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Année Sixième.
16 Juillet 1880
N. 29
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous me serez témoins. Actes 1, 8. Suivant la vérité avec la charité, Ep. 1, 15,
PRIX D'ABBONNBMENT PAR An[ Italie . . L. 3 1 Tous les pays de TUnion I de poste . . , » 6 1 Amérique . , . >9 On s'nbonne : Pour i'Intérieur chez MM. les pasteurs et les libraires de Torre PellicB, Pour au Bureau d'Ad- miDÎstratton. Ud ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- rage 10 cent chacun. Annonces : 25 centimes par ligne. Les envois d'argent se font par lettre recommandée ou. par mandais sur ie Bureau de Pe~ rosa Argentina,
Pour la JIÉDACTION adresser ainsi: A la Direction du Témoin , Pomaretto (Pînerolo) Italie. Pour ^ADMINISTRATION adresser ainsi : ATAdministration du Pomaretto iPiberolo) Italie
Somixiaix^e*
Nos anciens Synodes, — C(^rrespondance.
— Ne crains point. — Nouvelles religieuses,
et faits divers. — ileeue politique.
NOS ANCIENS SYNODES
' < '
¿e recrutement des Pasteurs Vaudois.
{Fdir le num. %8J.
Nous avons mentionné le bannissement de sept Pasteurs Vaudois
(N. 27, page 210) dont le seul
crime était de ne pas être nés
dans les vallées de Luzerne ou
de St. Martin, mais d’être nés
sujets français (Arnaud à Die ou
Dauphiné), soit dans la vallée de
Pragelas , soit dans celle de Pé
rouse lorsqu’elle appartenait encore à la Prance Nous n’avons
pas dit encore qu’avec les Pasteurs
environ trois mille français réfng-iés aux Vallées, quMls s’étaient
aidés à reconquérir, ou vaudois
de Pragelas et Pérouse, avaient
dû prendre le chemin d'un exil
qui cette fois serait définitif. La
Suisse reçut encore avec le plus
généreux empressement ces bannis,
dont le plus grand nombre parait
avoir été réduit au plus complet
dénuement ; mais elle n’avait pas
de terres à leur donner et' ne
pouvait par conséquent pas les
garder. Aussi Araalid, accombagné
d’un’'Autré'”PaMïra^^
les devants‘ pour leur ch'^’ççher
un asile en Allemagne. Bientôt
il put donner de bonnes nouvelles
et inviter ses compagnons d’exil
à le rejoindre sur les terres du
Duc de Wurtemberg, favorablement disposé à leur égard.
Sans entrer dans le i moindre
détail sur les conditions auxquelles
on les accueillait, nous voulons
nous borner à l'énumération, des,
communautés, oi; villages, que nos,
frères vaudois et! huguenots ont'
fondés dans le midi de l’Ailema-'
gne. après quoi noms donnerons la
parole à notre frère M le professeur E. Comba de Florence qui
a bien voulu nous adresser une
très intéressante lettre sur la visite qu’il a faite l’année dernière
à plusieurs des localités habitées
2
.-226
par les descendants de ces glorieux exilés.
VoiCii^. les noms des Communautés qu'ils fondèrent dans le
Würlemberg ; Gros-Villar (dont
nous avons uous-même visité, en
-xo-ti’ 1838 le dernier Pasteur Vaudois,
M Mondon), Pinache et Serre,
Luserne, le Queyras , Schœnberg,
Pérouse, Bourset, Mentoule, la
Balme. Peut-être reviendrons-nous
un jour ou l’autre sur ce sujet
si plein d’intérêt pour nous. Mais
aujourd’hui nous y renonçons volontiers, La lettre de notre ami
M. Combe est un peu longue, ce
dpnt npu.s n’ayons, garde de nqq^
plaindre, et nous voulons la pu;
blier en entier la voici :
Florence, B juillet lS80.
Monsieur le Directeur,
il y a longtemps que Je vous dois
une lettre,, courte si; possible,, -— que,
je vous avais promise dans le but de
rappeler à vos lecteurs les ^’èresnaKdois du ,Würlemberg , que j’ai eu la
joie de visiter l’été dernier. Kn relisant les notes insérées dans l’Êc/it) desi
Veillées, en 1848, je m’aperçois que,
je ¡n'ai, rien de Irès-nouveaii:à,ajouter,
saiif quelques propositions, que je ré-,
serve pour la fin. Voici , pour ce
qu’elles valent, quelques notes au
crayon, que je ne fais guère que reproduire dj6; mon petit journal.
