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Année Sixième.
5 Novembre 1880
N. 45
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
, ‘ Paraissant chaque Vendredi
Voiis m« témoins. Actes 1, S. Sui'ûantla tiérité avec la charité. Ep. î, 15,
PRIX D’ABBONNEMBNT PAR AN Italie . . L. 3 Tous les pays âe rUoioD de poste P . . ■ 6 Âmét'ujud ... >9 1 On s'obonne : Pour VJntérièur chez MM. les ! pasteurs et les libraires de j Torre Pellïce. 1 Pour TB'flciérigitr aü Bureau d'Ad' ministration. Un ou plusieurs numéros sépa- rés, demandés avant le ti- Y&ge 10 cent chacun. Annonces : ^5 centimes par ligne. Les envoiê d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur la Bureau de Pe- rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi: A la Direction du Témoin, Pomaretto (Pinerolc>) Italie. Pour TADMINISTRATION adresser ainsi : Ai'Administration du Tewoiw, Pomaretto l PineroloJ Italie
^oxnmàij^e.
Le Syhede de 18S0. •— Le pasleur prêche, l’Eglise ne doü-elie pas prêcher? —
Nos écoles de quartier. — La crise religieuse en Belgique, — Bibliographie, —
Soyons reconnàissafils.— Pinsées.— Berne
polùigm.
LE mm DE 188a
( Suite V. N. 44 )
Le bureau du Synode a été
chargé d’ouvrir un concours sur:
l'obligation imposée à chaque chrétien de contribuer systématiquement pour les œuvres de son église,
en proposant deux prix, l’un de
400, l’autre de 250 livres italiennés. Les' manuscrits devront être
remis avant le 1” juillet 1881 à
l’un des membres du jury qui
devra les apprécier et qui est composé de messieurs les pasteurs
Laotaret et J P. Meille^ et professeurs B. Trou et Charbonnier.
Nous voulons, avant tout, exprinaer ici notre très vive reconnaissance à l’ami dévoué et^ fidèle
auquel nous sommes redevables
de ce concours, puisque c’est lui
qui en a eu l’idée et qui a fourni
les moyens matériels de la réaliser.
Le jour où. elle tiendra à cœur à
la plupart des Vaudois autant qu’à
leur ami, nous pourronSj malgré
notre petitesse, accomplir de grandes choses. Ce ne sera pas alors
notre pauvreté proverbiale qui nous
en empêchera.
Reconnaissons après cela, qu’aucune question n’est plus actuelle
que celle que le concours nous
invite à étudier et qu'il importe
souverainement de la considérer
sous toutes ses faces et dans toutes
ses conséquences. — Il est vrai
que, nous reportant en arrière de
25 ou 30 anSi nous pouvons constater un certain progrès qu’il ne faut
pas déprécier ni surtout exagérer.
Nous nous souvenons du temps où
une collecte au nouvel an en faveur des pauvres» et de loin en
loin, une collecteuextraordinaire
pour soulager quelque grave infortune, étaient tout ce que l’ou
demandait de nos paroisses, et si
aujourd’hui le rapport de la Table
constate, pour les vallées seulement.
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une somme de plus de 11.000 fr ,
il est certes permis de se réjouir
de ce progrès, mais il n’y a pas
lieu de s’en glorifier comme d’une
chose merveilleuse. A supposer
que les 20.000 vaudois environ
qui peuplent nos Vallées aient
concouru à la formation de cette
somme, chacun d’eux n’aurait encore contribué que pour environ
cinquante centimes et qui oserait
dire que ce concours est sufiisant?
Sans parler des écoles paroissiales et de quartier, pour lesquelles nous recevons un subside
considérable de la Hollande, ne
.sait-on pas ( probablement on ne
s’inquiète pas trop de le savoir)
que l’entretien des pasteurs, du
Collège, de l’Ecole Normale, de
nos hôpitaux,de l’EcoleJSupérîeure
de jeunes filles et de l’Orphelinat,
exige une somme annuelle de quatre-vingt et quelques mille francs,
dont environ douze mille doivent
être cherchés et trouvés chaque
année? Et notre participation à
l’œuvre des missions au milieu
des peuples payens peut-elle demeurer stationnaire? Et cette évangélisation italienne que nous estimons avoir le droit de considérer
comme nous étant tout spécialement imposée, croirions-nous nous
être acquittés envers elle en maintenant à 2.000 livres notre, contribution pour un budget qui s’élève maintenant à plus de 250.000?
