1
Huitième auuée.
3V. »3.
13 Juin 1873.
L'ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spiritnels
de la Famille Vandoise.
Que toutes les choses qui août véritables.occupent
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
PRIX d'abonnbmeht :
I talie, h domicile Cun anl Kr. 3
Suisse........................
France.................* 6
A lleraagne............»6
.Angleterre, Pays-Bas . * 8
ün numéro séparé : 10 cent.
T7n numéro arriéré : 10 cent.
B0REAÜX D ABONNEMENT
Torre-Pellice ; Via Maestra,
N. 42, (Agenzia bibliografica)
PiGNEROL ; J. Chianiore Irapr.
Tc’rin :J.J. r>’on, via Lagrange
près le N. 22.
Fî.orence : Librerìa Evangelica, via de'Panzani.
ANNONTES : 5 cent, la ligne
011 portion de ligne.
Lettres et envois frattco. S'adresser pour I'administratioTi
au Bureau A Torre-Pellice.
via Maestra N. 42 ~ pour la
rédaction : à Mr. F. Malan
Prof, k Torre-Pellife.
Sommaix'e.
MissioDS évangéliques. — L’Italie évangélisée au moyen rie la bêche et rie la
charrue. — Ploumlles religieuses. — Dioers.
— Chronique raudoise. — Chronique Politique.
MISSIONS ÉVAKGÉLIQIFS
M. Casalis,^ directeur de la Mai.son des Missions de Paris a présenté, dans l’Assemblée générale
annuelle, qui s’est tenue le jeudi
P mai dernier, un rapport dont
nous faisons un extrait pour nos
lecteurs.
L'orateur rend d’abord un juste
tribut de regrets et de reconnaissance à MM. Grand Pierre et Valette , ainsi qu’aux missionnaires
Gosselin, Rolland, Leinue et Daumas. Ces hommes, dit-il, étaient
des ouvriers hors ligne dont l’Eglise conservera religieusement la
mémoire. Leurs persévérantsefforts
durant quarante années et leurs
incontestables succès ont prouvé
que le caractère national français,
lorsqu’il a été. retrempé par de
fortes convicti^s , est capable
des patients labeprs, du renouvellement illimité, §iins lesquels il est
impossible de fonder la société
chrétienne au sein de la barbarie.
Dans le Lessouto', l’œuvre s’est
faite cette année avec bénédiction,
mais saus rien présenter qui en
ait notablement changé l’aspect.
Los Bassoutos jouissent d’une
paix profonde. Ils réparent de
toute manière le mal que leur
avaient fait trois années de luttes.
.'Vux terres, qu’ils avaient pu conserver, ils ajoutent des districts
nouveaux qui se trouvaient encore
à leur disposition.
Dans leur rapport le plus récent,
ils mentionnaient comme fruit de
leur ministère, pendant le dernier
exercice, 321 baptêmes d’adultes,
200 baptêmes d’enfants, 1313 néophytes suivant les enseignements
réguliers du catéchuménat. Ils
avaient 2.069 élèves dans leurs
écoles. Le nombre des annexes se
rattachant aux diverses stations
2
-178
était de trente deux; celui des
catéchistes et des instituteurs qui
les desservent de cinquante-sept.
L’école normale de Morija continue à donner beaucoup de satisfaction à son directeur. Elle a déjà
fourni des ouvriers dont les services sont généralement appréciés.
Malgré les infirmités auxquelles
ils sont sujets, les chrétiens bassoutos s’efforcent de vivre selon
la piété et de prouver, par leur
conduite, la sincérité de leur foi.
Ils s’emploient personiiellement à
l’avancement du règne de JésusChrist autour d’eux ; ils y contribuent aussi par des collectes dont
l’importance s’accroît d’année en
année. Ils s’appliquent avec bonheur à l’étude de la Parole de
Dieu. On est surtout édifié de voir
avec quelle paix, avec quelle confiance en leur Sauveur ils savent
quitter cette vie. Ils accueillent
la mort sans aucune crainte, et,
sur le seuil de l’éternité , on les
entend parler des choses invisibles comme s’il n’y avait déjà plus
de voile entre eux et elles.
Cette année, les missionnaires
ont cru leurs Eglises assez avancées pour leur conseiller de confier à un Synode le règlement de
leurs affaires les plus pressantes.
