1
îVouvièmo année
IV, IO.
Vendredi 13 Mars 1874.
Ç;
d(
L'ECHO DES VALLEES
feuiIle hebdomadaire
Spécialement consacré anx intérêts matériels et spirito
ée ta Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables
vos pensées — ( P/i<Îtp/)iens., IV. 8.)
PRIX d’abomnemirt ;
Italie, à domicile (unan)Fr. 3
Suisse..................» 5
Prance..................» 6
Allemagne...............» 6
.Angleterre , Pays-Bas . • 8
Un numéro séparé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BOKEAÜX D ABONNEMENT
PiGNEROL : Chez Chiantore ét
Mascarelli Imprimeurs.
Florence : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONCES; 20 cent, la ligo«
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'a
dresser pour^l'administratioD
et là rédaction a U IHrection
de VEcho des Vallées, Torre
Pellice.
Sommaire.
Le |13 mars 1873. — Correspondance.
— Chronique vaudoise et locale. — Chronique politique.
LE 13 MARS 1874
Depuis que l'Echo des Vallées a
publié son dernier article sur l’Ecole Normale, bien des projets d’amélioration ou des remèdes ont
été proposés; nous ne pouvons
pas en rendre compte d’une manière détaillée ; mais afin de ne
pas en priver nos lecteurs, et ceux
d’entre eux qui s’intéressent particulièrement à la prospérité de
cet établissement, nous résumons,
en aussi peu de mots que possible, les idées en cours , et nous
apprécions plus brièveme^'
core.
Veut-on avoir une École
prospère ? Il faut la trasforfn
séminaire. — Le séminaire
avantages certainement; on‘polï!*^
rait, à bien desjégards, désirer
non seulement les élèves de l’
cole normale, mais aussi ceux du
Collège pussent être mieux nourris que beaucoup d’entre eux dont
les parents sont éloignés de nos
établissements et qui ne vivent
pas en pension, ne le sont; on
voudrait aussi qu’ils n’eussent pas
tant de temps à perdre le matin
pour venir de très loin à la Tour,
et le soir pour rentrer chez eux,
et qu’ils pussent être suivis et dirigés dans leurs préparations et
dans leurs études; mais, à côté des
avantages, il y a aussi, dans cette
vie en commun, des inconvénient.s
trèsgrands; et si le séminaire n’of
fre pas la garantie d’une surveillance continuelle, active, vigilante
et intelligente, il faut le repousser,
car les désavantages de plus d’un
enre l’emportent de beaucoup
r les avantages qu’il procurerait,
ais à quoi .bon nous y arrêter?
ous pianque les moyens maïels pour réaliser cette innoxion et peut-être autre cho.se
picore. *
/D’autres proposentet ont proposé
^’’ajouter une quatrième année,
K
52
N
2
----------------------------------(74).
mêrae une cinquième aux trois
années de cours de l’Ecole Normale, de procurer aux élèves des
bourses fixes beaucoup plus considérables. On y a déjà pensé et
on y petise depuis longtemps; un
concours matériel efficace des
Consistoires et des Conseils communaux et de toute administration
qui profitent de nos régents,
pourrait faire sortir la proposition de l’état de simple vœu. Une
quatrième année suffirait, mais
il faudrait dédoubler les classes,
avoir un maître de plus , des
bourses plus considérables, c’està-dire 8000 fr. par an au moins.
Or', si nous sommes bien informé,
cette école, établie timidement
sous forme d'essai, a été une œuvre de foi, et la Table doit demander à nos amis étrangers au
fur et à mesure, en envoyant des
rapports et en plaidant la cause
de Tinstjuction et de l’éducation
chrétienue, les cinq mille francs
dont cet établissement a besoin.
Personne ne regrette ce qui a été
fait ; on regrette au contraire de
n’avoir pas encore pu faire davantage. Le Collège a vécu trente
ans avec 1000 francs de bourses;
il s’est développé lentement. Ce
sont des amis que le Seigneur a
suscités, bien plus que les efforts
des administrations qui ont trouvé
les bourses anonymes et les
ses Campbell, et qui ont fondé
d’une manière ^stable l'Ecol’e' de
théologie. — Nous espérons '^uè
l’heure de l’Ecole Norm^ale sonnet
aussi.
