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Quatrième Année.
M Mai 4878
N. m.
E TÉMOIN
ECHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
«Suivant la véWia avec la chariié^ Ep. 1, 15.
Vous me serez iémoiiis. .^ctbs 1, S.
t ) PRIX D’ABBONNEMENT PAR AN Italie . . . . J J. 3 Tous les de PUnion de poste . , . • B Amérique ... % 0 On s’abonne; Pour ïlniérienr chez MM. les pasteurs et les libraires de Torre PeJlice. Pour au Bureau d’Ad* ministration. 1 . Un numéro séparé; 10 centimes. Anntmcea ; 25 centimes par ligne. Les envois d'argeni se font par lettre recommandée ou pat mandats sur le Bureau de Pe- rosa Argentina.
i Pour la RÉDACTION adresser ainsi : A la Direction du Témoin, Pomaretto (Pinerolo^J Italie. Pour l’ADMINISTRATION adresserainsi : A î'Administration du rmaìii, Pumaretto iPinerolo) Italie
Somiïiatro.
Les délicatesses de la législation Mosaïque — Coup d'œil sur les vaudois
après le Synode dfè 1582. — Correspondance. — Un bras cassé. Un colonie
italienne du rite Vaudois.
Les fiÊymessËS
(le la législaliiin Nosalqoe
II.
« Quant tu aucas droit d’exiger
de ton prochain quelque chose
qui te sera dû, tu n’entreras point
dans sa maison pour prendre son
gage, mais tu te tiendras dehors
et l’homme du quel tu exiges la
dette t’apportera le gage dehors.
Si l’homme est pauvre, tu ne te
coucheras point ayant encore son
gage; mais tu ne manqueras point
de lui rendre le gage dès que le
soleil sera couché, afin qu’il couche dans son vêtement et qu’il
te bénisse, et cela te sera imputé
à justice devant l’Eternel ton
Dieu ». Dbdt. XX, 10, 13.
Si comme l’observe Salomon .
celai qui emprunte devient le ser*
viteur de celui qui prête, la loi
de Moïse veut prévenir sur ce
point la dureté et la violence dont
le maître pourrait user envers un
serviteur plus ou moins volontaire
en prescrivant qu’il n’entrera pas
lui-même dans la maison du débiteur pour prendre un gage de
son choix, mais qu’il recevra à
la porte celui qui lui sera apporté— L’antiquité payenne a bien pu
déclarer que « le droit poussé à
la rigueur est une souveraine injustice (summum jus, summa iujuria ); » seul le peuple d’Israël
a inscrit dans son code civil l’o»
bligation imposée au prêteur de
rendre au débiteur pauvre, au
coucher du soleil, la couverture
de son lit, ou le vêtement qu’il
aura reçu de lui en gage. Et
comme , lorsqu’il s’agissait de ses
frères selon la chair, il était ordonné au juif de prêter sans in*
térôts, il est évident que, dans la
prescription que noos v’enons d’indiquer, il est question de l’étranger
aussi bien que de ,l’Israélite.
“ Tu ne feras point de tort au
mercenaire pauvre et indigent
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d’entre tes frères, ou d’entre les
étrangers qui demeurent en ton
pays, dans quelqu’une de tes demeures. Txi lui donneras son salaire le jour même qu'il aura travaillé avant que le soleil se couche;
car il est pauvre et c’est à quoi
son àme s’attend, afin qu’il ne
crie pas contre toi à l’Eternel,
et que tu ne pêches point en
cela». Dbut. xxiv, v, 14, 15.
S’il n’est pas probable que le
peuple juif aît longtemps et généralement observé ce commandement, nous ne doutons pas que
les Israélites pieux no l’aient en
tout temps et scrupuleusement
accompli; que même, comme plus
tard Zachée, qui était « aussi un
fils d’Abraham » ils n’aient réparé
avec usure le tort involontaire
fait à leur prochain. — Nous avons
souvent pensé à cet article du
Code civil mosaïque, lorsque nous
entendions les plaintes tantôt ironiques, tantôt amères de pauvres
ouvriers ou manœuvres, obligés
d’acheter à crédit quand ils le pouvaient, et naturellement un peu
plus cher, les objets de première
nécessité, pàrceque M. tel, riche
propriétaire, n’avait pas encore
payé leurs journées et qu’on n’osait
pas les réclamer encore une fais.
