1
Année Dixième.
PRIX D'ABONNEMENT PAR AN
I (.alifl . ,
TI)II;« les paya <ie
dfl p4»sf;«
Aii)<irique
L. 3
t'ünion
On s’/Ojonue r
Four r/jif^rûnv cliea, MM. les
pastâtirs et ie^ libraires de
Torre Peliiee.
Four i’iTiKiiriiîui’aij Bureau d’Administration .
N. 2â.
) ÜA ou plusiaurs numéios eépai rés* domandé;* avant 1« li“
rap's to oant. ohaoun.
Annonoea: âô centimes par
I Les envois d'at^ffent ee Tout par
lettre i*ecUïmmani<ee ou pai
maU'^Lits eut* i'e Litireaii de l’e*
rosa Arp^nOna.
^*o»r la rédaction a’adraeser
ainsi: A laUiroc ion du Témoin,
Poinaretto iFii^erolo) Italie.
Four r ADMINISTRATION adresserainsî: A FAdjoiniatrattoiv dû
Témoin, PoinArelto ;Piôeroloj
Italie.
oo
LE TEMOIN
Echo des vallEes vaudoises
Paraissant chaque Vendredi
Kons 111^ serez làmoins^ Actifs 1* S.
5ni«ani 2a vérité avec la-chanta, Era. iv, J6
a«s
Caa
?^ominaii*e
Du Champ de l’Évangclisaliou. — Correspondance. -- Si qnclqu’uii me sert, qu’il
me suive. — Exposition nationale. — fiouvelins religieuses. — Revue politique.
fiü mip Di LimaisiTi
CoNi. — Une église évangélique
est formation dans cette ville
où J,’Evaagile .a ,ç,0'Xnpté anciennement beaucoiip; !de disciples. Un
local y aété^ I^tfé, des cultes réguliers s’y tiennent, une école du
Dimanche est acheminée. Déjà l’on
commence à recueillir les prémices. Une femme qui envoie deux
de ses enfants à l’école du Dimanche , répond à ceux qui cherchent à l’en dissuader: «Où je
vais moi-même , mes enfants peuvent aussi venir ». Et quand on
a tâché de lui faire abandonner
à tout prix les réunions évangéliques, elle a répliqué : « La paix
de Dieu est de beaucoup préféfable à celle des hommes ».
On demandait un jour à une
antre femme: « Est-ib vrai que
votre mari a changé de religion ? »
— Non, répondit-elle, c’est la
religion qui a changé mon màri.
Avant, il n’en professait aucune
et maintenant il en a choisi* une.
Il faut bien qu’elle soit bonne
puisqu’elle peut changer le coeur
des gens. Je sais ce quh’l était
auparavant et ce qu’il est aujoüi'd'hui ; vous êtes vous-mêmes îè‘moius qu’il ne s’enivre plus et
ne blasphème plus comme iî faisait chaque Dimanche. ' ’ -' J 'n;i
Aoste. Je me trouvais ¿ ' raconte M' J. P., en diligence- avec
trois messieurs d’Aoste et le prêtre de la Thuille. Entré ' un ' tel,
condamné à la prison póni' fraude.
— « Avez-vous appris ,_ dit-il; au
curé, que j'ai été six mois,-au
séminaire? » — Je le laissai dire.
Mais lorsqu’il se mit à vomirj.dçs
imprécations contre toute reliigio,n
et à se vanter de soixincréduUté j©
pris la parole et il ne me fut pas
difficile de lui fermer la bouche,
2
-W'-^WN/WW’
178
1 <v
Le prêtre me regardait avec
étonnemenl; puis, me serrant la
main, il s’écria: — Cela me fait du
“bien de voir que, dans notre
sainte église,, il y a encore des âmes
nobles qui parlent des choses
sacrées avec une conviction profonde et éclairée. Veuillez me
jionner votre nom; il me sera
toujonrs: cher.