(A suivre)
Corire0)>onbfance
A propos des écoles.
Le numéro 8 de VEcho contient un article de fond très-intéressant sur ce sujet;
la Bible dans l'école. S’il ost, en effet,
une question d’une importance capitale
parmi nous, c’est bien celle qui nous occupe, car, ou la Bible doit avoir sa place
et la place d’honneur dans YEcole Vaudoise, ou celle-ci n’a plus sa raisou d’être,
ce que .s’efforcent d’obtenir quelques beaux
esprits qui font parade du nom de Vaudois, mais qui, sous cette enveloppe, me
rappellent le corbeau qui se parait des
plumes du paon, ou mieux encore le loup
sous la peau de la brebis.
Il est pourtant quelques points sur lesquels je ne suis pas d'accord avec l’auteur
de l’article en question. Signalant les divers abus qui accompagnent l’emploi de
la Bible dans les écoles, il range, bien à
tort, parmi ceUx-ci, l’habitude qu’ont cert£yns régents d’inviter leurs élèves à apprendre , sous leur direction, les versets
qui feront le sujet de l’explication de l’Ecole du Dimanche. — M" H. S. traite, à
ce qu’il paraît, la question du fond de
son cabinet, lors qu’il montre tant de
confiance dans l’activité des parents auxquels, dit-i!, ce devoir incombe. Mais
qu’il veuille se transporter sur le terrain
de la pratique et ses illusions (1) seront
bien vite dissipées. Il verra, par exemple,
que, dans la plupart des cas, les parents
ne se soucient guère de faire apprendre
à leurs enfants les versets de l’Ecole du
dimanche; ils tiendront, je l’accorde, à
ce qu’ils s’y rendent le plus régulièrement
,^ssible, ils leur achèteront un habit neuf,
.une jolie casquette et des souliers au lieu
djps classiques sabots, et c’est très-bien;
mais ils n’iront pas plus loin.
(Ij^ous ne pouvons accepter les ifl/usions
qji/e'notre correspondant nous accorde si généreusement, car, nous avons dit dans une
plirase qui a, parait-il échappé à ses yeux:
«.inutile d'ajouter que ce devoir est généralement négligé ». H S.
3
.(75)
Là où les régents —(des écoles de quartier, entendons-nous bien — consacrent à
cette étude uue heure ou deux par semaine, comme c’est le cas parmi uous,
et ailleurs aussi, les résultats sont différents et je ne crois pas du tout qu’il y
aille de la dignité de la Bible. Que M. II.
S. veuille bien, un beau dimanche, nous
honorer de sa visite et il se réjouira certainement avec nous en voyant arriver,
des différents points de la paroisse, tous
les enfants pour se rendre à l’école du
dimanche, et il sera plus agréablement
surpris encore en entendant comment ils
récitent et répondent aux questions qui
leur sont adressées. D’où vient cela? c’est
que le régent s’est donné un pou de cette
peine que les parents ne se donnent pas
facilement.
M. H. S. ne veut pas que, dans les écoles,
la lecture de la Bible soit faite par tous
les élèves indistinctement, mais par ceuxlà seulement qui lisent le mieux, qui font
comprendre ce qu’ils ont lu et qui ont
pour la Bible un grand respect. — De
grâce, est-ce du Collège que vous voulez
parler, ou des écoles paroissiales et do
quartier? Si c’est de ces dernières, où estil l’élève qui soit à même de lire la Bitilo
comme il faudrait toujours la lire et surtout qui sache rendre compte de ce qu’it
a lu? Ensuite, si la lecture de la Bible
n’est faite que par quelques uns des écoliers, il en résultera que ceux qui se verront ainsi mis de côté regarderont do
mauvais œil et la Bible, et le maître, et
leurs condisciples plus favorisés ; alors ,
adieu le respect pour la Bible.