Descendu à la station de Mûfilacber dans la nuit de samedi à dimanche, à 2 h. du matin , et pris à
pied le chemin de Pinache pour assister au culte. Je rencontre sur maroule deux personnes, mari et femme.
Sans savoir, à qui je m’adresse je leur
dis à brûlé-pourp’oiiit : dt. èla
pa Pinacta eingut anantf A» fond ,
ne parlais-je pas le patois de Pinache?
J’étais dans mon droit, et, qui plus
est, je fus Irèsrhien Go.mpris, Nos gansi
veogienl àu Serr,e-\ 1)?, m’invUèreni.à
m’y rendre et à ne, pas négliger de
visiter aussi Grand-Villar, si je voulais voir une nichée de Combe, —
tous gaillards, ajoqlaient-ils. J’arrive
à Pinache et vois à l’entrée du village, près de la route', un brave homme
rasé, propret, sans casquette ni habit,
promenant lout doucement. — C’élail
barba Daniel Micoft 4' pigliava loti
frêêk. J’eus avec lui une bonne conversation. Donc, lui dis-je , bientôt
vous voilà germanisés. C’est vrai, fitil, noire pasteur, notre régent, notre
sacristain, tous allemands; mais,
ajoula-l-il avec un ton décidé, notre
bourgmestre est encore un vau,dois....
Une voilure arrive : c’est M. le Pasleur Gmelin et sa jeune épouse, venant d’une annexe. On entre à l’église.
Pa.s de flâneurs hors de la porte, attendant que le sermon commence ;
tous à leur place dès le commencement. Le culle commence: luthérien
et très-évangélique, d’un bout à l’autre.
Apres une visite chez le pasteur, j’entre
chez le bourgmestre, àP J. P. Hentier.
Un s’entretint de l’état des habitants
du village, en menlionnanl le vaudois
Signorel, qui a inlroduil/lea: pommes
i de terre dans le Würlemberg. — Le
bourgmestre me dit avoir son portrait ;
puis,'se loul’iiaiu loiU'-à-conp Vers sa
fille: vailou queri, lest. On se serait
cru pas loin des Vallées. J’avais été
: frappé de voir qiie chaque maison était,
' pour ainsi dire, accentuée pas up. las
: de fumier, loiU près, à l’ianri des vo: leurs. Pourquoi laissez-vous subsister
cette habiliide ? aemandai-je. Il y a
ides préjugés, me fit-il comprendre',
ajoutant : Pi grossa è la drugia, pi
gross èrlou paysan; dit-on parrn.i, nous»,
i — A deux heures j’assisie h l’école.
I dn Dimanche. Le pasteur explique,,
les enfants écoutent, tous debout, une,
heure durant : pas un ne bronche. Us
ne sont pas si douillelSi que nous.
Après, je meyends à l’annexp du Serre*
dont la population se groupe en un,
; clin d’œil autour de moL J’apprends
à connaître Îe bourgmestre Daniel
Mondon et vois 26 familles de GithJ’arnve à Wurmberg, ci-devant Luzerne, et entends, chez le digne Ps^*"
: tear M, Klaiber lecture dei quelques,
notes qu’il a préparées spr hrnaqtJ..
3
Le jour suivanl, me vòici à SchSnenberg , village dii aussi des Mûriers :
j’y vois la chaire et ie lornbeau d’Arnaud , dans sa chapelle qui s'écroule.
On va ériger une nouvelle chapelle :
mais où? Grande question dans le village qui est eh .érnoi, parceq'u’un village ailerharid tout près de là réclame
cet honneur. On ne cédera pas et
j’apprends avec plaisir que le consistoire de Stuttgart donné gain de cause
à nos gens dès Mûriers. J’ai pu fn’assiirer là que l’idée dé irànsporier'aux
l/àtlées, les restes d’Arnaud serait fòri
mal accueillie, si l’on était assez peu
sage poni' la proposer.
Le Chemin est long pour arriver à
Grànd-Villar. Je vais en chêrnin de fer
à Bfeuen , où naquit Mélanchton ; de
là à pied. Ici' je nie sens passablement chez r,hoi. Le bourgmestre est
Combe él ses Itomonymés Iburmillénl.
