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Année ¡Seplième.
29 Avril 1881
N. 17
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Totts me serez témoins. Actf.s 1, £.
SiCiVani la vérité avec la charité. Ei». 1,15,
PRIX D’ABllONNEMENT PAR AN
Italie . . .. Î-. 3
Tous les pays de TUnion
de poste ... I f)
Amérique ... » 0
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. Pour rADMINISTRAT!ON adresser ainsi ; A 1‘A dministration du Témoin, Pomaretto i Pinerolo) Italie
S oiri m a i l'e.
29 .tvril. — Rópli(|UB cl mes criliiines
toudiani uns nrigiiios. — Correspondance.
— üii bazar d’enfant. — Noucelles rcli
gieiiscii. — Reçue polUique.
" - 29 iVIÎIL
f
LeS' injures font moins do mal
que les compliments; ceûx-ci' enÜenl, landisque celles-là liumilieiit
salulairernent, lorsqu’on a le bon
sens de ne pas s’en trop irriler.
Les caresses cachent fréquemment
Une piège; il est rare qu’il en soit
ninsi des mauvais Iraitemenls qui
rie cachent rien, mais qui révèlent
de mauvais sentiments chez ceux
qui s’y livrent.
Ksl-ce <à dire que, si l’on est
sage, l’on doive reculer devant tonte
parole de louange ou repousser
'ont témoignage d’affection, remercier d’une injure comme d’un seryiee, et tendre joyeusement la joue
à qui veut frapper? Non sans doute;
•fiais celte observation, qui est aussi
''ieille que le monde, et que tant
de personnes ont faite avant nous,
n’en demeure pas moins confirmée
par l’expérience de tous les jours.
Nous avons connu, de nom, ou
personnellemenl, plus d’un homme
que la louange a gâlé, et que nous
sommes tenté de comparer à ces
épis qui jaunissent trop vile, et qui
lorsque autour d’eux tous les antres
courbent la tôle, continuent, et pour
cause, à tenir la leur bien droite,
jusqu’au jour de la moisson, qui
révélera la valeur de chacun d’eux.
Lorsque, il y a un peu plus
de 25 ans, quelques uns de nos
compatriotes, amenés en partie par
le ministère d’évangélistes vaiidois
à une connaissance intelloctnelle de
l’évangile, voulaient '’nous renvoyer
dans nos montagnes, sous prétexte que les vaudois n’étaient pas
assez italiens pour parler aux italiens, il nous souvient que nous
avons été passablement irrité de
cette ridicule prétention, mais surtout que nous avons été amené
par là à examiner avec soin s’il ne
manquait pas en réalité quelque
chose d’important à l’œuvre missionnaire'que nous venions d’entrepren-
2
-134.
cire el à la manière dont nous
l’avions jusqu’alors poursuivie.
Aujourd’hui, même les italianissinies se sont convaincus que l’église Vaudoise est capable d’évangéliser avec fruil sa pairie iLalienne.
Ils vont même beaucoup plus loin
puisqu’ils aspirent, nous dirions
même qu’ils soupirent, après le jour
où ils pourront s’unir à celte mission vaudoise dont ils ne parlent
d'ailleurs que le moins possible dans
leurs correspondances avec la Grande
Bretagne; ce dont nous sommes
loin de nous plaindre.
Ce qui nous inspire plus d’inquiélucles, on aura peut-être de la
peine à le croire, c’est précisément
celle bonne opinion que les chrétiens évangéliques de tout pays el
de toute dénomination ont conçue
de l’église Vaudoise el qu’ils manifestent depuis quelque temps
d’une manière particulièremenl éclatante. Nos lecteurs se souviennent
du bazar d’Edirnbourg et du plein
succès (¡u’il a obtenu. La plupart
d’enlr’eux savent aussi qu’il n’a
été qu’un brillant épisode d’une
grande entreprise qui doit ,avoir
pour résultat d’affranchir les pasteurs
et ministres des Vallées des soucis
matériels sous lesquels ils ont longtemps gémi. C’est en vue de ce but
que l’Ecosse presbytérienne, par le
moyen de ses hommes les plus éminents, travaille depuis deux ans;
que l’Irlande el l’Amérique du Nord
ont été parcourues el „intéressées à
y concourir. L’Angleterre presbytérienne a déjà donné plusieurs témoignages substantiels de sa sympathie chrétienne. La conférence
présidée par le Rév. D. Gullerie et
le meeting, qui a eu lieu le \\
dans le Collège presbytérien de Lon
dres, ont été consacrés uniquement
à cel objet spécial. C’est la cause
des Vaudüis que le Rév. D. Gulhrie
a plaidée avec chaleur devant une
assemblée très considérable dans
l’Eglise du D.r Fraser, après avoir
été la plaider en Irlande. Notre
excellent arni a compris que noblesse
oblige^ aussi marche-l il résolument
sur les traces de son bienheureux
père. La substance de son discours
a été que l'église Vaudoise mérite
le respect, la sympathie el l’appui
énergique de toutes les Eglises de
la Grande Bretagne. Nous n’avons
garde de répéter tout le bien qu’en
a dit le conférencier.