Non , que le régent fasse lire, verset
après verset, tous les enfants indistinctement, et cela aussi régulièrement que
possible, dans la matinée, avant de commencer un autre travail ; qu’il corrige
avec énergie mais aussi avec douceur les
défauts d’une mauvaise lecture, qu’il tâche
d’inculquer à ses élèves le plus grand
respect pour ce Saint Livre, et qu’ensuite
il sache tirer de cette lecture et du bon
trésor de son cœur des réflexions édifiantes et simples, à la portée du plus
petit. La tâche est très-difficile, mais
c’est le seul moyen d’obtenir un bon résultat. Demander ce que demande M. H.
S. c’est, à mou avis, demander l’impossible.
Enfin l’auteur de l’article en question
exige , comme condition essentielle , que
l’iuslituteur soit à la hauteur de sa tâche,
que ce soit une personne convaincue de la
vérité do la Parole de Dieu, un chrétien,
en un mot. Sur ce point, je crois que tout
le monde est d’accord , mais le moyen
d'arriver à ce dexiderntum? M. II. S. n’ignore pas que bien souvent on est obligé
de faire leu avec le bois que l’on a.... Il
est constaté , à notre honte, que nous
avons fort |)eu de chrétiens dans nos paroisses et si ou exige , à tout prix , des
instituteurs chrétiens, il no reste qu’à les
créer. Tout le monde en souffre. Toutefois
il est juste d’ajouter (|u’il y a de belles
et bonnes exceptions et qu’il est encore,
au sein do nos paroisses, des instituteurs
qui cnmprenuenl leur mission
Que faut-il faire? Jusqu’à ce que l’on
soit arrivé à avoir partent des instituteurs
chrétiens, que le pasteur consacre une
partie de sou temps aux écoles, (ju’il
jette partout la semence de l'Evangile et
son travail ne sera pas perdu.
Ajoutons, eu terminant, que, dans quelques paroisses de la montagne la position
matérielle du régent est des plus précaires, ce qui fait que les régents quelque
peu qualifiés prennent le chemin des paroisses de la plaine où le salaire est
plus élevé et il faut bon gré mal gré, se
contenter de ce qui a été mis de côté
ailleurs. Si c’est du bois sec il brûlera et
donnera de la chaleur; si c’est du bois
vert il ne donnera que de la fumée.
Si les paroisses qui sont dans ce cas
voulaient se cotiser pour augmenter le
traitement de leurs régents, le nombre
des bons enseignants augmenterait, et on
pourrait alors aisément se passeedes médiocres et des mauvais. Mais, pour des
gens qui ont été habitués à toujours recevoir, je conçois sans peine qu’il leur
soit bien difficile d’apprendre à donner.
Rodoret, 5 mars 1874.
B. fiARDioL Pasteur.
4
-m
Nous n’avons pas l’intention de croiser
anjourd’hui le fer avec' le pastenr de Rodorel, car nous aurons l’occasion de rerenir, plus d’une fois encore, sur l’important sujet qui nous occupe. Pour le
moment, nous remercions M. Gardiol pour
sa bonne lettre et pour sa polémique tout
amicale. H. S.
Nice le 5 mars 1874
Monsieur et cher frère.
Permette?, moi do vous adresser le compte-rendu Irès bref d’une affaire qui vient
d’être soumise au Jugement du tribunal
(le Draguignan, et qui, je pense, intéressera les amis de nos églises et de notre
pays; ils sont nombreux en Italie|, et ce
serait mal de notre part de ne pas leur
donner de temps en temps do nos nouvelles.