Les délégués ont fait preuve de
beaucoup de zèle et de savoir
faire. Mais le parti païen a pris
ombrage de cette innovation; il
recourt, en ce nàoment, à des voies
d’intimidation qui jettent du trouble dans les esprits.
l’estime dont ils se voient de plus
en plus entourés. Des colons influents se joignent à eux pour demander que l’administration fasse
aux écoles protestantes, dans la
répartition du budget de l’instruction primaire, une part proportionnée à leur importance et à
leurs besoins.
Au Sénégal M. et M'"' Vil léger,
seuls- à l’œuvre deman dent à grand s
cris du renfort. Mais le Comité
n’a pas d’élève disponible et,'surtout, prenant en considération les
risques particuliers à cette mission , ne peut faire autre chose
que reproduire et appuyer les appels de M. Villéger. Pour un tel
champ de travail, dit M. Casalis,
il faut des volontaires.
A Faîte, les missionnaires se
sentent encouragés par l’intérêt et
Les chrétiens de Montbéliard se
sont constitués en comité auxiliaire pour les missions et se sont
mis officiellement eu rapport avec
la direction centrale. Ils s’attachent, par des moyens très variés,
à éveiller l’intérêt des troupeaux ,
à provoquer des vocations, à accroître le chiffre des subsides.
(iTorreeponbance
Caselle Torinese, le 4 juin 1873
. Monsieur le Rédacteur,
Le temps presse; chaque jour
l’on rnet en vente quelque lot des
biens ayant appartenu aux corporations; M. P. sera bientôt de
retour; deux ou trois mois sont
vite passé? ; ces réflexions m’en.
3
-179
gagent à ¡publier dans VEcho , si
vous voulez bien l’accepter, le
travail que je pensais d’abord présenter à la Table, puis publier en
français, en italien, en allemand
et en anglais , afin de répondre
parmi nous et parmi nos amis les
idées que j’y développe.
Cette première partie est une
sorte d'introduction; viendra ensuite Un chapitre dans lequel je
propose la formation d’une société
territoriale ; dans un second chapitre j’explique comment je créerais
une première colonie, une colonie
d’essai; enfin, si j’en ai le temps,
je dirai quelques mots des institutions qui devraient accompagner
nos colonies, et jiexposerai qu’elle
est dans toute son étendue et
sous toutes ses formes l’œuvre morale que nous devrons poursuivre
en Italie (en dehors de l’œuvre
d’évangélisation ).
Jules Parise.
L’IT4Lie ËV4\GÊLISÉË
au moyeu de la bêche
el de la charrue
. Deux problèmes s’imposent à
la pensée et à la conscience des
personnes , qui , par un mandat
spécial, ou par simple patriotisme,
considèrent sérieusement le présent et l’avenir du peuple vaudois.
Ces problèmes sont la question
religieuse et la question économique;
tous deux s’imposent impérieusement, car de leur solution prochai ne
dépendra l'avenir du peuple vaudois
et de l'Eglise qu’il conslilue.
L’état moral et religieux d’une
société est toujours très en rapport
avec son état social. Evidemment
le jeune homme à qui l’on donne
une éducation religieuse complète
et dont les qualités de l’esprit et
du cœur reçoivent tout le développement dont elles sont susceptibles , qui passe auprès de ses
parents l’àge pendant lequel la
conscience morale et la conscience
religieuse se développent et se
ralTermissent , qui peut ensuite
s’unir à une jeune personne élevée
dans les mêmes principes , cet
homme sera un membre vivant
de l’Eglise, un chef de famille
chrétien, un citoyen accomplissant
dans le cours de sa vie un apostolat dont l’effet généralisé sera
une profonde, une totale réforme
morale de la société par la société.
Mais, si l’individu naît dans la
misère, s’il est élevé à l’école de
l’ignorance et des instincts grossiers, s’il est livré, dès sa première
jeunesse, à l’action délétère des
grands centres de populatiou , si
le servage lui impose le célibat,
quels éléments cet homme apportera-t-il à la société ? Sa quotepart ne représentera-t-elle pas uniquement des éléments passifs?
Or, le peuple vaudois est un peuple pauvre; grand nombre de ses
enfants sont inévitablement voués
à la misère, à l’abandon, à Tignorance, à l’éinigtation individuelle,
aux pires tentations, au servage,
au célibat.
