1
Aniaee Neuvième.
eRlX D'ABBONNEMENT par an
Uaüé . , . , L. 3
Jû6 pajs fie rtJiiîon
de po-ste ... » fi
Amérique » . . » 9
^On s’HÜohne ;
l^our VIntérieur elles? MM.
pasteurs et les lilji’aires de
■■J'oiTe Pellice.
Pour l'Extérieur an Bureau d'Administiation.
N, 42.
Uii ou plusieurs numéros sépa*
rés, demandés avant le li*
raire lOj’ent. oîiaoun.
iiuonoes: centimes par U sue.
l.es efwoU d'argent se foui par
lettre recommandée ou p»f
3iiiinrfa/s sur le Bureau de Ptvosa Ai'pcniiiî«.
Pour Ja RÉDACTION s'adresser
ainsi : A la Direciiou du Témoint
l’omaretto iPinerolol Italie,
l'oiir l’ADMlNlSTRATïON adreaserainsi; A l’AdministratioD du
Témoin, Pomaretto (PineroloJ
Italie.
LE TEMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous -rjie serez témoins. Actîîr Î, S.
Su'VtïîO ia r^érité avec la charité. Et'H. iVj It»
Soiiiuiaipo*
19 octobre. — Les Vaudois do Calabre.
— Speinî li pecca. — Recensement des
Rrotestants en Italie. — Nécrologie. — Nouvelles Relùjieiises. — Avis.
lO Ootolbre
Nous donnons aujourd’hui la première
place à la lettre suivante de notre fidèle
correspondant, que nous pourrions intituler:
DËV4KT []\ EUrRUNTEVR
.. 12 octobre JüS:i.
Mon cher Direclcur,
Il m’esl arrivé quelque chose d’as,sez curieux pour que j’èproiivo le
besoin de le raconter, au risque d’entendre dire par quelqu’un de vos lecteurs que compte mon village : « mais,
cela n’est pas curieux du tout, cela
se voit tous les jours! » J’ai en horreur d’emprunter, et ce n’est que
dans les . cas d’extrême urgence qu’il
m’est arrivé quelquefois de le faire;
il y-a longtemps de cela, et je rends
grâce à Dieu de ce qu’il m’â ôté ce
souci, l’un des plus désagréables que
Je connaisse. Mais aussi Je répugne
extrêmement à prêter; non seulement
J’ai été dispensé d’en prendre l’IiaLilude, mais j’y ai constamment trouvé, à
tort peut-être, plus de perte que^de
profil, de l’une et l’autre part. Prêtez
à un ami, vous courez le risque de
le perdre; prêtez à un étranger, vous
lui rendez peul-ctre (cela n’esl pas
sûr) un service qui vous coûtera cher
et (lonl il ne nous saura aucune obligation, Je me disais cela et bien d’autres choses pareilles, sans toutefois
parvenir à me convaincre que Je n’avais aucun devoir précis vis-à-vis des
emprunteurs. Une parole de la Bible
réfutait tous mes arguments: « donne
à celui qui te demande et ne,rte détourne pas de celui qui veqil emprunter de loi, » a dit, le Sauveur,
(Math, v, 42). H n’y a pas moyen de
tordre assez cette parole pour lui
faire dire: « Renvoie les imposteurs,
soit qu’ils demandent en aumône ou
en préser’ - soit qu’ils veuillent emprunte. f
Comme Je l’ai indiqué déjà, J’ai eu
rarement l’occasion de combattre ma
répugnance, par la simple raison que
n’ayant que le nécessaire Je me croyais
dispense de prêter. Il y a cependant
des personnes qui, parcequ’eîles font
le métier d’emprunter en tou Uemps
et do tout le monde, sont continuellement aux aguets pour savoir à peu
près exactement, combien d’argent il
entre dans tel village et dans telle
2
..330..
famille Le beurre el les œufs n’entrent pas en Imne de compte; mais
le veau ou sa mère, le porc gras,
l’avoine, les pommes de terre, le i¿n,
les cocons, le bois etc. sont des articles plus considérables el qui erocurenl aux uns 1e nécessaire, aux
autres l’abondance, à quelques-uns
le superflu. Or les emprunteurs dont
je parle, el dont je connais plus d’un
dans mon voisinage, arrivent d’ordinaire chez vous un ou deux jours
après le prix de vos denrées ou de
votre bétail, et vous n’avez pas de
peine à deviner le but de leur vi.«ite.