— Si ces personnes riches, mais
qui se disent chrétiennes, oublient
la recommandation de S* Paul;
« ne regardez point chacun à votre
intérêt particulier, mais que chacun aît égard aussi à c^ qui concerne les autres ». Phil. ii, v. 4,
qu’elles se souviennent au moins
de celle de Moïse : » tu donneras
au mercenaire, son salaire, le jour
même', car il est pauvre, et c’est
à quoi son âme s'attend ».
Il existe depuis assez Idtfgtemps
à Genève, une Société dé'^èéours
mutuels, entre vaudois établis, dans
dans cette ville. C’est à une réunion de cette Société que notre
frère M. Jos. Salomon qui prend
un si vif intérêt à tout ce qui
concerne son Eglise et la nôtre,
a adressé l’allocution suivante.
C’est pàrceque nous attachons un
très grand prix au maintien de
rapports suivis entre les vaudois
établis à l’étranger et ceux des
vallées mêmes, que nous publions
ce ^etit travail dont le principal
mqrite est d’être un témoignage
de constante affection donné à
notre Eglise par un de ses enfants.
Genève, f> mai 1878.
COUP D’ŒIL SLR LES V^LDOIS
après le Synode de 1S32
Chers Compatriotes !
A l’époque du grand synode de Chanforans en ISSâ, auquel assistèrent les
réformateurs- Farel et Solnier , nos
pères jouissaient des bienfaits de la
liberté et de la paix ; mais, ces précieuses bénédictions ne devaient pas
être de longue durée.
Les ennemis de l’Evangile n’ont jamais de repos ; s’ils ne persécutent
pas au grand jour, ils travaillent dans
les ténèbres.
On a dit que si les vaudois étaient
restés ce qu’ils étaient avant la réforme
ils auraient évité ces grandes persécutions qu’ils ont dû subir. C'est possible, mais peu probable.
Observons d’abord, que la vie des
peuples, ainsi que celle des individus,
dépend beaucoup plus des évènements
et ae.s circonstances, que de leur propre
volonté. Du reste, Dieu dirige et gouverne toutes choses, rien n’arrive sans
sa volonté.
L’invention de l’imprimerie qui venait d’avoir lieu, fut un grand évène-
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ment gui jeta de grands rayons de
lumièré^ dans le monde; il n’était plus
posaifile aux Vaudois de vivi'e cachés,
Coitfhie ils avaient vécu tant de siècles.
La réforme se répandait partout
comme la lumière, principalement en
Espagne et en Italie, où elle faisait
de grands progrès. Les Vallées étaient
envahies par les habitants de la plaine,
gui accourraient pour entendre la prédication du pur Evangile. Le modeste
domicile du Barbe ne pouvait plus contenir la foule qui se pressait autour de
lui ; il fallait prêcher en plein air, ce
qui était agréable avec le beau temps,
mais comme il ne dure pas toujours,
nos pères se mirent à conslruiré leurfe
temples avec june telle, énergie et un
tel dévouement, que dans l’espace d’un
an et quelques mois, chaque paroisse
eut son temple pour la célébration du
culte.
La réforme,' favorisée comme elle
l’était par la découverte de l’imprimerie , se serait probablement maintenue et propagée?, si les réfonnaleurs
avaient adopté les principes disciplinaires des Vaudois; mais,^ces personnages distingués, sortis de l’école
romaine , avaient conservé certains
principes de leurs enseignements,' qui
n’étaient pas en rapport avec l’Evangile
de la grâce qu’ils avaient embrassé.
Au sujet de la discipline, ils crurent devoir recourir au bras séculier,
('comme faisait l’Eglise romainq), pour
discipliner les masses de gens qui embrassaient la réforme ,' mais qui n’avaienl pas tous reçu l’Evangile dans
leur cœur par le Saint Esprit.— Ces
principes, en opposition avec la doctrine de l’Evangile, ont abouti au
supplice de Servel; ce qui fut un coup
fatal porté à la Réforme et une tache
dans son histoire.
