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Neuvième année
N. 43.
Vendredi 6 Novembre 187*4
{J
OQ
L’ÉCHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDÔMADAIRE
Spécialement consacrée anx inKVéts matériels et spirituels
de la Famille Fandoise.
Qae toutes les choses qui sont vériUblee.t.^.
vos pensées — { PhiHppiens., IV.'<!.)• ■*
PRIX D ABONRIHBRT ;
Italie, H domicile ('ut? an) Kr. 3
Suisse................* 5
France................* 6
Allema^'ne 6
Angleterre , Pays-Bas . « 8
Cn numéro separé : 5 cent.
Vn numero arriéré : 10 cent.
BOREAUX D’aBOHNENEMT
PiaNBRoL : Chez Chian/ore et
Mascarelli Imprimeurs.
Klorence : Libreria Evange.
lica, via deTanzani.
ANNONCER: SO.cent. la ligne
ou portion*^e ligne.
Lettres et envois franco. S'a
dresser pour l’administration
et la rédaction a U Direction
de VEcho des Vallées, Torre
Pellice.
iSommaire.
Conférence des Eglises du district Lonabard-Vénitien. — Encore deus mots de
réponse à VUnità. — Retue politique.
A propos des élections. — Annonce.
A. vis
.Vous prions instamment nos abonnés, qui sont en retard de se mettre
en règle en nous envoyant directement ou une lettre chargée ou un
bon sur la poste.
La Rédaction.
COKFÊKENCE DES EGLISES
In District Lombard-Venitien
Les membres de la Conférence
ont adopté à l’unanimité l’appellatif de Valâese pour les Eglises
de notre mission en Italie. Eli
le sont en effet pour plnsieu
motifs que mes lecteurs conuaii
sent aussi bien que moi. Basé sur
cette connaissance et sur le fait
mentionné, je me flatte de pouvoir pendant quelques minutes in
téresser les Vaudois dont l’horizon
n’est pas borné à nos hautes montagnes, en leur donnant un rapport concis , et fidèle, de ce qui
s’est dit pendant les Conférences
de Guidizzolo, petite ville (paese)
située à la distance de six kilomètres au SE de la ròcca de Solferino. Les soldats du Christ foulaient le sol arrosé par le sang
des soldats de l’indépendance italienne. Toutes les églises du district étaient représentées par deux
membres de leur conseil d’Eglise
respectif, par l’évangéliste et par
un diacre; à l’exception de celle
de S, Fedele d’Intelvi, représentée
par le maître évangéliste seulement.
Le mardi, 27 octobre, à 9 heures
du matin, les conférences furent
;jp-ées par un discours de M.
sident de la session prée Brescia. Après avoir
itrcjll de l’Epître aux
ns, l’orateur exhorte son
e à l’humilité et à la charité chrétienne fondée sur l’imitation de Jésus. Le chant et une
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prière fervente qui, remettait à
Dieu la présidence suprême de
nos délibérations terminèrent ce
culte, qui par la grâce de Dieu, fit
pénétrer dans les esprits et dans
les cœurs cette entente et cette
cordialité chrétiennes qui doivent
distinguer tous les débats des enfants du Dieu d’amour.
Les procès verbaux des Conférences de Brescia ayant été relus et
réapprouvés, M. J. P. Pons, président de cette session par ordre
d’ancienneté dans le ministère ,
adressa à l’Assemblée un discours
trèsutilesur l’utilité des conférences
de district. (J’ai souligné les mots
U’ès utile et utiliXé, car plusieurs
personnes ont attaqué la raison
d’être des conférences). La substance de cette allocution peut se
concentrer dans l’image suivante
employée par l’orateur: Comme
pour la fabrication d'un édifice
quelconque, les plans de l’architecte et les dispositions écrites
des ingénieurs ne suffisent pas à
son érection sans l’œuvre matérielle de maîtres-maçons et des
simples ouvriers ; ainsi pour la
constitution de nos églises, les
conférences générales et l’œuvre
du Comité ne suffisent pas, mais
nécessitent le travail plus modeste,
mais non moins utile, des conférences partielles et des conseils
des Eglises. La charge’ de secrétaire des conférences fut confiée
à M. J. Pons Karrer.