.3 — Je suis 10 paàteur protestant,
.Tépon|3is-je. Si vous.« désirez que
sois votre ami, donnez toujours, dans votre ministère, la
première place à Dieu et à l'Evangile de notre Seigneur Jésus-Christ.
Il me regarda longuement et ne
dit plus mot. Il regrettait probabtemént les louanges qu’il avait
données à un protestant. Il avait
■ été, en effet, jusqu’à dire qu’il
sé'sentait honoré d’être dans ma
compagnie. '■
Ançone. — Un évangélique adoré
dans un temple catholique, voilà
iq,ui est piquant. C’est ce qui est
arrivé à-Aucone. Un peintre chargé
.de faire un portrait de St. Antoine
'idiestiaé à une-église, prit pour
i;i)qdèle. un jeune homme qui, plus
tard, s’est converti à l’Evangile.
ÎJais tandis que lui-même a abandonné toute idolâtrie, les catholiques d’Ancone vénèrent et adorent son portrait.
(.^strait du Bulletin de la Mission V.},
*'■ Turin. — Un prêtre turinais,Ie
■Ré-y.' Giov. Bonetti," a publié une
brochure en réponse à la Lettre
respectueuse de M. le past, MeiÎIe
'sui? le ‘fameux Meyer-Bufacchi. 11
ayoue.de bonne grâce, que le
Cardinal-archevêque et son clergé
ont été joués par un fripon. Il
ajoute même que le prétendu mini.stre et sa femme ont été entretenus gratis pendant trois mois ;
que beaucoup de personnes se
sont intéressées â ces « deux misérables » qui prétendaient avoir
été maudits et abandonnés de leurs
parents à cause de leur abjuration.
Un brave curé avait même préparé une aumône d’un millier de
francs pour les aider à établir un
commerce, lorsque la tromperie
a été découverte.
Le Rev. Bonetti se tire du mieux
qu’il peut du mauvais pas où lui
et son supérieur ont été conduits.
Voici un de ses fameux raisonnements: Deux cents millions de
catholiques disent qu’on ne peut
être sauvé hors de l'Eglise romaine, tandis que les protestants
disent qu'il peut y avoir des per- •
sonnes sauvées dans le catholicisme.... donc, lequel est le plus
sûr?
« Ouï, dit-il en terminant“, venez, ô Vaudois', dans’ les bras de
l’Eglise catholique; venez ■’’vous
aussi, respectable M. Meille, et
que votre conversion sincère ,
serve au Cardinal et â tous les
catholiques de Turin ,^ie compensation pour la conversion feinte
du malheureux Bufacchi... !»
Si M. Meille ne se sent pas
ébranlé par un appel aussi pathétique, il faut qu’il soit bien enraciné dans son hérésie!
Abeille. ■
•■■1
3
179
A f\^^vAAAA/s/%A/v^j\/vtAAÀ*
(fforrcsponbaucc
28 mai 1884.
Mon cher Monsieur,
Ce n’est pas encore sur des sujets
d’agriculture que je rnc propose d’entretenir aujourd’hui les lecteurs du
Tthnoiti. Je- m’en suis assez occupé,
ces jours passés, pour ne pas être
pressé d'en parler. H y a d’autres
questions plus importantes qu’un bon
vau'dois ne peut pas négliger, car si
le travail des' champs lui fournil le
pain de son ordinaire, «la vie, a dit
le Sauveur, est plus que la nouriâlure». Or, il y a malheureusement
parmi nous une infinité de gens, et
yen connais personnellement un bon
nombre, qui s’imaginent follement
que l’affaire principale, en réalité
la sètile nécessaire à leurs yeux, c’est
de se procurer en abondance de
quoi nourrir leur corps et, à ce qu’ils
pensentp prolonger ainsi leur vie.