Le lendemain soir dans la grande
salle du Collège presbytérien une
nombreuse assemblée, présidée par
un membre du Parlement, a entendu
sur le môme sujet un bon nombre
d’orateurs, parmi lesquels on nous
a donné les noms de plusieurs de
nos vieux el lidèles amis, D.r Blaikie, D.r Green, Rev. D. Gulhrie,
mess. Hiihg el Donald Maiheson.
Ici encore nous devons nous abstenir de rapporter les honorables témoignages rendus à l’église Vaudoise
par ceux qui la connaissent depuis
longtemps, mais nous pensons que
nos lecteurs vaudois seront heureux
d’apprendre que le cher et vénéré
docl. Blaikie a été accueilli presque
avec enthousiasme au Canada, où
la rencontre d’un homme qui avait
connu le Général Beckwilh a grandement fiicililé sa tâche. Celle fois
encore « la mémoire du juste est
en bénédiction».
Si pai' contre aux Etats-Unis
l’accueil qu’il a reçu a été généralement moins encourageant (ce
qui n’empêche pas qu’il ii’aîl trouvé
de très généreux donateurs), cela
3
435,
tient en partie au caractère même
et aux liabilutles des Américains du
Nord, mais surtout à la circonstance
Que les Vaudois y sont encore assez
peu connus. A cela s’ajoute le fait
maintenant hors do tout doute, que
certains quêteurs parcourent fréquemment le pays, soit en se disant
délégués de cette Eglise, soit simplement en laissant croire qu’on l’est,
en sorte que très naturellement celui
qui arrive après eux n’est pas vu
de bon œil. C’est nous-même qui
faisons ces réflexions, ignorant absolument si le Doct. Blaikie a fait
la moindre allusion à ces circonslances.
Revenant à notre commencement
nous confessons avec un certain
tremblement, que celte faveur universelie, dont l’Eglise vaudoise est
plus que jamais l’objet, constitue
pour elle une redoutable tentation.
Celle de s’enorgueillir et parlant do
se relâcher dans l’œuvre providentielle qui lui est commise.
Qu’elle veille sur ce danger,qu’elle
prie beaucoup pour être purifiée et
''ivifiée, et que ses amis chrétiens,
dont le nombre va croissant, se souviennent que leurs plus riches dons
sans le concours de leurs prières ne
peuvent être en bénédiction ni pour
eux ni pour nous.
RimQiK
â mes critiqurs lüuchiinl nos origines.
Ce que R. Sacconi dit
et ce qu’on lui fait dire.
Puisque cela ne plait pas, je ne
répéterai pas que Ÿaudès ne sait pas
ce qu’il dit; je continuerai seulement
â le prouver. '
Du reste, il ne faudrait pas trop
s’inquiéter: il ne s’agit pas de me
suivre, avec ou sans peine, si je
pousse la pointe un peu en avant,
Suand on. m’a si joliment précédé.
n m’a fait haïr des morts, flageller
des vivants qui n’en savent rien;
puis vint la caricature du théléphone;
selon l’un je n’étais pas consciencieux,
selon un autre je fonctionnais comme
parrain de la critique allemande; et
l’on avertissait bien que celte critique-là va jusqu’à nier la divinité du
Sauveur! Ét tout cela sous le bénéfice de l'incognito, et un secret sans
pareil, celui d’être calme.
Ce secret-là, je ne l’ai pas; malgré
cela, je croîs être calme. Voyez donc:
pendant que l’on me représentait ici...
comme l’on sait, le Chrétien Evangélique qui n’a rien à démêler avec
nos préoccupations personnelles, imprimait un long article très-bienveillant, où il dit: « L’étude de M. G.
