1
Septième année.
N. 6.
9 Février ISTS.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
consacrée anx intérêts matériels et spirituels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables....... occupeO|
vos pensées — ( PhUippiens.t IV. 8.)
PRIX d’abonnement :
Italie, à. domicile (unan)Fr^ 3
Suisse................» 5
France................» 6
Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas . » 8
Cn nuynéro separé : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BDREADX D’ABONNEHENT
ToRRE-PEt.MCE Via Maestra.
N.42, (Agenzia bibliogra/ica)
PiGNERot. : J. Chtantore Impr.
Torcn:7./. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Fr^ORENCR : Libreria Evange^
lica. via de'Panzanì.
ANNONi’ES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour radminisiration
ati Bureau à Torr.e-Pellice,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction : A Mr, E. Malan
Prof • h Torre-Pelice.
Sommaire.
L’émigration. — Calendrier apicole. —
Correspondance. — Nouvelles religieuses.
— Chronique vaudoise. — Chronique polüique.
L’EIHIGRATIOM
Pomaret, 30 janvier 1872.
Mon cher Rédacteur,
Votre journal m’a appris l’arrivée à la Tour de M. Pendleton
et une correspondance particulière
me renseigne très exactement, je
crois, sur le but de sa venue et
quelques uns des moyens qu’il
emploie pour réussir dans sa peu
noble entreprise.
Son but c’est d’enrôler, comme
un sergent recruteur des vieux
temps, le plus grand nombre de
familles possible au sein de nos
Vallées pour les expédier dans la
République Argentine, et spécialement dans la Colonie Alexandra
qui est en voie de formation. Les
moyens qu’il emploie sont les mômes que ceux dont on use partout
et toujours en pareils cas,'c.-à-d.
lorsque l’on spécule pour soi-même
et pour d’autres, savoir les brillantes promesses et quelque peu
de calomnie. Quant aux promesses,
ce sont des terrains primitifs d’une
fertilité inouïe, des avances de tout
genre, y compris même les frais
de voyage et la cession des dites
merveilleuses terres, à un prix
fabuleusement modéré, avec un
délai indéterminé pour le paiement
de toutes ces avances. Il va sans
dire que l’on ne parle ni des terrains marécageux avoisinants, ni
du péril d’inondation, ni des sauterelles, ni surtout des indiens,
qui pourtant ont déjà montré, aux
dépens d’un vaudois même, ce dont
ils sont capables; ni de la fièvre
jaune qui exerce périodiquement
de si aflfreux ravages dans toute
l’étendue de la République Argentine. Quant à la calomnie dont
M. Pendleton invoque le secours
pour assurer la réussite de son
entreprise industrielle, voici en
quoi elle consiste: N’écoutez pas,
dit-il à nos pauvres gens, éblouis
par ce brillant mirage d’un pays
où coulera le lait et le miel (plus
2
-(«)
de sang peut-être que de lait!)
n’écoutez pas les pasteurs, et surtout n’écoutez pas la Table, ils ont
tous intérêt à vous retenir ici, et
ils vous laisseront croupir dans la
misère.
Il ne faut pas oublier que M.
Pendleton est un ministre de l’Eglise anglicane qui a dû, dans les
postes divers qu’il a occupés,
prêcher l’Evangile du salut aux
pécheurs, et s’occuper de tout autre
chose que de semblables spéculations et se servir de tout autres
moyens. A moins que sa conduite
actuelle ne révèle les motifs secrets de sa conduite passée, et
qu’il n'ait cherché à retenir auprès de lui ses anciens paroissiens
qu’en vue du profit matériel qu’il
en retirait.