Ce qui venait de se passer à Genève,
se répandit rapidement partout, et
donna gain de cause aux ennemis de
la vérité , qui s’empressèrent de démontrer par ce fait, que la réforme
n’était que la pire des tyrannies; que
vouloir ramener l’EgÜse à ce qu’elle
était aux temps apostoliques, était
un rêve'qui ne se réaliserait jamais,
et que les institution? de l’Eglise ro
maine, étaient ce qu’il peut y avoir de
meilleur.
La persécution sévit avec la rage du
démon, principalement en Espagne et
en Italie, nos chères vallées furent le
principal point de mire de l’ennemi ,
étant considérées comme le foyer de
celte hérésie, qu’il fallait extirper à
tout prix.
En effet, le vallon du Pra-du-Tour,
était la pépinière qui fournissait en
tous lieux des messagers de l’Evangile.
Aussi , trouvons-nous dans rhistoire
chrétienne, qu’avant la réforme, les
chrétiens évangéliques de tous les pays,
éiaient désignés par le nom de \audais, probalrlenienl à cause des relations que ces petites églises avaient entr’elles, par les pèlerinages des Barbes.
Les Ducs de Savoie nous étaient favorables, ,mais ils étaient tellement
travaillés par Rome et par leur entourage, qu’ils ne pouvaient pas toujours
nous protéger, malgré la bonne volonté qu’ils avaient, de le faire.
Les Vallées étaient alors sous la domination française. En 1555 , le pape,
Marcel II, était favorable à la réforme,
mais il ne resta que 21 jours sur le
trône pontifical ; il fut frappé, a-l-on
dit, d’apoplexie.
Paul IV qui lui succéda était toulà-fait fidèle à l’esprit du catholicisme;
il s’adressa au Roi de France, Henri II,
pour être autorisé à sévir contre les
vaudois. Mais , au bout de deux ans
environ, l’Espagne et l’Angleterre déclarèrent la guerre à la France ; les
Gantons helvétiques intercédèrent pour
nous auprès du roi de France ; et ces
divers évènements suspendirent les
poursuites.
Un an après Emmanuel Philibert,
rentra en possession de ses Etats, et
le 9 ,juillet 1559, il épousa la sœur
d’Henri II, qui élaH favorable â la
réforme.
Cependant, nos pères ne jouirent
pas longtemps de celte ptiix qui leur
était si précieuse ; , la persécution se
réveilla bientôt très menaçante ; le plan
de l’ennemi étant toujours notre destruclion complète ; celle grande persécution fut accompagnée de violents
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Iremblemenls de terre, ce qui-agravait
bien encore l’épreiwe de nos pères.
Les vaiidois, comme toujours, voulaient consentir à abandonner leurs
doctrines si on prouvait par la Bible
qu’elles étaient erronées.
Voici la réponse que fit le pape
Pie IV, à qpi on avait soumis un résume de nos doctrines :
a Je ne souffrirai jamais qu’on mette
en discussion les points arrêtés canoniquement. — La dignité de l’Eglise
exige que qhacnn se soumette à ses
constitutions, sans contester en rien ;
et les devoirs de ma charge sont de
procéder avec toute rigueur, contre
ceux qui ne voudraient pas s’y assujettir. ' '
En 4500, l’armée ennemie approchait des Vallées ; les catholiques de
la plaine, effrayés à la vue de ces
hordes barbares, confièrent aux vaudois
leurs filles et leurs enfants, afin de les
cacher dans nos montagnes, et par ce
moyen, les mettre à l’abri des brutalités de celle soldatesque effrénée.
C’est un fait frappant, qui démontre
la haute opinion que l’entourage des
Vaudois avait de la pureté des mœurs
de nos pères. — C’est un des beaux
fruits de l’Evangile. Voici ce qui en
disait le duc de Savoie :
« C’est en vain que le pape , les
princes d’Italie et mon conseil luimême me pressent d’exterminer ce
peuple; j’en ai pris conseil de Diep
dans mon cœur, il me presse plus fort
encore de ne pas les détruire v.