D’après l’ordre du jour indiqué
dans le Progel d’organisation des
Eglises, les différents députés furent
appelés à présenter leur rapport
sur l’état spirituel et matériel de
leurs congrégations. Je serais beaucoup trop long si je voulais ici
donner une idée des rapports
qui "ont été lus; sur les points
essentiels les églises offrent, â peu
d’exceptionsprès,les mêmes symptômes; les rapports offrent peu
de différence avec ceux qui ont
étés présentés au dernier Synode
et qui sont encore présents à la
mémoire de mes lecteurs , en
sorte que je me borne à quelques
remarques sommaires. D'abord le
mal, ensuite le bien. Les églises
en général sont pauvres ; elles font
des sacrifices, il est vrai, mais
leurs ressources sont absorbées
par les frais du culte et par Hes
secours nécéssaires aux malades;
sauf quelques exceptions, elles
sont composées de personnes qui
doivent gagner leur pain et celui’
de leur famille et vivre au jour le
jour, et qui lorsqu’elles tombent
malades laissent leur famille dans
la gêne ou dans le plus complet dénûement. L’élément ouvrier domine dans presque toutes les églises, et ici je ne puis m’empêcher
d’ajouter une paille au nid en disant: les Vaudois ne pourraientils pas être plus généreux, d’abord envers eux mêmes, en subvenant dans chaque paroisse à
tous les frais du culte, ensuite
envers leurs frères - d’Italie dont
la situation temporelle est bien
plus précaire que la leur ? La charité ne recherche pas son propre
avantage, mais elle supporte tout,
même les plus grands sacrifices,
et selon Saint Paul, les sacrifices
pécuniaires sont considérés comme
les plus légers.
3
-363.
Deux églises, celles de Vérone
et de Guastalla, doivent surtout
maintenant être l’objet des prières
de tous ceux qui aiment notre
mission, car elles se sont refroidies; leur vie religieuse est pâle
et défaillante ; les cultes sont peu
fréquentés et les contributions ne
donnent Ipas tout ce que l’on en
pourrait attendre. Devons nous
l’attribuer aux changements trop
fréquents des évangélistes? Je ne
sais. Peut-être y sont-ils pour quelque chose; mais la vie en Dieu
ne réside pas dans le plus ou
moins d’éloquence de la parole
humaine ; la prédication de Saint
Paul était en esprit et en puissance et non dans les beaux discours de la sagesse humaine ; la
demeure de Jésus par le SaintEsprit dans le cœur des fidèles,
habitation qui doit faire leur vie
et les rendre avides de la Parole
de vie ne dépend pas du succès, mais de Dieu et de la purification personnelle et individuelle
du cœur. Venons aux faits plus
consolants. Grâce au zèle infatigable de M. Turin, et grâce à la
générosité de quelques chrétiens
l’église de Milan possédera, sous
peu, un hôpital pour les malades
pauvres de cette congrégation. Cet
hôpital est bien modeste, il compte , sauf erreur, trois lits; mais
de ces trois lits nos frères infirmes ne verront plus les figures
grimaçantes ou hypocrites de leurs
persécuteurs ; les nonnes et les
moines qui se plaisaient dans les
hôpitaux civils â leur faire goûter
dès ici-bas tous les tourments
de leur purgatoire ; dorénavant,
comme le disait avec un peu de
naïveté M. Turin, les pauvres de
mon église pourront mourir tranquillement. La congrégation de
Venise s’est accrue d’une douzaine
de membres ; les cultes de cette
église sont toujours très fréquentés et bien que la diversité des
éléments qui la composent offrent
beaucoup de soucis et beaucoup
d’appréhensions à ses évangélistes,
on est heureux de la certitude
qu’un noyau puissant de chrétiens
sérieux et fidèles présentera toujours des consolations inépuisables et des sujets de reconnaissance envers Dieu.
