si subitement dans un si grand
deuil, prier pour le jeune monarque
afin que Dieu lui accorde son esprit
de sagesse et de force, prier pour la
nation toute entière demandant à Dieu
de lui conserver les précieuses libetflés
dont elle avait joui pendant le long
règne de Victor-Emmanuel II ; ces
dilférentes prières ont été présentées au
trône des miséricordes pendant celle
réunion du jeudi soir. Le dimanche
.28
suivant nous avons lu au service du
matin la circulaire de la Table que
vous connaissez, et l’assemblée toute
entière, s’est unie au pasteur pour
demander an Seigneur de répandre
ses plus précieuses consolations sur les
membres de la famille royale et de
bénir en particulier Humbert 1'' et la
princesse Marguerite comme roi et
reine de notre chère patrie.
Nos enfants aussi ont pris part au
deuil général. Mercredi dernier à l’occasion d’une visite faite à nos écoles
aar la Commission qui les dirige,
1. l’avocat Voile, membre de celte
commission, a raconté aux 150 enfants
de nos écoles les principaux faits de
la vie de notre bien-aimé souverain
Viclor-Emmanuel II. M. Voile a montré
aux enfants la main de la providence
de Dieu qui a protégé d’une façon
toute particulière le jeune prince ViclorEmmanuel dès sa plus tendre enfance
et il a fait ressortir enfin la fidélité,
avec laquelle le fils et successeur de
Charles Albert avait maintenu à son
peuple les libertés jnrées, ce qui lui
avait fait donner le nom de Roi Galantuomo.
Le service aussi a terminé par une
prière en faveur du jeune roi Humbert 1
et de la Famille Royale.
Recevez Monsieur le Rédacteur, les
salutations chrétiennes de votre tout
dévoué frère en Christ.
A. Gay pasteur.
Bobbio-Pallice, 19 janvier 187.5.
Monsieur le Directeur,
Auriez-vous l’obligeance d’insérer,
dans le Témoin, les lignes suivantes?
C’est peut-être un peu leng, mais vous
devez avoir des ciseaux et même un
panier chez vous. Si vous le croyez
nécessaire, faite usage des uns ou de
l’autre.
Votre bien affectionné
B. Gardiol.
«Lapopulationde.celie Paroisse a pris
part elle aussi au deuil de la nation
entière. Jeudi 17 courant, landisqu’à
Rome on rendait de mapifiques honneurs funèbres à Victor-Emmanuel, le
5
-29v
Consistoire, le Conseil communal au
grand complet, les enfants des écoles
avec crêpe ou ruban noir au bras, la
Société d’encouragement, et une foiile
nombreuse, s’Wemblaient dans le
temple, sous 1a présidence du pasteur.
Celui-ci rappela en quelques mots la
vie si bien remplie de celui que nous
regrettons tous ; les enfants chantèrent
quelques morceaux plus ou moins en
rapport avec la circonstance, et après
quelques autres paroles adressées surtout aux élèves pour leur expliquer la
signification de celle réunion extraordinaire, on présenta à Dieu une prière
en faveur du nouveau Roi Humbert.
J’ai parlé d’une Société d’encouragement. Celte société, espèce d’union
chrétienne, composée presqu’exclusivemenl de jeunes gens , a pour but le
développement de la piété et de l’instruction; avec un an de vie elle compte
déjà une quarantaine de membres,
parmi lesquels tous les régents des
écoles, et comme elle est en bonne
voie de progrès nous en espérons beaucoup pour le bien intellectuel de la
population.
Nous avons pu ouvrir, dès le mois
de novembre dernier, les deux nouvelles
salles d’écoles, dont le Consistoire a
entrepris la construction il y a plus
d’un an. C’est l’école des filles et l’école
enfantine avec logement pour le per-i
sonnel enseignant. Maintenant notre
Paroisse est peul-ôlre une des mieux
pourvues en fait de locaux pour écoles;
espérons qu’elle marchera de l’avant,
et que ses membres comprendront toujours mieux que l’homme ne vit pas
seulement de pain, et qu’il est bien
temps d’échanger la routine, les vieilles
traditions et une sordide avarice contre
une instruction soignée , et une piété
sincère et conforme aux enseignements
de la Parole vivante de Dieu.
