1
Seconde Année.
N. 20. -:
;¡V . -fu:.
.Joiir*nal do l’Ég-liso lÊviiti^élîqtio Vaixdoiso
Paraissant chaque Vendredi
Vous me aeres témoins. Actes I. 8.
' !
Suivant la vérile avec la charilé.
Prix de l*abonnemknt p.m av On s'abonne; k Pignerol au Bureau de Pad- .. .1:-. .il .
Italie l. 3 ' miniatrafion ü^arson XiTicoI. 1 Un Numéro séparé: 10 cadtimes.
Tous les pays de TUnion de La Tour chez M. (Olli libraire. ; " 1 Aononcea à la 4.e page 35 centiposte (Europe) * 0 h. Turn nhez M. Goss, YiajPio Ûoinio, o, Dtea par ligne.
Etats-Unis .... s 8 A Pomaret chez M. Lantarbt Past. Direcleutp 1 r
.«^ouamaIr*e.
Dell* extrêmes. — La dissimulalioa. —
Correspondanee. — Divers. - Xouvellea
religieuses et faits divers. — fíevue politique.
DEUX EXTRÊMES
L'autre extrême dont nous vouions parler c’est l’habitude de
juger, non pas trop sévèrement,
mais aa contraire avec trop d’indulgence. Au criticisme outre nous
opposons l'etiffouemetii, qu’avec
moins de propriété' nous pourrions
aussi nommer l'enthousiasme extravagant. Disons tout d’abord qu’il
y a deux sortes d’engouement. 11
y a l’engouement sincère, incon,scienl parce qu’il est aveugle-, impossible de juger durement ceux
qui en sont attejnls; au contraire
tout en les plaignant nous noos
sentons attirés vers eux; le pauvre moucheron trouveque la flamme
de la chandelle est si brillante !
Mais il est un autre engouement.
Celui-ci est clairvoyant, calculé
et hypocrite
Occupons-nous tout d’abord du
premier D’ou provient-il ? quelle
en est la source? C’est le sentiment sous toutes ses formes. C’est
la sympathie-. Deux personnes se
voient pour la première fois; l’une
.se sent irrésistiblement attirée vers
l’autre; au bout d’une conversation de demi heure , quelques
coups d'œil et quelques sourires
aidant, elle est parfaitement conquise et ses connaissances sauront
bientôt que la personne qu’elle
vient de voir est charmante et
qu’elle doit posséder de nombreuses
qualités (1). — C’est Vndiniration:
1 I) jeune riréi|ic:Vour d’exiérieur
agréable, débute dans une paroisse
avec quelques sermons bien préparés. Tout de snité il est en' touré d’un cercle d’admirateurs,
composé surtout de personnes appartenant au sexe, où le sentiment
prédomine. S'il lui arrive parfois de ne pas s’exprimer clairement, de ne pas être compris de
, son auditoire, on le trouvera très
I instruit (comme on dit chez nous)
très jirofond; si parfois il se néglige et arrive en chaire sans s’être
préparé, on en accusera un snrcrôit d’occupations, ou bien on
admirera sa simplicité,, son parfait
naturel. — C’est le respect: Monsieur le syndic ne peut pas se
tromper; tout ce qu’il fait est bien
et même supérieurement fait. N'est
il pas l'huissier du roy? — C'est
la reconnaissance (et ici l’engouement est,nous l’avouons, infiniment
respectable): Un orphelin à été
ramassé dans la rue, où la mort
de ses parents l’avait jeté, par un
homme charitable. N’est-il pas naturel qu’il considère chacune des
paroles de son bienfaiteur comme
un oracle et chacune de ses actions comme un exemple à suivre?
j — Ce sont les affections de famille.
; Il est des familles, et ce sont d’entre les plus heureuses, qui sont
de véritables petites sociétés d'adrniration mutuelle. Mieux vaut
louange que.dispute, mais qui n’entrevoit les dangers pour parents
et enfants, pour mari et femtne ,
d'nne indtilgetice si outrée? —C’est
1 etiiin Vaniour. Uti Jentte homme
' qui pendant des atinées n’avait^vu
I chez une jeune fille qu’ntie .simple
I créature mortelle, découvre tout à
i coup qu’elle est un ange. Quelle
I grâce dans son maintieti; quelle
I douceur et quelle sagesse dans ses
paroles I Quelle noble imagination
et quelle ferme volonté ! Si elle est
un peu négligée dans sa mise,
quel simple laisser aller! Si elle a
des accès de mauvaise humeur ,
oh! que la tempête elle-m^me est
ravissante! Si elle n’a pas même
l’idée de ce que sont les devoirs
d’une mère de famille, quelle élévation d’àme au dessus de ce qui
est terrain et matériel !
