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Septième année.
N. 11.
15 Mars 18TÍ3.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée anx intérêts matériels et spiritnels
de la Famille Yaudoisc.
Que toutes les choses qui soat véritables.. occupent
vos pensées — { Philippiens.^ IV. 8.)
PRIX D ABOHNEIHEIIT :
Italie, h. domtcild (un an) Fr, 3
Suisse.................* 5
France.................» 6
Allemagne 6
Angleterre , Pays-Bas . • 8
Un numéro séparé : 5 cent.
TJn numéro arriéré : 10 cent.
BUREAUX D’aBONNEKENT
Torre-Pellicb : Via Maestra»
N. 42, (Agenzia bibliografica)
PiGNERoL : J. Chlantore Iinpr.
Turin Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florence : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’a
dresser pourTadministrationatt Bureau à Torr.e'Pellice,
via Maestra N. 42 — povir la
rédaction : â Mr. E. Malan
Prof • k Torre-Pellce.
Sommaire.
Electorat paroissial. — Inauguration de
la Société Biblique Italienne. — Correspondance. — Chronique politique. — Souscription pour la Société Biblique de Rome.
— Souscription pour les portraits du D'
Stewart. — Souscription pour les incendiés d’Angrogne. — Recensement.
ËLËGT0R4T PAROISSIAL
Nous avons vu, dans notre dernier numéro, que l’Eglise réformée nationale de France entoure
l’électorat paroissial de plus de
précautions que ne l’ont fait nos
Synodes. Nous ne pensons pas que
nous eussions pu trouver un argument plus propre à convaincre
nos nationaux, s’ils sont de ceux
qui sont susceptibles de l’être. Car
nous n’avons pas la prétention de
convaincre les impénitents, c.-à-d.
les indifférents et les routiniers.
Quel était le but du Synode en
adoptant les principes à\i Réglement
de la paroisse ? C'ét&it, tout d’abord;
d’introduire, dans nos assemblées
générales, un élément d’ordre, sans
lequel elles ne pouvaient rien faire
de bon et d’utile. On avait rémarqué
que, soit pour les nominations
d'anciens, de députés au Synode,
soit pour l’examen des questions
qui intéressent la vie de l’Eglise,
un très petit nombre de personnes
intervenaient aux assemblées; et
l’on s’est dit: il doit y avoir un
grand nombre de membres de l’Eglise qui ne tiennent pas à faire
usage de leurs droits. Pourquoi
remplir de leurs noms les régistres
des électeurs ! Que ceux qui veulent jouir de Igurs droits, les fassent valoir et demandent à être
inscrits sur ces régistres. Mais ce
que l’on a voulu surtout, c’est
introduire dans notre Eglise, par
ce bout aussi, le système volontaire, provoquer les convictions
individuelles, amener les membres
de notre Eglise à se demander si,
à 25 ans ils pensent encore comme
à 16 ou à l’T ans, et à le déclarer
aux consistoires. Car, ainsi que
r exprimait ' le p'asteur réformé ,
dans YEglise Libre, de 16 à 25
ans, il se passe bien des choses,
bien des opinions sont modifiées ;
ce n’est pas de trop, dans l’avan-
2
-(82)
tage même des individus, qu’une
occasion leur soit offerte de faire
un retour sur eux-mêmes, et de
se demander dans quel rapport ils
se trouvent avec l’Eglise à laquelle
ils pre'tendent appartenir extérieurement; s’ils en ont encore la foi
et s’ils se soumettent à son gouvernement; ou bien s’ils en renient
la foi ; ou s’ils ont fait adhésion à
une des nombreuses sectes ou à
un des schismes dont nous sommes
entourés. — L’Eglise a le droit,
comme tout autre société, de n’admettre parmi ses membres effectifs
et particulièrement parmi ses membres électeurs que ceux qui professent ses principes religieux et
ecclésiastiques. Il ne serait pas
naturel que des incrédules ou des
darbystes, par exemple, parcequ’ils ont été autrefois introduits
dans l’Eglise, ou parcequ’ils sont
membres de la commune, prissent part à une nomination de pasteur ou d’ancien. Que dans une
Eglise qui n’a ni une confession
de foi ni une constitution ecclesiastique bien précise, la chose
puisse avoir lieu, cela se conçoit,
mais il ne devait pas en être ainsi
dans notre Eglise qui a une confession de foi et une constitution
ecclésiastique. C’est ce que nos
Synodes ont senti; et c’est pour cela
qu’ils ont adopté le réglement de
la paroisse dont nous avons transcrit les principaux articles dans le
numéro précédent.