Citons encore le pacte d’union que
les Vaudois prononcèrent solenneuemenl le 21 janvier 1561, au Puy, à
une petite distance an dessus de Bob'i,
à la veille de prendre les armes pour
la défen.se de leur vie, et de celle de
leurs familles ;
« Au nom des Eglises Vaudoises des
Alpes , du Dauphiné et du Piémont,
qui ont toujours été unies, et dopt
nous sonarnes les représenlatus ; nous
promettons ici, la inttin sur la Bible ,
et devant Dieu, que loulés pos Vallées
se soutiendront courageuserpenf les
unes les ^aulres pour fait de religion,
sans préjudice de l’obéissance à leur
légiiiines supérieurs.
» Nous promettons de maintenir la
Bible entière, sans mélange, selon l’usage de la vraie Eglise apostolique, persévérant en eelte sainte religion', fut-ce
au péril de notre vie, afin dè pouvoir
la laisser à nos mfanls intacte et pure
comme nous l’avons reçue de nos pères.
» Nous promettons aide et secours
à nos frères persécutés, ne regardant
pas à nos intérêts individuels mais à
la cause commune, sans nous attendre
aux hommes, mais à Dieu».
Ce vœu solennel fut renouvelé par
nos pères, à leur rentrée dans nos
vallées en 1689', sur la colline de Sibaud, tout près du Puy.
Ces témoignages rendus à l'autorité
et à l’obéissance à Dieu et à sa divine
parole, sont bien en rapport avecœe
que dit l’Eternel d’Abraham, le père
des croyants: (Genèse xyiii, v. 19).
t Car je connais, et je sais, qu’il commandera à ses enfants et à sa maison
après lui, de garder la voie de l’Elemel,
pour faire Ce qui est juste et droit
afin que l’Eternel fasse venir sur Abraham, tout ce qui lui a dit».
Chers Gohipalrioles ! Nos pères ont
marché sur les traces d’Abraham ; ils
nous ont transmis celte Bible, celte
parole de la vie éiernelle, au prix de '
milliers de vies et de toutes sortes de
souffrances ; Ne, l’oublions jamais, afin
que l’Elernel puisse dire de nous ce
qu’il a dit d’Abraham : Car je confiais
et je sais, qu’il commandera à ses enfants et à sa maison après lui de garder
la voie de l’Elernel.
L’Italie a pleuré, et nous avons pleuré
avec elle, le départ prématuré de ce
rponde de notre excellent roi VictorEmmanuel. Son digne fils, son successeur au trône Humbert, P a été vivement frappé des témoignages unanitpes
d’estime et des regrets que la nation
enlière_ a prodigue à son père. — H
a promis qu’il s’appliquerait à marcher
sur ses traces, et il tient parole; il
s’y applique, dit-op, de tout son cœur
pour obtenir une gloire pareille à celle
de son père.
Nos pères à nous', chers amis, ont
acquis par leur fidélité à Dieu et à la
parole de sa grâce, pour nous irans-
5
JW
mellre celle Parole pure et intacte ,
une couronne immortelle de gloire.
Imitons donc notre sage roi iiutnberl b; appliquons-nous, comme lui,
de tout notre cœur à marcher sur les
traces de nos pères, afin d’obtenir
comme eux la couronne incorruptible
de gloire, promise à ceux qui marcheront dans la voie de l’Elernel, comme
Abraham, et comme nos pères.
J. Salomon.
Un bras cassé
J’ai lu avec un vif interet dans
le Témoin un article destiné à
exciter les gens de cœur à intervenir pour mettre tes bêtes de
somme à l'abri de la brutalité de
leurs bourreaux. Nous espérons
que les gens de coeiir feront de
concert des efforts réels et efficaces
pour mettre un terme aux brutalités des gens sans cœur. Mais si
lesffiommes de bien se contentaient
de lire des articles sur la matière,
sans rien faire de plus. — il pourrait bien se faire que les animaux
eux-mêmes prissent l’initiative et
montrassent pour leur propre défense plus de courage et plus
d’empressement que n'en montrent
les gens de cœur.
Voici par exemple ce qu’a fait
'un pauvre mulet qui n’avait guère
entendu en sa vie que les blasphèmes de son maître, et ne savait
rien par conséquent de ce que se
proposer de foire pour lui les sociétés pour la protection des animaux. Son maître' n'était guère
plus mauvais que tant d’autres. Il
le chargeait bien plus qu’il n’aurait fallu , et lui donnait ordinairement l'avoine'avec le manche du
fouet. '
— La pauvre bête !
