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iTcuille Mensuelle
SPÉC1ALEMEÏÏ CONSACRÉE AM INTÉRÊTS RE LA FAMILLE VAKDOISE
I' Hh dion qid es f r a u d e s ... »
« Ils disent qu’ il estV audois a
Nobla leyczoïi.
S om m a ire : Histoire Faudoise •. les Barbes ou les Missionnaires. —
Eglise: (2'"' article). — Agriculture: Considérations générales
(suite). — Politique: la Constitution. ^ Nouvelles religieuses. —
Nouvelles politiques.
Ansi
Le Gouvernement ayant fait droit à
sujet de la taxe trop onéreuse quon
l ’Echo donnera désormais de nouveau
sumé mensuel des principales nouvelles
îios réclamations au
nous avait imposée,
à ses lecteurs un ré
politiques.
H IISTO IK E Y A E U O IS E
LES BARBES OU LES MISSIONNAIRES.
(Fragment d’ une histoire des Vaudois racontée aux enfants).
Quand il n’ y a que peu d ’années, l ’intérêt pour l ’œuvre
des Missions eommença de se réveiller au m ilieu de nous,
plusieurs personnes appelaient cela une nouveauté par laquelle
il ne fallait point se laisser séduire. Mais ceu x qui pariaient
ainsi, mes petits am is, bien certainement ne connaissaient ni
la vraie nature de la religion que nous professons, ni notre
histoire; c a r , s’ils avaient connu la vraie nature de cette
2
—
106
—
icligioo, ils auraient compris que ce n’est pas seulement un
devoir, mais un besoin pour celui qui a trouvé la vérité,
de la faire connaître à ceux qui l ’ignorent; et s’ils avaient étudié
notre histoire, ils se seraient convaincus que ce qu’ils ap
pellent une nouveauté est au contraire parmi nous une chose
fort ancienne; mais quq malheureusement, pendant bien des
années, nous avons presqu’ entièrement perdue de vue.
En effet, bien loin que nos pères ne portassent aucun inté
rêt à cette œuvre sainte, ils étaient eux-mêmes de fervents
et zélés missionnaires, et l’histoire de leurs travaux sous ce
rapport n'est pas, vous vous en convaincrez vous-mêmes,
une des moins intéressantes d’entre celles que j ’aurai à vous
raconter.
N’est-il pas vrai, mes petits amis, que dès qu’il est question
de Missions, votre imagination éblouie vous transporte aus
sitôt au milieu des solitudes du TSouveau-Monde, parmi les
Hottentots du sud de l’ Afrique, dans l ’Inde ou au milieu des
sauvages de l’Océanie? Mais au temps dont je vous parle,
la plupart de ces contrées étaient entièrement inconnues aux
Européens; c’était donc autour d’e u x , dans les différents
pays de notre Europe, en France, en Allemagne, en Bo
hêm e, en Italie et jusqu’en Sicile que nos pères allaient ré
pandre la bonne nouvelle du salut qui est en Jésus-Christ.
Les hommes employés à cette œuvre étaient les mêmes
qui, dans l ’enceinte des Vallées, nourrissaient du pain de
la Parole les troupeaux confiés à leur garde. Le respect qu’on
leur portait, les avait fait appeler du nom de B arbes, mot
q u i, dans notre patois, comme vous le savez, mes petits amis,
signifie Onde, et dont, encore aujourd’hui, les enfants bien
élevés ne manquent jamais de faire précéder le nom des
personnes d ’un certain âge, en leur adressant la parole.
Le Collège où ces Barbes allaient se former était loin de
ressembler à celui dans lequel grand nombre d’entre vous
sont réunis chaque jo u r , grâces à la charité de nos bienfai
teurs. A l’extrémité supérieure du val d’Angrogne, à une
heure environ du point où les chàtaigners et les noyers di
sparaissent presqu’ entièrement, pour faire place aux bouleaux
et aux frênes, s’o u vre, entre deux rocs escarpés qui en dé
fendent l ’entrée, un étroit vallon, entouré de tous côtés par
de hautes montagnes: c’est le,Pra-du-Tour, nom célèbre dans
notre histoire, et qui reviendra plus d’une fois encore dans
3
—
107
—
ces récits. C ’était dans ce lieu solitaire, qu e, selon une tra
dition antique, étaient élevés, sous la direction des Barbes
fliargés de ce soin, les jeunes hommes que leur piété et leurs
talents avaient fait mettre à part pour la carrière du Ministère
Kvangéliriue. Les études auxquelles ils se livraient étaient
très-simples et se réduisaient à trois livres q u i, bien étudiés,
enseignent beaucoup de choses: la Bible le premier de tous,
leur cœur et la nature. S ’ils s’appliquaient à quelqu autre
science, c ’était parfois à la médecine, aliii de pouvoir, par
les soins prodigués au corps, s’ouvrir plus facilement accès
aux misères de l ’âme et leur porter remède. — Après trois
ou quatre ans de pareilles études, quand ils avaient appris
par cœur les Écritures du ¡Nouveau-Testament et la majeure partie
de celles de l ’Ancien, et après une autre année passée à l ’écart
pour se préparer par le recueillement et la prière à l ’œuvre
qu’ils allaient entreprendre, une assemblée de Barbes leur
imposait les m ains, et ils étaient envoyés deux â deux pour
évangéliser fo u s , vous le pensez bien, ne revenaient pas
de ces courses lointaines: le martyre les atteignait souvent en
route; mais ils savaient en partant au-devant de quels périls ils
couraient, et ils ne se mettaient en chemin que parfaitement
décidés à les braver tous.