Ils ont deux manières principales de
procéder: les uns vous disent sans
exorde: Je viens vous demander un
grand plaisir, ou un grand service
etc.; les autres, après de longs détours, vous diront peut-être : Si vous
n’aviez pas besoin de l’argent que vous
avez retiré (ils nommeront même la
somme), vous m’obligeriez beaucoup
en me la prêtant pour quelques moisî.
J’ai eu à faire l’autre jour à l’un de
ces rusés compères, d’autant plus
dangereux qu’il se pique de connaître
la Bible, meme ce que l’on nomme
le patois de Canaan. C’est cette circonstance qui lui a nui, tandis qu’elle
m’a mis plus à mon aise. — Il savait
que l’on m’avait apporté quelque argent el venait me demander a l’emprunter. L’accueil assez froid que je
faisais à sa demande me valut de sa
part l’observation suivante; Vous qui
professez un si grand respect pour
la Bible, n’avez-vous pas lu le précepte de Jésus-Christ ; « Ne te détourne
pas de celui qui veut emprunter de
loi t »
Sans doute, lui dis-je, je connais
cette parole, mais j’en connais une
autre qui me semble commander,
même au chrétifflu, une grande circonspection, lorsqu’il s’agit pour lui
d’exposer à une perle certaine une
portion du bien que Dieu lui a donné
pour l’entretien de sa famille. Cette
parole (que je n’ai pas su montrer
alors à mon homme) est celle-ci :
« Le méchant emprunte et ne rend
pas » (Ps. XXXVII, 21). Or je ne sui^
pas disposé à courir le risque de
perdre ce qui est le prix de mes
sueurs et de celles de mes enfants.
Puis encore j’ai besoin de pouvoir
compter sur la rente de mon argent
comme sur celle de mes terres, mêmê
plus encore, puisque cette dernière,
est sujette à toute sorte d’accidents.
Celui qui emprunte promet tout ce
que l’on veut; mais plus il promet
et moins il donnera, altéganl des
excuses,^ bonnes ou mauvaises, qui
ne satisfont pas le créancier.
Il me semblait avoir parlé avec
quelque raison, el mon homme me
paraissait sentir la force de mes arguments. Aussi n’ai-je pas été pêu
surpris lorsque, s’armant encore de
la Bible, qu’il savait être le terrain *
sur lequel je me liens volontiers, il
me dit assez brutalement: «Voilà
comment ils sont ce.s chrétiens que
l’on dit meilleurs que les autres; ils
cherchent leur intérêt ni plus ni moins
que les mondains. Ils ne font que des
placements sûrs, et déplus, productifs; ils ne veulent risquer ni le capital, ni l’intérêt. Mais moi qui ne
me pique pas d’être un croyant qui
pratique ce qu’il sait être contenu
dans la Bible, je vous dis à vous,
l’ami Jacques; Cherchez dans St. Luc
et vous trouverez écrit ceci qui vous
condamne vous et vos pareils : « Prêtez sans en rien espérer; et 'foire
récompense sera grande» (Luc. vi,
35). Et maintenant, si pour mettre
votre piété à l’épreuve, jè voûs donnais un soufflet sur la joue droite,
je suis sûr que vous ne présenteriez
pas l’autre, mais que vous me feriez
sortir de chez vous plus vite que je
ne le voudrais, — et comme je n’y
tiens pas du tout, je vous donne le
bonsoir ».