C’est le mulet que je veux dire,
et non l’honime.
Un jourqu’îfe allaient à Piglierò),
le pauvre mulet trempé de sueur
et harassé de fatigue aurait eu
besoin d’un peu de repos et peutêtre aussi d’un peu d’avoine. Il ne
pouvait faire un pas de plus. Le
maître lance une volée de blasphèmes accompagnée de coups de
bâton sans nombre. Le mulef ne
bouge pas. Le maître saisit la bride
d’une main et le fouet de l'autre,
et frappe sans pitié , s’imaginant
sans doute que sa bête était bien
plus têtue que lui. Le pauvre mulet
poussé à bout de la sorte saisit
avec ses dents le bras gauche du
charretier. Celui-ci redouble se’s
coups pour se délivrer de la terrible étreinte ; mais le mufet ne
démord pas. Quand on le traite
brutalement, il est têtu comme un
mulet ^ mais un peu pipins que
l'homme qui lo frappe.
Celui-ci sentant une vive douleur
au bras. s’avise de mordre le
museau de sa bête pour lui faire
lâcher prise; mais le mulet mord
aussi serré que l’homme, et le sang
coule des deux côtés. Le malheureux charretier ne sachant comment cela irait finir, se mit à crier
comme un perdu. Quatre ou cinq
hommes accoururent à son secours
et réussirent à le délivrer, après
des efforts considérables. Mais le
bras était brisé. La leçon donnée
par le mulet était un peu chère,
mais il ne l’avait donnée qu’â son
corps défendant.
L’homme est à peu-près guéri
maintenant, mais il ne peut approcher son mulet qui devient furieux et court sur lui, coname
6
sur un ennemi mortel dès qu’il
l’aperçoit. Ce même mulet est
paisible comme un mo'uton, quand
la sœur du charretier lui met et
lui ôte les harnais. Mais la sœur
du charretier ne blasphème pas,
elle ne frappe pas brutalement le
mulet, elle le caresse au contraire,
elle le nourrit convenablement,
et le soigne comme il faut.
L’homme a tout à gagner en
traitant convenablement les animaux qui sont ses fidèles serviteurs.
Phil...ippb.
©orrcsponbancc
.... la M Mai 1878.
Mon cher Monsieur,
Les jours sont longs et les soirées
si courtes qu’elles ne comptent presque
plus, surtout lorsqu’on y_ arrive très
fatigué des travaux de la journée. Or,
comme je n’aime pas trop écrire le
dimanche, ne vous étonnez pas si mes
lettres deviennent de plus en plus rares.
Les jours de pluie m’apporteront seuls
quelques loisirs, il y aurait cependant
bien des choses sur lesquelles il me
serait aussi agréable qu’utile de préciser et d’exprimer mon sentiment à
mes frèr.es par le moyen de notre cher
petit journal.|Je le ferais d’autapt plus
librement que grâce à vous, personne
ici, si ce n’est mon confident et mon
ami, ne se doute que je suis l’auteur
de ma correspondance.
C’est ma propre lettre du 27 avi'il qui
me fait un devoir de vous adresser encore ces quelques lignes. En exprimant
ma satisfaction au sujet dè la lettre
de M. de Levis, j’observais, en terminant, que c’était deux laïques seulement
3ui du sein de l’Evangélisation vauoise, avaient élevé la voix sur une
question d’une grande importance. H
se peut que je ma sois trompé et que
la Rivisia Cristiana, s’en soit occupée. ,
Notre pasteur nous en lit bien de temps
à autre quelques fragments parmi ceux
qu’il juge tes mieux adaptés à notre
intelligence, mais j’avoue que je les
trouve quelque fois encore au dessus
de ma portée.
Mais pour en revenir à notre question, c’est-à-dire, à celle dont, bon
gré, mal gré, chacun a dû s'occuper
iilans les Vallées, je veux me réjouir
avec M, le Directeur du Crisliano Evangelico qui est un de nos professeurs
de théologie pour la manière franche
et catégorique avec laquelle il s’est
associé, quoi qu’un peu tard à notre .
manière d’envisager la dite question.