Voici de quoi il s’agit ; M. Dediou, colporteur-évangéliste et M. Paulet, propriétaire , sont appelés à comparaître en justice; deux chefs d’accusation principaux
sont lancés contre M. Dedieu ; il est accusé; 1” d’avoir distribué ou colporté sans
autorisation, des livres, écrits, brochures ou gravures ;
2' D’avoir provoqué et dirigé des réunions publiques ayant pour objet de s’occuper de matières religieuses, et cela sans
autorisation. M. Paulet, de son côté, est
accusé d’avoir prête sa maison pour des
réunions que la loi interdit. L’accusation
n’était que trop fondée; c’était en effet,
après avoir reçu l’ordre de cesser ces réunions, que M. Dedieu avait continué à
en présider, pensant qu’il ne serait pas
coupable aussi longtemps qu’il ne réunirait à la fois pas plus de dix-neuf personnes , nombre fixé par la loi ; quant
au premier chef d’accusation , il était
moins important èt'*plUs facile* à'combat
. '1 ( ,i‘>i..a
Vendredi dernier, 27 février, nous avons
assisté à la séance du tribunal, qui était
d’ailleurs, fort bien disposé; plusieurs
amis venxis de Nice, de Cannes, du littoral eu un mot, parmi lesquels MM. les
pasteurs Pilalte, Espenetl et Marrault,
se trouvaient là , afin de soutenir l’accusé
et par leur préseuce et par leurs conseils.
L’audience est ouverte ; l’on entend les
dépositions des gendarmes |qui avaient
dressé procès verbal à M. Dedieu, les quelques réponses de l’accusé, de son complice; ;M. Paulet se défend d’avoir prêté
sa maison pour les réunions; il allègue
comme circonstance atténuante que le local était déjà loué (juand il a acheté la
maison , et qu’un bail de plusieurs années
avait été conclu auparavant.
Après avoir écouté avec une grande
bienveillance ces dépositions, le Président
donne la parole à M. Pilalte qui avait
préalablement obtenu de lui l’autorisation
de dire quelques mots de défense. Son
plaidoyer est des plus 'brefs et dure à
peine vingt minutes; mais tant de choses,
et de si bonnes, et de si belles, ont été
dites durant ces vingt minutes, que je
n'ose essayer de les résumer, et que je
me bornerai à en citer quelques passages.
M. Pilalte reconnaît tout d’abord que la
loi a été violée ; mais les circonstances
atténuantes sont nombreuses. Que les juges prennent tout d’abord en considération
te passé si honorable de l’accusé; il a
consacré quatorv.e ans de sa vie au service de la France ; qu’ils songent ensuite
que, lorsque M. Dedieu est venu dans ce
département, les réunions qu’il devait présider existaient depuis six ans; lorsqu'il
reçut un avertissement de la gendarmerie , il lui fut bien difficile d’en tenir
compte.
« En effet, s’écrie l’orateur, nous vi» vons dans un siècle oîi chacun aime à
» se dire le protectenr de la liberté reli»gieuse; la côn.scieooe de M. Dedieu était
» en jeu, et c’est la gloire de l’homme
íMÍe suivre en dépit de tous, la voie que
s lui trace sa'conscience P» Pais, lorsque
ï’urdre fut reçu d’avoir à cesser les réuDÎtins, « ont essays’de passer entre les ar» ticles de la loi comme à traverii le&gout»tes d’une ondée,» on fit'des réunions
dé* diií-neuf'pertónnes. Mais quel était le
biït de ces réunions? Ce m’élait pas uq
but 'politique; U'8’agiiS8ait"de prierSi de
chauler des'eaotiques, de'hra Ut Parole
5
-cm
»
de Dieu. Y a-t-il un délit dans de pareliies actious?
Passant au second chef d’accusatiou ,
M. Pilatte fait remari|uer que ce n’est pa.s
sur 1a voie publique , mais bien chez lui,
que M. Dedieu a donné ou vendu des livres. Mais d'ailleurs, quand il aurait vendu
ou distribué dans les rues, en aurait-il
été plus coupable? En aucune façon; la
loi sous la lettre do laquelle l’accusé tomte
a été "faite unii|uemeDt dans le but d’arrêter la diffusion de petits libelles malsains et immoraux ; or quels sont les
écrits que distribuait M. Dedieu? Ce sont
des petits traités religieux et moraux, des
miettes du pain de la Parole, «des écrits
» qui traitent de sujets sur lesquels il n’y
* a point de divergence entre catholiques
» et protestants... Vous le voyez, Mes
» sieurs, nous faisions le contraire de ce
»que la loi a voulu empêcher; au lieu
* de répandre des doctrines subversives),
> nous voulions dissiper l'erreur qui fait
» des ignorants les auteurs delà misère».
