1
Olnqulème aune©.
1ST. IO.
11 Mars isro.
L’ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spiritnels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables....... occupent
vos pensées — ( Phitippiens., IV. 8.)
PRIX D’ABONNEMENT *.
Italie, Ò. domicile (un an) Fr. 3
Suisse.....................* 5
France.....................» 6
Allemagne 6
Angleterre, Pays-Bas . * 8
Un numéro séparé : 5 cent.
ün numéro arriéré : 10 cent.
BUKEACX D ABONNEMENT
ToRRK-PEr.r.icE : Via Maestra,
N.42. (Agenzia bibliografica)
PiONRRor, : J. Chlaniore Impr.
Teiun :J.J. Tron, via Lagrauge
près le N. 22.
Fì.orenck : Libreria Evange~
lica, via de'Panzani.
\ ANNONCES : 5 cent, la ligne
\ ou portion de ligne.
ì Lettres et envois franco. S’ a\ dresser pour l’adminiscratinn
i au Bureau à Torre-PeUice ,
I via Maestra N. 4Z. — pour la
j rédaction .* A Mr. A. Revel
t Prof. A Torre-Pellîce.
Som.mair'o.
Idées claires pour les esprits peu au clair.
— ApicuUure. — Correspondance. — Chronique
politique. — Souscription Desanctis. — Annonces.
IDÉES GLAIRES
pour les esprits peu au clair.
{ Voir le N. SJ.
IX.
DE LA PERSécUTION RELIGIEUSE.
Tout devoir emporte un droit ;
la franche manifestation des convictions religieuses est donc un
droit, puisqu’elle est un devoir, et
la société a l’obligation de la respecter , de la consacrer dans ses
institutions.
Cette idée si claire et simple,
une fois reconnue, eût épargné à
la société civile bien des conflits et
des déchirements ; il n’en est point
cependant qui ait été plus longtemps , plus opiniâtrement niéeViolant le domicile spirituelle l’individu, l’autorité socles
prétendu interdire
sa liberté ; elle a Tto^'
réduire les convictiops a
ou pour les courber sous l’oppression ; elle a voulu chercher sa force
dans la confiscation brutale de l’individu , au profit de l’ensemble.
Alors blessée au vif, la liberté humaine a tressailli; mise en demeure
d’être ou de ne pas être, elle s’est
redressée sous la persécution, elle
s’est levée de toute sa hauteur , et
quoiqu’ait pu effectuer la puissance matérielle, par ce seul fait
elle a vaincu.
Notre propre histoire en est un
exemple entre mille ; tout le monde
sait qu’elle est une longue protestation en faveur du principe de la
conviction personnelle, sans lequel
l’homme abdique sa nature morale,
sa qualité d’être responsable et par
conséquent d’être religieux. Eh
bien ! la société a dû se rendre à
l’expérience, et reconnaître un droit
qu’elle avait toujours méconnu et
violé ; mieux que cela , elle a fini
par nous savoir gré de notre rébellion et par être notre obligée, parceque nous lui avons résisté au nom
de lajvérité. ! ;
On ne saurait trop méditer, à ce
ptopos , les nobles ét généreuses
2
-<74)
paroles de l’illustre Terenzio Mamiani :
« Quando delle parti della nazione
» talune soverchiassero le altre di
» guisa che non pure fosse spezzata
■ la comunanza delle leggi.,., ma
■ qualcheduno dei diritti essenziali
» e fondamentali dell'essere umano
■ ne rimanesse violato e distrutto ;
» ne a ciò fosse altra riparazione e
» difesa eccetto che lo staccarsi
■ dalla patria comune, ci sembra....
» che in siffatta estremità sia lecito
■ lo smembramento, e lecito il prò» curarlo eziandio colla forza.., seb
■ bene eziandio in tale durissima
« necessità dovria il popolo che si
■ smembra dal corpo augusto della
■ nazione, serbare un intendimento
■ fermissimo di riappiccarsi, qua» lora la persecuzione venisse meno.
■ E però siano rese grazie pubblica» mente da tutta Italia a voi, o Val» desi, che Tantica madre mai non
» avete voluto odiare e sconoscere
» insino al giorno glorioso che fu
» da Dio coronata la vostra costanza
» e un patto comune di libertà vi
■ riconciliava con gli emendati per
■ secutori » (1).