Voici en effet ce que j’ai lu dans le
n. 19 du Crisliano et que je transcris
pour ceux de vos lecteurs qui ne lisent
pas l’italien beaucoup plus facilement
que moi, ou qui ne reçoivent pas le
journal. « Si on nous demande quelle
est notre opinion, nous répondons que
nous n’hésitons pas à nous ranger de
côté de M. de Levis. La ligne droite,
dans les choses qui touchent à la religion et à la morale, doit toujours
être choisie, à l’exclusion de tout autre.
Ce n'est que dans les choses matérielles
qu’il est quelque fois impossible de
suivre la ligne droite, quand p. e. il
s’agit de traverser une monlajne ou
de'lourner une position. Ici à Morence
nous aurions pu, nous 'évangéliques,
assister à la messe funèbre célébrée à
Santa Croce: nous ne l’avons pas fait,
non par faute de respect pour la mémoire du Roi GalanluomOf mais parceque' la Messe est chose qui répugne
absolument à notre foi au sacrifice
unique et parfait de notre Seigneur
Jésus-Christ.
Outre le motif religieux, il y avait
le motif^ moral. Si nous participons à
une cérémonie que notre conscience
condamne, nous commettons nn délit
contre notre propre conscience. Et si
la conscience se lait, il ne reste alors
d’autre excuse que celle d’avoir cédé
aux attraits d’une cérémonie pompeuse
et théâtrale ».
Impossible de mieux dire, et comme
je suis pour mon compte pleinement
rassuré, je pense que d'autres le seront
7
J59-.
avec moi. Non, ce n'est ni une docli'ine renouvelée, ni une morale relâchée que l’on présente aux étudiants
de notre école de théologie et aux
membres de nos Congrégations. Nous
pouvons à cet égard dormir iranqiiitlement.
Votre très démué
Jacques.
Une colonie italienne dn rite Yanilois
Nous lisons dans VItalie, sous le
titre ci-dessus, un article très bienveillant et trop intéressant, pour que
nous résistions^au plaisir de l’offrir iï nos
lecteurs vaudois, quoique nous n’en
acceptions pas toutes les appréciations
et que nous ne puissions garantir la
vérité de tous les faits. « Vers 4860,
un certain nombre de familles italiennes établies' dans l’Etat de Montevideo, obtinrent une 'permutation de
territoire et, d’un commun accord,
vinrent se fixer sur» un espace libre
d’environ deux lieues carrées, situé
entre le Rio de la Plata au shd, les
rivières Rosario et Cuffré à l’ouest et
à l’est, et la nouvelle colonie suisse
au nord.
Successivement, d’autres familles vinrent directement de la mère patrie
augmenter les forces de la colonie,
de telle sorte que l’accroissement naturel et progressif de la population
aidant, elle compte aujourd’hui plus
de 2000 individus.
Aussi se trouve-t-elle trop à l’étroit
dans les limilfes restreintes de son territoire et déjà quelques uns de ses
membres ont élé obligés de se créer
des établissements au dehors, au*milieu dé colons d’origine différente ' et
appartenant à d’autres nationalités.
La colonie est composée exclusiveknent de nationaux italiens originaires
des provinces subalpines, attachés an
culte vaudois et observateurs tenaces
et scrupuleux de leurs rites. Ils connaissent la» langue italienne, mais sc
servent habituellement de ce français
corrompu en usage dans les Vallées
Vaudoisés. Adonnés dès leur enfance
à l’agri cul lure, tous les efforts tendent
au rachat de la terre sur laquelle ils
vivent, qu’ils cultivent librement et
administrent avec la plus complète indépendance. Presque tous les membres
de la Colonie ont déjà atteint ce but
et, devenus propriétaires du sol auquel
ils se sont attachés, se sont construit,
au lieu de misérables cabanes qu’ils
occupaient d’abord, des habiLalions
dont quelques unes'sont de véritables
fermes pourvues de moulins, de Jmachines agricoles à vapeur, etc.
Parmi les colons arrivés à une position aisée, on en cite surtout deux,
nommés Griot et Bonjour, qui, sortis
de leurs pays natal dans la situation
la plus humble, passent pour être maintenant possesseurs de capitaux considérables.
