1
Année Neuvième.
PRIX d'aubonnkment par an
Italie . . .. li. 3
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Annonees; S5 centimes pB/ ligAï«*Les «»ïtîüi« d'ai‘gent se lopt par
lettre î’ecotmnanciee ou pai
mandais, sur le Bureau de Pe>
fosti Argeniina.
^'üur la rédaction adraefiet
ainsi : A la lilretriion du 2'é»ioin,
Pojiiaretto ('PIneroio) Italie.
l’ouT r ADMTSISTRATtON adres
scrainsi; A T Administration du
Témoin, Pomarelto {PineroldJ
Ualiei
LE
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOtSES
Paraissant chaque Vendredi
Koiis me serez témoins. Actks '1, 8,
Suitrant la vérité avec la eharilé. Bp . 1,1&]
SSoxnmalre.
16 Février. — Comspo«ditncfi. — On
cünuait l’arbre à .son fruil. — A propos
de quelques observations sur l’anliquité
des Vauddis d’après leurs anciens mamiMi'Ni T JVuMeeili# BfiitffieMses.
10 rî’évrier
Alors ceux qui craignent l’Eternel
ont parlé l'un à l'autre et l'Eternel
y a été attentif et Va ouï. MalaCHiE ni, i6.
Le retour de la captivité de
Babylone révèle chez le peuple
d'Israël un remarquable et très
heureux changement au point de
vue religieux. Ce n’est pas que la
piété vivante soit générale chez
ces milliers de familles qui ont
repeuplé Jérusalem et la contrée
voisine, même chez ceux qui ont
volontairement concouru à la reconstruction du temple et des
murs de la ville sainte. Et comment en serait-il ainsi puisque les
sacrificateurs, c’est-à-dire les conducteurs spirituehs du peuple, sont
convaincus d’avoir corrompu l'alliance de Levi, d’en avoir fait
broncher plusieurs dans la loi,, en
ayant égard à l'apparence, dep p;orsonnes? (u, 8-9)..Ce qui distjiUgne
ce petit résidu, racheté de l’exi],
de la multitude des auçiena; haibitants d’Israël et de Juda, c¡’est
qu'il est radicalement guéri d©
l’idolâtrie, de cette pçste cananéenne qui avait exercé ses funestes ravages chez le peuple de
Dieu, presque dès son entrée dans
la terre promise. Nous avons dit
que les juifs en sont radicalement
guéris , car non seulement les
prophètes qui leur ont parlé après
le retour de la captivité ne leur
adressent aucun reproche à cet
égard, mais jusqu’aux jours du
Messie, et jusqu’à aujourd’hui ce
peuple a constamment professé
une salutaire aversion pour les
idoles. Aussi lorsque ae nos jours
la conscience se réveille chez quelqu'un de ces enfants d’Abram selon
la chair, et que la loi donnée à
ses pères, .'est impuissante à' lui
procurer'la pp.ix , est-ce au christianisme évangélique, plutôt qu’au
catholicisme, qu’il la demande,
parc.equ’il a en horreur les images dans les lieux de culte, en
même 'tbmps que le, culte des images mêmes.
»1
'li
2
,50.
Mais en rejetant l'idolâtrie proprement dite, c'est-à-dire, le culte
des faux dieux, les Israélites ont
donné une plus grande place dans
leurs cœurs à l’idole qui de tout
temps a compté plus d'adorateurs
que le vrai Dieu et que toutes les
divinités payennes, savoir à l’amour des richesses. C’est par avarice qu’ils jurent faussement, qu’ils
fraudent le loyer du mercenaire,
qu'ils oppriment la veuve et l’orphelin et qu’ils font tort â l’étranger (ui, 5). C’est par une hideuse avarice que, voulant offrir
un sacrifice, ils amènent un sacrificateur une bête aveugle, ou
boiteuse, ou malade, ou même
qu’ils ont dérobée. Et lorsque ce
culte hypocrite et souillé qu’ils
rendent à Dieu ne leur procure
pas d’abondantes bénédictigns,
ils murmurent en disant: c’est en
vain qu’on sert Dieu et qu’avonsnous gâgné à garder ce qu’il a
commandé de garder? (m, H).