Ce résultat a pu conduire des
chrétiens à se demander si la persécution n’était pas un bien et si
ce n’était pas mal faire que d’en
éloigner ou d’en prévenir les retours , en revendiquant la liberté
comme un droit. Il nous souvient
avoir entendu à ce sujet l'excellent
Antoine Blanc, le représentant le
plus distingué de la dissidence au
sein des Vallées, exprimer le regret de ce que les Vaudois étaient
laissés tranquilles : puisque, disait
• ' • r ■
(1) Dell'oUima Cimpreganpne umana e ,
fTinoipio iU nasionahtà. <
il, les aggressions injustes donnent
lieu à une réaction généreuse, puisqu’elles sont pour findividu l’occasion d”exercer sa conscience, et
même d’abord de la sentir, puisqu’on a vu l’homme moral et religieux grandir dans la lutte ; ne
serait-ce point la paix qui affaiblit
la foi, par le défaut de l’exercice ?
La paix dont nous jouissons ne
serait-elle point une faveur funeste?
Nous répondons que l’adversité
est bien un creuset où l’âme s’épure,
que Dieu permet l’oppression pour
le plus grand bien de ceux qu’il
exerce par ce moyen, — que dans
les voies de la Providence, la persécution a joué un rôle important
et contribué ( d’une manière toute
inattendue et en tout cas fort opposée aux intentions des persécuteurs], à une diffusion plus rapide
ou à une plus grande intensité des
lumières de l’Ëvangile ; nous accordons tout cela, mais nous dirons
aussi que la persécution a des dangers q^e la paix ne connaît pas.
Dans le tumulte et dans la poussière du combat, on ne voit plus
clairement et calmement les choses ;
bien des aspects de la vérité se
voilent ; l’esprit s’exalte et la chair
s’exaspère. Livrés en spectacle au
monde, aux anges et aux hommes,
mais surtout à nous-mêmes , nous
aurons peine peut-être à nous défendre de l’orgueil.
Si la persécution subie a de tels
dangers, quels seront les dangers
de la persécution cherchée ? Aucnne tribulation ne nous est bonne,
si, au lieu de nous venir de Dieu ,
elléijous vient de nous. Au lieu
donWde réveiller là persécution
quai^élle dort, ou de la hâter
3
-(75)
quaod elle tarde, les croyants doivent en éloigner les retours par
tous les ménagements que comporte
une entière fidélité ; et pour être
conséquents au même principe, ils
doivent franchement réclamer la
liberté et les garanties de la liberté.
Invoquons ici, comme partout
ailleurs, l’autorité de Christ et l’exemple de ses disciples. Le Seigneur n’a jamais exigé du chrétien
qu’il courût au devant de la persécution ; au contraire, il recommande de fuir devant elle. L’apôtre
Pierre dit : « Si la volonté de Dieu
est que vous souffriez ! » Et l’apôtre Paul n’hésite point, à l’occasion,
à revendiquer hautement ses droits
de citoyen.
Non, la persécution ne peut être
l’état normal de l’église. A nous,
Vaudois , elle a fait perdre toutes
nos églises de Piémont et d’ailleurs ; elle nous a enlevé , d’après
les calculs du D'' Gilly , et dans le
seul Piémont, près d’un million
d’adhérents. Nous avons donc des
motifs tout particuliers de demander à Dieu l’affermissement de la
liberté religieuse dans notre patrie.
Bien loin de désirer un retour du
passé , nous devons demander à
Dieu une vie paisible et tranquille,
et cela parceque la liberté est infiniment plus favorable à la cause de
la vérité. Bref, la vérité et la liberté sont solidaires.
« J’exhorte donc, avant toutes
choses , — écrit S. Paul à Timothée , — à faire des supplications ,
des prières , des intercessions, des
actions de grâce pour tous les hommes, pour les rois et tous ceux qui
sont en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille.
en toute piété et gravité ; car cela
est bon et agréable devant Dieu
notre Sauveur, qui veut que tous
les hommes soient sauvés , et viennent à la connaissance de Isiverité.*
L’APICULTURE
on raisance à cAlé de la maison.