Mais lorsqu’il mesure à son aune
les pasteurs vaudois, il oublie une
différence extrêmement essentielle,
et c’est que, au sein de notre
église, le chiffre ^ des paroissiens
n’a aucune infiuence sur le revenu
des pasteurs quoiqu’il modifie naturellement la somme du travail
qui leur est imposé, ensorte que
ceux de Villar, Boby ou Angrogne
pourraient voir partir la moitié
des membres de leurs paroisses
sans que leur traitement en fût le
moins du monde diminué — au
contraire, — car ce sont généralement les pauvres qui s’en vont. ,
Mais si j’ai pris la plume, cette
fois, ce n’est pas pour discuter
avec un homme qui vient au sein
de notre propre Eglise lancer l’insulte au visage de ses pasteurs et
de son administration ; c’est pour
protester hautement auprès des
vaudois eux-mêmes, comme aussi
après de cette Eglise anglicane à
qui nous devpns une grande partie
de ce que nous sommés, et au
sein de laquelle nous avons tant
et de si précieux amis, contre la
conduite de M. Pendleton, et pour
conjurer, au nom du Seigneur,
mes pauvres compatriotes qui auraient été gagnés par lui, de revenir, s’il en est temps encore, de
leur décision. Qu’ils sachent bien
que du jour où ils mettront le
pied sur le bâtiment qui doit les
emmener dans cette terre promise,
ils ne s’appartiendront plus à euxmêmes, Que les pères de famille
en particulier se représentent, s’ils
le peuvent, l’horrible condition de
leurs enfants, s’ils venaient à leur
être enlevés eux-mêmes par quelqu’un de ces accidents mortels
plus fréquents encore dans le nouveau monde que dans l’ancien.
L’on m’écrit encore que M. Pendleton prédit la ruine de notre
colonie du Rosario, c’est sans doute
parce que lui-même et son agent
J. P. Baridon y ont perdu tout
leur crédit. Grâces à Dieu, cette
assertioii, ou cette prédiction, n’est
aussi qu’un désir qui est tout autre
que pieux.
J’ose afSrmer sans craindre d’être
démenti que, parmi toutes les colonies de fondation récente, il n’y
en a point, dans les régions de la
Plata ni au Brésil, qui soient dans
un état matériel et surtout spirituel aussi prospère que la Colonia
piemontese del Rosario orientale.
UiiSj circonstance qui devrait
suffire pour ouvrir les yeux des
plus aveugles c'est que M. Pendleton ne veut pas entendre parler
d,’une intervention quelconque ni
de nos agents consulaires dans la
3
-(43).
République Argentine, ni de notre
Gouvernement.
Enfin je saisis cette occasion
pour rappeler à ceux que cela
peut intéresser, donateurs et bénéficiés, que M. Pendleton doit
encore à la Colonie du Rosario
une somme assez considérable qu'il
n’a pas encore été possible de retirer des mains de son banquier
à Montévideo.
Le Modérateur
P. Lantaret.
Caselle Torinese, 28 janvier 1872.
A 31. le Réd. de L’Écho des Vallées.
Cher Slonsieur,
La partie la moins éclairée de notre
population semble très préoccupée d’une
proposition qui a pour but de les arracher
à la patrie pour les jeter, pauvres sentinelles perdues de la civilisation, sur la
lisière du Gran-Chaco.
Sans doute nos pauvres compatriotes
ne possèdent que des notions erronnées
sur la province de Santa-Fé; c’est pourquoi il me semble qu'une petite description de ce pays pourrait leur être de quelque utilité.
Si vous le jugez à propos, veuillez, je
vous prie. Monsieur, permettre que je me
serve de votre journal pour leur présenter
les notes suivantes tirées textuellement
de quelques auteurs dont la bonne foi
no peut être mise en doute (1).
La province de Santa-Fé est située à
l’ouest de celle d’Entro-Rios, sur la rive
droite du Rio Parana, entre cette rivière
et la province de Cordova à l’ouest.
Son territoire est, en majeure partie,
formé de vastes plaines arrosées par de
nombreuses rivières, dont les plus importantes sont le Salado au nord et le Ca~
tcaranal au sud.
La province se divise en quatre départit Malte-Brun Géographie, Mantegazza Rio
de la Piata « Tenerife.
tements : la capitale Santa Fé, San José,
San Jeronino et le Rosario (1).