Comment est-ce que ce réglement
a été reçu, si ce n’est par i’Eglise,
par la population vaudoise? nous
sommes obligé de répondre qu’un
certain, nombre de personnes l’a
yu d’assez mauvais œil. Dfins la
plupart des paroisses, un petit
nombre d’électeurs ont demandé,
au premier moment, l’inscription,
chacun prétendait y avoir droit,
par la naissance et par l’âge requis, sans qu’il fût nécessaire de
le demander au Consistoire. On vit
dans un réglement si naturel une
loi vexatoire, car on est vexé pour
peu dans notre pays, et les épithètes de tyran, de pape ne coûtent pas cher. Nous avons même
entendu dire que, par le fait qu’on
payait les impôts, on devait être
électeur dansrEglise;il fautavouer
que ces bonnes gens n’avaient pas
encore compris grand chose au
principe de l’Eglise libre dans
l’Etat libre, s’il est vrai qu’un bon
membre de l’Eglise est aussi ordinairement un bon citoyen, il ne
l’est pas toujours qu’un bon citoyen soit aussi un bon membre
de l’Eglise; ce sont, dans tous les
cas, deux qualités distinctes et
qu’il nous importe de bien distinguer. Mais on a eu et on a encore
de la peine à faire cette distinction; et, c’est parce qu’elles s’opiniâtraient à ne pas vouloir le
faire que bien des personnes n’ont
pas voulu demander à être inscrites
sur la liste des électeurs; c’est
aussi, pour d’autres,, parce qu’elles
s’insurgent contre tout ce qui est
nouveau ou qui a l’apparence de
l’être. Du reste, Synode, Table,
Consistoires, tout ce qu’ils font et
ce qu’ils décident, tout cela n’a
pas une vraie autorité pour un
grand nombre. Parlez-nous du prêteur, du syndic, du procureur du
roi, surtout des gendarmes; voilà
les vraies autorités ; elles viennent
d’en bas.
Les Consistoires qui ont pris à
tâche d’appliquer le réglement de
3
-(83)
la paroisse ont ainsi en à lutter
contre bien des préjugés; mais quelques-uns d’entre eux n’ont pas paru
bien persuadés de l’utilité, de la
bonté, de la convenance et de l’opportunité de la nouvelle loi, aussi
ne se sont-ils pas donné beaucoup
de peine pour la faire comprendre
et apprécier de leurs troupeaux ;
d’autres se sont rendu la tâche encore plus facile, et en opposition
avec la lettre et l’esprit de la loi,
ils ont inscrit au régistre des électeurs tous les hommes âgés de 25
ans, sans les prévenir et sans leur
demander leur consentement ; naturellement personne n’a réclamé;
et l’on n’a rien su, tout d’abord,
de ce qui se passait dans ces paroisses à cet égard. Mais nous
avons pu nous assurer que, même
des personnes absentes depuis des
années, sont portées sur ces listes
et, avec elles, bon nombre de personnes mortes depuis long temps.
