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Année Sixième.
4) Juin 1880
N. 23
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes 1, 8. la vérité avec la charité. Ep. 1, 15,
Iprix d^abbonnbmbnt Par an Itftlie ■ > L, 3 Tous les psys de PUtiion de poste ...» 5 Âiinèïiqijie ... * 0 Od sVbonne : Pour yjntérieur chez- MM. les pasteurs et les libraires de Torre PelliGe. Pour l'Æ'iciôWawv’au Bureau d'Ad- ministtatiOD. | Un ou plusieurs suméros sépa- rés, demandés avant le ti- rage 10 cent, chacun. Annonces ; 25 centimes par ligne. Les envois d'&rgent sa font par letire recommetudéa ou par mandats sur te Bureau de Po- rosa Argentina. '
Pour la RÉDACTION adresser ainsi ; A 14 011*601100 du TeiMoiw , Pomaretto (Pineroîo) Italie. Pour l’ADMirÎISTRATlON adresser ainsi : AT Administration dü 7'émoin, Porfiareito ( Piirerolo J Italie |
Sommaiar©^
No» aneîonsi Synodes. — Quelques inolis
au Cristiano Emns/eHeO N. 23i — Le mal
que l’on commet le Dlmanolao. — La reIfgiou de.,., mon hahit noir. — Correspondance. — Pensées sur le Dimanche. —
NouveÎlcs religieuse et faits divers. — Revue
poUtig.ue.
NOS mmm synodes
Si , oomme leurs aiuis de lu
Graude-Bffetagne l’ont souvent re*marqué avôc une surprise toute
naturelle J les Vaudois connaissent
en général assez peu leur propre
histoire, cela est surtout vrai de
tout le siècle passé, ou plus exactement encore des 120 à 130 ans
qui ont suivi la glorieusê t&ntréê.
Un peuple petit ou grand, qui
ne s’inquiète pas de connaître son
passe', ne Se souciera pas davantage d’ajouter quelque nouveau
chapitre à son histoire; il peut
bien végéter, mais il ne vit plus,
et à la;première occasion il sera
absorbé par un voisin d’une vita^
lité énergique et puissante. Ce
qui est vrai des peuples l’est plus
erlcore des églises qui ne subsistent qu’à la cendition d’être vivantes , c’est-à-dire de retenir
constamment et de développer üdèleraent le principe même qui
les a fait naître. C’est dans celte
conviction^-qui pour nous a toat#
la portée d’un dogme, que nous
avons entrepris de nous servir de
notre petit journal pour mettre
sOUs les yeux de nos lecteurs
vaudois quelques fragments de
leur histoire ecclésiastique. Nous
nous sommes arrêtés dans de
précédentes recherches au Synode
de 1848 et quoiqu’il nous fût, à
la rigueur, possible de parler trèslibrement de quelques uns des
Synodes suivants, nous pensons
qu’il vaut tnieux les laisser vieillir
encore quelque peu, au risque très
grand de laisser à d’au très que nous
le soin d’en faire Thistoire.
C’est vers les temps d'autrefois
(Dêut. XXXII, T) que nous voulons
tourner le regard de nos lecteurs
en les faisant assister à Iq reconstitution lente et pénible dé notre
église après le retour de l’exil
et pendant tout le 18^ siècle. La
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source où nous puiserons nos renseignements est la plus sûre et
la plus authentique, puisque ce
sont les actes mêmes des assemblées et Synodes, tenus dans les
vallées pendant ce long espace de
temps. 11 nous arrivera plus d’une
fois de compléter ces actes, ou
de les expliquer, au moyen de
documents fournis par la belle histoire de M. le chev. A. Muston ,
trop peu connue parmi nous et
qui mérite à tant d’égards de l’être
davantage. Celle de hr A. Monastier, de bienheureuse et vénérée
mémoire, nous fournira sans doute
aussi, plus d'un détail intéressant.
