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OlnqLulème axuiée.
N. 3S.
2 Septembre 18TO.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOJIÂDAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables. occupent
vos pensées — ( Phiiippten«., IV. 8.)
PRIX D ABONHEMENT 1
Italie, h domicile (un an) Fr. 3
Suisse...................*5
France...................>6
Allemagne 6
Angleterre . Pays-Bas . • 8
Un numéro séparé : 5 cent.
Cn numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D'aBONNEHENT
Torre-Peli.ice : Via Maestra,
N. 42. (Agenzia i>i6?io<7rii/ica)
PiGNERoL : J. Chlantore Impr.
Turin Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour l’administration
au Bureau d Torre-PeUlce,
via Maestra N. 4*2. —pour la
rédaction; A Mr. A. Revel
Prof. A Torre-Pellice.
Sommaire.
Quelques bonnes vérités. — Prière à l’ocrasion de la guerre. — Quelques détails sur
la Colonie Vaudoise du Rosario (Sutie et fin).
— La poste en Italie. — Vœux et jugements.
— Chronique politique.
OIELQUES BONKES VÉRITÉS.
Aux fanfaronnades du journaliste français E. de Girardin , qui
voudrait voir les prussiens ramenés
à la frontière à grands coups de
crosse , un colonel allemand a répondu par la lettre suivante, qu’a
publiée le journal la France. ^
s. Avold, 13 août 1870.
M. DE Girardin,
Un de nos nombreux compatriotes à
Paris vous fera parvenir ces quelques mots
de réponse à vos rodomontades, qui ont
excité dans notre camp une hilarité aussi
bruyante qu’une de nos bombardes. Vous
avez fait un pari, je vous en fais un
autre.
Je vous jure sur l’honneur de vous
payer 20 mille francs si mon régiment ne
défile pas devant votre palais de l’avenue
du Roi-de-Rome avant le 15 septembre
prochain.
Savez-vous d’oîi nous vient la certitude
de vous vaincre?
Faites-en part à vos amis, si vous voulez,
mais ne retranchez pas un mot de ce que
je vais dire.
C’est: l") parceque nous avons l’appui
moral de l’Europe; 2') à cause de la supériorité de notre artillerie, 3“) parceque
tous nous voulons l’unité germanique.
(L’idée des annexions vient de votre empereur, qui a eu pour imitateurs MM. do
Cavour et de Bismark); 4°) parceque nos
soldats sont bien commandés et que nous
n’avons pas chez nous de divisions d’intérêt, de principes, et point d’insubordinatiou comme vos mobiles (que nous
craignons moins que des collégiens); chacun de nos soldats a l’instruction d’un de
vos officiers; 5") parceque nous combattons pour la civilisation, c.-à-d. pour l’émancipation de l’homme par la civilisation.
Comment un homme comme vous n’at-il pas vu que l’avenir appartient aux
races septentrionales ou protestantes?
Voyez les Etats-Unis d’Amérique! Que
sont, à côté d’eux, ¡les petits Etats de
race latine? Des républiqueltes toujours
en gueïre civile, sans force morale, sans
autre culte que la superstition de leurs
ancêtres les inquisiteurs.
En Europe, les deux Péninsules et la
France ne sont-elles pas en décadence?
En vain nous donnerions un roi à l’Espagne: votre voisine «la catholique» doit
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-2T/4
vous apprendre ce qu’est ce pays. L’Italie
a dégénéré à l’ombre des mêmes préjugés.
Le catholicisme s’est idiotifié (est-ce bon
français ? ). La France décline depuis qu’elle
a sacrifié sa sûreté à l’arbitrage d’un
homme qui a toujours menti, tant avec
nous qu’avec vous. Vous voyez où vingt
ans de despotisme vous ont conduits; vous
avez voulu l’empire-paix et vous avez
l’empire-guerre, l’invasion, et la perte
de deux provinces, car nous les garderons.
Vous vous êtes liés à la dynastie des Bonaparte par crainte du socialisme. C’est
à dire que vous avez voulu éviter Charybde
et que vous ôtes tombés dans Scylla.
Voyez la chose; au premier Napoléon,
nous et l’Europe avons repris les conquêtes
de la République; au second, nous prenons le neuvième de votre pays , sans
parler des frais de guerre que vous allez
nous payer.