Chacun de ces voyages durait deux ans, au bout desquels
les Missionnaires revenaient. Ce n’ était toutefois pas par le
même chemin qu’ils avaient suivi en allant. Ceux par
exemple auxquels étaient assignées pour champ de travail
l ’Italie et en particulier les colonies vaudoises de la Calabre,
traversaient, en s’y rendant. Gênes, Lucques, P ise , Florence
et Rom e; à leur retour ils visitaient Bologne, Ferrare,
V enise, toutes les villes situées en deçà des Appenins, dans
les riches plaines de la Lombardie, et après un court séjour
à M ilan, ils rentraient aux Vallées. Dans toutes ces villes
vivaient cachés des Vaudois, ennemis des doctrines de Rome
et les condamnant. Les Barbes les connaissaient et savaient
où les trouver. Graodè était la joie de ces pauvres fidèles
quand un signe convenu, qu’eux seuls pouvaient comprendre,
leur révélait dans l’étranger qui frappait â leur porte, le
Ministre de Dieu qui venait les consoler. Aussitôt il était
introduit dans la maison, on s’empressait, on le questionnait
sur les Eglises, sur les frères, sur le Barbe que l ’on avait
connu il y avait tout juste deux ans: souvent les nouvelles
4
108 —
élaienl des nouvelles de deuil; alors ils pleuraient et se con
solaient ensemble; puis la famille tout entière se réunissait
autour de la Parole de vie que le Barbe leur expliquait; la
Sainte Cène était célébrée; des supplications ardentes s’élevaient
en faveur de l’Eglise en souffrance; et après une dernière
exhortation à une vie chrétienne au milieu d’un monde mé
chant et corrompu, le Barbe les quittait pour aller chercher,
dans une autre demeure, d’autres fidèles à fortifier et à
réjouir.
Cependant vous vous tromperiez, mes petits amis, si vous pen
siez que c’était aux vaudois seulement que les Barbes adressaient
leur message. Sous les dehors d’un colporteur ou mercier, ils
pénétraient, sans éveiller de soupçons, dans l’intérieur des
maisons et des châteaux. D’abord ils offraient aux Messieurs
et aux Dames quelque agréable marchandise comme des
bagues et des voiles à vendre. On ne manquait jamais au
bout d’un moment de leur demander s’ils n’avaient pas
encore quelqu’autre chose. « J ’ai encore, répondait alors le
« Barbe , une pierre infiniment plus précieuse que tout ce
« que je vous ai montré ; une pierre si éclatante, que par
« elle l’homme peut connaître D ieu ;...... et si resplendissante
« qu’elle allume l’amour de Dieu dans le cœur de celui qui
« la possède » — « Montre-la nous, » s’écriait-on aussitôt,
« pour que nous l’achetions». — « Volontiers, répliquait-il,
« si vous me promettez de ne pas me livrer aux prêtres ». —
Quand il eu avait reçu l’assurance , le Barbe leur récitait
quelqu'un des plus beaux chapitres de l’Evangile, tels que
le 3 .“ ® de Saint Luc où est raconté l'envoi de l’Ange
Gabriel à Marie; le 23.“ ® de Saint Matthieu et le 12.“ ®
de Saint Marc où le Seigneur reproche aux Scribes et aux
Pharisiens, leur orgueil, leur incontinence, leur avarice
et l’ignorance dans laquelle ils maintenaient le peuple quant
aux choses de Dieu. Tous ces reproches, le dernier surtout,
étaient appliqués par le Barbe aux prêtres et aux religieux
de ces temps : « Il est rare, disait-il, de trouver parmi eux
« un docteur qui sache par cœur, sans se tromper, trois
« chapitres de suite du ¡Nouveau Testament; il est rare de
'' trouver parmi nous un homme ou une femme qui ne le récite
« aisément tout entier. Et pareeque nous avons la vraie foi du
« Christiet que nous enseignons sa doctrine etsa sainte vie, nous
« sommes persécutés à la mort par les Scribes et les Pharisiens
5
—
109
—
» comme le fut Jésus-Christ. Outre cela, ils disent et ne
« font pas..... tandis que nous faisons ce que nous ensei« gnons... Us ont plus i»cœur d’observer les traditions humaines,
« telles que les jeûnes, les fêtes, aller à l’église et beaucoup
« d’autres choses qui sont d’institution hum aine, que les
« commandements de Dieu; mais nous, nous n’enseigiionsd’ob« server que la doctrine de Christ ou des Apôtres__ C’est
<■ pourquoi, voyez quelle doctrine vaut mieux, la nôtre
« ou la leur, puis choisissez! »
« C’est ainsi, ajoute le moine ennemi des Vaudois qui
« nous a conservé ces détails, que par leurs erreurs , ils
« détournent celui qui les écoute de la foi catholique. Il
« devient leur adhérent; il les reçoit, les défend ellesp ro « tège ; et pendant plusieurs mois les cachant dans sa maison,
« il est instruit par eux de tout ce qui regarde leur secte ».
Telle était l’œuvre missionnaire que nos pères pratiquaient
en Europe il y a quatre ou cinq siècles. Maintenant que
vous la connaissez, mes petits amis, vous lirez sûrement
avec plaisir la charmante poésie ci-après, qu’uu pieux ami
des Vaudois (f) a composée sur ce sujet, et j ’espère que plus
d’un d’entre vous voudra même l’apprendre par cœur.
Elle est intitulée;
LE COLPORTEUR VAUDOIS.
»
»
»
»
»
»
»
» (Ml! regardez, ma noble et belle dame,
Ces chaînes d’or, ces joyaux précieux.
Les voyez-vous, ces perles dont la flamme
Effacerait un éclair de vos yeux ?
Voyez encore ces vêtements de soie
Qui pourraient plaire à plus d’un souverain.