Que voit-on en effet, un peu partout, dans nos vallées, surtout depuis 25 ou 30 ans? Sans que les
terres rapportent moins qu’aulrefois
et sans que la population se soit accrue, au contraire, elle tend à diminuer d’année on année, lorsque le
prix des denrées de première nécessité esl inférieur ù celui d’autrefois,
tandis que l’agriculteur lire un bien
meilleur parti des produits qu’ils
peut vendre, les jeunes gens des
deux sexes quittent en foule leurs
familles, malgré leiiii’s parents quelquefois,, généralement encourages et
poussés par eur, pour aller cberclier
ailleurs, particulièrement à Marseille
et à Nice, le bien-être qu’ils rêvent
cl les jouissances mondaines qu’ils
ne trouveraient pas dans leur Commune.
11 suffit qu’un jeune bomme revienne en visite avec une montre et
des breloques, on qu’une jeune fille
se montre un jour au temple babiilée
en dame et avec chapeau à plumes,
pour faire tourner lalête àdesdixaines
.d’auli’cs jeunes gens et leur faire
prendre èn dégoût la vie simple cl
la réponse que j’af
sur quatre, est la
laborieuse,, saine surtout, dans laquelle ils ne s’étaient pas trouvfo
bien malheureux jusqu’alors. On ne
s’inquiète pas de savoir si ces apparentes magnificences sont le salaire
du vice plutôt que celui d'une profession honnête; c’est brillant ét^celfti
suffit pour que celle déplorable éfnigralion se perpétue en grossissan-,l.j,..
Mais que deviennent, à la Ipnëuè.,.
ces jeunes hommes et ces jeunes filles
qui, sans une impérieuse nécessité,,
ont abandonné famille et patri.c?.
Il m’est très souvent acrivé de'm’in-'
former d’eux aupiès des parents dc;
ma connaissance;
reçue, li'ois fois
suivante: «Il m’a écrit deux fois la,
première année; môme il m’a,envoyé
dix francs au nouvel ah, mais depuis
lors je n’ai plus eu de ses noiive-ÎfeS
Ou bien; «Elle a été deux; mois
•sans trouver à se placw,^ el'ce qp’elle
a gagné ensuite a .suffi à peins ppufi
payer la dette qu’elle avait dû faïrié..
Puis elle a été malade et a dii .passeff
deux mois à l’infirmerie; mainieparit.
elle a, à ce qu’on nous dit, une.bopne
place, mais elle ne nous a pas encore!
donné son adresse ». Ou bien ènedre:
« Voilà dix ans qu'’il est ch Frande,
mais nous n’avons jamais pii savoir,
ni dans quel endroit il hàbitail^, ni
quelle occupation il avait». Un autre,
une mère, cette fois, me disait en'
pleurant : « Ma pauvre fillel ^Dieu.’pit
ce qu’elle est deveniie. ‘Nous! ,aV:ûhs
foil écrire au pasteur; nousifidus
sommes informés- auprès' des,.gè,hd^titf
pays qui sont revenus de
ils'n’ont rien su nous'dire., ,pd!d,e:iilêlre, ils n’ont pas vbuiu ndus' dmè'ia
vérité ». ,. 7^ !.’ y,îp!-' '
Tout cela et bien'd’aiitrés dh,ds^^^^
plus tristes encore, me sont''rev.eiidfes
à l’cspril, en entendant, raulr,éjiçiur,
M. Micol, le pasteur de VilIfesei&i'e;
parler de ce qu’il venait à'
Marseille, quoiqu’il n’y', eût'. ,p^sé
qu’une dixaine de jours. 0iëny,q,ii’iÎ
n’ail pas loiil dit èn publié, Çj'è .'ne
veux pas écrire les déplorabl:éé Choses
qu’il a racontées. Sa donclusj,od, (jui
est aussi la mienne e'i .cellel,da foirt
homme sérieux dans nos valléeà;j;'é'$l':
4
-■180________
nous vous conjurons au nom du Seigneur et pour l’amour de vos âmes,
vous parents, de relenii- vos enfants
auprès de vous, aussi longtemps que
vous avez du pain à leur donner;
vous, jeunes gens, de ne pas vous exposer témérairement et présomplueuseménl à vous perdre corps et âme,
en affrontant, sans la plus absolue
nécessité, les dangers et les séductions d’une grande ville. Le foyer
paternel est plus sain pour vous, quelque petit qu’il soit, que les grands
hôtels, les cafés splendides et les
palais des riches.