Le sentiment donc , le sentiment sous toutes ses formes , le
sentiment qui n’est pas a.ssez équilibré par la raison , voilà la
source de l’engoue.ment inconscient
et sincère. Nous osons beaucoup
moins le blâmer que le plaindre.
Cependant qu’on nous permette
d’indiquer le mal qui en est la
suite inévitable.
Malheur, tout d’abord, à ceux
qu’on encense: car leur confiance
en eux mêmes deviendra bientôt
un orgueil insupportable; bientôt
aussi ils négligeront leur travail.
Ils ne fonderont plus leur carrière,
leur avenir sur leurs propres efforts, mais sur l’estime qui les entoure. Tout désir d’acquérir, de
se perfectionner cessera peu à peu.
C’est le commencement de leur
fin !
Malheur ensuite à ceux qui
louent, car l'heure du désenchantement viendra tôt ou tard. Leurs
yeux s’ouvriront et quel triste ré.
veil ! Quelle amertume lorsqu’ils
verront tomber un à un les plus
beaux ornements de leurs idoles,
lorsqu’ils devront se convaincre
par des faits, que celui qu’ils portaient aux nues ne méritait pas de
s’élever au dessus du commun
des mortels ! Quelle amertume .surtout, quand ils devront se convaincre qu’ils se sont trompés en
2
78
LB TÉMOIN
tout et partout que la persoooe
qu’ils avaient Êpnorétt’ de jjeur
affection et leur eàiime is’en
était aucunement digne /«Cette trig-^
tesse est profonde , elle entraîne
parfois au sceptioisnoe le plus absolu. On en vient à se demander:
Où est le bien î où pourrons-nous
désormais le trouver? Voyez ces
cœurs aigris , ulcérés . fermés à
toute sympathie, qu’une parole
compatissante ne fait que blesser,
que la main la plus tendre ne fait
que froisser. Soyez sûrs (px'autrefois ils se sont imprudemment
donnés, ils ont trop et mal aimé.
Malheur à ceux qui croient et
se donnent trop facilement car
pour la plupart, ils glissent de
l’engouement inconscient, sincère,
aveugle à l’engouement clairvoyant,
calculé, hypocrite. Us savent désormâis ce qu'ils doivent penser des
personnes qu’autrefois ils chérissaient et admiraient, mais rien
n’est changé dans leurs paroles et
dans leur conduite. Vis-à-vis du
public ils ne peuvent avouer leurs
erreurs, retourner en arrière. Leur
point d'honneur, leur intérêt exige
qu’ils continuent à marcher dans
cette voie funeste. Quoi de plus
malsain, quoi de plus meurtrier
pour une âme que de vivre dans
celte constante duplicité, que de
blâmer en secret suivant sa conscience, et de louer en Y>uh\\e contre
sa conscience !
Combien la charité chrétienne
est différente de cet engouement
charnel! La charité n’est pas aveugle, elle découvre les défauts,
mais . devant le monde , elle les
couvre et ei\ secret elle cherche
à les corriger. La charité n’exagère pas les qualités, elle les met
en relief et cherche à les perfectionner et à les sanctifier. La
charité, la vraie charité, ne fait
jamais de mal, au contraire beaucoup de bien à ceux sur qui elle
s’exerce; et pour ceux qui l’exercent, elle ne sera jamais une source
d’amertume, au contraire, une
source du plus pur bonheur.
Un cûllahoraU'ur.
; I, il est- n U ui lü Sli V O ns tlfis reucoatres iu rluiies qui entre lc:5 n■J¿t¡ll^ île Dieu, soni le
commeiiceriu iit de luii^'ues amitic-s . liétiies
peur et l;i suciét-’*, mais ce sont des
eKCepliuiiï-. Lu pUipui'i de ^:é^ reuconlrcb nu
ju’üduisHint que de< jugoiuunts /aîk»’ pfircequ’ils «on t ]M éci t i 'es.
LMISSIXlilATiON
J ^ i f ^ i
^ dissimulation . mélangé/ de
mensonge, de défiance et de lâcheté, est un^ bien vilain défaut.
