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année
Septembre 1867.
N.o ».
L’ÉCHO DES VALLÉES
—(NOUVELLE SÉRIE)
Que toutes les choses qui sont véritables.... occupent
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8. )
SOMMAIRE — Adresse aux Vaudois disséminés. — Un meeting sur les hauteurs
d'Angrogne. — Vaudois de Lyon. — Vallées Vaudoises.
ADRESSE FRATERNELLE
Ao\ Vaudois disséminés
Chers amis, Vaudois disséminés,
Les dispersés du peuple de Dieu ont, à toutes les époques,
occupé dans l’Eglise une place importante. C’est aux dispersés
et étrangers du Pont, de la Galatie, de l’Asie que Pierre écrivait
ces paroles ; « Vous êtes la race élue, la sacrificature royale ,
» la nation sainte, le peuple acquis, afin que vous annonciez
» les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa
»merveilleuse Ibmière ».
C’est aux dispersés que S‘ Jacques adressait son épltre , si
utile et si sérieuse. Ils ont eu l’honneur d’annoncer les premiers
la doctrine du salut aux païens (Act. XI, 19, 20 ) et'de préparer
presque partout le terrain à l’activité de St Paul. Des marchands
de Tyr apportèrent sans doute les premiers la semence de vie
àPouzzol, près de Naples; les dispersés d’Asie et d’Achaïe,
la répandirent à Romei ceux de l’Orient la transplantèrent dans
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presque tous les ports de la Méditerranée , et le grand évêque
de Lyon, Irénée, n’était autre chose qu’un dispersé de
de l’église de Smyrne. Ainsi dans tous les temps, les dispersés
ont été répandus comme le sel préservateur au milieu des
sociétés humaines. Les Vaudoisou pauvres de Lyon, les Frères
Moraves, dont l’Eglise, sœur de la nôtre, a répandu l’évangile
des glaces du Groenland aux rives brûlantes de Guyane, et des
plaines du Labrador à la Nouvelle Hollande, qui furent-ils si
ce n’est des dispersés ? On sait combien d’œuvres bénies se
rattachent aux sociétés des Protestants disséminés de Genève,
de Berne , de Bâle ou d’Allemagne : c’est sur leurs traces que
les dispersés de l’Eglise des Vallées sont appelés à marcher.
Ils doivent être, partout où ils se rendent, les premiers ou
tout au moins de fidèles témoins de l’évangile , accomplissant
ce que nous a dit le Sauveur : « soyez le sel de la terre ».
C’est ce devoir que je viens présenter aujourd’hui, en quelques mots, à votre conscience. Veuillez les prendre en bonne
part et accepter même ce qu’il peut y avoir de sévère dans tel
ou tel avertissement, vous rappelant l’Ecriture qui dit : «Les
blessures de l’ami sont fidèles, et le moqueur seul méprise
l’instruction» (Prov. XX VII, 6, XIII, \ ). C’est une chose bonne
(jue le sel. Mais un Vaudois sans foi ni piété que serait-il si
ce n’est un sel qui a perdu sa saveur ? Un français incrédule
aura encore le point d’honneur , un allemand sa science, un
anglais sa fierté , un toscan sa belle langue, mais un Vaudois
sans piété, qu’a-t-il? qu’est-il? Ah! souvenons-nous de la
parole : « il ne vaut plus qu’à être jeté dehors, et foulé par
les hommes ». Sommes-nous à la hauteur de notre tâche? Nos
disséminés sont-ils le sel de la terre? Poser la question c’est
presque la résoudre : on ne peut donner que ce l’on a ou ce
(lue l’on reçoit, personne n’a le privilège d’être chrétien par
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— 131 —
droit de naissance, c’est la nouvelle naissance qui nous fait
enfants de Dieu, et pour être enfants d’Abraham , les juifs ne
sont pas davantage de la famille spirituelle d’Âbraham, que
nous ne sommes des martyrs pour être descendants de ces
Vaudois disséminés qui rougirent de leur sang les hauteurs de
St Sixte , les rues de la Guardia et de Cosenza en Calabre, et
les pentes du Libéron en Provence.
Qu’est-ce qui manque à tant d’entre nous , à tant de nos
frères dispersés ? La réponse est facile : il leur manque la
crainte de Dieu , des principes arrêtés, ils ne prennent pas à
l’avance la ferme résolution de régler leur vie sur la loi de Dieu.
Ce n’est pas là , me direz-vous, chose bien nouvelle, et il ne
valait pas la peine de prendre la plume pour nous écrire ce
que nous savions dès le temps où nous allions au catéchisme.
A la bonne heure ; mais écoutez ce qui en résulte ; commençons
par
Lo clôx>iii*t.
Quand nos pères partaient pour la Calabre , la famille , les
vieux barbes, les parents restés aux Vallées accompagnaient
l’essaim de jeunes émigrants jusqu’à l’entrée du val de Luzerne
et l’on se séparait après avoir invoqué le nom de l’Eternel, le
Dieu des miracles, le Dieu fidèle qui fait miséricorde en mille
générations à ceux qui l’aiment et qui gardent ses commandements. Est-ce comme cela que vous avez quitté la maison
paternelle ? Qui sait? Peut-être afin de gagner un jour, profitet-on du dimanche pour se mettre en route ; — peut-être, au
lieu de consulter Dieu, part-on sans le consentement de ses
parents, ou contrairement au conseil d’un ami chrétien ; ainsi
le mal est à la base, et le voyage, commencé par le péché, ne
saurait se terminer par le bonheur, car Dieu a dit : « si tu
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» retires ton pied du sabbat et que tu ne fasses pas ta volonté
» au jour qui ni’est- conSàci-ë' ; si ttf appelle^ le joüt* de
» repos tes délices, alors je te ifetiai pâ^Ssér à' chètàl par dessus
» les lieux haut élevés de la terre, afin que vous sachiez que
» je suis l’Eternel quite sanctifie » (EsaïeSS, 14. Exod. 34, 13*).