Si la nouvelle n’élail pas déjà trop
vieille, je vous dirais que nous avons
eu pour la première fois celle année
un arbre de Noël pour les enfants de
l’Ecole enfantine; Si ceux-ci étaient
eonlenls et joyeux, il nousconste d’autre
part gu’une partie du public qui n’avait
jamais rien vu de pareil trouvait que
de ce pas ,nous marchons tout droit
vers le catholicisme, propos qu’on avait
d’ailleurs entendu lors d’un service
public où pour la première fois le
pasteur avait indiqué le chant d’un cantique dit iîecMeii de l’Eglise Evangélique
Vaudoise. On peut voir par là que nous
fie sommes pas encore ici en plein
siècle de lumière.
Enfin nous avons eu le bonheur d’assister pendant la prerqière semaine de
l’année à des réunions de prière dans
presque tous les quartiers de la paroisse. Partout l’affliience a été très
nombreuse et recueillie, et c’est avec
plaisir que nous avons vu que le pasleur n’est plus loul-à-fail seul à prier
et à parler en public ; les régents de
leur côté lui prêtent leur concours en
dirigeant des Ecoles du Dimanche dans
les différents centres de la paroisse.
Nous regrettons une chose, c'est que
la saison où l’on peut travailler soit
si courte. Au mois d’avril la population commence à se disperser sur la
montagne, tellement que, en dehors
du dimanche, il est très difficile d’arriver jusqu’à elle. Que Dieu fasse germer
et croître la bonne semence qiii est
répandue dans les' cœurs C’est le vœu
bien sincère de votre dévoué
B. G.
CKtontque
A»t0*‘ogne, — Nous savons de
très bonne source que les réunions de
prières de la première semaine de
janvier, ont été bien fre^qnlées par
tout. La population se trouvaWH^arpillée à de grandes distances du'lîilre
de la paroisse, il a été impossible de
suivre le programme de manière à
l’épuiser quelque part, mais une quinzaine de réunions ont été convoquées
dans les principales localités. Ce nombre
a été réduit à douze par la neige qui
est tombée le vendredi, en assez grande
abondance pour empêcher les comunicalions. Le pasteur, le régent paroissial, le l'égenlevangéli.sledu Pra-au-tour
le régent des Jourdans et un brave
ami de Giamogna, ont prêté leur concours pour édifier ces réunions'. Dieu
veuille bénir tous ceux qui y ont pris
6
-30v
Eart et faire lever en son temps la
onne semence qui a été jélée dans
les cœurs.
IFmHwef. — Dans celte paroisse
aussi les réunions de prières ii’onl été
interrompues qne vendredi, par la
neige qui tombait en abondance, .
Grâces, au concours que MM. Rivoir,
Guigou et Peyrot ont prêté au pasteur
et à son aide, il n’y en a eu deux
chaque soir dans les écoles même des
quai'liers les plus reculés, et parloul
les assemblées ont êlé aussi nombreuses
qu’on pouvait le désirer.
— Nous apprenons qu’à Ville-Sèche M.
le pasteur Micol a présidé chaque jour
deux services, l’un dans la journée,
l’autre le soir; et qu’au Périer M. le
pasteur Ch. Tron les a continués aussi
longtemps que l’état de sa sauté le lui
a permis. Nous sommes sans nouvelles
des paroisses de la montagne., mais
nous ne comprendions pas que les
pasteurs de ces paroisses n’eussent pas
senti le besoin de s’unir dans cesreqnêts communes aux églises évangéliques du monde entier.