11 y aurait une statistique très importante et tristement instructive à
taire, en recherchant, pour chaque
Commune des Vallées, le nombre de
jeunes gens, qui sont rentrés après
un séjour plus ou moins long i\
l’étranger, pour traîner pendant quelque temps une existence misérable
et mourir à la fleur de l’âge, à l’hôpilai, ou au sein de leur famille,
après y avoir semé les germes de ces
miiladies inconnues autrefois, et qui
exercent aujourd’hui de si effrayants
ravages.
Un voisin se plaignant dernièrement
è moi de ce que son fils, â peine âge
de 17 ans, avait voulu s’en aller
comme tant d'autres, je lui dis qu’il
aurait dû ne pas le lui permettre.
« Il ne nï’écoule pas», me répondit-il.
— C’est là qu’est une des causes, la
principale peut-être, du mal que nous
déplorons. Les parents ne savent
plus se faire obéir: ils n’inspirent à
leurs enfants ni assez d’affection, ni
a.ssez de crainte pour les retenir sons
leur dépendance. C’est, je crois, le
côté faible, même très'faible, des
parents vaudois, dans un temps où
la plus grande vigilance et la plus
grande fidélité dans l’accomplissement
de leurs devoirs envers leurs enfants,
sont indispensables pour^ eomballre
la détestable influence qui s’exerce
sur eux du dehors, par les mauvais
exemples, les mauvaises lectures et les
déclamations violentes des apôtres
(l’une émancipation absolue et sans
limites.
Mais CO sujet est trop au dessus
de ma portée pour que je m’y arrête
plus longuement, .le veux simplement
ajouter que si la parole de Dieu
avait sa place d’honneur dans toutes
nos familles, si les membres qui les
composent étaient unis par les liens
d’une foi commune et d’un même amour, jamais l’ambition, ou l’amour dn
plaisir ne les, disperserait: si les nécessités auxquelles les chi'éliens n’échappent pas plus que les autres,
obligeaient l’iin ou l’autre dos membres de cette famille chrétienne à
s’éloignér pour un temps afin de
chercher un travail mieux rétribué,
c’est à la grâce du Seigneur et à sa
garde fidèle que la famille entière
le recommanderait, avec la ferme assurance qu’il serait bien gardé. Mais
combien n y a-t-il pas de familles
au sein desquelles la parole de Christ,
non seulement n’habite pas avec abondance, mais où elle n’habite en aucune
mesure 1
C’est là un autre côté faible des
familles de nos vallées, plus faible
encore que le précèdent.
Aussi est-ce de ce côté là que nos
pasteurs s’efforcent, avec trop peu
de succès jusqu’ici, de fixer la sérieuse
aüenlion de leurs paroissiens.
Lorsque pour nous-mêmes, comme
pour nos enfants, nous serons surtout soucieux de posséder la perle
de grand prix, nous serons comme
eux, beaucoup moins tentés de nous
mettre en campagne pour gagner le
monde, ou simplement pour avoir
des habits plus fins et du pain plus
blanc.
C’est la conviction intime,* confirmée par l’expérience, de
Voln dévoué frère
Jacques.
Brusio f CîrisonsMai iSS4,
Cher et Honoré Monsieur,
Avant de vous communiquer autre
chose à l’égard de la paroisse que
j’ai été appelé à desservir,- je dois
vous faire part d’unô nouvelle ciui a
semé, ces derniers jours, le deuil
5
,i81
dans plusieurs familles de Brusio;
je veux parler du départ de mon vénéré prédécesseur Mr le pasteur G.
