1
Année XIV«
PßlX UVABONNBMEHT I'Aii AN
Italiti....................ij. 3
Tons loa pitys do l'Union. do
iJOStG ....
Amerlqua dn Slid
Oh a’abou'ne i
.An ’bureau d'Administration;
CtiGS!; MM. lea Pasteurs;
Chez M. Ernest Rohoii: fPli^norol;
et h la Lib'rairio Chiaiit.ore et
Masoarelli fPignerol).
Tj'abonaemont part du 1* Jau/ior
et ae paie d’avance.
N. 35.
Numérofl B<^parèB demandés avan
le tirage 10 oentimes oliacuii.
Annoncer: 20 centimes par ligne
pour une senle fols, — ïô centimes lîo *2 à 5 i’tiis et 10 cen
times pour <3 fols et au dessus.
S’adresser pour la Uédaction et
ràdiniuiHtratioD à M, le Pasteur H. Bosio — Snit*i (VermiM'fltCluson (Tinerolo} Italie.
Tout chaugemont d’adresse est
payé 0,25 CRntiines,
LE TEMOIN
ÉCHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Wm« liii aerex tcuMiu.s. .An'fRs 1, S.
Sioni mît I t'o.
Nouvelles du Zambèze. — Correspondance.—Fêle Vaddoise à Prangins. -Sousscription. — Nouvelles religioii-ses. — Revue
politique. — Annonce.
.Çm'iiimi !(i V£riU atee la c'.h’U'ité, Epk. iv, 15.
Csa
æ
Nouvelles du Zambèze
O fderinr JfiSS.
L’œuvre esl. toujours languissante;
il faut dire que la fièvre et l’éloignement des villages la compliquent assez.
Nous sommes au milieu d’un peuple
dispersé et nomade, occupés qui aux
champs, qui à la pêche, qui à lâchasse,
sans compter les expéditions guerrières. El puis,, fus.sent-ils plus stables,
comment aller chez eux? Quelques villages sont près du fleuve et on y peut
aller en canot, quoique chaque visite
nous vaillle généralement quelques
jours de fièvre. A pied, saufSeshéké
et Letsoulathébé qui sont à deux pas,
le plms rapproché esl à 2 h.; d’autres
sont à trois, six h, et même à 2 ou
3 jornées. Aussi longtemps que nous
n’aurons pas de chevaux comme au
Lessouto, l’évangélisation sur les bords
du Zambèze sera forcément bien paralysée.
Nos bœufs disparaissent rapidement.
Partis do Mangoualo avec 5 attelages.
c.-â-d. cinq fois seize bœufs, nous n’avons plus de quoi en former 3 entre tous.
L’un esl parti avec Middleton et comment arrivera-t-il à Mangwato? Dieu
le sait. Mr. Coillard a gardé l’autre
et nous n’en savons rien non plus.
Enfin de nos 15 bœufs ^ ont péri, 6
traînent l’aile et périront aussi bientôt,
en attendant que les autres les suivent.
Voilà le travail de la isétsé. Pauvre
mission du Zambèze! Sans bœufs impossible de bouger.
La saison des pluies nous a bien
déçus: voilà plus d'un mois que nous
en .‘¡ommes privés et au dire de Jeanmairet nous aurions dû avoir un orage
chaque jour. Le mabele (blé indigène)
sèche et l’on craint la famine dans le
pays. Notre jardin fait pitié; nous le
protégeons de notre mieux contre le
soleil ardent en couvrant les carreaux
de nattes et de sacs, nous passons
deux fois le jour plus d’une Heure à
l’arroser, malgré celq nous n’obtenons
.que quelques plantes isolées. Presque
toutes nos semences apportées de Paris
sont perdues; des arbres, les eucalyptus
seuls ont germé. Sous ce climat tropical tout pousse à merveille malgré
le terrain sablonneux, quand la pluie
vient à temps. Malgré la sécheresse,
ceux du Loandja, où il y a beaucoup
d’eau nous apportent déjà des produits
nouveaux tels que patates et surtout
2
.....274
courges cl maïs vert. Telle esl, avec
le laiï, notre noiirriliiro de chaqnejour.
Nous sentons toujoui s plus quc'noiis
vivons nu pays de Cam, sur une terre
maudite et le coin que nou.s habitons
paraît être encore plus maudit que
les pays du Nord et du Sud. Rien ici qui
réjouisse le cœur de l’Iiomme, si ce
n’est la vue du fleuve et des f'orêls.