(Suite V. N. SJ.
%■ 5.
l’essaimage.
Le spectale du départ d’un essaim ne présente en lui-même à
l’apiculteur qu’un sujet de joie et
de douce émotion. La reine est
alors, plus que jamais, entourée
de soins et d’hommages, ou plutôt de l’affection la plus vive.
Tout l’essaim est en perplexité
s’il la perd de vue, et les grands
cercles que certain nombre d’abeilles décrivent alors en l’air en
tous sens, n’ont d’autre motif que
celui de la retrouver. Mais scrutez
le fait et votre joie fera place à de
la tristesse. En effet cette reine
abandonne pour toujours ce qui
jusqu’à maintenant faisait son bonheur, elle laisse l’abondance pour
aller s’exposer aux privations, aux
orages et à l’incertitude de trouver une nouvelle demeure.
« Quel est donc le motif impérieux qui oblige cette reine, cette
mère à renoncer au séjour qui
lui plaisait tant et à s’éloigner de
ses sujettes ? >. Sans entrer à cet
égard dans des détails minutieux
qui, tout intéressants qu’ils sont,
dépasseraient les limites de cette
rapide esquisse, nous dirons simplement que toute l’affection dont
la reine était exclusivement l’objet
de la part des abeilles est actuel-
4
-(76).
lernent partagée ; car les jeunes
reines sont prêtes à éclore. Evidemment jalouse de voir son trône
en danger de lui être ravi, la
reine légitime cherche à étouffer
au berceau ses jeunes rivales ; —
mais les abeilles ouvrières montent une garde sévère auprès des
cellules royales. Toutefois, si à
l’époque de la sortie des essaims,
il survient un temps pluvieux de
plusieurs jours, il paraît qu’alors
les ouvrières gardiennes des rejetons royaux, voyant le temps ne
pas favoriser l’émigration , ralentissent leur surveillance et permettent à. la reine de percer de
son aiguillon ses malheureuses
antagonistes. Dans ce cas il n’y
aura que fort peu d’essaims à attendre de toute la campagne. Mais
si, au contraire, le temps a été
favorable à l’envoi de la colonie
projetée , la garde est inflexible
et la vieille reine est réduite à
s'expatrier.
§ 6.
SIGNES DE LA SORTIE PROCHAINE
DES ESSAIMS.
Pour qu’une ruche se dispose
à essaimer, il faut:
1. Qu’elle soit bien remplie
d’abeilles;
2. Que les faux bourdons sortent;
3. Que les abeilles aient construit des cellules royales.
Quand ces trois conditions sont
remplies, vous pouvez compter sur la
prochaine sortie d’un essaim. Mais
comme tout le monde n’est pas en
état de s’assurer si les cellules roya
les existent, on peut pronostiquer
la sortie des essaims au moyen
d’autres signes très-certains aussi:
1“ Si le soir , ou le matin de
bonne heure, en appuyant votre
oreille contre la ruche de laquelle
vous attendez un essaim, vous entendez au milieu d’un grand bruit,
un son parfaitement distinct, rappelant assez bien celui du cor
(toûy ioû, toû), vous pouvez alors
attendre votre essaim avec la plus
parfaite certitude; il ne se passera
pas trois fois 24 heures avant sa
sortie. Ce son ou ce cri, qui est
celui d’une reine, n’est pas le seul
ordinairement. 11 y a une autre
reine dont le chant imite celui de
ce petit crapaud verdâtre que l’on
entend en été dans la plaine, et
qu’elle fait entendre, tantôt avant
tantôt après et quelquefois en même
temps que celui de l’autre reine.
2° Un autre indice très-certain aussi de la prochaine sortie
des essaims est celui-ci. Quand le
soir les abeilles restent groupées
en forme de peloton serré de la
grosseilr d’un œuf à peu près , sur
l’ouverture de la ruche et qu’elles
y passent la nuit, attendez l’essaim 3 à 4 jours après que les
abeilles ont commencé à faire la
barbe à la ruche.