Je ne pense pas que j’eusse cédé à.
la tentation dont il me parlait, mais
je confesse ijuo, si je n’étais nullement en colère, je n’étais pas à mon
aise non pas devant les paroles de
cet homme, mais en pfesencc des
paroles de Dieu qu’il m’avait en quelque sorte jetées à la figúre cl dont
je ne pouvais ni ne voulais méconnaître la souveraine autorité. Ma conscience me reprochait de m’être quel-
3
331
'^/^iVNA/^/\yV^Ai■V^/VSAA^/VWVW^AAy^■^#"'rf^A^^^A^W^lrvVW
quefois et sous des prétextes plus
apparents que réels, détourné de
celui qui, pressé par un besoin très
urgent, peut être , quoique je ne le
crusse pas tel, cherchait a emprunter
de moi J’avais beau me dire que je
préférais donner deux que de prêter
(¡ualre;m^ conscience me disait qu’il
ne faut pas humilier par l’offre d’une
aumône, celui qui ne demande qu’un
prêt avec la ferme intention de le
rembourser.
Mais ce qui m’a surtout frappé,
quoique ce passage me fût parfaitement connu, c’est ce commandement:
Prêleisam en rten espérer. Est-il possible que le Sauveur ait dit cela, et
que cette parole signifie, ce que mon
interlocuteur a voulu lui faire dire?
Mais alors il n’y aura bientôt plus,
sur la terre, que deux classes de personnes; l'une, toujours moins nombreuse, celle des ’ travailleurs , des
pourvoyeurs; l’autre celle des consommaieurs fainéants, s’armant de
la Bible pour se faire entretenir et
engraisser par les... simples. Non,
ce n’est pas là ce que l’Evangile veut
établir sur la terre, car quant aux
fainéants il les condamne à ne pas
manger, et quant à ceux qui travaillent, ils doivent jouir du fruit de leur
travail et s’ils sont sages de la vraie
sagesse, ils trouveront que la meilleure manière d’en .jouir c’est d’en
faire part à leurs freres malades ou
infirmes, ou pauvres, manquant du
nécessaire. Mais encore: sans en rien
espérer, cela-peut il signifier que lorsque le chrétien prête, il doit le faire
avec une parfaite insouciance, et sans
attendre ni la restitution du capital
ni les intérêts ?
Vous comprenez sans doute, mon
cher monsieur, que celte question
m’ait longtemps troublé. Mais enfin
je crois être parvenu, et j’en rends
grâce à Dieu, à me faire une idée
assez claire et exacte du précepte de
Jésus^Christ. Cela m’a coûté deux soirées de ¡recherches d.ans la parole de
Dieu,, mais je suis loin de les regretter.
J’avais un assez vague souvenir d’avoir lu, dans l’Ancien Testament, des
ordonnances et des lois louchant les
gages, les prêts et l’usure. C’est en
effet dans les livres de Moïse que j’en
ai retrouvé plusieurs.*'Gelui qui a mis
finj^à mon embarras se lit au livre
de l’Exode, chap. xxxii, v. 25. «Si
tu prêtes de l’argent à mon peuple,
au pauvre qui est avec toi, lu ne te
comporteras point avec lui en usurier;
vous ne mettrez point sur lui d’usure ».
Toutes les choses matérielles se consument par l’usage, et il n’est que
juste de faire supporter l'usure par
celui qui a eu, pendant un temps,
l’usage d’un objet, meuble, étoffe,
ou argent. Mais le peiiple d’Israël,
3ui pouvait librement prendre l’usure
es étrangers, devait l’épargner à
son frère, surtout si ce frère était
pauvre. Dieu se chargeait de la dette
du pauvre et la payait libéralement
à l’homme de bien qui était ému de
compassion. — Jésus-Christ, qui est
venu pour accomplir la loi et les
prophtèes, et non pour les abolir, a
confirmé le commandement ancien,
et comme ses disciples ne doivent
être qu’un cœur et qu’une âme, en
altenoanl qu’ils aient toutes choses
communes entr’eux comme au lendemain de la Pentecôte, Jésus leur enseigne qu’ils doivent ne point prendre
d’usure et ne rien espérer de leurs
débiteurs. Le précepte s’adresse aux
chrétiens et il règle leurs rapports
sur celle matière: la règle qu’il donne
n’est autre chose que ce que St. Jean
appelle le commandement ancien en
môme temps que le commandement
nouveau.