Mais Supposons le contraire ; on part- parceque les besoins
de la famille l’exigent ; il n’y a plus de froment dans les sacs,
ni de vin dans la cave, la soie n’a pas réussi, il faut aller
manger le pain de l’étranger. La jeune fille , le jeune homme
promettent d’être sur leurs gardes ; la mère dit : n’oublie pas
ta Bible ; le père promet de prier pour le fils absent. Cela est
précieux, inappréciable. Mais qu'arrive-t-il? Les connaissances
faites en voyage, la folle gaité de la route, l’étourderie ou la
légéreté des propos sont une mauvaise préparation pour
armer le cœur et la volonté contre les assauts que la corruption
des grandes villes va livrer au nouveau venu ; on arrive, on
descend de la diligence de Cap, ou du bateau de Gênes ; —
qui rencontre-t-on sur le cours? — quelque fainéant congédié
il y a huit jours par son maître, et n’ayant rien de niieux à
faire que d’offrir ses services au nouveau venu du pays. « Mon
» fils, si les pécheurs veulent t’attirer, n’y consens point. S’ils
>i disent : tu auPas ton lot parmi nous ; il n’y aura qu’une bourse
» pour nous tous : mon fils ne te mets point en chemin avec
» eux ; retire ton pied de leur sentier, car leurs pieds courent
» au mal» (Proverb. I, 10). —Mais on n’y pense pas. On lie
connaissance avec ce « patriote >> ; — on va boire « là goutte »
ensemble ; il vous paye le café ; vous devenez son obligé ; le
premier jour il est honnête ; lë sécohd , il comnteffce à être
familier ; lè troisième, devenu votre compère, il vous mène
où il vèut. Cela va vite, direz-vous. Oui, très-vite. « As-tu
déjà trouvé toii cousin Jean-Pierre ? — l^on. — Hébien , viens
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I.TÎ
avec moi. Il est de sortie aujourd'hui ; nous le rencontrerons,
sans manquer au rendez-\ous ordinaire des gens du pays.
C’est samedi soir, — Je n’ai rien à faire ; allons. — On va au
café... — est-il défendu d’aller au café *? On fait la partie... —
est-il défendu de faire la partie ? — on ne joue pas pour gagner,
mais pour passetemps. Minuit sonne ; c’est dimanche ; mais
qui est ce qui y songe ? — Le cousin Jean-Pierre n’est pas
venu ; il sera au cercle. On sort sans payer, car l’habitué de
ce lieu a un compte ouvert, qu’il ne paiera jamais. On monte
au cercle ; il y règne une température d’étuve, un air épais,
malsain , qui serre les poumons ; des figures nouvelles s’y
présentent au pauvre garçon arrivé la veille des Vallées,
figures échauffées, avinées , agitées, aux yeux brillants , parlant haut, discutant, riant, se mettant à l’aise. Là on joue aux
échecs ; autre part on parle d’affaires, mais le centre de tout
c’est la longue table , le tapis vert où l’on joue le bacarat, au
mépris de la police et des lois qui défendent les jeux de hasard
et condamnent à deux mois de prison et à une amende de
200 à 6000 francs ceux qui le tiennent. Mais un cercle est un
domicile privé ; la police n’a rien à voir. — Au milieu d’une
vapeur épaisse, les nouveaux hôtes aperçoivent finalement
le cousin Jean-Pierre, assis au tapis vert, occupé à ramasser,
tout triomphant, les 40 francs qu’il vient de gagner après en
avoir perdu 50 la semaine,précédente et autant le mois passé I
Les40,francs|Vont amener jupc.nouvelle époque de bonheur;
désormais il gagnera, il réparera ses pertes ; chacun lui dit
qu’il a de la chance ; ¡en aUepdànt le mieux sera d’employer
d’argent gagné ,¡tout,ou partie,.à pne cpurse en voiture au
Prado : on se,réunira à,2,heures à la place de Rome. Le,cousin
¡nouvellement vepp du paysipe ¡peut y manquer. Jl promet
d’être de la partie. Ainsi on se sépare.
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Le soleil du jour de la résurrection s’est levé radieux, la
nature semble en habit de fête ; les enfants ont pris le chemin
de l’école du dimanche ; les fidèles s’acheminent vers le
temple ; le jeune homme des Vallées avait promis à son père
d’en faire autant; mais où est-il? Il se réveille à peine. L’heure
du sermon a sonné depuis longtemps avant qu’il soit prêt. Le
beau commencement de semaine ! La matinée va être passée ;
l’après-midi vient ; le cœur est mal à l’aise ; la conscience
toute seule se sent en mauvaise compagnie ; mais la société
de la veille vous attend et se chargera de la calmer.
Lo üimanolie.
Tel dimanche , tel lundi. Qui ne veut pas donner à Dieu sa
part, laisse fatalement la chair prendre la sienne ; de l’ordre
établi par Dieu , il tombe dans le désordre qui venge la loi, et
ayant refusé de célébrer dans le repos un bon dimanche ,
il passera dans la débauche un mauvais lundi. — Je sais qu’il
est difficile de nager contre le courant dans une société pour
qui la profanation du dimanche est la règle, le commandement
la dernière pensée , et qui n’interrompt son trafic que pour se
livrer au plaisir, courir les bals, les spectacles, et faire travailler ce jour-là cafés et lieux publics plus fort et plus tard
que les autres jours. — Nos amis qui travaillent sont donc bien
à plaindre et ont droit à notre sollicitude. Mais permettez-moi
de vous dire qu’ils ne sont pas pour cela innocents ou justifiés.