— On m’arrtêne voir l’arrière grànd’naàman, la vieille Jeànrié Gornbe, née
Piston. Je'là vois encore, assise sur
son petit escalier, aveugle , presque
sourde, à èaiise dit grand âge, parlant encore son français et déplorant
qu’on l’oublie. J’ai l'ait allusion à son
âge; comptez: elle est née le 10
avril 1786. Ses deuiî fils, J. Daniel et
et J. Jacques sont les patriarches d’uue
famille de 90 personnes. Dans la chapelle, je vois avec un tressaillement
de joie les Çonvailium insignia, soit
sur le devaril dé la chaire,’ soit dans
l’entrée : chandelier, sept étoile’s et
lux iiiCçi in tèncbfis. Bien reçu chez
le Pastehr, je retourne à Brelten, où
une dame, néè Combe, m’offre l’hospitalité la plus aimable. Le dimanche
suivant je parlais de SUillgaii avec le
bon M. Rôminger et son aimable demoiselle : pour visiter Permise, et NeuHengslâdl, ci-devant Bmrset. L’aübergislè de Péfousè ùoihmé Girardet, me
montre une teraiïa, en allptyiand fieiséKàrb , jtichée dans ntt Îond do ôorrièor avec son înscripiion trop long'ue
pour être idi rept'odùite ; en outre un
viè'iiic sàbre où je lis ces mots gravés;
pel 'hpiD'nies foni lit Süerré
Et .D:i‘«'u iiontliaA» ïîétoire.
Le bourgmèSlkè se ttb'iunie Vinçon ;
le village est trèSi'pWtivt'è'Vphtq’eHcare
penl-êlre que le sermon que j’entendis
dans la chapelle. Boursel fut ma dernière étape. A peine entré chez le Pasteur, l’excelleril M. Schnapper, j’entends sonner à toute volée la clbche
de 1a chapelle vis-à-vis. Qu’esl-ce que
celai Fis-je. Voilà qoàtre heures : avézvous encore quelque réunion? On'ionne
pour vous, mon cher Monsieur, répondit-il: dans dix minutes la chapelle sera comble et vous allez nous
tenir un petit discours. — Miséricorde!
En quelle langue, je vous prie ? —•
En allemand. Montez dans mon cabinet,
je rn’en vais vous prendre dans un
inslaiil. Quelques minutes après , me
voilà installé sur les degrés de l’autel.
Il faut parler en une langue ' dans
laquelle je n’ai pas encore béussi à
bien lire. Ce n’éiait plus le cas de
parler en français comme avait fait ,
il y a pins de trente ans, M. te proï.
Geymonal. A peine quelques personnes,
parmi les plus âgéès, m’eussent compris. En avant ; Sondez les Ecrîinres,
leur dis-je , e'n lisant Jean v , 39, et
mon dire roula sur Iq sens dii nom
vaudois en face des'Ecritures. Ne pouvant réussir à bien, parle'f , je parlai
longuement. 11 paraît que. lotîtes les
improvisations se louchent jrar ce boutlà. Je m’étais plaint qiielquefoi.s de la
ionguenr des phrases aVI'emandés : pour
le coup, j’étais vengé et n’avais plus
rien à dire. Du reste, je fus dèmpi'is.
En sortant que de serrements de mains I
on y sentait le sang de fàïfiille. Une
femme qui retenait encOrè quelques
mois*de français, rUe salua par ces
mots assez caractéristiques; Eeisé bien;
je dis caractéristiques , pareéque l'allemand est en train de chasser le
français, que les jeunes ne pàflent
plus. Mais le français qui s’èn va, est
loin , là comme aiiténrs, d’emporter
avec lui la foi des pèi'es et l’amOur
pour nos valVées.
Ceci m’amène à me demander si
nous ne devons rien à nos frères du
Würiemberg. Déjà en 1848 le rédacteur de VEbho dés Vallées parlait de
la sympathie et de l'intérêt auxquels
nos freres d'Allemagne ont didü H qûe,
mathûùi'eusemmt, il faut lé iÉçonnalire,
nou^ né leur avoné pas dccoi-déi , d«
4
-228^
moins au degré qu'il aurait fallu. El
il ajoulail dans une noie marginale :
U est étrange qu'ayant des relations
plus ou moins offcielles avec la plupart des Eglises évangéliques , nous
n’en ayons point avec celles, de toutes,
qui devraient nous être les plus chères.