Noos pensons qu’il y a bien des
régistres de menibres de la paroisse
et surtout des régistres électoraux
qui laissent à désirer ; nous savons
aussi, par une expérience récente,
qu’il y a des paroisses où l’on ne
comprend rien à la distinction
entre vaudois et membre de l’Eglise, entre membre de la Commune
et électeur ecclésiastique. Conseil
et Consistoire, c’est tout un. Tout
est dans tout, comme disait un
philosophe, — chaos, cohue, confusion; voilà ce que la Table a
trouvé dernièrement dans une de
nos paroisses, et ce qu’elle trouverait probablement dans telle autre, dans des circonstances analogues. — Dans l’intérêt de l’ordre
par conséquent, afin qu’on sache
où il y a la paroisse et où elle
n’est pas; dans un intérêt plus
grand encore, dans celui d’encourager les convictions individuelles
et de distinguer entre citoyen et
membre de l’Eglise, entre vaudois
et chrétien, ne craignons pas de
chercher à faire comprendre à
nos compatriotes notre constitution
ecclésiastique et les réglements
que nos Synodes ont pris la peine
de nous donner.
INAUGURATION
de la Société Biblique llalieniie
ROME. — La Capitale d’abord, ensuite
l’Eeo délia Verilà nous ont apporté le
compte-rendu détaillé de la séance qui a
eu lieu à Rome, le 5 mars dernier, pour
l’inauguration de la Société Biblique italienne. Nous avons eu une nouvelle preuve
de l’intérêt que portent les membres de
notre Eglise à cette institution dans l’empressement avec lequel un grand nombre
d’entre aux sont intervenus à une assemblée qui a eu lieu, jeudi dernier, à la
Tour dans le but de faire connaître ce qui
avait été dit à Rome lundi soir.
Une Société Biblique est fondée à Rome;
voilà, au point de vue religieux, l’un des
événements les plus remarquables de nos
jours. C’est dans la cité des papes que
cette oeuvre est établie, et aura son centre
d’activité. Que dirait Pie IV? Appuyé, dit
la Semaine religieuse, sur les décisions
du Concile de Trente, ce pontife déclara
que « quiconque, sans une permission
particulière, aurait la présomption de lire
ou de posséder les Ecritures, ne pourrait
obtenir l’absolption de ses péchés ». Et
sans remonter bien haut dans l’histoire,
que dirait Grégoire XVI qui a condamné
les Sociétés Bibliques comme des pestes
dangereuses? Que doit dire le pape actuel, lui qui, par son Syllabus et par la
proclamation de son infaillibilité, a voulu
se mettre au dessus de l'autorité divine
des Ecritures, et qui, à peine de retour
de Gaeta en 1849, a fait confisquer et
4
-(84)
Dfûler 5000 exemplaires du Nouveau-Testament , imprimés pendant son absence
par ügo Bassi ?
La fondation d’une Société Biblique à
Rome est un fait réjouissant pour toutes
les Eglises Evangéliques; mais aucune d’elles n’a autant de motifs d’en remercier
le Seigneur comme la petite Eglise des
Vallées. C’est pourquoi nous nous faisons
un devoir de donner à nos lecteurs le
plus de détails, qu’il nous est possible ,
sur la séance remarquable du 5 Mars.
Le local choisi, pour cette assemblée,
était le théâtre Argentina ou une salle
de ce théâtre. Ce fut un vrai dommage
que l’on n’ait pu avoir un local plus
spacieux ; car tous les journaux de Rome
sont unanimes à constater qu’une foule
immense se présenta aux portes, une
heure avant l’ouverture do la séance,
mais la plupart durent rester dehors,
faute de place. — « Je n’aurais jamais
cru, dit la Liberté que tant do monde serait accouru à la salle Argentina. Qui ne
l’a pas vu, ne peut s’en faire une idée.
La salle était remplie, de manière qu’il
n’aurait plus pu y entrer un grain de millet; mais la plupart étaient ^dehors, par
l’escalier, par les corriders, sur la place,
et se plaignaient de ne pouvoir entrer
et murraüraient de ce qu’on n’avait pas
choisi une salle plus grande. J’ai entendu
dire à un romain : « C’était au Colisée
qu’on devait aller et non pas ici ». La
Capitale afiirme aussi n’avoir jamais vu
une telle presse ». Si la .salle avait contenu 10000 personnes, elle se serait remplie en un instant ».