Dieu sera avec ceux qui veulent le
progrès; c’est pourquoi il vous délaisse.
(Croyez-vous en Dieu seulement?).
Vous avez le suffrage universel, et vos
électeurs ne savent pas lire ; c’est là votre
arme la plus dangereuse. A vrai dire,
sans votre Ledru-Rollin, qui vous a donné
ce mode de vote , vous n’en seriez pas
là ; mais la Providence fait tout pour le
mieux. L’Allemagne, terre classique du
libre examen, qui avait Luther quand on
ne savait pas chez vous ce que c’est que
la logique, l’Allemagne est destinée à
être pour l’Europe ce que le pays de
Franklin est pour l’Amérique.
N’oubliez pas mon pari etc.
Colonel Fred. Von Hoesteîn.
Nous ne pensons pas que la
meilleure manière de répondre à
des rodomontades soit celle de
recourir soi-même à une bravade.
Mais à part cela, la lettre ' dû
colonel renferme de belles êt bonnes vérités.
L’Allemagne a pour elle, dans
cette horrible guerre déchaînée
par le despotisme impérial, rappoi
moral de l’Etirope, la supériorité t
numérique, la supériorité de l’armement , la supériorité intellectuelle, la supériorité morale , et
l’enthousiasme national.
La France a d’héroïques soldats,
mais mal commandés, et peu instruits. Elle recueille maintenant le
fruit amer de vingt années d’empire et de suffrage universel: despotisme d’en haut, despotisme d’en
bas. L’Empereur effacé, les rouages
ne fonctionnent plus, et d’alarmants symptômes (la jacquerie,
les traînards de l’armée se livrant
au pillage) annoncent une désorganisation générale. Qui est-ce qui
gouverne la France aujourd’hui?
Elle est livrée à tons les hasards
de la guerre, elle va au-devant
d’un avenir politique fort sombre.
Le contraste est saisissant. Néanmoins, ce n’est pas en fournir
une explication satisfaisante que
d’en chercher la cause dans un
antagonisme de races. Nous voudrions, pour le bien de l’humanité,
que l’odeur de la poudre ne fît
pas oublier le principe de la fraternité des peuples, « Dieu ayant
fait d’un seul sang tout le genre
humain, » et tous les hommes
étant « de race divine ». Nous ne
saurions en particulier comprendre
pourquoi l’on parle de races septentrionales et de races méridionalesni pourquoi l’on identifie le
Nord avec le protestantisme. Bien
plus': bous n’amvons pas , nous
avouons notre ignorance, à saisir
l’à-propos du terine: races latines,
appliqué aux; populations , plus indiennes qu’espagnoles, duNouveaumonde. Et même en Europe, •—
qo’oii veuille excuser notre hardiesse , — il nous semble qu’à y
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regarder de près le laÜnisme a
reçu en France, en Espagne, en
Italie, une telle infusion de sang
germain qu’il en a été transformé.
Non, nous ne pouvons admettre
ces distinctions artificielles. La vérité est qu’en Europe et en Amérique il y a des nations en majorité protestantes et des nations
en majorité catholiques, ce qui
prouve que la race ne suffit pas
à déterminer la religion , comme
elle détermine les qualités de l’homme physique.
Cela dit, et ces réserves faites ,
nous exprimons nous aussi la conviction que nous avons beaucoup à
attendre de l’Allemagne. Lorsque
l’empire romain tombait en dissolution comme une vielle carcasse ,
les peuples germains, pleins de jeunesse et de vie, ont, une première
fois, renouvelé l’Occident.
Lorsqu’au seizième siècle, le simulacre de la « bête » avait épaissi
les ténèbres sur toute la chrétienté,
ce fut en Allemagne que Dieu commença son œuvre de réformation et
remit la lampe sur le boisseau. La
Réforme a galvanisé le catholicisme
lui-même.
Il est permis d’espérer que, dans
les voies insondables de la Providence, la guerre actuelle nous délivrera du catholicisme idiotifié
dont l’Autriche, jusqu’en 1866, et
la France, jusqu’à aujourd’hui, ont
été les plus fermes soutiens.
PRIÈRE
à l’occasioD de U guerre.