Un homme dissimulé a un mauvais
caractère; il est impossible de
compter sur lui.
L’Evangile reçu et pratiqué forme
ceux qui le professent à la sincérité, à la droiture, au courage;
eu un mot à la vérité , dans son
sens le plus profond. Dieu est un
Dieu de vérité; l’enfant de Dieu
est dans la vérité, marche dans la
vérité, ne retient pas la vérité prisonnière et ne la supprime pas
injustement. Cette franchise, cette
droiture, cette vérité fait bien
souvent défaut au milieu de nous.
A-t-on besoin d’avoir une exposition sincère de faits coupables qui
se sont passé.s devant plusieurs personnes, on n’en trouvera souvent
pas une qui, citée comtno témoin,
soit disposée à dire simplement ce
qu’elle a vu et entendu ; ce ne sera
qu’après avoir beaucoup crié, beaucoupgrondé et menacé que l’homme
de la loi pourra obtenir quelques
lambeaux de déclarations. Aussi
qu'esl-ce que nous voyons bien
souvent? C’est que la justice ne
peut être rendue , que des délits
restent impunis, faute de témoins.
Uti tel étal de choses a pour
cause une méfiance invétérée pour
certaines autoriiés, qui n’ont pas'
toujours été aussi impartiales, bienveillantes et libérales qu’elles le
sont de nos jours, et quoique les
choses aient bien changé depuis
longtemps, il est resté dans le fond*
' du caractère du peuple une cerI taine méfiance instinctive, linpos' sible de persuader à bien des personnes parmi nous qu’il n'y a plus
toute cette armée d’espions organisée avec ses colonels, ses majors,
ses capitaines, lesquels épient par
1 leurs suppôts les moindres démarches, les moindres paroles de chacun, comme cela a dû exister en
' partie aux beaux temps du dispotisme. On se dit à voix basse,
: maintenant encore, quels sont les
I chqf's de cette police secrète de
l’existence de laquelle ou n’a cependant aucune l'reuve. Ce |iréjugé, car pour nous c’en est un ,
I est une preuve de plus du peu
de confiance et en même teiu[)s de'
la frayeur qae l’on- a encore de
l'autorité d^nt la mission principale est qependant de protéger
les bons en patussant les coupables, ou de rendre la justice dans
l'intérêt de la société.«
Chacun sait que quand uo mauvais pli a été pris, il est difficile
de remédier au mal; et lorsque
c’est au moral que le mal est fait,
ce mal ne se limite pas à une
partie de notre être, mais ils s’attaque à l'être tout entier; et c’est
bien le cas ici. Le défaut de sincérité que nous regrettons s’étend
à tous les domaines de la vie plus ou
moins et d’une manière plus ou
moins générale. C’est ainsi qu'en
particulier, par exemple, nous découvrons chez nos voisins^une foule
de défauts, nous connaissons dans
leur vie une multitude d'actions dignes de blâme, nous les analysons ,
nous les exagérons même volontiers. Mais en présence du coupable, lorsqu’il serait bon et utile
de parler et pour nous et pour
lui, nous avons perdu la parole ;
nous balbutions, ou nous nous
taisons prudemment. pour nous
servir d'un euphémisme. Que de
mensonges se cachent sous les
noms de politesse et des égards
sociaux. Nous ne voulons manquer
ni à l’une, ni aux autres. Nous
détestons le métier de délateur ,
nous regrettons que bien souvent
la franchise dans l’attaque et dans
l’accusation soit beaucoup plus
l’elfet de la passion que de l’amour de la vérité et de la justice,
qui ne sont jamais sans la charité.
Mais il est évident que l’Evangile
demande au chrétien de rendre
témoignage à la vérité, sans haine
et sans dissimulation, en même
temps qu’en toute prudence.
On craint de se faire du tort,
même quelquefois d'en faire à
ses semblables; souvenotis-nous à
cet égard de la parole du Sauveur
qui trouve ici aussi son application:
« celui qui perdra sa vie pour l’amour de ti)oi, la retrouvera ».
Corrcoponbancc
IjIii'i' Monsn'iiy ri frrir,
(IcUi-' seconde leUic dc'ail suivie de
ju'és la |UT'tnièi i‘, mais lor.-.([u’oii jiassc
rl’im lii'it a un anln}, comme je vienî
3
LE TÍHOIM
70
de le faire, sans s'anëler nulle part
plus d’un jour ou deux, il n’esl pas
facile de trouver le temps d’écrii'e;
il m’en reste un peu ce matin et je
vais vous le consacrer jusqu’à la dernière minute.