Très élrange en effet; donc agissons.
H ne s’agit pas de donner à nos
frères des Pasteurs, car tous leurs
pasteurs — a moins qu’on n’en excepte un — sont à la fois évangéliques
vivants et capables. Tous aiment nos
vandois et reconnaissent qu’ils sont
plus religieux, plus moraux, quelque
peu querelleurs aussil, si vous voulez,
que leurs paroissiens allemands. Il ne
s’agit que de ranimer et d'entretenir
des sentiments desolidarité chrétienne.
Je laisse de côté bien des considéralions
et'j’arrive à la conclusion que j’ai eu
le temps, vous en conviendrez, de bien
mûrir. Je propose que;
1. M. le dii'ecieur du Témoin et M.
le directeui- du Crisliano Evangelico
envoyent graliiilemenl leurs feuilles à
M.M. les pasteurs Rev. Gmelin, Piiiâclie;
Rev. Klaiber, Wurmberg; Rev. Schnapper, Neu-Hengslâdt. Us comprennent
le français; M. Klaiber parle même
l’italien. Pour les autres adies.ses que
j’oublie, s’informer auprès de M. Rôrninger, président du Comité pour la
Mission Vaudoise à Stuttgart.
2. Nos adminislralioris consacrent
fr. 250 en or pour avoir annuellement
à notre Synode un de ce.s braves Pasleurs à tour. J’ai pu m’assurer que
l’idée de nous faire visite, surtout aux
jours de notre Synode, leur sourirait
fort et je ne les offense pas en disant
qu’on ri’a pas le droit de leur infliger
les frais du voyage. Ils nous tiendraient
au courant de l’étal leligieux de nos
frères , se sentiraient encouragés à
leur œuvre, qui exige tant „d’abnégation; enfin soit eux-mêmes, soit nos
frères, auraient 1e sentiment que nous
sommes une même famille.
3. Quand on en serait là, on ne
passerait pas sur leur porte , soit en
allant en Angleterre, en Hollande et
même en Allemagne, soit au retour
sans les saluer. Peut-être exigerait-ori
des étudianls qui taous reviennent de
Berlin qu’ils aillent les voir. J’apprends
qtie le Comité de Slullgarl n’est pas
mal disposé à fournir occasionnellement une bourse pour un étudiant qui
voudrait passer un hiver à Tnbingue
ou à Erlangen. Cet étudiant serait tenu
de visiter, à son retour, nos frères
que l’on peut évangéliser tous en allemand, un assez grand nombre même
dans le patois de nos Vallées. On ne
sauiail exagérer l’empressement avec
lequel ils écoulent un frère d’Italie.
Pi otilons-en à leur avantage, et leurs
Pa.sieurs ne seront pas jaloux; ils nous
béniront, car je le répète ils sont de
cœur à la tâche.
N’esl-ce pas qu’avec un peu de bonne
volonté, tout ceci serait bien faisable ?
Nous verrons si dans trente autres
années un coriespondant quelconque
en sera à cliei'cher ici les traces de
mon vœu, comme j’ai cherché celles
d’un confrère dans l’Echo des Vallées.
Espérons qu’il sera sorti de la coquille de notre journalisme.
Agréez etc.
Dév, Em. Combe.
(!rorrcs|)onbance
Nos lecteurs trouveront ci-après un
assez long fragment d’une lettre de
notre ami M. Calvino évangéliste à
Ancône. Nous ne lui avons pas demandé la permission de la publier;
peut-être nous l’aurait il refusée. Notre
numéi'O du 2 courant renfermait dléjà
une fort intéres.sanle correspondance
de notre jeune ami M. Josué Tron
évangéliste à Calania. Et à ce propos
nous disons à ces deux zélés ouvriers
de notre mission et à tous leurs collègues ; voilà comment on intéresse
les Vaudois à leur œuvre d’évangélisation. Un Courrier fait avec te plus
grand soin, c’est-à-dire, un résumé
de toutes les nouvelles que nous recueillons dans nos journaux italiens ,
laisse nos lecteurs assez indifférents,
ceux du moins dont le zèle n’est pas
très vivant. Mais des lettres comme les
deux que nous avons eu le plaisir de
5
-229
mettre sous leurs yeux ne peut manquer
d’exciter un très vil’ inléiêl. Après les
avoir lues on a une idée assez claire
des diflicultés de l’œuvre et des encouragements que l'ouvrier fidèle trouve
non seulement anpiès du Seigneur
mais aussi auprès des hommes de qui
il les attendrait de moins.