» porte tous les caractères les plus
» propres à nous inspirer une entière
» confiance, on sent qu’elle est avant
» tout une étude historique et non
» point une étude polémique contre
» les ennemis des Vaudois, ou les
» écrivains qui ne partagent pas la
» manière de voir de l’aiiteur. En
» outre, de nombreuses notes puisées
» directement aux sources, dont quel» ques unes ont été nouvellement
» découvertes, donnent aux lecteurs
» une impression de sérieux que la
» façon oe parler simple et calme
» de l’écrivain ne fait que confirmer. »
Il est maintenant possible que dans
la discussion familière qui a suivi
dans ces colonnes, j’aie tondu de ce
pré etc. Mais je signe, et c’est quelque chose, et ne crois pas être de
mauvaise humeur. Qu’on me laisse
donc continuer sans encombre, car
j’ai besoin de presser le pas.
On a cité Rainerio Sacconi. C’est
qu’en effet son témoignage est de la
plus haute importance. 11 fut 17 ans
enrôlé dans la secte des Cathares,
d’où il sortit pour rentrer dans l’Eglise
de Rome et la servir, hélas! trop
fidèlement, en qualité d’inquisiteur;
cela vers la moitié du 13® siècle. 11
4
136.
écrivit -un livre si considéré, que
l’inquisition en fit son manuel, au
deçà comme au delà des Alpes. Il
est vrai que, quoiqu’on en dise, nous
avons ici affaire à un ennemi. Vrai,
mais ce qu’il témoigne des Vaudois
répond exactement à leur dire. Aussi,
je le répète, son témoignage est précieux.
Seulement, dit-il ce qu’on lui fait
dire? Ce que je sais, c’est qu’il dit
quelque cnose d’un peu différent. De
fait, son livre très-authentique est
intitulé: Summa de Catharh et Leonisiis sive de Pauperihits de Lugduno.
Il est presque entièrement consacré
aux Cathares. A la fin vient le point
qui traite des Vaudois. Voici scs paroles :
« Passons maintenant à la secte
» des Léonistes, ou pauvres de Lyon.
» Elle se divise en deux parties; l’une
» porte le nom de Pauvres Ultramon» tains, la seconde celui de Pauvres
» Lombards. C’est de ceux-là que
D sont descendus ces derniers — isti
» descenderunt ab ilUs «.
Rainerio touche ensuite à leur doctrine, au jurement, au pouvoir judiciaire,àlaconsécration de l'hostie, et le
peu qu’il en rapporte répond de tout
point à ce qu’en écrivent les Vaudois,
au sujet de leur conférence près de
Bergame, J’en ai assez parlé ailleurs
pour qu’on me permette de n’y pas
revenir. Tant les uns que les autres,
conclut l’Inquisiteur, pensent que l’Eglise Romaine n’est pas l’Eglise de
Jésus Christ; les Lombards tiennent
en outre que « l’Eglise de Jésus Christ
» se perpétua dans les évêques et
» les autres prélats jusqu’à Sylvestre,
et qu’avec lui elle déchut, jusqu’à
n ce qu’ils la rétablirent —'in co
* défiât quousgiw ipsi cam rcslauraD runl. Néaramoins ils disent qu’il y
V eut de tout temps dee âmes crai» gnant Dieu et qui furent sauvées —
i> tmnen dimnl quod semper fuerunt
î aliqui qui Deum timebant et salva» buntur ».
Ainsi parle Rainerio. Pas d’allusion
aux Vallées. Si toutes les fois que l’on
dit Lombards on devait entendre les
habitants non catholiques des Vallées,
cela nous amènerait loin. Mais veuton les impliquer? Alors, dit Rainerio, ils ont leur origine au delà.des
monts. Mais le texte s’explique de
soi, sans qu’on le tiraille. Ces Vaudois_ de Lombardie ont un peu de
sang d’Arnaud et des Huiniliati dans
les veines; je veux dire qu’ils recrutent des adhérents dans les rangs de
sectes dissidentes, qui leur apportent
la vieille protestation contre Rome.
Cela affecte même leur tendance et
les fait différer de leurs confrères
d’outre monts, comme le lecteur a
vu, s’il m’a lu. On comprend donc'
que à leur tour — car les sectes
précédentes l’avaient déjà dit, — ils
admettent que de tout temps il y a
eu des âmes pieuses; ce qui, du
reste, ne lés empêche pas de prétendre que l’Eglise de Christ n’avait
été rétablie que par eux.