El encore: il y a des arbres bien plus
beaux que !c.s châtaigners des Vallées,
mais ils ne vous donneront quoique
ce soit qui soit bon à manger; et
quant au fleuve, il ne fait guère bon
y habiter tout près; les crocodiles nous
ont dévoré le.s deux chiens qui nous
restaient, les seuls gardiens qui nous
avertissent des promenadas nocturnes
des tigres et des hyènes autour de
l’enclos du bétail, Les hommes ont
alors creusé près du fleuve une profonde fosse qu’ils ont recouverte de
branchages portant un morceau de
viande. Le Jendemain un crocodile de
3 m. de long était au fond et avec
quelle l'age il remuait son effrayante
queue! — Mais quelle peine pour le
tuer! Tout percé de coups de lance et
trois balles dans le corp.«, il se débattait encore avec une force épouvantable. Il avait encore dans son ventre
toute une jambe de bœuf et un gros
bracelet de cuivre, dont sans doute il
avait dévoré le possesseur. Il y a aussi
4 serpents connus dans notre proche
voisinage, un desquel.s est gros comme
la hanche: ils nous ont déjà dévoré
une Irenlaifle de poules, sans compter
les poussins et les œufs.
23 février.
Dimanche 19 arrivaient des gens
pour vendre des gourdes de mabélé;
je leur proposai d’attendre au lundi
et de déposer chez nous leurs gourdes;
tout-cà-coup fl 11 h. du soir on frappe
violemment à notre porte: c’étaient
nos gens qui venaient réclamer en
toute hále leurs gourdes pour s’enfuir
fl l’instant même. « La guerre arn’ve,
la guerre arrive» répétaient-ils sans
cesse. Nous, leur achetâmes alors Æ
gourdes, mais, les pauvres gens, comme
ils ôtaient sur les épines pendant que
Marie leur coupait leur calicot 1 L’un
d’eux n’atlendil pas même que ses
deux gourdes fussent vidées, il s'enfuit
dès que son .setsiba lui eut été remis.
G’élail comique de les voir! Nos garçons
et ceii.x des Jeanmairet et dcs>Lévi,
armés de leurs lances étaient aussi
bravement prêts à s’enfuir; après un
peu de tumulte, ils se précipitèrent
dans !e.s canots et allèrent passer la
nuit dan.s une île. De.s nôtres deux
restèrent et nou.s leur permîmes de
coucher dans la cuisine; le troisième
revint le lendemain matin et ne nous
quitta plus. Mais Jeanmairet et Lévi
restèrent tout le lundi et partie du
mardi sans personne pour paître les
vaches, allumer le feu, couper le bois
etc Le mardi Ralaou et Tahalima,
qui étaient aux champs, ayant appri.s
la nouvelle par nos fuyards vinrent à
la station pour être mieux infonnés;
ils finirent par découvrir (pie c’clait
une fausse alerte et dans l’après-midi
tout rentra dans l’ordre. Tels sont les
Barotsés: grand parleurs s’il n’y a rien
à craindre, mai.s il sufïîl d’iin rien
pour leur faire tourner le dos et les
glacer de terreur.
Voilà donc la paix rétablie, mais
peut-être pas pour longtemps. L’œuvre déjà si languissante va encore êli'e
paralysée. Quel pauvre pays! Devrionsnous peut-être, comme les missionnaires des Malébélés, iravailtei' trente
ans sur un sol ingrat sans voir une
âme se tourner ver,s son Sauveur?
Que Dieu nous donne la persévérance
dont nous avons besoin! mais il faudra
un vrai miracle de sa part pour que
les cœurs des malheureux qui nous
eqtourent se sentent attirés vers lui.
^amrdi 25.
Ce malin nous fûmes réveillés en
sursaut par des coups redoublés frappés à notre porte; nous nous habillons
en hâte, ouvrons et tous nos homme.s
se précipitent dans notre chambre,
l’un d’eux voulait même se cacher
sous le lit Ils étaient tellement effarés
qu’ils ne pouvaient rien nous dire.
Je sortis aussitôt; ayant vu un guerrier
causer avec Franz je m’approchai et
appris que Sélonla, rnncieii chef ou
Morantsiané de Seshéké, venait d’ar-
3
> ^ vWW\f^fS#W
275
river nvec toute une troupe armée de
Baloka? et de gens d’au 1res tribus.
Peu après Seloala vint, nous saluer;
il est très-grand. Il fut très-gentil et
nous paraît beaucoup plus sympatliique
et intéressant que celui qu'il veut détrôner. Ils ont bien su clioisii' le moment, tout le monde es(, aux champs ;
du reste ils n’en veulent qu’aux chefs.