Nous avons bien “commencé,
quoique avec une lenteur plus que
prudente; malheur à nous si nous
nous arrêtions dès les premiers
pas ! Nous ne sommes pas fâchés
que les églises plus nombreuses,
plus riches et surtout plus vivantes ne nous perdent pas de vue
et que, nous voyant dans la détresse, elles accourent pour nous
secourir. Or, si elles ont l’œil sur
nous afin d’accourir à notre aide,
disons-nous bien qu’elles attendent
beaucoup de nous et qu’elles ne
sont nullement disposées à nous
décharger de nos propres obligations comme église évangélique,
ayant à cœur l’avancement du
règne de Dieu. Après avoir été
conduit par la main et soutenu
pendant les jours de sa faiblesse
et de son impuissance, l’enfant
doit apprendre à marcher tout
seul, encouragé par la voix de
son père ou de sa mère. Plus tard
cette voix si pleine de sollicitude
et d’autorité sera éteinte * et l’enfant devenu homme fait, marchera
sous sa propre responsabilité. —Nourri d’abord par le travail de
ses parents,11 mangera maintenantson pain à la sueur de son visage.
Il en a été ainsi pour la première
église chrétienne, celle que JésusChrist lui-même avait assemblée
autour de lui. Au moment de quitter cette poignée de disciples qui
lui étaient demeurés fidèles, Jésus
leur dit: »avez vous manqué de
» quelque chose pendant que j’ai
» été avec vous? » « De rien, Sei» gneur», lui repondirent-ils. «Mais
» maintenant, leur dit-il, que celui
» quia une bourse la'prenne etc. »
Si l’Eglise Vaudoise n’avait
d’autres besoins que ceux d’une
église, pareille par le nombre, il
n’y a nul doute qu’après l’avoir
soutenue aux jours de ses rudes
épreuves, la voyant en repos et
jouissant d’une prospérité matérielle supérieure à celle dont jouissaient leurs pères, supérieure aussi
à celle de beaucoup d’églises pro*
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^<^N.-..-iir.309*«
testantes, surtout de l’Allemagne,
ses amis n’eussent portes ailleurs
les dons de leur libéralité chrétienne. Ce qui lui vaut la continuation non interrompue des sympathies des chrétiens évangéliques du
monde entier , c’est le fait évident
à leurs yeux, que le Seigneur a
cônflé à cette église une oeuvre
qui est infiniment supérieure aux
forces dont il l’a revêtue, signe
évident qu’elle est un instrument
au moyen du quel d’autres églises
pourront manifester leur dévouement à la cause de l’Evangile.
Nous sommes honorés non pas
tant par le nom vénérable que
nous ont transmis nos pères, que
par l’œuvre à la quelle nous avons
mis la main. Voilà ce que nous
ne devons jamais oublier, et la
seule preuve acceptable que nous
puissions donner de ce sentiment
c’est un redoublement de zèle pour
le soutien de notre œuvre missionnaire italienne. C’est d’ailleurs
en semant abondamment dans ce
champ que nous moissonneroifs
plus abondamment aussi, et selon
le besoin, dans d’autres champs.
Ce n’est pas trop exiger, ni trop
attendre que d’espérer pour le
rapport de l’année prochaine un
chiffre double de celui de cette
année pour notre évangélisation.
Et pendant que notre très sé. rieuse sympathie pour notre œuvre
italienne se manifestera par des
dons beaucoup plus abondants,
nous n’oublierons pas les missions
au milieu des peuples payens. En
attendant que le temps vienne où
nous saurons témoigner notre intérêt à d’autres sociétés missionnaires celle de Paris à laquelle
nous avons depuis bien des années
associé notre très modeste concours, réclame de nous comme de
tous ses amis un concours plus
abondant qui lui permette non
seulement de couvrir son déficit
et de maintenir les stations déjà
établies, mais d'en fonder une
nouvelle sur les bords du Zambèze,
là où une récente visite de sOn
missionnaire, M. Coillart, a constaté qu’il serait urgent d’en avoir
une.