Leonhardi. Il s’est endormi dans le
Seigneur non loin d’ici, à Poschiavo,
il l’âge de 76 ans et demi, et après
avoir passé deux longues années sur
son lit J en proie à des souiTrances
assez vives dés l’abord et terribles
dans les derniers temps. Sa carrière
pastorale a été longue et sûrement
bénie aussi, car il a été un témoin
fidèle du Seigneur Jésus. Il ne s’est
pas borné à satisfaire de son mieux
aux besoins religieux de ses paroissiens; il a aussi profité des occasions
qui lui ont été otierlcs de semer
ailleurs la bonne semence de l’Evangile, et, comme je l’apprenais récemment encore, c’est à lui, après
Dieu, que tel de nos colporteurs ou
dé nos membres d’église, en Italie,
a trouvé son premier guide dans la
recberclic de la vérité. La paroisse
de Brusio a été la cinquième et dernière au sein de laquelle Mr Leonhardi
h déployé son activité; il y a travaillé
sans relâche pendant 28 ans. Ce
n’était do'nc rien que de très-naturel
que de voir bon nombre de Brusicsi
assister à ses funérailles. Puisseril
les enseignements, les conseils paternels et sérieux qu’il a donnés à
toute une génération demeurer profondément gravés dans les cœurs et
y produire beaucoup de bons fruits
à la gloire de Dieu. Ce sera certes
une des meilleures façons d’honorcr
sa mémoire.
Revenons maintenant à ce dont je
vous parlais dans ma lettre du mois
passé.
Je suis heureux de pouvoir vous
dire que, depuis le jour de notre
arrivée jusqu’à celui où je vous écris,
les sentiments de bienveillance et
d’affection de mes paroissiens à notre
égard, semblent être [allés, généralement parlant, en augmentant plutôt
qu'en diminuant. Il se peut fort
bien que ce fait ait contribué, pour
sa bonne part, à faciliter noire «cdimalalion à Brusio. Au reste ce
ne peut ni ne doit vraiment pas
être fort difficile pour des Vaudois
que de .sc faire à un pays, à un
endroit comme celui où nous vivons.
Ce n’est ni d’aujourd’hui ni de hier
que nous avons fait connaissance
avec les Alpes. Il est vrai qu’elles
sont hautes et rapprochées ici; les
deux montagne.? entre lesquelles se
trouve Brusio ne sont jamais à .plus
de 4 ou 500 mètres de distance l’une
de l’autre, et parfois la vallée est
si étroite qu’il n’y a absolument de
place dans le fond que pour le torrent
et la grande roule. Mais, je vous
assure, il suffît de rappeler à son
souvenir certaines localités et certains
chemins du Val St. Martin, par exemple, pour se persuader, qu’après
tout, Brusio est aussi bien situé, à
certains égards même beaucoup mieux
.situé, que tel de nos villages vaudois.
Outre une magnifique roule cantonale, nous avons un climat relative'
ment très-supportable, puis la poste
deux fois par Jour, le télégraphe .,
enfin plus qu’il ne faut pour satisfaire même des personnes plus difficiles à contenter que nous. Si vous
ajoutez encore à tout cela le fait
que nous n’avons .à faire présque
qu’avec des gens de la campagne, que
nous ne sommes qu’à quelques minutes de la frontiere italienne, que
tout le monde ici parle, ou comprend du moins, l’italien, vous ne
serez pas étonné de m’entendre dire
qu’à plusieurs égards nous n’avons
pu réaliser encore le fait que nous
sommes en Suisse et non en Italie,
que môme il nous semble parfois
être non seulement en Italie, mais
tout bonnement dans une des paroisses des Vallées, tellement est
frappante, sous certains rapports, la
ressemblance entre les Brusiesi et
nos braves Sengermafiéncs on Angrognins par exemple!
Les protestants (ou réformés comme
on les nomme ici) à Brusio sont en
majeure partie agriculteurs. Ils ne
forment, à eux seuls, guère plus du
quart de la population totale de la
commune. Ils sont généralement dans
de meilleures conditions matérielles
que leurs voisins catholiques. 11 n’y
a parmi eux que fort peu de per-
6
.m
sonnes qui aient rcellemenl besoin
de quelque secours; il n’y a point
de mentüanis. Sous d’autres" nipporls
aussi la partie protestante de la population montre une certaine supériorité; il suffit souvent, par exemple,
de mettre le pied sur le seuil d’une
maison de campagnards pour deviner
anssilôt (à sa propreté) qu’elle n’appartient pas à un calliolique.