Les églises de Castiglione et de
Guidizzolo donnent beaucoup d’espérances (je prêche ici un [peu
pour ma paroisse ), l’œuvre y est
importante et nécessite la présence
à Castiglione d’un évangéliste stable qui serait en devoir de parcourir les environs; car plusieurs
frères sont dispersés dans les différentes localités avvoisinantes et
avec de la patience et avec l’aide
de Dieu, ces frères pourraient devenir autant de points d’appui
pour de nouvelles petites congrégations.
Je crois vous avoir dit ce qu’il
y avait de plus saillant dans les
rapports des différentes églises: le
nombre de leurs membres vous
est connu, le chiffre approximatif dé leurs contributions aussi ;
en sorte que je me permets de
passer à la secondie partie des
conférences, c’est-à-dire à l’examen du projet d’organisation des
églises évangéliques de la mission
vaudoise, projet élaboré par le
4
Comité d’évangélisation et proposé
à l'acceptation des églises.
Dans la séance du mercredi 28
octobre, les représentants des diverses églises furent appelés à
présenter leurs observations sur
le projet. Leur énumération nous
conduirait bien loin et puisque
les églises se rencontrent sur plusieurs d’entre elles, bornons nous
h mentionner les paragraphes modifiés ou mieux accentués, laissant
de côté et le nom des proposants
el les discussions sur les mots,
vu que cette omission n’emporte
avec soi aucune conséquence sérieuse.
Les paragraphes suivants sont
modifiés comme suit:
§ 2. Les conditions requises pour
faire part de l'Eglise sont les
suivantes :
a) Admettre les Saintes Ecritures
révélées de Dieu ¡comme l’unique norme de la foi ;
b) Croire en .Tésus Christ comme
en l’unique Sauveur et médiateur. (V. Conférences de
Pise).
c) Avoir une conduite conforme
à la vocation chrétienne ;
d) Se soumettre au gouvernement de l’Eglise.
§ 7. On ajoute à la lettre b: les
églises qui paieront la moitié
des honoraires du pasteur,
auront le privilège d’être consultées pour la nomination
de celui-ci, ^
§ 8. Ajoutez que : le conseil d’Eglise ou 1i3 des membres dé
l’Eglise ont le droit de demander la convocation ‘dé
l’Assemblée d’Eglise. (V. Conférences de Pise).
§ 9. Ajoutez : sauf les cas renvoyés
par le Conseil l’Assemblée
de l’Eglise et qui doivent
être votés par les 2[3 des
membres présents.
§ 17. Les anciens sont nommés
pour S ans (y. Conférences
de Pise) et les diacres pour
2 ans; ils sont réeligibles.
§ 26. 2 b. Les conférences de district ont la responsabilité de
toutes les pétitions ou de toutes les plaintes qui pourront
être faites par les églises à
l’assemblée générale, au sujet
des délibérations.
§ 29. La Conférence générale se
réunit tous les 3 ans etc.
(comme le projet).
I.’assemblée accepte ensuite à
l’unanimité une proposition de l’Eglise de Brescia, conçue à peu
près dans ces termes : Nous proposons que chaque membre d’une
église ait sur lui un certificat apte
à le faire reconnaître par les frères des autres églises d'Italie de
notre mission. Le certificat devra
être révisé chaque année, et, à
chaque voyage, pour éviter les falsifications ou les impostures.
Ou adopte ensuite, sur la proposition du diacVe envoyé de Verilsè, ce que nous avons dit en
côTOmençant, c’est-à--dire que chaqaé église de notre mission doive
se üommer : Chiesa Evangelica ¥alâeie. ’
il fie faut pas que j’oublie d’ajouter queMM. Turifi et J. P. Pons
ie soir de chaque jour des conférences distribuèrent le pain de
5
—355
la parole de Dieu à un auditoire
nombreux, recueilli et bienveillant.
