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Olnqulèm© annéo.
IV. 14.
8 Avril 18TO.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spirituels
de la Famille \audoise.
Que toutes les choses qui sont véritables. occupent
vos pensées — ' Philippiens., IV. 8.)
PBIX D ABONNEMENT *.
Italie, ^ domicile (un an\ Fr. 3
Suisse................» 5
France.....................6
Allemap-ne............» 6
Angleterre, Pays-Bas . » 8
Un numéro séparé : 5 cent
Vn numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D'aBONNEMENT
ToRRK-PEf.r.iCE : Via Maestra,
N.42. (Agenzia bibliografica)
Ptr.NRRoL : J. Chlantore Inipr.
TriRiN Trou, via Lagrange
près le N. 22.
Fr.ORENCE : Libreria Evangelica. via de'Panzatii.
ANNON^’ES : 5 cent. la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’ adresser pour l’administration
au Bureau tî Torre-Pellice ,
via Maestra N. 42. — pour la
rédaction: à Mr. A. Revel
Prof, k Torre-Pellice.
Somm.ali?o.
Le prochain Synode. — Le Déboisement
de nos montagnes. — C?irom‘gue locale. —
Chronique politique. — Souscription Desanctis.
LE FROrHAi^ SYNODE.
Jetons un coup d’œil sur la
besogne que le Synode de 1869 a
léguée au futur Synode de 1870.
Le prochain Synode s’ouvrira,
Dieu voulant, le 3® mardi de mai,
à savoir le 17 du mois , dans le
Temple neuf de La Tour, — par
un service auquel est appelé à présider M” le pasteur J. P. Gonin,
et, à son défaut, M"’ E. Comba
Evangéliste.
La constitution de l’Assemblée,
l’élection par scrutin de liste du
Bureau de présidence, et autres
préliminaires obligés, absorberont,
comme d’habitude, la plus grande
partie de la première séance, c’està-dire de la première journée. Le
terme extrême des discussions étant
invariablement fixé à l’heure précise de midi du quatrième jour.
il restera au Synode un espace de
deux jours et demi pour accomplir
sa tâche. Et quelle tâche !
La lecture et la discussion des
rapports d’au moins deux églises
et stations; l’examen, toujours
très-détaillé, de la gestion de la
Table; l’examen de la gestion de
la Commission d’Evangélisation ;
l'examen de la gestion de la Commission des Hôpitaux; l’examen
du rapport particulier à présenter
par la Table sur la question de la
bénédiction nuptiale; l’examen du
projet définitif de liturgie à présenter par MM. P. Monastier, P.
Lantaret et B. Tron ; la masse de
propositions diverses que nous
voyons défiler d’avance au pas accéléré, propositions de toute espèce
portant ou sur des intérêts locaux , ou sur des question de bâtisses, ou sur des détails de comptabilité , ou sur des questions
plus générales et d’un intérêt religieux plus nettement accusé ; —
en voilà de la besogne ! Et il faut
la dépêcher en moins de 24 heures!!
Oui, en moins de 24 heures.
Faisons le compte. Il ne reste de
la première séance ( mardi ) que
deux heures au plus dq disponibles;
le second jour (mercredi), il y
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-106
aura huit heures de travail; le
troisième jour (jeudi), huit autres;
le quatrième jour (vendredi), gwatre heures; ce qui fait, sauf erreur,
22 heures. Prélevons là-dessus 2
heures encore pour la séance de
réception des députations étrangères. En définitive , il ne reste
au Synode, pour l’expédition des
affaires très-nombreuses qui lui
tombent sur les bras tous les ans,
que 20 heures de travail.
Cela suffirait, croyons-nous, si
le Synode n’avait à s’occuper que
des intérêts généraux de l’Eglise
et de son œuvre d’Evangélisation;
mais cela n’a jamais suffi à cause
du nombre de questions secondaires qui surgissent inopinément
le cours des débats. 11 peut s’en
cacher derrière chaque feuillet de
chaque rapport et de chaque contre-rapport ; et l’on n’a aucun
moyen par devers soi de les prévenir, ni même de les prévoir.