Au reste, protestants et catholiques
vivent à Brusio les uns à côté des
autres en parfaite entente; je dirais
même trop parfaite. Je ne suis certes
pas d’avis que l’on doive être à couteau tiré avec tous ceux qui ne partagent pas nos opinions religieuses;
être en bons termes avec eux, c’est
nn premier pas pour devenir bons
amisvi.. et même pour devenir frères
en la foi; mais aussi, éviter de déclarer ouvertement, publiquement ce
que l’on croit être vrai ou n’êlre
pas vrai de crainte de déplaire à
son voisin de droite ou de gauche et
de ne plus se montrer assez tolérant, oii bien prêter vases à fleurs
et lapis aux voisins pour qu’ils puissent célébrer avec plus de pompe et
d'éclat une fête telle que celle du
Corpus JJomini, c’est pour des évangéliques plus que de la condescendance, il me semble; c’est de la
faiblesse; c’est pousser les bons termes un peu trop loin. Une telle
condescendance n’est pas générale,
il'est vrai; mais toujours elle est
déplacée et blâmable.
Mats c’est avec une nouvelle agréable que je désire finir ma lettre. Le
culte, surtout celui du Dimanche
matin, est relativement bien et l'égulièrement fréquenté à Brusio. C’est
une chose réjouissante que d’avoir
chaque Dimanche pour auditeurs ,
en moyenne, les deux tiers des paroissiens. Il en est, il faut le dire,
qui se rendent au culte j]air habitude
plus que par vrai besoin; mais de
plusieurs personnes je puis dire .aussi
par expérience et à ma grande joie,
qii’el|ès se sentent poussées a se
rendre au temple vraiment pour s’y
édifier et pour nourrir leurs âmes
de la Parole de Vie. Voilà, entr’au
tres, un fait encourageant, propre
à nous faire redoubler d’ardeur et
de zèle dans l’accomplissement de
la lâcbc qui nous est échue en partage.
Agréez, etc.
Ad, Comka.
Si quelqu’un me sert,
qu’il me suive
Quelle que puisse être notre condition ici-bas, nous sommes tous
appelés à nous rendre utiles de quelque manière, et personne'ne doit se
résigner à se laisser dire qu’il n’est
bon' à rien. D’un autre côté tout service mérite sa récompense proportionnée, et il l’aura lot ou lard. .
Jésus Christ est entre tous celui
qui a rendu les plus grands et les
meilleurs services à l’humanité; aussi
reçoit-il une très grande récompense,
il est glorifié par le Père, tonies les
nations le serviront et tous les peuples le béniront. Avant de monter au
ciel il invite tous les hommes à le
servir, il dit en quoi consiste son
service, et indique la récompense
assurée à quiconque le lui rend. Si
quelqu’un me sert, qu’il me suive;
et où je serai, là aussi sera celui qui
me sert; et si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera. (Jean xli. 26).
Et qui servirions nous donc si ce
n’est Celui qui a tous les droits à
nos services. Celui qui est notre
Maître et en même temps le meilleur
d’entre les maîtres? Si quelqju’un
essayait de servir le monde, le péché,
ou Satan, il se livrerait corps et
âme entre les mains de maîtres bien
dangereux. Voyez maintenant qui vous
voulez servir, mais pour moi et ma
maison nous servirons l’Elernel.
Il est tout naturel que le serviteur
suive son maître; ce serait de l'orgueil et de la témérité que de vouloir
le précéder. Que personne donc ne
prétende opposer ses propres opinions
a la volonté de Dieu clairement exprimée dans S.1 Parole. Suivons le
chemin dans le quel il a marché, et
7
,,.d83:
gardons nous de dévier ni à droite
ni à gauche, car nous risguerions
de tomber dans les précipices qui
bordent la roule- Si nous suivons fidèlement ses traces, notre marche
sera assurée et nous ne broncherons
point. N’allons jamais là où nous
savons que le Maître n’irait pas, et
ne restons pas là où il ne saurait
rester, fuyons les mauvaises compagnies et tous les lieux de dissipation.