Ancône , 4 juillet iSiJO.
.... Puisque j'ai la plume à la main je
veux vous donner quelques détails sur
l’œuvre poursuivie dans celle ville et
dans les environs. Le petit nombre
d’évangéliques convertis est très régulier au seul culte public que nous célébrons le dimanche malin à 11 h.
Mais je n’ai que rarement 20 auditeurs
et très rarement 30, le soir.... point
de léutiion publique, paiceque notre
local simé au premier élage a pour
rez de-chaussée un iliéâlre doul le tapage remi impossible loule attention
de la pari des rares auditeurs qui venaient encore quelquefois en hiver mais
qui imiiiilenaiil ne viennent pbi.s G'esl
en vain que j'ai adressé des réclamations an propi'iétaire. Nous n’avons
aucun droit à faire valoir pour empêcher le monde de .s’amuser; je me
rends par conséquent ailleurs, le plus
souvent à Jesi a 28 kilom.; là nous
avons loué une salle pour 150 fr. par
an ; j’ai en moyenne 30 auditeurs,
presque tous des curieux, quelquefois
même 75, dont 4-0 assis dans la salle,
les autres debout, dedans et dehors.
Mais jusqu’à présent rien de positif.
Les convertis sont au nombre de 4,
(deux hommes et deux femmes) membres de l’église d'Ancone. J’ai été
quelques fois à Ascoli-Piceiio où un
cher frère, le vaillant colporteur Rosa,
m’a frayé le chemin ; je suis entré en
relation avec quelques négocianis et
plusieurs autres personnes, enlr’aiitres
3 sont des professeurs du Liceo-Girinasio, tons liés aimables et spregiudù
cati ( même un peu trop ). Tous sont
sérieux et entendent voloiiliers parler
de l’Evangile.
L’un des professeurs quij’ouit d’une
excellenle réputation dans la république des lettres m’a demandé d’en
trer en correspondance avec moi sur
des sujets religieux. Un autre a prêté
graliiilemenl une salle pouiv les quelques réunions privées que j’ai présidées. ,I’ai aussi trouvé là une famille
française dont le mari a été converti
à Paris dans les réunions Ma.c-All; il
travaille à la fabrique du verre.
A Maceraîa j'ai fait visite à un ingénieur membre de l'église de Messine, un homme très remarquable qui
avec loule sa famille fend un bon témoignage à l’Evangile. Son serviteur
qu’il a instruit pendant deux ans a
demandé dernièrement de faire partie
de Téglise évangélique, je l’ai examiné
deux jours de suite puis reçu avec
joie ; il est père d’une nombreuse làmille qu’il désire ardemment conduire
à l'Evangile. J’ai aussi eu l’occasion
de faire la connaissance de trois profes.'ieurs de l’Université et de quelques
éUidianls. Dans tontes mes pérégrinations j'ai cliei'clié en vain un catholique
romain papiste convaincu, impossible
à trouver! Des rationalistes, des soidisanls calholiqiie.s libéraux , des incrédules , athées , matérialistes , etc.
on en rencontre ad ogni pie’ sospinto.
Un négociant avec qui je voyageais
un jour me déclara qu’il ne croyait
à rien , son voisin me demanda quelle
était la meilleure des trois religions
(catholique, évangélique et juive).
Belle question repondi.«-je , si j’avais
la conviction qu’une autre fût meilleure
que celle que je professe je l’embrasserais aussitôt. Alors les deux de s’écrier à l’unisson; ah! quant à changer
la religion de ses pères jamais. — El
alors, pourquoi l’avez vous fait? —
Nous !— Précisément, l'athéisme que
vous professez n'esl pas te catholicisme
romain dans lequel vous êtes nés, —
C’est vrai mais... mais... etc. — Ah I
je comprends voiis voulez dire que
I on peut croire une chose et faire
croire que l’on en croit une autre, ou
bien nier une chose et fai|e croire
qu’on la croit, et vous appelez cela
de la sincérité, du galanlomismo? ! —
Si, ma lei sa bene che.,. — El ¡ils
parlèrent d’aulre chose. r
Un capitaine assez instruit après avoir
fait profession d’incrédulité sembla
6
^S30
êd’e épouvanté des conséquences aux
quelles je le poussais a rigor di logica.