Je n’énumère pas toutes les remarques et toutes les propositions qui
furent faites encore vers la fin de
la dernière séance; mais au risque
d’importuner les lecteurs de l’Echo
et d’être excommuniépar les membres du Congrès pédagogique, je
me permets d’ajouter quelques
mots au sujet d’une modification
proposée au § 16 du projet, mais
qui n’a pas été acceptée.
.\r J. Buffa maître Evangéliste à
Guidizzolo voulait que l’on privât
les Conseils d’Eglise de la surintendance des écoles. Il soutenait, comme on l’a soutenu au
Congrès pédagogique, que l’Ecole
est tout à fait indépendante de
l’Eglise et que Conseil, Pasteurs et
Diacres, n’ont rien à y surveiller.
Les membres du Congrès parlèrent
en vue du principe, c’est sur ce
terrain que je désire poser une
question purement de principe.
Aux yeux du Comité d’Evangélisation et de toute personne sensée
l’école dans nos missions fait-elle
partie intégrante de l’Eglise, oui
ou non?
Je réponds franchement; oui, et
j’ajoute sans crainte, que les écoles
doivent être soumises à la surveillance des Conseils d’EgUse. 1. Parcequ’elles sont le berceau des futurs membres de l’Eglise; 2. par^
cequ’elles n’auraient pas de raison
d’être, vu la bonté des écoles communales ou muniqipales, si leur
but premier n’était pas l’Evangile; 3. parceque des élèves étant
poqr la plupart les enfants dns
membres des églises, il est naturel que le conseil qui est le
représentant des membres de l’Eglise ait voix en chapitre, le cas
contraire rentre dans la seconde
raison; 4. parceque le Comité qui
paie, malgré toute la confiance
qu’il a en M.M. les Instituteurs a
le droit et le devoir d’établir un
système de surveillance qui lui
convienne.
Le Pasteur et l’Evangéliste sont
surveillés, pourquoi les Régents
ne le seraient-ils pas? L’Evangéliste se trouve sous une quadruple
surveillance, celle du Comité, celle
du Pasteur, celle du Conseil d'Eglise, celle de l’Assemblée d’Eglise;
le Régent seul aurait le privilège
de se soustraire à toute autorité.
L’instituteur, du reste, fait toujours
partie ou du Conseil ou de l’Assemblée d’Eglise, ayant ainsi le
droit et le devoir de faire ses
observations et de les soumettre
à l’examen de l’Assemblée entière.
L’école séparée de l’Eglise, serait
un rameau séparé du tronc et vous
dévinez ce qui peut arriver; elle
séçherait.Ces convictions, bien que
personnelles, furent exprimées pendant les conférences, mais je ne
crains pas d’en prendre toute la
responsabilité.
D’un autre côté, si nous laissons
les choses qui sont du ressort de
l’ordrç ecclésiastique et si nous
nous mettons en face de l’Evangile
nous verrons que la soumission,
soit chez le Pasteur, soit chez le
Régent, doit être une vertu chrétienne. Saint Paul disait; soumettez vous les uns aux autres dans
la craipte de Dieu, Elru- v, 21.