Aussi ce petit peuple, quoique
nettoyé de la souillure de l’idolatrie et plus que jamais distingué
de toutes les autres nations par
ses croyances et par son culte,
a-t-il besoin de serrer humblement
dans son cœur cette parole de son
Dieu : « Parceque je suis l’Eternel
et que je n’ai point changé; à
cause de celà enfants de Jacob
vous n’avez point été consumés »
(m, 6).
Voilà ce que comprennent,»et
que croyant ceux dont parle Malachie dans le verset que nous
avons insgrit en tête de ces lignes: « Alors ceux qui craignent
l’Eternel ont parlé l’un à l’autre,
et l’Eternel y a été attentif et l’a
ouï», — Si les méchants tiennent
conseil ensemble pour opprimer
et pour piller le pauvre et le faible , sachant que pour eux aussi
et pour leurs entreprises criminelles, l’union fait la force, combien plus les gens de bien, dans
le sentiment de leur faiblesse in
dividuelle, doivent-ils éprouver le
besoin de s’entendre pour se soutenir mutuellement dans une œuvre commune, et afin d’opposer
une barrière efiicace à l’envahissement de l’impiété. C'est leur
devoir envers le Seigneur qu’ils
veulent servir ; c’est aussi dans la
plupart des cas, la condition absolue de leur propre salut. Et la
glorieuse promesse qui leur est
faite est bien propre à les encourager dans l’accomplissement de
ce devoir. «Ils seront miens, a
dit l’Eternel des armées, lorsque
je mettrai à part mes plus précieux joyaux; et je leur pardonnerai, ainsi que chacun pardonne
tt son fils qui le sert ».
Dans un temps ou l’iniquité
s’est multipliée, oh les ennemis de
Dieu et de tout ce qu’il y a de
bon sur la terre forment entr’eux
de ces ténébreuses sociétés au
sein des quelles on trouve rarement un délateur et qui ont déclaré une guerre d’extermination
à tout ce qui subsiste, pourquoi
ceux” qui craignent l’Eternel ontils tant de peine à s’unir pour se
défendre ? En particulier lorsqu’on
voit au sein des sociétés chrétiennes non seulement des multitudes
mondaines et indifférentes, mais
des hommes en nombre toujours
plus grand qui rejettent ouvertement les doctrines évangéliques ,
qui se sont publiquement dépouillés même de toute apparence de
piété, pourquoi les enfants de
Dieu trouvent-ils tant de difficultés à se rapprocher sincèrement,
à s’entendre et à s’unir étroitement pour la défense de leurs intérêts communs les plus chers?
Il y a dans toutes les églises un
certain nombre d’unités vivantes,
éparses ici et là, qui souvent ne
se connaissent pas, et qui répandent à peine autour d’elles comme
la faible lueur d'un crépuscule.
Les unes sont timides et trop
défiantes d’elles-même.s ; d’autres
3
-51.
sont peureuses et ne demandent
qu’à être ignorées des hommes,
satisfaites de savoir que le Seigneur les connait. D'autres encore
attendent dans le repos et l’inaction, de recevoir d’en haut quelque appel spécial, auquel elles
sont disposées à répondre, d’autres enfin jugent qu’il est inutile
de se produire au grand jour et
d’aller au devant du mépris ou
de la haine du monde. Tous ces
prétextes ne les justifient pas aux
yeux du maître qu’ils ont promis
de confesser devant les hommes.
Ce n’e.st pas pour être mise sous
le boisseau que la petite lampe
a été allumée. Quel merveilleux
éclat ne parvient-on pas à produire lorsqu’on rapproche l’un
de l’autre plusieurs petits flambeaux! C’est alors que beaucoup
de ténèbres sont dissipées et qu’il
arrive infailliblement que plusieurs de ceux qui contemplent
ces brillantes lumières sont amenés à glorifier le Père qui est dans
les cieux.