Quand nous nous séparâmes il me
serra la main et me dit; Lei d felice
di credere ; vorrei credere anéh'io. Je
loi donnai quelques h ailés el il me
remercia cordialemenl etc.
P. Calvino.
Píe crains point.
Qu’y aurail-.il donc à craindre pour
le pelil troupeau, lorsqu’on considère
qu’il a plu au Père de lui donner le
royaume?
Réellement, il n’y aurait aucun sujet
de craiiilB pour la brebis qui est placée sous la protection du bon Berjíer,
et qui a pleine confiance en Lui. Mais
nialbenreusemetU notre loi n’esl pas à
tome épreuve, elfelle laisse encore dans
nos cœursiiine place poui' la crainte.
Le petit troupeau, qui est actuelle'
ment une minorité, si nous le comparons à oeux du deliors, ne se laisse
que trop facilement effrayer par les
majorités audacieuses. Les membres
de l’église de Christ se trouvent en
face de iPéglIse qui a pour chef le
pâpe et qui vante 200 millions de
catholiques romains. Il faut d’abord
faire la tare en ôtant de ce nombre
les incrédules, ceux qui ne font qu’une
profession èxlériiewre, etc. Puis il faut
considérer que éi la véni>té était du
côlé du grand nombre, elle ne serait
pas du côlè des catholiques romains ■,
loi’s-mème qu’ils auraient le nombre
d’adMi'ènls qu’ils vantent, mois bien
plutôt de celui des payens qui comptent plu.s de 800 OOO 000 d’âmes
éloignées de Dieu. La véi'ité avec le
petit nombre vaut donc mieux que
l’eireur avec le grand nombre. Ils
étaient en petit nombre ceux qui ont
échappé au déluge, comme aussi ceux
qui ont échappé ù la deslrucllon de
Sodorne. pli pendant que tout le peuple
a péri dans le désert, deux personnes
sÈulea, Josué él Caieb, ont pu entrer
dans la terre promise. Ne crains done
pas paiceque lu es petit, o troupeau
du! Bon Beiger, seulernenl sois fidèle.
■Le secours nous vient quelquefois
d’une manière inattendue, et se trouve
prèS’ de nous sans que nous nous en
doutions. Ne crains point, disait Elisée
à son serviteur effrayé à la vue du
grand nombre d’ennemis, car ceux
qui sont avec nous soni en plus grand
nombre que ceux qui sont avec eux. Et
quand les yeux du servileur furent ouverts, voici la montagne était pleine de
chevaux el de chariots de feu, autour
d’Elisée (2 Rois vi. 15 à Î7). Ne
crains point petit troupeau , car l’Ëleniel combat pour loi. Pourquoi ne
le confesserais-je pas ? Je crains mes
propres faiblesses, bien plus que les
ennemis du déhors. Si mon esprit
est prompt parfois pour prendre des
bonnes résolutions ma chair est sctiivent faible pour les oublier. Même ici
rejouis loi, mon âme, et ne frémis
point nndedans de moi, car lu as un
grand Sauveur dans la personnne de
Jésus-Glirisl. il est le Bergei' fidèle
prêt à recevoir la brebis qui se retire
vers lui. Tu trouveras toujours auprès
de Lui un refuge assuré, et la, force
dont lu as un si grand besoin, Sès
promesses sont pour nous et pd'uf
nos enfants; elles sont donc aussi pour
loi. Il s’agit: seulement d’appartenir
au troupeau fidèle, el d’apparleiiir à
Ghrisl. Et moi dit-il à chacune de ses
brebis, je leur donnerai la vie éternelle, el elles ne périront jamais, et
personne ne les ravira de ma main
(Jean X. 28).
Ml mes péchés I Voilà ce que je
crains, les péchés de ma jeunesse >
ma jeunesse, mes fautes cachées e^l
accunrnlées jour après jour, ànné-fe
après année. Mon péché est devant
moi, les éclairs du Sinai m’effrayent
el le tonnerre fait trembler toute la
montagne. Qui me délivrera de ce
corps de mort ?
C’est mol, répond le Sauveur.
Voici l’Agneâu de Dieu qui ôte lés
péché du monde et qui est piêt à
porter les tiens en son corps star le
bois. Dès lors ne crains point.
— Mais mes péchés sont graves et
nombreux, Je le le dis encore : Ne
crains point car le sang de Jésus-Ghrisl
nous purifie de (oui péché.