Le plus beau litre que le Gouvernement
de la France ait pu prendre est le titre
de gouvernement de l’ordre moral: « Nous
» voulons aussi l’ordre moral ! Nous vou» Ions chasser le matérialisme , qui excite
» les convoitises des hommes, et qui les
» pousse à chercher leur satisfaction dans
»les plus grossiers Ilibertinages ». C’est
pour cette œuvre que M. Dedieu a travaillé; le condamnerait-on sur un pareil
chef ?
En terminant, M. Pilatte prie la Cour
de vouloir prendre en considération ce
fait que l'Assemblée nationale s’est saisie
d’une loi sur les réunions publiques , loi
qui, présentée par M. de Pressensé, sera
certainement (appuyée. « L’ancienne loi,
»dit-il, est un peu ébranlée; j'oserais
»presque invoquer la loi future.... ». Enfin il conclut en réclamani l’indulgence
des Juges, dans sa conviction que , si la
loi a été violée, c’estptotôt par ignorance
que par mauvais vouloir de la part de
l’accusé
Les juges délibèrent et au bout de quelques instants prononcent;
L’acquittement pour le Sieur Paulet, la
condamnatiou à seize francs d^ameru^ et
aux frais pour le Sieur Dedieu.
Ce succès n’a pas besoin de commentaires , et je n’ajouterar qu’un mot pour
louer la grande bienveillance dont a fait
preuve la Cour de Dragnignan, et à l’égard dos accusés et à l’égard du défenseur.
Quelques instauls après', le niêniO sentiment réunissait tous les frères présents
à l’audience , pour remercier le souverain
.luge du succès qu’il venait d’accorder à
ceux qui travaillaient pour son œuvre.
E.
Nous apprenons avec la plus vive satisfaction que Monsieur Pilatte est assez bien
remis de sa longue maladie pour plaider,
avec l’éloquence que nous lui connaissons,
la cause de Jésus-Christ devant sou église
et celle de la liberté religieuse devant les
tribunaux.
Praly, le 4 mars 1S74.
Monsieur,
Le jour 24 février écoulé laisse, dans
cette paroisse, uu souvenir douloureux. A
une époque dans laquelle beaucoup de
personnes se plaignent du froid autour
d’un poêle allumé, un'certain nombre
d’hommes, pères de famille, se trouvaient
à deux heures au dessus de la Ville de
Praly, là où ne croissent plus que des
arbustes et des broussailles, occupés à
exploiter le talc que nos paysans appellent la pierre douce. — Le directeur des
travaux dans l’une d’elles, ouvrier luimême, déjà fatigué, proposa à l'un de ses
dépendants de faire la polenta, mais celuici dit qu’il était encore disposé à continuer quelque peu le travail avant de préparer le repas, comme ii avait l’habitude
de le faire. Il n'y avait qu’un moment
qu’il avait pris la place abandonnée par
son compagnon lorsqu’une pierre d’environ 150 myriagr. roulant sur lui lui bma
une jambe < le blessa au côté, et occasionna sa mort. :u ji
Le 8urleiHiemain,'l naiilgré le mauvais
leotps, une j foula uomÿreuse vivemeot
6
.(78)
impressionnée se rendait à l’un des cimetières de la paroisse pour y déposer
les restes d’un ouvrier probe, actif et dévoué, l’appui vigoureux d’une jeune famille
et d’une vieille mère infirme. C’était l’hommage qu’une population agricole rendait
à un martyr du travail, venant écouter
elle même, dans le recueillement, quelques
paroles de consolation que les Saintes
Ecritures nous offrent en pareil cas.