La seconde découverte que j’ai faite
en Ecosse est relative à nos jeunes
compatriotes qui, après avoir achevé
leur triclinium à Florence, quelquesuns même après avoir subi leurs grands
examens, viennent passer dans ce pays
les uns, huit mois, les autres, un an,
avant de demander leur consécration
et lie se mettre à l’œuvre aux Vallées
ou dans le champ de l’évangélisation.
Ce n’est |)as que, dans le discours, ou
adresse de M' M. dans le meeting auquel j’ai fait allusion, nos jeunes frères
aient été spécialement désignés ; on
est trop habile pur s’exposer ainsi,
mais voici comment ils l’ont été indirectement et très clairement. En
parlant de l’Ecole de théologie qui
s’est ouverte récemment à Rome, de
la capacité de ses trois professeurs et
de' la parfaite aptitude de ses douze
élèves, M'' .M. a ajouté à peu prés ce
qui suit : Quelques uns d’eiiti 'eux oui
commencé , l)ien coiilre mon gr'é , à
étudier la langue anglaise, sans doute
avec l’espoii’ d être envoyés eu Ecosse.
Je n’approuve pas du tout cela ; je
vous en supplie, ne les encouragez
pas a venir ici, où ils seraient gâtés
( spoiled ). Si vous voidez connaître
notre œuvre, appienez vous-même l’italien, puis venez la voir de vos propres yeux, etc.
Ne dirait-on pas que l’on a voulu
prévenir la demande . très légitime
d’ailleurs, qu’auraient pu faire les
amis et soutiens de cette œuvre qu’on
leur envoyât de Rome quelque échantillon du savoir faire de ces professem s
dont ou vante l’excellence ? A ce point
de vue la question ne nous regarde
pas, et je ne veux pas m'y arrêter davantage , mais il est évident, et tous
ceux tpii ont entendu le discours de
Mr M. l’ont bien compris, quelespai'oles
que j’ai citées devaient s’appliquer
aux étudiants vaudois. Ce devrait donc
être une chose eiileridue que le séjour
en Ecosse ne fait aucun bien aux jeunes étudiants vaudois, qu’il n’a pas
été' favorable à ceux qui y sont allés
ju^qu■ici. Cela ne veut cèrlaincment
l>as dire que leur caractère moral ait
souffert du contact avec les Ecossais, i
ni que dans les collèges qu’ils ont
li équenlés ils aient été exposés à quelques in'-rils (juant à la saine doctrine , j
ni que. en quelque manièie, ils aient
élè Iculés d’abandonner la carrière '
pour laquelle ils se préparaient. A
tous ces égards un Ecos.sais n’oseiail
pas accuser ses compatriotes, ni les j
établisscmeiils où il s’csl lui-rnème j
fonué. I
Il ic.-le donc une sruie explication '
de la parole <jue j’ai ielevée et dont
plusieurs ont >^ié iiappés c’est par
la l'aille des Ecossais eux-mêmes si
le.' èpaüi.uts vaudcis_qu! vr-nt dans ce
pays, y conlracteQl des habitudes qui
nuiront à leur carrière de missionnaires
C’est une Capoue où s’amollissent, au
lieu de se forliQer, toutes ces jeunes
recrues appelées à grossir les rangs
et à combler les vides de l’armée, non
pas d’un nouveau Annibal, mais de
Christ, en Italie.
L’abondance, le confort, l’élégance,
le luxe peut-être, dont ils sont les
témoins et dont ils jouissent an sein
des maisons où ils sont accueillis,
leur rendront plus dures les privalion.s
qu’ils devront s’imposer plus lard, et
les rendront impropres à annoncer
l’Evangile aux pauvres. Si pareille chose
devait arriver il vaudrait mieux qu’un
grand abîme séparât si bien la GrandeBrelagne du continent que nul ne pût
passer d’ici là, et qu’aucun ami de
l’Eglise Vaudoise et de l’Italie n’eùl
eu l’idée d’établir entre notre Ecole
de théologie et le collège théologiqiie
d’Edimbourg, de Glasgow, et de Belfast ces rapports intimes entretenus
d’année en année, par le moyen de
nos étudiants. Mais grâce à Dieu , et
pour autant que le passé nous est un
gâge de l’avenir , nous n’avons pas à
redouter le péril dont on cherche à
nous effrayer, et à la place d’un mal
imaginaire je vois des avantages très
l’éels. En réponse à une objection que
je me souviens d’avoir entendue quelque fois, j’admets sans peine que, au
point de vue de la science théologique
proprement dile, nos jeunes étudiants
qui d’ordinaire commencent en Ecosse
même l’élude do la langue anglaise
ne peuvent plus retirer un grand profil
des coui s qu’ils ne stiivenl que pendant
quelque mois et qu’il comprennent
sans doute liés impairiiilemenl. Ils
auront cependant beaucoup gagné déjà
en coinparaiii la méthode île leurs anciens cl de leurs nouveaux profes.seiirs
soil dans renseignement , .soit dans
les épreuves partielles et générales.