Si le sentiment du devoir n’est
pas un stimulant assez énergique,
serions-nous insensibles à la promesse « d’être mis à part comme
les plus précieux joyaux du Seigneur? »
®orrc0)joubance
.. 7 février 1883,
Honoré Monsieur le Directeur^
Voici ma seconde leltre, qui n’est
que la continuation de la première,
puisqu’elles traitent l’une et l’autre
de Vémigration dont on s’inquiète,
que l’on - voudrait entourer de garanties propres à la diminuer, ou bien
diriger a l’intérieur pour la rendre
bienfaisante à la patrie.
Comme je lis très irrégulièrement
les journaux politiques, il m’est ar
rivé celle chose très carieuse, savoir
3ue le compte-rendu, très sommaire,
c la séance de la Chambre où l’on
s’est occupé de l’émigration , m’est
tombé sous les yeux en même temps
que le projet dè loi sur la taxe iniliUiive dont l’efi'elsera infailliblement,
si le Parlement venait à l’adopter, de
pousser violemment à l’émigration
précisément cette classe de citoyens
que le pay,s a le plus besoin de
garder.
La question est d’ailleurs aussi
simple que possible. Le Ministre de
la guerre a besoin pour alimenter la
caisse militaire d’une douzaine de
millions; il les demande au ministre
des finances qui ne peut pas le.s lui
donner. Il s’agit de les trouver. Mais
où les prendre? L’impôt sur la mouture les aiii'ait largement fournis.
Mais il est aboli en partie; il le sera
entièrement dès l’année prochaine,
et on n’a pas mal de soucis dès maintenant pour combler l’énorme vide
qu’il va laisser. — Impossible de taxer
encore directement la propriété foncière. Les soixante mille petits propriétaires qui, dans ces iieù/'dernières
années, ont été dépouillés de leurs
cabanes cl de leurs petits lopins de
terre, pareequ’ils n’en pouvaient pas
payer les taxes, ne sont pas sans inspirer au fisc quelque appréhension,
et à lui imposer un peu de réserve.
11 y aurait probablement plus à perdre
qu’à gagner, si l’on essayait d’élever
l’impôt de Rklmse mobiliaire qui est
fixé au chiffre très respectable de Vâ
et 20 ü|0.
'fout bien considéré, le plus sûr
est encore de faire appel au patriotisme des italiens. Il est vrai que la
patrie est libre et indépendante, mais
elle ne peut conserver ces biens qui
lui ont coûté a.ssez cher, qu’à la condition d’être armée jusqu’aux dents.
Et comme, à pari les radicaux , socialistes et meme les républicains,
qui ne l’aiment pas, l’armée est considérée par la nation toute entière
co.mme le boulevard de notre indépendance, on a pen,sé que tout sacrifice demandé en son nom serait
joyeusement offert.
4
52
'X^WV
Le calcul est habile, ce qui ne
l'empêche pas d’être erronrié et c’est
ce dont on ne tardera pas à se convaincre soit lorsque le projet de loi
sera soumis à un examen sérieux,
soit, dans le cas où il recevrait force
de loi, dès qu'on en viendra à l’application de la taxe.
Voici en deux mots en quoi elle
consiste. Tous les hommes ayant atteint l'âge réglementaire de 20 à 21
ans doivent payer le tribut à la patrie, les uns personnellement par le
service militaire, les autres par le
payement, pendant douze ans consécutifsy d’une taxe fixe de 6 fr. par
an, laquelle est doublée si la famille
à la quelle ils appartiennent est en
état de la supporter. — Je n’ai nul
souci des riches habitants des villes,
ou grands propriétaires qn’un nouvel
impôt de deux ou trois fois douze
ù-ancs ne ruinera pas. Les ouvriers
et artisans des villes qui exercent une
profession ou un melier lucratif ne
seront pas écrasés par celte taxe; et
d’ailleurs s’ils sont laborieux, mais
qu’ils se sentent chargés outre mesure, il leur est comparativement facile d’aller porter ailleurs leur talent
et leur travail.