Etienne Grill, enlevé si subitement à
l’âge de 44 ans a laissé une famille de 8
personnes, savoir sa mère, arrivée a sa
80’ année, infirme depuis dix ans; une
veuve, mère de 3 enfants dont l’aîné n’a
que 5 ans, et 3 autres enfants d’un premier
mariage. On savait que sa famille était
dans la gêne, quoique jamais il n’ait sollicité des secours de la diaconie. Les enfants de son premier mariage, tenus proprement, ne sont pas de ceux qui ont le
moins profité de nos écoles. Les quelques
secours de la diaconie qu’on pensait parfois d’offrir à la pauvre infirme étaient
remis dans les mains de celle-ci, et la
personne qui les lui apportait, témoin de
sa reconnaissance, ne pouvait que penser
à ces paroles: «il y a plus de bonheur à
donner qu’à recevoir ». Il a fallu l’accident que nous déplorons pour nous apprendre que dans la famille de celui que
nous croyons mainlenant auprès de Dieu,
il n’y avait plus’de provisions que pour
quelques jours.
Plusieurs personnes exprimèrent l’idée
qu’il faut faire quelque chose pour les
orphelins. Le pasteur s’en rendit l’interprête en recommandant, le dimanche suivant , la famille en deuil. Quelques personnes sont déjà venues offrir leur obole;
d’autres donneront des denrées et même
des habillements. Les occupations matérielles qui ne sont pas sans inconvénient
pour la piété offrent pourtant, à celui qui
a l’amour de Dieu dans le coçur, le moyen
de «faire de ses mains ce' qui est bon
afin qu’il ait de quoi donner à i celui qui
en a besoin ». Nos gens aux mains calleuses que l’ou voit rarement en habits
de fête, ont senti cette'vérité à eu juger
par les larmes qui ont été vues dans 'les
yeux de beaucoup d’auditeurs au service
&ar la tombe et par les faits qui out suivi,
et nous pouvons dire qu’un peu de baume
a déjà été versé sur des cœurs ulcérés.
Je ne vous envoie pas de nouvelles
aussi joyeuses que celles qui vous sont
parvenues de paroisses voisines : elles ne
sont pas pour cela moins évangéliques.
« La religion pure et sans tâche envers
notre Dieu et notre Père,c’est de visiter
les orphelins et les veuves dans leurs
afflictions, et de se conserver pur des
souillures de ce monde ». '
D. Gaï Pasteur.
Chronique ®nuhoise
et locale
Tor-re-Pelllce. — M. le professeur Charbonnier adonné, vendredi
dernier, une troisième conférence sur
Olivier Cromwell. Elle a été, comme les
deux précédentes, très-intéressante. Nous
avons remarqué, avec plaisir, que les
personnes que les sujets de ce genre attirent dans la salle de l’Ecole Normale
sont toujours nombreuses et qu’elles prêtent toujours une oreille attentive au récit
de ces scènes du temps passé qui sont,
pour nous et pour notre époque, riches
d’enseignements.
Dimanche pas,sé, avait lieu, ainsi que
notre petit journal l’annonçait dans son
dernier numéro, l’installation'du nouveau pasteur de la Tour, M. Jacques
Weitzecker.Jamais nous n’avons vu le temple aussi rempli. Bon nombre de person.nes des paroissesavoisinantes assistaient à
cette cérémonie favorisée d’ailleurs par
nne belle journée. Monsieur le professeur
Etienne Malan, chargé d’installer le passteur élu, fut par le texte de son discours,
emprunté à l’Evangile selon S. Jean ( x, ii),
naturellement amené à parler de JésusChrist , le bon berger, le pasteur par excellence. Il est le bon berger parce qu’il
connaît ses brebis, les aime, leur procure
la bonne nowoñture dont elles ont-hesoin
et s'est donné pour elles. Jésus qui a luimême institué le ministère évangélique ,
est le modèle que le nouveau pasteur est
invité à avoir sans cesse' deVant les
yeux* '''' ' I
7
-m
Comment l’imitera-t-il ?Le pasteur de la
paroisse de la Tour doit, avant tout, être
évangéliste. Certes la parole do Dieu a été, à
la Tour, prèchée avec fidélité , mais hélas !
combien de personnes qui ne Tout jamais ni
connue, ni comprise ou bien l’ont oubliée.