Quand près de voijs un heureux sort m’envoie
Achetez donc au pauvre pèlerin ! »
La noble dame, à l’âge où l’on est vaine,
Prit les joyaux, les quitta, les reprit.
Les enlaça dans ses cheveux d’ébène (2)
Se trouva belle, et puis elle sourit. — ..i_
—« Que le faut-il vieillard ? des mains d’un page (3) ^ ^
Dans un instant, tu vas le recevoir.
O h! pense à moi, si ton pélérinage
Hinq.» i
Te reconduit auprès de ce manoir » ( i ) .
"
'
[i) M. de Félice, profeneuT à Monlauban. (a) Chevet» noirs (3) i^ g « v e a t
àne domestique. (4) Manoir y eut. dire un vieux Ckéfeau.
'
6
— ilO —
Mais l’étranger d’une voix plus austère
Lui dit : « Ma fille, il me reste un trésor
Plus précieux que les biens de la terre,
Plus éclatant que les perles et l’or.
On voit pâlir aux clartés dont il brille
Les diamants dont les rois sont épris.
Quels jours heureux luiraient pour vous, ma fille
Si vous aviez ma perle de grand prix ! «
— « Monlre-la moi vieillard, je t’en conjure ;
Ne puis-je pas te l’acheter aussi ? »—
— Et l’Etranger sous son manteau de bure (S)
Chercha longtemps un vieux livre noirci.
— « Ce bien, dit-il, vaut mieux qu’une couronne ;
Nous l’appelons la Parole de Dieu.
Je ne vends pas ce trésor, je le donne ;
Il est à vous : le ciel vous aide ! adieu ! »
Il s’éloigna, bientôt la noble dame
Lut et relut le livre du Vaudois.
La vérité pénétra dans son âme.
Et du Sauveur elle comprit la voix ;
Puis un matin, loin des tours crénelées.
Loin des plaisirs que le monde chérit.
On l’aperçut dans les humbles Vallées
Où les Vaudois adoraient Jésus-Christ.
L’EGLISE VAUDOISE
article), ffi)
Qtë0 vroil l’ JÉgflite v a tc d o fo e ? (mite).
S ur D ieu. L’Eglise vaudoise croit à un Dieu Père, Fils
et Saint-Esprit, trois Personnes en une seule Essence; éternel,
infini, parfaitement saint, parfaitement bon et parfaitement
juste; lequel s’est révélé aux hommes par sa création, par
sa Providence, par sa parole et enfin par Jésus-Christ.
S ur l ’ h om m e . L’Eglise vaudoise croit que l ’homme sorti
des mains de son Créateur, pur, saint et libre, comme cela
est exprimé quand Dieu dit; « f'aism s l'homme à notre
' « image » (Gen. î . v . 26), s’est de lui-même et par sa
(5 ) De bure veut dire de drap grossier.
(G) Voir le uuméro 6, page 91.
7
—m —
propre faute, privé de cet étal bienheureux, en cédant aux
suggestions du malin; et qu’ensuite de cette transgression,
non seulement il a perdu la justice et la sainteté qu'il avait
reçues, mais qu’il est devenu ainsi que s’exprime l’Ecriture,
« esclave du mal » (Rom. VI. 17) — « enfant de colère » —
« mort en ses fautes et en sespéehés » (Eeu. 11. v. 1. et 5.)
et comme tel sujet à la condamnation que Dieu prononce
quand il dit: « Maudit est quiconque ne persévère pas
« dans toutes les choses écrites au livre de la Loi pour
« les faire (D eut . XXVII. v. 26) ».
Sur J ésus-C hrist . L’Église vaudoise croit qu’il n’y a pour
l’homme dans l’état où le péché l’a réd u it, qu’une voie de
salut, savoir Jésus-Christ; Dieu manifesté en chair » (T im. 111.
v. 16), vrai Dieu et vrai homme tout ensemble; livré pour
« nos offenses; ressuscité pour notre justification » (R üm. IV.
v. 25); élevé dans la gloire (T im. IH. v. 16); « assis à
« la droite de Dieu » (Marc. XVI. v. 19) où il « inler« cède pour nous » (R om. VIII. v. 33j, d’où il reviendra
sur les nuées du ciel pour « juger les vivants et les morts »
(A ct . X. V. it2). _
Sur la F oi. L’Église vaudoise croit que la Foi; non une
foi d’intelligence seulement, mais une foi du cœur, est l’in
strument par lequel nous sommes mis en possession de ce
salut que Jésus-Christ est venu nous acquérir, selon qu’il
le dit Lui-même à la pécheresse de l’Évangile: ta foi l’a
« sauvée, va-t-en en paix\ » (Luc VIL v. 50); selon la
parole de St Paul au géolier de Philippes ; Crois au Seigneur
« Jésus-Christ et tu seras sauvé » (Act. XVI. 31); et selon
la déclaration solennelle du même Apôtre : « vous êtes sauvés
« par gráxe, par la foi, cela ne vient pas de vous, c’est un
« don de Dieu ». (E ph . IL v . 8).
S ur les conséquences qui résultent de la F o i . L’Eglise
vaudoise croit que par cette Foi, quand elle est sincère et
vraie, l’homme est justifié; c’est-à-dire q u e, croyant au
pardon de Dieu et au sacrifice par lequel ce pardon est
devenu possible, il est désormais traité par Dieu, non pins
comme pécheur, mais comme s’il était juste, la justice de
Christ demeurant en lui par la foi; ce qui ressort admira
blement de ces paroles de l’Ecriture : « Maintenant la just ice
« de Dieu est manifestée sans la loi... envers tous ceux
« et sur tous ceux qui croient » (R om. III. v. 21 et 22);
8
— H2 —
« — à celui qui ne fait pas les w-uvres, mais qui croit en
« Celui qui justifie le méchant, sa foi lui sera imputée à
« justice» (R om. IV. v. S). — « Etant justifiés par la foi
« nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus«< Christ » (Rom. V. v. I).