6
La soumission évangélique est
une soumission sans arrière pensée, sans calcul d’amour propre;
elle est un sacrifice pur et simple
dans lequel il n’y a rien d’âpre ,
rien d’amer ni de pénible, car la
charité en est la source et l’aliment
impérissable. La soumission d’après l’Evangile n’est point fondée
sur la faiblesse’, sur l’infériorité,
sur la politesse à la mode, en un
mot sur une entrefaçon'; mais sur
l’humilité chrétienne qui doit être
la vertu du pasteur, du régent, du
lettré et de l’illettré. Cette soumission n’anéantit pas l’autorité de
ceux a qui elle est donnée par mesure d’ordre dans les affaires de
ce monde et dans celles qui ont en
vue un intérêt supérieur et spirituel , mais d’un autre côté elle ne
détruit pas l’infléxibilité de la conscience du chrétien; au contraire
elle est si intimément liée à la
charité, elle en est une partie si
indivisible, que pour des chrétiens
appelés à vivre dans de continuelles relations elle doit devenir précisément la norme de leurs libertés
respectives,
, Je cr ois m’être suffisamment expliqué, et je termine en disant que
lorsque pasteurs et instituteurs
sauront, à cœur découvert, se donner la main et sentir la charité,
dont ils doivent être animés, les
pénétrer, les envelopper, les unir
comme leurs mains qu’ile se ser
rent, les unissent; ils pourront sans
quitter la sphère de leur activité
être surveillés et être libres, sans
que le pasteur en éprouve de l’orgueil et sans que l’instituteur se
sente froissé dans le sien. Reconnaissant chacun de son côté, ses
faiblesses, ses maux, ses avenirs,
leurs peines, ils se diront l’un à
l’autre:
ünissoDS les, mon frère, ils seront
moins affreux.
P. Long.
ENCORE DEIX DOTS DE REPONSE
à ÏVnità
L’ünità Catlolicà, ainsi que cela
a déjà étéjdit, se rengorge quelque
peu de la louange que, dans notre
impartialité, nous lui avons donnée
de connaître mieux nos affaires
que plusieurs d’entre nous, seulement elle donne lieu à une équivoque qui n’est, nous le craignons,
pas tout-à-fait involontaire ; elle
étend, si nous savons lire, le compliment aux catholiques en général et à leur clergé en particulier,
et part de là pour avancer que
non seulemeni les Vaudois mais
les protestants en général connaissent mal leur histoire. C’est
dire probablement que les catholiques connaissent bien la leur.
C’est trop de générosité, teologo
mio càrissimo, gardez, je vo*us prie,
le compliment pour vous tout enjtier, car c’est à vous seul qu’il
7
J57.
était adressé. Ne le géoéralisez
pas ni pour vous ni pour d’autres.
Je ne parle pas des catholiques
en général, car dire que pays de
catholiques et pays d’illetrés sont
synonimes, serait désormais un
lieu commun , et s’il ne tenait
qu’au clergé, ce serait bien tôt
nuit noire. Nous n’avons qu’à citer
d’un côté la Suède, l’Allemagne,
l’Angleterre, les Etats-Unis — de
l’autre la F'rance , l'Espagne, l’Irlande — et l’Italie, hélas I Mais
parlons un peu de ce clergé lui
même. Chacun connaît ce type, si
universellement répandu, du prêtre
de campagne, sôr prior ou sôr teologo, si ignorant des choses de
l’ârae , si exclusivement occupé
des intérêts matériels de la vie,
qui tient comme une corvée de
remplir en son temps les devoirs... excusez-moi, j’allais dire:
de son métier. — Nous sommes
heureux , en ceci, de nous voir
d’accord avec vos évêques. Lisez
et méditez ce que disait à ce propos celui de Biella en 1847: Ora
il nostro Clero Cattolico è tuttora
molto indietro in tal parte [i) dal
protestante. (Lettera di riscontro
alla circolare di Roberto d’Azeglio).
Je ne dirai pas tout à fait I Ab
uno disce omnes , il y a des exceptions honorables, mais il y en
a tant — en Italie au moins — de
ces prêtres qui répètent tous les
(1)11 s'agit ici d'un déreloppementàdonner
aux facultés de théologie catholique du Piémont pour mettre les prêtres en état de lutter
•oiitrc Us pasteur« pretettanta.
jours les quelques mots de latin
que l’on fit jadis entrer dans leur
.épaisse cervelle ! Vous nous dites
que la masse de votre clergé s’est
maintenue fidèle I Eh I je crois
bien! Ont-i4s jamais rien compris
aux questions qui s’agitent, ont-ils
jamais été en état de choisir, et,
s’ils savent lire, lisent-ils jamais
autre'chose que VUnità, les prêtres
de la masse ?