Je ne vois ressortir rien de plus
que cela des déclarations de Sacconi,
sur la question qui nous occupe.
Alors d’où viennent les paroles que
lui attribue \audès?
Voici en peu de mots. Le texte de
Rainerio subit des altérations. J’ai
dit qu’il servit de manuel. Les inquisiteurs y brodèrent dessus leurs notes,
le remanièrent, y ajoutèrent ce qu’ils
entendaient de nouveau. Le livre fut
publié de nouveau, avec les notes
mélangées. Celte publication très-distincte de la première, inaulhentique
est communément indiquée sous le
nom de Pseudo-Rainerius. Gieseler l’a
examinée et il a démontré que les
additions nécessairement postérieures,
sont d’une plume non italienne inexacte, très-probablement allemande.
En effet les bévues ils fourmillent.
Il prouve aussi que là où le PseudoRamerius parle des Vaudois, il s’agit
de ceux d’au delà des Alpes.
Or ce n’est pas dans Rainerio, mais
dans le Pseudo-Rainerio que se trouvent les paroles suivantes citées par
Validés:
» De toutes ces sectes qui existent
» ou qui ont existé, il n’en est point
» d’aussi pernicieuse à l’Eglise que
» celle des Léonistes, et cela pour
» trois raisons: La premièi;e parce-
5
J37.~
qu’elle est. la plus ancienne; car
quelques uns aisent qu’elle s’est
conservée depuis le temps de Sylvestre , et d’autres depuis le temps
» des Apôtres ».
Je note là-dessus très-brièveinent;
1. Qu’il n’est pas question des
habitants de nos Vallées.
2. Que chaque secte a eu l’honneur
d’être crue la plus terrible. Je laisse
de côté les ' citations. Du reste, je
suis très-persuadé que les Vaudois
ont particulièrement mérité d’être
craints.
3. L’auteur ne donne pas cette
opinion comme sienne. Il dit et répète:
aliqui dicimt. Le sont des dtcérie
qu’il enregistre pour justifier sa crainte. Nous aurons à l’examiner avec
d’autres même plus fortes, quand je
traiterai de la légende.
4. Son opinion il la donne expressément, car il dit sans s’appuyer sur
les ouï-dire, que les Vaudois descendent de Valdo. — Secta pauperum de
Lugduno, qui etiam Lconistce dicuniur, tali modo orla est: Cum cives
majores pariter essent in Lugduno...
E. COMBA;
s. s.'Comi, h
T7'és-honoré Frère!
I8S!.
A propos de l’indigne sépulture
dont vous avez entretenu les lecteurs
de votre petit et bon journal, la
semaine passée, permettez-moi de vous
adresser, moi aussi, quelques mots.
Quelque temps après nos pacifiques
et fondamentales liéformes de l’année
■1.848, mourait, à Collegno, dans l’ancienne Chartreuse alors déjà affectée
aux aliénés, comme succursale de
ha grande maison — mère de Turin —
un de nos compatriotes de Prarustin;
et l’Administration de l’hôpital me
fit immédiatement informer de ce
décès, afin d’aller présider l’ensevelisseraent du défunt conformément
aux rites de notre Eglise.
Mais, en arrivant à Collegno, j’appris du Syndic que le décédé ne prouvait être enterré dans le cimetière
catholique, à cause de la foi à laquelle
il avait appartenu, et qu’il n’y avait,
dans la Commune, pour recevoir sa
dépouille terrestre , que le local
incroyable dont vous avez parlé
dans votre article, et où il paraissait
qu’on ne dût jeter que les bêtes
crevées, ou leurs restes ignominieux.