Mais si la barbe s’étend et envahit une partie du devant du panier , ce n’est plus l’indice de la
prochaine émigration , mais celui
d’une chaleur intérieure qui oblige
les abeilles à venir prendre l’air.
Cette dernière forme d’agglomération n’a donc aucune valeur comme
signe d’essaimage, qu’elle ne conjS.rme ni ne contredit.
5
-(T7)
§7.
SORTIE DE l’essaim.
Voyez cette ruche du coin,
comme elle est étonnée en ce moment! C’est bien dans celle-là que
nous avons constaté il y a quelques jours la présence des cellules
royales, et, si je ne me trompe, il y
à eu hier au soir trois jours que
j’y ai entendu chanter les reines.
— Si les abeilles de cette ruche
ne vont pas aux champs ce matin,
c’est bien parce qu’elles se disposent à essaimer dans quelques
heures. Remarquez ces faux-bourdons qui se montrent à huit heures
à l’ouverture et qui rentrent aussitôt. Lorsque ces gros fainéants
se meuvent avant neuf heures, il
y a du nouveau dans la ruche. Cet
indice devance l’essaim de moins
d’une heure. — Voyez ces quelques abeilles qui se balancent indécises devant le panier !
— Encore quelques minutes et
l’essaim sera en l’air. Voilà des
abeilles qui débouchent une fissure au haut de la ruche ; ce sont
des pionniers qui ouvrent le passage
à la grande armée. Enfin voilà
l’émigration qui commence.
Le plaisir d’assister à ce spectacle ne vous donne t-il pas un
léger frisson de curiosité ? Voyez
comme les abeilles se précipitent
hors de leur demeure ! Voyez les
faux-bourdons rouler à terre !
— Mais il faut sonner, il faut
battre la pelle à feu , me disait un
jour un passant, ou l’essaim s’en
ira. — Pas besoin, lui répondis-je:
il se posera quand même et peutêtre encore plus vite et plus à ma
portée que si j’en effraye les abeilles par un carillon épouvantable.
Il y a plus de 20 ans que je soigne
les abeilles sans jamais avoir fait
le moindre bruit à la sortie des
essaims, et je n’en ai jamais perdu
un seul.
L’usage de battre la pelle à feu
avec une clef, comme cela se pratique dans notre pays, ne s'explique nullement par le fait qu’il engagerait les abeilles à se poser
plus vite ou plus près du rucher ;
il se sera plutôt introduit pour servir
de témoignage au propriétaire de
l’essaim au cas où celui-ci s’éloignerait trop.
Après un moment de confusion,
la multitude des abeilles émigrantes ayant constaté la présence de
la reine, affluera vers un arbre où
la reine se dirigera également; car
je ne crois pas qu’elle choisisse
elle-même le lieu où tout l’essaim
doit se grouper.
Une fois l’essaim posé, il faut se
hâter de lui offrir un logement.
Un Apiculteur.
Corresponirance.
F»omar*et, 5 mars 1870.
Mon cher Rédacteur,
Un jour, deux amis qui venaient de
faire ensemble une assez longue course
dans nos vallées, s’élant arrêtés un moment à une cure quelconque pour saluer
le pasteur, celui-ci s’empressa de leur
offrir quelques rafraîchissements, voire
des aliments solides.
— Non merci, dit l’un d’eux, nous n’avons besoin de rien.
— Parlez pour vous’, lui dit son compagnon , à demi-voix , et en lui ^donnant
un coup de coude.
A part le coup de coude, dont je vous
fais grâce, d’autant plus que je ne puis,
à distance, vous faire apprécier la force
6
-(78)
de cet argument, je me permets, de répéter la scène ci-dessus’, en vous disant
à propos de votre article La fête du 17
février : — « Parlez pour vous, c’est-à-dire
pour La Tour, mais ne généralisez pas
trop. Dans notre petite confédération d’églises, nous avons. Dieu mérci, une assez
grande liberté d’allures, — sans préjudice , bien entendu, de la pureté de la
doctrine et des principes constitutifs de
l’Eglise. Il se pourrait môme que parfois
l’on poussât très-loin cette liberté de se
mouvoir et de se conduire. Quant à moi,
je pardonne plus facilement à ceux qui
en abusent qu’à ceux qui n’en usent pas ».