Voire sincèrement découd •
J.îlCQUES.
Le» \aadois de Calabre
fVnir le JV. 4 IJ.
Borgo degli Oliram-ontani n’est au
fond qu’un faubourg de Montalto,
où l’on dislingue aussi le bourg des
latins et le bourg des juifs, autrement
appelé Cafarnao. Non loin de là est
une localité appelée Pereira (Périra
anciennement) près de la quelle se
■4k
4
trouve une grotte,
une espece
de Ghioisa d'Iâ tana d’Angrogne —
dans laquelle lÎs Vaudois se réunissaient avant d’avoir des temples. Dans
le régislrc de l’archiprêtre de cette
localité se trouvent des Giaime, tandisque dans ceuK de Montalto on
rencontre des Gillio, des Trono et
des Plusieurs enfants qui
avaient survécu aux massacres dans
lesquels avaient péri leurs parents
ont été appelés iils de martyrs —
puis simplement Marlire, nom de
famille qui leur est resté. La tradition
locale porte que les ancêtres de ces
familles étaient venus du Piémont.
A Montalto un homme convenablement mis, et qui aurait pour cela chez
nous le litre de monsieur, demanda
au colporteur qui accompagnait M.
Pons :
— Il signor Appia vive cqli ancora ?
Yaccarmo a pour emblème une
vache, et nous fait involontairement
penser à la Vacira (La Vachère) d’Angrogne. Là se trouvent des Muglia
(Mourglia ?) et des Gt ungel qui disent
être originaires des Vallées Vaudoises
du Piémont.
Le docteur Caracciolo reconnait que
les Vaudois ont rendu deux grands
services ; ils ont enseigné à cultiver
la terre , cl fait avancer l’industrie.
— Dommage , ajoute-t-il, que Luther
ait envoyé un émissaire dans la Calabre. S’il veut faire allusion à Pascal,
il ignore, ou il oublie, que ce martyr
n’était point émissaire de Luther,
mais un pasteur vaudois.
A San Sisto l’on montre l’enclos
des brebis, où 88 Vaudois ont été
égorgés sans pitié par le bourreau
catholique apostolique et romain, et
le chemin qui conduit à ce gros bourg,
bordé d’arbres, à bon nohibre des
quels on avait pendu des Vaudois.
A San Vincenzo La Cosla, le secrétaire communal Lavalle aifirme
— d’après une tradition qui s’est
perpétuée dans sa famille — que ses
ancêtres viennent des Vallées, et que
c’est pour cela que le nom de La
Valle lui est reste.
Le baron Vereillo, qui a visité Jes
Vallées en 1848 est ému en enten
dant que M. Davyt qu’il avait vu jadis
à Massel ait quitte ce monde. Il envoie
ses salutations au docteur Lantaret,
à M. Meille, à M. Joseph Malan et
au docteur Revel, ignorant sans doute
que ce dernier est entré en son repos,
il rend un bon témoignage aux Vaudois
à cause de leur cordiale hospitalité,
et affirme que le village de Buccito
a été bâti par les Vaudois, ainsi que
celui qui porte le nom de Gesutli,
précisément parce qu’il a été construit
par de fidèles disciples de Jésus venus
des Vallées Vaudoises.
Foscaldo, qui doit son nom (Fons
calida) aux sources d’eau thermale
qui font sa richesse, a 8500 habitants,
parmi lesquels un grand nombre portent des noms semblables aux nôtres.
En montant de Fuscaldo, à peuprès comme on le ferait depuis Soiran
jusqu’au Roux de la Geilaveia, on
parvient par une vilaine route à Guardia Pieinontese. A cause de sa situation
sur des rochers escarpés dont le pied
est baigné par les eaux de la mer et
dont le sommet s’élève à 400 mètres,
la Guardia est une vraie place forte,
grâce en outre à la solidité des murs
dont elle est entourée.
