1
Année XXXYÎÎ.
18 Juillet 1902.
N. 24.
L’ÉCHO DES VALLÉES
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S’adresser pour la Rédaction à M. N. Toum, prof., Torre Pellice,
et pour l’Administration à M. Jean Jalla, prof., Torre Pellice.‘2
Tout changement d’adresse coûte 15 centimes, sauf ceux du commencement de l’année.
Que toutes les choses vraies, honnêtes, justes, pures, aimables..... dignes de louange, occupent vos pensées. (Phil. IV, 8).
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SOMMAIRE :
Heureux présage — Les leçons du soleil — Questions morales et sociales
— Concurrence religieuse — Clironique
— Nouvelles et faits divers .— Variétés
— Nouvelles politiques et autres —
Annonces.
HEUREUX PRÉSAGE
Notre amour propre national éprouve une vive satisfaction en voyant
l’accueil enthousiaste que l’empereur
et le peuple de la Russie ont fait à
notre auguste souverain et les témoignages de sympathie et d’estime
qu’ ils donnent à notre pays. Notre
joie serait mêlée d’appréhension et
de crainte si la visite de Victor Emmanuel ni au Gzar était le prélude
d’une alliance au sens ordinaire du
mot, car on sait ce que cela peut
impliquer. Mais nul ne saurait se
tromper sur le caractère de cette
visite, qui sera suivie d’autres visites
aux principales cours européennes.
Elle n’a pas un caractère politique :
la presse de l’Europe est presque
unanime à l’affirmer. Mais elle n’en
a pas moins une signification bien
claire. C’ est que l’Italie ne désire
qu’une chose : vivre en paix et en
bonne harmonie avec toutes les puissances et employer toute son influence en faveur du maintien de In
paix. En commençant la série de ses
visites par la Russie, ailiée de ia
France, le Roi donne le plus solennel
démenti à ceux qui osent encore
mettre en doute le caractère pacifique
de la Triple Alliance et confirme d’une
manière éclatante les récentes déclarations de Delcassé à la Chambre
française sur le rôle de l’Italie dans
cette Alliance.
L’existence de la Double et de la
Triple Alliances ne signifie donc plus
que r Europe est divisée en deux
camps, l’un contro l’altro armato.
L’Italie, en particulier, n’est nullement
empêchée par le traité qui 1’ unit à
l’Allemagne et à l’Autriche, de vivre
dans les relations les plurt cordiales
avec les autres puissances. Tout montre que tel est le but du Roi et de
son gouvernement, ce dont nous nous
réjouissons du fond du cœur.
Ce n’est pas que le tableau soit
sans ombres. Nous ne parlons pas
de la légère mauvaise humeiir d’une
partie dé la presse autrichienne de ce
que Vienne n’est pas comprise dans
le programme des visites royales. La
cause de cettfe exclusion est si connue
que nos alliés devraient bien s’étonner s’il en était autrement. Nous ne
voulons pas non plus nous oft'usquer,
dans nos sentiments pacifiques, de
ce qu’ un des principaux spectacles
que le Czar offre à l’admiration de
son hôte auguste est une grande
revue militaire, qu’un des plus grands
titres d’honneur qu’il lui décerne, est
de le nommer « propriétaire » d’un
régiment de dragons. Il viendra le
temps où un souverain honorera un
autre souverain en lui faisant visiter
les principaux établissements d’industrie, d’instruction ou de bienfaisance et admirer les fruits du travail
persévérant de son peuple plutôt que
la belle tenue de son armée. Mais
nous n’y sommes pas encore.
L’ombre noire, elle est là-haut dans
un coin du vaste empire où habite
une population des plus paisibles, des
plus laborieuses et des plus fidèles
que le Czar ait jamais eues parmi
ses sujets, et qu’il a privée des droits
anxquels elle tenaient le plus et qui
lui avaient été garantis avec serment
par trois générations de Czars — et
par lui-même ! Les malheurs de la
Finlande ont suscité un courant de
sympathie dansitoute l’Europe. Une
supplique rédigée dans les termes
les plus respectueux et signée des
hommes les plus illustres de tous les
pays, 1050 signatures, a été adressée,
il y a quelques années déjà, à Sa
Majesté. Une commission de six hommes des pins remarquahlegi par leur
caractère et leurs talents a été chargée de la lui présenter, — Elle n’a pas
même été reçue.
La pensée de la Finlanda amènera
sans doute plus d’une fois un voile
de tristesse sur le front de S. M. Victor Emmanuel. On aimerait à penser
qu’un mot, un geste, une allusion
faite à un moment favorable pût faire
rentrer en lui-même le puissant monarque. Mais qui oserait l’espérer?
Appelons de nos vœux le temps
où les idées proclamées à La Haye il
y trois ans, à la suite d’une noble
initiative de ce même Czar, auront
leur entier accomplissement. En attendant réjouissons-nous de ce que
la visite de Peterhof et de S.t Pétersbourg semble être l’heureux présage d’une ère de paix pour l’Europe
en général, de tranquillité et de progrès pour notre patrie en particulier.
V. T.
les leçons du soleil
Le soleil nous invite à louer l’Eternel. Louez VEternel ! Louez-le, soleil et
lune (Ps. 148, 3). Le soleil loue son
Créateur tant par sa clarté que par sa
chaleur et les précieux produits dus
à son action sur la terre que nous
habitons. Ce n’est pas un langage, ce
ne sont pas des paroles dont le son
ne soit point entendu ; leur retentissement parcourt toute la terre, leurs
accents vont aux extrémités du monde.
Quiconque est tant soit peu attentif
à considérer les œuvres de Dieu comprendra son invitation éloquentè et
persévérante.