.Vu reste, que nous venez-vous
parler de métamorphoses? peut-on
vous demander de combien d’années est vieux le dogme de l’infaillibililé, qui a si profondément
métamorphosé votre Eglise que les
plus éclairés de ses enfants , ne
la reconnaissant plus , ont dû la
quitter? Tandis que nous conservions jalousement, à travers les
siècles, la doctrine apostolique ,
votre Eglise a-t-elle fait autre
chose que de marcher de Imétamorphoseen métamorphose? Après
Saint Ambroise qui nie la suprématie de l’évêque de Rome , voilà
Grégoire qui prétend en faire un
article de foi. Qu’avez-vous fait
des décisions du Concile de Francfort qui défendait le culte des
images ?
Qu’avez-vous fait de la bulle d,u
pape Clément qui supprimait solennellement dans le monde entier
l’ordre et la horde des Jésuites ?
Ceux qu’un pape a chassés du sanctuaire, un autre pape, non moins
pape que le premier, les remet au
pinacle. De quelle époque date le
dogme de l’imtnaculée Conception?
8
^S8
Depuis quand cette superstition
nouvelle, dite adoration du sacré
cœur, qui comme un champignon gigantesque menace d’étouffer bientôt le peu qüe votre Eglise
eût gardé de Chrétien ? Bossuet
l’auruit-il cru que le clergé de son
pays en viendrait à ce point,
de donner au peuple des intrigues
d’amour pour des apparitions de
madone et d’ignobles spéculations
pour des révélations d’en haut !
Métamorphosés! Votre Eglise, jadis
chrétienne, l’esté tel point, que
si l’on changeait les noms, si l’on
rendait à vos saints et à vos saintes
les vieux noms de l’Olympe, les
apôtres, revenant sur la terre, pourraient se croire encore au temps
des Césars.
Noo fu nostra inlenzion.
... ch’io fossi figura di sigillo
A privilegi venduti e mendaci
Ond’ io sovente arrosso e disfavillo.
De son temps déjà , Dante voyait
dans votre Eglise , qui était son
Eglise, ces plaies énormes; Rosmini, un des vôtres, un membre
de votre clergé, les voyait du sien
toujours béantes, toujours plus
nombreuses; mais Rosmini même,
vous voyez que nous ne sortons
pas du siècle, ne voudrait pas plus
reconnaître votre Eglise d’aujourd’hui pour la sienne , que ne le
font le pére Hyacinthe, Doellinger,
Reinkens, tant vous êtes métamorphosés.
*
Aussi vous avez raison, maintenez, maintenez le peuple dans
l’ignorance. Ce n’est pas pour rien
que vous, Vünità, que votre confrère dejFrance rilniuers, vous vous
agitez tant contre l’instruction
obligatoire , et vous devez bien
rire, lorsque vous mettez en avant,
à ce propos, un mot que vous
n’avez jamais compris : liberté I
Liberté aux parents de maintenir
dans l’ignorance des enfants qui
ne demanderaient pas mieux que
d’y échapper ! liberté aux prêtres
de faire prendre des intrigantes
pour des madones et le pape pour
un prisonnier ! liberté à la vente
de la paille du cachot du saintpère ! liberté pour vous de bâillonner les autres, liberté de les
brûler quand vous le pouvez; on
en a usé aussi longtemps qu’on l’a
pu, nous en savons, nous Vaudois,
quelque chose! Combattez pour l’ignorance, combattez sans trêve,
car le jour où tout le monde
saura lire, vous, vous aurez peut,
être cessé d’exister. En Suède, où
chacun sait lire, déjà vous n’existez presque plus.