La ville de Santa Fé est située sur le
fleuve Parana; l’aspect de la ville est
triste et monotone, les maisons vieilles et
basses, les rues désertes, son commerce
consiste on produits agricoles.
Nous citerons encore parmi les centres
de population Esquira, Mercedes, Quebranchos, Manantiales, Cayesla. Sur la frontière du Gran-Cbaco sont les forts Reyna,
3Ielo, Soledad et Esquina.
Le Chaco, ou désert, qui s’étend entre
le Rio Salado et le Paraguay, n’est qu'une,
plaine imprégnée de sel et de nitro, souvent inondée de sables mouvants, ou infectée par des marais dans lesquels les
rivières s’écoulent. Au bord des fleuves
existent d’immenses forêts. Les chaleurs
y sont fortes en été et l’atmosphère généralement humide. Ce pays est presque
entièrement occupé par des sauvages.
Les Gmïcouros, les plus féroces de
tous les indiens, sont les véritables maîtres de ces déserts, où ils errent en troupes, toujours hostiles aux voyageurs. Leur
audace est si grande qu’ils sont souvent
venus massacrer les colons et enlever les
troupeaux aux portes mêmes do la capitale, raison pour laquelle Santa Fè n’est
qu’une petite ville pauvre et dépeuplée.
Les Siatagmyos dont le nombre paraît
être d’environ six mille; ils n’ont aucune
idée de religion ni do morale, leurs femmes enterrent tout vivants la plus part
des enfants de leur propre sexe. Le gouvernement manque de moyens pour vaincre les indiens et il ne sait pas employer
les armes de la conciliation. De temps à
autre, il envoie une centaine de soldats
faire une excursion dans le Gran-Chaco;
lorsqu’on rencontre les sauvages, on en
tue le plus possible et ou enlève leurs
enfants, que les chefs de la glorieuse expédition vendent ensuite à la ville. De
cette manière on maintient l’éxécration
traditionnelle des tribus indiennes pour
la race blanche.
(1) Il ne faut pas confondre le-Rosario de
Satiio Fè, dont il est ici question, avec le Rosario Oriental dans l'Uruguay où est la colonie
Vaudoise; ces deux colonies sont éloignées
l'une de l’autre d'environ 300 milles.
4
-(44J
Outre les sauvages, il y a, dans les
plaines, beaucoup d’hommes qui ne veulent absolument ni travailler, ni servir
les autres, à quelque titre et à quelque
prix que ce soit.
Ces vagabonds, presque tous voleurs,
enlèvent même des femmes. Quant à la
colonisation de ces contrées elle se fait
sous trois formes, et Mantegazza qui a
longtemps habité la République Argentine
et qui a vu comment se passent les choses,
les décrit toutes trois, en écrivain conscienscieux qui se rend compte des faits
sans prévention ni parti pris.
Voici ce qu’il écrit sur le genre de colonisation proposé à nos populations :
« Dans les immenses solitudes de l’Amérique, propriétaires et gouvernements
demandent à hauts cris des habitants et
des colons, eh bien ! à ces cris les spéculateurs répondent ; présent! et après avoir
obtenu une concession de terrains, ils
s’en viennent en Europe faire l’appel des
mécontents et des affamés et ils embarquent ensuite tout ce troupeau. Quand
l’entrepreneur est honnête, lorsqu’il n’est
pas uu charlatan, qu’il choisit ses troupeaux avec science et conscience, il peut
faire du bien, mais c’est ce qui arrive
très rarement, parce que les plus honnêtes et savants fondateurs de colonies,
confient quelque fois l’exécution de leurs
entreprises hardies à des agents de second
ordre, qui n’ont pas les mêmes scrupules
ni les mêmes intentions.