Pour en venir à la fête du 17 février,
je vous dirai d’abord, au risque de scandaliser les hommes qui se glorifient de
léur largeur , que j’ai vivement regretté
Pacte du Synode qui l’a supprimée. C’est
le cas, on jamais, de dire que notre fête
nous a été escamotée, Permettez-moi de
ne pas être d’accord avec vous lorsque
vous dites que l’émancipation des Vaudois
n’a été que la proclamation anticipée du
principe : < Tous les citoyens sont égaux
devant la loi ». Elle devait avoir, et elle
avait en effet, ponr nous une importance
infiniment plus grande que ne l’a été celle
du Steittto pour le reste des citoyens. La
fête qui nous rappelait ce grand événement avait pour les Vaudois un caractère
essentiellement religieux c’était une fête
d’actions ' de grâces et de réjouissance ,
une vraie fête de la moisson. En effet
nous moissonnions avec allégresse ce que
nos pères ont pemé avec larmes. Et voyez
ce qui est arrivé ! Cette pauvre fête du
Statuto, d’abord si brillante et si bruyante,
à quelles mesquines proportions ne l’a-tou pas réduite,, là oü l’on s'eu souvient
encore ! ,
Je le répète ; je regrette très-vivement,
aujourd’hui comme il y a 15 ans, que notre
17 février nous ait été enlevé. Aussi aije fait de mon mieux pour le reconquérir.
Et je n’ai pas été seul dans cette entreprise; je. puis ^esque affirmer que ma
paroisse tout entière a fini par s’y associer.
Deux .fois-, déjà nous avicms eu de fort
belles-, fêtes, d’enfantsÿ qui auraient bien
mérité uud mention dan» VEcho. Halbeu
reusement personne n’a songé à l’informer,
et il n’était pas en mesure d’avoir des
correspondants en tous lieux.
Cette année la fête n’a pu, à cause du
temps, se faire le 17 février; mais elle
n’a rien perdu à être renvoyée au 2 Mars.
L’assemblée paroissiale avait, dès Vannée
dernière, chargé un Comité de s’occuper
des préparatifs. Ce comité a recueilli la
jolie somme de 107 francs, au moyen de
laquelle nous avons pu donner à chacun
des 270 enfants venus, venus malgré d’affreux chemins, des extrémités de la paroisse , deux bons petits traités et un
goûter dont ils ont paru très-satisfaits. Le
régent paroissial avait exercé avec eux
pendant l’hiver, alternativement au Pomaret et à Euvers-Pinache, un bon nombre de jolis cantiques que nous avons chanté
ensemble de tout notre coeur. La lecture
d’une petite portion de la Parole de Dieu,
plusieurs allocutions en langue vulgaire,
simples et familières, mais toujours sérieuses, cinq ou six récitations de morceaux de prose ou de poésie par des
éleves de l’Ecole Latine, de l’Ecole paroissiale , de l’Ecole de filles et même des
Ecoles de quartier (il est difficile d’être
plus démocrates), plusieurs prières et
enfin le goûter, nous ont retenus dans le
temple de 10 heures du matin à 3 heures
du soir. Et ce ne sont pas uniquement
les invités au goûter qui sont restés; c’est
encore un bon nombre de témoins passifs.
Un peu après 3 heures, les deux compagnies d’enfants, celle du Pomaret et
celle d’Envers-Pinache, chacune avec son
tambour et sou drapeau unique, se sont
ébranlées ; et les deux bandes joyeuses
ont repris gaiement le chemin de la maison, oîi quelques-uns des plus petits ont
pû arriver crottés jusqu’aux oreilles.
Et parler de supprimer cette fête î Si
vous en avez l’occasion, demandez à quelques-uns de ces enfants ce qu’ils en pensent. Ils vous répondront, j’en suis sûr,
qu’ils me feraient plutôt grâce delà moitié,
et au besoin des deux tiers, de mes prédications.
Je conclus, en laissant à chaque paroisse ou à chaque consistoire la plus
7
-(79)
entière liberté à cet égard, mais en déclarant que, aussi longtemps que j'aurai
quelque chose à dire, et qu’il y aura des
enfants dans ma paroisse, je m’opposerai
de toutes mes forces à ce qu’on leur enlève le i7 février.