11 y a un an, nous nous demandions à ce propos: Que peut-il
en résulter de vraiment pratique,
de fécond pour le bien de l'Eglise?
Et aujourd’hui encore nous ferons
suivre la même question de cette
réponse : >
« A cette situation , il faut un
remède ; ce fardeau qui surcharge
le Synode , il faut l’alléger , en
rétablissant les Colloques ou Presbytères.
« Rendons à notre Eglise ce
trait d’union indispensable entre
nos assemblées électorales et nos
assemblées synodales. Sans lui,
notre organisation est incomplète
et boiteuse; avec lui, les questions
à traiter seront examinées, débattues , mûries d’avance, et, en bien
des cas , résolues. Rien ne sera
porté au Synode que par voie
d’appel du Presbytère , ou ce que
le Presbytère lui-même y renverra.
Ne comprend-on pas quelle économie de temps il doit en résulter
pour le Synode libre désormais
de se consacrer à l’examen des
questions d’un intérêt général ? ».
Les esprits mal faits, les caractères ombrageux, nous accuseront
de vouloir innover. Innover ! Ah
oui, vraiment ! Vouloir faire revivre une ancienne et utile institution , c’est une innovation dangereuse et téméraire !
LE DÉBOISEMENT
de nos Montagnes.
Il n’est pas d’homme , quelque
peu observateur, qui ait parcouru
l’Italie, sans être frappé du triste
spectacle qu’offrent les régions
élevées de notre beau pays presqu’entièrement dépouillées de leur
vêtement naturel. Les collines et
les montagnes, autrefois peuplées
d’arbres, fraîches et riantes , sont
maintenant si nues et si arides,
qu’on est forcé d’en détourner le
regard. Parcourez la Toscane, la
Lombardie, le Piémont même, et
vous verrez à quel point les Apennins et les Alpes ont été dévalisés.
Non seulement nos riches et superbes forêts ont disparu sous la
main des populations avides d’un
gain passager ; mais il est plus
d’une contrée où même le bois de
chauffage commence à devenir rare.
A Còme, par exemple, on est oblige
d’en requérir de la Suisse, bien
que les vallées et les montagnes
3
-107
qui avoisinent le lac fussent jadis
couvertes de bois.
Comment se fait-il que la simple
voix du bon sens et de l’intérêt
bien entendu, n’ait pas conseillé
aux propriétaires plus de modération ? D’autre part, est-il facile
d’excuser l’attitude passive de l’administration en face d’une fureur
dévastatrice qui nous réserve, par
ses suites funestes , qui dira combien de calamités ? L’année dernière, le Gouvernement a ouvert,
il est juste de le constater, un
Istituto forestale à Vallombrosa,
près Florence, et l’on paraît s’occuper de la réorganisation des lois
forestières ; mais tout cela m’a fort
l’air d’arriver après coup. L’espérance d’avoir, sous peu, une foule
d’inspecteurs forestiers , doublés
d’un excellent réglement, pour veiller à la conservation des bois que
le dernier coup de hache vient de
abattre, me sourit médiocrement.
Aussi, tout en faisant bonne mine
aux mesures prises en haut lieu,
j’ose affirmer que c’est aux autorités locales, non moins qu'aux
particuliers intéressés qu’il appartient surtout d’agir avec énergie.
Je n’ai pas qualité , le loisir du
reste me manque , pour traiter à
fond la question qui s’agite ici. —
Qu’il me soit permis, cependant,
d’adresser les quelques observations qui vont suivre aux habitants
de nos chères Vallées , et, d’une
façon spéciale , aux montagnards ,
comme les plus intéressés dans
cette affaire.
Quoique jeune encore , je me
rappelle d’avoir vu la plupart de
nos montagnes richement couvertes
d’une infinité d’arbres séculaires.