Au village il n’y avait que Rataoii et
Tahalima: le premier a pu s'enfuir,
mais à pied, et tout nu, Tahalima a
été tué d’un coup de fusil au moment
où il entrait dans son canot. C’était
un bien brave homme, un de ceux que
nous préférions; aussi le regrettonsnous neaucoup. Ce malin ils ont incendié le village, puis diverses bandes
se sont dirigées de tous côtés pour
piller.
Les principaux chois se sont établis
dansl la plaine; dans la journée ils ont
envoyé un homme nous annoncer que
le nouveau roi était Ouamorongoué,
compagnon d’infortune de Séloala. Un
peu plus lard, ils envoyèrent 4 vaches
en présent pour les Jeànmairet, Lévi,
Franz et nous. L’attention nous fait
plaisir; c’est quelque chose que de
n’avoir rien à craindre, quand tout
n’est que guerre autour de nous. Sétoala nous dit que le complot était
tramé depuis longtemps, qu’ils ont
beaucoup de pai'lisans il la Vallée et
que lé soi'l de Robosi est tout décidé
s’il ne se sauve à lemp.s Dans l’après
midi visite du nouveau roi au son du
tambour; lui aussi a l’aii'.sympathique.
Pour le moment, adieu h mou voyage
à Kazoungoula, il n’y aurait pas un
seul homme qui voulût nous y accompagner.
Jeudi 1 -mars
Nous voici de nouveau presque seuls;
nous pensions que Séloala et le nouyeau roi continueraient leur marche
vers la Vallée: pas du tout ; Dimanche,
après s’être fait donner chemises et
mouchoirs pour prix de deux vaches,
ils nous dirent qu’ils partaient à l’inslanl même poui' ramener le bétail
volé, mais qu’ils reviendraient dans
quelques mois, avec plus de forces
pour s’établir. Lundi, Ratnou, d’autres
chefs et beaucoup de leurs gens passèrenl la rivière cl vinrent s’établir
près de la station. Ils sont partis hier
à la poursuite de Séloala, conduits
par deux chefs dont l’un est Letsoulathébé, fils de Tahalima; Ralaou et
son frère Mokbele sont seuls resté.s.
Ils m’ont demandé de s’établir ici et
les voilà in.slallé.s avec leur,s gens dans
la maison du wagon de Kaboukou ; le
Moranlsiane actuel est auprès du roi
depuis près de deux mois : son autorité est nulle-ici, aussi est il peu probable qu’il Y revienne. Rataou nous
dit qu’ils méditent de détruire les Batokas pour avoir soutenu Sétoala. Les
Balokas sont les meilleurs indigènes
des bords du Zambèze, mais un de
leurs torts principaux est d’habiter un
pays bien plus beau que celui-ci et
d’avoir beaucoup de bétail.
Voici un fait caractéristique qui le
montrera un des côtés du cœur des
Barotsés : Vendredi nous arrivaient
trois individus de Mambova; Samedi
à l’arrivée des pillards, deux de ces
hommes s’enfuirent en canot sans vouloir prendre le troisième avec eux;
ce dernier pour sauver sa peau vint
nous demander de pouvoir se tenir
avec nos garçons, de manger avec eux
et de les aider au besoin. Je donnai
donc de la nourriture pour lui aussi,
mais me gardai bien de lui donner du
travail. Aujourd’hui il m’annonce qu’il
va partir et demande où est le mouchoir pour lequel il a travaillé. «Comment v, lui dis-je, «lu as mangé ma
nourriture pendant 4 jours sans rien
faire cl tu as le courage de réclamer
un mouchoir?!» Il voulait me faire
toute une scène; je lui dis alors; « Si
tu continues, je vais en parler à Ralaou
qui saura bien le faire filer. » Cet argument le calma.
4 murs.
Depuis que nous sommes ici nous
avons toujours désiré acheter des vaches pareeque nous n’en avions que
deux, dont une seule donnait du lait,
aussi étions-nous contents de celles
que nous avait procurées la visite de
Séloala auquel nous en achetâmes
deux pour 2 couvertes de laine, 2
4
V V vvV
-276-.
mouchoirs, 2 colliers, 2 chemises de
coton, 9 tabatières, 2 morceaux d’étoffe de 2 mètres. Pui.s comme le nouveau roi nous avait fait cadeau de
deux vaches nous lui donnâmes une
couverture, i mouchoir et 1 chemise
(ici les cadeaux se repaient toujours).