L’avantage d’apprendre la langue anglaise, (Imil la lilléralme leligiense est
si riche, Miflirail à lui seul pour justifier le séjonr en Ecosse de futurs
ministres de l'Evangile. .Mais il y en a
outre celui de voir et d’étudier" chez
lui un peuple qui a lutté et souffert
pendant de longs siècles poui' maiiiieiiir la pureté de la docirine, d’apprendre à connailre des Eglises qui
possèdent chacune assez d’éléments
de vie pour demeiu’er séparées d’or- i
ganisalion ou pliiliîl de gouvernement, !
tandis qu'elles sont unies quant à la ‘
doctrine. Le mal est donc, à ce qu'il !
semlde à .M'' M. que pour voir et con- ;
naiire. il faut entrei' non seulement
dans les collèges et les i‘giiscs, mais
aussi dans les salons et c’esi là sur- !
tout ipie Se cachent les écueils. Comme
si le.-> Eeos.'ais eux-mêmes, le peuple
le plus actif que je connaisse, pa.'saient. leur vie dans leuis salons tou- ;
jours prêts à allirei et à recevoir les
visites ! Qu.ml à moi je ne puis (ju’èlre
extrémemeul rocoimaissanl à tous les
amis des (l'unesjvaudriis ipii h.-s acciieil
lenl avec alTeclion, d’abord pour l’amour du nom qu’ils portent, bientôt
aussi pour ï’amour dœux mêmes, et
qui leur oITrent ainsi Tocca-sion de
voir quelque peu d’un monde lout-à>
fuit Inconnu a la plupart d’entr’eux.
lis n’auront rien perdu à voir de prés
comment la piété a réellement aussi
les promes.se$ de la vie présente, et
comment les riche.«ses qui sont le fruit
d’un travail persévérant n’éloignent pas
du royaume de Dieu, comment enfin
l’élégance extérieure peut s’allier à la
simplicité et à la ferveur de la foiOu je me trompe fort, on l'apôtre
Paul avait fréquenté dans sa jeunesse
les salons de Tarse et de .lénisalem
et y avait acquis celte aimable et noble
aisance de langage et de manières que
l’on admire en lui.
Du reste s'il venait à l’esprit de
quelqu’un de nos jeunes amis de vivre
à l’écossaise dans sa station d’évangélisation ou dans sa paroisse, le Comité
et la Table sauront y mellre bon ordre;
mais jusqu’ici, à ma connaissance du
moins, rien de semblable ne s’est vu.
Ecrite en plusieurs fois cette lettre
n’arrivera plus à temps pour le numéro de celle semaine. Dans la précédente j’ai relevé plusieurs fautes d’impression , enlr’autres l’initiale N mise
au lieu de M.
Crovez-moi toujours votre dévoué,
P. L.
ffliücre
Nüu.s avons déjà parlé de la célèbre
brochure de M. Laveleye sur l'Avenir
des peuples calhoUriues. Celle biocbuce
n clé traduite en italien par M. Guerl ieri-Gonzaga avec une pi’éface , sons
forme de lettre adressée an Sénateur
Vacca.
L’honorable sénateur a, à son lonr,
fait quelques obsci vatioris sur le contenu de la brochure de M. Laveleye.
Nous n’extrayons de sa longue lellre
publiée par l'Italie que les passages
(|iii .suivent :
« Vous avez signalé à grands liails
l’inllucnce siiiislre de l’obscuianlisme
ulliamonlainsui' Icprogrés'économique,
ainsi que sur la moralité publique.