— Il y a quelque vingt ans, de
magnifiques forêts de sapins, de
mélèzes , d’hêtres ornaient les hauteurs du Val S. Martin. Cette richesse nos ancêtres l’avaient jalousement conservée, pour la léguer
intacte à leurs enfants. Mais ceuxci, aussi peu scrupuleux que prévoyants , ont fait main basse sur
tous ces trésors accumulés par les
âges. On se rappelle encore l’acte
de vandalisme à la suite duquel
la fameuse seha ( tel est le nom
qu’on lui donnait) de Balziglia a
été rasée. Quelques individus rapaces ayant donné le signal de
l’attaque, en un jour bon nombre
de bûcherons s’abattirent sur cette
proie qui, hélas ! fut dévorée en
un instant. Il va sans dire que
personne n’en retira un profit considérable, mais par contre la commune de Massel y perdit irréparablement la plus belle de ses forêts.
A Pramol, on le sait, il n’est ni
bois ni bocage qui ait échappé à
la destruction. Dernièrement encore on y vendait broussailles et
rhododendrons, sans doutepourque
nulle plante ne survive à cette rage
exterminatrice! Ailleurs, sans déployer tant de maladresse et d’acharnement, on a gaspillé aussi, en
grande partie, la richesse naturelle
de nos montagnes. Faute d’entente
parmi les propriétaires et de surveillance de la part des autorités,
nos communes ont été littéralement saccagées sans que nul y ait
gagné. Non je me trompe , car les
marchands de charbon et de poutrelles, de Pignerol et autres lieux,
ont fait bonne aubaine. Ce qui a
trompé nos montagnards c’.ést l’appât de réaliser une grosse somme
4
-los
en un jour, sans voir qu’après ils
n’auraient plus aucune ressource.
Ah ! s’ils avaient connu l’histoire
de la poule aux œufs d’or, peutêtre les eût-elle rendus plus sages !
Jetons maintenant un rapide
coup d’œil sur les conséquences
funestes qu’entraînerait après soi
le déboisement de nos Vallées. —
Je ne vous dirai pas, qu’en continuant de cette façon, le jour ne
tardera pas d’arriver où les bois
de construction aussi bien que ceux
employés pour le charronnage et
la menuiserie feront défaut. Je n’insisterai pas davantage sur le renchérissement excessif du combustible, car on commence d’en tâter
à La Tour et ailleurs aussi. Au
demeurant, ce sont là des vérités
très simples, presque banales , qui
n'échappent à personne. — Mais il
y a pis. — La science d’une part
et l'expérience de l’autre n’ont
qu’une voix pour affirmer que la
présence des plantes rend le climat
doux , salubre , règle le cours des
saisons, appelle les pluies, en modère la chute , empêche enfin les
vents de se déchaîner avec trop de
violence. Abattez les forêts, dépeuplez nos montagnes et du même
coup vous nous enlevez tous ces
bienfaits. Est-il du reste nécessaire
d’indiquer qu’avec la disparition
des bois, nombre de torrents impétueux vont déchirer les flancs de
nos collines, emportant tout ce qui
met obstacle à leur cours fougueux?
Après les longues pluies viendront
les éboulements. L’hiver apportera
lui aussi quelque chose de bien
triste, vu que du haut des montagnes dépouillées, vont se précipiter
d’épouvantables avalanches. — On
le voit, la guerre à outrance qui
se poursuit contre les plantes de
haute futaie et les bois de toute
espèce , en définitive , nuit à nos
intérêts les plus prochains et se
trouve être aussi désastreuse pour
l’agriculture qu’elle est contraire
à l’hygiène publique.
En face d’une perspective si peu
séduisante, j’éprouve le besoin de
crier à haute voix :
« Habitants des Vallées , n'attendez pas que le mal soit irréparable
avant que d’y porter remède ».