Mais quand les gens rentrèrent au village nous apprîmes que nos belles
vaches avaient été prises aux chefs de
Seshéké qui nou.s les demandèrent
quoiqu'ils eussent le calicot, avec lequel nous les avions achetées et qu’ils
avaient pris, en suivant Sétoala; c’est
ce que fiaiaou raconta à Mr. Jeanmairet
hier, et aujourd’hui quand il a réclamé
les vaches, nous lui avons redemandé
nos couvertures; mais, en vi'ai Moi oi.sé,
le coeur sur la main, il nous jura
qu’il ne les avait pas.
1' (h-ri! (F'icpiQH).
Quel triste courrier vou.s recevrez,
parents chéris que nous étions si heureux d’associer à notre joie. Voilà trois
jours que nous sommes de nouveau
seuls, plus seuls que jamais. Nous
avions un trésor qui réjouissait nus
coéurs, Dieu a juge bon de nous l'enlever. Noire enfant chérie nous a qiiillés jeudi 23 mars â 10,30 du soir. Je
la tenais dans les bras pendant que
sa rnarpan lui donnait une cuillerée
d’eau sucrée pour huraecler ses chères petites lèvres si sèches, au même
instant la respiration s’arrêta et nous
nous sentîmes privés de ce que nous
aimions 1e plus au, monde. C’est encore In fièvre qui l’a emportée: déjà
en parlant pour Kazoungoula mon
cœur était inquiet car la petite était
rauque et avait un peu de fièvre; à
mon retour, le 24 au malin, je la iroavai bien pâlje et maigrie; mais que
donner à un être si frêle! De joui' la
fièvre la laissait, mais son sommeil
était troublé chaque cinq minutes: elle
se réveillait alors en poussant des cris
aigus qui nous fendaient le cœur. Nous
espérions cependant qu’elle nous aurait été conservée et nous l’avons demandé bien souvent, mais Dieu avait
hâte d’en faire un petit ange du ciel.
Que son saint nom soit béni ! Jeanmairel a passé une bonne partie de la
tuiit à travailler afin que notre petit
trésor eût au moins un cercueil. Le
vendredi 30 à midi nous l’y meliions
déjà et nous l'accompagnâmes tous
avec nos hommes jusqu’à un arbre à
quelques cent mètres d’ici. La petite
fosse y avait été creusée par Franz.
Jeanmairet fit une excellente exhortation à ceux qui nous accompagnaient,
ils chantèrent un verset de cantique,
puis la bière dispanil sous la terre,
dont chaque pelletée résonnait bien
douloureusement dans nos cœurs.
SS avril
Notre sessoLito avance tout doiicemenl.Pour la conversation, cela va déjà
as.sez bien, omis pour le cuite du Dimanche j’écris toiijoui’s en français,
Jeanmairet le traduit avec moi et je
l’apprends ensuite par cœur.
Les femmes commencent à rebâtir
le village, j’espère donc bien qu’ils
ont renoncé au projet de s’établir sur
raiilre rive. Nous avons des nouvelles
de nos guerriers, quelques-uns ont
été tués. Ils se sont séparés en deux
bandes, Robosi a été pilier les Mashikoloumbo.s; les gens dei Nalolo, d’ici
et de plus bas, ont été à la poursuite
de Séloala au confluent du Kafoué,
On dit qu’ils ont tué le nouveau roi
et dispersé ses gens, .f’espère bien que
Séloala leur échappera car ü est digne
plus qu’aucun d’eux de régner.
Nous espérons faire en juin une
échappée à la Vallée pour la Conférence; en faisant le voyage en canot
ce serait une absence de trois mois.
Par les dernièi'cs nouvelles de Mr.
Coillard, nous apprenons qu’en l’absence du roi les voleurs dévastent impunément le bétail des missionnaires;
espérons que les changements qui se
préparent seront pour le vrai bien de
ce pauvre peuple et que Dieu hâtera
pour eux l’aurore de jours meilleurs.
iO mai,
La semaine passée a été.assez mauvaise encore, mais maintenant cela va
presque bien; voilà cinq jours que je
n’ai plus en de fièvre, La fraîcheur a
un peu paru, surtout le soir et le matin; en plein jour il fait encore bien
ohaudi L’hiver m’a bien éprouvé, j’es-
5
277,-
père être bientôt acclimaté à ce triste
pays. Chez moi c’est surtout la tête
qui souffre et puis j’éprouve un grand
manque d’appétit. — Marie supporte
beaucoup mieux le climat, elle a rarement quelque chose et jamais pour
longtemps.
fEsHtrait des lettres du miss. Louis Jai.la
à, st'i t'amUleJ.
