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Année Septième,
15 Avril 1881
N, 15
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Acths 1, 8. Suivantla vérité avec la charité. Er. 1,15.
PRIX D'ABBONNEMEN^TPAR an Italie . . .. L. Tous les pays de l’ünion rie poste ... >6 Amérique , . . P Ou s’abonne : Pour [’Intérieur chez MM. les pasteurs et les libraires de Torre Pellice. Pour VBsctérieur anBureuM d’Ad* ministiation. Un ou plusieurs nuiméros sépa- rés, demandés avant le ti- rap’6 10 cent chacun. Annonces; 25 centimes parligne. Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pî- rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi : A la Direction du Témoin, Pomaretio (Pinerolo) Italie. Pour J’ADMINISTRATION adresser ainsi : AP Administraiion du Témoin, Pomaretto t Pinerolo.) Italie
!Soin.malr*e*
15 avril. — Réplique à mes critiques
touchant nos origines. — Comité Vaudois
de Londres.— Nouvelles religieuses.— Re
vue politique.
\
15 AVRIL'
O
< .. ..... .-w.- ,v,w-;
Le Vendredi Saint.
•i
Rien n’a manqué au Fils bienaimé du Père pour qu’il fût aussi
dans sa plus redoutable perfection,
l’homme de douleur, sachant ce que
c’est que la langueur.
Lorsque, répondant aux supplications qu’il lui adressait avec de
grands cris et avec larmes, dans le
jardin des Oliviers (Heb. v, 7),
Dieu envoya un ange pour fortifier
le Fils de l'homme, cela ne signifie pas que la coupe qu’il devait
boire eût rien ' perdu de son
amertume ou qü’il fût dispensé de
la boire jusqu’à la dernière goutte.
Rien ne lui a été épargné et l’imagination aurait de la peine à ajouter quelque douleur nouvelle et
étrange à celles dont il a été acca
blé. L’un des douze le trahissant
par un baiser, un autre, et le plus
éminent par l’intrépidité du caractère, le reniant lâchement, tous les
autres l’abandonnant et se cachant
honteusement pour ne pas s’exposer
à le suivre au supplice; les principaux de sa nation, les conducteurs
spirituels du peuple, aveuglés par
leur haine, mentant à leur conscience pour le condamner à mort;
cette multitude enfin, parmi laquelle
se trouvaient, sans doute, plusieurs
de ces pauvres qu’i’ avait nourris
ou guéris, de ceux qui peu de jours
auparavant, avaient acclamé le roi
qui venait au nom du Seigneur,
cette multitude gagnée, fanatisée,
enivrée peut-être par les sacrificateurs, criant vers Pilatte: Crucifie-le!
cruciiie-le! il n’en fallait pas tant
pour briser le cœur d’un homme
qui n’aurait pas été divinement fortifié. Les soufflets, les crachats, les
coups de roseau sur la tête, la fatigue, les veilles, la chaleur, la soif
ardente, n’étaient rien en comparaison de ces blessures faites au
cœur le plus aimant qui jamais ait
battu dans une poitrine humaine.
2
.lia
^jn»A<VWWVVVWW».^\/Wl/t/\«V\AyWUVj^Ss A I\.
Mais tout comme, en Getsémané,
le Fils de Dieu, dans son agonie
mortelle, fut fortifié par un messager céleste, ensorle qu'il pourra endurer, sans en être écrasé, le poids
des souffrances physiques et morales
qu’il rencontrera dès lors à chaque
pas; ainsi sur la croix même, e!
avant le dernier grand combat, il
a été consolé et fortifié par une
double joie, dispensée par sop Père
bien-aimé. Son regard s’est, pendant
quelques moments, arrêté sur sa
mère et sur le disciple qu’il aimait,
et il leur donne à l’un et à l’autre
un dernier et louchant témoignage
de sa tendre affection, en disant à
sa mère; «Voilà Ion fils», et au
disciple: «Voilà la mère». El
quand, exauçant la prière de l’un
des malfaiteurs crucifiés avec lui,
il lui dit : «En vérité, lu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis»,
quelle douce satisfaction n’a-l-il pas
dû éprouver en arrachant à ¡’adversaire , en ce moment suprême,
une proie que celui-ci croyait posséder pour l’éternité ?