O Dieu, Tout-Puissant, Roi des
rois, à la volonté duquel personne
ne peut résister; Toi à qui il ap
i partient de punir, mais aussi de
faire miséricorde; de punir les
pécheurs, et de pardonner à ceux
qui se repentent; abaisse, nous
t'en supplions, ton regard de bienveillance et d’amour sur notre
pauvre Europe en proie à la plus
terrible des guerres, et montre
Toi envers elle, ce que tu as toujours été, ce que tu es encore,
miséricordieux et pitoyable ! Et
tout particulièrement, ô notre Dieu,
adoucis et tempère le horreurs de
cette affreuse lutte; mets un frein
aux passions des combattants, inspire aux vainqueurs la miséricorde
et aux vaincus la soumission à
tes décrets ; donne la patience à
ceux qui souffrent; prépare au
délogement ceux qui vont mourir,
leur révélant ta grâce en JésusChrist et leur donnant de la saisir
avec une parfaite confiance; console tous ceux qui ont le cœur
brisé; mets à cette guerre des limites qu’elle ne dépassera point;
et aussitôt que les desseins mystérieux, mais toujours sages, eu
vue desquels tu l’as permise, auront eu leur accomplissement ,
rends-nous la paix, ô Seigneur!
et avec la paix, fais germer la
vérité, la justice, la charité, la
vraie liberté, et que ton Règne
d’amour s’établisse et s’étende de
plus en plus sur notre pauvre
terre ! C’est au nom, par la médiation et pour les mérites de
Jésus-Çhrist, ton Fils, le Prince
de la paix, notre adorable et parfait Sauveur que nous te demandons, ô Dieu, toutes ces grâces,
et que nous les attendons de ta
miséricorde. Amen !
Un Pasteur Vaüdois.
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Qoeiqnes détails
sur la Colonie \andoise du Rosario
extraits d’une lettre d’un des colons.
(Suite et fin. V. n* 34)
Du maïs. — On sème du maïs
jaune et du blanc ; c’est dans le
terrain nouvellement défriché qu’il
réussit le mieux en même temps
qu’il prépare la terre pour le blé.
On le sème en octobre et en novembre et on le recueille en avril
et mai. Chaque plante produit un
épi, tout au plus deux. On se met
ordinairement trois personnes pour
semer le maïs ; un homme creuse
le sillon, une femme ou un enfant
jette le maïs et un autre homme le
couvre aussitôt ; autrement les oiseaux l’emportent au fur et à mesure qu’on le sème.
Du hlé. — Le blé est la principale rente de la Colonie. Plus on
en sème et plus vite on aura payé
sa propriété. C’est après le maïs
qu’il réussit le mieux. Comme le
terrain est fertile, pour s’épargner
la peine de toujours défricher du
terrain nouveau , nos premiers colons ont semé du blé dans le même
champ plusieurs années consécutives. Mais au bout de quelques
années , le champ a été épuisé et
a donné plus d’ivraie que du blé.
Outre l’ivraie il y a, dans les vieux
champs, en abondance une espèce
d'avoine sauvage qui ressemble assez à celle d’Europe et dont les
chevaux sont friands. On tâche
toujours de semer du blé autant
qu’on en pourra couper. On ne commence à le lier que lorsqu’il est
tout coupé, et on tâche de couper
le moins possible de paille.; on l’en
tasse, puis on va en quête d’un
conducteur de juments qui vous
fixe le jour pour le battre ; on prépare un parc auquel on laisse une
large entrée ; on invite du monde
pour le jour en question et chacun
arrive avec des bœufs, une charette
et une fourche. A dix heures du
matin tout le blé doit être dans
le milieu du parc ; les juments
arrivent et on les y enferme après
avoir étendu une couche de blé tout
autour du tas ; un cavalier entre,
et les lance à grande course jusqu’à ce que la paille soit réduite
en poussière. On dirait, à distance,
une vaste charbonnière qui fume.
On invite assez de monde pour que
vers la tombée de la nuit l'aire
soit balayée. Comme il fait presque
toujours du vent, on n’a qu’à remuer le blé battu avec une fourche et en peu de jours il est
propre; on le passe au van pour
enlever la terre et la paille qui
est restée et on le soigne aussitôt
sans le faire sécher au soleil. Le
blé, comme le maïs et la plupart
de nos graines , se détériore au
bout d’un an en mettant de petits
vers, à moins qu’on ne le passe
au four.
Pommes de terre. Nous récoltons deux fois par an les pommes
de terre. Elles réussissent assez bien
et se vendent quelquefois très cher.