Mais comme la foi au sacrifice de J-C. ne saurait être
vraie, si elle n’est pas accompagnée dans notre cœur de la
« nouvelle naissance » comme la conséquence nécessaire, im
médiate d’une vraie foi, c’est de produire en nous une vie,
des sentiments et des œuvres qui lui ressemblent ; l’Eglise
vaudoise croit que la « sanctification » doit naître en nous
de la « Justification » et lui servir de témoignage , absolu
ment comme les fruits naissent de l’arbre, et en révèlent
l’excellence; en sorte que tout en admettant, conformément
aux Ecritures, que nos bonnes œuvres sont sans aucune va
leur pour nous procurer un salut que nous ne tenons que
de la mort de Jésus-Christ, elle admet avec ces mêmes Ecri
tures que là où les bonnes œuvres manquent, le salut n’y
est pas non plus, l’absence des bonnes œuvres étant l’absence
d’une vraie foi: « Comme un corps sans âme est m ort, de
« même la foi qui est sans les œuvres est morte » (J acq. 11.
V. 26). — « La volonté de Dieu c’est %mtre sanctification »
(T hess. IV. V. 3) — « Nous sommes l’ouvrage de Dieu,
« ayant été créés en Jésus-Christ pour les bonnes œuvres, afin
« que nous y marchions « (Eph. II. v. 10).
S ur le S aint-E sprit . L’Eglise vaudoise croit que la Foi
aussi bien que les conséquences qui en découlent: justifica
tion, nouvelle naissance, sanctification sont en nous l’œuvre
miséricordieuse du St-Esprit, par lequel seulement nous pou
vons connaître Jésus-Christ, comprendre sa Parole; nous en
appliquer les consolantes promesses et être rendus capables
d’une vie véritablement chrétienne: « Nul ne peut dire que
par le Saint-Esprit que Jésus est le Seigneur » (Cor. XII,
V. 6 ) . « Quand le Consolateur sera venu . . . . savoir
l’Esprit de vérité, celui-là vous rendra témoignage de moi__
et vous conduira en toute vérité » (Jean XV. v. 26; XVI.
V. 12). « f^ous n’avez pas rem un esprit de servitude pour
« être encore dans la crainte, mais vous avez rem l’esprit
« d’adoption par lequel nous crions Abba, Père. C’est ce
« même Esprit qui rend témoignage à notre esprit que
• nous sommes enfants de D ieu» (Rom. VIII. v. IS. 16).
9
— H3 —
Ainsi : autorité exclusive et suffisance des Ecritures comme
rè^le de foi; un Dieu P ère, Fils et Saint-Esprit; l’homme
originellement déchu et condamné, racheté gratuitem ent,
par le sang de Jésus-Christ; ce salut approprié à l’homme
par la Foi ; celle-ci quand elle est vraie se manifestant en
nous par des fruits de régénération et de sanctification, les
quels, aussi bien que la Foi elle-même sont dans nos cœurs
l’œuvre du Saint-Esprit ; telles so n t, non pas toutes les
doctrines, il s'en faut de beaucoup, mais les doctrines vi
tales que l’Eglise vaudoise trouve contenues dans la parole
de Dieu, par lesquelles elle existe , et des quelles , comme
de leur source, découlent toutes les autres vérités tant
dogmatiques que morales que Dieu a daigne nous révéler (1).
Dans un prochain article, nous chercherons comment se
gouver^ne cette Eglise dont nous venons d’exposer les croyances
fondamentales.
A C iR lC U IiT U H E (i)
CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES (smle)
D essèchem ents . Dans les terrains humides, les dessèchements
sont absolument nécessaires, et cela pour deux raisons prin
cipales: la 1 J® que les eaux que contiennent ces terrains exi
geant pour leur évaporation, presque toute la chaleur que le
soleil peut fournir, il n’en reste plus assez pour donner au
sol cette température, sans la quelle la végétation est impos
sible ; la 2“ ®, que cette excessive humidité étant absorbée par
les racines, par les tiges et par les feuilles, et l’évaporation
qui s’en suit faisant baisser la température, l’intérieur de la
plante n’a plus le degré de chaleur nécessaire pour que la
fermentation de la quelle dépend en grande partie son ac
croissement puisse s’opérer d’une manière assez rapide et
assez complète. Ramenée à une mesure convenable, l’humi
dité sera pour un sol une .condition avantageuse qui en dou
blera les produits , si toutefois les autres conditions d’une
bonne culture n’y sont pas négligées.
( i l Voir pour une exposition plus détaillée et plus coinplèle des doctrines pro
fessées par CEglise vaudoise, la Confession de fo iA e cette même Eglise: Légerf
première partie, page lia . O n ia trouve aussi dans le livre de fam ille de fei»
Mr le pasteur Sert, et à la suite de la Liturgie vaudoise.
(a) Voir le numéro 6, page loi.