7
-931.
Quand vos péchés seraient commo
le crerroisi ils seront blanchis comme
la neige (Esa. I, 18 ).
iloaiDcUco rriiijicusce
et faits divers.
Florence, — La Rivûta Cristima
annonce que le Conseil de l’Ecole de
théologie vient de publier un concours
dont la, limite extrême est fixée au mois
de février 1881. — Les deux- sujets
ptioposés aux conctirrenls sont les sui
vanls, :
1°) Savonarola considéré comme prédicateur.
2“ ) Traduelipn et, crUiqoe de, l’ér
pUre à, Diogoèle-,
La Famiglia ÇHsiWitiï, ptjfiUe dans
son dernier N” un, comt^iervendu ,trés
intéressant de la Coefévence du disiricl LOiinbai'do-VenelQ. — Il paraît
que, la rigidité lég,ale dont, des
fé'rences officielles courent le danger
d’être frappées, avait fait, place étant
de cordialité et d'entrain, ensuite d’une
bonne préd-iGation et de deux excellents
rapports sn'r les moyens d.’évangêlîser
par. la parole et par la presse, que la
Conférence est revenue sur sa décision
de l’année dernière, par laquelle, on
déclarait ioiil ît fait suffisant’de convoquer l’Assemblée de district une fois
chaque deux ans. — Nous, nous ré
jouissons de ce fait, et nous, y voyons
en même temps une preuve de plus
à l’appui de l’idée que nous avons
énoncée plus d’une fois, à savoir que,
squvent, une bonne conversation Fraternelle sur un sujet religieux et ecclésiastique ferait pins de. bien qu’une
série d’ordres de jour ou une discussion iniempeslixe 'sur des questions
plus ou, moins opportunes.. — La Conférence s’est prononcée d’une manière
très décidée, et affirmative au sujet,
de la parlicipalion des Pasteurs des
Vallées aux Conférences générales,
en déclarant que c’était là une question de justice et de réciprocité et que
le fait oe leur exclusion de ces As
emblées suffirait pour aononcer dans.
notre chère Eglise un étal d,e malais^
des plus fâcheux.
Fr.xnce. — Le dépôt central des
publications populaires religieuses ,
situé sur la place du Théâtre Français à Paris, <Vdistribué de mars 1879
à mars '1880;, 700.000 Lrailés et 9219
exemplaires des Saintes Ecritures. —
Les souscriptions en faveur de celte
oeuvre se sont élevées à 26,000 francs.
Parmi les souscripteurs on observe :
Un abbé 20 fi aucs.
Ecosse. — L’Eglise presbytérienne
unie d’Ecosse vient de faire une perle
sensible dans la personne du Rév. D.
Hamilton M, Mncgill, secrétaire (pour
l’étranger I de l’Église, pi-esbylérienne
unie. Défenseur zélé, de la cause des
missions, habile à sliranler la libéralité des ildèLes, le Rév. Macgijl était
de plus uii liuérateuii distingué.
Ami, des, Vaudoiales députés, de
celle église ont toujours trouvé chez
lui un accueil cordial et. empressé.
Genève — Après la proolaraalion
du vole populaire au sujet de la séparation de l’Eglise et de l’Etal, a eu
lieu une, démonatralion. de la majorité
contraire au projet. Les cloches de
Saint Pierre se sont mises eq bi'aule,
et celles de pli]sieur.s aulres églises
prolestiinies et. ca.Llioiiqii.es de la ville
fil de la banlieue ont egaleinent côrnr
mencé à .sonner. Eu même temps, le
drapeau fédérai et le drapeau genevois
ont été hissés sur les deux grosses
tours de la cathédrale , , et quelq,ues
aulres édifices privés ou publics, entre
autres le nouveau ihéâli e, ont été décorés d’oriflammes. Un placard jaunie.,
: signé par M. le Modérateur de Ig Gom' pagnie des pasteurs, annonçait à la
population qu’rni service d’actions de
grâces serait célébré.: à Saint-Pierre,,
à 4 heures et demie.
Après avoir gagné !’hÔlel-de-ville
: par la rue Verdâine et avoir recueilli,
en passant, le Conseil d’Elat, le cor. lége est entré à Saint-Pierre. Le temple,
qui était déjà assez rempli de maniiesianls et de curieux de tout sexe et
de tout âge, s’esi trouvé A peu près
comble.