<frorrc0poiibance
AniV !88s,
Monskur l(‘ liédiicleur.
Vous avez consacré un article, dans votre
numéro du 24 Août, à mon opuscule bi Mnisun
Va.iuUiise et l'Ècole de Tliúologie. Je viens
vous prier d’insérer, dans votre prochain numéro-, ces quelques lignes de réponse.
Je passe sous silence les personnalités dont
vous avez émaillé votre article. Quant aux
personnes qui, peut-être, seraient bien aises
de me savoir atteint de nostalgie, je les
avertis charitablement qu’elles en seront pour
leurs frais d’imagination.
Je m’attendais à une réfutation en règle,
mais vous n'avez répondu à aucun des arguments dont j’ai é.iay,éraa proposition ; et
surtout vous avez négligé de dire à vos lecteurs que j'indique le rao-yen le plus propre
à tirer ie meilleur parti possible de unite
pijsiUon à Florence.
Én terminant, vous dites que le rappel de
l’Eçole de Théologie serait un acte d’ingratitude et de lâcheté impardonnable. Croyezvous vraiment que j’aie pu conseillerun acte
d’ingraüiude et de lâcheté 7 Ou bien votre
parole a-t-elle dépassé votre pensée?
Là-dessus, j’ai l'honneur de me dire
Votre déroué
A. Bevel.
, Nos lecteurs ont pu voir qu’il n’y avait
rien de blessant dans ce que M. le prof. Revel
appelle des persoutialiiés. Ils auront noté
également que nous avons meutionné la proposition du d'oct. R. de tirer parti de notre
position à Florence en y envo.yani les élèves
pour y faire simplement une année de perfectionnement.
Nous n’avons pas dit que la proposition
du prof. R. fût, à m yeuw, un acte de lâ
cheté et d’ingratitude. H la croit, sans doute,
bonne et sage. Nous avons dit que, à nos
yeux, l’église commettrait un acte de lâcheté,
si elle l’acceptait. Or, il faut bien que nous
disions les choses comme nous ies voyons
nous-mêmes. H. li.
Fête Vaudoise à Frangins
Les Vaudois piémonlais de la Suisse
Romande ont passé une journée délicieuse à Pi'angins dimanche 19 août.
Leur fô.Le de famille s’sl. .Iransl'ormée
en une assemblé^ de plus de trois
cenls personnes, et a de beauco.up ,dépas.sé ratiente de ^es promoteurs (MMGapliol, T. Maliiri, M. Cli'arbonnel ).
L’accueil cordial qu’ils reçurent dans
la propriété des Moraves, par M le
directeur Reicbel, les paroles de cordiale bienvenue de M. le syndic Rage,l,
et des nombreux descendanls de réfugiés du Piémont, loiil. conlribna à
donner à celte assemblée uii ç.(içJiel de
solennité qui ne le cédait .é/i nen aux
plus belles fêles du l5 août, aqx Val ■
lées. Ce fut en effef dans le plus ma
gniiique des lemjijp, le temple de la
haluro, sous Içs grands arbres du
châtean de Prangins, on face du plus
beau des lacs et des Alpes majestueuses de la Suisse et de la Savoie, par
une des plus belles joui'uées d’août,
qn'etU lieu celle fêle religieuse et patriotique.
La partie religieuse fut ouverle un
peu après deux heures par le chant
du cantique de Luther « C’est un reiu.part que notre Dieu»,-et par une
prière de M.^Décombaz. id. Malan, pasteur à Genève, qui priépiidail, prononça ensuiie un .dis^çoiiVs sur ces paroles du cantique de Moïse: «L’Eternel
est un vaillant guerrier», Exodexv.3.,
et montra combien celle parole est
vraie dan.s l’histou’e d'Israël, dans l’histoire de l’Eglise, dans celle des Vaudois
des Vallées, et enfin dans la yje de
chaque enfant de Die.n marchaii|l à la
conquête d'une terre proniise. Après
le culte, un grand nombre de cliaiUs
et d’allocutions variées remplirent l’aprés-inidi.
6
«-V
-278..
M. Ed. Tourn remercia les Suisses
pi'ésenls de leur accueil fraternel ,
aussi cordial dans cette époque de
pais, qu’aux siècles passés, en faveui'
des exilés. Les enfants sont dignes des
pères
Comme Israël captif à Babylone n’avait pas le courage de décrocher .ses
harpes et de chanter les chants de
Sion, ainsi les Vaudois Piémontais d’il
y a deux siècles auraient en vain voulu
chanter les chants de leur patrie sur
la terre d’exil; mais aujourd’hui, les
fils des proscrits, réunis sur celte
terre hospitalière, chantent librement
leurs airs nationaux car ce ne sontpius
des exilés mais des hôtes, M Tourn
termina par un solo «Essor vers le
Ciel » qui produisit une profonde impression sur tons les assistants.