10
—m —
L a b o ü h s . Des labours profonds et souvent répétés lieiment
lieu d’engiais, et font supporter au sol une répétition des
mêmes récoltes ; soit parce qu’en broyant la terre et la
rendant plus friable, ils mettent toutes ses mollécules (petites
parties) en contact avec la plante qui en reçoit ainsi une
plus abondante nourriture; soit parce qu’en creusant plus avant,
ils rendent à la végétation une terre qui, en même temps
qu elle est plus reposée, est aussi plus riche que la surface
en sucs nourriciers. En effet, c’est une chose parfaitement
reconnue que la tendance naturelle qu’ont les diverses sub
stances dont se compose le sol à descendre, et cela d’autant
plus rapidement qu elles sont plus pesantes. Quand à leur pesan
teur s’ajoute, comme c ’est le cas pour plusieurs, cette qualité
d ’être solubles c ’est-à-dire de pouvoir être dissoutes (fondues) par
l’eau, il est naturel que cet effet se produise d’une manière encore
plus sensible;. Si après cela on se souvient que l’action constante
de la pluie doit être de faire descendre les substances nutri
tives üont l’engrais est composé , on comprendra que le ré
sultat de toutes ces causes réunies soit nécessairement celuici : appauvrissement de la couche supérieure, et acquisition
par la couche inférieure de tout ce qui aura été enlevé à
la première. Or, les choses étant ce que nous venons de
dire, de quelle immense ressource ne se privera pas l’agri
culture dans notre pays, aussi longtemps qu’au lieu de la
bourer véritablement, on se contentera ( la vigne, dit-on, en
est la cause ) de faire ce que l’on a toujours fait, savoir
de retourner régulièrement les sillons de droite à gauche, et de
gauche à droite, sans creuser jamais plus avant que la surface !
{la suite prochainement)
P O lilT lQ U E
LA
CONSTITUTION (I)
Une Comtitution quand il s’agit d’un E t a t , est I’ acte par lequel
une nation , om l'autorité qui la représente , détermine la forme de
son gouvernement (s’il sera républicain ou monarchique), et I’ o r g a NiSATiON des pouvoras qui le composent (s’il y aura par exemple
une ou deux Chambres ; par qui la justice sera administrée etc. etc).
(i) Cet article faisant 'suite à un autre intitulé: des différentes formes de gou^vernement ( lN° a,, page 21), nous engageons nos lecteurs à relire ce dernier
s’ils veulent bien comprendre celui, d’aujourd’ hui.
^
11
— H5 —
C’est dans ce sens qu’on parle de la Constitution ou Charte ( les
deux mots ont la même signification) française, belge, anglaise,
etc., indiquant les actes divers par lesquels en France, en Bel
gique, en Angleterre, la forme de gouvernement particulière à
chacun de ces pays a été déterminée.
En Piémont la Constitution porte le nom de Statuto fondamentale,
ce qui veut dire la même chose. Quand la Constitution — au lieu
d’être donnée (comme cela a été le cas chez nous) par le Prince
qui, de sa propre volonté, reconnaît à la nation le droit qu’elle a
de concourir à son gouvernement, naît d’une révolution ensuite de
laquelle, le peuple demeuré vainqueur, se constitue comme bon lui
semble , le soin de préparer cette Constitution est remis à une
assemblée qui porte à cause de cela le nom d’assemblée Con
stituante, laquelle est, ou non, tenue de soumettre son travail à la
sanction c’est-à-dire à Yacceptation du peuple, suivant l’étendue des
pouvoirs qui lui ont été accordés.
Une fois la Constitution arrêtée et proclamée, ni le Roi, ni la
Chambre des Sénateurs , ni celle des Députés ne peuvent y ap
porter le moindre changement.
Ceux-ci, quand ils auront été reconnus nécessaires, seront l’œuvre
d ’une nouvelle assemblée constituante, nommée comme la précé
dente par le peuple.
Les Chambres n ’ayant pas, ainsi que nous venons de le dire, la
faculté de faire aucun changement à la Constitution, il en résulte
que toutes les lois qui seront décrétées par les Chambres devront
l’être conformément aux bases gouvernementales, posées par la Charte
et ne s’en écarter en aucun point.
Toute toi qui n’aurait pas ce caractère , serait une loi inconsti
tutionnelle, c’est-à-dire contraire à la Constitution.
Pareillement on appellerait inconstitutionnelle la conduite soit du Roi,
soit des Ministres, quand, dans un acte quelconque de leur admi
nistration , ils agiraient contrairement à ce que la Constitution
prescrit et exige. Une telle atteinte à la loi fondamentale de l’Etat,
est la plus grave faute qu’un gouvernement puisse commettre, et
la cause souvent de révolutions terribles et inattendues.
La Constitution piémontaise, au développement de laquelle nous
voulons maintenant nous attacher, contient, outre le préam bule,
9 titres ou chapitres, se divisant en 84 articles :
Le chapitre I.*'^ pose ce qui a trait à la religion, aux principes
fondamentaux du gouvernement, et au Roi comme chef de l’Etat.
Le
11' traite des droits et des devoirs de tous les citoyens,
Le -III'
du Sénat ou chambre des Sénateurs.
Le IV'
de la Chambre des Députés.
Le
V'
des dispositions communes aux deux chambres, c’està-dire concernant également le Sénat et la Cham
bre des Députés.
Le VI'
des Ministres, c’est-à-dire des hommes qui seront
nommés par le Roi à la charge de Ministres d’Etat.
Le VII'
de l’ordre judiciaire, c’e st-à -d ire de la manière
12
— H6 —
dont la justice sera administrée, et des personnes
proposées à cet office.
Le V lll° contient les dis positions générales, c’est-à-dire applica
bles à des objets divers.
Le 1X° enfin contient les dispositions transitoires, c’est-à-dire ces
mesures prises pour mettre d’accord la nouvelle organisation avec
les anciennes lois qu’on croit devoir conserver on qui ne peuvent,
sans de graves inconvénients, être abolies tout-à-coup.