Du soleil levant au soleil couchant, le
nom de l’Eternel est digne d’être loué
(Ps. Il3, 3) Les prédicateurs de l’Evangile n’ont pas encore parcouru tout
le monde habité et même la Bible,
quoiqu’elle parle maintenant aux hommes* en 400 langues différentes, n’a
pas pu encore faire retentir sa voix
dans toutes les contrées éclairées et
réchauffées par le soleil. Les peuples
anciens qui n’avaient jamais entendu
parler du Dieu créateur avaient été
si fortement saisis par la splendeur des
astres et par les bienfaits que les rayons
du soleil répandaient sur toute la face
de la terre qu’ils se prosternaient devant l’armée des deux pour lui rendre un culte. Dans leur reconnaissance
aveugle ils avaient consacré chaque
jour de la semaine à l’un de ces mondes brillants que le Dieu de gloire a
lancés dans l’immensité de l’espace et
le premier jour s’appelait jour du soleil. Ce jour a été par les chrétiens
appelé jour du Seigneur, le soleil de
justice ; les autres jours de la semaine
portent encore le nom de la lune, de
mars, de mercure, de jupiter, de vénus.
Sans doute ces noms d’origine idolâtre ne nous empêchent pas d’adorer
et de servir, jour après jour, le Dieu
qui a fait le soleil la lune et les étoiles. Mais le faisons-nous en vérité et
en intégrité ?
Jeunes hommes et jeunes filles, vieillards
et enfants louez le nom de V Eternel.
(Ps. 148, 12)
Le soleil nous rappelle, chaque jour,
que nous devons aimer tous les hommes comme notre Père Céleste les
aime. Car U fait lever son soleil sur les
méchants et sur les bons (Matth. 5, 45).
lœ soleil qui nous éclaire et qui fait
mûrir les produits de la ferte qui nous
servent de nonrnture est appelé le
soleil de Dieu, son soleil. C’est lui qui
l’a créé, c’est lui qui le possède en sa
seule puissance et c’est lui qui le gouverne. Le soleil nous redit chaque
jour, que Dieu nous aime ; il nous a
aimés lorsque nous étions ses ennemis,
il aime ceux qui le sont encore présentement, et il leur accorde tous les
bienfaits temporels dont son soleil est
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Toutes les fois que nous voyons le
soleil se lever sur nous, cet agréable
messager nous dit de la part de notre
Père céleste : Aime ton prochain, aime
ton ennemi, fais du bien à ceux qui
te haïssent. Et tant que le soleil luit
sur nous nous ne pourrons pas haïr
notre frère ; ce qui est une œuvre de
ténèbres.
Le lever du soleil nous apporte l’amour dans ses rayons et son coucher
emporte toute colère qui aurait pu
agiter nos cœurs dans nos relations
avec nos semblables. Que le soleil ne se
couche pas sur votre colère (Eph. 4, 26),
Ainsi nos journées sont heureuses et
nos nuits paisibles.
Il est vrai que quelquefois le soleil
consume toute végétation et frappe de
mort celui qui est exposé à ses rayons
brûlants. Dans ces jours d’épreuve prenons seulement garde que la semence
de la parole de Dieu qui a été semée
dans nos cœurs ne soit brûlée et qu’elle
ne sèche (Matth. 13, 6). Car l’Eternel
qui a fait les cieux et la terre ne permettra point que son pied soit ébranlé.
UEternel est ton ombre à ta main droite.
Pendant le iour le soleil ne te frappera
point. (Ps. 121, 5).
Ce que le soleil est pour nos corps
et pour la terre que nous habitons
Dieu l’est pour nos âmes et pour la
nouvelle terre où la justice habite.
Mais pour vous qui craignez mon nom,
se lèvera le soleil de la justice et la guérison sera dans ses rayons. (Mal. 4, 2).
Par cette image le prophète désigne
l’Eternel dans son apparition en JésusChrist, la lumière du monde qui est
venue éclairer et réchauffer nos âmes
par l’Evangile du salut et de la vie
éternelle.
Soleil de justice, salut des pécheurs !
D’nii regard propice, réjouis nos cœurs.
Répands dans nos âmes la paix, la santé
Et les pures flammes de ta charité,
L’Eternel Dieu est un soleil (Ps. 84, 12)
Le Dieu de la grâce qui est aussi
celui de la création est un soleil source
de vie de lumière et de force pour le
cœur du croyant, « Ceux qui aiment
l’Eternel sont comme le soleil, quand
U paraît dans sa force ».
Alors les justes resplendiront comme le
soleil dans le royaume de leur Père. (Matth.
13. 43)- Le temps va arriver où les
enfants du Père céleste, qui fait lever
son soleil sur les méchants et sur les
bons, seront parfaits dans 1’ amour
comme leur Père céleste est parfait ;
alors eux-mêmes seront rendus participants de la gloire divine pour l’éternité.
Il existe une correspondance intime
entre le bien moral et le principe lu
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mineux dans l’ordre physique. La gloire
c’est la splendeur de la sainteté. C’est
pourquoi le séjour des rachetés parvenus à la perfection est appelé le
pays de la lumière et eux portent, dès
maintenant, le nom d’enfants de lu
miere.
L’Eternel sera pour toi une lumière
éternelle, et ton Dieu sera ta gloire ;
ton soleil ne se couchera plus, et les
jours de ton deuil auront pris fin. Ton
peuple ne comptera que des justes.
(Es. 6o). — La ville n'a besoin ni du
soleil, ni de la lune pour l'éclairer et
l'Agneau est son flambeau.... il n'y aura
point de nuit. (Apoc. 21, 23, 26).
«Souviens-toi de ton Créateur pendant les jours de ta jeunesse, avant
que viennent les jours mauvais et qu’arrivent les années dont tu diras ; Je n’y
prends point de plaisir ! avant que
s’obscurcisse le soleil. »
h.
PSTIOKS MORALES ET SOCIALES
l’avidité, l’hypocrisie, l’égoïsme et la
vaine gloire ».
Jeux barbares.
La morale de la guerre.