Je ne vis même aucune entrée par
où l’on pût pénétrer dans ce lieu
immonde; une échelle seule appliquée
contre ces hauts murs devant, sans
doute, conduire à ce charnier. Gomme
bien vous le pensez, cher frère, je
protestai absolument contre une indignité semblable; je demandai une
place pour le défunt dans le cimetière
communal, et le Syndic persistant à
la refuser, je fis cesser tout apprêt
d'ensevelissement, et déclarai à l’autorité municipale que si elle entendait
regarder les protestants comme des
gens hoi'S la loi, nous n’entendions
nous mêmes nullement nous laisser
traiter ainsi. Alors le Syndic me menaça d’un soulèvement de la population, de coups de poignard, de pistolet
ou de faucille de la part de quelque
fanatique, si je prétendais forcer
l’entrée du Champ des morts catholiques pour y aller ensevelir un
protestant. Mais ces menaces ne m’épouvantèrent point. Je revins, au
contraire, au plus tôt à Turin, où
j’allai exposer l’affaire au Ministre de
l’Intérieur lui même, S. E. Urbain
Raltazzi, qui me donna aussitôt toute
raison, et écrivit en conséquence au
Syndic, me disant que le Statut était
désormais la Charte de tous les sujets
du Roi, sans aucune exception, et
que si la loi n’avait encore rien statué de formel sur la matière en question , l'esprit de la Constitution était
liberté, égalité,... et que dès lors, jusstice allait nous être faite. S. E. m’offrit même d’envoyer à Collegno une
compagnie de Bersaglieri pour nous
protéger, au besoin, durant la cérémonie. Je refusai naturellement, en
le remerciant profondément de son
appui moral qui devait être bien
6
suffisant, au nom de tous nos Coreligionnaires, el des principes qui désormais devait présider aux destinées
de nos populations; et, revenu le
lendemain à Colle^no, je ne dus plus
m’acheminer vers le charnier, mais,
plutôt, j’accompagnai, suivi d’une
foule immense, le cercueil de notre
coreligionnaire au cimetière catholique
où une place séparée, mais honorable,
lui avait été préparée. Personne ne
témoigna d’ailleurs la moindre intention de me tuer ou de m’injurier, et
dans le silence le plus respectueux
et attentif, J’eus Ik une occasion propice de prêcher la bonne nouvelle
du salut gratuit apporté au monde
en Jésus Christ, celle de la fraternité universelle et de la vraie liberté
aui a été acquise aux vrais enfants
e Dieu... Je regrette infiniment qu’après 25 ou 30 ans de distance se
soient renouvelés dans notre chère’
patrie des scènes qui ne sont ■ plus
de notre époque éclairée, et je prie
Dieu qu’il hâte, par sa grâce, 'les
temps où les religions diverses, au
lieu de diYiser entr’eux les hommes
et les exciter à se ha'ir réciproquement, leur enseignent à s’entraimer;
l’amour étant, en définitive, la base
la plus vraie et la plus noble sur
laquelle doit reposer la foi de tout
croyant.
— Faites, cher frère, le cas que
vous jugerez convenable de ces quelques lignes d’un vieillard qui a un
cœur toujours chaud pour sa vieille
Eglise, pour sa patrie italienne et
pour la liberté selon l’Evangile, et
agréez, en particulier, les assurances
de ma haute considération et de mon
aiFection en Jésus Christ.
Amédée Bert, ancien pasteur.
Si nous publions la lettre qui précède ce n’est pas pour soulever une
question fort triste qui n’aurait jamais dù se produire dans le vieux
Piémont pour lequel nous avons un
faible tres-prononcé; nous voulons
plutôt réparer un tort que l’on a
fait à la Commune de Collegno en
disant qu’elle n’a fait aucun progrès
depuis 32 ans — La lettre de M. Bert
montre qu’il y a eu progrès. En J848
il n’y avait que les quatre murs à
l’ignoble bouge a.ssigné pour sépulture des non catholiques; en 1881 il
y a une petite porte par laquelle on
peut à la rigueur entrer.
Rédaction.
Un bazar (l'eiifanls.
Les bazars sont devenu à la mode
.... et ils sont presque sur le poi’nt
de devenir une calamité. Mais je suis
sûr que vous ne donneriez pas ce
nom à celui que là Gazzetta Fiemontedu 22 cour, appelait avec beaucoup
de raison Una fesiadi famiglia. C’étaient
les enfants de l’école du dimanche Enfantine, qui désireux de faire davantage pour l’œuvre des Missions et de
l’Evangélisation d’Italie, que la vente
de journaux et de timbres postes ne
leur avait permis de faire jusqu’alors,
avaient organisé une petite vente dont
le produit devait être affecté à ces
deux objets. Oh si vous les aviez vus
ces petits garçons et ces petites filles
de l’âge de 5 à dix ans, quelle animation à l’idée d’avoir un bazar à eux
comme les grands !0n se mit aussitôtà
l’œuvre: une partie des enfants se partagèrent la besogne: on forma quatre
groupes, chacun des groupes fut
chargé de pourvoir tout le nécessaire
pour la table à laquelle ils devaient
présider. Et puis chacun de faire de
petits ouvrages, signets en papierbristol, corbeilles en carton etc. auxquels vinrent s’ajouter des contributions d’Ecosse, de Suisse et de France.