Cette dernière histoire doit être
beaucoup plus connue, puisqu’il en
existe plus d’un exemplaire dans
chacune de nos bibliothèques paroissiales.
Que nos lecteurs ne s’effrayent
pas; quoique nous ayons devant
nous la matière d’un bon nombre
d’articles, nous saurons les interrompre dë temps à autre, ou
même nous arrêter tout-à-fait,
dès que nous jugerons qu’il est
prudent de le faire pour ne pas
les fatiguer. Nous dirons aujourd’hui quelques mots sur les délibérations des quatre assemblées
pastorales qui se sont tenues les
jours 18 avril, 20 Juin, P septembre et 20 novembre 1692,. à
La Tour, dans le temple des Coppiers.
La première de ces assemblées
se composait de neuf pasteurs seulement , savoir siæ pour les églises
du Val Luserne, cfeua; pour celles
du Val-Pérouse {Pramol et Rocheplatte) et un pour le Val St,
Martin. Le but de cette convocation, indiqué dans le procès
verbal était de commencer à rétablir un bon ordre parmi eux ,
nonobstant les troubles qui continuaient à les inquiéter. — A
cet effet ils redonnent à l’Eglise
son antique administration en appelant David Léger, pasteur à
Bobi, aux fonctions de Modérateur,
Henri Arnaud, pasteur des Vignes et de Rorà, à celles de Modérateur-adjoint, et Guillaume Malanot, pasteur d’Angrogne, à celles
de Secrétaire. Une bonne partie de
la séance a dû être ensuite consacrée à la correspondance avec
plusieurs évêques d’Angleterre et
les Cantons évangéliques de la
Suisse et ce travail réparti entre
cinq des neuf pasteurs présents.
Mais l’acte principal de l’assemblée a été la publication d’un
jeûne qui devait se célébrer dans
toutes les Vallées le 4 mai suivant. Nous transcrivons cet acte:
« La main de Dieu paraît encore armée .de colère contre son
Eglise par le fléau de la guerre
qui l’afflige extrêmement en plusieurs endroits de la chrétienté ,
et qui est suivi de plusieurs autres déplorables malheurs qui jettent les peuples dans d’étranges
misères et désolations. —: Ce qui
fait voir manifestement que l’irapénitence des peuples continue à
provoquer le courroux de ce grand
Dieu Vivant qui a commencé le
jugement par sa Maison. — C’est
pourquoi les pasteurs de ces vallées faisant les réflexions convenables au temps présent et considérant que le moyen le plus assuré
de nous rendre Dieu propice et
d’arrêter son courroux allumé
c’est la repentance et la prière.
jointe à la reconnaissance des
3
-179
grâces qu’il a plu à sa divine
bonté de nous accorder en nous
rassemblant, en ses compassions,
dans nos anciennes églises des
divers endroits du monde où l'orage de la persécution avait jeté
la plupart, ont jugé expédient et
fort nécessaire de célébrer un
jeûne solennel, dans toutes les
églises , le premier dimanche de
mai. Chacun de vous est exhorté
à s’y disposer et préparer duement
et à se résoudre à l’avance, à
profiter salutairement _ des vives
exhortations qui vous seront adressées par vos pasteurs , afin
que par ce moyen, nous puissions
arrêter la colère de Dieu, attirer
sa bénédiction sur les armes desqn
Altesse Ducale, notre Souverain,
et de toutes les autres puissances
qui se joignent à lui contre l’ennemi commun, et obtenir de sa
bonté infinie le repos et la paix
dans son Eglise en général, et en
particulier en faveur du pauvre et
petit résidu des troupeaux des
anciennes églises de nos vallées,
après quoi elles ont déjà si longtemps soupiré. Ainsi soit-il ».