L’heure est enfin arrivée pour
laquelle il a quitté le ciel et s’est
abaissé, dépouillé et anéanti jusqu’à
nous, heure de ténèbres, plus
effrayante que toutes celles qui . se
sont écoulées depuis la veille. « Il
» était environ six heures, nous dit
» St. Luc, et il se fil des ténèbres
» par tout le pays jusqu’à neuf heu» res (3 heures du soir ) ; et le so» lei|I fut obscurci et Ije voile du
» temple se déchira par le milieu ».
— Aucun objet extérieur ne distrait maintenant la Sainte Victime
de la eoolemplalion solennelle de
l’étendue du sacrifice volontairement
acceplé. Ces ténèbres mênies dans
lesquelles Jésus est plongé semblent
lui cacher aussi la face de son
Père , qui est le Père des lumières
et en qui il n’y a nulles ténèbres.
Du sein de celle obscurité surnalufelle, ceux qui n’ont pas pris
la fuite et qui restent sur le Calvaire entendent sortir un double
cri; l’un qui semble un cri de détresse, l’autre qui est évidemment
un cri de triomphe. «Mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? Dans la bouche de David ,
celle parole a pu, môme plus d’une
fois, exprimer une douloureuse réalité, car cet homme si richement
doué des dons du Saint-Esprit, modèle à beaucoup d’égards de l’enfant de Dieu, a fréquemment aussi
attiré sur sa tête la juste et sainte
colère de son Seigneur et Roi; —
mais dans la bouche de Jésus estil possible qu’elle ait eu celle
signification? Aurait-il léméraireifienl affirmé naguère à ses disciples, en leur annonçant qu’ils le
laisseraient seul, que pourtant il
n’était pas seul ? Nous demandons
avec un de nos plus. beaux cantiques:
Dans ce profond abîme
Dis-TOoi, sainte vielime!
Pourquoi tii> descendis
Toi le Saint et le Jus“te,
Du bien modèle Auguste.
Quel crime as-tu donc- Commi« ?
Et le même cantique répond ;
C'est moi ta juisticst
Cundaiii,rtait nii supplice,
Moi qui devaia mourir;
î.es toiirmenis, les blesaures ,
Les. oouips , les■meii.rtrissuret,
C'est moi qui deMSis les souffrir.
Tu le meta à ma place.. ..
Jamais, pendant un seul instant,
ni pendant sa vie, ni depuis qu’il
est suspendu à la croix campe un
maudit, le Fils bien-aimé du Père
3
-119.^
n’a cessé d’être l’objet de son bon
plaisir, mais parce qu’il a pris la
place du coupable, il faut qu’il
souffre avec une intensité égale à
une* éternelle durée, les tourments
que la divine justice avait dénoncés
aux coupables. Ces ténèbres que le
regard de Dieu n’illiirnine pas sont
plus qu’une image des ténèbres de
dehors, où il y a des pleurs et des
grincements de dents.
Mais si pour un moment et pour
rendre parfaite l’œuvre d’expiation
accomplie sur la croix, Dieu a caché sa face aux yeux de son bienaimé, Jésus n’a pas, même au sein
de ces etfrayaules ténèbres, détourné
un seul instant son regard du Père
dont il savait qu'il accomplissait la
volonté. « Mon Dieu, mon Dieu »,
s’est-il écrié: modèle divin entrevu
pas ce juste de l’Ancienne Alliance
qui disait dans sa redoutable épreuve:
Il me tuera, mais je ne cesserai
pas d’espérer en lui. Ce qui est
pour l’impie obstiné un avant-goùt
des tourments éternels, c’est l’impossibilité à laquelle il s’est réduit d’appeler Dieu son Dieu et
de le prier.