» Pour faire l’enrôleur de colons, il faut
presque toujours un esprit dé.cidé à tout,
qui ne regarde à rien, qui foule aux pieds
les principes et les convenances afin de
pouvoir bientôt réaliser l’affaire; liquider
sa marchandise humaine. Pour lui l’émigrant est un chiffre, et lorsque la marchandise qu’il embarque est médiocrement
saine et d’une moralité tolérable, il se
moque do reste." / r
» Quant à l’intelligence du colon, l’agent
ne s’eu occupe presque jamais, et ainsi
on réunit un troupeaux de gens privés
d’intelligence ou rendus tels par la misère,
qui sourient à la lueur des fausses promesses; on les enregistre, on les embarque, on les débarque, ou les jette sur un
vaste champ sans haies, sans maisons,
sans bestiaux et on leur dit ; —Vôilà votre
propriété ; travaillez cette terre, elle est
à vous. C’est la terre que vous avez rêvée.
— Ainsi l’on a fait plus d’une fois; c’est
de cette manière brutale qu’on a résolu
le problème de cette émigration que j’appelle par enrôlement.
» Les agriculteurs ignorants ou pauvres,
qui ne peuvent trouver dans leur patrie
des moyens d’existence, ne doivent se décider à émigrer que s’ils sont appuyés
par des garanties solides et certaines, ils
doivent être dirigés par des hommes très
riches ou puissants et savants. A peine
débarqués au milieu d’un peuple étranger,
sur une terre nouvelle qu’ils ne connaissent pas, uu découragement stupide s’empare d’eux; ils perdent entièrement la raison et sont brisés par la nostalgie, au milieu
d’un monde tout nouveau qu’ils ne comprennent pas, et s’il leur reste une étincelle d’énergie, elle s’éteint dans une imprécation, dans une malédiction à l’adresse
de ceux qui leur ont fait abandonner la
pauvre chaumière oh la poienia dumoins
ne manquait pas.
» Un émigrant doit posséder une intelligence et une énergie plus que communes,
car il faut penser que la nostalgie et l’inexpérience font baisser subitement de
plusieurs degrés le courage du nouveau
colon, et s’il ne sait pas réagir contre
cette première dépression de forces, il
faut qu’un autre se charge de lui, lui
donne l’inspiration et la force. Ceci explique pourquoi beaucoup d’émigrants ont
dû vivre pendant des mois, quelques fois
pendant plus d’un an, d’une aumône avare.
Dans la patrie de l’or, sur la terre do
leurs rêves, ils ont dû déscendre à une
huihiliation qu’ils n’avaient peut-être pas
connue jusque là ».
Espérons que les colons vaudois qui
désirent émigrer ne se laisseront pas surprendre par des gens que la soif do l’or
pousM jusque chez nous pour y chercher
de pauvres victimes qu’ils trompent de la
manière la plus inique en leur promettant du pain pour leurs enfants; mais
l’Italie aussi a du pain ! elle en a abondamment pour tous ses fils, et les colons qui
voudront encore attendre quelques mois
trouveront, nous en sommes certains >
5
.(45)
une existence heureuse dans leur patrie
même. Quant à ceux qui seraient irrévocablement décidés à partir, si malheureusement il s’en, trouve, nous leur adressons
une prière; qu’ils veuillent soumettre les
propositions qu’on leur fait à des personnes instruites, de leur confiance, afin qu’ils
puissent être mis en garde contre toute
surprise, qu’ils cherchent des lumières,
qu’ils sachent ce (ju’ils font avant de s’engager définitivement, avant de se précipiter fête baissée dans un gouffre dont ils
ne connaissent pas les profondeurs.
J. P.
CALEI\DRIER APICOLE
Février*.
Si le temps continue à être
froid et que la campagne demeure
encore couverte de neige, nous
laisserons nos vertueuses abeilles
dans une parfaite tranquillité comme en janvier; toutefois en février
on aperçoit déjà quelquefois, chez
nous, dans un coin de la campagne , abrité et privilégié par la
nature, quelques pâles primevères.