Pour expliquer la mention des
armes de son A. D. leur souverain, sur lesquelles les Vaudois
sont invités à implorer la bénédiction de Dieu, il suffit de rappeler que. depuis- près de deux
ans, ces armes s’étaient tournées
contre le grand roi Louis XIV.
et que le Duc de Savoie qui avait
besoin du secours de ces vaillants
montagnards s’était efforcé de se
les attacher par des édits réparateurs , par de flatteuses promesses et par des secours matériels très opportuns. Les exilés
avaient pu rentrer librement avec
leur familles; les enfants qu’on
leur avait ravis par centaines
quelques années auparavant, leur
avaient été renvoyés, les nombreux
prisonniers qui depuis 1686, gémissaient dans les cachots du
Piémont, avaient été élargis. En
mettant en liberté les capitaines
Pelenc et Mondon, Victor-Amédée
leur avait dit ; « Allez retrouver
vos braves compatriotes, ditesleur qu’ils seront désormais aussi
libres que pour le passé. Qu’ ils
me soient fidèles comme ils l’ont
été à leur religion, et leur ministres pourront prêcher même à
Turin ». Cette promasse ne devait
se réaliser que bien tard et après
que lui-même y eut été infidèle.
Mais il avait alors besoin des
vaudois. Leur vaillance ne lui fit
pas défaut ( Muston ni, 155),
( à suivre-J.
, QUELÛIES MOTS
au Cristiano Eoangelico, N. ââ
Nous ne croyons ni opportun, ni
utile à aucun point de vue , d’entrer
en discussion avec le Cristiano au sujet
de la place qui, selon lui, peut seule
revenir aux pasteurs des Vallées au
sein des conférences générales de l’évangélisalion Vaudoise. Mais il y a
quelques observations que nous jugeons nécessaire de présenter, soit à
ce journal lui-même, soit à ceux de
nos propres lecteurs qui sont aussi
les siens.
Le Cristiano se trompe du tout au
tout en supposant que son article a
fait monter quoique ce soit au nez du
directeur du Témoin; et puisque la
locution italienne a mené sous sa
plume le terme fort bien choisi de
moucheron, nous pouvons rassurer l’auteur de l’article; il nouîs faut autre
chose que cela pour nous émouvoir.
4
-,180
Nous confessons bien que nous avons
élé Irès clésagréablemenl surpris, moins
de la chose que de la manière dont
elle était dite. La question soulevée à
propos de la part à faire aux pasteurs
des vallées dans les conférences générales, t’a été sans la moindre opportunité, d’une manière très maladroite
et pas polie du tout. Nous ne voulons
pas employer une expression beaucoup
plus forte que nous avons entendue
déjà plus d’une fois, à propos du premier article du Cristiano, et que les
deux suivants ne sont pas de nature
à modifier.
Ouant à l’accusation d’avoir dénaturé la pensée de l’auteur de l’article,
nous pensons que quiconque a une
connaissance suffisante de la langue
française nous en absoudra sans peine.
Â'Voir capacité pour faire telle ou
telle chose ne signifie nullement être
capable de la faire, mais simplement posséder un titre réglementaire
ou légal pour cela. Que 1’ auteur de
l’article dont nous avons dû nous occuper veuille bien nous permettre de
lui expliquer par un exemple la grande
différence qu’il y a entre ces deux
termes qu’il a confondus. -- Un Préfet
a incontestablement plus de connaissances, ou plus de capacité administrative , qu’un Syndic ou un simple
conseiller communal ; et cependant ,i
il n’a pas capacité pour voter avec les
administrateurs de la plus petite commune de sa Province, — pas plus quel
notre Modérateur, où notre Président
du Comité d’évangélisation , auxquels
le Synode a reconnu la capacité nécessaire dans l’administration qu’ils
président, n’ont oapacité pour voter
dans une assemblée d’église autre que
celle à laquelle chacun d’eux appartient.