Le cri d'angoisse est bientôt suivi
du cri de triomphe ; Père je remets
mou esprit entre tes mains ». Tout
est donc accompli; le Sacritice est
accepté pour prix de rançon de
rimmanilé pécheresse; le lion de
la tribu dé Juda a vaincu; par la
foi en lui, le plus grand des pécheurs participe à sa victoire, et
peut s’écrier en face du roi des
des épOuvantemenis; Où est, ô mort,
ton aiguillon ? où est,’6 sépulcre,
ta victoire?
I
à mes critiques touchant nos origines.
IV.
L’Epître de Saint Damian
à la duchesse Adélaïde.
A-t-elle le moindre rapport avec la
question de nos origines? Oui, selon
Validés, qui, sans, l’avoir jamais tue,
prétend lui emprunter un autre indice
indiquant l’existence aux Vallées d’une
population non catholique, avant
valdo. Voici ses paroles:
« A côté des précédentes indications,
» il nous faut mentionner quelques
» lignes do Pierre Damian à Adélaïde
» de Suse, duchesse des Subalpins,
» écrites en 1050. Saint Damian se
t plaint que le clergé des états'de
» celle princesse n’observe pas les or» donnances de l'Eglise. Encore ici,
» nous ne pouvons donner, à celte
» plainte que la valeur d’un indice,
) vu que nous ignorons (sic) quelles
» étaient au juste les ordonnances
» de l’Eglise que ce clergé n’obser» vail pas... D’où venait cet esprit
B d’opposition du clergé des Vallées
» alpines et de leurs abords? Avait» il sa source dans le simple désir
» d’indépendance en face de la tyran» nie de l’évêque de Rome, ou bien,
» faut-il y voir un indice à’atlache» ment à la Sainte Ecriture qui cons damne l’idolâtrie romaine? Cette
» dernière supposition n’est pas im» probable si l’on songe îi l’exemple
» Fidèle et courageux qui avait été
» ' donné au neuvième siècle par Claude
» archevêque de Turin!! »
Je ne puis tout citer, surtout là
où Yaudés be fait que songer des
songes. Ne le taquinons pas trop
pour les petites bévues, comme par
exemple celle qui consiste à faire de
Claude de Turin un archevêque quand
il est notoire que Turin n’a pas en
d’archevêques avant le seizième siècle.
Bornons-nous à signaler la grosse
bévue, qu’il' aurait dû signer Saravankinus — sans offenser celui qui
sous ce pseudonyme écrit de belles
et bonnes choses — ou bien laisser
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420
répéter au fidèle petit barbet qui
ne sait rien faire de mieux. Non,
Vaudès a préféré rappeler cette épîIre, sinon à sa mémoire, du moins
à celle d’autrui, et il faut donc lui
répondre.
Eh bien, est-il vrai que l’épître de
Saint Daraian renferme l’expression
mentionnée, savoir que le clergé de
ses états n’observe pas les ordonnances de l'Eglise? Non; l’expression se
trouve bien en Monastier, où Vaudès
puise, mais elle ne se trouve pas
dans l’épître en question, ni en aucune autre. Mais enfin, Damian n’y
fait-il aucune allusion à des gens récalcitrants contre quelque ordonnance
ecclésiastique? Oui, mais cette allusion se rapporte à ceux d’entre le
clergé, qui n’étaient pas rangés à la
- loi du célibat. On sait que Daraian
était le bras droit d’Ildebrand, qui
fut pape sous le nom de Grégoire VII.
