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Quatrième Aiiilèe.
20 Décembre ‘!878
N. 51
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDQISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous tne sttsz ^évrtùins. Actes $.
Suivant la vérité avec la charité. Ep. 1, 15.
PRIX D’ABBONNEMENT PAR AnI On s’abonne: ^ ^ L 3 ' Ì Intérieur ohei: MM, les ‘ J '*tt * 1 pasteurs et les libraires de To.i 1« pays d. I Un.on ! Torre PeUice. ee poate . . , i (i i pour.l'Æ’iCfêHçttr au Bureau d’Ad- Anu^fique . > $ 1 ministration. Un numéro séparé: 10 centimes. Annonces ; 25 centimes par ligne. Les ennois d*arfjent se font par lettre recommandée ou par mandais sur le Bureau de Pe- rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi: A la Direction du Témoinr Pomaretto ¡.Pineroioji Italie, pour rADMINISTRATION adresser ainsi : A l’Administration du Témoin v Potnaretto ( Finerolo ) Italie
! » ^ommaii?e.
Avis. — Les complices do l’atteutal. Lecantk|Ue des cantiques. — Carres pan
danee. — Combien est-ce qne je vous
coûte? — fleeue potitiq'uc. ^
Ai;is
Le Témoin continuera à paraître
sous la même direction et aux
mêmes conditions que dans les
quatre premières années de son
existence. Les abonnements pour
un an seulement, peuvent se
prendre à Turin chez M'' B. Goss,
ruePio Quinto, N. 15 ; à Pignerol
chez M. Ernest Robert, maison
Mippl, et à l’Imprimerie du journal’à La Tour chez MM. Gilles
et Benech libraires ; à Pomaret
au bureau du journal et en outre
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les transmetti©. Les communications et envois d’argent doivent être adressés au Directeur
soussigné et les mandats de poste
être délivrés à son ordre, paya
blespar le bureau de Perosa-Argeniina. Nous prions une dernière
fois les abonnés en retard ( une
50" environ ) de s’acquitter au
plus tôt de leur dette.
Pomaret, 20 décembre 1878.
P. Lantaret.
LES GOIHPLICES DE L'4TTEIÜT4T
' III.
Le sujet que nous abordons
aujourd’hui est tellement vaste et
délicat à la fois, que nous l’aurions
volontiers passé sous silence , si,
dans l'espèce de revue que nous
faisons, il n'occupait pas une si
grande place. ¡Nous éprouvons
d’une manière très particulière le
besoin de demander à Dieu do
nous diriger eiisorte que nous
puissions dire la vérité 4>vec prudence et charité.
Ce qui encourage au crime et
finit par avoir raison des scrupules,
aussi bien que des appréhensions
de celui qui est tenté de le commettre , ce sont les chances plus
2
ou moins nomijreuses et assurées
qu’il ci^it avoir, d’ééliapper
à la p^e i^crite dans. la loi
contre'le criminel. Or, nous ne
pouvons malheureusement pas nier
que l’Italie toute entière (autrefois c’était surtout celle du Midi)
ne soit devenue l’un des pajs où
lei malfaiteur a le plus de chances
de jouir de l’impunité , ou d’en
être quitte pour des peines toutà-fait disproportionnées à son délit.
Des causes multiples ont amené
cet état de choses dont on commence à s’inquiéter très sérieusement ; nous n’en voulons indiquer
que les principales.
La':peine de mort a été abolie,
.sinon de droit, au moins de fait.
L’un dés i pays qui se : trouvent
encore aujc derniers rangs pour
rinstruc,ti,on| et r la mpraTité ,j a
voulu se^glorißer de devancer h
cet égard les nations les plus
civilisées, qui retiennent obstiném^nt^ ;ce^ reste de barbarie^-fihose
singulière et très instructive! La
Suisse qui, dans la constiJ,ution
plus unitaire qu^’elle s’est donnée
il y a quelques années* a inscrit
l’abolition de la peine de^^'mort,
a vu depuis lors les Ojrimes atroces
se multiplier d’uné*iîianière si effrayante qu’elle pourrait bien très
prochainement revenir sur cetté
réformé prétendue humanitaire.