Si le temps est doux et qu’un beau
soleil ait pénétré par le guichet
des ruches à miel, nos abeilles ne
tardent pas à les découvrir aussi
et nous les voyons aussitôt arriver
chargées de pollen jaune, prémices
des fleurs, signe du réveil de la
nature. — Le coudrier, le tremble, le cormier sont les premiers
arbres visités par la diligente abeille; elle y fait un bon butin, en
attendant mieux. — Mais que fautil faire au rucher ? — Nous profitons d’une belle journée, bien
chaude pour nettoyer le tablier
des ruches ; nous faisons une inspection générale au rucher et si
■ quelques colonies sont dans la di
sette, en proie à la famine nous
nous empressons de leur donner
du miel, en ouvrant les ruches
à rayons mobiles et en remplaçant un cadre vide de miel par
un autre plein, pris dans une ruche
riche en provisions , et nous eu
donnons aux vieilles ruches par
en haut en pratiquant une ouverture de quelques centimètres au
milieu de leur couvercle , si elle
n’y est pas déjà. — Le miel est
mêlé avec un peu d’eau tiède,
puis on l’étend sur la ruche autour de l’ouverture et l’on couvre
avec un plat assez large recouvert lui-même d’un linge pour
écarter les abeilles des ruches
voisines.
Du moment qu’il n’y aura plus
à craindre le retour d’un froid de
plusieurs jours et que l’on verra
les abeilles arriver en grand nombre apportant du pollen on pourra
provoquer la ponte de la reine par
l’alimentation des ruches que l’on
destine à l’essaimage; quand même
ces ruches soient bien approvisionnées , la reine s’apercevant
qu’il arrive du miel du dehors
croit-être en pleine saison du
printemps, c’est pourquoi elle se
hâte de pondre et dans ce cas ou
aura des essaims précoces. — En
administrant cette alimentation stimulante il faut aussi maintenir les
ruches reparées de l’air afin que
la chaleur intérieure et celle qui
est produite par le soleil favorise
le développement du couvain; un
refroidissement subit produirait sa
putréfaction.
A cette époque de l’année le
pollen est encore en bien petite
quantité dans la campagne; il s’en
trouve bien dans toutes les ruches
6
-(46).
un certain petit magasin, mais insuffisant aux besoins de la colonie,
il faut y pourvoir d’une manière
artificielle, que je n’ai qu’a demi
expérimentée, mais que l’on assure
être profitable et suffisante au besoin du moment. A la distance
donc de quelques mètres du rucher on placera un plat avec une
certaine quantité de farine de seigle ou de haricots fraîches et bien
sèche ; elle tient lien de pollen ,
mais il faut y inviter les abeilles
au moyen de quelques gouttes de
miel étendu sur les bords du plat.
On propose également un peu d’eau
dans un autre vase tout près de
celui de la farine; les abeilles en
ont besoin pour dissoudre le miel
cristalisé.
Si on trouvait une ruche dont
les abeilles ne fissent aucun mouvement , malgré le beau temps, il
faudrait dans ce cas prendre connaissance des causes qui les retiennent captives. Si on les trouve
réunies en petit nombre au milieu
de deux rayons c’est un indice
fâcheux, elles vont mourir de faim,
les forces leur manquent pour
prendre le vol: il n’y a pas de
temps à perdre il faut venir à
leur secours en renversant doucement la ruche dans un appartement chaud en les aspergeant de
miel bien liquide et tiède. Quand
on verra qu’elles sont revenues
de leur inanition, ou iremet la
ruche en place, mais le soir à la
tombée de la nuit ou ne manquera
pas de leur donner uû second répas de quelques livres de miel si
possible; le superflu, à leur entretien n’est ï®s perdu; elles le placent
immédiateroept dans les rayons11 ne faut pas oublier que lorsque
les abeilles n’ont en fait de provision que ce qu’on leur donne
c’est-à-dire un repas, il ne leur
dure que trois jours au bout des
quels elles meurent immanquablement de faim. Ne les oublions
donc pas. Un Apiculteur.