Personne n’ignore que ce pape travailla de tout son pouvoir à imposer
le joug du célibat, en un temps où
le clergé catholique, au Nord de l’Italie et ailleurs, n’avait pas rénoncé
encore entièrement aux liens du mariage. Damian s’efforça de vaincre la
résistance du clergé lombard, forte
surtout à Milan. Comme elle s’étendait jusqu’en Piémont et dans, les
états de la duchesse de Suse, particulièrement dans le diocèse de Turin,
aussi bien qu’ailleurs, il écrivit à
Adélaïde de aericorum incontinentia,
l’invitant à prêter son concours à
l’évêque de Virin pour ranger le
cierge; mais il ne touche là à d’autre hérésie qu’à celle qu’il qualifie
d'incontinence. Dans cette même épître il déclare avoir écrit déjà à l’évêque de Turin, nommé Cunibert.
Cette lettre à l’évêque renferme, sinon plus de détails à ce sujet, du
moins plus de théologie romaine.
Damian reproche à Cunibert de tolérer que son clergé contracte les liens
du mariage — permittis enim ut Ecclesiae tuae clerici, cuiuscumcjue sint
ordinis, velut jure matrirnonii confederentur uxoribus. Or cela, dit-il, constitue une obscène violation des lois de
l’Eglise; c’est une honte pour un cler
gé comme celui de Turin, si digne
et respectable à d’autres égards. Ainsi
parle Damian, et il conclut: Finissonsen avec ces impurs ecclésiastiques j
avec ces hérétiques Nicolaïtes clerici
uxofati Nicolaîtoi vocantur, quôniatn
a quodam Nicolao qui hanc dogniatizavit hœresim, hujtismodi vocabulum
sortiuntur. Les plaintes de Damian
se bornent là. Voilà l’ordonnance ecclésiastique violée, c’est celle du célibat: il ne s’agit là de rien autre
chose. Maintenant, le fait qu’il y avait
de prêtres en assez bon nombre qui,
ne voulaient pas lâcher leur meilleure
moitié, — dans les cas, trop rares
peut-être, où cette moitié était légitime, — peut bien signifier une certaine indépendance, plus ou moins
illusoire, ce que nous avons admis.
(V. Valdo etc p. 23, n® 3), mais il
y a loin de là a un sincère attachement à la Sainte Ecriture qui condamne l’idolâtrie romaine. Je vois
bien Vattachement;yiAvaeieque l’Ecriture ait pu être citée, ainsi que la
tradition, pour les légitimer contre
la loi qui imposait le détachement;
mais quant à rattachement à l’Ecriture qui condamne l’idolâtrie romaine,
je ne l’aperçois pas ici, malgré tout
ce qu’en dit Vaudès, qui nous a prévenu d’ailleurs qu’il « ignore » ce
qui en est, cela parcequ’il ne se donne
pas la peine de lire les textes qu’il
commente et qui, pour qui les lit,
sont clairs et n’ont besoin d’aucun
commentaire.
Donc, il n’y a pas ici le moindre
indice qui nous amène à songer à
l’existence d’une population non catholique dans nos Vallées. Si elle avait
existe, Daraian en aurait eu vent, je
crois, soit parcequ’on le savait zélé
plus que les autres cardinaux ses
collègues contre l’hérésie, soit parcequ’il appartenait à l’ordre des Bénédictains, qui était précisément celui
des moines de l’Abbaye de Pignerol.
Et s’il qualifiait d’hérétiques les prêtres régulièrement tonsurés et signalés par lui comme dignes à tous
égaras de son admiration, sauf sur
le point du mariage, on pense bien
qu’il n’eût pas été tolérant avec une
5
population non catholique donnant
signe de protestation contre l’idolâtrie
romaine.