Voilà ce qu’il faut faire au
dehors; — quant à ce que les circonstances présentes exigent des
vaudois à l’intérieur même des
Vallées, dans chaque paroisse, et
pour les besoins généraux, nous
nous réservons de le leur dire
dans un prochain article.
Le pasteur prêche
i'Eglise UC deil-elle pas prêcher ?
I A. V i n e t ).
C’e?l une chose parfailemenl admise,
que le pasteur doit prêcher, et l’on
ne comprendrait pas un pasteur qui
ne serait pas capable de monter en
chaire et de prononcer un discours,
ou qui se refuserait à le faire. Tout
le ministère du pasteur n’esl pas dans
la prédication ou dans l’enseignement
public, naais c’est pour lui un devoir
essentiel, qui le distingue d’entre tous
les âiilres membres de l’Eglise. Mais
si, conformément aux ordres de la Parole de Dieu * il prêche la parole ,
insiste en temps et hors de temps, reprend , censure, exhorte avec toute
sorte de douceur, et en instruisant»,
est-ce que lui seul doit prêcher? Eslce que les autres membres de l’Eglise
doivent le laisser parlei' tout seul?
N’ovil-ils pas aussi le devoir d’ouvrir
la bouche et de proclamer la vérité?
— Cela peut être contesté dans l’église
romaine, mais non chez nous. Et nous
4
>360^
pensons qu’en ce monfienl, s’il élail
rapporté à «’importe lequel de nos
pasteurs qu’un Eldad et qu’un Médad
prophétisent, il repousserait toute proposition tendant à les empêcher et
dirait comme Moïse à Josué : Es-tu
jaloux pour moi? Plût à Dieu que tout
le peuple de l'Elernel. fût prophète ,
et que l’Eternel mît son Esprit sur
eqx. Nombres xi.
Mais si les pasteurs verraient volontiers des hommes se lever d’entre le
peuple pour prophétiser, c’est-à-dire
pour parler la vérité au nom de Dieu,
notre peuple n’a guère compris cela,
et ils sont assez rares parmi nous les
membres de nos églises, qui exhortent
leurs frères. Ce n'est pas que nous
désirions avoir beaucoup de docteurs,
ou maîtres ou rabbi. Jacques iii ,
Matth. XXIII qui ont la. maladie des
questions et des disputes de mots, qui
prétendent être docteurs de la loi ,
quoiqu’ils n'entendent point' ce qu’ils
disent, ni les choses qu’ils assurent
comme certaines. I Tim. i. Non, nous
voulons nous en garder de ceux-là.
Mais notre désir est d’avoir beaucoup
d’âmes, qui croient de cœur à justice.
et gui font confession de bouche a salut.
— Il est sans doute, de la plus haute
importance que la conduite du croyant
soit irrépréhensible , mais il ne doit
pas être muet ; s'il a cru , c’est son
devoir de parler. De là il résulte clairement, que si le pasteur prêche, l’Eglise, c’est-à-dire l’.Assetnblée de ceux
qui ont cru , doit aussi prêcher. La
Bible toute entière établit ce devoir:
que tout membre vivant de l’Eglise ,
fasse attention de ne point le négliger.
Que residrai-je à l'Elernel ? Tous scs
bienfaits sont sur moi. Je prendrai la
coupe des délivrances , et finvoquéroi
le nom de l’Eternel, Je rendrai maintenant wtes vœux à l'Elernel devant tout
son peuple. Psaume 110. "
Vous, êtes la race élue, vous êtes sacrificateurs et rois, la jîaitofî sainte ,
le peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celut qui vous a
appelés des ténèbres à sa merveilleuse
lumière. I Pierre ir.