J’ai la conviction que dans la plupart des localités , il suffirait de
de mettre un terme à l’arbitraire
qui a régné jusqu’à ce jour, pour
échapper aux calamités qui menacent de nous atteindre tôt ou tard.
A cet eifet, je souhaite que les
autorités locales, et tous les intéressés comprennent qu’il convient
de mettre la main à l’œuvre au
plus tôt, sans attendre , comme
d’habitude , que le gouvernement
y pourvoie. La première mesure
à prendre c’est d’empêcher d’ultérieures dévastations. 11 faut donc
régler d’une manière intelligente
tout ce qui concerne l’exploitation
des forêts et la coupe régulière
des bois. Le système, trop longtemps pratiqué, qui consiste à
abattre sans merci doit être aboli,
lors même que plusieurs années
dussent s’écouler sans que nous
vissions la fumée des meules aller
grossir les nuages de nos montagnes. Ce n’est pas assez, d’ailleurs,
de conserver ce qui a échappé à la
cognée, il faut en outre repeupler
les parties désertes qui s’y prêtent,
en faisant force plantations. Imposez-vous dang ce but des sacrifices,
5
-loa
multipliez les pépinières et prenez
soin d'écarter le bétail des lieux
où croissent les jeunes plantes. Ceci
n’est pas du nouveau. Au contraire,
c’est ce qui se fait en maintes localités. En Egypte on a rendu habitables et fertiles , au moyen de
nombreuses plantations, les contrées
les plus insalubres.
Au moment de clore ces lignes,
je me souviens que nos montagnards, quelque peu routiniers, ne
modident pas aisément leur façon
d’agir. 11 faudra donc revenir à la
charge. Mais , avec quel succès ?
— On ne saurait le dire , et c'est
ce qui me chagrine. En attendant,
je me flatte que les personnes
intelligentes et dévouées feront de
leur mieux. Au surplus, les pasteurs et les instituteurs, se rappelant l’œuvre bénie que le pieux
Oberlin accomplit au Ban de la
Roche dans l’intérêt matériel de
ses paroissiens, ne manqueront
certes pas de favoriser et de commander , au besoin , tout ce qui
est utile à la famille vaudoise.
J. P. P.
Chronique locale.
Val S. >Xar*tln. — La population
du Val S. Martio était, en 1862, de 5303
âmes, à savoir 3684 Vaudois et 1619 catholiques. Or, sait-on comment le défunt
Inspecteur des écoles primaires de l’arrondissement de Pignerol (Don Falco) a
réparti le subside de fr. 1540 alloué par
la Province pour l’année 1868? Aux catholiques, fr. 1190 (dont 160à trois prêtres)
et 350 aux Vaudois ! Notons que les écoles primaires Vaudoises sont au nombre
de 60 et plus, tandis que les écoles catholiques ne sont qu’une vingtaine. —
Voilà un exemple de honteuse partialité.
r*©r*r-ler. — Le syndic dont nous
parlons dans la Chronique de notre 12*
numéro, a dicté lui-même au pasteur,
et signé avec deux témoins, la protestation qui suit :
«Je m’oppose à toute collecte pour le
motif que je suis, comme syndic, un
homme de service, que je dois connaître
mon intérêt et, après, l’intérêt de more
personnage (il veut dire probablement ses
adminütris). Si toute paroisse fait une
collecte comme la paroisse ancienne de
Maneille fait sa quote part.. (il man
que le reste de la phrase). La proposition
que fait le syndic c’est que 1500 fr. de la
paie du pasteur donnent 75 fr. d'intérêt.
Que chaque paroisse en fasse autant en
proportion de population. » Suivent les signatures.
La dernière phrase veut dire que les
1500 fr. que l’on suppose reçus par le
pasteur, appartiennent en réalité à la paroisse et que celle-ci en a été injustement
dépouillée depuis que le pasteur habite le
Perrier.