.Mais d’un autre côté sachons aller
partout où va ie Maître, lors même
qu’il nous faudrait. être eornme lui
couverts d’opprobre et endurer comme
lui les souffrances et la mort. Nous
ne voulons pas dire qu’il nous faille
accomplir, comme il l’a fait, des
guérisons miraculeuses, apaiser les
flots couri'oucés de l’o-céan, ni faire
sortir les morts de leurs tombeaux;
nous ne le pourrions faire; rnais nous
pouvons avec son puissant secours,
que nous no devons nous lasser d’implorer, imiter la vie sainte dont il
nous a donné l’exemple. C’est là ce que
nous appelons, marcher sur ses traces.
Admirons la charité cl la douceur
avec les quelles il a traité tous ceux
qui ont eu des l'apports avec lui,
sans excepter ses adversaires les plus
obstinés. Que d’obstacles ne rcncontre-t-il pas? Ceux là qui devraient
être ses coopéraleiirs sont au contraire ses plus grands ennemis, ses
miracles sont attribués au démon et
il se trouve des faux témoins pour
déposer contre lui; rnalm’é tout cela
il conserve sa douceur habituelle cl
il possède son âme par la. patience.
,apprenez de moi, dit-il, car je suis
doux et luHïfbic de cœur. A l’infâme
.ludas qui le trahit pour trente pièces
d’argent, il parle avec douceur en disant: Mon ami, pour quel sujet es-lu
ici? A Pilate qui l’interroge et qui
le laisse condamner injuslement, il
ne répond pas le mot.' Est-il insensible? — Non certes, car les natures
les plus nobles sont en même temps
les plus délicates. Mais il veut nous
apprendre à être patients et doux
envers nos semblables. 11 sait que la
parole douce apaise la fureur et que
la parole fâcheuse excite la colère
(Piiov. XV. '1) et il veut que notre
douceur soit connue de tous les hommes. Lorsque l’on nous dit des paroles dures, injustes, ou simplement
grossières, nous sommes autorisés à
suivre l’exemple de Jésus qui m répondit mol au lâche et injuste Pilate.
Le silence est une réponse, et souvent
des plus éloquentes. Voyez comment
il agit envers les bourreaux qui perdaient ses chairs en le clouant sur
la croix. II ne répond pas à l’insivlle
par l’insulte; au contraire il intercède
pour eux en disant; Père, pardonneleur car ils ne savent ce qu’il? font.
Oh charité admirable et divine, que
je voudrais te posséder en toute circonstance! E. B.
Eicposition Nationale
En vente au Kiosque Evangélique :
Grandes Bibles in 4'“ Martin et Oslervald, forte reliure toile, avec régistres
de famille, fr. 4; les mêmes, reliées
en maroquin, tranche rouge, fr. 10;
beaux et grands caractères; tout ce
3u’il y a de plus adapté pour le culte
c famille, ou comme cadeau à faire
à de nouveaux ménages. Nous recommandons aussi la Grande Bible Italienne imprimée à /îome que nous
pouvons céder à 8 fr. Enfin nous attirons l’attention des pasteurs sur nos
Testaments français avec psaimes, reliés en toile et ornés de caries géographiques à 20 cent, comme se recommandant d’une manière spéciale
aux écoles du dimanche et aux classes
de Catéchumènes.
Pour expéditions, s’adresser à M.
Lorenzo Gay Kiosco libraio, presso
il Tempio di Vesta
Torino.
Esposizione,
ilouüdka rcUi^icjiiscô
Italie. — La paroisse vaudoise de
Turin vient de perdre un de ses
membres, qui remplissait, dans son
sein, depuis quelques années, les
fonctions de diacre, le Docteur en
médecine Serafino Celli, décédé le
23 mai dernier, à l’âge de 74 ans.