Cela explique pourquoi le marquis
Spinelli a dû recourir à la ruse pour
s’en rendre maître. R pria les Vaudois qui habitaient cette place forte
d’y accorder l’hospitalité à 200 de ses
hommes qui étaient malades, et qui
avaient besoin de respirer l’air fortifiant qui domine là haut. Une fois
introduits, ces papistes se hâtèrent
d’égorger ceux qui leur accordaient
géijéreusement l’hospitalité.
— Vous ne comprendrez pas le mot
du langage que parlent ces gens là
haut, avait-on dit à notre évangéliste
avant qu’ilVy rendît; ils parlent tout
autrement que nous, et c’est le diable
qui a bâti leur ville.
Rencontrant sur l’étroit chemin qui
conduit à Guardia Piemontese deux
femmes, la mère et la fille, qui portaient chacune un petit baril sur la
tête, M. Pons leur dit en les saluant:
— Che portate?
Pas de réponse; elles n’avaient pas
compris.
5
IM W'JWWV
«00
—■ Porloou d'aiffa, ou dë vin cnl
vosti bouialin ?
— D’aiga, rcpondent-elles, oniijoiilant à voix un peu plus basse; A
parla coirma nôu.
— Séou dar Piemounl? demande
l’iine d’elles.
— Si, mu d'Angrcugna.
— Allora, non sotm parëiU, concluent-elles.
Peu après une quanlilé de personnes
s’assemblent el viennent saluer le
nouveau venu en lui disant:
— Ou sè noste fraire. E nosla gent
son H viv ?
11 entre dans une maison pour en
observer la distribution, qui est à peu
près celle que nous avons chez nous,
et dit <à une lisserandc assise devant
son métier:
— Cosa fesèou ?
— Faou tela.
Dans la conversation faite dans le
patois d’Angrogne iis ont pu se comprendre très facilement, et il a été
constaté que leur vocabulaire n’est
guère différent de celui que nous
avons dans nos montagnes. Lou talie
(métier à toile), lou vindou (dévidoir),
la cota (robe), gounel (blanchel), mouchadou (mouchoir), pnissie (poirier),
poumie (pomraierh ciatagnie (châtaigner), nouisire (noyei’), lou, vês (le
chien), lavaccia (vache), (oîu;e((veau),
mouloun (mouton), ciiiou (veau), buou
(bœuf), aroira (charrue qu’on appelle
ici slowa), gioit Cioug)j sappa (pioche),
sampoun (pic), slac-cia (attache), ciausie
(soulier);,, el d’autres encore en grand
nombre, sont des mots également
employés dans la Calabre et dans nos
Values.
Quant aux coutumes il en est plusieurs qui sont également les nôtres.
Les femmes de la Guardia Piemontese,
plus conservatrices que les nôtres,
n’ont point cessé de porter la matlota,
à couleurs variées et ce petit coussin,
l'empli de bourre ou de paille, qui
s’appelle salam k cause de sa forme
et qui sert à fixer el retenir la jupe.
Pour aller à l’enterrement les hommes
niellent le crêpe et les femmes s’habillent de noir. Personne dans les
environs ne fait la lessive comme elles
la font; elles ont comme nous lou
tinel (le cuvier), lou fiourie (tieurier),
lâ cênra (les cendres).
Grâce aux traditions qui se sont
perpétuées dans les familles, cette
population connaît assez bien son
origine vaudoise, et son histoire. Les
massacres qui ont eu lieu en 1560
sont racontés de père en fils et nul
ne les ignore.
(A suivre).
Speilit li peecà
C’est là une expression que l’on
prononce quelquefois à l’adresse de
ceux qui, après avoir eu une conduite
plus ou moins mauvaise, sont dans
la souffrance, ou que l’on entend
aussi de la part de ceux-là môme qui
sont affligés. Quelle signification al-elle ? Nous sommes dans l’incertitude, car le mot speini peut bien
changer de signification, selon les
dispositions de la personne qui le
prononce.
Pour quelques-uns, spèini signifie
expier dans ce sens que l’individu
répare par la peine qu’il subit, un
crime, une faute. Ceci revient k dire
qu’en souffrant beaucoup, l’on porte
la peine de ses péchés, et qu’il n’est
pas nécessaire d’avoir d’autre expiation que celle-là.