S. Olovariiil-F*©lllc©. — Le
3 avril a eu lieu l’inauguration de la
chapelle indépendante, humble construction de 20 pas de long sur 10 de large
et pouvant contenir 200 personnes environ.
Le chant du psaume 42® a ouvert le
culte et a été suivi d’une prière prononcée par l’evaugéliste M. Jahier. Puis M.
Jahier lut 2 Cor. V, 17-21. et M. O. Coucourde, venu expressément de Milan pour
présider à la cérémonie de la dédicace.
prit la’ parole sur Romains I. 16; «Je n’ai
point honte de l’Evangile de Christ. » —
Avouons-le; nous avons été désappointés.
Au lieu d’un discours simple et impressif,
adapté à la circonstance, nous avons dO
entendre, pendant une heure et demie,
une verbeuse dissertation «sur la manière d’évangéliser». En résumé, elle se
réduisait à trois points : il faut présenter
l’Evangile, non comme un dogme ainsi
que cela a lieu dans les chaires de l’Eglise Vaudoise (!?), mais comme un fait,
comme une parole eiBcace, comme une
personne, c. à d. Christ.
L’orateur s’était interdit systématiquement d’<5iii/îer soa auditoire, et, des l’en-
6
-110
trée, il l’en avait dûment averti, se fondant sur une prétendue distinction qui
résulterait de Rom. I. 11. 12, comparé
avec les versets 15. 16. D’après cette distinction , l’Eglise indépendante de S. Jean
est appelée à émngéliser le monde, les
non-croyants, dans son service du dimanche matin, et elle se réserve Yédification
pour une réunion plus intime dans l’après
midi. Fidèle à ce programme ingénieux,
l’orateur a par trois fois, dans son discours, prononcé la phrase sacramentelle:
« Mais ici je touche aux portes de l’édification; je m’arrête ». Assurément, voilà
un curieux partage.
Dans sa péroraison, l’orateur a déclaré
que le nouveau local était ouvert à \’évangélisalion des Validais. Dans les Vallées on confond l’église et le mondé; l’église indépendante de S. Jean repose au
contraire sur la distinction entre l’Eglise
et le monde; elle n’est pas multitudiniste.
Nous souhaitons vivement que, partoiil
dans nos églises vaudoises, le même principe soit enfin reconnu en fait et sérieusement appliqué. Si la vie est si lente à
se développer dans leur sein, si leurs efforts sont si souvent frappés d’impuissance
c’est qu’elles portent, et dans leurs assemblées électorales et dans leurs consistoires et jusque dans leur synodes, l’empreinte de leur origine multitudiniste. Si
l’église indépendante de S. Jean réussit à
fournir un modèle, ou un exemple, d’une
société de sincères professants, nous estimons qu’elle rendra un grand service
aux églises Vaudoises; malheureusement,
n’étant pas en mesure d’apprécier son
action réelle et sa discipline, nous devons
nous abstenir de la juger d’après ce qu’elle
dit être.
Torre-Pellloe. — Il a paru, le
31 mars, le 3^ numéro du Bulletin de la
Société la Valdese. Ce numéro convoque
ta Société à l’assemblée ordinaire du printemps pour le 18 avril, et renferme bien
des choses dont il nous faut prendre note.
Et d’abord il s’y trouve plus d’une correspondance renfermant de fort utiles
suggestions à l’adresse de la Valdese. Les
uns voudraient bien faire adhésion à la
société mais ils voudraient, auparavant,
« la voir à l’œuvre; » d’autres espèrent
qu’elle ne se payera pas de « sentimentalisme» et qu’elle en viendra à l’action;
ailleurs on lui suggère de commencer
«par un bout, » car autrement l'écheveau
restera toujours emmêlé etc. Tous conseils
d’une sagesse incontestable.
Le Bulletin rapporte ensuite le résumé
d’une conférence sur les impôts, tenue à
S. Jean par M. l’avocat Vola. Il résulte
de ce résumé que la commune de S. Jean,
avec ses 1800 hab., doit faire face à une
dépense annuelle de 20 mille francs et au
delà.