Vous ne sauriez en tout cas échapper aux conséquences qu’entraîne après elle la profanation du dimanche.
En renversant l’ordre établi par Dieu, l’admirable alternative
de travail et de repos, le retour régulier de fatigue du corps et
d’édification de l’éme, dont Dieu a voulu que se composât
notre vie, vous y mettez nécessairement le désordre. Je ne
7
— m ~
puis m’empêcher de penser que le manque de prospérité qui
caractérise l’état d’une partie de notre population , ne soit dû,
pour une large part, à l’infidélité au commandement de Dieu
qui dit : « souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier ; lu
travailleras six jours et tu feras toute ton œuvre , mais le
septième jour est le repos de l’Eternel, ton Dieu. Tu ne feras
aucune œuvre en ce jour-là !» — Il ne m’appartient pas de
faire peser sur les épaules d’autrui un fardeau plus facile à
porter à un pasteur qu’à tout autre ; mais observez le fait que
presque tous les A'audois qui ont ouvert des établissements
publics, où la profanation du dimanche est la règle , ont fait
de mauvaises affaires et vous verrez bientôt que ; si l’Eternel
ne construit la maison , ceux qui bâtissent, travaillent en vain.
C’est en vain que vous vous lovez de grand matin, que vous
vous couchez tard, et que vous mangez le pain de douleur ,
certainement c’est Dieu qui donne le repos à celui qu’ Il aime
(Ps. cxxvii, 1,2). — Voyez au contraire tel brave jeune homme
des Vallées, qui a préféré quitter sa position que de travailler
le dimanche ; Dieu a béni sa fidélité, il a eu à souffrir pour peu
de temps, mais bientôt il a rencontré des frères, et maintenant
il est un utile ouvrier dans l’évangélisation.
A Marseille les cultes du dimanche ne manquent pas.
Pendant l’été, il y a culte au temple de la rue Grignan à 9 h.
et à 4 h. 7î, en hiver à 8 h. et à 11 h. ; — à la chapelle, rue
Delille, en été à 10 h. ; aux écoles protestantes, S”® Platane, à
2 h., au cours Lieutand, n^ST, à 3 h. et à 8 h.; — sans compter
les écoles du dimanche auxquelles nous ne saurions trop vous
recommander d’envoyer vos enfants, parcequ’elles leur enseignent à aimer la Bible et à sanctifier le jour du Seigneur.
Au rçste ne soyons pas trop indulgents ; qui craint Dieu
sort de tout. Avec un peu plus d’énergie et de courage , on
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obtiendrait souventdes conditions meilleures. Avec plus defidélité l’on choisirait, non la place la mieux payée, mais celle qui
dispose le moins à profaner le jour du repos. Plusieurs Vaudois,
arrivés à Marseille, jeunes et désireux de s’instruire, ont appris
un état et ont assez bien réussi dans l’industrie. Tel est devenu
mécanicien, tel est parvenu par son énergie à diriger un bel
atelier indiîstriel, tel autre à être un des artisans estimés de
la ville, ou caissier dans une maison de commerce. Hébien,
tous ceux-là, s’ils veulent être fidèles , peuvent travailler six
jours et se reposer le septième. Un plus grand nombre pourraient suivre leur exemple, et se contentant de gagner moins
pendant quelques années, apprendre encore un état, ou se
vouer au commerce comme l’ont fait plusieurs Vaudois de
Lyon, qui réussissent généralement assez bien et occupent des
positions où la profanation du dimanche n’est pas la règle.
Je me souviendrai toujours de ce que nous disâit au Synode
de 1855 notre fidèle ami M*' le Prof Gibson, de Belfast, entré
maintenant dans le repos éternel : « là où l’observation du
dimanche est faible, toute la piété est faible !» ('à suivre J.
G. Appia.
Un meeting sur les hauteurs d'Angrogne.
Le 15 août, dès les heures les plus matinales, de nombreux
groupes‘d’hommes, de femmes et d’enfants, venant de différentes
directions, s’acheminaient vers les hauteurs d’Angrogne, en se concentrant de plus en plus vers un même point. C’était un coup d’œil
intéressant que de les voir, à distance, gravir la montagne avec un
joyeux entrain pour aller - former à Comba-Mbaud une (assemblée
d’environ deux milles personnes, dont les enfants constituaient .une
grande partie et dont les seuls établissements des Coppiers et de
(l’Orphelinat fournissaient un contingentitrès-respectable. t , . c
La journée était sombre, et le brouillard, dominant dans la plaine
et dans la vallée , ainsi que sur les hauteurs environnantes, mena-
9
— i:n
çait à chaque instant d’envelopper , de son humide manteau , nos
joyeux pèlerins. 11 n’était pas question de contempler, chemin faisant,
les liauteurs majestueuses des alpes , ni le cours argenté du Pellice
â travers la plaine du Piémont toute parsemée de villes et de villages
que l’on distingue souvent les uns des autres au nombre et à la
hauteur de leurs clochers.
Cependant le temps couvert n’empêcha pas que les plupart n’arrivassent au lieu de la réunion tout trempés de sueur et ne se sentissent glacés par le passage momentané d’un brouillard froid et
luimide qui semblait vouloir disputer aux arrivants la possession de
de ce lieu enchanteur. Heureusement un grand feu fut allumé et
soigneusement entretenu, autour duquel chacun pouvait aller se
sécher et se délivrer ainsi de la crainte d’un gros rhume.