On voya^ dans l’assemblée plusieurs
messieurs et plusieurs dames, des américains et des anglais, un bon nombre de
romains. Nous voudrions que la Capitale
eût raison quand elle dit : « Les romains
sentent que la question religieuse, celle
de la Bible en particulier,*est le côté faible de nos ennemis; que c’est sur ce
point qu’il faut les battre, et ils ne se
trompent pas en faisant de l’Evangile,
leur propre bannière; c’est avec cette
arme que la papauté sera vaincue. — Le
peuple romain a reconnu par intuition
la signification immense de eette événement bien plus important que la discus»
sion religieuse. C’est pour cela qu’il est
accouru en si grand nombre au lieu de
l’inauguration de la Société Biblique ».
Vers 7 heures l'Amiral Fishbourne ouvrit la séance. La figure, belle, grave ,
sereine du président, fit une profonde
impression sur toute l’assemblée. M. J.
P. Pons, évangéliste vaudois, fit une fervente prière, puis le président donna la
parole à M. J. Wall secrétaire de la Société.
Discours du rev. M. Wall.
Le'Comité de la Société Biblique, dit-il,
ne peut pas donner un rapport complet,
parcequ’il n’est que provisoire et qu’il
n’existe que depuis peu de temps. Il se
borne maintenant à vous indiquer le but
de la Société et les moyens de le réaliser.
Le but est la conversion des hommes par
le moyen de la diffusion de la Bible qui
est un miroir dans lequel apparaît le portrait du fils de Dieu. La Bible est une
lampe qui éclaire à la fois cette vie et
l’éternité. Que cette lampe soit aussi allumée en Italie et les nuages de la superstition seront dissipés. La Bible est une
semence spirituelle.
Un autre but do la Société est de rendre plus visible l’unité de cœur qui existe
entre les chrétiens. La Bible est le centre
de cette unité; elle est le drapeau autour
duquel se serrent tous les fidèles. La Société Biblique de Rome libre, capitale d’Italie, envoie une salutation aux Sociétés
d’Allemagne, d’Angleterre et d’.Amérique.
Les moyens d’action pour atteindre le
but sont les suivants :
L’argent recueilli sera .dépensé en [Italie, à l’achat de la Bible.
La Société commence avec un fonds de
deux mille francs. Nous espérons que les
dons, qsendant cette première année, s’élèveront à 25000 francs. Nous avons une
offre de francs 250Q. ■'
Disdours de l’Amiral Fishbourne.
Chers amis,
Tai écrit ce que j’ai à vous dire, parceque je ne connais pas assez votre belle
langue pour la parler avec facilité
J’occupe la présidence de la Société Biblique Italienne, non parceque nous pen-
5
-(85)
sons que l’intervention des étrangers soit
nécessaire, mais simplement parceque
nous n’avons pas encore trouvé un italien qui veuille accepter cette charge.
Comme l’Italie a produit plusieurs grands
et excellents hommes je ne doute pas
qu’il ne se trouve parmi nous quelqu’un
de plus apte que moi pour cette charge.
Le but de cette Société est de faire
avancer, d’accord avec la Société Biblique Britannique et étrangère, la dissémination do la parole de Dieu sans notes
et sans commentaires, parceque pendant
que les opinions des commentateurs se
rapprochent, tantôt plus tantôt moins, de
la vérité et so modifient avec les progrès
de la science, la parole de Dieu est la
vérité pour tous les hommes, pour tous
les pays et pour tous les temps. — C’est
pourquoi il nous est ordonné de n’y rien
ajouter et de n’en rien retrancher (Dent.
IVJ.
L’orateur montre ensuite par des exemples et des faits frappants, dans quel
esprit d’humilité et de simplicité enfantine
nous devons recevoir la parole de Dieu.
Puis il ajoute : « Nous répandrons les
Saintes Ecritures en faisant des dons aux
écoles , aux malades dans les hôpitaux,
et aux groupes do chrétiens isolés qui
voudront se réunir pour l’étudier. Nous
engagerons les personnes aisées à se procurer des Bibles et à en donner à ceux
qui ne peuvent pas les acheter, et [nous
inviterons ceux qui savent lire à en faire
la lecture à ceux qui ne savent pas.