— Nous nous étions beaucoup trop hâtés
d’annoncer, dans notre numéro 9, sur la
foi du Bulletin N. 2. la fondation d’une
banque populaire à S. Jean. Le Bulletin
N. 3 raconte qu’il n’y a rien de fait, et
qu’à la suite d’une seconde conférence de
M. Long a été prise la résolution de
nommer une Commission de cinq membres , chargée d’étudier, et, — « le cas
échéant,» —de donner à la dite banque
un « commencement d'exécution ».
En dernier lieu, le Bulletin n. 3 prend
à partie l'Echo des Vallées. 11 cite tout au
long la conclusion de notre article du n.
9 sur la première conférence de M. Long;
et certes nous avons lieu d’en être reconnaissant, car
VoMs nous fîtes, seigneur.
En nous citant, beaucoup dhonneur.
En guise de réfutation, le Bulletin nous
dédie une observation que, dans son curieux langage, il appelle ultima per un
pezzo. Il déclare que « son but et ses
moyens d’action n’ont presque rien de
commun avec ceux de Y Echo ; » chose
dont nous n’avons jamais douté mais que
nous sommes bien aise de constater.
— La Société auxiliaire pour l’Emngélisation en Italie, fondée à Torre-Pellice
en 1864, vient de clore son exercice 1869187p. Ses progrès ont été d’une grande
lenteur ; elle n’a pas au moins reculé,
chaque année ayant, au contraire, obtenu
un léger avantage sur la précédente. On
en peut juger par les chiÉBres mêmes des
collectes annuelles.
Au Synode de 1884, le Rapport de la
Commission d’EvangéÜsation accusait ré-
7
-111
ception de 67 francs ; au Synode de 1865,
c’était 113 fr. ; en 1886, on eut 167 francs,
et les trois années suivantes on arriva
successivement à 185, à 282, et à 319fr.
Cette année on a eu la satisfaction ,
presque la surprise, de pouvoir envoyer
la somme d’environ 500 francs.
Il y a donc eu progrès non interrompu,
et pour des gens disposés à se contenter
de peu, ce résultat n’est pas décourageant.
A part 50 francs , toute la somme est
de provenance vaudoise et a été offerte
par une centaine de donateurs adultes.
Les moindres dons continuent d’étre reçus
avec reconnaissance et sont enregistrés
avec le nom des donateurs.
— Depuis quelque temps l’état de la
sûreté publique laisse énormément à désirer.
Il n’y a pas quinze jours, trois jeunes
gens ont été traîtreusement attaqués sur
la route provinciale . entre les Airals et
La Tour, et si fort maltraités qu’ils ont
dit garder le lit pendant un temps plus
ou moins long et que leur état a pu inspirer de sérieuses inquiétudes. Tout le
monde savait le nom des aggresseurs ;
seule, la police n’a rien su.
Le 4 avril , jour de foire, un homme
qui maltraitait un enfant fut réprimandé
par M. le Syndic. A peine celui-ci eut-il
tourné le dos, l’individu en question s’élança pour le frapper, et lui asséna un
coup de poing. Ceci se passait en plein
jour et en pleine foule, et le malencontreux
aggresseur, immédiatement terrassé, a pu
être immédiatement incarcéré.
Mais, dans la nuit de ce 4 avril, a eu
lieu une aggression des plus inqualifiables,
et personne n’était là pour en arrêter les
suites funestes. Huit individus, vers l’heure
de minuit, se sont rués sur deux militaires
habillés en bourgeois, complètement dépourvus de moyens de défense, et qui,
d’une allure toute paciflque, se disposaient
à rentrer au gîte. L’un réussit à rompre
le cercle qui se fermait sur eux, et courut
avertir la police ; l’autre moins heureux
ou moins agile, a été lâchement assassiné.