M. Weilzecker est donc chaleureusement
invité à continuer, dans son nouveau
champ de travail, l’œuvre à la(|uolle il
s’esl Jusqu’à présent consacré. — I! doit,
ensuite, comme pasteur, aller chercher,
de maison eu maison, la brebis éfiarôe. La
paroisse do la Tour n’est pas habituée à appeler sou pasteur. On vil et on meurt trop
souvent sans lui. - Il y a, eu outre, une
adniinislralion (|ui réclamera une grande
fidélité et une non moins grande surveillance.
Après ces recommandations, l’orateur
esquisse, en peu de mots, l’état actuel
de la paroisse. L’Evangile y est toujours
écouté, mais il ne produit pas les fruits
abondants aux quels on pourrait s’attendre. On entend la parole mais on ne la
met pas en pratique. — Ce manque de
vie religieuse a, pour conséquence naturelle , une absence trop générale de la
vie d'église. Intérêt peu vivant pour les
missions, pour l’évangélisation, pour nos
établissements de bienfaisance. Les devoirs de membres de la paroisse ne sont
pratiqués que par un très petit nombre;
on ne se soucie pas de les connaître et
on no sait pas, au besoin, faire valoir ses
droits et ses privilèges. Si, dit en terminant l’orateur à M. Weitzecker, si vous
avez accepté l’appel qui vous a été acdressé, c'est que vous avez la ferme intention , nous en sommes persuadés, de
prêcher au milieu de nous, Christ et
Christ crucifié et de marcher sur les traces
du bon berger, eh bien '■ ceux qui vous
ont nommé, et ceux qui ne vous ont pas
nommé .seront avec vous, cher frère, et
vous soutiendront de leur affection et de
leurs prières.
M. Weitzecker monta, ensuite, en chaire.
Il remercia l’assemblée pour les marques
de confiance et d’affection qu’elle lui avait
données. Après avoir rappelé de pénibles
circonstances, quel est, dit il, le programme que j’entends suivre? « Je suivrai le programme qui, conçu do toute
éternité, à été, par la main de Dieu,
consigné il y a dix-huit-oents ans , dans
les pages du Saint-Evangile. Voilà mon
programme , mon seul programme ». Il
promet d’être fidèle aux devoirs que Christ
et ses apôtres ont enseignés par leurs
paroles et par leurs exemples. Il termine
en demandant à ses paroissiens de l’aider
de leurs conseils, de leur affection et' de
leurs prières.
Nous souhaitons sincèrement la bienvenue à notre nouveau pasteur et nous
désirons, avec lui, que son arrivée au
milieu de nous soit, pour la paroisse de
la Tour, le commencement d’une vie nouvelle. Que Dieu le bénisse dans son œuvre
et dans sa famille !.
Lundi dernier, M. le professeur Albert
Malan entretenait, à Sainte-Marguerite,
son auditoire des machines à vapeur. —
L’exposition d’un sujet plutôt difficile a
été faite avec beaucoup de clarté. — Lundi
prochain, seconde 'conférence , dans le
même local, sur les locomotives et les bateaux à vapeur. H. S.
Villesèclxe. — Mercredi de la semaine passée M. Rivoir professeur raconta
devant un auditoire attentif, mais un peu
moins nombreux qu'on n’aurait été en
droit do l’attondro, l’histoire de Calvin
avant la publication de l’Institution Chrétienne. Suivant le réformateur pas à pas
dans la première partie de sa carrière ,
l'orateur s’étendit sur ses études, sur ses
pérégrinations à travers la France et surtout sur son voyage en Italie et sur son
séjour à Ferrare et au Val d’Aoste.
Pomar-et. — Le jeudi autre conférence sur Jerôme de Prague du même
orateur. Les études, le caractère énergique
presque violent de ce précurseur de la
réforme, sa comparution devant le concile
et surtout sa longue captivité fournirent
à M. Rivoir, les matériaux nécessaires
pour entretenir ses auditeurs d’une manière très intéressante.
4 TRAVERS LES JOURNAUX
Revue politique
La majorité qui avait voté la loi sur la
circulation du (papier-monnaie , quelque
hétérogène qu’elle fût, paraît vouloir se
maintenir, ainsi uue le prouvent les derniers votes sur l’organisation militaire.