La première récolte est sujette aux
vaguilles, espèce d’insecte qui,
à l’approche des grandes chaleurs,
brcute toute la plante; du reste
elle sont sujettes à la même maladie que chez vous.
Du raisin. La vigne a-fort peu
d’importance à la colonie; cependant chaque coloni a sou morceau
5
.277
de vigne. Le raisin noir produit
très peu, le blauc donne beaucoup
de belle grappes , mais il est aussi
attaqué par la cryptogamme ; on
n’en fait pas du vin.
Sègle. Le sègle produirait beaucoup, mais on n’en sème qu’afin d’avoir la paille pour faire les toits.
Des fruits. Quoique chacun se
donne beaucoup de peine pour en
avoir, nous en avons réellement
très peu. Ce qui empêche surtout
la prospérité des arbres fruitiers
ce sont les ouragans. Tout le
monde a des figuiers , des pommiers, des poiriers, des pêchers,
des cognassiers etc ; mais c’est
assez rare qu’on en puisse manger du fruit. Les fruits qui réussissent le mieux ici, sont les melons et les pastèques. On les sème
avec le maïs ; ils nous tiennent
lieu de pomme, de poires, de
cerises, de prunes et de pêches.
Il y a aussi des arbres que l’on
ne cultive que pour l’ombrage,
tels sont le peupliers, le saulepleureur , l’hypocaliptus, l’acacia
etc.
Les animaux. Le hœuf. Il diffère de celui du Piémont en ce
qu’il a de grosses cornes et les
couleurs les plus variées. On tient
beaucoup à avoir la paire de même
couleur. On les attelle par les
cornes, et chaque laboureur guide
lui-même sa paire de bœuf. Quant
aux vaches elles ont une affection
toute particulière pour le lieu de
leur naissance*, on ne peut les
emmener que lorsqu’elles ont le
veau; on met celui-ci dans une
charrette à laquelle on attache la
mère et les bœufs l’entraînent
malgré elle. On tient plusieurs
jours le veau attaché à un pieu,
autrement la mère s’enfuirait. On
ne peut comme chez vous ôter le
veau à sa mère, elle ne donnerait
point de lait ; et si l’on en veut
il faut le voler et le traire pendant que le veau tette. Il arrive
quelquefois que le veau meurt en
naissant, on a soin alors d’étendre
sa peau sur un petit banc, et la
mère croyant voir son petit près
d’elle donne ordinairemert le lait
quoiqu’il y en ait qui n’en veuille
rien savoir.
Des cheveaux. Le cheval n’est
pas d’un grand prix chez nous;
c’est pour cela que chacun en possède au moins un. Outre le malaise
qu’on éprouve aux pieds en marchant longtemps dans les pays
chauds, les maisons sont ici presque aussi éloignées que les communes chez vous ; si l’on devait
aller à pied chaque fois qu’il s’agit de trouver quelqu’un , on serait
presque toujours en route. On attache les chevaux à un bouquet
d’arbustes au moyen d’une longue
corde, en ayant soin de les changer
de place une ou deux fois par
jour et de les mener boire. Les
autres animaux domestiques sont
les mêmes qu’en Europe. Quant
aux animaux sauvages, j’en parlerai une autre fois; pour le moment je vous dirai seulement que
nos ennemis les plus redoutables
ce sont bien les plus petits, savoir les fourmis et les insectes.
6
-S!7g
LA POSTE E?i ITALIE
Bien que fort en arrière encore
de ce qu’elle est en d’autres contrées de VEurope, la poste semble , chez nous aussi , en bonne
voie de progrès, ce qui est une
prouve réjouissante de l’amélioration de l’instruction populaire autant que l’indice d’un mouvement
croissant dans le commerce et dans
les idées. — Les données officielles
qu’on doit à la Direction centrale
des Postes d’Italie , se rapportent
à l’année 1868. — En voici quelques unes.
Le nombre des bureaux de poste
qui étaient dans tout le pays, de
1632 en 1859, c’était, en 1868,
élevé à 2577, sans compter les
3722 autres localités qui avaient
un service rural. Sur les 8365
communes du royaume d’Italie,
n’en reste donc guère plus de deux
mille qui soient privées d’un moyen
direct de communication par la
poste.