Quand tout fut prêt, les 90 enfants
envoyèrent des circulaires aux membres de l’Eglise exclusivement, vù
qu’il n’aurait pas été convenable, à
cause du but trop directement évangélique de la vente, d’y inviter des
personnes étrangères à notre foi. Aussi
quel ne fut pas notre étonnement de
voir la petite circulaire reproduite
intégralement par la Ga.zz.etta Piemontese du lendemain, avec de charmantes
paroles de recommandation, et de
7
,139
trouver deux jours après dans le même
journal un compte rendu assez détaillé
et très-bénévole de la journée du 21.
('•’est une des premières fois qu’un
journal politique s’occupe d’une manière si impartiale de quelque chose
que bien des personnes appelleraient
une petitesse, et ce signe des temps
est d’autant plus remarquable, que
nous n’y sommes pour rien; nous
n’avions pas même envoyé une circulaire au bureau du journal. Ce qui
a été fait a été fait spontanément.
Jeudi dernier une des salles de
nos écoles, ornée pour la circonstance,
s’ouvraitaux acheteurs qui accouraient
nombreux, mais n’étaient admis dans
la salle que moyennant le payement
de 20 centimes que percevait un petit
garçon, sur le chapeau duquel était
épinglée une bande de papier avec
les paroles: Bixjliettario. Vous entriez
et vous trouviez un bout d’homme
portant sur sa casquette: Giornalista,
qui vous offre la gazette du jour.
Vous faites le tour des tables où les
Petites vendeuses font l'article de la
manière la plus sérieuse; vous arrivez au banc des emballeurs qui vous
enveloppent prestement vos achats en
vous disant: c’est dix centimes, monsieur. Le soir, quand les salles furent
presque dégarnies, il y eut l’enchère:
3u’esl-ce qui n’y passe pas? on se
isputa une orange jusqu’au prix de
L. 4,50, et à 10 h. Ii2 on s’en alla le
cœur content avec L. 2000, dont 1000
ont été envoyées aux missions de
Paris, et 1000 a la Commission d’Evangélisation avec une lettre signée par
tous les enfants.
Une robe neuve.
Marguerite est pauvre et prend du
service en ville pour gagner son pain
et celui de sa bonne vieille mère. Elle
n’a pas oublié sa chère Bible en
faisant son paquet, et selon la recommandation que lui fit sa mère au
moment du départ, elle ne laisse pas
passer un jour sans lire au livre du
bon Dieu. ' Elle gagne trente francs
par mois et en envoie régulièrement
quinze à sa mère. Sa mise est simple,
et de bon goût, mais elle aurait besoin d’une robe neuve pour accompagner Madame en ville. Au moment
où elle sort pour acheter la robe,
elle apprend par une lettre que sa
mère est malade et dans le besoin.
Marguerite court à la ’poste pour
envoyer a sa mère l’argent qu’elle
aurait dépensé pour la robe.
Le soir de ce même jour sa maîtresse lui fait cadeau d’une robe en
très-bon état et juste à sa taille. Le
Seigneur réservé dans son ciel une
robe bien plus éclatante et une récompense bien plus splendide à ceux qui
le servent fidèlement sur la terre.
iiomieUc© relic^ïciiees
Italie. — Le 8 mai prochain aura
lieu, D V., à Milan la solennelle
inauguration de l’église , jadis de San
Giovanni in Conca, transformée en
temple Vaudois, située dans une des
positions les plus centralès de la ville.
Le service d’inauguration sera présidé
par M. le pasteur Geymonat de la
Faculté Vaudoise de Florence, et d’autres services seront célébrés chaque
soir, pendant au moins huit jours ,
par des pasteurs appelés dejdiiîérents
côtés.
— Mardi 26 s’est ouverte, également à Turin, la Conferenza disireitrettuale Piemonte-Liguria desiEglises
de l’Evangélisation de l’Eglise vaudoise, présidée par M. le pasteur Cardon de Pinerolo, qui a prêché sur
Esaîe LX , V. 29, 31.