8
.184
Près de lO ans auparavant, la veille
de Noël de 187i, il avait été reçu
dans l’église, avec sa digne compagne,
l’un de ses fils el ses quatre filles,
et tous ceux qui ont eu le privilège
d’assister à celte cérémonie de réccplion se la rappellent avec bonheur.
Le cadet de scs fils est maintenant
étudiant en théologie à notre Ecole
de Florence.
Peu de familles, au sein de noire
Eglise, ont été comme celle dont le
chef vénéré vient de s’éteindre, en
édification à tous ceux qui l’ont connue de prés, par sa pieté, par son
zèle pour les progrès de l’Evangile,
et par la louchante affection qui unissait les uns aux autres ses divers
membres.
La mort de notre vénéré frère a
été celle du chrétien qui sait en qui
i! a cru, un véritable sommeil, et
la- douleur des siens une douleur
également chrétienne, cherchant et
trouvant sa consolation dans la parole
du Maître qu’ils savaient de pouvoir
appliquer à leur cher défunt; «Vous
savez où je vais et vous en savez le
chemin ».
Suis.SE. — Le Synode de VEglisfi,
libre du Canton de Yaïul s’est réuni
à Yverdon le 12 mai el jours suivants.
Le rapport de la Commission des finances a constaté pour la c.aisse centrale 133.276 fr. de recettes (beau
chiffre pour une Eglise dont les membres eftectifs ne dépassent_ guère les
4000 el sur les quelles, en sus de
celte cotisation à la caisse centrale,
pèsent les dépenses locales de bien
des sortes ! ) Les dépenses do la Mission romande au sud de l’Afrique,
supportées par les Eglises libres des
trois cantons de Vaud, de Neuchâtel
et de Genève, ont été l’an dernier
de 84 000 fr.
— I^ps efforts les plus louables sont
faits en Suisse, par les déjégalions
des sept sections de l’alliance évangélique de ce pays, et il faut espérer
3u’ils aboutiront, el que les scènes
e sauvagerie comme celles qui ont
lieu depuis trop longtemps, à propos
des sahuisles, prendront enfin terme.
— Les iournaux annoncent la mort
advenue le 26 mai dernier de M. le
pasteur Louis Germond, fils du vénéré fondateur des Diaconesses de
St. Loup, cl frère du regretté Henri
Germond, successeur de son père
dans la direction de celle œuvre, à
la quelle notre Eglise
ment redevable.
est si grande
Mtalie» — La Chambre continue
l’examen des bdugels, souvent interrompu par des interrogations ou par
des interpellations.
La fête du Statuto a été célébrée
par des revues dans les villes et partout où il y a une garnison.
La Commission, chargée d’étudier
la loi des chemins de fer, a adopté
en principe le projet dù ministre
Cenala, et a passe à l’examen des
articles.
Misdea, le forcené meurtrier du quartier de Montefalcone à Naples, a été
condamné à mort, mais il en a appelé
el l’on parle beaucoup de la commutation de la peine, proposée par
Mancini ; Ferrerò, ministre do la
guerre, y serait oppose pour ne pas
poiier atteinte à la discipline militaire.
W'rattee. — Oli a célébré à Pari.s^
l’anniversaire de la mori de Garibaldi,
comme en plusieurs villes d’Italie.
AntfMeft'f!. — Il y a eu à
Londres sur quatie point différents
des explosions de dynamite. On parle
d’un non nombre \le blessés el de
grands dommages.
Les nouvelles du Soudan sont encore
toujours l.i'ès vagues. Berber n’a pas
capitulé. Les insurgés ont attaqué
Souakim, mais les canons des forts
les ont repoussés.
La question de la conférence au
sujet de l’Egypte n’a guère avancé.
Ægftagtte. De grandes inondations ont causé des dégâts dans la
province de Murcie.
La santé du roi Alphonse s’esl fortifiée.
P^nxEST ItonEUT, Geraiii et Admmistratear.
Piglierò), Impriiii. Chiaiitore el Mascarelli.