Æ/tr Vtmr. — Tandis que nos conciloyen.s catholiques célébraieul la mémoire du Roi par une messe pour le
repos de son âme, conformément aux
pratiques de l’église romaine, la population Vaudoise, mue par le même
sentiment d’affectueux souvenir, et chez
nous particulièrement, de recoanaissanle affection, se portait en foule et
remplissait à la ieUre le Temple neuf
afin de rendre hommage à la mémoire
du Souverain bien-aimé du Roi galanlbonime, et d’adresser au Toul-Puissant
las prières du peuple vaudois pour qulii
bénisse son fils et successeur Humbert
P' et toute la Famille Royale.
M. Charbonnier modérateur, qui présidait, après avoir lu diverses portions
des Ecritures qui nous rappellent nos
devoirs envers le Roi et le.s Autorités,
après avoir accompli le premier de ces
devoirs, celui.de prier Dieu pour qu’il
leur donne sagesse, équité et toutes
les veitus par lesquelles ils rendront
heureuse et prospère notre patrie,
donna la parole à M. le prof. Niccolini ,.
rin.vilanl à parler du Roi patriote dont
rilalie pleure la mort prématurée. L’orateur le fil en quelques mots bien
sentis et venant du cœur; il exalta ce
pàtriolisme constant, persévérant, indomptable qui finit par réunir en une
seule famille les membres épars de la
nation italienne.
M. le professeur A. S. Malan invité
ensuite à parler du Roi soldat, rappela
aussi brièvement qu’il le put, ce qui
fil du Souverain défunt le héros et
comme le cœur par lequel ballail l’armée nationale. Son altitude à la sanglante bataille de Novare, qui amena
le vieux et vaillant maréchal de l’Autriche à se découvrir devant le jeune
Roi de Sardaigne, son héroïsme si
eonnu dans les journées de Palestre
et de San Martino, son ascendant sur ses
soldais qui après la défaite de Cusloza
voient s’évanouir leur découragement,
oublient leurs souifrances, ne se sentent plus sous le poids et la honte de
la défaite, lorsqu’ils apei'çoivenl tout à
coup sa martiale et énergique figure;
sa grande aOfeclion enfin pour les plus
petits membre.? de celle famille dont
il était plus parliculièrernent le chef;
tout en un mol nous>pousse à célébrer
aujourd’hui la véritable grandeur du
fondateur d’une nation, du premier
soldai de l’indépendance italienne.
M. le professeur E. Malan oarla ensuite de VÎCTOR-ËMMANUËL, homme
loyal, fidèle à sa parole passant à la
postérité a-vec le surnom (îe Roi galant*
homme. De grands avantages lui étaient
offeiTs après Novare en échangée de la
révocation du Statut, éxigée pai’ lIAii;?
triche. Mais à ceux qui le connaissaient
assez peu pour oser lui faire de semblables propositions, il répondait fière-i
ment: s plutôt perdre cent couronnes
que d’en conserver une à ce prix; ma
maison a connu quelquefois le chemin
de l’exil, mais jamais celui éu déshofiiieur ■ et la cliarle était maintenue.
Plus tard encore les tentations, les
pressions pour le pousser à la réaction
se renouvelèrent plus préssantès que
jamais. C’éiaienl des malhenss de famille, la mort frappant autour de'Tcl'i
à coups redoublés et tiOute.s cesüinfôïitunes transformées en signes du «doigt
de Dieu » pour le menacer et le punir.
7
>31.
S
Mais Je jeune Monarque, galanihomme
fiU fidèle jusqu’à la fia à la parole
jurée, à la foi donnée à son peuple
de maintenir intactes les libertés sanctionnées par le Statut.
M. le prof. Charbonnier attira particulièrement raüention de l’assemblée
sur celte loyauté appliquée aux libertés
accordées atrx Vaudois, à la liberté de
conscience, portée d’un bout à l'antre
de l’Italie à la suite et avec l’émancipation politique, il rappela entr’autres
les rudes combats qu’eut à soulenir
à cet égard son cœur généreux, lorsu’iin vieux serviteur de son père, inirme et cassé, blanchi par les années,
Solaro délia Margherila, vint se jeter
à ses pieds et le supplier de ne pas
permettre que sa bonne ville rte Turin
fût souillée par l’érection d’un temple
proteslanl; et Victor Emmanuel, loyal
et ferme, envers et contre tous, amis
ou ennemis, donnait chaque jour une
nouvelle sanction aux libertés constitutionnelles.