On a vu, encore à l’occasion des dernières guerres, beaucoup de chrétiens
prendre parti pour 1’ « impérialisme » et
justifier plus ou moins ouvertement la
guerre de conquête, et l’on peut dire
qu’ils forment encore une faible minorité,
même parmi les chrétiens, ceux qui
professent fermement et logiquement le
principe qu’il n’y a cgx'une morale, et
que ce qui est criminel chez les individus ne saurait être jugé autrement
chez les peuples. On croit facilement
que le patriotisme exige que l’on approuve son propre gouvernement dans
tout ce qu’il fait pour la « grandeur »
de son pays. Ce n’est pas l’avis de l’excellente revue The Nation, de NewYork. Voici ce qu’éqrivait dernièrement
dans cette revue un membre de l’Eglise
épiscopale des Etats-Unis, à propos de
la conquête des Philippines :
« Les ecclésiastiques de toute dénomination, paraissent suivre l’impérialisme, parce que les Philippines seront
assurément un si beau champ de travail pour les missionnaires ! Mais ces
révérends Messieurs se souviennent-ils
de cette injonction : Tu ne feras pas
de mal pour qu’il en résulte du bien ?
et n’oublient-ils pas que c’est l’exemple plus que le précepte qui rend un
enseignement efficace ! Les Philippins
profiteront des leçons que nous leur
donnons ; ils en tireront les conséquences jusqu’au bout.
« Mensonge, ruse, trahison, cruauté,
voilà les admirables leçons de choses
que nous leur avons exposées et démontrées jusqu’à l’évidence; et ces
Malais qui ont la religion de la vengeance les garderont dans leur cœur.
Quand, pour trente pièces d’argent ou
vingt millions de dollars — la somme
n’y fait rien, le principe est tout —
nous avons acheté et trahi le sang
innocent, vendu notre honneur national, blessé la vérité et la justice dont
nous professons d’être les amis, nous
nous sommes rendu impossible tout
vrai travail missionnaire. Pour ce travail nous avons fermé nos lèvres et
lié nos mains. C’est chez nous désormais qu’il faut le faire, en arrachant
la poutre qui est dans notre œil, enessayant d’atteindre à ce courage qui
appelle les choses par leur nom, qui
juge en droiture, et qui, sous les termes spécieux de « patriotisme et d’expansion », dévoile ce qui s’y cache :
Tout récemment, lisons-nous dans
VAmi des Bêtes, la Chambre belge eut
à s’occuper d’un combat de coqs auquel la gendarmerie elle-même, en tenue d’ordonnance et en service commandé, avait pris un plaisir extrême.
Dans la même séance, un député
signala la hideuse cérémonie du tapage
du veau.
On suspend un veau par une patte.
Les joueurs, à tour de rôle, s’avancent
vers lui et, armés d’un bâton, s’appliquent à lui casser la patte; le plaisir
de cet ignoble sport consiste dans les
cris et les contorsions du veau. Tandis
que la malheureuse victime clame sa
souffrance, la foule et les concurrents
rient aux éclats.
Il y a certains villages wallons, où
l’on raffine ces scènes atroces. On enterre une oie vivante, de façon que le
cou et la tête dépassent seuls, à ras
du sol. Puis, un grand sabre à la main,
on joue à colin-maillard, à qui réussira
à trancher d’un seul effort la tête de
l’oie.
La partie généralement se prolonge,
le sabre, vieille arme de rebut, entaille
le cou de 1’ oiseau, couvre ce tronçon
vivant de blessures horribles. Mais
l’oie a la vie dure. Et rien n’est plus
atroce que de voir cette tête et ce
coup sans corps, qui se tordent tout
sanglants, tout pantelants, en mouvements convulsifs désespérés.
Ces jeux barbares, qui rappellent les
temps les plus corrompus de la Rome
impériale, sont malheureusement l’un
des plaisirs favoris du peuple, non seulement en Belgique mais de toute une
région du nord de la P'rance, où ils
donnent souvent lieu à des scènes révoltantes. C’est ainsi que tout dernièrement, à Dijon, à une course de taureaux, le public demandait qu’on mît
à mort une pauvre bête qui excitait,
tant elle était lamentable, la pitié du
toréador lui-même ; et, comme on ne
cédait pas à ses instances, elle a tout
saccagé dans le cirque. Cela ramène
au temps où les spectateurs du Colisée
exigeaient, par un geste de leur main,
que le César livrât les martyrs à la
férocité des lions et des aurochs. Les
romains du bas empire n’aimaient pas
non plus qu’on les privât des jouissances que la vue du sang répandu
procure aux natures dégradées ou inférieures.
« Et notez, dit le correspondant du
.Journal de Genève, que nous avons eu
de ces tueries aux portes mêmes de
Paris. Pourquoi les a-t-on permises ?
On veut donc que nous en prenions le
goût ? »
Quelques chrétiens ont entrepris une
vigoureuse campagne contre ces spectacles dégradants. A leur tête M. le
pasteur Elle Gounelle. Puissent leurs
efforts être couronnés de succès.
Traite des blanches.
garantit 1’ authenticité, sans nommer
cependant la ville où il s’est passé.
Dernièrement, dit-il, une de ces nombreuses sociétés qui s’occupent de la
protection de la jeune fille et qui luttent contre ce qu’on appelle avec raison la traite des blanches, se trouvait
réunie à X. Ces messieurs et ces_, dames, après avoir terminé la séance,
s’étaient rendus à l’hôtel de la « CroixBleue » pour y prendre le dîner en
commun. Comme on était peu nombreux — on n’est jamais nombreux
quand il s’agit de faire le bien, et c’est
dommage — on s’installa tout simplement à table d’hôte. Du reste, à la
«Croix-Bleue»... n’était-on pas en famille ?
A peine les membres de la ligue
avaient-ils pris place autour de la table que l’attention de l’un d’entre eux
fut éveillée par une grosse dame à l’air
respectable qui paraissait absorbée dans
la béate contemplation de la soupière
fumante.
— «J’ai déjà vu cette tête-là quelque part, se disait-il en passant une
assiette à sa voisine. »
Tout à coup, il se frappa le front,
il venait de reconnaître une des plus
dangereuses marchandes de chair humaine ! Incontinent, il fit part de sa
découverte à sa voisine, et la nouvelle
courut autour de la table grâce à la
complicité des serviettes, et tous les
regards se portèrent sur la louve à
figure béate. I.es bêtes féroces ne peuvent supporter longtemps le regard
de l’homme, c’est un phénomène attesté
par tous les savants depuis longtemps.