Pour d’autres speini a un sens
moins large, et se réduit à ceci:
Tous les nœuds viennent au peigne.
Il faut porter la conséquence de ,ses
fautes.
Le premier sens est empreint de
catholicisme. Une femme catholique
attaquée de paralysie à un bras, se
consolait en disant; Nous acquérons
des mérites. Il est à craindre que
bien des Vaudois, ne soient catholiques à cet égard, et qu’ils ^n’aient
aussi la prétention de s’acquérir des
droits au paradis en souffrant.
L’Ecriture n’admet nulle part que
nos peines soient une expiation de
nos péchés, alors même que nous
devrions les subir dans le purgatoire
soutenu par l’église romaine.' Nos
6
malheurs, nos souffrances, nos angoisses sont la plupart du temps, la
conséquence de nos péchés, il est
parfaitement vrai de dire: Ton péché
te trouvera; ou bien; Ta méchanceté
te châtiera, et ton infidélité te punira; ou encore: Celui qui creuse
une fosse y tombe, et la pierre revient sur celui qui la roule. Les frères
de Joseph furent dans l’angoisse, à
cause de leur crime; les Egyptiens
eurent à souffrir à cause de leur
cruaiilé; les Israëliles désobéissants
furent battus par les Amalécites et
les Cananéens; tous étaient justement
châtiés, ils portaient la peine de leur
méchanceté, mais leurs péchés n’étaient pas expiés , le mal qu’ils
avaient fait n’était pas réparé
Lé péché est une telle offense 5
Dieu que pour en porter toute la
peine, speinî, le pécheur doit être
livré à la mort, et à la mort éternelle. Or comment l’homme se délivrerait-il d’nne telle mort? — C’est
pour lui une chose impossible.
Aussi l’expiation de nos péchés,
ne se fait pas par nos soufiVances,
elle se fait uniquement par JésusChrist, le Fils de Dieu, qui s’est
offert lui-même à Dieu pour nous
comme une oblation et un sacrifice
d’agréable odeur. C’est lui qui est
mort à notre place, qui a été fait
malédiction pour nous. — D a été
navré pour nos forfaits et frappé pour
nos iniquités,... l’Eternel a fait venir
sur lui l’iniquité de nous tous. L’un
de nos cantiques exprime bien celle
.substitution de Jésus-Christ au pécheur :
Tu ie me(.^ ii ma place
Ta croix change en grâce
Ma condamnation.
Jésus-Christ a ^porlé la peine de
nos iniquités cl réparé la ruine causée par le péché, notre devoir est de
le recevoir comme noire Rédempteur,
et de le suivre à travers toutes les
souffrances qu’il piait à Dieu de nous
envoyer. Ces souifrances ne sont pas
un à compte que nous payons pour
dirninuer la somme de nos dettes,
mais elles sont enire les mains do
Dieu un moyen d’éducation pour nous
apprendre à mourir au péché, à renoncer à nous-mêmes et à nos convoitises pour obéir ii la volonté de
Dieu. 1 PiEiinE IV, 1,2.
Soulfrir pour le nom de Christ et
dans la communion de Christ, peut
même devenir un sujet de joie. Dans
ce cas il ne s’agit plus de l’homme
qui souffre comme un coupable, mais
l’homme pardonné qui s’écrie • « Il
ne nous a pas fait selon nos péchés,
et ne nous a pas rendu selon nos
iniquités. Il a éloigné de nous nos
iniquités autant que l’orient est éloigné de l’occid.ent ».
Kecensemenl dt‘S Prolestanls en Ilalie
í'S¿lt(e, V. n. HJ,
Les deux recensements précédents
(il y avait alors dans les bulletins une
colonne affectée au culte dé l’habitant)
donnèrent, pour la population protestante du royaume, classée par
régions, les chiffres ci-après:
1S6!
isn
Régioiis
Piémont et Ligurie 23,578 23,877
Lombardie 6C9 4,881
Vénétie (pas encore annexée) 905
Emilie 331 4,G07
Ombrie 13 259
Marches 111 242
Toscane 4,453 3,184
Roraeetprov (pasencoreannex.) 4,146
Prov. napolitaines 2,708 9,522
Sicile 742 6,755
Sardaigne 79 273
Royaume : 32,684 58,651
Vous voyez que, en vingt ans, le
chiffre de la population protestante
d’itatje a presque ■ doublé, et que,
en dix ans, il a augmenté d’environ
3,500 âmes.