Le petit plateau de Comba-Ribaud , avec ses beaux mélèses, présentait
l’aspect le plus animé ; un photographe essayait de fixer ce vivant
tableau pour le reproduire sur le papier , mais le temps était peu
favorable et nous ne savons s’il a réussi.
La seule maison du voisinage, située au bas du plateau , servait
d’entrepôt pour les provisions, et l’écurie en était éncombrèe de montures dont plusieurs, n’y ayant plus trouvé place, durent rester dehors;
ee qui nous procura, de ce côté, de temps à autre, une musique
stridente fort-peu agréable.
Les Vendeurs de rafraîchissements ne manquaient pas ; mais. sauf
ceux qui avaient du raisin , ils firent d’assez maigres atfaires. Si l’un
d’eux avait eu l’idée d’y porter une cafetière monstre et de préparer
sur le lieu la noire liqueur tant décriée par le célèbre Vaccà , si
hautement appréciée par ses consommateurs et dont l’usage menace
de devenir universel, il n’y a pas de doute qu’il n’eût été de plus
recherché , et qu’il ne s’en fût revenu les poches bien garnies de
gros sous. Soubaitous-leur meilleure chance pour une autre fois.
A neuf heures et demie la séance fut ouverte par le chant Le retour
de l’exil, exécuté par de centaines des voix d’enfants diriges avec
maestria par plusieurs instituteurs, et ayant pour directeur en chef
Mr Poet auquel ce poste revenait de droit comme étant l’instituteur
de la commune où se tenait la réunion. Il était difficile, il semblait
presque impossible d’obtenir un ensemble satisfaisant de cette multitude d’enfants exercés, il est vrai, par leurs maîtres respectifs, mais
qui n’avaient pu se rencontrer pour des répétitions communes. Si
l’on tient compte de cette difficulté, on n’a pu qu’être étonné de la
précision et :de l’harmonie ¡avec lesquelles ont été exécutés les
nombreux chants que nous avons enlendius et dont quelques uns
étaient assez difficiles. Nous ne pouvons que féliciter de ce succès
messieurs les Instituteurs qui l’ont préparé avec tant de zèle. Nous
nous permettons une seule fpetite observation que nous avons entendu faire par nombre de personnes ; c’est queHe prélude â chaque
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chant était un peu trop long; une seule intonation répétée à chaque
groupe aurait paru suffisante.
Le vénérable pasteur de S‘ Germain, M'' Monastier , était désigné
comme président soit par son âge et ses capacités , soit par le sou- '
venir encore très-vivant du remarquable discours qu’il adressa aux
enfants dans le même lieu l’année précédente. Il prononça la prière
d’ouverture, et M'’ Durand-Canton, pasteur à Angrogne.luî ensuite le
chap IV de l’Evangile selon S* Jean. M'' Monastier prenant la parole :
« Oh! que n’ai-je, dit-il , la voix d'un ange pour vous faire entendre
la vérité qui nous est annoncée par la Samaritaine et la faire pénétrer
dans vos cœurs ! Elle n’était pas une femme modèle ; c’était une
pécheresse que nous aurions peut-être repoussée et méprisée. Jésus
ne la méprise pas; il parle avec elle, il gagne son cœur et la porte
à la repentance et â la foi. Comme la Samaritaine , nous avons
besoin d’être abreuvés à la source du saint Evangile ; nous avons
besoin du S‘ Esprit. » M*' Monastier insiste sur la nécessité que le
St Esprit nous applique la vérité: « S’il n’y a pas en vous l'œuvre
de l’Esprit , toute connaissance est vaine et vous ôtes perdus >■.
On chanta le cantique : Je suis à toi, et M'' Canton insista ensuite sur
ces paroles des Sichariotes : Ce n’est plus pour ce que tu nous as dit
que nous croyons, mais c'est pour ce que nous avons en tendu nous mêmes de
sa bouche. » La Samaritaine devient prédicateur: tout chrétien aussi
doit le devenir Souvent nous ne rendons pas témoignage parceque
nous n’avons pas reçu réellement l’Evangile. Prenons garde que nous
ne le connaissions que par l’intelligence et par l’effet de l’éducation
que nous avons reçue; il faut que ce soit par le cœur et que nous
puissions dire avec David : Venez et je vous raconterai le bien que
l’Eternel a fait à mon âme. 11 faut que, comme les habitants de Sichar,
nous ayons été en relation directe avec le Seigneur, autrement nous
serons comme les vierges folles. Il faut que nous puissions dire ; je
sais en qui j’ai cru ».
Mf Meille , pasteur â Turin , débute par un appel à la reconnaissance. • Le beau pays que nous habitons est un don de Dieu ; et
s’il nous a été donné de nous rendre ici ce matin de tant de lieux
divers et dans un même sentiment, c’est une faveur de sa part. Cette
belle journée nous invite â dire : mon âme bénis l’Eternel et n’oublie
aucun de ses bienfaits ». M'' Meille attire l’attention sur ces mots : donnemoi à boire. « Il aurait sans doute semblé à la Samaritaine qu’en
obtempérant à la demande de Jésus, c’eût été lui l’obligé et non elle;
elle ne se doutait pas qu’il ne lui demandait que pour lui donner â
elle-même. C’est ainsi qu’il agit envers nous. Il ne demande un sacrifice que pour le transformer en une grâce pour celui qui le lui a
fait. Aujourd’hui il demande de nous des sacrifices pour nous enrichir
de ses biens. Quels sacrifices faisons-nous â Jésus-Christ? Nous savons
bien en faire â notre orgueil, à notre égo'isme , â notre vanité. Les
chrétiens doivent enseigner le sacrifice au monde ; pour cela ils doivent
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sacrifier eux-mêmes. Sachons sacrifier de bon cœur et avec joie , et
il nous arrivera comme à la Samaritaine, et nous deviendrons de bons
et vaillants soldats pour avancer la cause de notre maître au milieu
du monde».