Il a reçu quatre blessures, dont une à la
tête, très- profonde, l’arme ayant pénétré
dans 1e cerveau. Transporté à Valbergo
del Leone, il n’a plus repris connaissance
et son état est desespéré. — Il s’appelait
Monnet et était natif d’.Angrogne ; ainsi
que son compagnon, Gardiol (de Prarustin),
il venait de recevoir son congé illimité.
On a opéré déjà six arrestations, et la
police espère être sur la trace des deux
autres meurtriers ; — mais une surveillance plus active, surtout en temps do
foire, eût pu empêcher l’affreux malheur
que déplore toute la population.
(Îl^Krontqu0 ))oltttque.
Italie. Le général Cialdini a donné
sa démission de chef du second grand
commandement militaire. Cette démission
est motivée par le fait que le général
Nicolis de Robilant a été, à l’insu de Cialdini, nommé successeur d’Escoflier à Rayonne ; et malgré les explications fournies
par le ministre de la guerre, elle a été
maintenue, Cialdini ayant manifesté le
désir d’être plus libre dans son opposition
aux réductions projetées dans le budget
de l’armée.
— A peine le général Robilant eut-il
pris possession du commandement à Ravenne, il tit partir de la ville, sous bonne
escorte, tous les gardes de la sûreté
publique !
— Les voyages directs entre Gênes et
l’Inde anglaise sont définitivement inaugurés. VAfrica, de la compagnie Rubattino, partie de Gênes vers le milieu de
février, est heureusement arrivée à Rombay le 1’ avril, par la voie du Canal de
Suez.
— Par 168 voix contre 112, la Chambre
a approuvé la proposition Minghetti portant que l’on nommera, au scrutin secret,
quatre commissions; une de 7 membres,
pour l’examen des mesures relatives à
l’armée; une autre, également de 7 membres , pour les mesures relatives à l’instruction publique; une troisième, de 7
membres, pour l’organisation judiciaire ;
et une quatrième , de 14 membres, pour
l’examen des projets financiers en général;
en outre, une sous-commission pour l’examen des propositions relatives aux biens
des paroisses. Toutes ont l’obligation de
présenter simultanément leurs rapports
pour le 9 mai au plus tard. Le ministère
qui paraissait redouter fort une discussion
générale, s’est naturellement rallié à ta
proposition Minghetti.
— Le procès colossal qui s’est déroulé
devant la Cour d’assises de Turin pour
falsification des billets de la Banque Nationale et des tilres de la rente publique,
a pris fin au bout d’une laborieuse session
de deux mois entiers. Roccetti, le principal
artisan de la fraude, a été condamné à 25
ans de travaux forcés, et ses complices .
au nombre de trois, qui à 11, qui à 12
ans de la même peine.
— S. M. Victor-Emmanuel a reçu , en
fraude cérémonie. au palais Pitti, ÎT le
aron d’Uxkull-Gyllenbaid, nouvel envoyé
extraordinaire et ministre plénipotentiaire
de Russie, qui avait à ‘ lui remettre ses
lettres de creance.
8
-112
Rotne. Un grand nombre d’évêques
sont partis pour être de retour dans leurs
diocèses aux fêtes de Pâques. L’évêçiue
d’Alger, Lavigerie, ayant manifesté le désir
d’emporter un souvenir de Pie IX, celuici lui a fait cadeau d’un vieux soulier
avec croix brodée.
— Dans la séance du 22 mars, une des
Flus mémorables et des plus orageuses,
éloquent évêque croate Mgr. Strossmayer
a soulevé une tempête. Il avait osé faire
l’éloge des protestants sincères, et nommer entr’autres Leibnitz et Guizot. « Vous
êtes un hérétique, « lui cria-ton de toutes
parts; « vous favorisez les protestants ».
Les pères descendirent de leurs sièges, se
massèrent au pied de la tribune et se
mirent à vociférer: « Descendez, descendez ». En vain Strossmayer tenta de tenir
tête à l’orage ; il dut céder, mais il ne se
retira qu’eu protestant.