M. Delesseii, de Lausanne, souhaite
la bienvenue aux Vaudois du Piémont,
sur ce coin df' terre bénie d’où parlaient leurs pères, il y a tantôt denxcents ans. pour reconquérir leur pairie terrestre. Les Vaudois des deux'
patries ( Vatid et Vallées du Piémont )
ont beaucoup de liens qui les unissent,
mais par dessus tout ils ont la même
foi, le même amour de la « Patrie et
de la Liberté i>. Les héros de la Glorieuse Rentrée de 1689 ont montré que
pour être vainqueur il faut d’abord
croire, et que les plus purs sont aussi
les plus forts.
M. Bert, de la colonie vaudoise piémontaise,^dn Rosario, dans l’Amérique du Sud, donne quelques détails
fort inléi essanis sur les quelques milliers d’enfants des Vallées qui dans
les 40 dernières années se sonl élablis
sur ces rivages lointains. Ils sonl prosspères an point de vue matériel, et
ils demeurent fidèles à la foi de leurs
ancêtres, sous le ministère dévoué de
deux de leurs pasteurs, MM. Hugon
et Boiinoiis.
M. Décomhaz constate que le retour
victorieux de ce.s quelques centaines
de Vaudois dans leurs vallées, à iravcr.s tant de dangers et des ennemis
sans nombre, est un véritable miracle,
surpassé seulement par la sortie d’Egypte. La religion et rarnour de la
patrie, loin de se nuire, sont insépa
rabies et trouvent l’un dans l’autre
une force nouvelle et invincible,
M. Eille, de Chic.ago, interprété par
M. Maian, parle de l’idéal élevé cl sublime qui a inspiré les amis et compagnons d’Arnaud; — la grandeur des
résultats, dans Ions les champs d’activité, est en raison directe de l’idéal
que riiomine s’est proposé.
Mr. Meyire donne des délails très
intéressants sur l’œuvre d’évangélisation en Italie, et sur l’extension réjouissante de l’Eglise vaudoise dans
toute la pénisule ilaliqiie.
M. Isaac, de Nyori, dit que si les
Suisses ont bien uccneiüi les proscrits
des Vallées, les autorités ont dû quelquefois. par suite de circonstances politiques, SC montrer sevères à leur
égard, témoin l’exécution du capitaine
Bourgeois, pendu à ^yon par ordre
de Berne, après qn’ii eut été choisi
pour commander les Vaudois dans leur
périlleuse expédition. Les Vaudois actuels seraienl-i!.s îi la hauteur de l’héroïsme de leurs aïeux? Oui, si leur
foi est la même.
M T. Malan trace à grande.s ligne.s
le conti'aste frappant entre la désolation profonde des vallée.s vaudoises en
1688, el.leiir élal de prospérité actuelle; entre le.s Vaudois d’alors, errant sans patrie, enli e les Alpes et la
mer du Nord, échouant dans deux
lenlalives de repatriement à Onchy,
puis à Bex, et les Vaudois d’anjourd’hni, installés dans les liérilages de
leurs pères, citoyens d’iinc grande et
glorieuse patrie; entre les lapporls de
la papauté et de la maison de Savoie
il y a deux siècles, et leurs rapports
actuels, à l’heure où un grand monarque de celle même maison de Savoie
l'ègne à Rome môme, pendant qu’à
l’abri de la bannière de Savoie, les
fils de ces persécutés de jadis prêchent
la foi de leurs ancêtres jusqu’aux perles du Vatican. Que dirait Arnaud,
que dirait Javanel, s’ils remonlaionl
un islanl de leurs tombeaux, et voyaient qn’an lieu des hordes de brigands
à la solde d’un pontife, se niant sur
les vallées vaudoises pour y éteindre
le flambean de l’Evangile, dès phalanges de prédicateurs, la Bibleà la main,
7
„279™/„
descendent chaque année de ces mêmes
monlagnes et vont arbocer le drapeau
du Christ jusqu’aux exlrémilés de l’Italie et de ses îles!
Le généreux accueil des gens de
Frangins est au-dessus de tout éloge;
ceux de VVttion en particulier n’auraient pas pu se montrer plus aimables à l’égard de leurs hôtes d’un jour.