Veuillez vous le tenir pour dit, et me
croire, mon cher Monsieur,
votre dévoué
P. Lantaret pasteur.
M' Lantaret commence par invoquer la
liberté d’allures dont on jouit au sein de
notre petite confédération d’églises. Il reconnaît même qu’on la pousse très-loin
cette liberté; et nous sommes prêts à le
reconnaître avec lui, rien qu’à voir la
manière dont il regrette l’acte du Syuode
qui a supprimé la fête en question. Ne
craint-il donc pas d’ouvrir la porte à l’arbitraire le plus effréné , lorsqu’il alTirme
que « notre fête nous a été escamotée ? »
Il ne manquera pas de gens qui, s’autorisant de eette façon de parler et de l’exemple donné, jetteront à pleines mains
le discrédit sur nombre de résolutions synodales votées à leur corps défendant.
Il se trouvera de nouveau des minorités
intelligentes et libres prêtes à se retirer
sur le Mont-Sacré. Il se rencontrera des
pasteurs ne se gênant pas de dire qu’ils
ne peuvent suivre l’Eglise dans la voie
oU elle est engagée. Et telle personne
se croira plus que jamais fondée à affirmer que le mot de Synode sonne mal
aux oreilles de. notre population, que la
population regarde le Synode comme une
institution qui n’est propre qu’à la dépo*uil1er de ses droits etc. Voilà où nous conduit inévitablement notre grande liberté
d'allures, au préjudice des institutions de
l’Eglise. L’occasion était trop belle d’en
toucher un mot, pour que nous la négligions; et l’abus nous paraît trop grave
pour que nous le passions sous silence.
Il était un moyen bien simple de revenir à la fête du 17 février ; il fallait demander à un autre Synode d’abroger
Farrêté précédent. Mais non; on à préféré
se soustraire à l’obéissance, et à l’ordre
établi. Est-ce là ce que noos entendons
aux Vallées par l’exercice de la liberté ?
Et ne sait-on être libre qu’en s’émanci
pant d’une autorité légitime et en se roidissant contre les lois que nous avons
nous-mêmes contribué à faire , ou que
nous avons, tous au moins, sanctionnées
par notre présence dans les assemblées
de l’Eglise ’ Les exemples de cette nature,
qu’on veuille bien ne pas l’oublier, sont
contagieux.
M. Lantaret. veut nous prouver , eu second lieu, (fua notre émaocipelioB doit
avoir pour nous une importance infiniment plus grande que la proclamation du
Statuto. Mais, sia dette con ,wa bnonn pace,
cela revient à vouloir prouver que la
partie est plus grande que le tout, et que
la préface vaut plus que le livre. Sans le
Statuto qui a fait de nous des citoyens
libres, se fût-on empressé de proclamer
l’égalité des droits’ Sous un gouvernement absolu, irresponsable, nous eus.sions
continué, à l’instar de tous les autres citoyens, à nous morfondre au sein d’une
fraternité égalitaire, et rien de plus. O la
belle chose que l'égalité dans la servitude !
Et comme on est fondé à soutenir que le
Statuto est infiniment dépassé par l’émancipation !
Au reste, nos fêtes sont... ce que nous
voulons qu’elles soient. Mais , comt^e le
disait le savetier, «l’une fait tort à l’autn* ».
Celle du Statuto a cessé d’être bruyante;
tant mieux ! Elle n’en est pas moins la
fête nationale par .excellence, à laquelle
nous devons nous associer par un service
spécial d’actions de grâces ; nous pouvons
aisément y rattacher tous les souvenirs
de notre émancipation, de manière à la
rendre une fête éminemment religieuse.
Ce n’est pas en dépréciant la solennité dn
mois de juin que nous réussirons à donner plus de lustre à celle dn mois de février, qui n’est sanctionnée par auenne
loi civile ou ecclésiastique.