M'' Bertin, pasteur de l’Eglise Weslevenne. en France, veut, malgré
une légère indisposition , adresser queb[ues paroles à rassemblée
pour lui exprimer ses sentiments chrétiens. 11 s’intéresse aux Vallées,
il aime les Vaiidois: son père, maintenant dans le repos, était Vaudois,
et pendant cinquante ans il a prié pour les habitants des Vallées et
pour le salut de l’Italie. 11 est assuré que le bien remarquable qui
s'est opéré en Italie ces dernières années est dû aux prières de son
cher père. Il attire l'attention sur le mot grâce , et pour comprendre
ce mot il faut en bien comprendre un autre qui est le péché. Il
définit le péché, en indique les conséquences pour le présent et
l’avenir ; il dit ce qu’est la grâce, prenant ce mot dans sa signification
la plus fréquente , celle de pardon. 11 exhorte à recevoir celte grâce
offerte à tous
Les discours sont un moment interrompus par le chant: U sospiro
dell’anima. M’’ Parander, pasteur à Prarustin , monta ensuite à la
tribune et donna sur l’évangélisation en Italie , par le moyen de
l’Eglise Vauiloise , un discours in forbito linguaggio toscane qui a été
fort apprécié, soit pour le fond, soit pour la forme. Les conclusions
en étaient pleines d’à-propos. 11 nous prédit que le jour viendra
(puisse sa jirédiction se vérifier promptement!), qu’au lieu du prétendu St Père, apôtre d’erreur, il y aura dans la ville éternelle pour
y annoncer l’Evangile un Pierre Vaudois. Pourquoi un Pierre plutôt
qu’un Paul, lui dirons-nous, puisque l’apôtre des Romains a été
S* Paul et non S‘ Pierre. M” Parander voudrait-il insinuer par-là que
les plus vaillants champions de la vérité parmi nous, les plus dignes
de porter l’Evangile où il fut jadis annoncé par le grand Apôtre des
gentils , s’appellent du nom de Pierre plutôt que de tel autre nom ,
comme Jacques ou Paul ou Matthieu '{ Il est vrai que nous avons
tels Pierre , voire même Jean-Pierre dont on peut admirer et envier
les talents et le zèle ; et certes l'on ne pourrait que désirer que leur
parole évangélique se fit entendre là où fut entendue la voix de Cicéron et où l’homme de péché a proféré tant de blasphèmes. Mais
à côté d'eux, il y aurait encore place pour un Jacques , voire même
un Jean-Jacques, à la condition qu’il y prononçât de nombreux
discours aussi frappants de vérité évangélique que celui que nous
avons entendu à Comba-Ribaud l’était de vérité historique , et aussi
pleins d’â-propos, aussi éloquents et aussi bien dits que celui-là nefia
patria favella. Oniqu’il en soit, nous remercions, pour notre part,
très cordialement M” Parander pour le discours qu’il nous a donné ,
et si les articles publiés par cette feuille et par VEeo délia Verità sur
le deruier Synode n’avaient eu d’antre résultat que de nous procurer
ce discours , qui peut être considéré comme un manifeste , il n’y
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— 140 —
aurait pas lieu de regretter leur publication, quelque rumeur qu’elle
ait pu exciter.
Revenons à notre office de .chroniqueur.
Après le chant d’un cantique, M'' Malan, pasteur à la Tour, revenu
la veille d’un séjour en Suisse , prononça une brève allocution
toute remplie des impressions reçues dans son voyage. Le pasteur de
S' Jean termina par la prière, et le président, après la bénédiction ,
déclara close la séance du matin. Il était midi; l’assemblée se dispersa rapidement en petits groupes pour reposer l’attention fatiguée
en cédant aux exigences impérieuses de l’estomac. Le temps était
délicieux; le froid humide du matin avait disparu et le soleil était
venu une ou deux fois nous visiter de quelques rayons fugitifs.
Vers deux heures après midi quelques centaines d’enfants s'étaient
placés en amphithéâtre, assis sur le gazon , devant Testrade qui
servait de tribune ; c’était à eux spécialement que devait être consacrée cette seconde séance que M’’ Meille fut prié de présider. Un
chant en annonça l’ouverture ; Charbonnier fit la prière qui fut
suivie d'un autre chant, après quoi le président, s’adressant aux
enfants, leur dit: « Il y a longtemps, mes chers amis, que je dirige
des écoles du dimanche ; j’en dirige une à Turin dans un bien beau
temple ; mais jamais je n’en ai dirigé une comme celle-ci. Quel
temple magnifique que celui où nous nous trouvons ! quelles colonnes!
quelle voûte ! et si nous attendions ici la nuit, quelle lampes s’y
allumeraient ! Ces étoiles brillantes que nous admirons par une belle
nuit , savez-vous â quelle distance elles se trouvent de nous ? Un
boulet allant toujours aussi vite que lorsqu’il sort du canon , qui
partirait d’une de ces étoiles , mettrait environ six mille ans pour
arriver à nous *. M'' Meille fait sentir aux enfants combien ils doivent
apprécier les soins dont ils sont les objets et les privilèges que Dieu
leur accorde. "C’est pour vous, leur dit-il, que cette fête a été organisée , et ce n’est pas bagatelle qu’une fête comme celle-ci expressément établie pour les enfants ». L’orateur compare la condition des
enfants de notre pays et de notre temps à celle qui leur était faite
autre fois , et â celle qui est faite aujourd’hui aux enfants dans
d’autres pays où l’on ne connaît pas, ou bien Ton ne comprend pas
cette belle et précieuse parole du Sauveur : Laissez venir à moi les
■petits enfants et ne les empêchez point, car le royaume des deux est pour
ceux qui. leur ressemblent.