Nous reprendrons successivement chacun de ces chapitres pour
en mettre , autant que possible, le contenu à la portée de tous
nos lecteurs.
lV O V r Æ !E ,E ,Æ !S Æ eJE E ,r€ ÎÆ Æ !V SÆ S
V allées V audoises. — Une nouvelle faite pour remplir de joie la po
pulation Vaudoise est celle de la distinction dont son bienfaiteur, le
Major-Général Beckwith vient d'clre honoré par le Roi Charles-.tlbert ,
qui l’a nommé Chevalier de l’ordre des Saints Maurice et Lazare, en
considération des services signalés rendus par le Général à l’ instruction
publique dans les Vallées. Quand on se rappelle qu'il s’agit de ce même
homme qu'un Evêque , d’heureuse mémoire, ne rougissait pas d’appeler
dans un article de journal L’Àventurier à la jambe de bois ; de ce même
homme que plus d’une fois des intrigues de bas étage furent sur le
point de faire e.vpulser du pays, à cause des lumières qu'il y répandait,
on sent qu’effectivement un grand changement s’est opéré dans nos in
stitutions, et on en bénit Dieu. Puisse ge témoignage de satisfaction du
Souverain, joint à celui de la reconnaissance du peuple auquel il s’est con
sacré, être pour le Général B. de quelque compensation aux sacrifices ^
plus grands que nous ne sommes en étal de le comprendre, qu’il s’im
pose chaque jour pour notre bien. Et nous Vaudois, serrons-nous avec
toujours plus d’amour autour de ce Monarque qui, depuis qu’il est sur
le trône, n’a pas cessé, laissé à lui-même, de nous donner des preuves
répétées de sa bienveillance !
T urin . — Nous croyons pouvoir annoncer comme très-prochaine (et peutêtre même quand cette feuille paraîtra, sera-t-elle déjà opérée) l’aggrégation de la Communauté protestante de cette ville à l’Église vaudoise,
laquelle aura ainsi de nouveau franchi les limites que Ta tyrannie lui avait
imposées depuis des siècles. — Nous reviendrons du reste sur ce sujet,
une fois le fait accompli. —
F lorence . — Nous ne saurions placer mieux que parmi les nouvelles
religieuses la lettre suivante du Ministre de la Guerre, d’Ayala, contenue
dans le Monitore Toscano du iS décembre:
« Tandis qu’on s’applique avec le plus grand zèle à améliorer la disci« pline et l’instruction des troupes, ce serait une coupable omission que
< de ne pas s'appliquer à l’amélioration de l'homme intérieur. Cet office
• appartient de droit aux Curés et aux Chapelains militaires. S’ils le ’hé« gligeaient ils seraient doublement coupables, soit parceque leur fonction
« très-sainte est de prier pour le peuple et de l’ instruire; soit parceque
« le salaire qu’ils reçoivent dans ce but les y oblige d’autant plus étroi« tement. Vous leur ferez donc savoir que tel est mon premier d ésir,
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« qu'à la Messe, dans les jours de fête, après la lecture de l'Evangile
« ils se tournent vers les troupes et leur expliquent le sens de ce livre
• sacré, lequel contient toutes les vérités, toutes les consolations qui peu• vent rendre riioiume heureux dans la vie, qui u'esl autre chose qu’une
« guerre ; en sorte que le courage contre les enneiiiis, la patience dans
n le cani|), la lionne harmonie dans les casermes émanent de ce Dieu
« qui est amour et vérité.
• La patrie ne peut être sauvée que par des soldats moraux; et l’E« vangile renferme la morale universelle du genre humain. — Vous ferez
» donc cette recommandation aux Curés et aux Chapelains mililaires, afin que
« le Dimanche et les jours de fêle les soldats ne sortent pas de l'Église
Il à jeun comme ils y entrent, mais restaurés par la religion de la parole
« de Dieu, laquelle délivre de tout esclavage ».
O Florence, le tîi décembre I84S ».
« Le Ministre de la Guerre D'Avai. v ».
Comment se fait-il que celte recommandation instante de nourrir le
peuple de la parole de Dieu afin qu'il ne sorte pas de l'Église à jeun
comme il y est entré, vienne d'un soldat, d'un Ministre dé la Guerre,
et ne vienne pas d’un Évêque ? —
— Dans le même Monitore Toscano, journal officiel du gouvernement,
nous lisons ce qui suit: « Depuis l'an 1840 pesait sur mademoiselle Ma« thilde Calendrini une sentence bien dure qui l'obligeait à s’éloigner de
» la Toscane. Tout le monde à celte époque vil dans ce fait une vengeance
obtenue par les Jésuites, de l'expulsion de Pise, des dames dites du
« Sucré Cœur. Mais la vérité devait finalement triompher, et mademoiselle
» Calendrini reconquérir sa pleine liberté de demeurer où bon lui sem« blerait. Le Ministère, en date du lo novembre dernier, révoquait cette
» sentence, et rendait à mademoiselle Calendrini la liberté d’habiter parmi
« nous, et de continuer à s’appliquer à l'éducation du peuple, par laquelle
« elle s’est acquise tant de droits à l’estime et à l’amour de tout le monde ».
— Un fait bien nouveau en Italie, et qui mieux qu’aucun autre montre
le progrès réel qui s’est opéré pendant ces derniers mois dans le sens
d'une vraie liberté; c’est la guerre de feuilles volantes qui s’est engagée
entre M. Minucci, Archevêque de Florencd et unia'ique, M. Enrico Monlazio,
>ur des matières religieuses. Il y a un peu plus d’un a n , au lieu de
répondre directement par écrit, M. Minucci aurait fait répondre par les
Carabinieri. Hélas! que de gens n'y a-t-il pas encore, en Italie et ailleurs ,
qui trouvent cette seconde manière plus expéditive.