Les plus à plaindre, ceux pour qui
la taxe dont il est question sera
nécessairement écrasante, ce sont
les petits agriculteurs, surtout ceux
qui peuplent les vallées des Alpes et
des Appennins. Pour m’en convaincre
moi-même, j’ai pris presque au hasard, parmi celles qui iiie sont le
mieux connues, une famille d’agriculteurs, riches en enfants beaucoup
plus qu’en terres. Gomme elle habite
non pas dans nos meilleures régions,
mais dans une des moindres, elle ne
paye que 4 à 5 francs d’impôt royal
et le double d’împôl provincial et
local. N’ayant presque rien à vendre,
le payement des tailles est toujours
pour elle une grave affaire. Le fils
aîné, ayant tiré un bon numéro a
été assigné, il y a six ou sept ans,
à la 2® catégorie. Le second est soiis
les armes, ol le troisième a été réformé pour infirmité qui lui rend i.c
travail des champs non pas impossi
ble, mais très difficile. Le pauvre B.
privé de son meilleur travailleur,
devra désormais payer une taxe de
douze francs poui' les deux fils qu’il
a auprès de lui et cela pendant douze
ans Qui sait môme si les experts qui
évalueront sa petite maison , ne jugeront pas qu’ayant une vache et trois
brebis dans son écurie, il peut être
frappé d’une taxe égale à la première, et cela aux termes de la loi ?
Certes le patriotisme est une belle
et noble chose, mais nul n’a le^ droit
de l’imposer à des estomacs vides,
et si l’on prétend que la taxe proposée est équitable parcequ’elle est à
large base, et n’admet aucune exemption, je soutiens qu'elle est injuste
et dure pour une partie notable dç
ceux aux quels on l’appliquera. Tout
le monde connaît le mot fameux de
celte Comtesse à laquelle on parlait
de gens mourant de faim: «Plutôt
que de mourir de faim, je mangerais
du pain et du gruyère ! » Ils demandent moins ceux que menace ce nouvel
impôt; ils vous laissent le gruyère,
mais, par charité, laissez leur le
pain !
Et quand on verra l’émigration
reprendre les proportions des premières années, môme de plus considérables, on ne manquera pas d’interpeller, de demander des informations
de tous côtés, de faire une enquête
sur les causes de ce dépeuplement
de nos contrées montagneuses, mais
ce sera trop lard. Lorsque le découragement s’empare du petit agriculteur, il n’est plus au pouvoir de
personne de le retenir. 11 ne trouvera
pas d’acheteurs pour ses terres d’où
il a tiré tout ce gu’il a pu, de manière ou d’autre il réussira a passer
l’Océan en se disant à lui même qu’il
ne sera nulle part plus pauvre qu’ici.
Il a fallu neuf aimées pour exproprier 60.000 petits contribuables pauvres et insolvables vis-à-vis des finances ; sous l’empire de la nouvelle
loi, si elle est adoptée, il n’en faudra
pas siæ pour doubler ce chiffre.
IIOMO SUM.
5
,53-~
iMos, 5 Février 1883.
Cher Monsieur le Rédacteur,
Ce n’est pas le bon vouloir qui
manque pour écrire, ni même tant
la raalière: mais on ne se dit pas.
Il il fautj). Gomme j’ai pris un demi
engagement je suis bien aise d’avoir
à rompre la glace.
C’est un bon stimulant, que celui
de s’engager a quelque chose. Tenez,
hier seulement en sortant du temple
je reçus quelques sous d’un bon père
de famille qui me dit : c’est ma fille
Catherine qui envoie cet argent de
Marseille. Elle médit qu’elle vous le
doit... — Je comprends lui répondisje: votre fille est membre de l’Association des Anciens-Catéchumènes.