— A Florence, le jour de Pâques,
l’Eglise de l’Oratoire, desservie par
M. le prof. Geymonat, s’est aecrue
de dix nouveaux membres communiante, parmi lesquelsfi3 Israélites,
père, mère, et fils, ce dernier âgé de
\k ans, auxquels, avant qu’ils participassent à la sainte-cène, a été adnïïhistré le baptême. Requis par le
pasteur de faire une profession publique de la foi qu’ils avaient déjà
professée devant le ConseiL d’Eglise
et dans plusieurs entretiens particu-
8
^140
liérs, ils exprimèrent avec énergie
leur convictions chrétiennes. « Je crois
dit le père d’une voix forte et sûre,
que Jésus est le Christ, mon Sauveur.
La mère et le fils exprimèrent dans
d’autres termes la meme foi et tous
les trois déclarèrent vouloir s’uniforraer à l’Evangile, dans leur conduite
vivre et mourir en J. G. — L’Eglise
émue entonna l’hymne: Vieni le
grazie a spargere sopra i devoti tuoi.
France. — Les élections presbytérales de la Consistoriale de Paris,
qu’un décret ministériel, en date du
48 février 1881, avait retardées de
quelques semaines, dans l’espoir de
parvenir dans l’intervalle à régulariser la situation jugée règlementaireanormale de cette Eglise, sont par un
décret subséquent « ajournées à une
» époque qui sera déterminée par un
» arrêté ultérieur ».
Cette résolution ministérielle est
généralement interprétée comme un
échec pour le parti libéral, d’autant
plus que le bruit a commencé de circuler avec quelque insistance, d'un
Synode que le Gouvernement se serait
décidé à convoquer, pour résoudre
cette question et plusieurs autres qui
,ije peuvent trouver que dans une ass^^blée générale de l’Eglise leur résolution légitime.
ïleüuc |)olttiquc
Halte. — Le ministère s’est présenté tel quel devant les Chambres.
Déjà l’on annonce des interpellation.s
sur la crise, sur la question tunisine,
etc. Le ministère provoquera un vote
de confiance et l’on croît qu’il l’aura
malgré l’opposition naturefle et légilime de la droite, qui joue à bon droit
son rôle, et celle du 'parti tlrispi.
Nicotei'a et son groupe se sont rangés.
Le ministre des finances est occupé
de l’emprunt des 640 millions nécessaires pour réaliser l’abolition ^du
cours forcé. Les capitalistes français
se montrent un peu durs à la détente
à cause .de l’attitude, noài, du ministère, rûadfe de la chambré et d’une
partie de la presse italienne en présence des prétentions de la grande
nation sur Tunis.
Feanve. — L’armée française
forte de 40 à 50 mille hommes a
pass'é la frontière de la Tunisie. Il
est évident, quoiqu’on en dise officiellement, qu’il s’agit d’autre chose
que d’une démonstration ou de la
punition de quelques brigands.
Anffieiert'e. — Après la mort de
Disraeli on se demande qui sera le
chef du parti tory. On nomme lord
Salisbury'qui a le tort'de niêtre pas'
Slaife, et quelques autres. On a
larras du choix, ce qui est un
inconvénient.
Les troupes anglaises ont quitté
l’Afghanistan qui est toul-à-fait libéré.
Espérons que la paix avec les Boërs
et avec les Bassoutos amènera la fin
d’un état de choses que le ministère
Gladstone avait hérité de l’ambition
du gouvernement tory qui l’avait précédé,
Allemagne. — On dit que Bismark se frotte les mains de ce que
la France s’étend et se fortifie en
Afrique; elle s’affaiblit d’autant sur
le Rhin, et surtout éloigne l’Italie de
s’allier avec elle.
Mtnssie. —- Le nouveau czar penche vers le maintien du despotisme
et l’emploi des mesures extrêmes de
rigueur. On craint de nouvelles catastrophes. Morris Mélichoff serait sur
le point de donner sa démission.
A VENDEE
La Barina 4 .sur les confins de
Pi.'iiiisliii à un quarl d'heure du Pont
de Si. Miiiiiu (Pont Neuf), composée
de bàlimenîs el de cent vingl hint
ares (3 jouniaux cl 75 lable.s), de vignc.s el prés ou vergers.
S’adresser au propnélairc J. B, Berlone,'maison Challicr, allée de FénesIrcllc?,’ N. 31 à Pignerol.
Ernest Uouert, Gérant et Administrateur
PigiiProl, lmp. Chianlore cl Masrarclli.