Parmi les personnes qui concoururent
à donner à celte fête, qu’on n'avait
plus célébrée en Suisse depuis 18 ans,
un caractère particulièrement intéressant, nous avons noté le pasteur Spal,
de la Forêt-Noire, M. Roux, de Lausanne, Mme Merkisch, amie enthousiaste des Vaudois, et bien d’autres
qu’il serait trop long de mentionner.
Plusieurs Vaudois et descendants de
Vaudois, empêchés ^de se rendre à la
fêle, avaient envoyé leur.s salutations
par écrit, entre autres M. le Dr. Monastier et M. A. Jahier. Enfin un salut de
cœur fut envoyé aux vallées natales, à
la patrie absente et au bien-aimé roi
Humbert L- qui règne au Quirinal.
Le chant du Te Deum, suivi d’une vi.site il la plage de Promenthôux, d’où
partirent les guerriers de 1689, terminèrent cette belle journée.
Le retour h Genève, sur le grand et
beau bateau le «Mont-Blanc», fut
égayé par les notes joyeuses de la bande musicale de Versoix, pendant que
les Vaudois piémonlais, groupés sur
le pont du bateau, admiraient les cimes neigeuses des montagnes, dorées
par les derniers rayons du soleil coitcliant, et croyaient reconnaître dans
les contours de la cime du géant des
Alpes (le Mont-Blanc) le profil mâle
du grand roi Victor-Emmanuel, majesLueusemenl assoupi sur l’extrême
frontière de leur belle patrie.
rrrUmne de. Onèiiej,
Souseriplioii iTactioss de gfrâces
ponr le Bicentenaire de la Rentrée
Eglise nu Vill.au {deuxième liste)
Mm. J 1). et El. Allif) (Sarei) . . Fr. 20
Eiienne Allio (Sagiie) .... » 10
Eiienne Cairus (S;irut) . . » 1(1
Eiieune Jaiiavel, (Channis) » 25
M.M. Elicune .lauavül, fils . ,
Paul Gonnot iPonrracira)
J. n. Bariflon {Tlieyiiaud)
Jean Momloii »
Timothée Dalmas »
Eliemifi Dalmas »
Daniel Dalmas »
■I. J. Marauda . , ,
' J. P. Gaydmi, ancien
Josué Fontana, ancien
J. P. lierlinal (Gucunic)
ilacquos Dalmas >
Daniet Gaînis diacre
Paul Pontet (Doudeine)
J. P. Garnier (Uclioires)
lirunerol-Bastian David
David Gamici' (Meinet)
•I. D. Geymonat (Bessé)
Joseph Gönnet »
David Geymonat »
Paul Geymonat . .
Micheliii-Sahirnoii, frères(
Michelin-Salomon Etienne
Pierre Piene fn Jean .
Paul llaridoii, diacre .
Paul liaridoii, ancien
Jean Pianclioii (Gassarot)
Daniel Atharea (Buaj . .
François Giraudiri, d acre
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2u
Total Fr 577
Monlanl de la liste prècéd. »11795
Total Fr.12,872
NB. M. lierloii qui a donné ¡50 frs. (N, 33
du Témoin), ne s'appelle pas Elimine, mais
Salomon. A ce jour, aiiÀ’illar, 57 familles
ont souscrit la somme de Fr. 2072.
Eiuxatuk. — Nos lecteurs auniiu cüi'rigé
d’eux-mêmes une légère erreur, dans le dernier N", à la rubrique Souse'iplion. Il fimi
lire; Af. J. Pierre, M. Miohd et M.''‘ Hlarghsrite Long oct l.a l'amille Long a dèslino
fr.s. 500 de sa souscription à une .statue ou
buste d’ Arnaud, à la fois pasteur cl colonel
des Vaudois de UiR9.
iOuweUce irelu^tcueco
Le fameux pnsteurallemand Thümmol
de Remscheid qui a eu déjà plusieurs
démêlés avec la jii.slice allemande pour
scs atlaqiies contre le calliolicisme, a
dû comparaîire de nouveau devant le
tribunal de Bochum (Weslphalie) le
18 juin dernier, sous lu prévcniiou d’avoir OLilragé l’Égbse catholique et offensé les magislrat.s de Duisboiirg dans
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deux discours prononcés diininl l’uii"
torane de 1887 ci Herne eL à Weimar
devant des associations'privées Le vaillant polémiste a été celle fois dénoncé
par desjournnlistes catholiques qui ont
avoué qu’ils s’êlaienl procuré des cartes d’enli’ée de contrebande et que
pour mieux cacher leur jeu, ils avaient
entonné le cantique de Luilier à gorge
déployée. La sentence du tribunal a
été rendue le 20 juin M. Thûmmel
a été absous de l’accusation d’outrages
envers l’Église catholique, mais condamné h 300 marks d’amende pour
avoir dit sur un certain Ion qui devait
offenser le mini.stère public de Dnisbourg; « Nous vivons dans un temps
où l’on a pour l’ultramontanisme des
égards excessifs!»