L’enfance de Samwel avait été désignée par les promoteurs de la
fête comme sujet d’entretien avec les enfants. Par des questions
habilement présentées, M'' Meille leur en fit retracer les principales
circonstances; — p.uis s’arrêtant â.ces .paroles: Parle, Seigneur, tofi
serviteur écoute, il en fit ressortir,la docilité et l’obéissance joyeuse
de cçt enfant',qui devint, entre les mains de Dieu, un grand instituteur
,ponr je fiÂen',de son ifseuple et'pour notre bien -â tous. — M” Meille
sut tenir , cette multitude d’enfants comme suspendue â ses lèvres
13
- 151
pendant plus d’une demi heure sans la moindre manifestation do
fatigue ou d’inattention. Il s’interrompit et l’on chanta: Vne nacelle en
silence. Reprenant la parole : « si j’ai proposé Samuel pour modèle
aux enfants, dit-il , je voudrais maintenant proposer Anne pour
modèle aux mères. Si trop souvent la naissance des enfants est considérée comme une espèce de malhenr , c'est que les parents ne les
considèrent pas comme un moyen de glorifier Dieu. Quel exemple
donne-t-on aux enfants ? hélas î souvent celui du mensonge et des
mauvaises paroles. Il n’y a pas de plus terribles ennemis que nos
amis s’ils ne nous disent pas la vérité ; et les enfants n’ont pas de
plus terribles ennemis que leurs parents , si ceux-ci ne les élèvent
pas selon le Seigneur. Lorsque les moyens affectueux n’aboutissent
pas, il faut la verge , une bonne verge •.
« 11 est beaucoup de mères qui ne le deviennent que par accident ;
elles n’ont rien fait pour se préparer à celte difficile tâche. Chères
sœurs! ce n’est pas seulement au physique que vous enfantez, c'est
aussi au moral. Les hommes sont, au moral, ce que les ont faits
leurs mères. C’est une grande et noble tâche que de former des
hommes pour la Société et des citoyens pour la patrie céleste».
Nous regrettons de ne pouvoir donner, de cette allocution si vivante
et si instructive, qu’un pauvre extrait, en quelques mots décousus,
sans couleur et sans vie.
On chanta le cantique : lo sono un agnellino.
ftp le proD Tron put ressaisir quelques instants l'attention déjà fatiguée
des enfants. « Il y a des occasions , leur dit-il, où l’on fait provision
pour l’avenir : mets cela dans ta poche pour plus lard, dit-on quelque
fois à un enfant. Vous avez entendu beaucoup de bonnes choses ; où
trouverez vous une place pour les serrer et les' conserver ? — Dans la
mémoire, le cœur, est-il répondu par les enfants.
» En voyant ce qu’a été Samuel , je me demande comment Dieu s’y
prend pour former de tels hommes. La première chose que Dieu
fait, c’est de prendre Samuel , de le recueillir dans sa maison , bien
près de son tabernacle. C’est la première condition pour devenir
serviteur de l’Elernel. Si Dieu vous prend dans sa maison , il vous
nourrira de sa parole et vous revêtira de sa grâce ; et cela peut être
fait même pour un enfant de trois ans comme Samuel.
« Une seconde condition c’est d’être à l’école du Seigneur comme
y fut Samuel. Le Seigneur veut que vous soyez à son école ; ne
vous en tenez pas dehors.
• Une troisième condition c’est de se mettre aussitôt au service du Seigneur, de lui obéir tout de suite comme fit Samuel. Pourse bien préparer
à servir Dieu, il faut commencer par bien pratiquer sa volonté ».
M' Cardon, pasteur évangéliste à Pignerol, désire présenter quelques
considérations sur les habitudes des enfants. Il aime les enfants et
quoiqu’il ne soit pas encore âgé , il a déjà aequis une certaine expérience qui lui confère le droit de leur donner des conseils.
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- 142
• Vous prenez des habitudes et déjà vous en avez pris qu’il vous
serait difficile de laisser. Les habitudes sont quelque chose de trèsimportant. Il y en a de bonnes , il y en a de mauvaises. Il y a des
habitudes de l’intelligence, des habitudes du cœur etc. » {nous abrégeons, désireux d’arriver au terme ), ■ S' Paul recommande de prendre
des habitudes : affectionnez-vous aux choses qui sont en haut Je vous
conseille de surveiller vos pensées. Quand vous aurez pris de bonnes
habitudes d’esprit et de cœur, votre vie sera remplie de bonnes
actions ».
Un certain mouvement parmi les enfants et les grands annonçait
que la seance était assez longue, et que l’attention fatiguée se refuse
à saisir même les meilleures choses.
On chanta un cantique et l’ancien Lantaret prononça la prière
finale qui fut suivie par le chant du dernier verset du Te Deum.
Rendez-vous fut donné pour l’année prochaine au même lieu et au
même jour.