On ne supprime que ce qui existe ; ce
qui, depuis plus de 15 ans, a été dûment
supprimé, n’a plus besoin de l’être au*
jonrd’hm". Nous n’enlevons rien à qui que
ce soit ; nous ne prétendons point interdire les solennités scholaires, ni même
l’exhibition de centaines d’enfants • crottés
jusqu’aux oreilles». Ce que nous n« pouvons admettio''e’èst qne les dédsloas du
8
-(80)
Synode ne soient pas mieux respectées ,
et cela sons un faux prétexte de liberté,
de sentiment et que sais-je encore? —
Mais hâtons-nous de conclure ; M'Lantaret
lui-même déclare que la fête du 17 février
n’a rien perdu à être renvoyée à un autre
jour. Touchons là ; nous sommes d’accord.
Chronique plitique.
Italie. Il résulte du rapport publié
par le major-général Federico Torre, que
la proportion des conscrits ne sachant ni
lire ni écrire est de 64,-27 pour 100. Les
classes ou levées comprenant les jeunes
gens nés de 1842 à 1847 n’offrent à cet
égard que de légères variations.
— Le 7 mars a eu lieu la réouverture
du Parlement. M. le ministre Raeli a donné
communication de toutes les pièces du
procès Lobbia. — M' Lanza, chef du cabinet, a présenté divers projets de réforme
portant sur la loi communale et provinciale , et sur l'administration centrale et
provinciale. M'Sella, ministre des finances,
a demandé l’exercice provisoire jusqu’à
la fin d’avril. — Hier, jeudi, a eu lieu
l'exposition financière.
— On annonce que le général Covone,
ministre de la guerre, songerait sérieusement à réduire son budget de 20 millions.
Home. Le pape a publié un nouveau
règlement pour régenter le Concile. Il n’y
aura plus de discussion générale, plus de
discours ; les pères deyronl présenter leurs
observations.par écrit.
France. Les discours de M' Daru
et de M' Ollivier ont détaché du Ministère
l’extrême droite.
— La Commission de l’enseignement
supérieur a été constituée par M. le ministre i Segris sous la présidence de M.
Guizot, .
Fispagne. Le gouvernement a décrété, que „l’instruction serait dorénavant
obligatoire.^ Il impose aux communes le
devoir de construire des écples.
-n-Le prétendant Don Carlos a été dirigé
de Lyon à Gehère, .par la-police française.
— Tous les ministres. à l'excéption de
Topete, se sont déclares contraires à la
candidature du duc de Montpensier.
Angleterre. Aux termes du bill
de naturalisation, les étrangers auront la
faculté d’acquérir en Angleterre; et tout
anglais naturalisé à l’étranger perdra par
là même la nationalité britannique.
— Le budget de la guerre est diminué
de 28 millions et plus de francs (1 million
136 mille L. st.).
Allema§;ne. Le Parlement fédéral,
malgré l’énergique opposition de Bismark,
a voté l’abolition de la peine de mort,
par 118 voix contre 81.
SOUSOHIFTIOIV
pour un monument à la mémoire
du Desanctis.
Rapport du N. 9 fr. 35 10
Société la Balziglia » 10
Total
» 45 10
Stattstiquc.
Torre-Felllce. (3650 hab.) Mouvement de la population en janvier et
février 1870.
janv. févr.
Naissances légitimes (garçons) . 10 — 6
Id. id. (filles ) .4 — 5
Id. illégit. ( garçons ) .1—1
1. DÉCÈS (sexe masculin)
Id. ( sexe féminin)
Mariages
Total . 15 - 12
. . 4 - 8
. . 5-6
Total . 9 —“l4
. . . . I 2
PETITE BOITE ADI LETTRES
M. T. G. Genève. Reçu le vaglia
M. J. V. Turin. Scrivi e te ne sarò grato.
AGENZIA BIBLIOGRAFICA
42, Via Maestra, Torre-Pellice
t’Arpa Evangelica con musica c. 50
Id. (senza) » 15
Inni c Canllcl con música » 60
Id. (senza) » 20
Ivi trovasi pure un Deposito delle Principali Pubblicazioni della SOCIETÀ DEI
TRATTATI RELIGIOSI di Firenze.________
I A. Revbl Gérant.
i^'j^i*ignerol, J. Chiantore Impr.