La louve baissa la tête, poussa un
soupir, en jetant à la dérobée un dernier coup d’œil au potage qui fumait
toujours, feignit de se rappeler soudainement quelque chose de très important et s’ éclipsa en froufroutant
derrière les chaises indignées. Cinq
minutes après, elle avait quitté l’hôtel.
Prendre la « Croix-Bleue » pour un
quartier général d’operations évidemment ignobles, voilà qui dépasse les
bornes ! Combien de pauvres mouches
sont venues se faire prendre à la toile
de cette venimeuse araignée, c’est probablement ce qu’on ne saura jamais.
Puisse le congrès de Paris aboutir
à quelques mesures efficaces contre
l’infâme trafic, qui prend des proportions de plus en plus alarmantes.
iiliillilil lïlililiil
Un congrès international est réuni
en ce moment même à Paris pour
s’occuper de la répression de l’infâme
trafic connu sous le nom significatif
de traite des blanches.
Voici, à ce sujet, un fait qui montre
jusqu’où va l’audace de ces abominables trafiquants de chair humaine qui
essayent de tendre leui's filets même
dans les endroits où l’on s’attendrait
le moins à les rencontrer. Il est raconté par le National suisse, qui en
M. Yves Guyot a développé, dans
son ouvrage publié l’année dernière
sous le titre : Le Bilan Social et politique
de l’Eglise, ses idées sur la nécessité de
de la concurrence religieuse, déjà exposées il y a trois ans, dans le Siècle.
Quelques courtes citations intéresseront
nos lecteurs.
M. Yves Guyot veut l’annulation du
Concordat et la séparation des Eglises
et de l’Etat. Il propose que les frais de
culte soient à la charge des communes
et que le gouvernement renonce, en
faveur de celles-ci, aux crédits affectés
à cet objet.
« Que ce soit ce système ou un autre
qu’on adopte, ajoute-t-il, le but à poursuivre, c'est d’établir, contre l’Eglise catholique actuelle, la possibilité de la con-currence religieuse.
« Les adversaires de cette solution ne
se placent qu’à un point de vue. Ils
croient que le Concordat supprimé et
la liberté des cultes proclamée, il ne
reste en face les uns des autres que les
catholiques et les libres penseurs, et
alors ils disent : — Un peuple ne peut
se passer de religion, et les catholiques,
seront plus puissant que jamais.
« Libre penseur, je reconnais que les
libres penseurs ne sont qu’une minorité.
Il est indéniable que la grande majorité des hommes éprouvent le besoin
d’être unis par un lien religieux. Mais
n’y a-t-il donc pour les nations civilisées d’autre religion que la religion
catholiques? M. Hyacinthe Loyson n’a-t-il
pas montré, dans la belle étude publiée
par le Siècle, la chute des nations catholique? M. Emile de Laveleye n’avaitil pas fait une constatation semblable
dans son étude sur l’Avenir des nations
catholiques ?....
Si on compare leur situation avec
celle des nations protestantes, une conclusion s’impose : la France a tout à
perdre en restant catholique et tout à gagner
en devenant protestante.
« Le protestantisme n’a pas un syllabus étroit dans lequel chacun est
obligé de passer. Il revêt toutes les formes, il s’adapte à toutes les intelligences.
«A ceux qui demandent: «Que mettez-vous à la place du catholicime » ?
la réponse est toute prête : « Le Protestantisme » !
« Si le système de la séparation des
Eglises et de l’Etat a effrayé tant de
personnes en France, c’est que la question n’avait été posée devant l’opinion
qu’entre le catholicisme et la libre
pensée.
« Pourquoi, nous, libres penseurs, ne
serions-nous pas les premiers à la poser
autrement et à remplacer la formule de
Mirabeau : « Il faut déchristianiser la
France», par celle-ci: «Il faut décatholiciser la France ? »
« Nous voyons ce spectacle: l’homme
est libre penseur, mais il fait apprendre
le catéchisme à ses enfants: de là, une
contradiction démoralisante pour l’enfant
qui se voit obligé de faire des actes de
foi à des objets de raillerie pour son
père.
« Ce libre penseur se marie à l’église,
se fait enterrer à l’église: sa femme va
tout au moins à la messe, sinon à confesse ; ses filles sont souvent élevées au
couvent et pratiquent. Tout est confusion et contradiction. L’homme qui
ne peut faire la séparation du catholicisme et de sa famille est actuellement
le plus ferme soutien de l’Eglise.
« Mais que la religion catholique cesse
d’être le culte officiel, chaque famille
sera incitée à faire un choix et aura à
sa disposition la forme de protestantisme
la plus conforme à sa conception. Elle
ne se croira plus obligée d’être catholique «pour avoir une religion», elle
saura qu’elle peut avoir une «autre religion », que le catholicisme...
CÎff^OjMIQlfk
La Tour. Une vingtaine de personnes, conseillers communaux, médecins, professeurs etc., se sont réunies
vendredi dernier à la Pension Bellevue,
sur l’invitation de M. Paul Meille, pour
s’entretenir d’un projet d’établissem.ent
de bains avec lavoir public à la Tour.
L’utilité d’un tel établissement est unanimément reconnue, mais la majorité
des présents sont d’avis qu’il faut viser,
non pas à une installation temporaire
pour les mois d’été seulement, comme
on en avait eu d’abord l’idée, mais à
un établissement permanent, qui soit
3
■5 —
ouvert toute l’année. Après une assez
longue discussion, on a décidé de nommer une commission d’étude pour continuer, avec M. Meille, l’examen de
Í* la question et former un projet définitif.
Font partie de la Commission MM.
le président de la Société d’Utilité publique, le président de la Commission
des Institutions hospitalières, les docteurs Canepa et Rivoir, les conseillers
Jahier, professeur, Eynard et Antojiiotti, les esercenti D. Chauvie et L.
Jourdan, et d’autres peut-être que nous
oublions en ce moment.
Nous faisons des vœux pour la réussite de ce projet qui'intéresse à un si
haut degré l’ygiène et la santé publique de notre petite ville.