Le monographie mentionne cinq sociétés protestantes indigènes, étrangères ou mixtes:
1. La Société biblique britannique
et étrangère, qui a en Italie, à Rome
même, un agent ayant sous sa direc-
7
335-.
»>WNyvri,i>yv
tion neuf dépôts et à ses ordres
quarante colporteurs; en 1881, elle
a écoulé 6,619 Bibles en italien, 19,135
■exemplaires du Nouveau-Testament et
44,409 portions de la Bible;
2. La Société biblique nationale
d’Ecosse, fondée dans le même but
que la précédente; elle a aussi un
agent en Italie, mais n’a encore qu’un
dépôt et onze colporteurs; en 1881
elle a vendu 850 bibles, 2,529 exemplaires du Nouveau-Testament, 4,320
parties de bible et 6,942 traités religieux;
3. La'Société des traités religieux,
qui a un agent et un comité local à
Florence, avec une imprimerie à elle;
elle a déjà ouvert dix dépôts;
4. La Société biblique italienne,
fondée à Rome, en 1871, qui a publié
une édition du Nouveau-Testament, à
10,000 exemplaires et une Bible dite
de famille;
5. Une société de secours mutuels
entre évangéliques.
On compte en Italie onze publications périodiques protestantes, savoir:
1. L'Italia evangelica, hebdomadaire
et illustrée, la plus répandue;
2. L'Amico dei fanciulli, mensuel
et illustré;
3. L’Amico di casa, almanach illustré;
4. La Strenna dei famiuUi, annuelle
et illustrée ;
5. La Riforma Religiosa, hebdomadaire (Paierme);
6. Le Témoin, écho des vallées
rawdoîses,"hebdomadaire (Pornarello) ;
7. Il piccolo messaggere, mensuel
(Florence) ;
8. La Civiltà evangelica, hebdomadaire (Naples);
9. La Fiaccola, mensuelle (Borne);
10. La Rivista cristiana, mensuelle
(Florence);
11. Il Seminatore, mensuel (Rome).
Les quatre premières paraissent à
Florence, à l’imprimerie de la Société
des traités.
C’est l’Eglise vaudoise qui compte
le plus d’adeptes, et cela s’explique,
puisqu’elle est nationale, la plus ancienne et reconnue par l’Etat. Elle
vient d’ouvrir à Rome une jolie église
gothique, rue Nazionale, en face des
jardins Colonna,
Le gouvernement anglais paie chaque
année à cette communion l’intérêt
d’une somme recueillie en sa faveur par Cromwell et séquestrée par
Charles U. Le gouvernement italien
lui alloue 500 francs par mois à litre
d’indemnité pour la confiscation de
de ses biens
Selon moi et beaucoup d’autres, il
est à jamais regrettable (pTon n’ait
pas laissé aux Vaudois seuls la lâche
d’évangéliser l’Italie, au lieu d’y introduire une dizaine de communions,
toutes évangéliques, soit, mais ayant
des dénominalions et des formes de
culte diverses, et, ce qui est plus
grave encore, presque toutes importées de l’étranger.
Italie. — Une bien chère et bien
précieuse existence, qui n’aura fait
pour ainsi dire que passer au milieu
de nous, s’est éteinte, dans la nuit
de dimanche à lundi, dans la ville
de Conio: M'"“ Augusta Peyrot née
Waniéry, épouse de M. David Peyrot,
depuis moins d’un mois, noire évangéliste dans cette ville.