Puis M. le pasteur Jaguet, modérateur Y évangélique ) do la Corapaghie,
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est monté en chaire el a rendu grâce
à Dieu de ce qu'il avait protégé l’Eglise. U a ensuite indiqué deux versets du Ps. IIS; La voici, l’heureuse
journée, Qui répond a notre désir, etc.
Pendant le chant, M. le prof. Cougnard, revêtu, comme M. Jaquet, de
la robe el du rabat , avait succédé
dans la chaire à son collègne. L’orgue
ayant cessé de se faire entendre, l’orateur a prononcé une ailoculion dont
nous ne voulons donner qu’un saggro:
Coiiciioj/efîs et frères,
«Vous ne me demandez en ce jour
que quelques paroles sorties du cœur.
La joie que .j’éprouve d’avoir à vous
les adresser est une joie que je n’oublierai jamais de m'a vie. Elle est
sauvée, la Patrie, elle est sauvée, l’Eglise, qui ne fait qu’un avec elle,
Genève est sauvée ! {Bravos suivis de
ehuts )■•
Nous faisons gràcè du reste à nos
lecteurs!
Eeviuc
Ætatie. — La Chambre des députés
a adopté , à la majorilé de. 260 voix
contre 128 , | la loi de l’abolition graduelle et totale en 1884, de l’impôt
de moûlure et s’est occupée ensuite
des mesures proposées par le ministère ¡et destinées à faire face au déficit éventuel provenant de celle abolition. — Plusieurs orateurs, qui ont
Êéroré et voté pour l’abolition, comme
erti et Sonnino, ont déclaré expliciteinent, que cette question n’était pas
pour eux une question financière mais
une question sociale ; il s’agit d’une
transformation d’impôts en faveur de
la classe ouvrière el pauvre, au risque
de peser davantage encore suj les riches. Pour le grand nombre la suppression de cet impôt n’est qu’une
question politique, une question de
popularUé. ~ Nous pensons et non.«
le souhaitons, que le Sénat approuvera
la loi presque sans discussion , peutêtre avec un ordre du jour par lequel
il laisse la responsabilité des conséquences à ceux qui ont été sourds à
ses conseils. — Enfin la grande ques
tion est résolue. Il est évident depuis
longtemps que la nation, qui s’était
laissée persuader que cet impôt est
des plus odieux et des plus impopulaires, voulait cette solution. Il faudra
de nouveaux impôts ^t surtout des
économies réelles. A quand la suppression de tant de sous-préfectures
et de tant de prêlures inutiles et peutêtre nuisibles?
Bon nombre de députés ont déjà
quitté Rome; ceux qui restent apapprouvent au pas de course les budgets définitifs. — La commission de
loi électorale a nommé Zanardelli pour
son rapporteur. Mais il n’y a pas de
probabilité que celte loi soit encore
discutée avant les vacances , malgré
l’engagement peu sérieux que la majorité el le ministère ont fait prendre
à la Chambre pour plaire à Cavallòtti
el à son parti de l’extrême gauche.
La Chambre a volé l’ordre du jour
proposé par l’hon. Marliqi, selon lequel la discussion de la loi électorale
est renvoyée après les vqcances, contrairement à un vole précédent, el
immédiatement après l’approbation des
budgets.I
france. — La Chambre a adopté
la loi de l’amnistie plénière avec les
restrictions admises par le Sénat. Les
amnistiés rentrent de tous côtés.
BeMgiçiue. —• Le gouvernement a
retiré .son ambassadeur aupi ès du Vatican. '
Vwruwie. — La Turquie se refuse
à accepter les résolutions du congi'ès
de Berlin. Elle semble dispo.'-ée, plutôt
que de se soiimeUre , à entreprendre
la guerre sainte, lui donnant ainsi les
apparences d’une lutte religieuse. Peutêtre les hostililé.s ont-elles (.ommencé
entre les troupes du .Monténégro et
les Albanais. Le.s Grecs se disposent à
prendre de force les territoires que le
congi’è.s de Beilin lui a accordés el
que les Albanais, secondés par la
Porte, Ini disputent.
— Il est question de la
prochaine abdication du czar qui se
retirerait à la villa San Minialo près
de Florence.
Ernest Kobert, Gérant et Administrateur
Piguerol, lmp. Chiaulore et MascarellJ