C’est une démonstration expérimentale
el iuconleslabic , fondée sur la comuaiai.son entre les Etats protestants cl
les Etals catholiques.... Qu’il rne soil
permis cependant de soulever des doutes
relativement à la moralité publique
dont on suppose privilégiés les peuples
protestants. Si le bel ouvrage de Toc([iieville De la démocrnlie en Amérique
jetait déjà des ombres sur le rnagniguifiqne tableau de la grande répuhlique d’Amérique à l’eudroil de la
moralité pidjlique, il me parait mainlenanl que des faits récents sufiisent
pour i'‘carter le moindre doute à cet
è'gai’d, ou présence des scaiiiiales énoi mes qui sc produi.ireul jusqu’à la
ijiise on aeCLisation des miuisires de
4
so
LÈ iÉíitom
la république et dii président Graiïl'
lui-même sous riocnipation de malversations». '
M. Laveleyé dans sa riipônse à M.
Vacca dit : J admets la pluparl de vos
remarques». Pour la moralité en Amêrique, je dirai cependant qu’il ne
faut la juger par celle de New-York,
ni par celle des Polllkiens. Or ce sont
les faits et gestes de ces deux catégories qui sont ordinairement relevés
en Burope.
A côté d’eux se trouvent les masses
profondes de la population où l’esprit
puritain survit.
Néammoins , je crois que la valeur
morale de l’.Amérique baisse.
En voici, me semble t-il, la raison...
Le luxe, les fortunes rapidement faites
engendrent la corruption des mœurs,
et celle-ci n’est nulle part plus funeste
à l’Etat que dans une démocratie, parcequ’en raison de l’élection, la corniption d’en bas s’élève au premier rang
et pénètre partout.
La démocratie a donné de bons résultats dans les républiques antiques,
tant qu’on y a vécu simplement. Môme
fait en Suisse, en Norvège, dans les
Pays-Bas et aux Etats-Unis».
M. Laveleye dans sa brochure avait
abouti à la triste prévision d’une guerre
religieuse, h l’instar de la Ligue catholique au seizième siècle. Ce sera le duel
final entre le protestantisme et le catholicisme. «Je ne saurais partager,
dit M. Vacca , les préoccupations de
ceux qui entrevoient la perspective
d’une guerre de religion calquée .sur
le type sinistre de la ligue catholique
et de la guerre de Trente ans en Allemagne.
L’expérience nous prouve que i’histoiro du pas.se ne se refait pas, et que
les grandes aberrations du fanatisme
religieux trouveront un correctif efficace dans le progiôs de la raison humaine et de la sience».
iiouweUcs religieuse©
et faits divers
Æcoate. — Le Congrès des Eglises
presbytériennes du monde entier, qui,
ainsi que nous l’avions annnoncé , en
son temps, devait se réunir à Edimbourg, en juillet prochain, a été, par
décision du Comité central, renvoyé
à l’année 1877.
Cette décision a été prise par égard
pour les membres améi icains de l’Alliance , qui seront retenus chez eux
cette année par les solennités religieuses qui accompagneront la célébration du jubilé centenaire de l’indépendance des Etats-Unis.
Francif. — Du 1*"' au 8 mai ont
eu lieu à Paris les A.wcmWées annnelles
des différentes Sociétés religieuses et
de bienfaisance, se rattachant an Pro
tesianfisme V' of't tear siège dans
celle vitle. Les journanx s’accordent
à dire que toutes’ ces assemblées
ont -^té très suivies ; que la pluparl
des nqiports présentés sur les opérations de chacune d’elles ont été des
plus remarquables, et que généralement les œuvres dont elles s’occupent
sont en progrès.
— Voici nn fait, choisi entre beaucoup d’autres, qui montre les progrès
que l’idée d’ttne Religion de l’Elat a
lait en très peu de temps en Erance,
sons le régime de «l’ordre moral».
* Dernièrement l’évêque de Belley
arrivait à Ti’èvoux. Le préfet donne
avis de cette visite aux employés des
divers services administratifs Quelques
joui's après, ceux qui n'ont pas assisté
à la lèceplion officielle aiii’aieiil reçu la
lettre suivante :
« En date du 20 courant, j’ai eu
l’honneur de vous adresser une lettre
vous avisant de l’heure où monseigneur
l’évêque de Belley recevail (conformément aux inslriiclions du 17 juin 1849)
la visite officielle que lui doivent MM.
les fonclionnaires.