Nous engagerons comme eu Angleterre,
des milliers de personnes à collecter, de
temps en temps, parmi les pauvres quelques centimes afin que. eux aussi, puissent contribuer à la diffusion de la parole
de Dieu.
Un prince fit un jour demander à la
reine Victoria quel était le secret de la
grandeur de l’Angleterre. La reine lui envoya une Bible et lui fit répondre que ce
livre était la cause do la puissance de
son royaume. — Si nous avons la liberté
civile et religieuse, s’il y a chez nous
quelque honnêteté, si nous jouissons du
bonheur domestique et national, certainement tout cela procède du fait que nous
avons pendant longtemps cherché à met
tre notre vio et nos lois en harmonie avec
tes principes de Ce livre divin. — Quoique plusieurs parmi nous ne respectent
pas suffisamment la Bible, comme le vice
lui-même rend hommage à la vertu, ils
subissent jusqu’à un certain point l’influence de ses saints préceptes. Nous appartenons à diverses nations et à plusieurs
dénominations cbrétienues , mais admettant que chacun peut conserver consciensemeot ses convictions particulières, dans
les choses qui ne sont pas essentielles,
nous croyons et nous proclamons, d’un
commun accord, la vérité qui est en Jésus-Christ (Acten IV. 3S).
Malgré les difl’érences qui divisent nos
dénominations, nous voulons démontrer
que la vraie unité est celle de la foi au
Seigueur Jésus-Christ, produite par la puissance du Saint-Esprit.
Nous sommes ici pour rendre témoignage aux merveilles accomplies par l’étude de ce livre qui exerce la même influence dans le palais et dans les cabanes,
dans les campagnes et dans les cités.
La parole de Dieu répand dans le cœur
du chrétien la paix, la consolation et l’espérance; elle le remplit d’une confiance
inébranlable, au moment de la mort, et
lui procure la gloire éternelle. Nous vous
invitons à profiter toujours d’avantage de
ces admirables bénédictions (appiatidissements).
Discours de M. le ministre Rïbet.
Le premier sujet à traiter ce soir est
le suivant : Cette sodété reçoit l'Ecriture
Sainte comme inspirée de Dieu, et reconnaît son autorité en matière de foi. Mais
je dois auparavant m’acquitter d’un autre
mandat. Je suis chargé, de la part de l’ancienne Eglise Vaudoise, de présenter ses
félicitations à la Société Biblique Italienne,
et de lui manifester l’intérêt très sincère
qu’elle prend à son œuvre. L’Eglise vaudoise est la plus ancienne société biblique
qui existe au monde. Quand il n’y avait
pas encore d'imprimerie, ses ministres allaient porter, en personne, la parole do
Dieu, non seulement d’une extrémité à
l’autre de noire Italie, mais jusqu’en
France et en Allemagne. Quand, à cau.se
des persécutions, on ne pouvait pas écrire,
6
-Î80)
ces ministres évangéliques portaient la
Bible écrite au dedans d’eux-mômes. C’étaient pour ainsi dire des bibles ambulantes. Ils apprenaient les Saintes Ecritures
par cœur dans leur école de théologie de
Pra du Tour, dans la vallée d’Angrogne,
de sorte que, si tons les exemplaires de la
Bible s’étaient perdus, ils auraient pu le
recomposer de mémoire. Ce sont eux qui
ont fait imprimer en Suisse, au commencement du 16’ siècle, la première Bible
française, en dépensant 1500 écus d’or,
somme énorme pour ces temps, surtout
si l’on considère qu’elle était fournie par
le petit peuple vaudois, qui était pauvre
et continuellement persécuté. Il n’y a donc
rien d’étounant que maintenant les vandois se réjouissent de ce que, à Rome
même, d’oü sont parties les persécutions
contre eux, il se fonde une société pour
la diffusion de la Bible, avec le secours
d’étrangers qui y coopèrent d’une manière
efficace. Nous sommes convaincus, comme
l’étaient nos pères, que la Bible est véritablement la parole de Dieu. Comment les
premiers chrétiens auraient-ils pu endurer
les persécutions de Dioclétien s’ils n’avaient pas eu la parole de Dieu? C’est
aussi grâce à cette môme parole que nos
pères vaudois ont pu résister à toutes les
persécutions des papes; et aujourd’hui encore ils sont prêts à donner leur vie plutôt
que de se laisser arracher la Bible. —
D’autres orateurs plus éloquents que moi
prendront la parole ; pour moi je suis
heureux d’apporter à la Société Biblique
italienne les salutations de l’Ancienne Eglise des Vallées du Piémont » {grands
applaiidissements ).