Angrogne. Dimanche, au culte de
Il heures, présidé par M. le pasteur
C. A. Tron, modérateur adjoint, a eu
heu l’installation de M. Alexis Balmas
comme pasteur titulaire de la paroisse
à laquelle il a déjà consacré ses soins
pendant plus de dix ans en qualité de
second pasteur. Nous souhaitons à M.
Balmas une carrière longue et bénie
comme conducteur de cette église, et
nous souhaitons à celle-ci de pouvoir,
par les efforts unis et persévérants de
ses membres, continuer à jouir du ministère d’un second pasteur comme elle
en a joui depuis tantôt une vingtaine
d’années.
Saint Jean. Décès. Deux vieillards
connus et estimés dans la paroisse nous
ont été enlevés ces derniers temps ; c’est
d’abord barba Miu'is, mort à 87 ans, à
l’ensevelissement duquel Mr. le pasteur
Pascal de Pignerol a présidé le culte à
la maison ; et c’est maintenant barba
Jean Mor^glia de S.t Michel de Bibiana,
mort à 78 ans, et enseveli à Bibiana
le 15 courant. Que Dieu console les
familles éprouvées par ces deuils.
Le 13 courant la chaire a été occupée
par Mr Howard. Teofilo Gay de retour
de son voyage de collectes en Allemagne — Le Dimanche précédent c’était
Mr le prof. Rivoir qui l’occupait.
L’assemblée d’église tenue le 13 après
le sermon a approuvé le Rapport et
compte-rendu annuel du Consistoire et
a nommé comme député au Synode
MM. J. Long ancien et Henry Benech.
Villar. Elections. Parmi les conseillers
communaux qui ont été réélus dimanche dernier avec une belle votation,
nous signalons avec plaisir le nom de
notre frère le diacre François Giraudin,
juge de paix, ainsi que celui de notre
frère l’ancien J. Jacques Bonjour de la
Planta, et régent de ce même quartier.
Processions catholiques. — Chaque mois
presque toujours au second dimanche
du mois, le curé depuis plusieurs années
fait des processions, en passant le long
de la route provinciale, se souciant fort
peu des protestations faites sur les
journaux ou autrement. Je ne saurais
vous dire le but de ces processions,
aussi fréquentes puisqu’elle! *n’ont lieu
que dans ce pays-ici.
X.
Rodoi’et. Jeudi dernier, 10 juillet, un
grave accident a plongé dans la tristesse les habitants de notre petit vallon,
et ceux, en particulier, qui se trouvent
aux châlets de la Balme pour les mois
d’été.
Un jeune Vaudois de Chabran, Alexandre Salenc, rentrait sur le soir avec
le troupeau confié à ses soins, quand, en
traversant le pont, une de ses brebis
tomba dans le torrent. Le pauvre garçon, plein de courage, court à un endroit
que sa sagesse de 13 ans doit lui avoir
représenté comme propice au sauvetage,
s’élance dans le courant impétueux,
saisit sa brebis, la soulève.... mais pour
être, hélas ! transporté avec elle dans
le gouffre béant qui s’ouvre à ses pieds
et où se précipite l’eau bourbeuse et
mugissante du torrent qui vient d’être
énormément grossi par la fonte des
neiges et par l’orage!
La brebis fut bientôt retrouvée, quelques centaines de mètres plus bas, mais
le brave berger, auquel tout le monde
rend le meilleur témoignage, n’a pas
encore pu être retiré des gorges profondes qui l’ont englouti et cela en
dépit de la peine que nos gens — Catholiques et Vaudois également — se
sont donnée et des grands dangers qu’ils
ont bravés.
Hier, Dimanche, tout près de l’endroit
où notre jeune frère a trouvé sa mort,
nous avons eu une réunion où le recueillement et l’émotion étaient visibles
sur tous les visages de la nombreuse
assistance.
Que le Seigneur accompagne de ses bénédictions l’avertissement solennel qu’il
a fait descendre dans nos cœurs par
son Esprit et par sa Parole! Qu’il daigne consoler encore les chers parents
du défunt, et surtout cette grand’mcre
qui l’avait élevé et pour laquelle il avait
une touchaitte affection.
l.
NouYelles et faits divers
France. — Ça marche ; trois curés
ou abbés viennent de démissionner, ce
sont MM. Russacq, Motte et Lebel.
Cela produit un grand émoi au sein du
clergé et dans les hautes sphères ; il y
a de quoi.
. — Plus de 9000 suppressions de
traitements sont en ce moment-ci à
l’étude, dans les bureaux de la direction des cultes. Ces ennemis de la république apprendront probablement que
ce n’est pas en vain qu’on transgresse
la loi. Si on agissait ainsi en Italie,
nous n’aurions pas un si grand nombre d’ennemis.
— Belmont, près de Montauban, est
en révolution. L’Evêque veut transférer
le curé et les paroissiens s’y opposent.
Ou l’Evêque cède ou la commune passe
en masse au protestantisme car les
pasteurs de Montauban ont déjà été
pressentis ; c’est une fâcheuse impasse.
— Le Synode d’Anduze a été un
Synode de paix : Les partis se sont
rapprochés et il y a une entente louable. Le nouveau président de la commission permanente, M. Lächeret de
Paris, est un gage de paix entre les
différentes fractions de l’Eglise Réformée.
Hollande. Le dernier recensement
montre que la population catholique
des Pays Bas n’est plus que le 33
ou le 34 pour cent. Un organe catholique, recherchant les causes de
ce phénomène, l’attribue aux trois suivantes: diminution des catholiques dans
les grandes villes, où les conversions
au protestantisme sont nombreuses ;
pauvreté des provinces catholiques du
Brabant et du Limbourg ; enfin le célibat des clercs, dont il y a, tant réguliers que séculiers, 28000 en Hollande,
outre 2000 personnes à leur service,
ce qui représente à peu près 2 pour
cent du chiffre de la population catholique, car celle-ci s’élève à 1.800.000
âmes. Nous ne discutons pas les causes
de la diminution, nous constatons un
fait très significatif. Ici, certes, ce n’est
pas la liberté qui manque !