Une pétition circule en ce moment au sein-de la Confédération,
et va se couvrant des signatures
de citojlens' honnêtes réclamant
‘ le rappel de cette loi.*
Sans ‘prétendre au moindre degré
traiter iei cette très-grave question,
ni surtout en donner la solutioUj
nous croyons devoir observer que
lesichrétîeus qui, au nom de l’E
vangile, ctit prêché l’abolition de
la,peine de mort', ont faiselon
tus, une confusion fâcheuse et
’ils ont prêté a l!Evangile une
doctrine que ni le Christ, ni les
Apôtres n'ont».jamais proclamée.
C’est^en effet aux chrétiens, et
aux chrétiens séul&menl, que l’Evangile prescrit de marcher dans
la pharité, de^faire du bien à tous,
de bénir ceux qui les maudissent,
de se laisser dépouiller plutôt
que de rendre injure pour injure,
enfin de ne pas se venger euxmêmes , mais de s’én remettre à
celui qui juge justement. .Dans
l'énumération d.es devoirs qui sont
imposées à chacun d’eux et qu'ils
auront à remplir comme pèreé,
mères, enfants, maîtres, serviteurs,
enclaves et sujets, nous avons
ciierché en vain ceux des rois et
des eouvernearsi»^ noua n’avons.
trouvé que ces deux paroles qui
affirment, selon nous, la puissance
qui leur est reconnue, m^inn < lé
devoir qui leur est impmsé'fde
ne pas - se servir de répéc du
pouvoir uniquement comme dlun
ornement ; “ .Le prince est le* serviteur de 'Dieu poqr* ton .b-ietiii
mais si tu fais ,1e ,.inal, crains;
pareequ’il ne porte point vainement
j’épée,; caril ,esit I0 .serviteur .d,e
Dieu, ordonné poqr iairq justi.qe
en punissant celui qùrfait je nàgÎ'»..:
Kom.xiii4. «J’exhortedonc qu’ayant
toutes choses qp fassè des requêtes ,
des prières.;'pour les.^ rqîs 'èl
pour tous ceux qiii sont coiistiiuè's
en dignité; afin 'que nous puissidiis
mener une vie paisTSle et tranquille
en ' toute piété ''et'* liotiiiêlélë't';
i! Tim. Il, L2. '1' ''i-
Si là société civile était au-*jourd’hui, beaucoup plus qu'autré-
3
„403
fois, une société de croyants, au
lieu d’êtrei .eontme'noiis le lisions
dernièreinent dans, un journal, une
société dont la civilisation s’af
franchit de plus en plus de toute
teinte religieuse ou^ théologiq.ue ,
les crimes mêmes disparaîtraient,
ou du moins ils,jdeviendraient si
rares que les prisons ne regorgeraient, plus de malfaiteurs, et
que la peine de mort disparaîtrait
et s’abolirait d’elle même faute
d'être appliquée — Aussi longtemps que la société est ce qu’elle
est, c’est-à-dire composée d’une
majorité d’hommes que ne, retient
aucune çrainteidie Dieu jii d’un jugeaient à _venir , les, gouvernants
ont le devoir d'employer tout le
pouvoir donlilssont les dépositaires
PPUir punir les raéQhanls et, protéger les geqs de bien. , ,
, C’est déjà une grande consolation
pour ce]scélérat qui médite longuemeut,et froideme.utle meurtre de son
ennemi, oa simplement de l’homme
qu’il veut piller. que de savoir
qu’on n’osera pas, aw nom de la
loi, répandre son propre sang ;
qu’au pis aller ii sera enfermé pour
toute sa(Vie dans unej prison d’où
il,pput toujours espérer i]e sortir,
par ,un moyen , ou par un autre.
Avant d’accepter ce pis-aller, il a
d’ailleurs plus d'une chance encore
de ,se soustraire à la peine qu’il
se dispose à encourir. Et tout
d’abord il n’est pas impossible d’y
échapper par la fuite , ou par la
connivence.de parents, d'amis, de
gens d,e toute sorte , gagnés par
argent, on, rendus muets par la
peur. Moins iTéquenls qu’autrefois,
les cas. de,.cette nature ne, sont
pas encore devenus très rares....
Puis il y a là Cour d’Assises qui.
à tort ou à raison , n’inspirè pas
au criminel une salutaire frayeur.