Enfin-voici une dernière considération:
Les Cathares qui existaient dès lors,
ça et là parsemés en Italie et outremonts,, loin de faire chorus avec le
clergé récalcitrant contre le joug du
célibat, se l’imposaient volontairement
et condamnaient plus sévèrement le
mariage que ne le fit jamais l’Eglise
de Rome. Gela est connu. Et les Vaudois ont professé, dans leur premier
âge, un attachement remarquable,
moins au mariage qu'au célibat volontaire. Tellement que si Damian appelle monstres d’impurité les ecclésiastiques mariés, le pseudo-Rainerius
(que Vaudès confond avec Rainerius,
peut-être parcequ’il a sans doute été
aussi un inquisiteur) nous dit; Casti
sunt LeonistcCi en parlant des Vaudois. Mais ce que disent les ennemis
lorsqu’ils ne sont pas clairs et qu’ils
ne s’accordent pas entre eux, est
toujours sujet à discussion. Voici plutôt ce que disent les Vaudois euxmêmes:
La ley velha maudi lo ventre que
fruc non ha porta, ma la novella
conseilla gardar vergeneta. (Non. LeiczoM, V. 242-43. V. Novel Set'mon,
V. 311 et suivants.
J’omets d’autres citations, pour ne
rappeler que ces mots du Barbe Morel à Ecolampade au sujet des ministres: «Parmi nous, perscmne ne prend
femme — inter nos nenio ducü uxo'rem ».
Ceci peut suffire touchant les prétendus indices antérieurs à Valdo.
La thèse de Vaudés n’avait pour base
que l’ignorance des textes invoqués.
Que nos lecteurs nous permettent
de su.spendre, pour le numéro prochain, cette réplique. On la reprendra le numéro suivant. En attendant,
nous laissons à Vaudés le loisir de
réfléchir sur l’importance, en matière
d’histoire, qu’il y a à consulter les
sources, ne fût-ce que pour ne pas
servir, sans le savoir, de commentaire
a ces" paroles de l’Ecriture; « Or il
ne savait ce qu’il disaient^.Il fera bien,
en tous cas, de se préparer à de nouvelles surprises.
Em. Comba.
Maintenant que notre savant professeur a prouvé qu’il sait manier la
pointe, meme la pousser assez loin
pour qu’on ait quelque peine à la
suivre, il nous semble que la réplique
gagnera beaucoup à prendre une allure plus calme et plus pacifique.
(Rédaction).
ilomilè Vandois de hondrcs
La réunion de l’important meeting
annoncée dans une précédente lettre
a eu lieu de 29 mars, à Londres dans
la bibliothèque de Lambeth Palace,
et sous la présidence de l’Archevêque de Cantorbéry. Parmi les personnages influents qui ont pris part à
ce meeting figurent, avec l’Archevêque, Messieurs Alderman et Sheriff
Fowler, membres du Parlement, le
très révérend Doyen de Cantorbéry,
le vén. archidiacre Whately, le révérend J. Benneth, M“' G. H, Lake,
M' H. F. Amédroz, le révérend
J. N. Worsfold, A. M. et bien d’autres
encore. Lord Sandon, Sir John Kennaway et le Comte de Harrowby ont
été retenus par la séance du Parlement dont ils sont membres.
Monsieur Worsfold, dont les efforts
pour reunir cet important meeting
ont été couronnés de succès, fait a
grand traits l’histoire du Comité VauQois de Londres fondé en 1825 par
D'f Gilly. Ce Comité n’a cessé depuis
sa fondation de. susciter en faveur
des vaudois la sympathie des membres de l’Eglise d’Angleterre et celle
des protestants de toute classe et
de toute dénomination. 11 a intercédé
occasionnellement aiiprès du Gouvéi'nement Sarde en faveur des vaudois
opprimés, il a généreusement aidé la
construction de presbytères et d’écoles; même la construction du Collège Vaudois de la S'® Trinité est dûe
essenliellemenl à deux membres, du
Comité Vaudois de Londres, le Ge-
6
-122^
néral Beckwith et le D’’ Gilly. Ce Comité va reprendre de plus belle son
activité première pour contribuer à
l’augnoenlalion des lionoraires des ministres vaudois.