El enfin quant à formuler une proposition propre à jeter de la poudre
aux {abbarbadliarey* h ses lecteurs , le directeur du témoin n’en
a jamais eu l’habitude et ce n’est
pas à son âge qu’on est tenté de la
prendre ; d’autres plus jeunes que lui
ont plus de chance de réussir, s’ils y
mettenl de la bonne volonté et de la
persévérance. G’esl ce qiie nous ne
souhaitons nullement au Directeur du
Cristiano Evanrjelieo.
le mal qoe l'on commet
le Dimanche
Celui qui travaille et qui fait travailler le jour du Dimanche lait mal,
car il oublie cette partie du quatrième
commandement; ■Tu ne feras aucune
œuvre en ce jour-là, ni toi , ni ton
fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta
servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni
aucune de tes bêtes, ni ton étranger
qui est dans tes portes, afin que ton
serviteur et la servante se reposent
comme toi. Deut. v », Il fait voir d’une
manière évidente qu’il manque de confiance en Dieu et d’amour envers son
prochain.
Celui qui s’occupe de contrats , ou
autres choses semblables, fait mal,
car il oublie que le jour du repos doit
être consacré a Dieu, et il ne réfléchit
pas qu’en cherchant ses intérêts matériels , il ne cherche pas ceilx de
Jésus-Christ, non plus que ceux de
son âme.
Celui qui joue, fait mal, car il applique ses pensées et son cœur, à une
chose vaine, inutile et parfois riuisîble
et même très nuisible.
Celui qui assiste ou prend part au
bal, fait mal, car, comme disaient nos
ancêtres : « Le bal est la procession
du Diable, et celui qui entre au bal,
entre en sa procession. Du bal, le
Diable est le commencement, le milieu
et la (in, et telle qui entre. aa bal,
bonne et sage, en sort corrompue et
méchante^ Le bal n’est autre chose
que misère, péché et vanité.
Celui qui lient taverne le Dimanche,
et celui qui s’y rend, font mal, car,
ainsi que le disaient nos pères : « La
taverne en fontami de peccà e schola
del Diavol, où il fait ses miracles.
Dans la sainte Eglise , Dieu a coutume de montrer ses vertus et ses
miracles, en donnant la lumière aux
aveugles, en faisant marcher les boiteux , en faisant parler les muets et
ouïr les sourds. Mai§ le Diable fait
en la layferne, tout le contraire. Car
lorsque Îe gourmand va en la taverne,
il y va debout, et quand if s’en retourne , souvent il ne peut se tenir
debout, et il a presque perdu la vue,
5
-181
l’ouïe, la parole, le bon sens, la raison
ql la mémoire».
Ceux qui jouent, ceux qui dansent
et qui se livrent aux excès du vin ,
ibnt mal, car ils se passionnent pour
des choses de néant, ils s’irritent, ils
prononcent des paroles privées de bon
sens, deshonnêtes et honteuses, ils
blasphèment , ils en viennent souvent
aux querelles et parfois même nu sang.
Ils traînent joyeusement les chaînes
du Diable, et méprisent l’amour de
Dieu, le joug de Jésus-Christ.
El ceux qui font du Dimanche le
jour de leurs contrats, de leurs affaires
ou de leurs intérêts, ils renversent
le commandement de Jésü.s-Ghrisl et
disent: Cherchez premièrement toutes
choses avant de cherchei' le royaume
de Dieu et sa justice. Et c’est le vrai
moyen de perdre le royaume de Dieu
et sa justice et toutes les autres choses
en. un instant, au moment même où
l’on se propose d’en jouir.
O Eternel, si tu prends garde aux iniquités.
Soigneur I Qui est-qe qui subsistera?
Que devons-nous donc éviter, que
devons-nous donc faire le jour du
repos ? Le voici :
-f. « . ...
Si tu retiens ton pied pendant le sabbat
Pour ne pas faire ta vo’lontê en inon saint
[jour,
Si tu fais du sabbat tes délices
Pour sanctifier l'Eternel en le glorifianl;
Et at tu Vhonores en né suivant point les
[ voies
Et ne tè livrant pas à tes penchants et h.