Parmi les nombreuses questions qui
ont été discutées, au Concile presbytérien de Londres, il faut noter celle du
cul le et de la place qu’il convienl de faire
à la liturgie; une séance a été consacrée aux missions parmi les païens
et une antre émouvante aux questions
sociales. Pendant la session du Congrès, une assemblée des évêques anglicans siégeait an Palais Lambelh.
Le Congrès presbytérien a envoyé au
congrès épiscopal und adresse de sympathie. Le doyen de We.stminster a invité quelques-uns des délégués pi'fisbytérif^ns à se rencontrer avec les évêques. « L’accueil qu’ils nous ont fait,
écrit un délégué français, a été des plus
fraternels; ce n'esi pas seiilcmenl le
clianoine Fari'ar, mais beaucoup d’évêques d’Angleterre et d’Amérique et
des Indes qui nous ont parlé avec une
cordiale sympathie».
. ¡ Monarchie, partout, à linola, oh les acclamations de la foule ont obligé le train royal
à s’arrêter elle roi à descendre de son vagón,
à Faenza et à l-'orli où S. M. a visité plusieurs établissements dehienfaisance, l’accueil
fait à Humbert et au prince do Naples a été
on ne peut plus chaleureux et enthousiaste.
Un accueil non moins satisfaisant a été fait
au prince Ainédée, Inspecteur des grandes
maneuvres, dont les mêmes localités sont le
théâtre.
— Crispí, est de retour à Rome Après son
entrevue avec le prince Bismark, il en a eu
une seconde à Eger (Bohème) avec Kainoky,
le ministre autrichien des affaires étrangères.
Les appréhensions du monde politique à
l’égard de celle double entrevue, se sont en
grande partie calmées. Selon les déclarations
de Crispi lui-même, le principal but de ces
visites a éto d'assurer plus que jamais la paix
Européenne, plutôt que de mûrir des projets
belliqueux.
- Le bateau La Siriria provenant de
Massaua, vient d'aborder à Naples. Outre le
célèbre voyageur Anlonelli qui a séjourné
pendant plus de 4 ans à la cour de Ménélik,
roi du Scioa, et qui dans une entrevue avec
le chef du Ministère a pu lui fournir des renseigneme ds très-précieux sur nos intérêts
d'.Afrique, ce bateau l'iail portcurdu Rapport,
impatiemment attendu, du général Baldissora
relatif à l’expédition de Saganeite.
Ce rapport, qui, du reste, va être, public,
dans son entier, s’il ne l’est déjà, ne contient rien de bien nouveau.
Le général assume, parait-il, toute la responsabilité de celte malheureuse affaire, et
en attribue le triste échec au fait que le chef
de roxpédition, cap. Cornacchia, au lieu de
hâter sa marche, avait cru prudent de s’arrêter pour (leux jours à Uà-à dans le but
d’y attendre la compagnie du chef indigène
Adam, et qu’il en était parti ensuite trop tôt
pour recevoir l'ordre du retour que lui faisait
iranamottre le génçnil,, prévoyant comme
cüiisfiqueuce de ce retard une trahison oi
quelque guet-apens.
îïlcôuc
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le
roi Humbert poursuit son voyage Iriomplial
en Roniagne. Comme il le déclarait dans une
lettre de remerciments à la Société des Vétérans qui lui avait offert ses services comme
garde de corps, les faits se chargent de prouver
que la gardé et protection dü peuple tout entier lui est parfaitement suillsanie.
En effet, malgré les craintes que pouvaient
faire naître la réunion du Coraizio républicain
de Forli (2ßc.), et grâces, aussi, au bon sens
4e la grande majorité des adversaires de la
SOCIÉTÉ D’HISTOIKE VAÜDOISE
La séance anuuelie de la Société d’Histoire
Vaudoise est convoquée pour le ti septembre
prochain, à 8. h du soir, dans la Sale dite
du Synode.
Tontes les personnes (¡ui s’Intèréssenl aux
travaux de la Société sont cordialement invilée.s à assister à colle réunion.
Pour le Bureau
Alex. Vinay, présidentLa Tour, le 36 août tSSS.
Eunest Ronnirr . Gérant.
Pgnerol, lmp. Chiantoro-Mascarelli.