C’est à celle fin que le très révérend Doyen de Gantorbéry propose
de prendre les mesures nécessaires
pour recueillir une somme sufTisanle.
— Cet oraleur rappelle les rapports aifectueux qui ont existé depuis
,de lon:gues années, et à notre grand
avantage, entre les chrétiens anglais
et les vaudois. Il parle enlr’autres
du D" Gilly et du Général Beckwith,
des écoles fondées par ce dernier et
de la langue italienne dont ce bienfaiteur encourageait le rétablissement
parmi nous en vue de l’évangélisation
de l’Italie. Donnant des détails sur
rexiguité des honoraires des pasteurs
et des professeurs vaudois, le vénérable orateur nourrit l’espérance
que le Comité pourra bientôt améliorer leur position économique.
MM. Alderman et Shériff Towler,
membres du Parlement Anglais prennent ensuite la parole pour appuyer
la proposition faite par le vén. Doyen,
et rappellent, dans ce but, que les
secours fournis aux pasteurs sont un
moyen direct pour répandre l’Evangile en Italie. Des églises étrangères
travailienl dans ce sens dans la péninsule, mais aucune n’est mieux qualifiée pour cela que l’Église ’Vaudoise
qui est indigène, qui est la plus
ancienne entre toutes et qui a passé
par le creuset de la persécution. Ces
titres lui valent la sympathie des
élirétiens de toutes dénominations,
en vue dé l’oeuvre remarquable qu’elle
accomplit.
Le très rêv. Archevêque Président
est heureux d’avoir pu offrir sa bibliothèque pour un meeting en faveur
des vaudois dont la cause lui lient
tant à cœur. Il est heureux aussi de
voir que tant de membres influents
de _ l’Eglise d’Angleterre et d’autres
églises ■ s’empressent de venir au secours de l’Éraël des Alpes. Il faut,
ajoute-t-il, il faut aller en avant
dans cette voie, soit pour l’Eglise
Vaudoise elle mêine, soit en vue de
la grande œuvre que la Providence
lui confie en Italie. C’est bien qu’un
grand homme d’Elat, Cavour, ait
proclamé la liberté de l’église au
sein de l’état libre ; mais il faut apporter la vraie liberté chrétienne,
l’affranchissement du péché, au cœur
de tous les italiens. En Italie l’Etat
n’aide pas l’église, faisons-le à sa
place.
A la suite de ce discours la première proposition est votée par l’assemblée.
M" G. H. Lake se lève alors pour
en faire une seconde tendant à commencer sans retard à faire circuler
les listes de souscriptions. L’orateur
porte ses regards de 25 ans en arrière, et rappelle que le Général
Beckwith, qui avait vu de près l’inteneur des presbytères, avait été le
premier a parler de la nécessité d’augmenter le salaire des ministres vaudois. Dans l’un des voyages que l’orateur fit aux Vallées avec sa dame, il
rencontra à Turin le Générai Beckwit h
et lui dit;
tt — Y a-t-il quelque chose qu’un
m voyageur anglais puisse faire aux
. Vallées?
* — Geriaincment, répondit le Gé» néral, il y a une œuvre que ina
dame Lake et vous pouvez très
» bien accomplir. Les honoraires des
» pasteurs sont misérablement insuf» fisants, et vous pouvez le faire con» naître autour de vous afin que
» quelque chose soit fait dans le
» but ¿’améliorer une position si inc» diocre ».
(Chacun sait que M'^ Lake n’a pas
oublié la suggestion du Général). En
démontrant l’insufTisance des hono'
raires des ministres, M’’ Lake plaide
vaillamment leur cause dans le meeting qui applaudit à ses paroles,
comme il a applaudi à celles des
autres orateurs. . i '.