[de vains discours
Alors tu mettras ton plaisir eii l'Eternel
Et je le, ferai naonter sur les hauteurs ,du
(pays
Je te ferai jouir de l'héritage de Jacob tôn
[père
Car la bouche de i'Ele.rnel a,parlé,.
ËSAlfi Lvi;i.
La retigkn de... mon habit aair
J’ai un habit noir que je n’enûle
que le dimanche, et dans les grandes
ocasjons.. Or, savez-vous la pensée
qui m’a traversé l'esprit l’autre jour
en le brossant? Elle m'a semblé si
singulière et si humiliante pour moi
que je fn’en vais vous la faire connaître à mes risques et périls.
J’ai pensé tout bonnement que mon
habit noir avait presque autant de religion que son maître, si l’openjuge
d’après les apparences. Cela voudraitil dire que ce dernier en a très peu ?
On pourrait bien, s’y tromper, car le
maître de l’habit n’en a pas moins
que ses semblables en moyenne. J’ai
tort sans doute de faire de telles çoraparaisons, et d'attribuer à l'habit ce
qui en réalité ne peut se trouver que
chez le maître. Mais que voulez-vous?
Je ne puis me idéfaire de la pensée
que, dans bien des cas, l’habit a presque autant de religion que celui qui
le porte.
Soyons sincères et examinons cela.
D’abord mon habit noir est présent
au temple tout aussi souvent que moi,
surtout il ne manque pas à une seule
communion. U est même arrivé une
, fois que l’habit était au temple pendant que le maître ne s’y trouvait pas,
parceque n’étant pas assez bien, ce
jour là, il était resté à la maison et
avait prêté son vêlement à un voisin
qui n’avait pas été servi ponctuellement par son tailleur. J’observe ensuite que mon habit est ordinairement
brossé» avec beancûup de soin quand
il entre dans le, temple,, tandis que
mon pauvre cœur qui doit paraître
devant le Tout-Puissant n’est pas toujours purifié avec un soin égal. Je
dois donc reconnaître à ma honte que
mon cœur est souvent moins Iprésenlable que mon babil. Je ne saunais
tolérer sur ce dernier un ¡seul brin
de poussière, ni lai moindre, tache,
tandis que mon eœur cache; souvent
des pensées qui me font rougir et que
je n’oserais produire au grand jour.
Je puis laver et brosser .mon habit,
mata mon cmui' ne pent être lavé avec
l’eau ni purifié avec le savon, ni,même
avec l’hysope, celle plaple qui croit
dans la muraille. J’ai, besoin de recourir au sang de Jésus qui est seul
capable d’enlever les taches du péché,
et de me rendre présentable devant
le Seigneur. S’il arrivait à mon babil
noir d’être lâché ou sali, il n’aurait
certes pas assez d'bypocrjsie .pour cacher son défaut ; i”l le laisserait paraître au contraire avec toute franchise.
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Mon pauvre cœur lend plutôt/i cacher
ses plaies, ses infirmités et ses passions, et se refuse souvent à obéir à
Celui qui nous engage à Lui confesser
nos péchés afin qu'ils soient effacés.
El qu’il est noir mon habit ! Regardez. Hélas ! Me suis-je dit tant de
fois, avec ses taches, sa méchanceté
et sa corruption, mon cœur ne serat-il pas plus noir encore? Celui qui
sonde les reins et pèse les cœurs connaît il fond cela, quoique mon prochain ne puisse lire au dedans de mon
cœur. O Seigneur, purifie-moi, et je
serai net 1
Il m’est arrivé parfois d’être au
temple et de ne pas faire attention
aux bonnes choses qu'on y entend.
Mon habit noir ici ma pas plus de
religion que moi. Lui au moins n’a
pas d'oreille pour ouïr ; mais moi je
suis sans excuse, si je n’entends pas.