Ces hommes, plus ou moins, ses
pairs, qui seront appelés à décider
de sa culpabilité, i| est peut-être
connu de quelques-uns d’,entr’eu;X,
comme il les, connaît . îui-mêrpp;
ils sont sujets à .toutes les, ànli.rmités humaines ; ils ne sont .pas
persoiinellem.eut offensés, ,et ils
doivent être portés à l’ind.ulgpnce
beaucoup plus qu’à la sévérité.
Nous avons entendu parler d’un
magistrat qui, lors de l’introduction du j.ury dans les, provinces
napolitaines, se désespérait de ¡ne
réussir qu’avec la plus grande
peine, à ras^sembler je nombre
vo.ulu de jurés, Tous.s’ejicusaient,
's’esquivijiiont. sous Une foule de
prétextes et ne cédaient qq’à la
contrainte légale. , Au bout de
quelque temps les , choses eurent
changé d’aspect. — Les fonctions
de jurés étaient acceptées avec
plaisir. On allait jusqu’à; se,,¡recommander pour être . porté .sur
la liste de ces heureux citoyens.
Que s'était-il passé ? .Quand nops
l,e ;:saurions , nous ne , voudrions
pasi Je .4ire : le fait estique l’institution a fonctionné, et que SQc,ertains coupables ont été frappé seJ.çn
leurs mérites, il,y a eu aussi des acquittements scandaleqx dont l'opinion publique s-est justeniept émue.
Puis enfin si le coupable, qui
comp.arait devant, la cour d'qssise.s,
n’est pas un criminel vulgaire, si
c’est un, homme prévo,yapt autant
qu’audacieux, il aura parlui-même,
ou par ses amis et complices, les
moyens matériels nécessaires pour
payer les .services de quelqu’un
de ces hommes richement doués,
criminalistes fameux , dont la vie
4
^404-»
se consume à disputer à la loi
ceux qui en ont encouru la juste
vengeance.
Le tel orateur brillant, dialecticien hors ligne , s’est chargé,
dit-on, de la défense de tel accusé ;
et on en conclut, d’une manière
à peu près sûre, que la peine sera
grandement adoucie, ou même que
l'innocence de l’aceusé sera proclamée. Certes, c’est un noble ministère que celui de l’avocat qui
plaide en faveur de l’innocent
calomnié, qui .sait faire valoir avec
une éloquence émue, les circonstances atténuantes, au profit d’un
accusé qui n'est pas un malfaiteur
émérite, qui n’a peut-être fait
qu’user du droit de légitime défense. Mais quand un homme, sûr
de lui, maître de sa parole, en
possession de tous les secrets d’un
criminel, emploie toutes les ressources d’une riche éloquence à
■prouver que cet accusé e.st innocent; quand écrasé par, les preuves
matérielles de la culpabilité, il
recourt à ce dernier Argument
dont U est le premier à sentir
la fausseté, savoir que son client
a subi la violence irresistible
d’une passion , ou qu’il était en
état de démence ensorte qu’il
n’est pas responsable de son crime,
nous n’hésitons pas à déclarer
que cet homme, de quelque nom
célèbre qu'il s’honore, a prostitué
le beau don qu’il a reçu de son
Créateur, et qu’il est devenu, sans
le vouloir, sans doute, le complice
des criminels à venir.»
Le Gaolique des caoliques
(Fin ).
Le fait qui a donné lieu à ce
drame en stimulant la pensée de
l’auteur et qui a fait vibrer chez
lui les cordes les plus profondes
de la conscience israëlite, est le
suivant; Une j'eune fille, enlevée
par les gens de Salomon , exposée
à toutes les séductions du monarque
est] cependant demeurée fidèle au
berger pauvre qui l’aime d’uu
amour pur.
Maintenant voici premièrement
le sens des personnages principaux.
Le berger qui n’apparaît que dans
les extases de la Sulamith et se
montre une seule fois sur la scène,
a un caractère tout-à-fait idéal.
< Il possède tous les attributs qui
constituent la perfection au jugement des Hébreux ; Ibeaulé accomplie i^v, 10 à 16 ), liberté infinie
( ir, 9 à 17) (.V. 4 à 6) sagesse
parfaite (viri, 2), « Le berger n’est
autre que Jéhovah lui-mème. Ce
céleste bien-aimé (Ps.jxxiii) n’est
dans aucune parole du cantique,
parcequ’il le remplit tout entier:
il y est comme Dieu est dans
l’univers, partout et nulle part».