On objectera que beaucoup de
ceux qui s’expatrient trouveraient
un pain moins chèrement payé en
exerçant un métier aux Vallées ;
4
-180.
l’idée est pratique, mais, socialement parlant, elle porte en elle
un germe stérile, car qu’importe
qu’un homme, qu’une famille ^
qu’un peuple vivgnt, si avec cette
vie matérielle , la seule possible
dans les sociétés pauvres , il n’y
a pas une vie morale se perfectionnant', s’élevant, se communiquant d’individu à individu , de
société à société, de peuple à
peuple? Cette distinction, que l’on
pourrait croire purement spéculative , nous donne cependant la
raison de la force, de la puissance
et de la grandeur des peuples.
La condition d'existence que l’on
appelle vie possible est donc absolument insuffisante aux familles
vaudoises, car cet état nous laisse
dans la complète impuissance d’accomplir soit une régénération sociale et religieuse , soit l’évangélisation de l’Italie.
En effet, aujourd’hui, malgré le
zèle incontestable de MM. les Evangélistes, notre oeuvre, sous bien
des rapports belle et consolante,
accuse notre impuissance, justement ài cause de notre faiblesse
numérique et de notre état économique, intellectuel, moral et religieux ?si stationnaire, si peu en
rapport avec l'immensité de l'œuvre.
Notre puissance d’évangélisation
dépendant de la force initiale que
lui imprime l’Eglise : plus nous
serons nombreux, plus chaque
membre de l’Eglise se rapprochera
de l’idéal moral et religieux, plus
l’Eglise sera forte et notre mission
d’autant plus vigoureusement soutenue. Il est cLpac évident que tout
ce .qui favnri^era les mariage^ pi;ë>
coces^ et la vie -de famille , de
môme que tout ce qui tendra à
développer nos facultés, contribuera k créer cette force. Enfin ,
l’exemple étant un puissant moyen
de conviction, il est aussi évident
que plus le peuple vaudois s’étendra, plus son influence morale se
fera sentir au peuple italien.
C’est donc au point de vue d’une
nouvelle vie religieuse et du bien
être des familles qu’il importe de
réformer d’une manière prompte'
et radicale les bases de notre état
social.
Une circonstance exceptionnelle
nous offre , pour c^uelque temps ,
un moyen sûr , un grand moyeu
d’atteindre notjje but; malheur à
nous si nous ne savons pas en
profiter 1
L’Italie possède26 millions d’hectares cultivables (I) , 15 millions
sont plus ou moins cultivées , 5
millions sont couvertes de bois ,
restent 6 millions attendant que
la charrue vienne féconder leurs
flancs..
Six millions d’hectares, soit près
de la cinquième partie de l’Italie
(2), doivent nous appartenir un
jour.
Il faut que les vaudois acquerront ces terres et qu’ils les peuplent successivement I
Cette conquête matérielle , eu
assurant un brillant avenir à notre
peuple, nous faciliterait la noble
conquête des esprits, des consciences et des âmes. ,
(1) Carlo Leardi. «Degli interessi economici
dell’agricòttura in ltaU\>.
La sarface de l'Italie est de S3.700.000
bectwes, 'y \
5
-181
Tous, ou presque tous . les éléments matériels nécessaires à cette
grande entreprise sont dans nos
mains; aucune impossibilité matérielle ne s’élève entre nous et notre
but, au contraire plusieurs facilitations importantes semblent réunies là par la main du Tout-Puissant pour nous inviter, pour nous
encourager àPaccomplissement de
cette grande œuvre.
Quant à la force morale nous
aimons à croire qu'on la trouverait
chez notre peuple, qui ne manque
pas de dévouement ni de patriotisme, mais qui manque d’un but
national profondément gravé dans
sa conscience !
Le moyen que nous signalons
paraîtra sans doute hors d’atteinte
aux personnes sans initiative, aux
indifférents et aux sceptiques ;
mais nous avons la profonde conviction que si le peuple vaudois
met toute sa volonté et toutes ses
forces au service de ce programme,
répondant si bien à ses besoins
et à-sa grande mission, il lui sera
possible de le réaliser.
(à suivre).
üouuelks reU^teu0e0
Ecosse. — Les dons volontaires da ns
l’Eglise libre d’Ecosse se sont élevés, pour
l’année financière qui vient de finir, à près
de 11 millions, 600 mille francs.
f Eglise Libre J.
Vienne (Autriche). — On lit dans
la Nouvelle Gazette Evangéliqite de Berlin
les lignes suivanles : « La lerre est an
Seigneur, avec tout ce qu’elle contient »
(Ps. ^4, i), telle était la parole biblique
consacrant rExpositioa auiverselle de Lour
dres. Ici à l’Exposition de Vienne, toute
consécration semblable a fait défaut. L’idée
même de Dieu est absente du discours
d’ouverture; et, ce qui était permis à
Paris, la vente et la distribution des Bibles
et des Traités dans l’enceinte de l’Esposition , est ici défendu.