D’autre fois j’entends des exhortations bien émouvantes et des appels
bien louchants, et mon cœur ne s’attendrit point ; il reste froid et insensible tout autant que mon habit qui
ne vaut pas mieux. Quand le culte
est'terminé je rentre chez moi et mon
premier soin n’est pas toujours de dire
aux miens ce que j’ai entendu de bon
au temple, mais bien de plier soigneu■sement mon babil noir et de le déposer avec précaution dans la garderobe. C’est là qu’il reste toute la
semaine jtisqu’au dimanche suivant,
sans penser aucunement aux livres qui
ont été un moment dans ses poches,
ni aux choses qui ont été dites dans
le temple en sa présence. Ai-je sur
ce point plus de religion que mon
habit, moi qui pense si rarement pendant la semaine à ce qui m’a été enseigné le dimanche et qui fais si peu
d’efforts pour le mettre en pratique ?
Je rne dis quelquefois en rougissant
qu’il ne suffit pas d’avoir un peu de
religion (ou d’apparence de religion)
le dimanche pour s’en passer ensuite
pendant toute la semaine.
Excusez-moi si je vous ai parlé d’une
chose aussi insignifiahle que l'est mon
habit noir. Mais il me fait souvenir
de tant de choses que j’oublie trop
facilement t
Que Dieu me préserve de n’avoir
pas plus de religion que mon babil
noir 1
®orre6|3aiibanee
Monsieur le Rédaclmr du Témoin ,
Un de nos compatriotes qui habile
Genève depuis cinquante ans environ,
rne fil le récit suivant, à l’occasion de
sa chère compagne .que le Seigneur'
vient de retirer à lui :
M Comme elle ne pouvait plus parler,
elle me faisait compr-endre par des
signes avec les doigts de sa main,
que bientôt nous sei'ions tous les cinq
ensemble dans le ciel ». Deux cltarmanles filles qui l’ont devancée à la
fleur de l'âge , son mari et son (il.i
qui sont encore ici-bas, forment, avec
elle, le nombre des cinq doigts de la
mainj».
Ce l'écil a produit en moi une pr’ofonde impression, m’a donné une précieuse instruction, et une confirmâlion
de plus de celte grande vérité, que la
mort n’a plus d’aiguillon pour- quiconque a embrassé le Sauveur, le Seigneur Jésus par la foi. En elïél, au
moment de son départ de ce monde,
la femme de notre ami , au lieu de
voir ce terrible roi des épouvantemenls, se voyait dans le ciel avec
toute sa famille. « Me voici avec les
enfants que tu m’as donné », dit l’Ecriture.
N’esl-ce pas le triomphe le plus
éclatant de la foi, qui, au lieu de voir
la mort, le terrible salaire du péché,
voit la vie éternelle qui est le don de
Dieu par Jésus-Chrisl.
En expiant le péché sur la croix,
le Seigneur Jésus y a cloué la mort
et étant ressuscité et glorifié à la
droite de Dieu son père, il a pu dire
à Jean : « Je tiens les clefs de l’enfer
et de la mort». ( Ap. i, v. 18).
Avant de quitter les siens, le Seigneur leur dit qu’il allait leur préparer le lieu, et ensuite qu’il reviendrait les prendre avec lui ; il ne leur
dit pas un mot de la mort, car il do-
7
183v,
vait la subir sur la croix pour eux.
Paul dii qu’il lui tarde de déloger
pour être avec Christ, la notion de la
mort ne lui vient pas à l’esprit, c’est
un délûgernenl qu’il attend avec joie.
Lecteurs du Témom.'Avez-vous embrassé le Seigneur Jésus par la foi !
Alors la mort sera pour chacun de
vous la messagère de bonnes nouvelles,
et vous aurez dans vos cœurs la joie
de l’épouse qui reçoit son époux.