M. le ministre Cote prend la parole
pour introduire le consul américain de
Shangaï qui présente à la naissante Société italienne les salutations des églises
de la Chine. Après quelques mots de ce
consul, M. Yates, le président donne la
parole à M. Bruce, agent en. Italie de la
Société Biblique de Londres.
M. Bruce donne des détails intéressants
sur l’impression de la première Bible latine à Metz et à Rome en 1475, sous les
auspices de Tévôque Andréas et dü pape
Paul II, dont l’une des distractions consistait à visiter l’imprimerie des deux frères
Maximis. Mais Pie IX, quatre siècles plus
tard, parle avec mépris « de l’art moderne
de l’imprimerie, parceque les protestants,
avec le secours des Sociétés Bibliques qui
ont été depuis longtemps condamnées par
le Saint Siège, n’ont pas honte de répandre les Saintes Ecritures traduites eu langue
vulgaire, sans se conformer à la règle de
l’Eglise ».
L’orateur parle ensuite des diverses sociétés bibliques et donne des détails sur
la Société Biblique britannique et étrangère dont il est l’agent pour l’Italie. Cette
société a été, dit-il, fondée en 1804. Les
commencements furent très humbles. Son
budget, pour la première année, ne s’éleva qu’à la somme d’environ 17000 francs;
mais, en 1870, elle a pu dépenser, pour
la diffusion de la Bible, dans les différentes
partie du monde 4 millions et 700 mille
francs. Dans ses soixante et quelques années d’existence, elle a dépensé 177 millions de francs. En Italie en particulier,
comme ailleurs du reste, les Bibles sont
vendues au moyen de colporteurs. Les
italiens n’ont pas dépensé moins de 270
mille francs pour l’achat du saint Livre.
Pendant la dernière année, nous avons
pu, dit l’orateur, répandre dans ce pays
26,000 exemplaires de la Bible, du Nouveau Testament et plus de 23.000 portions
des Ecritures, en tout 50.000 volumes environ. — La Société Biblique a publié la
Bible en 200 langues ou dialectes différents. Des eft’orts sont faits, de nos jours
encore, poilr détruire la Bible et étouffer
la vérité ; mais ces efforts ont toujours
été et seront toujours vains, « car toute
chair est comme l’herbe et toute sa gloire
comme la fleur de l’herbe ; l’herbe est
séchée et sa fleur est tombée ; mais la
parole de Dieu demeure éternellement et
c’est cette parole qui vous a été évangélisée ».
Après M. Bruce le président donne la
parole au père Hyacinthe. A une'telle annonce l’a.ssemblée éclate en applaudissements enthousiastes. Le. père Hyacinthe
se présente devant l’assemblée. C’est un
homme de stature moyenne, d’une physionomie ouverte et sympathique. Dès que
les applaudissements prolongés le lui per-
7
-(8rr).
mettent, il commence a parler en français. Sa parole est sonoro, facile, éloquente,
passionnée. ! A suivre ).
0orresponbfïnce.
Rio Marina, Elbe, 6 mars 1872.
Monsieur le Rédacteur,
Je viens de recevoir par la poste quelques pages intitulées: La question d'Angrogne jugée par la population du lieu ,
et signées par une petite douzaine de personnes parmi lesquelles figure « Bonnet
Etienne ».