Cette seconde séance a été à bien des égards plus intéressante
encore que la première. Spécialement consacrée aux enfants, les grands
en ont profité autant et, je pense, plus qu’eux, si l’on en juge par
leur vive attention et l’expression de leur physionomie.
Un défaut que nous devons constater c'est la longueur même de
la séance. On n'a pas tenu compte, nous paraît-il, de l’extrême mobilité des enfants et de l’impossibilité où ils sont do fixer longtemps
leur attention sur un même objet ou des objets de même nature.
Les chants étaient fréquents , il est vrai , mais co moyen de reposer
l’attention , excellent pour les leçons ordinaires de l’école , n’était
pas suffisant. Il fallait se rappeler, du reste, que ce jour devait être
un jour de fête et non un jour de leçons. Nous regrettons qu’on
n’ait pas songé à organiser des jeux pour les enfants ; ce qui n’aurait
pas nui aux sérieux des enseignements reçus et aurait multiplié pour
eux les agréments de la journée. C’est un besoin de leur âge qui
doit être satisfait dans des limites convenables. Plusieurs dames et
demoiselles n’auraient pas demandé mieux que de s’employer à organiser et diriger de tels jeux , si elles y avaient été invitées. Nous
étendons la même observation aux autres fêtes données aux enfants
dans notre pays, telles que l’arbre de Noël dans les écoles enfantines
et la fête du 17 février. A Noël on oblige les enfants à rester un
temps infini dans l’école où ils etouffent de chaleur, pour les faire
chanter, reciter, répondre à des questions dont ils savent par cœur
la réponse , et chanter encore. En vérité , ils sont bons enfants nos
enfants ; à leur place je tiendrais l’objet donné après un tel exercice,
non comme un cadeau , mais comn^e un maigre salaire deux fois,
mérité. Au 13 février on, fait à nos enfants un discours en langue
italienne auquel ils comprennent peu de chose, si ce n’est rien, puis
l’on ajoute à cela une promenade , tambour en tête ( c’est la partie
la plus agréée de la fête) et une distribution de pain et de pommes.
15
— 113
Evidemment on pourrait leur rendre ces fêles bien autrement agréables en modifiant ce que l’on a fait jusqu’ici et en y ajoutant
quelque chose. Espérons qu’on s’étudiera à les mieux adapter à l’âge
et aux besoins de ceux à qui elles sont spécialement destinées. Il en
vaut la .peine , car nous vivons de souvenirs à peu près autant que
d’espérance, et les souvenirs de l’enfance sont ceux sur lesquels nous
revenons volontiers. Heureux ceux qui n’en ont que d’agréables.
I>33 LYOÏV.
Plus d’une fois il nous est arrivé d’entendre exprimer le regret
que les Vaudois qui sont à l’étranger oubliassent un peu , non
seulement l’Eglise à laquelle ils font profession d’appartenir, malgré
leur éloignement, mais encore les Vallées, berceau de leur enfance.
— Si la plainte est fondée pour quantité de Vaudois, nous avons du
moins la joie de pouvoir dire qu’elle n’irait point à l’adresse de
plusieurs de ceux qui habitent la ville de Lyon. Ils nous avaient
déjà donné des preuves de la part qu’ils prennent à tout ce qui noua
intéresse : on en trouvera une preuve nouvelle dans les lignes qu’on
va lire. Dans la supposition qu’elles feront à d’autres le même
plaisir qu’à nous, nous envoyons, au nom de tous, à nos amis de
Lyon un sincère , un cordial merci ! — Voici leur lettre telle qu’ils
l’adressent de
Lyon, août 1867.
Au Comilé auxiliaire de La Tour pour T Evangélisation en Italie.
Messieurs,
Dans le courant de juillet dernier, les Vaudois de Lyon ont eu la
grande joie d’avoir parmi eux, pendant quelques jours . l'infatigable
et cher pasteur M*" Appia. Dans deux conférences données à leur
intention, il leur a raconté , dans tous ses détails , l’humble. mais
glorieuse œuvre d’Evangélisation que notre chère Eglise Vaudoise
poursuit en Italie. Il leur a , pour ainsi dire , fait toucher du doigt
les progrès réels qu’avec l'aide de Dieu nos évangélistes ont obtenus
dans les diverses parties de la Péninsule, et en terminant il leur a
chaudement recommandé cette œuvre excellente que le Seigneur a
confiée à notre Eglise, et qui n’existe aujourd’hui que par le pur effet
de sa grande miséricorde.
C’est pourquoi les soussignés, qui voient avec un si vif intérêt tout
ce qui peut contribuer à la prospérité de leur Eglise et à l’avancement du règne de Dieu, ont immédiatement ouvert, pour l’Evangélisation en Italie, une souscription qui a produit la faible somme de
francs 73, 50, et que nous nous empressons de vous faire parvenir par
l’entremise d’un de nos frères Vaudois.
Nous vous prions, chers MM , de recevoir, avec nos faibles offrandes,
les sentiments de notre plus sincère fraternité chrétienne.
16
M4 —
Les Vaudois de Lyon saisissent cette occasion pour vous dire la
grande part qu’ils prennent à lai douleur que vient de causer à tous
les amis de l’Evangile la mort prématurée de l’évangéliste G. Grégori,
qui leur était déjà devenu cher par ce que leur en avait dit M'’ Appia.
Les soussignés demandent au Seigneur qu’il veuille, tout en fortifiant
ceux qui restent debout,, former de nouveaux ouvriers aussi zélés que
lui pour sa moisson, et bénir l’Eglise Vaudoise.