Le second et en réalité le principal personnage est Sulamith- Salomon signifie le parfait, le prospère , le pacifique. Sulamith est
en quelque sorte le féminin de ce
nom: la 'parfaite, l'accomplie, et
représente l’élan d’Israël vers Jéhovah ; l’amour du Dieu de l’alliance personnifié dans son être
qui est par là même l’Israël idéal.
Le troisième personnage,Salomon
est la personnification de la royauté
terrestre.
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--405
Les filles de Jérusalem, représentent l’Israël charnel fasciné
par l’éclat de Salomon.
Dans l’action nous distinguons
trois choses: les antécédents, l’épreuve et le dévouement.
Les antécédents sont indiqués
par Sularaith. Ses frères, mécontents d’elle, ont trouvé bon de l’employer, elle, fille àeprince à garder
les vignes (vu, 1, i, 5) Bien plus,
sa vigne qu’elle possédait eu propre
elle ne l’a point gardée ( r, 5, viii,
12). Enfin, elle a été entraînée
par un caprice de son âme au
milieu des chariots d'un cortège
de prince ( vi, 12). Par cette dernière image, l’auteur ne fait-il
point allusion au vain caprice qui
a poussé Israël, le premier-né de
Jéhovah, à se donner au souverain
terrestre ? S’il en est ainsi, nous
pouvons dire que la vigne de Su-.slamilh est la terre'de Canaan,
qu’Isràël a reçue de Dieu, et qu’il
a aliénée eu se soumettant à un
souverain terrestre. Cela attira la
colère d’hommes tels que Samuel
(1 Sam. vm ), et ensuite , par le
fait des conquêtes des rois qu’Israé'l
s’était donnés], le peuple fut employé à garder des territoires
étrangers. « Les fils de ma mère
se sont irrités contre moi, et m'ont
mise ^ garder les vignes Malgré
la gloire extérieure . cela était
une dégradation.
Par le spectacle de l’épreuve
à laquelle est exposée Sulamith,
le poète veutfaire comprendre ceci:
Israël depuis l’établissement de la
royauté est dans une position critique. 11 se trouve placé comme
la jeune fille qui le représente .
entre deux attraits contraires.
D’un côté un Salomon couronné
de gloire et d’honneur , d’un autre
côté un invisible berger, qui n’apparaît qu’en vision sous l’aspect
le plus chétif, comme VHomme
de douleur dont parle Esaïe ( lui ).
Israël doit choisir entre le vrai
et le faux idéal de gloire. (Voyez
Jean, v, 43, 44).
Le dénouement consiste dans
l’arrivée sur la scène de Sulamith
et du bien-aimé, maintenant réunis, et dans la solution donnée
à tous les problèmes qui résultent
des relations diverses dans desquelles Israël est engage'. — Si
les apparitions du berger dans les
extases font allusion aux visions
prophétiques, l’arrivée finale du
bien-aimé sur la Icène, ne peut
figurer que l’avènement messianique de Jéhovah. En possession de
son bien-aimé, Sulamith , l’Israël
selon l’Esprit, célèbre la-puissance
du lien qui les unit l’un à l’autre,
l’amour dans toute sa sublimité.
L’amour est xxïiofiamme de Jéhovah
allumée par lui, et dont il doit
être lui-même, le suprême objet,
(i énigme vm, 5, 6, 7).
Sulamith s’entretient ensuite avec
ses frères d’une jeune sœur qui
bientôt sera, elle aussi , mise à
l’épreuve. Cette jeune sœur, c’est
l'humanité païenne, les Gentils
qui devront eux aussi opter entre
le Messie couronné d’or, |et le
Messie couronné d’épines, ('n
énigme viii, .8, 9, 10).
En troisième lieu Sulamith règle
ses comptes avec Salomon. Celuici est' maître de plusieurs nations,
en dehors d’Israël, c'est le vignohle
qu'il a acquis en BaahHamon. 11
a bien le droit de se faire payer
un tribut par elles (ii Rois iii, 4)j
mais Sulamith a sa vigne à elle ,
6
-40.6
le pays que Dieu lui a donné, elle
pourrait ne pas payer ^de tribut,
mais puisque le peuple a commis
la faute de se donner un roi , qu’il
en porte les conse'quences comme
le lui avait représenté Samuel (i
Sa.m. vm), qu'il paie mille sicles,
mais deux cents doivent Être réservés à ceux, qui gardent le fruit,
c’est-à-dire aux sacrificateàrs et
qui organisés lors de la eonstrucdu temple,; forent retnis à l’assistance de la royauté (IIP énigme
VIII. 11,, 1¿),
linfin le berger deniatide à son
amie, une seule chose, un chant
de bouche, « Ce qui léjouii, sur
la terre, le coeur de Jéhovahc’est
le chant qui sort du cœur de son
peuple., c’est le culte de l'amour ».