®orrc0poniiance.
Monsieur le Rédacteur,
Berlin, janvier 1872.
La question qui intéressait vivement le
public berlinois pendant ces derniers jours
était celle de la nomination du nouveau
ministre des cultes. M. de Mühler, dont la
position devenait de jour en jour plus intenable, a demandé sa démission. En la
lui accordant, l’empereur lui a exprimé
sa reconnaissance pour les services qu’il
a rendus à l'Etat.
Les journaux ennemis de M. de Mühler,
qui l’ont souvent attaqué d'une façon peu
digne, se réjouissent de grand cœur de le
voir quitter le ministère ; le parti étroitement conservateur et défenseur de l’union
de l’église avec l’état et qui considère la
séparation comme une grande impiété,
est naturellement tout triste et se promet
de prendre sérieusement à cœur un avertissement comme celui qu’il vient de recevoir.
Le nouveau ministre, M. le conseiller
D' Falk est un juriste distingué qui, par
ses idées larges et ses talents administratifs, s’est acquis une considération incontestable dans les hauts cercles politiques; seulement il a, lui aussi, des ennemis qui disent; qu’il ne sait pas bien
comment est fait l’intérieur d’une église ;
c’est peut-être de la médisance et nous
ne voulons pas en être responsable.
S’il Dons est permis d’avoir un jugement
sans ■prétention et aussi impartial que possible, nous devons renconnaître, d’après
les différentes opinions émises au sujet
de M. de Mühler, que cet ex-ministre n’a
probablement pas eu de plus grand tort
que d'avoir été trop fidèle à ses principes;
7
-(47;
et les plus loyaux de ses adversaires reconnaissent qu’il a mis un sérieux incontestable dans l’accomplissement de sa tâche si difficile.
La Nord-Allg.-Zeitnng nous assure que
M. le D' Falk saura juger, d’une manière
tout-à-fait impartiale, les relations entre
l’église et l’état et leurs attributions respectives. Nous voulons l’espérer, et nous
saluons, avec bonheur, l’aurore du jour
où la séparation de l’église d’avec l’état
sera, en Allemagne), un fait accompli', où
la police ne s’arrogera plus le droit de
contraindre les parents à faire baptiser et
confirmer leurs enfants sous peine d’amende, et nous espérons que les pasteurs
qui considèrent encore «comme une source de bénédictions» le baptême forcé et
telle autre espèce de contrainte en matière
de foi, ne tarderont pas à modifier leur
opinion.
Les idées font leur chemin, en dépit de
tous les obstacles, et pour ceux qui voient
le doigt de Dieu dans l’histoire, ils ne doivent pas douter un instant du triomphe
de la vérité dans la liberté, et de la liberté par la vérité. p. c.
i}(ru0clUs rcltjgtcuôcd
nussle. Il existe en Russie une société biblicjue due à l’initiative d’un prêtre charge de l’enseignement religieux
dans une école militaire de S. Pétersbourg,
et approuvée par un rescrit de l’Empereur
Alexandre II, en mai 1861. Elle compte
pour membres un grand nombre d’officiers qui répandent le saint Livre et qui
recueillent partout des dons pour l’œuvre.
Cette société forme déjà un réseau vaste
et béni qui s’étend jusque dans les contrées les plus reculées. Par ses soins, on
vend la parole de Dieu à la porte des
églises et dans les foires, si nombreuses
en Russie. Les plus empressés à l’acheter
sont les soldats, dont la grande majorité
sait lire.