1
nroiJYEi,i»Es
p o e it i^ ees
— Quelle année qne celle qui vient de finir! Jamais transforma
tions aussi générales et aussi profondes ont-elles été accomplies en
moins de temps! Jamais tant de questions vitales ont-elles été soulevées
et plusieurs résolues! Où est l’homme, si pénétrant qu’il soit, qui eût
pu prévoir le quart seulement de ce qui est arrivé, et de ce dont nous
avons été les témoins? Et l’année où nous venons d’entrer, que nous
apportera-t-elle? — Dieu seul le sait; mais une certitude, bien douce au
coaur de qui sait s'en saisir, demeure au ntilieu de tant d’incertitudes,
c'est celle que pas un événement n’arriVe , que pas un changement ne
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—
ils —
s’opère ; que pas un cheveu de notre tète ne tombe sans la permission
de Celui qui fait concourir toutes choses au bien de ses enfants. En
attendant, repassons, tout-à-fait en courant, quelques-uns des principaux
faits du mois qui vient de s’écouler: nous nous convaincrons qu’il n’est
pas un des moins remplis de l’année à laquelle il appartient.
ITALIE.
P iémont . — L ’événement principal de cette partie de l’Italie est la dé
mission du ministère Pinelli et la formation d’un nouveau ministère dont
le programme, s’il est réalisé, comme nous l ’espérons, fera faire un im
mense pas en avant à la question italienne. En voici les principales idées;
riNDÉPEND.vNCE de l'ilalie, et pour cela la G uerre , seul moyen par lequel
le Ministère croie cette indépendance possible; TU nion de l’Italie par la
proclamation d’une Constituante Italienne, c’est-à-dire, d’une Confédé
ration d’Étals Italiens, laquelle tout en laissant à chacun d’eux la forme
de gouvernement qui lui est propre, créerait entre eux tous un intérêt
commun et une force commune soit pour avancer, soit pour se défendre
en cas d'attaque; en troisième lieu. D éveloppement toujours plus complet
des institutions libérales, dans les limites toutefois de la Monarchie con
stitutionnelle. Le Ministère promet de se faire gardien sévère de Végalité de tous les citoyens devant la loi ; de donner une attention spéciale
aux intérêts des provinces, à l’organisation des Communes et de la Gardenationale, et ce qui n’est pas moins important, de travailler de tout son
pouvoir, à accroître le bien être tant physique qu’intellectuel et moral
du peuple et des travailleurs. Les membres composant ce nouveau Mi
nistère sont: ViNCENzo G ioberti , Présidence et Affaires étrangères) Ric
CARDO SiNEO, Intérieur) E ttore di S onnaz, Guerre) V i.ncenzo R icci , Finances;
U rbano R a tta zzi , Grâce et Justice) C arlo C adorna , Instruction publique-,
D omenico B uffa , Agriculture et Commerce) S ebastiano T e c c h io , Travaux
publics.
— Le Ministère a envoyé un délégué à Florence et à. Rome pour s’en
tendre avec ces deux gouvernements sur les bases d’une Constituante
Italienne.
R ome . — C’est vers cette v ille , à cause des graves événements dont
elle a été, et dont elle est encore le théâtre, que sont maintenant tournés
les regards de l’ilalie et- de l’Europe tout entière. Nos lecteurs auront
appris déjà comment le Pape, après avoir donné son adhésion au Mini
stère libéral proclamé par le peuple, à la suite de l’assassinat du comte
R ossi, s’enfuit de Rom e, dans la nuit du 24 au 2b novembre, pour se
rendre à Gaëte, dans les états du roi de Naples, d’où il protesta contre
tout ce qui s’était fait quelques jours auparavant, le déclarant nul et
non avenu. On s’attendait, à ce que cette fuite du Souverain Pontife
jetterait dans la consternation, la plus grande, la capitale du Catholicisme;
c’était en vue d’ une telle fin qu’elle avait été combinée; mais il n’en
fut rien; le peuple y fit à peine attention; la plus parfaite tranquillité
continua de régner dans la ville, et les opérations du Ministère aussi bien que
des Chambres ne furent pas un instant interrompues. A deux invitations
successives qui lui furent adressées, de revenir à Rom e, le Pape ayant
répondu par un décret portant: dissolution des Chambres, de la Gardenationale et suspension de la liberté de la Presse, les Chambres pas
sèrent outre et nommèrent un Gouvernement provisoire. Ce n’était toute
fois là qu’un premier pas vers la solution de la grande question qui depuis
longtemps s’agite en Italie, savoir la séparation du pouvoir temporel et
do pouvoir spirituel réunis jusqu'ici dans la personne du Pape, lequel
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cliiil à la fois l'rince cl Évéqiic. line Assemblée constilunnte chargée de
ilonncr aux États Komains la Constitution qui pourra le mieux leur con\enir est sur le point d’étre convoquée , et nul doute qu’une de ses
preiiiicres opérations ne soit de déclarer le Pape déchu quant à son
autorité temporelle. Le langage des feuilles Romaines est tout au moins
irés-explicilc à ce sujet: « Qui pourrait, écrivait dernièrement le
Contemporaneo , nous démontrer la nécessité de vivre sans gouvernement,
ou nous imposer le devoir de tolérer un gouvernement ennemi de nos
droits? Le l’rince nous a abandonnés ; il ne fait pas mine de vouloir re
tourner au milieu de nous sinon avec les mêmes intentions hostiles à
MOS droits avec lesquelles il est parti. — La Constitution est déchirée; le
pouvoir législatif est incomplet ; l'ancien pouvoir exécutif n’existe plus
du tout. — Donc il }• a nécessité de faire un autre gouvernement ». El
vcul-on savoir ce que l’on pense de celle question dans le reste de l’I
talie f — Voici enlr’aulres ce qu’en disait loul-récemmenl un journal toscan,
destiné au Peuple, et connu pour trés-modéré: « La Rome romaine ne
« peut désormais plus transiger avec le Prince fugitif; la Rome catho■I tique sera toujours soumise et affectionnée, et accueillera sùr et Iran« quille dans son sein le Vicaire de Christ. Le gouvernement séculier du
« Pape est désormais un gouvernement impossible ». Le journal indique
ici neuf à dix sortes d’impossibilités, parmi lesciuelles les suivantes; « Impossi« ble, pareeque sa fuite est un acte inconstitutionnel. Impossible, par« ce que le Prince qui fuit veut la guerre civile et ne mérite plus la
< conliance de ses sujets. Impossible, pareeque le Pape qui regarde d’un
« même œil et avec une égale bonté les oppresseurs et les opprimés, ne
1 peut brandir une épée pour chasser les premiers et sauver les seconds.