M. le prof. Trou, enfin , parla de
notre nouveau Roi, d’Humbert 1 et de
ce qu’il nous faut demander à Dieu
pour lui. El tout d’abord qu’il exauce
le vœu que lui même a déjà formé et
exprimé de montrer par sa future carrière que si les hommes meurent les
institutions demeurent, qu’il exauce
encore ce second vœu exprimé dans
le récent discours du Trône qu’au jour
où .il sera lui aussi rappelé de ce
monde ses peuples puissent dire; «Il
était digée ide son père».
Qu’il.'rt’éclaire de la lumière d’EnHaut ^ qu’il le sauve de tous dangers temporels et spirituels ; qu'il lui
donne un peuple toujours plus laborieux, honnête et sérieux , toujours
plus digne de la liberté et ne regrettant jamais les sacrifices qu’elle coûte.
Une prière termina colle réunion
qui laissa chez tous ceux qui y prirent
part la douce satisfaction d’avoir ac-‘
compli un devoir, celui de s'entretenir
d’un souverain qui emporte dans sa
tombe d’universels regrets.
Malgré l’absence de toute corporation oiBcielle, le concours nombreux
spontané et recueilli de la population
rendait imposante cette manifestation
dictée par la reconnaissance d’un peuple
émancipé d’hier et qui n’a pas encore
appris, grâce à Dieu, à oublier enlièremenl ses bienfaiteurs.
ITT-— - -- .
iSemue politique
Mtatie. — Les funérailles de notre
roi Victor-Emmanuel ont eu lieu,
comme nous l’annoncions dans notre
dernier minière, jeudi dernier. Le convoi composé, nssure-l-on, de 50000
personnes, est sorti du Quirinal à 10
heures du malin, et est arrivé au Panthéon à 1 1i2 de l’après midi. L’espace
dont nous pouvons disposer, ne nous
permet pas de donner une description
de celle lugubre et imposante cérémonie. Ou’il nous suffise dé dire que
le 17 janvier l’Italie, représentée toute
entière, aux obsèques de son roi, a renouvelé .son piébiscîte en présence de
l'Europe entière également |repiésenlée
dans la personne de Frédéric de Prusse,
de l’archiduc Renier d'Autriche, du
maréchal .Canrobert, envoyé par la république française, d» comte de Ro-t
den, représentant de la reine Victoria
d’Angleterre, du duç de . Baden du
prince dé Portugal et des ambassadeurs
extraordinaires des autres étals. Le
prince Amédée a assisté aux funérailles
de son bien-aimé père, — L’ordre le
plus admirabie a régné à Rome, malgré
la présence de plus de'150.000 éirangei’s, et l’affluence de 300.000 personnes qui remplissaient les ei^paces
libres des rues et des places par lesquelles le convoi devait passer.
Victor-Emmanuel, par sa mort et
par les regrets sincères et bien mérités
qu’il a suscités, a encore contribué à
unir les diffère ni es provinces de l’ilalie
qu’il a appelées à l’indépendance el à
l’unité par son bras, par sa hardiesse,
par sa loyauté, par sa sagesse et par
sa prudence.
Le roi Humbert 1 a rendu deux décrets d’amnistie en faveur de tous les
condamnés ou les prévenus de délits
politiques ou de délits de presse; pour
les délits enlraînant des peines qui ne
dépassent pas six mois de durée, «ne
réduction de six mois pour les (Condamnations majeures el commutation
de la peine de mort en celle des Ira-
8
-32
vaux forcés à perpétuité pour toutes
les condamnations à la peine de mort
four crimes antérieurs à ce jour. —
1 a également accordé une large amnistie aux déserteurs et aux réfractaires.