IVew-Yor*Jc. — Noiis lisons dans
VEco delta Verità qu’une œuvre d’évangélisation a été initiée dans la nombreuse
colonie italienne de cette ville. Le noyau
de la congrégation est formé d’un certain
nombre d’évangéliques émigrés d’Italie et
surtout de la Ligurie. La seule petite
Eglise évangélique de Favale compte quinze
de ses membres à New-York. 11 y a lieu
d’espérer que l’œuvre fera des progrès dès
qu’on aura pu trouver un ouvrier qualifié.
IVlesI.Une lettre de Pietro Giardina,
instituteur à Riesi, annonce que son école
est en voie de progrès. En suite d’hne
visite du Proviseur de la Province et de
l’Inspecteur, et après un examen satisfaisant auquel 4.5 élèves ont pris part, le
Conseil provincial scolaire a, par sa délibéralion du 29 avril dernier , approuvé
l’ouverture de cette école que les cléricaux voulaient faire fermer et autorisé
iM. Giardina à y poursuivre son enseignement.
Home. — On écrit à \'Eco délia \erüà: La fête du Slatulo a prouvé aux
cléricaux que toute espérance de triomphe
de leur cause s’est évanouie, üu nombre
très considérable do bannières nationales
ornaient les rues de la ville, et toute la
population montrait de prendre une part
très vive à cette fête. Nous avons célébré
le même dimanche le Statut et la Pentecôte, c’est-à-dire la liberté civile et religieuse et l’affranchissement du péché par
l’Esprit. En rendant grâces à Dieu de nous
avoir accordé le Statut', nous désirons
ardemment la Pentecôte , l’effusion de
l’Esprit. Que Dieu veuille que notre cher
peuple ne se contente pas de la liberté
que le Statut lui a procurée, mais qu’il
recherche la vraie liberté que Christ donne
à ses fidèles. « Si le Fils vous affranchit,
vous serez véritablement libres ».
Oenève. — L’abbé Hurtault, ancien
secrétaire de l’arohevèqoe Giûbwl, a ac'
6
-i8è
cepté la vocation que lui ont adressée les
catholiques réformés de Genève sur l’avis
du P. Hyacinthe. Dans sa lettre au président du Comité de l’associaton genevoise
des catholiques libéraux, il déclare répondre favorablement à leur demande
« parcequ’Il a l’inébranlable conviction
qu’en suivant plus longtemps la direction
(jui lui est imprimée, le catholicisme n’achèverait pas seulement de perdre toute
influence sur les esprits éclairés, mais
qu’il deviendrait, par les erreurs et les
abus que l’on érige en dogme et en préceptes, aussi funeste à la société qu’à la
conscience individuelle ».
Angleterre. Le schah de Perse,
qui a déjà visité les capitales de la Russie
et de l’Empire d’Allemagne, se propose
de se rendre auprès des principales Cours
de l’Europe. Les chrétiens anglais comptent profiter de sa présence à Londres
pour obtenir de lui quelques mesures, ou
au moins quelques paroles propres à faciliter l’Evangélisation de ses Etats.
— Une réunion de l’assemblée générale
de la Société des missions de l'Eglise établie d’Angleterre à été, cette année, présidée par un nègre, le révérend Samuel
Crowther, évêque du Niger.
Dans le courant de l’exercice dernier
les recettes de la Société se sont élevées
à envirou 4 millions de francs. — Son
champ de travail touche à presque toutes
les parties du monde connu. Elle compte
150 stations principales, quoique, dqpuis
quelques années, elle se soit retirée de
77 stations, pareeque ces postes ont pu
se suffire en partie à eux mêmes et qu’ils
se sont rattachés aux diocè.ses coloniaux.
— Elle emploie 347 missionnaires consacrés , dont 143 appartiennent par leur
naissance aux diverses nations évangélisées. — Les ouvriers indigènes, catéchistes,
instituteurs, colporteurs sont au nombre
de 2000. Le chiffre des communiants dépasse 21.000.
MexioLue. Le protestantisme de
Mexico a fait, il y a quqlques mois, une
grande perte dans la. personne de M.