Vint ensuite le rev. J. Bentieth qui
appuya la proposition de M‘‘ Lake en
disant combien les détails concernant
la position économique des pasteurs
vaudois l’avaient touché. On nous demande quelquefois, ajoute-t-il, où était
notre église avant Luther. Nous; pou-
7
423^
1
vohs répondre qne avant Luther l’ERÜse Gnrétienne était dans les Vallées du Nord de ritalie, et que c’est
en vain qu’on a essavé d’éteindre la
flamme qui sort du "buisson ardent.
11 brûle, mais ne se consume point.
L’orateur termine son discours par
un éloquent appel en faveur des souscriptions proposées.
Le vén. archidiacre Whately se lève
pour dire qu’il connaît depuis trente
ans l’œuvre des vaudois, et qu’il
peut affirmer hautement que s’-il
existe une église qui mérite l’appui
des chrétiens d'Angleterre, c’est cien
l’Eglise Vaudoise d’Italie. Si quelqu’un
désire avoir des informations exactes
sur cette église, il les trouvera dans
les écrits du rév, J. N. Worsfold,,
A. M. Recteur d’Haddlesey près SellyYorkshire.
C’est à l’unanimité _ des voix que
l’on adopte la proposttien tendant à
faire commencer sans retard les souscriptions. i
Nous regrettons vivement que l’exiguité des colonnes du Témoin ne nous
permette pas de donner in extenso les
admirables discours que nous avons
si faiblement reproduits.
Que des actions ée grâces montent
de tout cœur vaudois vers Celui qui
daigne fortifier nos mains en nous suscitant de tels amis et en si grand
nombre.
Etienne Bonnet, 'pasteur.
ftouiieUe© rcUgU«0es
Turin. — Un fait Irès-regrettable
vient de se passer aux portes même
de Turin. Dans la commune de Gollegno, et dans la fraction dite du
Baraccone, vivait depuis nombre d’années le colonel Jaas, ami intime (îu
général Kossuth, qui, lui aussi, a pris
demeure dans ces parages. Le colonel Jaas, après avoir pris une large
part au mouvement dirigé par celui
qui le regardait comme un frère,
et avoir été exilé avec lui par ordre
de l’Aütriche, avait offert ses services
à l’Italie pendant la guerre de 4866,
■et avait vaillamment combaltu comme
colonel de.la légion étrangère. Atteint
tout dernièrement d’une pneumonie,
il y succumba en peu de jours. Son
ensevelissement fut fixé pour lundi
dernier à 4 heures : bon nombre de
personnes haul-placées se rendirent
de Turin au Baraccone pour celte
circonstance. On arrive au village : on
passe devant la porte du cimetière
principal fermée, et c’est à travers
un champ boueux, sans aucun chemin praticable et {tout le long du
mur d’enceinte que le cortège est
obligé de défiler pour arriver à une
portine donnant accès là ce que ce
Conseil Comunal a affublé du titre
dérisoire de Camposanto per gli acattolid, Itnaginesi un carré d’une surface
de trois mètres latéraux, à laquelle
des murs extrêmement élevés donnent tout l’air d’un cul-de-sac, et où
il est impossible à plusieurs personnes de se retourner en même temps.
Ajoutez à cela un train infernal,
produit par ramèiitetnent d’une foule
d’hommes, de femmes et d’enfants, et
vous pourrez comprendre dans quelles
circonstances douloureuses pour le
cœur des amis d» défaut, le service
funèbre dut s’accomplir. Vousi comprendrez aussi comment celui qui le
présidait, n’aît pu s’empêcher d’exprimer toute son md:igïiation d'un pareil
proeédé et la honte profonde qu’il
ressentait, comme llaliem qu’aux portes mêmes de Turin, il se soit trouvé
une Commune, assez peu au fait des
droits de la conscience et de la liberté,
pour permettre un pareil _ scandale^
Nice. — L’Eglise Vaudoise de cette
ville vient de faire une perte trèssensible dans la personne d’un de
ses anciens, M. Jean Jacques Jalla,
né à Saint-Jean en 4812.