» Je vous prierai, monsieur, de’’me
faire connaître quels ’sont les motifs
qui vous ont empêché de remplir ces
devoirs , afin que je les commimigne
dans les quarante huit heures à Monseigneur L’ÉVÉQUE et a vos CHEFS.
politique
Miatie. La Chambre a commencé
r examen des biidgels définitifs de
l’année 1876. Il se fait 'grand bruit
de la découverte que le ministre de
riritérieur a faite de renseignemerUs
que la police aurait fournis aux ministères précédents sur le compte de
députés de la gauche dont quelquesuns sont actuellement ministres. L’honorable Cavallolti a même demandé à la
Chambre de pouvoir iulres.ser au .Ministère une inleri’ogation à ce sujet.
La Chambre a eu le hoii sens de refiiser une telle autori.'alion.
La constitution du parti de la droite,
comme paili d’opposition sous la direction de M. Sella, met de mauvaise
humeur le Ministère et les journaux
de son bord. Les journaux ministériels
avancent que, [)nr le fait de la réconstitulion de l'Opposition, les honorables
Depretis et Nicotera ont décidé de
mettre de côté tout esprit de moderalionj, de renoncer à toute idée de
conciliation et d’adopter une politique
énergique et inéxoï’able contre le parti
libéral modéré.
Cependant c’est un droit dont la gauche
a usé et dont on use dans tous les
pays libéi’aux et parlementaires. — Le
plus grand nombre de bureaux .se sont
prononcés contre la loi du rachat des
chemins de fer et ont nommé poui’
lapporteurs des députés qui lui sont
contraires.
Fratwe. La mort inattendue de
M. Ricard, mifli.stre de l’Inférieur, qui
soiiiïrail depuis quelque temps d’une
•maladie de cœur, laisse vacant un
po.ste important dans le miiiislère. Son
successeur, parmi lesquels on cile .M.
Waddinglon, Casimir Perrier etM.'de
Macère, n’esi pas encore définitivement
nommé. M de Marcère est nommé.
Les Corles ont enfin
volé d’nne manière définitive, après
plusieurs jours de discussion, le fameux
article 11 de la Constitution qui établit
la tolérance religien.se. Bien des députés aui’aienl voulu la liberté des
cultes et non pas la tolérance seulement. Mais il y en a aussi qui ont
péroré en faveur de l’imilé religieuse;
et à la demande de .M. Oï liz, adressée
aux ultramontains, s’ils fermeraient
les 39 temples protestants ,existant en
Espagne et expulseraient de l’Elal tons
les protestants, M. Perd. Alvarez a
répondu en leur nom affinnativernenl.
Angtetffre. Le prince de Galles
est arrivé en Angleterre de son voyage
dans l'Inde; il a été reçu à Londres
avec beaucoup de témoignages d’affection et de respect.
AtleÈÈtngue. L’empereur de Russie,
se rendant à Ems, s’est arrêté quelques
jours à Berlin, ou MiM. les GhancelieVs
des trois empires d’Allemagne , de
Russie et d’Aulriclie ont eu de nombieuses entrevues sur les événements
qui se passent dans l’empire turc.
Les journaux expriment l’assurance que
M.M. Bismark, Gorlskakoff et Audrassy
se sont mis enlièiemenl d’accord sur
la ligne de conduite à suivre.
Toute fois la Bosnie et l’IIeizégovine
ne se pacifient pas; et le meurtre des
consiils d’Allemagne et de France à
Salonique, accompli dans une mos<|uée
par des turcs fanatisés, n’est fias pi opre
à disposeï- les esprits à la conciliation,
ni à laisser espérer bien de la civilisation musulmane.
Le Nord s’exprime sur ce fait atroce
comme suit; Les turcs viennent de
se cliarger eux-mêmes de prouver, par
ra.ssassinal des consuls de France et
d'Allemagne à Salonique , que « les
garanties d’exécution » lédamées par
les citefs de rinsurreclion de nicrzégovine re.'tent plulot en deçà du strict
nécessaire qu’elle ne le dépassenl... Le
fanatisme musulman se place au dessus
de tout; il no counail ni morale, ni
lois, ni Irailés. La vie d’un clirélion
n’a pas plus de valeur pour lui que
celle d’un chien. Tel est le triste enseignement qui se dégage des sanglants
événements de Salonique.
Ernest Robert, Gérant et Administrateur,
Pignerol, Inipr. Chianlorc et Mascarelli