En 1868, il y a eu 81 millions
de lettres, neuf millions et demi
de plus qu’en 1862. — Sur ce
nombre on a compté 93 pour cent
de lettres affranchies, plus d’un
million et demi de lettres r&:ommandées et des lettres assurées
pour plus de cent millions de francs.
Les imprimés expédiés, pendant
1868, par les postes italiennes ont
été au nombre de plus de 65 millions i dont les 7[8 d’imprimés périodiques; presque vingt six millions de plus qu’en 1862.
Les bons sur la poste en 1868,
se sont élevés à deux millions et
demi, ayant une valeur de 151 millions de francs, non compris les
bons consulaires et bons internationnanx.
Pour tous ces services rendus
par la poste au pays, il y a été dépensé un peu plus de 16 millions
et un tiers; mais d’autre part la
recette a été de 15 millions 820
mille et 600 francs. Ainsi se trouvera bientôt réduite à rien une différence qui était de plus de neuf
millions en 1862.
Une circulation de 81 millions
de lettres et de 65 millions d’imprimés , avec un produit de 16
millions ou peu s’en faut, cela n’approche encore, il est vrai, ni des
350 raillions de lettres ni de 330
millions d’imprimés qui, la même
année, ont passé par les postes de
France; et le produit individuel de
notre correspondance est loin de
s’élever à fr. 1 39 comme en Belgique, à fr. 1 80, comme en Suisse,
à fr. 2 22 comme en France, ou à
fr. 3 73, comme en Angleterre ; cependant c’est déjà quelque chose
pour les postes d’Italie, que d’avoir
pu compter en 1868 plus de trois
lettres par tête, et un produit individuel de près de 65 centimes.
D’après ces proportions les Vaudois auraieût dû écrire pendant la
même année environ 66 mille lettres, et dépenser pour cette correspondance un peu plus de treize
mille francs. De combien seronsnnus restés en deçà î C’est ce que
nous ne saurions dire, n’ayant à
eet égard, adcune donnée.
r
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-279
mw\ ET JVGfinEPiïS.
En ouvrant la 39* Assemblée
générale de la Société Evangélique
de Genève, tenue en juin 1870, le
président M. J. Adrien Naville a
prononcé entr’ autres les paroles
suivantes qui peuvent nous intéresser et que nous copions textuellement du rapport ; d’abord à la
page 19°:
« Tout récemment la Table Vaudoise nous ayant invités à son Synode , M. le pasteur Espérandieu a
consenti, sur notre demande, à s’y
rendre comme notre délégué. Le
rapport plein d’intérêt qu’il a bien
voulu nous faire, nous a montré
cette vénérable Eglise des Vallées
transformée en une grande œuvre
d’évangélisation italienne. Une tâche importante et difficile est devant elle. Il faut qu’elle conserve
intact le dépôt de la foi de ses
pères en maintenant dans son Ecole
de Florence et chez ses pasteurs la
science théologique nécessaire. Il
faut en même temps qu’elle laisse
s’épanouir dans des formes et sous
une liberté nouvelles les jeunes
églises italiennes auxquelles son
évangélisation donne naissance. —
Nos vœux les plus ardents l’accompagnent dans cette œuvre délicate ».
Et plus loin, à la p. 25 :
« L’Italie a perdu Desanctis , ce
prêtre savant qui avait quitté de
hautes fonctions et un brillant avenir dans l’Eglise de Rome pour
embrasser la vérité et souffrir l’opprobre de Christ. C’est au milieu
de nous (à Genève) qu’il était venu
chercher un abri temporaire et préparer » dans le oalme et la liberté,
des travaux nécessaires à l’évangélisation de l’Italie. Si tôt qu’il put
rentrer dans la péninsule, il se hâta
de le faire et consacra le reste de
sa vie à prêcher et à enseigner aux
Italiens , soit avec le concours de
nos amis et celui de ses frères indépendants, soit ensuite en s’unissant à l’Eglise Vaudoise. Professeur
à l’Ecole de théologie protestante
de Florence, il répandait dans son
enseignement et dans ses livres les
flots de sa profonde science dans
le'plus beau langage. Prédicateur
de la Parole, auteur de nombreux
écrits d’édiflcation et de l’almanach
appelé l'Amïco di casa, il ne négligeait aucun moyen d’éclairer les
âmes sur la grâce qui est en JésusChrist. Sa mort a enlevé à l’Ecole
de Florence et à l’Eglise le pasteur
et le professeur italien dont la parole puissante était si précieuse
pour l’église italienne naissante ».