Quoique la question ' fût, aidsi qu’on le
faisait observer, aussi politique que militaire, Ricotti a triomphé 'sur toute la
ligne, sans‘compter que la Cofnmission
chargée d’examinér ses projets voulait lui
offrir beaucoup plds’de oiilfions qu’il n’eu
demande;’ (v.ni.mi
8
-m
Lntt« de générosité. On a failli se brouiller de ce chef.
Cette majorité coosidérable et peut-être
îDattondue, se renouvellera probablement
toutes les fois qu’on ministre de la guerre
prononcera à la tribune cette phra.se magique ; « indispensable à la défense du
pays », les députés sentant vivement, trop
vivement même, quelle lourde responsabité leur imposerait un refus, en cas de
malheur.
Quelqu’un qui se porte bien, c’est le
pape, tll est plus guilleret que jamais.'
L’autre jour quelques dames protestantes
vinrent sottement lui otïrir leurs hommages. Leur saint Pète profita de l’occasion
pour leur dire clair et net qu’elles n’étaient que de pauvres hérétiques dûment
destinées à l’ertfop. Irritation fort déplacée
chez ces dames qui auraient Cent fois dû
se demander avant d’entrer : mais qu’allons nous faire dans cette galère?
Les Suisses du Vatican ont eu toutes
les peines du Oloude à les calmer.
Le marquis dé Noailles, qui nous est
enfin arrivé, a plaidé la causé des bons
rapports entre l’Italie et la France en libéral très convaiocu, et il a, p4raft-il,
déjà gagné beaucoup do sympathies méritées , si l’on en juge par les antécédents
de ce diplomate. Sa présence fët'a beaucoup plus pour le maintien de ces bons
rapports, que tout le monde désire, que
les déclarations toujours surchargées de
réticences que foui à l'Assemblée Française des ministres obligés de ménager
un parti réactionnaire qui les a portés au
pouvoir. C’est précisément cette tache d’origine qui fait que la confiance qu’affectent nos hommes d’état au sujet du maintien de la paix ne les empêche pas de
prendre quelques petiles précautions. Lorsque l’On entend dire,: nous tnétifl^eoi^
ritalie, ne pouvant pas faire à mdtps, tl
est oatnxél de chercher ce qu’oii ne
puifisé faire à moins de (on^émps. Mftp
un cabinet libéral en Eÿaqoe, cms airnlwpensées auraient aqjôurd’hài aispariu.jD
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On reparle dé quelques petits désaccords entre cléricaux au sujét fde la politique électorale, les uns, dont le Cardinal-archevêque de Naples, voudraient
bien pouvoir exercer quelque influence en
profitant de ce même système parlementaire qu’ils traitent d’ordinaire si mal ;
d’autres élèvent fièrement contre cette
transaction la vieille bannière qui porte
cette inscription prudente : Ni électeurs
ni élus. Beaucoup plus prudent en effet.
Cette bannière, on le sait, est la spécialité des cléricaux Italiens; autres pays,
autres mœurs, autres principes; l'Eglise
Romaine n’a jamais fait difficulté de se
plier à Itout), dès qu’elle y voyait un avantage quelconque, et cela rend les séances
du Reichstag .Allemand très animées. Il
faut dire aussi que l’opposition religieuse
y a trouvé aide et secours dans l’opposition patriotique qui a le don d’irriter
tout particulièrement le prince de Bismark
auquel on pourrait reprocher de no pas
se gêner assez pour dire : væ viclis, malheur aux vaincus !
L’empereur d’Autriche, en rentrant chez
lui, a eu la désagréable surprise de trouver ses ministres en pleine démission.
Rien de décidé encore sur la formation
du uouvôaQ Cabinet.
L’expédition Anglaise contre les Ashantis
à décidémetit réusai. Letfr roi est en fuite
ét i’iiiCendie et là deStiuctiOn de COomassie, leur qàpitalé, ont^éjà proclamé dans
CCS sauvages contréès ; le triomphe de la
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