— Au milieu de fa discussion de la loi de la réforme électorale, une interiogaiioii de Massari
et de Rudiïii, adress'ée au ministère
8
VvAiWVW
..1Î4—
au sujet de la question de Tunis, a
eu pour résultat la chute du ministère
Cairoli. Le ministère, battu par 123
voix de la droite et par 68 de la
gauche, 191 voix contre 170, a présenté sa démission aux mains du roi,
qui a fini pour charger Déprétis de
la formation de la nouvelle administration. Il était facile de prévoir que
la chute du ministère aurait lieu au
bénéfice de Déprélis, surtout quand
on a appris'que quelques-uns des plus
zélés partisans de celui-ci avaient voté
contre Cairoli. — Ce dernier a été,
assez malheureux dans sa réponse
aux interrogations et aux interpellations. On lui reprochait de n’avoir pas
prévu, comme il l’aurait dû, l’expédition de la France contre Tunis et d’avoir
été mal servi par notre ambassadeur
■ Gialdini, duc de Gaëta, ami de Gambetta ; en général on reproche à Gairoli d’avoir laissé isoler l’Italie et de
n’avoir pas su maintenir ou se concilier les sympathies des puissances
les plus influentes, de l’Allemagne en
particulier.
La France depuis quelque temps,
ensuite des malentendus entre son
consul et celui d’Italie à Tunis, menaçait le bey, il lui fallait Jun prétexte pour donner suite à son projet
d’annexion ou de protectorat de la
Tunisie, une tribu à moitié sauvage,
celle des Koumirs, en violant le territoire de l’Algérie, et en livrant bataille à quelques compagnies de soldats français, a fourni le prétexte que
l’on cherchait.
La France va donc venger un affront et faire valoir son bon droit ;
elle envoie des vaisseaux devant Tunis
et quelques milliers de soldats auront
bien vite mis à la raison le bey et
ses Koumirs.
Voilà la question qui en apparence
a fait tomber le ministère Cairoli. —
On s’est ému à Rome à la nouvelle
de l’expédition française, qui imprévue, a pris Cairoli au dépourvu. Il
est évident que les intérêts de l’Italie
seront lésés par la prise de possession de la Tunisie qui est si voisine
de la Sicile et même de la Sardaigne,
mais il n’y a pas à craindre pour cela
une rupture entre la France et l’Italie.
Le Sénat a voté la loi de la suppression du cours forcé. Le ministère
n’est pas encore complètement formé,
mais" les noms de Depretis à l’intérieur, de Magliani aux finances, de
Ferrerò à la guerre, sont hors de
doute.
Angletewe. — La paix avec les
Bassoulos, dans les vœux des amis
de? missions, semble être près de se
conclure.
AtMsje. — Les réformes constitutionnelles tardent à venir. Le czar et
son gouvernement ne sauront trop
comment s’y prendre pour donner
une constitution à des nobles corrompus et à un peuple encore à demi
barbare.
Oriewht, — L’île de Chio, située !
vis-à-vis de Smyrne, sur les côtes de !
l’Asie Mineure, a été horriblement
dévastée par un tremblement de terre.
Des villes et des villages ne sont plus
que des monceaux de ruines. On
compte 5.000 morts et 40.000 personnes sans abri.
Des nombreux fléaux qui se sont
promenés sur la terre depuis quelques temps, c’est le plus grand.
A VENDRE
La Barina ^ sur les confins de
Prai'usiin à un quart d’heure du Pont
de Si. Martin (Pont Neuf), composée
de bâlimenls et de cent vingt luiil
ares (3 journaux et 75 tables), de vignes,cl prés ou vergers.
S’adresseï' au propriétaire J. B, Bertone, maison Challier, allée de Fénesirelles, N. 31 à Pignerol.
ErhestRobbkt, Gérant et Adminixtrateur
Pignerol, lmp. Chiantore et Mascarelli.