La jSulamith chante mais en inviIqnt^son Bien-aimé , à s’en aller
au p(us vite. L’qnion tuessianique
entre Dieu et 'son peuple ne pent
pas encore sc consommer parfaitement, Le Bieni-ajmé doit encore
se .rendre invisible, bien que l’Epouse lui soit, unie par des liei,is
indestructibles. David aussi contemplait le Messie remontant au
ciel e.t y demeurant jusqu’à ce
q ue tous ses ennemisfussentabattus
(Ps. ex) (IV énigme vm, 13, l4),
«L’apparition messianique, i'épreuve des Gentils succédant à
à celle du peuple juif, {’assujettissement d’Israël à Salomon sous
réserve des droits de Dieu, l’éloignemant du Messie de la scène
terrestre tôt après son apparition,
tels sont les sujets traités dans
ces quatres énigmes; ils épuisent
toutes les relations essentielles de
la vie israè’lite ».
(iTorresponbance
le tkicernbre \H1Ü.
Mon cher Dirccleur,
Veuillez publier encore celle lellre ;
c’est probablement la dernière que vous
recevrez de m'oi, au moins pour le
journal. Je le regrette beaucoup pour
moi, à qui le travail que me coûlaienl
mes petits articles a été fort utile, et
très peu pour vos lecteurs qui ne perdront rien à mon silence. J’ai communiqué celle résolulioil, au seul confident qiie j’aie, et après quelques
objeclions, ■ il a compris que j'avais
raison.
Aussi longtemps que j’enlendais simplement , ici et la, obsei'ver que le
frère Jacques élail parfois •un peu imprudent, critiquant, sans toutefois les
nommer, des hommes que l’on reconnaissait facilement, e,l parlant quelquefois de choses qui étaient au dessus
de sa poi’tée, je ne me suis pas beaucoup inquiété. Si j’ai fait do la peine
à qiïefqü'ùA, c’est involontairement, et
je ' puis eu irppéler' avec confi«nee au
jugemenl de vo.s lecteurs, pour décider
s’il y a eu quelque chose d’iriconvenaiil et de déplacé dans i’iuie ou l’autre
de mes lettres.
Quant à l’accusation d’avoir parlé
quelque fois de choses au dessus de
ma portée, je n’ose pas affirmer qu’elle
soit loul-à-fail imméritée, mais je me
console en pensant que je me trouve
en très nombreuse compagnie. J'entendais l’autre jour un homme qui
connaît mieux l’italien que moi, rappeler le proverbe ; Glii fa fallu en ajoutant comme complément: Chi non fa
non ¡alla. — C’est en parlant d’abord
comme l’on sait que, avec de la bonne
volonté, on apprendra h parler comme
il faut. Nalureliemonl c’est à la condition de ne pas avoir peur de la critique et de savoir en profiter.
Savez-vous ce] qui m’a inquiété' et
qui m’a décidé à cesser toiil-i-fail celle
correspondance? C’est lor.iqu’on m’a
dit , •— sans savoir que j’en fusse l'auleur, ~ qu’elle faisait dtFlorl au jonrtial
et qu’au lieu de lui gagner,de nouveaux abonnés, elle risquait de lui faire
7
-407
perdre qiiélques-uns des anciens, .l’élais
mal placé ¡iour vérifier l’exacliUide de
celle aliirmalion ; peul-êlre l’impression est-elle toiU-à-fail locale. Gela
n’ernpêclie pas que l’idée d’élre préjudiciable au Témoin , auquel vous
savez que je prends on si vit'inlérêl,
ne m’ait eiîrayé au poini de me faire
renoncer au plaisir rpie je goiuais en
lui fourni.ssanl mon liiimble coltabolalion.