Suisse. Les vieux catholiques ont
tenu leur Synode à Soleure où un temple a été inauguré. Le Synode comptait 52 laïques et 32 ecclésiastiques.
L’Evêque Herzog, qui a célébré récemment son jubilé, a présenté le rapport annuel, auquel nous empruntons
les données suivantes : Il y a eu 726
confirmations, 778 baptêmes, 204 mariages et 521 services funèbres. C’est
réjouissant, et nous n’ avons qu’ à remercier Dieu de ce mouvement béni
au sein du catholicisme. Ah ! si toutes
les œuvres étaient sérieuses comme
celles des vieux catholiques dirigées
par l’évêque Herzog !
Angleterre. Les catholiques voudraient une Sainte, toute trouvée dans
la reine Marie Stuart. Le pape oserat-il la canoniser ? Ce n’ est pas le courage qui manque ; dans tous les cas
Jeanne d’Arc serait dix fois plus sainte
que la reine d’Ecosse et elle attend
toujours.
Etats-Unis. L’assemblée générale de
l’Eglise Presbytérienne des Etats-Unis
s’est tenue à la fin de Mai, à NewYork. Elle a célébré le centenaire de
son œuvre de révision intérieure et
voté d’importantes décisions relatives
à la révision de sa confession de- foi.
Le président Roosevelt, qui appartient
à l’église réformée hollandaise, est venu
tout exprès de Washington pour honorer l’assemblée de sa visite. La salle
de Carnegee Hall, où on l’a reçu dans
une séance spéciale, était remplie de
4000 auditeurs. Les 1500 autres venus
trop tard sont entrés dans une église
voisine, où le président Roosevélt n’a
pas craint de se rendre également et
de prononcer un second discours. Heureuse Amérique avec un tel président
qui sait parlujr de Dieu.
C. A. Tron.
France. M. le Dr Legrain raconte l’a,necdote suivante : Il avait pressé un alcoolique d’abandonner les spiritueux et
de ne boire que de l’eau, lui disant
que depuis que lui-même s’était mis à
ce régime il se portait à merveille. —
Si vous allez bien, vous autres bourgeois, répond l’ouvrier sceptique, c’est
que vos caves sont bien garnies. — Je
vous mets au défi, reprend le docteur,
de trouver chez moi une goutte d’alcool, quel que soit le moment où vous
veniez. — A quelque temps de là, M.
Legrain recevait quelques amis à dîner;
on vient le prévenir qu’un homme le
demande ; c’était notre alcoolique qui,
sous un prétexte quelconque, venait
pour prendre le docteur en défaut.
Aussitôt on le fait entrer dans la salle
à manger: des carafes pleines d’une
eau claire et limpide s’alignaient devant
les convives, pas une goutte de vin,
pas une goutte d’alcool....C’était donc
vrai que le bourgeois prêchait d’exemple ! Notre homme n’en croyait pas ses
yeux, et il ne trouva que cette phrase:
« Eh bien, je ne l’aurais jamais cru !...»
Un curé du Médoc, visité l’an dernier
par un colporteur, discuta d’abord avec
lui, puis lui acheta un Nouveu Testament.
Le soir, il vint le trouver et lui acheta
cent Nouveux Testaments, s’engageant à
les répandre dans son troupeau. Quelque
temps après il en demanda cent autres.
Il encouragea ses paroissiens à apporter
leurs Nouveaux Testaments à l’église et
à lire chez eux la portion qui précède
ou suit celle qui a été lue du haut de
la chaire.
Autriche. Les protestants de Salzbourg viennent de renouveler une association appelée Salzbund ou ligue
du sel et présidée par le professeur
Dick. L’almanach publié par la Société
de Gustave Adolphe, à Dresde, raconte en détail l’origine du Salzbund.
En 1731, le comte de Firmian, prince
évêque de Salzbourg fit venir 6000
pandours pour convertir ses sujets protestants. Le 5 Août 1731, cent paysans
Salzbourgeois, délégués par 50 villages,
se réunirent avant l’aurore dans une
ferme isolée dans la Vallée de Schwarzach. Chacun posa la main gauche sur
la Bible, plongea l’index de la main
droite dans une écuelle remplie de sel,
lécha un peu de sel et jura de rester
fidèle à l’Evangile en dépit de toutes
les persécutions. Nourris de lectures
bibliques, les protestants connaissaient
les passages de l’Evangile relatifs au
sel (Matth. V, 13, Marc IX, 48). Dans
l’anc. Testament, tout sacrifice était
accompagné de sel et l’alliance avec
Dieu était appelée le Salzbund. Cette
population héroïque fut fidèle à son
serment. 30.000 Salzbourgeois partirent,
abandonnant leurs maisons et leurs
terres et n’emportant que leur Evangile.
Mille enfants leur furent arrachés pour
être enfermés dans les couvents. Les
émigrés furent de précieux éléments
de colonisation pour la Prusse Orientale, les Etats-Unis, le Cap et le Transvaal.
V 1 Jv iS ÍS
Roger Hollará et Taine.
A l’occasion du décès du M. Roger
Hollard, on a rappelé les relations que
le regretté pasteur du Luxembourg eut
avec le célèbre philosophe Hippolyte
Taine.
« H. Taine, dit la Semaine religieuse
dans l’intéressant article biographique
qu’elle consacre à Roger Hollard, avait
pour ami intime M. E. Boutmy, de
l’Institut, qui, ayant épousé une fille
du pasteur Bersier, était devenu, par
cette alliance, le neveu du pasteur Hollard. Un jour, le philosophe alla voir
l’oncle de son ami et lui dit que, tout
en ayant rompu, pour sa part, avec le
christianisme, il désirait faire donner à
ses enfants une instruction religieuse.
La lecture du catéchisme en usage dans
le diocèse de Paris l’avait convaincu
qu’il ne pouvait pas, en bonne conscience, soumettre l’esprit des siens à
une telle discipline; il songeait donc à
confier ses enfants à un pasteur réformé,
mais il voulait, tout d’abord, savoir ce
que ce pasteur leur enseignerait. M.