Pensées sur le Dimanche
Le Dimanche est le changement dont
nous|avons besoin et qui suffit, qui convient au pauvre aussi bien qu’au riche,
qui donne le bon courage, l’ardeur au
combat de la vie , la fermeté dans la
patience. 0 lecteur, si vos jours vous
sont chers, je vous en conjure, gardez
avec un soin jaloux le précieux dimanche !
0. Funcke.
Sans Dimanche, la vie n’est qu’un
long gémisseménl.
0. Funcke.
Si quelqu’un garde le Dirrianche, le
Dimanche le gardera ; mais l’homme
qui ne garde pas ce jour pour le sanctiflèr, n’a bientôt plus que l’apparence
de la piété.
Le repos sanctifié du Dimanche, fait
la semaine bénie.
Gén. De Roedeb.
Quel admirablê^^eau vient s’offrir
à l’esprit quand on se représente ce
que serait un Dimanche convenablement employé par un peuple entier !...
Le marteau se repose sur l’enclume ,
la charrue dort dans le sillon, la navette est immobile sur le métier silencieux.... les dix mille familles d’une
contrée affluent à la maison de Dieu.,.,
les bonnes impressions s’affeniiissanl,
les saintes affections se réveillenl, les
pensées dè la terre sont momentanément écartées, et le ciel est mis
pleinement en vue avec tous scs attraits et toutes ses gloires !..... Les
portes de l’Eden sont rouvei’tes, nous
y entrons et nous y marchons avec
Combien d’âmes pourraient
leu.
Î)
dire alors, avec un ancien théologien
anglais, après un Dimanche bien employé : ï Oh 1 pour sûr, si ceci in’est
pas le ciel, ce doit en être le chemin!»
Se souvenir du jour du repo.s, depuis
que ce jour est le Dimanche, c’esi se
souvenir que Dieu a créé les cieux et
la terre, et que le Christ a vaincu la
mort.
üouoeUee reUjgteuac
et faits divers.
France. — La loi Ferry portant
suppression de la ¿ellre d’oi^édietice
(on appelait ainsi la lettre dont les supérieurs des Congrégations religieuses
munissaient leurs ressortissants, et
qui leur tenait lieu,du,cerir/îcai de ca-i
paeüé exigé des instituteurs et Josiitutrices laïques ) a été adoptée par la
Chambre des députés à la majorité de
366 voix contre 12i. Dans le cours
de la discussion , le rapporteur, monsieur P. Bert a cité, comme preuve
à l’appui du tort que ces letires faisaient à l’instruction , le fait de trois
congréganistes qui ont paru devant le
Conseil de révision, ne sachatu ni lire,
ni écrire !
Suisse. — La grave question de la
séparation de l’Eglise et de l'Etat dans
le Canton de Genève, laissée en suspens , en octobre dernier, a été reprise dans la session de mai du Grand
Conseil. Une proposition d’ajournemenl
indéfini, faite à ce sujet par l’ancien
conseiller d’Etat Chenevière a été rejetée , et l’entrée en matière décidée
par une majorité de 50 voix oonlre
42. Celle majorité se relrouvera-l-elle
pour l’adoption des différents articles
dont la loi se compose, et Surioni
pour l’adoption de celle-ci dans son
ensemble? G’esl ce dont il est permis
8
„184
de donlei'. Mais la loi échouâl-elle,
pour celle fois encore, au sein du
Grand Conseil, ou, à supposer qu’elle
traverse celle épreuve, dûl-elle succomber dans la voialiort populaire à
laquelle , èomme loi consliUilionnellc,
elle resle soumise, la grave question
à laquelle elle se rapporle , n’en aura
pas moins fait un pas dont Ions les
partisans de la séparation ne peuvent
que se réjouir.