Aguas, ancien prêtre converti à l’Evangile,
et qui le prêchait avec autant de fidélité
que d’éloquence dans les deux vastes ca.
thédrales affectées aujourd’hui au culte
évangélique. Des centaines de catholiques
éclairés se sont joints aux protestants
pour rendre les honneurs funèbres à cet
éminent serviteur de Christ.
y iDbere
Nous lisons dans la Gazzella di Torino
que', sons la présidence du Syndic de
Turin , une commission de citoyens turinois a présenté au duc d’Aoste une couronne civique, comme témoignage d’admiration pour la conduite tenue par le prince
pendant son court règne eu Espagne. Au
nombre des membres de cette députation
se trouvait M. le pasteur J. P. Melile qui,
s’adressant au prince, prononça les paroles suivaulesjque nous reproduisbns textuellement en langue italienne;
» -Mi sia lecito di valermi di questa lieta
opportunità per esternare alla V. A. R. a
nome mio e dei miei correligionari la nostra
profonda gratitudine per la fermezza e la
lealtà colle quali in tutto il tempo del suo
breve regno io Ispagna, l’A. V. volle mai
sempre rispettata quella libertà che è
madre e garante di tutte le altre : la libertà
religiosa.
«Non si poteva, egli è vero, aspettar
meno dall’augusto figlio di Vittorio Emmanuele II; ma l’aver così pienamente corrisposto a quest’ aspettazione, concorse
per una gran parte, ne sono certo, in
quella simpatica ammirazione che l’A. V.
ha saputo conquistarsi dall’intiero mondo
civile ».
Le prince a répondu en remerciant et
en disant simplement qu’en cela aussi
«il n’a fait rien de plus que son strict
devoir».
La parole n'a pas seulement été donnée
d l’homme pour cacher ses pensées, mais
encore, et surtout, pour dissimuler acec
beaucoup d’habileté le manque absolu de
toute pensée grande ou petite. Nous avons
trouvé tant de vérité dans le paradoxe
d’un journal humoristique et dans les
preuves qu’il donne à l’appui de son dire,
en les tirant des discours des orateurs
les plus fameux de notre tribune et de
notre barreau, que nous n’avons pu ré-
7
-183
sister au' désir de les citer. Le dit jouroal critique très finement l’abus de la métaphore, de la rhétorique en général. Il
fait voir que les orateurs, disons plutôt
les beaux parleurs, ne se proposent pas
autre chose, bien souvent dans leurs discours, que de faire un discours et que la
parole est ainsi la production des esprits
improductifs, le signe représentatif de la
raletir du zéro et qu’elle est principe ,
moyen H fin à elle-même.
Là, (lit-il, où les idées manquent, les
paroles abondent, où la pensée tombe,
l’élo(|uence surgit, où la logique meurt,
naît la rhétorique !....
Il appartenait, continue-t-il, à l’Italie de
réunir,'comme dans un grand magasin,
l’immense collection des phrases toutes
faites dont se servent nos grands orateurs,
uos profonds politiques, nos sages législateurs et nos féconds publicistes.
Comme on le voit", il n’est nas question
de nos prédicateurs; ceux-ci sont supposés à l’abri de tels reproches. Car eux
« ils ne parlent pas pour parler. ni pour
briller. Ils savent toujours ce qu’ils disent
et pourquoi ils le (fisent. Leurs discours
sérieux, on doit le présumer, ont un but
constant, celui d’édifier, soit qu’ils expliquent un passage des Ecritures, ou exposent une doctrine, s’efforcent de détourner
du mal et de ramener au bien ».
.®kront(|UC ©aukotse
NÉCROLOGIE
Dans l'après-midi de dimanche
dernier un immense convoi ,se dirigeait du presbytère vaudois de
là Tour vers le champ du repos.
C’était toute une paroisse , même
toute une population , vaudois et
catholiques, qui assistait tristement aux funérailles de Madame
Loüise Malan, née Schleicher, femme du pasteur de la Tour. Originaire de Lausanne, elle avait trouvé
dans notre pays une seconde patrie. Huit jours avant, elle avait
encore assisté à l’Ecole du dimanche dont elle avait une partie
' de la direction, même, le mardi
suivant, elle avait fait les hôYltiPurs
de sa maison hospitalière à un
certain nombre d’amis. Quoique
âgée de 57 ans, sa santé et ses
forces nous autorisaient à espérer
de longs jours de bonheur domestique, de santé et d’activité. Mais
une maladie , que rien ne faisait
présager, l'a enlevée à l’aifection
de sa famille et de ses amis après
troisjours de cruelles souffrances.