Ceci est sa contribution annuelle en
faveur des œuvres missionnaires. Je
me réjouis beaucoup de voir qu’elle
n’a pas oublié son engagement. C’est
un exemple entre plusieurs de ta
même espèce que je pourrais citer.
Puisque je viens de parler d’Association, j’ajouterai deux mots à ce
sujet.
Depuis notre réunion générale de
la fin de Novembre dernier, nous
avons eu, dans les 4 ou 5 principaux
centres de la paroisse, une 8“ d’autres
de ces réunions pour la jeunesse.
Cela donne de l’espoir au cœur
on voyant ces chers jeunes gens, nos
calécluimônes de % .8, 4, 5 ans passés,
se placer devant nous, leur Bible à
la main et lire avec nous la Parole
de Dieu. Beaucoup d’autres membres
profitent de ces réunions d’entretiens
familiers, i^ous comptons les continuer jusqu’à la réunion générale du
printemps.
Nous avons profilé celle année de
notre ancien temple, pour la fête
des enfants, à Noël. Le vieil édifice
était comme transformé, ainsi orné
et illuminé comme il l’était pour la
fête. On ne pouvait que jouir en
présence d’une telle famille de 150
jeunes figures, toutes brillantes de
la joie la plus pure. Nous espérons
y retourner souvent.
C’est cependant dans le nouvel
édifice que nous avons trasporté
notre Ecole du Dimanche. Dans ce
vaste local, chaque moniteur peut
isoler son groupe dans le coin qu’il
préfère et lui parler sans être dérangé
par son voisin. Tous les groupes se
réunissent autour du directeur pour
une courte explication finale, léchant
et la prière.
C’est depuis les hameaux les plus
reculés de la paroisse que nous arrive chaque Dimanche matin, toute
cette jeune génération, l’espérance
des familles et de l’Eglise. Nous
considérons comme un grand point
gagné pour ce.s enfants si, dés leurs
jeunes années , ils s’habituent à
prendre le dimanche le chemin du
temple. C’est pourquoi aussi, nous
croyons, qu’il va un avantage réel à
rapprocher le plus possible, pour le
local et pour les heures, l’école du
Dimanche de l’Eglise et du service
de l’Eglise.
Grâce au rapprochement, plusieurs
de nos enlhnts profitent, chaque Dimanche, du service principal.
Le chant surtout y gagne beaucoup. C’est ordinairement par un
chœur d’enfants que le service s’ouvre.
Le changement de local s’est effectué sans avoir eu à signaler aucune
défection. Nous avons gagné par contre une moyenne de 50 auditeurs de
plus par Dimanche.
Nous y sommes bien ; et nous
pourrions nous dire heureux, sans
la pensée peu agréable du déficit.
Votre tout dévoué
M.
Ou roiiiiail l’arbre à son rrnit
Par une belle journée du mois de
Juin, un vieillard, le dos courbé, la
tête penchée vers la terre, suivant
la coutume de ceux qui sont habitués
à l’arroser de leur sueur, cheminait
sur la lisière d’une jolie propriété,
plantée d’arbres fruitiers. Sons un
magniliqué cerisier chargé , de su
. )
4
6
■ 54
perbes fruits, le propriétaire bourgeois-paysan, riche, instruit, admirant d’un œil satisfait la bonne apparence de sa récolte, accosta le
vieillard, l’arrèla dans sa marche
par un jovial et satisfait bon jour,
et engagea avec lui une conversation
qui fut amenée sur le terrain religieux.
— On m’a dit, lui dit-il, que tu
avais changé de religion, serait-ce'
vrai?