Encouragées par le succès de la Société ,
biblique, des dames de Moscou ont formé
une société toute semblable qui, seulement, ajoute à la Bible de bons ouvrages
populaires. Plusieurs de ces dames vont
elle-mêmes répandre leurs livres, soit
sur les bateaux à vapeur qui montent et
oui descendent le Volga, soit aux gares
des chemins de fer. r
Oenève. La Liberté chrétienne suspend sa publication. Nous espérons que
cette cessation n’est que momentanée,
car ce journal religieux tenait bien sa
place à Genève. Ses principes strictement
évangéliques, sa conviction bien décidée
de la nécessité de la séparation de l’Eglise
d’avec l’Etat et d’une position franche dans
la communauté chrétienne, ce dernier point
surtout, fera sentir, dans sa disparition, un
grand vide dans le protestantisme de
langue française. Nous comprenons le découragement de la rédaction qui déplore,
à cause de la vérité, selon elle, compromise , son insuccès et la désapprobation de ses amis de l’Eglise nationale;
mais do loin nous ne saisissons pas bien
la nécessité et la convenance de cette suspension et nous la regrettons bien sincèrement.
Kranoo, Les protestants libéraux
français paraissent s’être ravisés. Leur
premier mouvement a été de faire opposition au Synode convoqué; mais aujourd’hui ils renoncent à s’opposer au Synode,
mais ce qu’ils ne veulent, à aucun prix,
à aucune condition, c’est le schisme entre
le libéralisme et l’orthodoxie. « Avant tout
pas de schisme » dit la députation libérale
envoyée à Versailles par le Consistoire de
Nîmes, « Nous voulons être unis».
« Pas de schisme ! » Tel est le mot d’ordre du libéralisme français. Mais les chrétiens orthodoxes ne tiennent pas à rester
unis. On a vu par les conférences de
Nîmes et de Mazamet qu’ils mettent les
intérêts de la vérité au dessus de ceux
de l’union ecclésiastique et qu’ils envisagent le séparation comme le but auquel
il faut arriver. f Liberté Chrétienne J,
Lausanne. Le dimanche 21 janvier, M. Ernest Creux, appelé à travailler
comme missionnaire au Sud de l'Afrique,
a reçu la consécration dans la chapelle
des Terreaux à Lausanne, en présence
d’une n<)mbreuse assemblée. M. le professeur Vignet présidait la cérémonie. M.
Creux doit s’embarquer le 25 février à
Southamplon.
Rome. Le premier numéro du journal hébdomadaire intitulé L’espérance de
Rome, organe du libéralisme catholique’,
vient de paraître à Rome en langue française. Ce journal est publié par .M. F. Nery
avec le concours du Père Hyacinthe et
des professeurs Huher et Friedrich, et de
plusieurs autres «vieux catholiques» éminents.
lAfllan. Une revue mensuelle théologique sera publiée à Milan, en langue italienne. sous la direction de M. O. Cocorda.
Cette revue portera le nom de La coscimsa
cristiana. Sou fondement sera la foi individuelle à VEvangile, et il contiendra
8
4«)
dos articles d’éxégèse biblique, de dogmatigue, de morale, d’apologétique, d’histoire
ecclésiastique, de missions évangéliques,
de questions ecclésiastiques, de critique,
de philosophie, d'ethnologie, de littérature. etc.
Nous souhaitons à ce deux journaux de
tenir ce qu’ils promettent; et, à ce titre,
nous faisons pour eux les meilleurs vœux.
Chronique Caubotoe
La Toixr*. Lundi dernier a eu lieu
à l’hôtel de l’Ours un dîner de plus de
cent couverts, destiné à fêter la troisième
nomination de M. B. Arnoulct à la charge
de syndic de la Tour.
Angrogne. Nous apprenons que
deux personnes étrangères à la paroisse
se sont rendues à S‘ Laurent dimanche
dernier], et ont présidé, dans l’école de
propriété du Consistoire et sans dire un
mot au président de cette administration,
un culte à la même heure que le pasteur
avait le sien, à quelque pas de là, dans le
temple. Il n’y a rien la qui nous étonne ni
qui nous fasse de la peine ; nous avons lieu
de croire, au contraire, que bien des gens
qui auraient passé leur temps à bavarder
sur la place, ou ailleurs, ont entendu de
bonnes choses. Ce qui nous surprend c’est
que ces personnes aient consenti, jusqu’à
un certain point, à devenir ainsi solidaires
de l’usurpation de la majorité du Conseil
communal; c’est, en outre, que le syndic
et le Conseil communal qui, malgré l’invitation du Sous-Préfet n’ont jamais consenti à ouvrir l’école du Consistoire pour
l’école du dimanche et pour les autres
réunions d’édification, l’aient ouverte à des
étrangers.