Mais , si ce brusque départ était
inattendu pour elle et pour les
siens, il ne l’a cependant pas prise
à l’improviste; si la séparation a
été dure , elle n’a pas été sans
espérance et sans bénédictions;
et avant que les funestes symptômes de la mort se fussent maniféstés, elle avait déjà recommandé
ses proches qui entouraient son
lit de douleurs et ceux qui étaient
absents à la grâce de Dieu, et
lorsque, après la lecture d’une portion de la parole de Dieu et une
prière, on lui demanda en qui elle
mettait sa coufiance, elle répondit
par ces paroles de 1’ apôtre : « je
sais en qui j’ai cru ». Quelques
instants après elle rendit son càme
à Dieu dans l’espérance et dans la
paix.
^Sa perte sera profondément
sentie non seulement dans sa famille ; dont elle était l’ànie, et
dans le cercle de ses plus intimes
amis, mais encore pour plus d’une
œuvre de bienfaisance, et tout
spécialement pour la Société de
couture au bénéfice des pauvres,
laquelle réunit chaque semaine les
dames de la Tour dans la maison
de l’une d’elles. Chacun sait ce
que Madame Louise Malan mettait
8
■184
de zèle et d’entrain, et depuis plusieurs années, dans cette œuvre
qui a déjà soulagé tant de misères
autour de nous; et les dames qui
se réuniront à l'avenir pour le
même but auront le 'cœur serré
en voyant sa place vide.
Un départ aussi prompt, eu
même temps qu’il nous invite à
nous tenir habituellement auprès
du Seigneur, nous fait apprécier
les avantages des exercices quotidiens de la piété.
Une tombe est à peine fermée
qu’une autre s’ouvre à côté d’elle.
Nous avons le regret d'annoncer
le départ de M. D.win Muston,
phanuacien à la Tour. C’était une
spécialité dans sa profession. Sa
mort »St une perte réelle pour
notre pays et tout spécialement
pour les malades pauvres à l’égard
desquels nous avons souvent eu
l’occasion d’admirer sa générosité
et sou désintéressement.
CONCOURS
La Table nous charge' de rappeler aux intéressés que le temps
utile pour l’inscription dans le
but de concourir aux deux places
de professeur dans le Collège de
la Tour expire au -U juillet prochain.
dtrontque |ïoUttque.
L’évènement de la semaine est la mort
de Rattazzi , député d'Alexandrie pendant
neuf legisIations.coDséculives, c’est-à-dire
depuis les commencements de notre ré
igime parlamentaire. — Les biograpbies
que tous nos journaux lui consacrent,
s’accordent à louer son talent d’orateur
et cette ardeur qu’il n’a jamais cessé de
mettre au service du bien public. — Ne
en 1808, et chef de l’opposition parlementaire dès les temps de Cavonr, il fit avec
celui-ci le fameux connubio, qui permit
à Cavour d’adopter franchement cette politique à la foi prudente et hardie qui nous
conduisit à Tunité. 1 la mort de Cavour,
Rattazzi forma deux ministères et continua
de rester à la tête de la gauche dont il ^
fit un parti discipliné, qui perd maintenant en lui.un chef obéi.
Une remarque.... Voilà la seconde fois,
pour celte année, que notre chambre proclame un deuil national ; nous assistons
à une inondation de souscriptions pour
monuments , et dire — s’adresser en
France pour plus amples renseignements
— qu’il se trouve des gens de par le monde
qui nous taxent d’ingratitude !
Fratioe. — Les rumeurs d’interpellation sur les affaires italiennes par les pèlerins de la droite sont tombées. Le gouvernement français qui a déclaré à plusieurs
reprises vouloir continuer la politique*
étrangère adoptée par Thiers, aurait pu
dire avec certains gouvernants espagnols
— naïfs gouvernants — que « c’est une
chose bien différente d’être membre du
gouvernement ou membre de l’opposition
au point de vue de la conduite à tenir».
Antfiijlio. — Rien de bien saillant
sauf une courte visite du Czar à l’exposition de Vienne, visite qui a fourni aux deux
potentats l’occasion de se combler réciproquement de protestations d’amitié, ce
qui n’engage à rien.
Espagne. — Encore,, toujours mêmes nouvelles. Les carlistes se proclament
vainqueurs et les républicains en fout autant en attendant cos pauvres gens s’entregorgent et brûlent ce que le fer a épargné.
L’armée se révolte et, pour remédier à
tant de maux , les cortès proclament solenuellement la république fédérale el décrètent l’abolition des titres nobiliaires. —
La pauvre Espagne n’en sorti a pas.
E. Malàn Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore. ,