Le 19, Humbert I a prêté devant
les deux Chambres réunies le serment
prescrit par l’article 22 du Statut. Les
Sénateurs et les députés en très grand
nombre ont renouvelé, aussi de leur
côté, leur serment de fidélité au Roi
et au Statut.
Après cette longue opération, S. M.
Humbert I a lu le discours suivant,
dont quelques passages, les plus significatifs et les plus applaudis, ont été
écrits de sa mai;i.
LE DISCOURS DU ROI
Messieurs les Sénateurs, messieurs
les Députés,
• Les paroles crue dans les premiers
moments de douleur j'ai adressées à
mon peuple, je viens maintenant les
répéter à ses représentants.
> Je ine sens encouragé à repi'endre
les devoirs de la vie, en voyant que
le deuil de ma Maison a trouvé un
écho sincèi'6 dans chaque contrée de
notre pays. La mémoii’e bénie du Roi
libérateur a fait de toutes les familles
italiennes une seule famille. (Applaudissements très vifs et prolongés J.
» Une si grande unanimité de sentiments a été aussi un soulagement
pour le cœur de ma chère épouse
(applaudissements}, la Reine Marguerite, qui élévei'a noli*e fils bien-aimé
à l’école des glorieux exemples de son
grand Aïeul. (Applaudissements prolongés ).
» Non moins consolants ont été pour
nous, dans notre deuil imprévu, les
condoléances de l’Europe entière et
la présence à Rome d’augustes Princes
(applaudissements) et d’illustres personnages étrangers (nouveaux apfiaudissemenisi, qui ont ajouté à la solennité et à la signification des hommages rendus à notre premier Roi dans
la capitale du Royaume.
. Ces témoignages de respect et de
sympathie, qui consacrent à nouveau
le droit italien et pour lesquels je dois
ici exprimer ma profonde reconnaissance, raffermissent l,a conviction que
l’Italie libre et une est une garantie
de paix et de progrès. (Bruyants applaudissements ).
» C’est à vous qu’il appartient de
maintenir le pays à une si grande
hauteur.
• Nous ne sommes pas. nouveaux
aux difficultés de la vie publique. Les
utiles enseignements abondent dans les
dernières trente années de l’histoire
nationale: celte période pendant laquelle se sont succédé des malheurs immérités et des succès préparésde longue
main, résume l’histoire de plusieurs
siècles. (Applaudissements ).
» C’est celle pensée qui me donne
confiance au moment ou j’assume les
hauts devoirs qui s’imposent, à moi.
» L’Italie, qui a su comprendre Victor-Emmanuel (applaudissements), me
prouve aujourd’hui la vérité de ce que
ce grand Roi, mon père, n’a jamais
cessé de m’enseigner, a savoir que dans
l’observation religieuse des libres institutions se trouve la sauvegarde la
plus sûre contre tous les dangers. (Vifs
applaudissements}.
» Telle est la foi de ma maison
(nouveaux applaudissements très-vifs et
prolongés ), telle est ma force.
» Le Parlement, fidèle à la volonté
nationale, ne se refusera pas à me
guider dans les débuts de mon règne
avec cette loyauté d’intentions que le
glorieux Roi dont nous célébrons tous
la mémoire, a su inspirer même au
milieu de la vive émulation des partis
et de l’inévitable conflit des opinions.
(Applaudissements). ■
» La sincérité dans^ ies pensées, la
concorde dans l’amour de la patrie
m’accompagneront, j’en suis sûr, dans
le chemin ardu que nous commençons
à parcourir, et au bout duquel ma
seule ambition est de mériter cet éloge:
il a été digne de son père » . (Bruyants
applaudissements). Cris généréux de:
vive,le Roi! Vive la Reine! Vive le
petit Prince de Naples !
Ehskst Robbkt, Gérant et Administrateur.
Pignerol, Impr, Chiantore et Maacarelli.