Vous faisiez dans un de vos précédents numéros; —ici vous auriez
mis un chiffre et vous auriez dit. le
jour, le mois et l’année; mais nous
n’avons pas besoin de cette précision que vous jetez comme de la
poudre aux yeux, etj nous n’irons
pas chercher; — vous nous faisiez,
disons-nous, une invitation aussi
solennelle que comique: «Vaudois , soyez honnêtes et convertissez-vous I » Une fois pour toutes
noni vous n’êtez pas la vérité! La
vérité n’a pas vos allures, elle n’a
9
-859
pas pour aides les bûchers, les
massacres, les persécutions que
notre peuple a soufferts. Elle est
comme la lumière du soleil, elle
luit assez pour que chacun la voie
sans qu’on soit forcé de le brûler
pour l’eu convaincre. «Si cetle œuvre est des hommes elle sera détruite, mais si elle est deDieu vous
ne la pourrez détruire • disait Gamaliel dans le conseil des Juifs.
(Actks V. 38, 39). Gamaliel, au point
de vue humain, était moins sage
que vous. Vous vous étez dit; cette
œuvre — l’œuvre de nos pères est
de Dieu: étouffons la de peur qu’elle
ne s’étende et que nous ne perdions notre empire. Ce calcul ne
vous a pas réussi, ne pouvait pas
vous réussir contre cette Eglise ciii
ne ipsius quideni orci portes prmva
lebunl ! De nos jours, on vous a mis
la muselière. —Aussi, épargneznous à l’avenir vos objurgations
ridicules: tempo sprecato , caro teologo, inchiostro sprecato.
Nous savons qui nous sommes,
nous savons qui vous êtes ; il est
à croire que cela suffit I
Revae politique
A PROPOS DES ELECTIONS
En disant que la candidature de M.
Tegas ne rencontrerait probablement
pas d’opposition dans notre collège,
nous nous étions trompés; il a surgi
nne de ces candidatures de la dernière
heure, qui ne permet à personne de
[)eser le pour et le contre, et grâce à
aquelle un certain nombre d’électeurs vont être obligés de voter les
yeux fermés.... à la suite de deux ou
trois chefs de file. La Gazette du Peuple
patronne la candidature de M. Buniva,
que notre collège a déjà eu, dans le
temps, pour député ; et nous n’avons
certainement rien à redire à ce nom
très honorable que l’on nous présente,
encore une fois, au dernier moment :
mais nous nous permettrons de faire
observer à la Gazette que cette prétention de monopoliser le libéralisme,
dans les rangs de ses amis est au
moins singulière : ce núcleo d’elettori
liberali est un mot aussi creux miC
possible, et nous nous croyons, nous les
partisans de M. Tegas, pour le moins
aussi libéraux que les mécontents qui
en portent un autre. La Gazzetla del
Popolo prouve tout simplement par là
qu’elle ne connaît pas le collège dont
elle parle, et que sa bonne foi a été
surprise. Son assurance de voir triompher
son protégé fera sourire tous ceux qui
sont plus au fait qu’elle ne l’est de
ce qui nous regai de. Rectifions, en
passant, une petite insinuation qui mérite à peine d’être relevée. Nous n’avons pas de candidat recommandé par
le ministère, et celui que nous avons
choisi pareeque nous le connaissons,
de longue date se recommande de luimême. Nous ignorons de quel côté de
la Chambre irait s’asseoir M. Buniva;
si nous en jugeons par son passé ce
ne serait pas à gauche — mais nous
savons que M. Tegas sera toujours du
côté de ceux qui voleront les impôts
nécessaires pour atteindre l’équilibre
financier, mais qui voleront aussi contre
toutes les dépenses superflues, dans le
genre de l’arsenal de Tárenle — un
cadeau de joyeux avènement que nous
feraient certains hommes politiques à
leur arrivée au pouvoir. Nous ne voulons pas, en un mot, d’un de ces députés qui votent aussi régulièiement
toutes les dépenses, qu’ils repoussent
régulièrement tous les impôts. Il est
tel député qui se vantait un jour de
n’en avoir jamais voté un seul ! Nous
ne sommes pas dupes ici de ce patriotisme à bon marché. Certes le programme du parti àcluellement au pouvoir n’est pas parfait, mais que ses
adversaires en présentent un autre afin
que nous puissions au moins choisir.