Vos tout dévoués frères en Jésus-Christ
.1. Baptiste Odili . . . fr. 7 Report . . fr. 41 50
J. Jalla .... . . » 3 J. Besson . . » 5
David Albarin . . » 5 Rivoire . . » O O
J. P. Benech . . . . » 5 Monnet. 2
Michel Bellion . .... 5 Et. Rostan . , » » 2
Joseph Ne grill . . » 4 H. Jahier . » 3
B Goss . . . » 1 50 J. Gaydou . » 1
Jean Odin, . . .... 1 D. Goss . n 5
J P. Chauvin .... 5 J. J. Turin . ® 4
Jacques Rostaii . .... 2 J. Griset . » 5
J. Paul Travers . . . .. 3. J. Goss . . « 2
Report . fr il 50 Total . fr. 73 50
A quoi il faut ajouter le bénéfice du 5 o;,^ sur l’argent
3 67
Valeur en papier d'ftalie fr. 77 17
VALLÉES VAÜDOISES.
Orphelinat. L’après-midi du 4 septembre a été pour les jeunes
filles de notre Orphelinat l’une de celles qu’elles ne seraient pas
fâchées, sans doute, de voir revenir avec quelque fréquence. — Ce
jour étant le 25® anniversaire de l'établissement de St Loup , d’où
sortent et où rentrent les diaconesses qui nous sont envoyées particulièrement pour là direction de notre Asile, la Table eut la bonhe
pensée de faire, pour les diaconesses que nous avons ici , quelque
chose qui les mît, autant que possible, en communion de joie avec
leurs sœurs de S* Loup
A l’heure convenue, les jeunes filles se dirigèrent donc vers le
joli bois de châtaigners qu’elles avaient choisi à quelque distance.
Mais la pluie étant survenue , force leur fut d’avoir leur fête à la
maison même. Les enfants, pour peu qu'ils en aient la liberté, sont
rarement embarrassés de trouver les amusements qu’il leur faut;
aussi le soleil avait à peine reparu que les rondes et les jeux s’organisèrent dans l’a cour.
17
— 145 —
En attendant, plusieurs personnes étaient venues se joindre aux
orphelines et au< diaconesses leurs directrices. Par une heureuse
coïncidence, nous avions, ce jour-là. au milieu de nous plus d’un
ami d’Angleterre'et d’Ecosse: c’était M'' le Dr Gilchrist de Dumfries ,
av<fc deux autres écossais, MM. Home et Moffat, l’un médecin aussi,
l’autre architecte ; c’étaient M^ et M™« Lake de KenninglM ( Kent) si
connus pour l’intérêt qu’ils portent à nos pasteurs ef^a nous professeurs. Chargés de représenter en même temps d’autres bienfaiteurs
de l’Institution, ce sont eux, nous a-t-on dit, qui ont voulu payer
les frais de la petite fête.
Aussi ce fut à la grande satisfaction de chacun qu’à la fin du
goûter qui termina la journée, le modérateur-adjoint, M' Et. Malan,
après avoir rappelé le but de la réunion, remercia chaleureusement
soit Mr et M™® Lake, soit les deux comités des Dames et des Messieurs
qu’ils représentent dans cette occasion, pour leur touchante sollicitude
envers l’établissement. — «Certes, disait-il, si Dieu a permis à
l’Eglise Vaudoise de recueillir dans cette belle maison les quarante
quatre orphelines qui garnissent ces deux longues tables , c’est par
ces excellents amis et bienfaiteurs qu’il l’a fait et qu’il continue de
le faire : c’est par nos amis Germond de S'’ Loup , qui nous prêtent
leurs diaconesses dévouées; c’est par ce comité des Dames, si dignement présidé par M'"® Bernard et sa sœur Miss Hathaway; c’est par
ce comité des Messieurs, dont plus d’un membre, tel que MM. Amédroz , Ch. Wilson, le vénérable M® Bracebridge, est connu môme de
ces enfants. — Tels sont les instruments dont Dieu s’est servi pour
élever et pour soutenir cette maison, tels sont les amis généreux sur
lesquels, au nom de l’Eglise Vaudoise-, nous implorons les plus
précieuses bénédictions du Seigneur». — A ces paroles, Mr l’architecte
Moffat répondit en nous exprimant sa joie d’avoir pu se rencontrer
avec nous dans une semblable circonstance, et en souhaitant que le
Seigneur, qui a bâti la maison, veuille aussi la garder et y établir sa
demeure.
Ainsi se termina cette courte, mais agréable petite fête. N’oublions
pas de dire qu’elle avait commencé par un service religieux , où les
enfants recueillis devant la parole de Dieu , qui leur fut lue au
Psaume 89, entendirent de M” Et. Malan non seulement une description de l’établissement de S‘ Loup, qu'il avait vu peu de jours
auparavant, mais encore quelques exhortations tout-à-fait appropriées
à la circonstance.
Pignerol , J. Chuntors Impr.
n. Jaiiier Gérant.
18
1
CONDITIONS DE L’ABONNEMENT .
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Pour i’inlërienr, rendu franc de port, . fr. 2 BO
Poar la France.................... » B 2S
Pour la Snisse......................... » 2 90
Poor la Hollande . . ,.................» 2 7S
Ponr l’Angleterre......................» 3 70
( Tous frais compris )
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Relieur-Libraire. — A Pignerol, chez M.' J. Chiantore Imprimieur Libraire — A Turin. chez J. Js. Tron Libraire, portici
della Fiera, num. 25. — A Florence à la Librairie Evangélique,
rue Panzani.
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Pour tout ce qui concerne l’administration et la^daction,
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