VbuS' savezi, mon cher Directeur,
que je vous ai, il y a longlemps déjà,
indiqué deux personnes comme pouvant vous donner une coopération,
bien supérieure à celle que vous receviez de moi. .Je suis persuadé que si
vous renouvelez auprès d’élles la lentativè qui parait n’avpir pas réussi une
premié>’e fois , et que vous parveniez
à les gagner, vous ri’anrez bienlôlqdu.s
de regret de m’avoir,perdu. Du reste
je-me réserve tonjours là liberté, et
vous ne me la refitsoreiiip:as', de vous
communiquer, soit-'-pare^cril soit de
bouche, les idées, On lé§"iElits que je
croirai propres à inléreë^èr vos lecteurs,
rnais sans prendre sur moi larespon-,
sàbiJité de- Iteuiqpüblibaiioo. '
Si j’étais baiaillênf autant que je suis
pacifique, j’aurais rejeté le voile de
l’anonyme sous lequel vous m’avez permis de me caêhei'et que personne jusqu’ici n’a réussi à percer. C’est peiilètre là lU' cause unique de certaines
colères. — Mon idée était celle-ci : si
les choses qui s’écrivent sontjusleset
bonnes, elles doivent l’être par ellesrnêmes , et non pas à cause de celui
qui les signe. Si par contre elles ne
le sont pas, ce n’est pas la plus belle
signature du monde- qui les rendra
bonnes et justes. Il paraît, au dii'e de
certaines gens qu’il m’en est rien et
que, conlraireTnenl au proverbe, c’est
i babil qui fait le moine.
En vous remerciant sincèrement de
la grande bienveillance que vous m’avez
lénioignée et que vous ne me relirez
pas, je vous brie, cher et honoré Monsieur , de ‘crpiçô à l’estime et à l’ai(ecliion chréliobÉie de votre très dévoué
frère ■ i . Jaoques.
[lu ni[fl qui fait peur tfo liiiible
Nous avons tous péché et nous nous
sommes privés,de la gloire de Dieu.
Mais Dieu vient et dil.'j Je veii.x vous
pardonner. Venez maintenant et déballons nos droils. Ce mol mainienmt
est l’un des mots de la Bible qui font
peur au Diable, II .dit; Ne vous hâlez
pas, il y a tout le temps, n’allez pas
à Dieu mairiienanl. Il vous .stiiRra d’y
aller demain. Il connaît, lui, la précieuse influence de ce mol main.t.mant.
Son mot à lui c’est demain, tandis
que le mol de Dieu c’est màmlmanl.
Dieu nous dil : • Venez mainlenanl,
« débattons nos droils. Quand vos
« péchés seraient comme le crariioisi,
« ils sero'ul blanchis- comme, la neige
i et quand ils seraient rouges comme
« le vermillon, ils seront blancliis
« comme ht laine. ■ (Esaie 1. Í8.)
D. L.. Moody. '
Eeüuc yolittqwe
M4n9ie. — Le; minislère, iCajroliZanardelli avait choisi parmi les nombreux ordres du jour qui lui étaient
favorables, celui de Thon. Bac.celti. I,a
majorité des députés, 263 contre 189
refusa au ministère le voie de confiance qu’il demandait à la Chambie,
L'opposilion consliliuionnelle, ou la
droile, composée de 110 députés , le
cenli'e de 4-ü, les groupes Nicolera ,
Crispi et Deprelis onl volé contre le
ministère, soutenu parrexlrême.gaudie
•t par les gioupes Zanardelli et Cairoli.iLa majorité de la Ghambre a voulu
par ce vote se prononcer non point
contre Cairoli qui jouit comme, individu, du respcci et de l’estime ; niais
contre la politique du minislèi tv eu ce
qui concerne radministralton de la police, la liberté absolue i d’association,
même pour les barsanlisles, les huernationalix et les répobljcains. Nous
voulons, ont dit les.représentants ;de
la nation, par ce vole, la monarchie
consiiluliobnelle avec toutes ses libertés, et nous repoussons les tendances anli-aociales, et ainarchiques.
^:i;î| Ji
8
r
-408
— Sans accuser le minislèm Cairoli
de travailler directement pour la ré*
publique, l’on a craint qu’if y conduisît insensiblemernent, d’^autanl plus
que les soutiens principaux de Cairoli
et de Zanardelli à la Gliambre, dans
la presse et ailleurs appartenaient aux
partis les plus avancés, qui par ci par
là, parlaient môme de révolution èt
de barricades. si la Chambre ne votait
pas à leur gré. — Il n’en a ries été
cependant; cependant le ministre de
l’intérieur a jugé à propos de recommander aux préfets de veiller à ce que
l’ordre ne fût pas troublé par suite
de la chute du ministère.