— Les agents du vicariat ont été enlever
de force le théologien d’un évêque arménien , dans la demeure même de l’évêque.
Mais le théologien réussit à leur échapper,
et les agents, étant rétournés pour le prendre, ont dû s’arrêter devant les protestations de l’évêque L’homme d’Orient avait
eu un tort impardonnable; il avait déplu
à l’autorité par la liberté de ses discours.
— Autre fait. Une visite apostolique,
ou , pour parler plus clairement, une
descente , avait été ordonné dans les couvent des Arméniens que l’on nomme les
Antonios. L’évêque, peu flatté, a refusé
de recevoir le visiteur, et a persisté dans
son refus malgré l’ordre formel du pape.
Puis il a écrit à l’évêque de Marseille
pour demander, par son entremise, la
protection de la France.
Finance. Le sénatus-consulle qui
établit une constitution nouvelle n’a pas
eu le privilège de satisfaire tout le monde.
L’Empereur se réserve le droit d’appel
au peuple et la nomination des sénateurs,
mais en somme, les libéraux français ont
maintenant la charte de 1830 avec le suffrage universel, c.-à-d. qu’ils ont obtenu
ce que demandaient, il y a 20 ans, les
hommes les plus avancés, voire LedruBollin lui-même.
Angleterre. Ou assure que M.
Bright ne retournera pas au ministère du
commerce.
— La Cha:mbre des Communes a voté
le bill relatif au maintien de la paix en
Irlande. Ce bill filace l’Irlande dans une
espèce d’état de siège. Les Irlandais s’agitent et parais.seut vouloir demander au
Cabihet Gladstone un « parlement irlandais ».
— La Chambre des Communes vient de
nommer une commission d’enquête chargée
de donner au gouvernement, «uneaction
directe sur les communautés religieuses ».
Allemagne. On parle d’un projet
de constitution pour « les Etats fédérés
de l’Allemagne du Sud ». L’autorité centrale .serait représentée par un conseil
formé des ministres des aft’aires étrangères.
La Bavière aurait, dans ce conseil, six
voix, le Wurtemberg quatre, le Grandduché de Bade trois, la Hesse deux.
— La seconde Chambre du Grand-duché
de Bade a repoussé l’abolition de la peine
de mort, volée par la première Chambre.
— La Chambre de Wurtemberg a été
prorogée et le ministère renouvelé en partie dans un sens encore plus favorable à
la Prusse.
— La Hesse a signé le traité de juridiction avec la Prusse.
Autrlolxe. A Vienne, le ministre de
l’intérieur , Giskra, a donné sa démission.
— üue proposition demandant la réduction de l’armée et des démarches eu vue
d’un désarmement général, en Europe, a
été écartée par la Chambre des députés.
— De nouvelles difficultés ont surgi au
sujet de l’organisation de la Galicie, qui
réclame l’autonomie.
Etats-Unis. Le Comité des affaires
étrangères de la Chambre des représentants s’est prononcé en faveur de la résolution du général Banks, qui invite le président à maintenir une neutralité impartiale pendant toute la durée de la lutte
entre Cuba et l’Espagne.
RECTIFICATIONS.
A l’article Colkctcs des églises en faveur
des Missions (n. 11. page 84), il faut porter
la collecte de l’Eglise de Turin à fr. 239,
au lieu de fr. 222, 60.
— A l’article Evangélisation (n. 13, page
100, Corse), il faut porter à près de 700
francs (au lieu de 600) la somme recueillie
par M. le pasteur Mourgue au sein de la
même église, en faveur de l’œuvre commencé en Corse, et eu général, en faveur
de l’Œuvre des protestants disséminés.
SOUSORIF’TIOIV
pour un monument à la mémoire
du D' Desànctis.
Report du N. 10 fr. 45 10
T. Prochietti colporteur » 30
Total
45 40
A. Révki. Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantor«.