O Impossible, pareeque désormais les vrais catholiques sont las et souffrent
« d’entendre constamment reprocher à l’Église les vices et les forfaits de
• la cour de Rome, et que dans le l*rince on doive accuser le Pontife
« par la difficulté qu’il y a pour le peuple (elle existe cette difficulté
«pour d’ autres encore que pour le peuple) de faire une ahstraction ,
« sachant que dans un Corps unique, il n’y a qu’un seul esprit , une
« seule faculté de vouloir. Èn conséquence tous les vrais catholiques im« plorent humblement de Dieu, ou que Pie IX fasse de son plein gré la
» nécessaire et solennelle abdication de la sanglante couronne des Borgia,
« des Riario, des Medicis pour ne retenir que la tiare pure et sainte de
« Pierre et de Clément; ou que le peuple romain à l’unanimité décrète
<< la déchéance ». — <> Sommes-nous Catholiques, poursuit encore le même
< journal, nous devons vouloir que la main qui bénit ne signe pas des
« sentences de mort ; que l’humble serviteur des serviteurs de Dieu rachète
« et n’opprime pas; qu’il conquière des peuples pour le Ciel et non pour
« ses neveux; que quand le Pontife juge les nations, il ne fasse pas
< acception des personnes; que quand il chasse du temple les Théodoses sangui« naires, ils ne puissent pas lui reprocher les mêmes énormités........ Christ a
» régné par la croix; que ce soit par la croix que régnent les Pontifes.
« — Christ a écrit la code de l’amour, que le seul code de l’amour soit dans
• les mains des Pontifes. — Christ a dit : Rendez à César ce qui est à
» César, et à Dieu ce qui est à Dieu; que Pie IX rende au peuple de
• Rome la souveraineté qui est au peuple, et que lui s’asseye dans le
« temple, et qu'il soit le chérubin qui porte au Très-Haut les prières des
U peuples travaillés, et qui implore la paix sur les hommes de bonne
« volonté ».
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—
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EXTÉRIEUR
F haisce. — Après
être devenue république, presque sans s'en douter,
la France vient de nommer pour son Président un neveu de .Napoléon,
Louis Bonaparte, connu seulement pour avoir à deux reprises tenté de
se faire proclamer Empereur. Quel est le secret d’une pareille nomination,
faite à une immense majorité, et en face d’un compétiteur comme le
Général Cavaignac? — C’est ce que l’avenir ne tardera pas de nous
apprendre.
A u triche . — L’empereur d’Autriche Ferdinand a abdiqué en faveur de
son frère l’Archiduc François, lequel a abdiqué aussi en faveur de son
fils Ferdinand Jo sep h , âgé de 18 ans. Ce changement de nom amè
nera-t-il un changement de choses? — c’est ce que nous verrons. En at
tendant, la guerre continue entre l’ Autriche et la Hongrie avec un grand
déploiement de forces de part et d’autre.
P russe . — Par un arrêté du b décembre le roi prononçait la dissolu
tion de l’Assemblée constituante, la déclarant impropre à l’accomplisse
ment de la tâche qui lui avait été confiée. Tout le monde se croyait en
voie de pleine réaction , quand peu de jours après, le Monarque de sa
propre volonté proclama une Constitution telle que nous appelons de tous
nos vœux le jour où dans les différents états de l’ Italie nous en aurons
une qui lui ressemble. Les grands principes des sociétés modernes y sont
reconnus d’ une manière si loyale et si franche que les libéraux en
Prusse ne pouvaient y croire. Voici quelques-unes des dispositions qu’elle
renferme; Art. A; « Tous les Prussiens sont égaux devant la loi. Les pri« viléges de noblesse sont abolis. — Art. 11 : Sont garanties les libertés
« des confessions religieuses, celle de se réunir pour former une société
« religieuse et pour exercer le culte public. La jouissance des droits civils
« et politiques est indépendante de la religion qu’on professe, et de la
« communauté religieuse à laquelle on appartient. Les droits civils et poo litiques ne peuvent souffrir de l’exercice de la liberté des cultes ». La
constitution admet un autre mariage civil; liberté d’association; liberté
de la presse la plus large possible ; liberté d’enseignement moyennant
des brévets de capacité et de moralité présentés par les maîtres; et ga
rantie d’ une instruction gratuite offerte par l’État à tous les citoyens. —
La Constitution doit d’ailleurs être soumise à l’examen d’une nouvelle Cham
bre convoquée pour le mois de février. — Qu’on nous donne des réactions
de cette espèce, et nous ne ferons pas difficulté de les admettre. —
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£e Gérant:
JEAN REVEL.
Fautes essentielles à corriger ait iV® 6 .
Page 8g ligne
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9
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a
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lisez Fürtemberg. Sans doute
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» pussiez
^ adapter
imp- de Paul Gbighetti.