Une plaie plus saignante n’aurait
pu être faite au cœur de noli e jeune
frère qui, après un peu plus de huit
mois seulement de mariage et lorsqu’il pouvait sc croire à la veille de
voir son bonheur déjà si grand, s’accroître encore par la naikance d’nn
cher enfant, a vu, en quatre jours
toutes ces espérances détruites, et le
deuil le plus profond succéder sous
son toit et dans son cœur, aux plus
réjouissantes perspectives. Heureusement pour notre jeune et cher ami,
que le Soigneur avant de lui envoyer
l’épreuve avait déjà fait jaillir dans
son cœur la source des consolations
vraiment efficaces en lui révélant,
sous la bonne influence des Frères
Moraves dont il avait été Télèvé, son
grand amour en Jésus-Christ, et en
8
,33(5
éveillant en lui le désir qui n’a fait
qu’aller en augmentant avec les années, de l’annoncer, à son tour, à
ses frères.
Tous ceux qui l’aiment, et ils sont
nombreux, demanderont au « Père
des miséricordes » de se montrer tel
envers lui, dans cette doioureuse circonstance, et en même temps qu’envers lui, envers les deux familles
atteintes du même terrible coup qui
l’a frappé.
iiou0cUcs tr^it^ku0C6
EovrTE. — D’après un journal allemand, cité par le Christianisme, on
compte au Caire, cette cité si cruellement dévastée par le choléra, et qui
possède une population d’environ un
demi million d’âmes, trois grands
établissements protestants d’instruction: une école anglaise avec 700
élèves, une école américaine qui en
a 400, enfin une allemande avec iOO
élèves. Les catholiques romains, de leur
côté,, y sont fort actifs: ils jouissent
d’une certaine considération auprès
des musulmans et se vantent de la
perspective de ramener bientôt à l’Eglise de Rome une partie de la population copte (schismatique) de quel-'
ques villages des environs.
i&eüue ))oUttc|uc
Les nouvelles importantes n’aboiident pas. Notons les faits saillants
qui se sont produits depuis la miSeptembre.
Mlaiie. — Le '^0 septembre a été
célébré l’anniversaire de l’entrée des
troupes du roi, à Rome, il y a 13
ans.
^ — L’Iion. Baccarini a prononcé à
Gênes un discours où il désapprouve
la politique transformiste de Depretis.
— Ha été constaté que le chiffre
des morts à la suite de la catastrophe
de Casamicciola s’est élevé à 1265.
Les secours recueillis par le Comité
central s’élèvent déjà à la somme de
L. 3,387.510. L’Allemagne a envoyé
plus de fr. G50.000.
— On se plaint vivement des continuels retards qui se vérifient dans
les chemins de fer de la Ilaute-Ralie
ainsi que du manque de voitures pour
les marchandises.
M''ranoe. — Le roi d’Espagne après
avoir visité l’Autriche et l’Allemagne
s’est aussi rendu à Paris. 11 a été
sifflé par la populace à son arrivée.
Ce fait a refroidi les relations d’amitié
qui existaient entre la France et l’Espagne et provoqué la démission forcée
du ministre de la guerre Thibaudin.
Il a été remplace par le général
Carapenon.
Le différend franco-chinois au sujet
du Tonquin n’est pas encore arrangé.
Le budget de la guerre pour 1884
s’élèvera à la somme fabuleuse de
596 millions: deux tiers déplus que
celui de l’Italie.
JEgitaffne. — Le ministère Sagasla
a donné sa démission. Il est remplacé
par un ministère libéral préside par
Posada Herrera.
tBgygiie. — On calcule que 28.440
personnes sont mortes du choléra,
du 22 juin au 22 septembre.
iV-vist.
La conférence des paroisses du Val
Pélis aura lieu, D. V., à Praruslin,
le mardi 0 novembre prochain. Le
sujet à traiter est : De la vie de l’Eglise. Une réunion aura lieu le lundi
soir à la grande école.
La conférence des paroisses du Val
St. Martin aura lieu, D. V., mardi
30 octobre courant, à Rodoret. Le
sujet à traiter c.sl : De l'élude de la
Bible.
r] H N ES T H O H iï H T » ^ cl m h ti is 1 ra n r
t‘.
r*iiïncroi, ltry>. CÎiianl'>re cl Mascai’fMli