— Changé de religion? répondit
le vieillard d’un air étonné, depuis
que j’ai appris à connaître Dieu, à
admirer sa puissance,-.à éprouver sa
bonté, je me suis toujours efforcé
d’être chrétien, et j’estime qu’il ne
peut y avoir qu’uiie seule religion
au monde, comme il n’y a qu’un
seul Dieu. Il m’aurait été par conséquent bien difficile de changer de
religion.
— Enfin à ce qu’on dit, tu ne vas
plus à messe, tu ne mets plus les
pieds à l’église, et le curé m’a dit
que tu étais devenu protestant?
— Tant que j’ai cru que la messe,
le confessionnal', le culte de la vierge
et des saints étaient d’institution divine, j’ai rempli de mon mieux, mes
devoirs religieux, mais aujourd’hui
je possède la parole de Dieu , écrite
en français, que je puis comprendre,
et après avoir lu, étudié cette parole
sainte que l’on nomme la Bible et
l’Evangile, je me suis persuadé que
toutes les cérémonies de l’église romaine n’entrent pour rien dans le
salut des âmes.
_ — Tu me parles d’un livre que lu
dis être la parole de Dieu; comment
peux-tu savoir si ce livre n’est pas
écrit par la main des hommes seulement, et qui mieiyc est, d’hommes
qui ont intérêt à t’entraîner dans
leurs erreurs; qui t’a dit que c’était
la parole de Dieu?
— Quelles magnifiques cerises vous
avez là, reprit le vieillard en regardant
l’arbre fruitier, dont les branches
chargées pliaient à portée de sa
main; c’est dommage qu’elles ne
soient pas bonnes.
— Pas bonnes? tu n’en as jamais
mangé; cueilles-en et tu ne douteras
plus de leur bonté.
Le paysan avança la main, cueillit
une cerise, la mangea, puis dit ensuite: « C’est vrai, elles sont excellentes. Eh bien, monsieur, prenez la
Bible, lisez-la, goûtez-la, comme j’ai
fait de vos cerises, et comme moi
vous reviendrez de votre erreur, et
vous ne douterez plus qu’elle ne
soit la parole de Dieu!»
Le vieillard se ritira, laissant le
riche propriétaire sous l’impression
de ce conseil salutaire.
Société Evangètique
Kécits et sor.venir«
. de qnelquey-uns de ses ouvrier«.
4 prupo$ lie quciqses oitservalions
sur rautiquilé des Vaodois,
d'après leurs anciens raaunscrils
fSaite, <ooir N. 6J. '
L’idée que les MSS. Vaudois de
Genève sont plus récents que ceux
de Cambridge n’est donc qu’une
simple hypothèse qu’on ne peut appuyer sur des faits positifs.
Les copies de la Noble Leçon que
renferment tous ces nianuscrils, y
compris ceux de Dublin, présentent
toutes les mêmes omissions et les
mêmes adjonctions, prosodiquemenl
vicieuses,, avec de nombreuses va-’
riantes d’orthographe et de particules ;
s’ils avaient été écrits sous la même
dictée, il serait étonnant qu’ils n’eussent pas tous la même date, quelle
qu’elle fût.
Dans l’état actuel, il y a deux dates
indiquées par le même vers , selon
les récensions; les MSS. de Genève
et de Dublin, portent:
« Ben ha mil e cent an compli entierament;» c’cs,t le sixième vers de la
Noble Leçon. Les deux MSS. de Cambridge portent, l’un:
« Ben ha mil e cccc an vemfli enlieramenl » c’osl le MS. marqué C , dans
lequel il n’y a que le commencement
7
du poème. L’autre, marqué B, renferme le poëme en entier, et le
sixième vers est ainsi conçu : « Ben ha
mil e k cent an conipli entieramenl »
Le chiffre k a été gratté dans
l’intention évidente de le faire disparaître.
On dit: c’est une altération palpable; nous prenons ici les Vaudois
en flagrant délit de falsification.