Il y aurait bien quelques observations à faire au sujet des paroles
qu’on vient de lire : et d’abord pour
ce qui regarde le D'^ Desanctis, c’est
â l’Eglise Vaudoise et non aux «frères indépendants» qu’il vint tout
“premièrement s’unir à son retour
de Genève en Italie, c’est par l’Eglise Vaudoise qu’en 1853 il fut
consacré au saint-ministère à La
Tour et par elle qu’il fut employé
jusqu’en 1855, époque à laquelle
li crut devoir se séparer de nous,
mais pour revenir en 1864 et prendre sa place dans notre Ecole de
Florence à côté de deux autres
professeurs italiens eux aussi et
des plus authentiques. Quant à
« laisser s’épanouir sous des formes
ét sbtts une liberté nouvelles les
8
-2à)
jeunes églises italiennes auxquelles
notre évangélisation donne naissance, » nul mieux que l’Eglise
vaudoise n’en a senti tout ensemble
le devoir et le besoin.
S’il nous répugne de livrer à
leur sort des congrégations trop
faibles encore pour se sufiBre à
elles-mêmes, ou pour éviter les
pièges qui leur sont tendus par
des ennemis de toute espèce , nous
serons heureux dès qu’une station
devenue majeure pourra nous remercier du secours que nous lui
avons donné pour nous aider à son
tour en prenant sur elle sa charge
et sa responsabilité.
Mais ceci nous conduirait un
peu loin et nous préférons finir ici
en remerciant ceux de nos amis
qui portent un si vif intérêt à notre
Eglise et à l’œuvre difficile et
bénie qu’elle poursuit.
dxrontiC|ue locale.
Prarustlix. M. le pasteur J. J. Parander ayant donné sa démission, l'Assemblée électorale a été convoquée par
la Table à l’efTet de pourvoir au remplacement.
Torre et S. Olovaixixl-PelHce. Il s’est formé un Comité de dames
dans le but d’ouvrir une souscription pour
achat de linge en faveur des blessés. Le
Comité est composé des Mesdames C. Vertu,
M. Merkisch, C. Beckwilh, C. Pellegrin,
E. Tron-Cairus (secrétaire). Nous sommes
invités à annoncer que la souscription
sera close dès la semaine prochaine; les
personnes qui désirent encore s’associer
à cette œuvre de charité sont instamment
priées de verser le montant de leur souscription , avant le 8 septembre, entre les
mains d’un des membres du Comité. — Il
est superflu de faire ressortir que les offrandes sont faites à l’intention des blessés
des deux armées belligérantes, et non pas
d’une seule.
Chront(|ue ^^oUttque.
La Ouerre. Peu de nouvelles,
mais de graves pressentiments. Les Allemands du Prince royal continuent de s’avancer vers Paris tout en manœuvrant de
manière à appuyer l’armée du Prince Frédéric Charles qui opère contre le maréchal Mac-Mahon. Le 27 août a eu lieu à
Busancy dans les Ardennes un combat de
cavalerie favorable aux Allemands. Si
Mac-Mahon ne réussit pas à se retirer sur
Paris, les Ardennes , on le voit, seront,
ou auront été peut-être, le théâtre d’une
grande bataille.
En quelques jours Paris verra-t-il les
Allemands sous ses murs? Le péril est
imminent; on accélère les travaux de défense ; le bois de Boulogne est devenu un
pâturage pour les bestiaux, et la Seine
va être mise à sec pour remplir les fossés.
Quelques parisiens,- toujours bravaches,
voyant la lenteur des marches de l’armée
ennemie, disent: « vrai! nous craignons
qu’ils ne viennent plus! » Mais tous no
pensent pas de même ; déjà 80 mille personnes ont abandonné la gránele mile, et
l’on parle de transporter le siège du gouvernement dans une (ville de province,
peut-être à Bourges, que l’Empereur a
choisi pour refuge.
Le désordre et la confusion régnent dans
toutes les branches de l’admnistration
française.
Et Bazaine? Il est toujours à Metz, enfermé et impuissant.
Et la flotte? Elle est toujours .»en ms
des côtes.
A. Rével Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.