Avec le ministère actuel, nous savons
10
-98û
à-peu-près où nous allons; nous n’avons, en revanche, pas encore pu bien
comprendre où nous conduirait un
ministère de gauche, et le peu que
nous entrevoyons des intentions de ce
parti, ne nous encourage pas à le suivre,
^s expédients financiers — voir le discours de Nicotera — nous pai’aissent
bien plutôt du domaine de la haute
fantaisie que de celui de la réalité
où nous vivons, et nous n’hésitons
pas à avouer que nous avons peur de
gens qui se sont, en toute occasion,
montrés si grandement dépensiers, et
3ue nous nous demandons avec des
outes très légitimes, où ils prendront
de l’or en barre. — Voilà, une fois
pour toutes, à quoi se réduit notre
ministérialisme. Dans les relations extérieures le parti modéré a dirigé avec
prudence et habileté la barque de l’Italie; à l’intérieur, cela aurait pu aller
mieux, mais nous ne voyons pas que
ce mieux , aucun autre parti ne soit
mis en mesure de nous le donner. Pas
d’impôts nouveaux, si possible ; des
économies , en tout cas; l’équilibre du
budget à tout prix; liberté civile, politique et religieuse. Voilà notre programme électoral.
Nous rappelons à nos lecteurs que
M. Tegas n’a jamais appartenu à la
triste cohorte des députés du télégraphe
et que son concours, s’il n’a pas été
des plus bruyants, a certainement toujours été des plus utiles » la Chambre
et au pays. Nous ne sommes pas de
ceux qui qi'oient qu’un député doit
être surtout le chargé d’affaires de son
Collège auprès du pouvoir, mais noqs
pensons qu’il doit se considérer comme
le représentant de la Nation tout entière, et comme tel s’élever au dessus
des intérêts de clochur. Cependant M.
Tegas n’a jamais négligé, dans la mesure de ses devoirs, de nous rendre
les services que sa position lui per, mettait de nous fendre» et il ep sera
de même à l’avenir. En un mot, nous
voterons pour M. Tegas pareequ’il n’a
en aucune manière démérité. C’est ce
qu’ont tenu a exprimer quelques électeurs influents du Collège, par une protestation envoyée à la Gazette du peuple
protéstation que nous traduisons ici;
« Les soussignés électeurs du Collège
de Briquéras, tout en exprimant leur
étonnement au sujet de la mise en
avant de la candidature, pour eux
chose toute nouvelle, du Commandeur
Buniva comme député de ce Collège,
déclarent que le député sortant de
charge, loin de ne pas exprimer l’opinion (lu Collège mérite au contraire,
à tous égards, d’être réélu, et que précisément pareeque ils sont aussi libéraux que ceux qui en combattent la
réélection, - ils voteront en masse pour
le commandeur Tegas qui n’a en rien
démérité de la cou/iance qu’ils ont
toujours eue en lui ». ^
fSuivcnl les Signatures].
Les électeurs libéraux nous n’en
doutons pas, confirmeront, dimanche
prochain, par leur vole celle protestation.
Annonoes.
MIEL A VENDRE
1 En rayons vierges fr, 2,50 le kilog.
3 En vases » 2 >
3. » » t ,60 »
S'adresser à Emmanuel Tourn (te
Rorâ.
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E. MAI.AN Direcleux-Gérant.
pignmrQi, impr. Cbifuitwe et MascareUi-