Faites moi l’amitié de croire qu’il ne
s’agit pas de moi. Je suis loin de partager
les idées exposées dans ce libelle, et je
n’ai pas d’encre pour les signer.
Votre tout dévoué
Etiennb Bonnet évangéliste.
Nous venons de recevoir la lettre suivante que nous publions, en en recommandant le contenu à l’attention do nos
lecteurs ;
Guastalla, le 11 mars 1872.
Monsieur le Rédacteur,
Au cas oü je no prenne pas la place
qu’un autre aurait certes occupé avec plus
d’utilité, et si vous jugez ma proposition
convenable, veuillez bien publier, dans
votre feuille, ces quelques lignes:
Tout d’abord je suis heureux d’apprendre
que mes frères des Vallées aient salué
avec joie l’institution de la Société Biblique
italienne. — Certes c’était une nouvelle
bien propre à réjouir tout cœur véritablement chrétien. — Les vaudois ont été
et sont encore le peuple de la Bible. Et
les enfants de ceux qui ont payé 1500 louis
d’or pour faire imprimer la première Bible,
munirent, d’après *l’Ec/io», qu’ils savent
encore, malgré leur pauvreté, donner
pour répandre la connaissance du Livre
de Dieu.
L’évènement est trop important pour
que nous ne lui fassions pas une large
place dans nos pensées et dans nos prières. Vaudois, nous connaissons quel était
l’attachement de nos pères à l’Evangile.
Et c’est à cause de leur amour pour la
Parole de Dieu qu’ils ont été persécutés
massacrés et exilés. De Rome émanaient,
les décrets de persécution, à Rome se
signaient les sentences de mort et, dans
la ville des papes, plusieurs dé nos pères
ont été exécutés.
Aujourd’hui à Rome sous les yeux mémo
du pape se forme une société' biblique ,
qui compte dans son sein deux de nos
pasteurs vaudois. De Rome dorénavant la
Parole de Dieu se répandra dans notre
chère et belle patrie.
Mais cette belle institution a plus besoin
de nos prières (lue de notre argent. « Au
» reste, mes frères, priez pourj nous, a» fin que. la parole du Seigneur ait un
» cours libre, et qu’elle soit glorifié par» tout comme elle l’est parmi vous » {2,
Tess. III. 1).
Je proposerais donc une réunion do
prières, en faveur do la Société biblique
italienne, pour le soir du 24 courant. Le
matin, nous célébrerons l’anniversaire de
l’entrée de notre Sauveur à Jérusalem et
le soir nous crierons è Dieu, de tous les
coins d’Italie, de bénir son Evangile qui
a pénétré dans notre chère capitale.
El cet Evangile entre les mains de ceux
qui n’ont d’antre but que de faire connaître
aux italiens le plus beau des livres, avec
le concours de nos prières, sera toujours
X l'a puissance de Dieu, pour le salut do
» tous ceux qui croient » (Romains 116).
Je suis sûr que ceux qui ont pour devise « Lux lucet in tenebris » démontreront, par de ferventes prières, une fois
de plus leur sincère et fidèle attachement
à la Bible.
Agréez,
Jean Pons Evangéliste.
Chronique politique.
Italie. La Chambre des députés a
discuté le projet de loi pour la parification des Universités de Padoue et de Rome
et l’a adopté; elle a passé ensuite à la
question financière qui l’occupera longtemps.
France. M Fournier, nommé ministre de la République française auprès
du Gouvernement italien, est arrive de
Stockolm à Paris, et se dispose à partir
pour sa nouvelle distination.
Angleterr»©. La .solennelle journée
d’actions de grâces pour le rétablissement
du prince de Galles a eu lieu à Londres
avec un éclat et un ensemble vraiment
imposants. Les rues par lesquelles devait
passer le cortège royal étaient richement
r ornées. Des milliers, peut-être des millions do personnes, acclamèrent la reine
et le prince de Galles. L’Angleterre a confessé publiquement, par un tel fait, sa foi
dans ie Oiea qui envoie la maladie et la
8
-m
guérison. Elle a donné un témoignage de
son attachement à la famille royale, et
peut-être surtout au principe monarchique.