Les produits de la Colonie consistent
principalement en grains, et sont exportés par la voie de la rivière Rosario,
dont le port, la Paz, est situé sur le
territoire même de la colonie. Le rendement de la dernière récolte, qui au
mois de janvier dernier était presque
complètement terminée, est estimé à
150 ou 200 mille quintaux mélriques
de grain, représentant une valeur en
espèces de plus de 4 millions de fr.
Le territoire occupé par la Colonie
Vaudoise forme une section du Municipe de Rosario et est adminislré par
les colons eùx-mêraes. Us ont dans
leurs àttribulions l’exécution et l’ehtretien des voies de communication,
le culte et la police.
8
460.
La viabilité est dans un étal assez
satisfaisant pour ne rien laisser à désirer aux colons. Le culte est indépendant et autonome. Les cérémonies religieuses se célèbrent dans une église
et une chapelle édifiées par les soins
des fidèles eux-mêmes, et qui, en
outre, servent de maison d’école. Les
colons ont construit une maison pour
leur pasteur et ils pourvoient à l’entretien de celui-ci au moyen d’une
contribution.
Quant à la police, elle ressort des
allribulions d’un juge de paix, résidant
dans la colonie italienne, mais dont la
juridiction s’étend aussi sur la colonie
suisse limitrophe. Les fonctions de ce
magistrat sont réduites à l’état de véritable sinécure; en effet, chose bien
remarquable, depuis la formation de
la colonie, non seulement aucun acte
criminel n’a été commis, mais encore
il n’y a jamais eu lieu d’appliquer la
plus légère pénalité, correctionnelle. En
deux seules circonstances et à court
intervalle, le calme habituel de la colonie a été momentanément troublé.
C’était au moment d’une de ces révolutions si fréquentes dans les Etats de
la Plata; des bandes d’insurgés envahirent le territoire des vaudois dans
rinlention de s’emparer de leurs chevaux. Mais les colons, aidés des suisses
leurs voisins, avec lesquels ils vivent
dans les meilleurs termes et le plus
parfait accord, eurent vile raison des
aggresseurs.
Notre Consul général à Montevideo,
M. le chev. liyp. Garrón, est ailé |visiter, il y a peu de mois, la Colonie
italienne du Rosario dans le 1)01 d’étudier sou organisation et de se rendre'
compte de ses besoins et de ses aspirations. Dans un rapport au Ministre
des (affaires étrangères, auquel nous
empruntons une partie des renseigne-^
raents précédents, il constaté l’étàt de'
sérénité parfaite et de profond contentement dans lesquels vivent nos compatriotes. Deux seules pensées lui causant de vives préoccupations: l’éducation civile et religieuse de leurs enfants
et la légalisation de plus de cent mariages contractés en dehors des lois du
pays et qui, en raison de ce fait, ne
peuvent avoir d’effet civil ni à Montevideo ni peut-être dans aucun autre
pays. Sur ce dernier point, digne de^
toute l'attention du Gouvernement,
M. Garrón a fait tout ce qui était possible pour la régularisation de l’étal
civil des colons.
Quant à l’éducation de leurs enfants
les colons n’ont pas exprimé de vœux
bien définis; ils hésitent entre le désir
d’un subside à appliquer au traitement
dés maîtres et celui d’obtenir en nature
le matériel scolaire dont ils ont un
besoin urgent. Aujourd’hui, le territoire de la colonie est divisé en quatre
parties. Chaque subdivision a pour
chef un ancien et celui-ci a la charge
de l’éducation des enfants; il les réunit
chez lui pour leur faire l’école. Mais
en réalité il s’occupe moins de leur
instruction proprement dite que de
leur éducation religieuse, beaucoup
trop dirigée vers les idées à'ascètisme
particulières au culte vaudois ».
A. vis.
La conférence du Val Pérouse est
fixée au 22 Mai courant et s’ouvrira à
Pramol à 9 heures du malin. Lé sujet
principal qui s’y traitera et sür lequel
un rapport sera présenté, est le Catéchumênal.
En vente chez M. Em. Béroud
Libraire-éditeur à Genève.
Congrès de Geneve pour la
reforme des mœurs, tenu en septembre 1877. Compte-rendu slénographique , un joli volume in 8“. Prix
fr. 3,50. — Franco par remboursement.
Ernest Robert, Gérant et Administratmir
Pigoeïol, Impl". Chiantote et Mascaretll.