Nous considérons, quant à nous, la Commune d’Angrogne, et ce que nous disons
d’Angrogne nous le dirions de bien d’autres, comme un champ d’Evangélisation,
et ce n’est pas seulement un ouvrier ou
deux que nous voudrions y voir à l’œuvre,
mais cinq ou six, surtout dans les circonstances actuelles, pour y répandre avec la
bénédiction de Dieu la connaissance et les
dispositions de l’Evangile de vérité, de
sainteté et de paix. Nous pensons que cela
peut se faire d’une manière honnête et
sans manquer (ce qui ne gâterait absolument rien ) aux lois des convenances et
même de la politesse, auxquelles l’Evan
file d’amour n’est pas opposé. Par là on
viterait encore le reproche que l’on pourrait s’attirer, le cas échéant, de faire une
œuvre d’opposition et de secte, ainsi que
celui de pêcher, comme l’on dit, dans
leau trouble.
®kr0ntqu^
Italie. La Chambre s’enfiu trouvée
en nombre et a pu poursuivre ses travaux sans interruption.
— Notre patrie a perdu, la semaine dernière, un de ses officiers supérieures les
plus savants dans la personne du général
Govone qui est mort à l’âge de 47 ans,
après avoir fait la plus brillante et la plus
rapide carrière. Il s’est distingué dans
l’art militaire, il a fait preuve d’un grand
courage personnel et le général Lamarmora, premier ministre en 1866, l’employa pour négocier le traité avec la
Prusse ; ce fut alors que le jeune général
dut être en relation avec Bismark et avec
Moltke. Nommé lui-même ministre de la
guerre dans le cabinet |Laoza et Sella en
1869, il se prononça pour les économies,
il réduisit l’armée et dut soutenir bien
des assauts de la part de ses anciens amis,
de ses collègues et de ses supérieurs dans
la hiérarchie militaire. Les évènements
de 1870 le prirent, comme bien d’autres,
au dépourvu. Sa tête se troubla. Il crut
avoir fait le malheur de sa patrie. La
mort est venue terminer une existence
devenue pénible pour les amis et pour la
famille d’un homme apprécié autant par
ses dons intellectuels que par ses qualités
morales.
Espagxxe. La Chambre divisée et
subdivisée par les partis les plus opposés,
ayant rendu tout ministère ou tout gouvernement impossible, le roi Amédée a
résolu, ainsi que la constitution lui en
donne le droit, de dissoudre les Cortès, et
de consulter le pays par de nouvelles élections. Mais cela n’a pas eu lieu sans opposition et sans les plus grands désordres
dans l’Assemblée, dans laquelle les carlistes, les alphonsistes, et les radicaux
s’étaient unis contre le ministre Sagasla
et contre la dynastie de Savoie.
Bavière. Le ministère a eu le dessus dans la lutte contre le parti infaillibilisle. Quoique la majorité des députés soient
cléricaux , ils ont eu cependant assez de
bon sens pour ne pas vouloir amener,
dans ce moment, une crise ministérielle
qui aurait pu donner le pouvoir à un ministre encore plus dévoué à Bismark que
ne l’est le ministre actuel, M. de Lütz.
Brixsse. M. de Bismark se prononce
toujours plus contre le parti clérical dans
l’Eglise catholique et contre le parti ultraconservateur protestant, qui fait un dogme
de l’union de l’Eglise avec l’Etat.
_______E. Malak Directeur-Gérant.___________
Pignerol, Impr. Chiantore.