Hollard mit entre les mains de son
interlocuteur le Cours de Beligion chrétienne de M. Ch. Babut, dont il se servait alors. Taine revint quelques jours
plus tard chez le pasteur du Luxembourg et lui dit que cette religion-là,
sans être la sienne, lui convenait pour
ses enfants. Il conduisit dès lors luimême, chaque semaine, sa fille au cours
de M. Hollard, assistant quelquefois aux
leçons et s’en faisant lire les résumés.
Ce fut ensuite le tour du fils. Et quand
l’éminent philosophe mourut, ce fut,
selon ses dernières volontés, M. Hollard
qui présida ses obsèques à Paris, tandis
4
que M. le pasteur Noyer, d’Annecy,
était appelé à célébrer le service funèbre
à Menthon-Saint-Bernard».
Un dessert mistérieux.
Un riche négociant avait invité ses
amis à diner pour célébrer son anniversaire de naissance. Sa femme se
proposait de régaler les convives de
truites, fort rares et recherchée à ce
moment-là; mais il lui dit: Non, ma
conscience s’oppose a pareille prodigalité, alors que tant d’ouvriers forcés de
chômer, souffrent de la faim. On se
passa donc de truites et le repas n’en
fut pas moins gai. Mais voilà qu’au dessert on servit un légumier soigneusement couvert; tous les regards se fixèrent sur ce plat mystérieux. La airprise fut grande, lorsqu’on enleva le couvercle et qu’on aperçut vingt beaux écus
de cinq francs tout neufs. Ma femme
avait l’intention de vous offrir des truites,
dit le négociant; je l’en ai détournée
à ¡cause des privations que la classe
ouvrière endure actuellement. L’argent
sera mieux employé, si chacun de vous
emporte une de ces pièces pour réjouir
un malheureux de sa connaissance. —•
Mes amis, servez-vous.
On fit passer le légumier ; mais chacun des vingt convives, au lieu d’y
puiser, plongea au contraire la main
dans la poche pour en retirer cinq francs
qu’il déposa dans cette tirelire d’un
nouveau genre. On réunit ainsi la jolie
somme de deux cents francs, qui fut
aussitôt ¡distribuée pour soulager bien
des misères et pour sécher bien des
larmes.
Allez, et faites de même.
C. P.
(Courrier du Dimanche).
NOÜYELLES POLITIßüES ET AUTRES
Les événements politiques n’abondent
pas. En l’absence momentanée de notre
collaborateur de la Berne, nous nous
contentons de glaner dans les journaux
quelques nouvelles.
D’abord, un vrai désastre pour la ville
de Venise : désastre artistique seulement,
et qui n’a pas fait de victimes humaines,
mais qui n’en est pas moins douloureux,
non seulement pour la ville de la lagune,
mais pour toute l’Italie. La tour de SaintMarc, un des monuments les plus grandioses et les plus anciens (elle fut commencée en 888 et achevée en 1329) s’est
écroulée lundi matin à 9 h. Ii2. Depuis
quelques jours déjà on s’était aperçu
qu’elle était en danger. Une commission d’ingénieurs avait reconnu qu’il était
urgent de l’étayer. Les travaux étaient
commencés. À 9 heures les ingénieurs
étaient sur place donnant les dispositions
pour les travaux, lorsque l’architecte
Rupolo s’aperçut du danger imminent
et donna l’alarme. On eut heureusement
le temps de faire évacuer les boutiques
placées sous les procuratie et de former
un cordon pour empêcher que personne
ne s’approchât. A 9 h. Ii2 la tour s’écroula avec un fracas énorme. La célèbre
loge de Sansovino a été ensevelie sous
les décombres, le palais royal a été
assez gravement endommagé, et 1’ on
craint que même la Basilique de SaintMarc n’ait gravement souffert. On comprend la douleur des Vénitiens, qui ne
peuvent concevoir une Venise Sans son
campanile de Saint-Marc. Aussi parle-toa d’en entreprendre aussitôt la reconstruction, par souscription publique.
Lord Salisbury a donné sa démission
de premier ministre et a été remplacé
par M. Balfour. A la Chambre des Communes le nouveau chef du Ministère a
été accueilli par de vifs et unanimes
applaudissements. Il a déclaré que le
changement de ministère n’amènerait pas
de changement dans la politique.
L’état de santé du Roi Edouard continue à être aussi satisfaisant qu’on pouvait l’espérer. Pour hâter la convalescence on l’a transporté sur une voiture
d’ambulance expressément construite à
la station Victoria et de là, dans un
wagon-salon, à Portsmouth, où il s’est embarqué sur le yacht royal Victoria and
Albert, pour l’île de Wigth.
On parle du 9 août comme date fixée
pour le couronnement.
Pendant que S. M. Victor Emmanuel
reçoit à Saint-Petersbourg l’accueil le
plus flatteur pour notre amour propre
national, un autre illustre Italien remporte
dans les mêmes contrées un succès qu’il
a bien mérité. L’infatigable Marconi, l’inventeur du télégraphe sans fils, a pu recevoir à Kronstadt, à bord du vaisseau,
Carlo Alberto, des télégrammes d’une
clarté parfaite venant de la Cornouaille,
à 1600 milles de distance. Le detector
mayneticum, récemment inventé par Marconi, fonctionne admirablement. L’illustre
inventeur espéré pouvoir bientôt télégraphier à n’importe quelle distance.
La première quinzaine de juillet a été
marquée, à peu près partout, par des
chaleurs caniculaires. A Paris à la grande
revue militaire qui a eu lieu à l’occasion
de la fête nationale du 14 juillet, des
centaines de soldats ont été frappés d’insolation, et quelques-uns en sont morts.
De grands orages ont éclaté en Suisse
et dans quelques parties de la France
le 9 et le 10 juillet. Une partie du Valais
a été inondée par les eaux du Rhône et de
quelques-uns de ses affluents, extraordinairement grossies par la fonte rapide
des neiges, exceptionnellement abondantes cette année.
L’Empereur d’Allemagne voyage vers
le nord, sur les bords de la Norvège. Le
10 courant il arrivait à Odde, et comme
l’ex président du Ministère français, M.