Cairoli, après du vote du 11 décembre, a présenté à S. M. le roi Humbert la démission du ministère. Le Roi
a répondu qu’il ferait connaître ses
intentions, après réflexion et examen.
Il a ensuite accepté la démission. Il a
conféré avec Cairoli, l’a chargé de la
formation du ministère, en tenant
compte du vote de la Chambre.,Ce aurait
été exclure Zanardelli et peut-être
Seismit-Doda, Cairoli a décliné l’honneur et la charge ardue. Alors le roi,
après avoir entendu les avis du président du Sénat, Tecchio, du président
de la Chambre , Farini, des députés
Minghetti, Sella , Nicolera , Crispi et
Depretis, a chargé ce dernier de former
le nouveau ministère. Depretis est à
l’œuvre, et, quoique les journaux aient
déjà mis^en avant plusieurs noms, le
ministère n’est pas encore formé. La
droite n’aspire pas au pouvoir, mais
aucun parti de la gauche divisée et
fractionnée, ne peut avoir une majorité,
sans l’appui de la droite. Tout ce que
demande l’opposition constilulionnelle
c’est que le nouveau ministère de gauche
soit composé d’hommes honnêtes, et
qu’il tienne compte du vote de la
Chambre en ce qui concerne l’administration intérieure et les finances ;
à ces conditions le 5® rftinislère de
gauche aura son appui. Les partis extrêmes, les radicaux et les cléri'cau'x,
plus soucieux des intérêts de leurs
partis que du bleu du pays, poussent
à la dissolution de la Chambre et à de
Yiouvenes élections immédiates. <Âux
urnes, crient-ils, aux urnes 1 » ils ne
songent pas qu’il y a des lois urgentes
à faire et surtout que la nation n’est
pas assez calme dans ce moment pour
les élections générales. — Le procès
de Passanante aura lieu à la cour d’Assise de Naples, dès les derniers jours
de décembre.
AnaMerre, — La reine Victoria
a aussi été menacée de meurtre par
un forcené qui a-été arrêté avant qu’il
eût occasion de mettre à exécution '
son forfait.
Le général Roberts a remporté une
éclatante victoire sur les- Afghans. —
Le ministère Disraeli a obtenu des
Chambres une majorité qui a approuvé
la guerre contre l’Afghanistan et a voté
les fonds nécessaires pour la poursuivre.
AUentagne. — L’empereur d'Allemagne , à l’occasion de son entrée
à Berlin et des fêtes célébrées en son
honneur a dit aux conseillers de Berlin,
après les avoir remerciés pour la réception splendide et cordiale qui lui
a été faite pp la capitale, qu’il était
urgent, en,.présencefdes attentats qui
étaient cGjpmjp , contre les chefs aes
Fiais, de:P<^AWeg^.mesures sérieuses.
11 a ÎDsislé SiFla néeessilé de pourvoir à l’avenir, mieux que par le passé,
non seulement à l’instruction, mais à
l’éducation chrétienne de la jeunesse.
Dans une discussion récente de la
Chambre, le-minislre de la justice Falk,
répondant à l’orateur du parti clérical,
dit du centre, M. Windhorst qui de.mandail l’abrogation ou une modification essentielle des lois ecclésiastiques,
a montré une fois de plu« que ni Bismark , ni l’Empereur d’Allemagne, ne
sont disposés à aller à Canossa. — La
Prusse veut la paix avec l’Eglise catholique, quand les représentants de celleci auront fart des propositions acceptables, qui ne ,^ient pas au détriment
des droits du pouvoir civil.
MtMtie. — L’empereur est en proie
à une profonde tristesse. Son empire V
est travaillé par les sociétés secrètes
desquelles il reçoit incessamment des
lettres menaçantes. L’état social de ce
vaste empire est, paraît-îl, bien triste,
car les internationaux russes s’appellent nihilistes, les amis de la deslruc
tion, du néant._______________
Embst Robiht, Gérant etÀdminütraiem.
Pignerol, Impr. Chiaatora et Maicarelli. ,