C'était une occasion unique qui s’offrait
à elle de protester contre les tendances
anarchiques qui se sont manifestées, ces
derniers temps, et dans le Royaume-Uni
et au dehors.
Allemagne. La loi sur l'inspection
des écoles a été discutée dans la Chambre
des Seigneurs en Prusse. Le ministre Falk
a insisté auprès de l’Assemblée sur la nécessité de l’adoption du projet, tel qu’il
a déjà été voté par la chambre des députés. Les abus dont le clergé catholique
s’est rendu coupable ont motivé la présentation de cette loi et son urgence. M. de
Bismarck est aussi monté sur la brèche
pour défendre son œuvre et l’on assure
que l.e roi lui-même n’a pas dédaigné d’appeler aùprès de lui ses vieux amis les
conservateurs luthériens et du parti féodal,
f»our les engager à ne pas s’opposer à cette
oi. Aussi la Chambre des Seigneurs l’at-elle adoptée à une très forte majorité.
Biiltarest. Un journal de Vienne
raconte le massacre terrible dont les juifs
de la Valachie et surtout ceux de la ville
de CahuI ont été les victimes. Le nombre
des personnes égorgées s’élève à 70. Plusieurs habitations d’Israélites ont été pillées
ou brûlées.
Espagne. A en croire les journaux
des différents partis, l’Espagne est à la
veille de la guerre civile. «Guerre à mort!
Guerre à outrance ! Sang et feu ! Point de
pardon à l’ennemi ! » Voilà comment peuvent se résumer les proclamations, les articles des principales feuilles publiques.
Les radicaux, les républicains les carlistes
et les alphonsistes se sont unis contre le
ministère Sagasta et contre la dynastie do
don Amédée. Le Times ne voit rien de sérieux dans toutes ces fureurs de journalistes. Les populations sont tranquilles et
jamais la ville de Madrid n’a été aussi brillante. Le jour des élections des Cortès
approche, et avec lui la solution de la
crise.
SOUSCRIPTIONS
EN FAVEOR
de la Sociélë Bibliqne italienne
Liste précédente Fr. 319 05
M. B, Muston I*. > 5
Du Villar. — J. Albarea » 50
}. Salomon » 1
SOUSCRIPTION
POUR LES PORTRAITS DU DOCT. STEWART
Liste précédente Fr. 665 15
P. Gay étudiant » 2
M. B. Muston » 5
______________________Total Fr. 672 15
SOUSCRIPTION
POUR LES INCENDIÉS D’aNGROONE
Liste précédente Fr. 36
M. B. Muston de Paris » 5
Total Fr. 325 65
Total Fr. 41
RECENSEMENT 1872.
La Toxxrr
1. Agriculteurs et laboureurs . . 578
2. Ecoliers et étudiants .... 527
3. Ouvriers dans les filatures et les
moulins de soie..................598
4. Ouvriers dans les fabriques de
coton et de laine................ 86
5. Journaliers .....................111
6. Sans profession (y compris les
enfants au dessous de 5 ans et
les femmes......................1461
7. Négociants, marchands, ministres
de la religion, professeurs, maîtres d’école etc. ..... 640
Evangéliques
Catholiques .
Total . 4001
Religion.
hommes femmes
1144 1080
777 1000
Total . 1921 2080 :r= 4001
S. Oei?malii :
Population
Etat civil
Evangéliques
Catholiques
! ' . Total
. . . . 1138
hommes femmes
546 592 = 1138
Religion.
394 431 = 825
152 161 = 313
546 592 = 1138
Envers-Eortes :
Total de la population . . 658
hommes femmes
Etat civil . . 330 328 = 658
Religion
Evangéliques , 216 201 = 417
Catholiques . . 114 127 = 241
Total
330 328 = 658
E. Malan Directeur-Çérant.
Piguerol, Impr. CÉiantore.