Dans le manuscrit G, où les quatre
cents ans sont indiqués en chiffres
romains, cette date occupe trop
d’espace; en l’effaçant le vide laissé
par sa suppression aurait sauté aux
yeux ; mais dans le MS. B où le
chiffre arabe n’a qu’un signe ^ il
était plus aisé de le faire disparaître
sans qu’on s’en aperçut ; c’est ce
qu’on a tenté d’effectuer; mais à la
longue le chiffre gratté se voit encore,
et la fraude est ainsi découverte. La
date de MG. est donc supposée et
celle de MCCCC doit être tenue pour
seule authentique.
Telle est, je pense, dans toute sa
force, l’objection soulevée, et l’argumentation qui l’appuie. Essayons
d’en faire l’analfse, afin qu’on puisse
juger de sa valeur, par celle des
élémenfé dont elle se compose.
Si elle ne se compose que d’hypothèses elle n’aura que la valeur
d’une hypothèse.
On établit en prémisse, que les
MS.S. de Cambridge sont plus anciens
que ceux de Genève et de Dublin; il
en découle naturellement que ces
derniers, ayant été faits plus lard
que les précédents , et n’ayant pas
reproduit la date de mil et 4 cents
ans, mais s’etant bornés à mettre:
mil et cent, ont altéré leur texte de
propos délibéré; ce qui est une imputation des plus graves, mise gratuitement à la charge des Vaudois
auteurs de ces MSS. — Je dis j/rateitemént puisque rien ne prouve que
les MSS. de Cambridge soient plus
anciens que les autre§. — Nous avons
vu au contraire qu’un paléographe
autorisé les déclare tous de la même
époque.
Les réserves que nous avons faites
sur ce jugement, au sujet desftarties
centrales des MS. cjui n’ont pas été
examinées, et qui n’etanlpas toujours
de la même main peuvent aussi
n’être pas de la même date, no
sauraient porter sur la Noble Leçon
qui, par suite des nombreuses inspections dont ce poème a été l’objet,
se présente au regard, presque spontanément, à l’ouverture du livre.
De cette hypothèse, non justifiée,
on déduit logiquement que le chiffre
4 a été gratté dans l'intention de
falsifier le manuscrit; c’est à dire
qu’on part d’une chose qui n’est pas
prouvée, poui» établir la réalité de
celle qui est à prouver.
On en conclut enfin que la date de
ffOO est fausse, et celle de 1400, authentique. C’est toujours l’hypothèse,
avancée comme une certitude.
De plus, la théorie d’après la quelle
les MSS. de Genève et de Dublin
seraient plus récents que les autres,
implique à l’égard de ces deux groupes de MS., qu’ils auraient été formés
à des époques différentes ; ce qu’i!
est impossible de concilier avec ce
fait que leur écriture est de même
date, et que les fautes de prosodie,
les omissions, les adjonctions et les
interversions qui s’y trouvent, sont
reproduites de la même manière sur
toutes les copies.
Ces faits qui demeurent inexplicables , dans l’hypolhèse que nous
combattons, peuvent-ils s’expliquer
dans la notre? — C’est ce que nous
allons voir. fSuileJ.
itouwcllc© rcUjgteu0C0
Italie. — Demain J7 février, la fête -y.,
commémoratrice de ^Emancipation
des Vaudois, devenue la fête des enfants de notre Eglise, sera célébrée
dans toutes nos paraisses. La brochure relative à un fait marquant de
l’histoii’e Vaudoise dont, depuis quatre
ans, deux amis de nos enfants se
sont fait un plaisir de les gratifier,
et qui a si puissamment concouru à
populariser celte fête, a pour sujet
celte année: Janavel, une des plus
8
56
belles figures de héros et de chrétien qui pût leur être présentée.
Cette brochure, du même format, et
ornée de la même couverture élégante et cette fois rehaussée du portrait du héros, a. été tirée à 6000
exemplaires dont un millier sera mis
en vente, au profit d’une œuvre
charitable ou d’évangélisation.