Waldeck-Rousseau, se trouvait, à bord
de VAriane, dans les mêmes eaux, avec
M.Ménier propriétaire de l’Ariane, et d’autres français, S. M. les invita tous à dîner
à bord du Hohenzollern. Encore un bon
“ signe des temps
Une campagne sérieuse se mène depuis
quelque temps contre le duel. En Autriche on a fondé une ligue dans ce but.
En France la question est agitée par des
hommes de divers partis. Les uns voudraient que l’on employât la simple persuasion, d’autres demandent une législation sévère. Ils ont peut-être tous raison.
11 faut que l’opinion publique soit gagnée contre cette pratique barbare; mais
comme cela ne suffit pas, il faut de bonnes
lois pour la réprimer. En Belgique on y
a parfaitement réussi. Il a suffi de quel,
ques condamnations un peu sévère pour
faire rentrer dans leurs fourreaux les
épées des trop bouillants chevaliers. Qu’on
ait le courage de faire de même en
France, en Italie et ailleurs — et sans
égard pour la qualité ou le rang des
coupables, fussent-il ministres des affaires
étrangères.
COLLEGE
Prograniflie à Concours Iliirg'ess-Eiiiiiaird :
Histoire biblique : Israël au temps des
Juges (en français).
Latin ; de Catilinæ coniuratione, C. i
à 37. Traduction et notes (en italien).
Grec: Xenophon, Anab. liv. 3."'®, les
deux premiers chapitres. Tr-aduction et
analyse grammaticale (en italien).
Français : Racine. Notice biographique ; analyse des pippes suiy. : Iphigénie,
Esther, Athalie, les Plaideurs.
Histoire et géographie : Les Phéniciens
et leurs colonies (en français).
Nota. — Le concours aura lieu dans
la seconde moitié d’Octobre.
Torre Pellice, le 17 juillet 1902.
J.-P. PONS, Modérateur.
L’Aiui de la Jeunesse.
Sommaire du n. du ô Juin W02.
Ivan VI, Alfred Escouffier. — Un
romancier espagnol, Cervantes. Jehanne
iouquet. — Le désastre de la Martinique. — Maxime arabe. — Cholèpe ou
Bradype, Philomathe. — Un voleur nocturne, (suite), A. üussauze. — La consommotion du thé et du café. — Montagnes russes. — L’économique. — Sur
le nom de huguenot — I,'occasion —
Pensée.
Abonnement: France, 5 fr.; étranger,
5 fr. 25.
COMlll M Tûlll PILLICI
AVVISO DI CONCORSO
11 Sindaco infrascritto
Visto la deliberazione Consigliare 11
Settembre 1900 di nomina della Maestra
della Scuola Mista 2.a e 3a elementare
della Villa, in via provvisoria ai sensi
dell’art. 142 del Regolamento Generale
per l’istruzione elementare 9 Ottobre
1895;
Visto il verbale 14 Maggio p. p. con
cui il Consiglio Comunale prese atto
delle dimissioni rassegnate li 29 Aprile
u. s. dal Maestro della Scuola di Santa
Margherita;
Visto l’art. 127 del Regolamento sopracitato
NOTIFICA
Essere aperto il concorso ai seguenti
posti :
1. Di Maestro della Scuola Maschile
elementare di Santa Margherita, classificata di grado superiore rurale di i®
classe, cui va annesso lo stipendio annuo
di L. 1000 pagabile a rate bimestrali
posticipate, oltre l’alloggio.
2. Di Maestra della Scuola mista elementare della Villa, classificata di grado
inferiore, rurale di la classe, coll’annuo
stipendio di L. 800, pur pagabile a rate
posticipate, oltre l’alloggio.
Le domande degli aspiranti, redatte
su carta da L. 0,60 ed i documenti
tutti di cui è menzione all’articolo 128
N. 4 del citato Regolamento Generale,
dovranno esibirsi all’Ufficio Comunale
non più tardi del 31 Luglio p. v.
Il certificato medico, l’attestato di moralità e la fedina penale, dovranno essere dì data non anteriore agli ultimi
sei mesi.
Torre Pellice, 2 Giugno 1902.
Il Sindaco
I). Bertin,
N. 338
Nulla osta
Pinerolo, 16 Giugno 1908.
L’ Ispettore
Pochero.
COMUNE DI MASSELLO
Avviso di Concorso.
In seguito a decesso della titolare,
trovasi vacante pel prossimo venturo
biennio il po.sto di Maestra Elementare,
pella scuola femminile di questa comunità « 3.a rurale» collo stipendio di
L. 560, pagabile a bimestri maturati,
oltre r alloggio e 1’ eventuale sussidio
della Tavola Valdese.
Le concorrenti doyranno presentare
9.1 sottps.critt.o ,e pripia del Luglio
p. V. la domanda in C9,rta da L. p,6o
corredata dai documenti prescritti dalr art. 128 del Regolamento 9 Ottobre
1895.
Massello, il 10 Giugno 1902.
Il Sindaco
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Rassegna Settimanale
ROMA — Corso Umberto I, 219 — ROMA
Sommario del N. 31.
L’importanza militare deH’Italia per la
triplice alleanza — I caffè-concerto e i
music-halls — Il servizio militare negli
Stati europei — Sei mesi fra i briganti
— Il male dello scrivere — L’unione
postale della Germania con l’Olanda e
con la Svizzera — Appunti sulle amministrazioni comunali degli Stati Uniti d’America — L’ufficio dell’acqua nel corpo
umano — L’opera del ministro Millerand
Una nuova professione — Gli insetti
e la civiltà — Da una settimana
aul’ai,tra (Bip.) — Spigolature —
Fra LIBRI VECCHI e nuovi — Notizie
bibliognificlie — Et ab htc et ab hoc
— Rassegna settimanale d2lla
STAMPA: Il rispetto delle opere di autori
defunti — L’emigrazione tedesca nel 1901
— Le miniere d’oro del mondo — La
rappresentanza popolare — Il risparmio
popolare inglese e italianp.
Abbonamento annuo ; Italia L, le
— Estero L. 12,50.
J. Jalla, gérant-administrateur.
La Tour — Imprimerie Besson,