Bosnie. ~ Le Gouvernement autrichien a révoqué un des Sous-Préfets
de celle contrée, — passée sous sa
domination, de partie intégrante qu’elle
était de l’Empire Turc, — qui prétendait empêcher les musulmans d’embrasser le christianisme. Interpellé sur
celte affaire à la Chambre, le ministre
a déclaré qu’il avait donné des ordres
sévères, pour que lés représentants
de l’Autorité autrichienne ne se mêlent
nullement des questions religieuses,
et laissent les fidèles et les clefgêé dés
divers enhfes librés de leni'S actions.
pAtfis'riïtË. — Le sticcesseup du
bieiihéui'etix ■Gobai à l’évèché de Jéfüsalem , lè fév. doOleliP Bardây a fait,
le 3 févPiéi*, defnièr, son entrée solehnôllê â Jérusalem.
AMaïQiüÈ. ^ Un ancien catholique,
lë réV. O'Cbnnot* éccit au Neïv-Ÿàfk
ObàHti'er que, depuis le mois de décëiiïbi'e, lè féV, Mac-NambPt'à él lui
ofit’ i'é^u plus de àeüx-ceiiti calholi^
qiléi Potilâlns à ta Saihle-Gébé.
MtaUCi >w. Ainsi que nous l’avons
annoncé) les Chambres oiit été ouvertes
le 26 mai dernier par un discoure du
roi Humbert. La reine Marguerite, le
duc d'Aoste et !è prince de {Garignan
assistaient à la séance royale. Les dé-'
pûtes et les sénateurs étaient présents
en très grand nombre.
A la Chambre des députés, après
la nomination hon nonleslôe de Farini
comme président, les dissideniB de
gaüche se sont d’aboixi unis à la droite
pour l’élection des autres membres du
bureau, composé en grande partie de
députés de la droite et de diisidonls
et d’une minorité de députés ministériels; ensuite, comme oh devait s’y
attendre, les dissidents de gauche,, conduils par Nicoléra et persuadés par
Farini, bien aociieiHis par Gairoli et
par Déprelis, se sont unis au parti de
la gauche ministérielle pour donner
le moins de voix possibles aux députés
de la droite dans la commission des
finances, après avoir pris pour eux la
part du lion.
La droite qui compte plus de 170
membres à la Chambre réclamait dix
voix; elle a refusé les cinq qu’on
lui laissait, convaincue de ne pouvoir
exercer aucune influence contre une
majorité écrasante.
Le ministère a demandé un 6® mois
d’exercice provisoire qui lui a été accordé ; il a ensuite déposé divers projets de loi, enlr’autres celui de la
nouvelle loi électorale politique, dont
la Chambre a admis l'urgence, même
sur la proposition dé CavaHolti, acceptée par le ministère ; la Chatabre
s’est sngagée par 230 voix contre 130
à ne pas se séparer, et à ne pas
prendre ses vacances avant d'avoir
discuté et adopté cette loi. Elle a décidé sur la demande de Zanardelli,
de nommer une commission de 45
membres chargés de l’examiner et d’en
référer à l’Assembiéei Nous verrOas si
c’est vrai.,
La reine est retournée à Naples ouj
elle se trouve avec te prince royak
AUemagne. — Bismark a présenté
à la diète prussienne un projet de loi
par lèmiôl lé gôüvèf hëinefll Sêràil autorisé a se relâcher sülVünt Id.^s oCasionS èl lèS cas, dàils l’application des
lois dites de mai|||||itre le clergé calliolique. — GeiteiSëetiro ëSl motivée
par lè refus du Vatican dè riêft |oéder
de Bês préieniiciiie, par l’opposition
des cléricaux allemands èti face des
besoins d’apaisemeni des espi'iis et
ides nécessités de TËglisè caiholiquë
allemande, dont pldsleufs diocèses
manquent d’évêques, et un très gt'and
nombi'è'^dë paroisses sont SâftS èoftductetirs spirituels,
—"I ' i--" -H t—» MMit i-ijr«'—
ËSMfiST Robert, Qéninl etÀtÈninistrtHeinr
Pigaefol, Itttp. Chiaotore et Mascafèlfî