Suisse. Sous la rubrique de: Evangélisalim do l'Italie, nous trouvons
danslaSeMai«eiie/îgfjeti.s0 du 3 février,
l'entrefilet ci-après, exprimant à l’endroit de l’Eglise Vaudoise, une confiance à la quelle elle ne peut être
que très sensible, et qu’elle s’efforcera
toujours plus, nous en sommes certains , de mériter. « De toutes les
œuvres d’évangélisation qui se poursuivent en Italie, la plus ancienne,
la plus solide, celle qui mérite d’attirer en toute première ligne les
sympathies des chrétiens- réformés,
est sans contredit l’œuvre de l’Eglise
Vaudoise du 'Piémont. M. Jean Pons,
pasteur à Naples et membre du Comité d’Evangélisalion de celle Eglise,
est dans ce moment à Genève en
tournée db collecte. Nous le recommandons au bon accueil des anciens
souscripteurs de l’œuvre et de tous
ceux de nos lecteurs auxquels il
pourra rendre visite ».
France. — La [Commission de la
Chambre chargée de rappoi ter sur
la conservation ou la suppression des
Facultés de Théologie, a repoussé la
proposition de M. Corentin-Guyot concluant à la suppression des Facultés
proies tantes, et adopté le rapport
Doyssel concluant à la suppiession
des Facultés catholiques et au maintien des protestantes.
Angleterre. — Voici, d’après la
Semaine, sur le ¡àremier ministre de
la reine Victoria, une anecdote qui
nous montre, chez ce grand homme
d’Etat, des préoccupations bien différentes de celles de la généralité
de ses pareils, au moins en Europe,
quant aux choses de l’éternité.
Une jeune dame dont le jour de
naissance tombe sur la même date
que celui de M. Gladstone, mais qui
est maintenant malade de consomption, a derniéremeat envoyé au pre
mier ministre de la reine Victoria un
signet en soie, sur lequel elle avait
brodé de sa main cette inscription:
La Bible, notre guide,.— M. Gladstone
lui a envoyé, en retour, une 'boîte
qui renfermait des fougères, des camélias et des raisins et qui aurait
été précédée du billet suivant: «Je
suis vivement touché de la bonne
pensée que vous avez eue de me
confectionner ce souvenir dans les
circonstances que vous me signalez
dans des termes si simples et si sentis., Puisse cette direction que vous
avez la bonté de désirer pour moi
vous être abondamment accordée, à
vous aussi, pour chacune des étapes
de cette traversée dans laquelle je
ne puis que vous suivre de bien
près, si je ne vous y précède pas ».
Allemagne. ~ A T’occasion du 400’’
anniversaire de la naissance de Luther
tombant sur le .•10 novembre 1883,
on parle de l’érection d’un monument au grand réformateur, dans
deux villes bien distantes l’une de
l’autre: Berlin et Washington. L’empereur Guillaume, à»ce que l’on assure, aurait de plus^Journi les fonds
nécessaires à la piœparalibn d’une
édition complète de ses œuiA’es, édition dont il paraîtrait, chaque année,
3 volumes grand in-8'’ et qui ne serait achevée qu’en terme de 10 ou
12 ans.
Portugal — Au dire de VErftise
Libre les affaires religieuses en Portugal se gâtent de plus en plus entre
la papauté et le gouvernement, la première se refusant obstinément h sanctionner aucune des nominations de
curés faites par le second, quand
elle peut avoir le moindre soupçon
que le prêtre élu est de tendances
libérales, et le Gouvernement de son
côté, ne nomme guère que des
prêtres de cette tendance. Oh ! si
dans de telles conditions on n’avait
à faire à des populations dont le
catholicisme a faussé et oblitéré la
conscience, quelles bonnes nouvelles
pouri aient nous parvenir un jour du
fond de la presqu’île Ibérique! Mais...
E il X i-:§T < l O B ERT, ti e ?■« n i e i i d»l'i ii. ¿.« tr J te /i r
Pigaerol, lmp. Chiantore et Mascarolli.