Kos écoles de quartier
Nous avons dans notre premier, article beaucoup insisté sur l’importance
de nos écoles de quartier; celle conviction, Jointe à l’intérêt que nous leur
portons, noiis pousserait à examiner
maintenant en détail une foule de questions qui se rapportent à ce sujet.
Que de choses en effet n’y aurail-il
pas à dire sur le nombre des écoles
dans leurs rapports avec le chiffre de
la population, sur la position du locaj,
sur ses dimensions, sur la manière d’y
introduire la lumière, et d’y conserver
la chaleur, etc. etc., choses qui prises
séparément peuvent paraître insignifianles et qui cependant ont dans leur
ensemble une grande importance, vu
qu’elles forment ce que l’on appelle
Vhygiène scolaire, d’où dépend en partie
la bonne marche d’unô école quelconque. Mais ces questions, ainsi que
celles relatives au programme, à l’horaire, à ta méthode et aux manuels,
se rapportent à renseignement en général et gagnent à être discutées, plus
qii’ailteurs dans les conférences pedagogiques , qui à leur tour gagneraient
à descendre des hauteurs sereines, mais
arides de la théorie pour un terre-àtaVre pins vulgaire et plus pratique.
Ce qui nous semble être plutôt la lâche ■
d’un journal comme le nôtre , c’est
d’attirer l’attention des régents, sans
doute, mais surtout des parents sur
quelques obus qui se sont introduits
dans bien des écoles de quartier et
qui leur font plus de tort qu’on ne
pense.
Il n’est pas rare en effet, en entrant
dans telle de ces écoles destinées aux
plus petits , d’y Irauver des garçons
déjà grands ou des filles d’un certain
âge., lesquels, ce n’est pas le cas, y
font assez belle iigtire, mais qui figureraient encore mieux sur les bancs
de l’école paroissiale: c’est là qu’est
leur véritable place et les parents le
savent tout aussi bien. Pourquoi donc
continuent-ils à envoyer leurs enfants
à une école où, en bonne règle, ces
derniers n’onl plus rien à apprendre ?
Mystère, ou plutôt ce n’en est pas un:
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.361
il y a des pères qui redoulent les frais
d’écolaiie qui sonl nalurellemenl plus
élevés à la grand’école, sans être cependant bien redoutables pour leur
bourse. D’autres ne peuvent absolument pas se résoudre à se passer de
leur garçon ou de leur fille, même en
hiver, même quand ils n’en ont pas besoin; la neige recouvre les toits, les,près,
les champs, les bois ; Jean ou Jeanne
affronteraient volontiers le froid pour
aller passer la journée dans la salle
bien chauffée de l’école centrale, mais
on ne sait jamais ce qui peut arriver
et les précautions ne sont jamais de
trop ; il y aura sans doute des pommes
de terre à peler ou du bois à casser,
et il est prudent d’avoir Jean et Jeanne
sous la main. On les retient donc à
la maison, mais conitne ce serait conscience que de les priver absolument
de l’inslniction , on fait une transaction, vulgo on marchande, et pour
contenter tout le monde on les envoie
à l’école de quartier. Au fond personne
n’est content et celui qui le serait aurait grand torl.
Que résulle-l-il en effet de cela? Un
grand ma! pour l’élève tout d’abord,
il est là comme dépaysé et fait l’effet
d’un grand coq au milieu de petits
poussins •, il le sait et bien souvent il
en protite pour s’ériger en mailre sur
ses camarades plus faibles que lui. A la
grand’école il serait comme perdu dans
la foule, ici il domine, il joue au petit
tyran, et parfois, quand le régent est
jeune ou faible , il ne se gêne plus
avec lui et réussit parfois à faire de
l’école un petit royaume où il commande en maître. En tout cas il ressemble à un écureuil qui fait tourner
sa cage et tourne avec elle ; il n’a
plus rien à apprendre en ce lieu et
le temps qu’il y passe est perdu pour
lui, — Que si te maître s’occupe spécialement de lui pour le pousser en
avant et lui enseigner dé nouvelles
choses, le mal est plus graud encore
et c’est là ce qui arrive la plupart du
temps. Le régent, ennuyé parfois de
n’avoir que des bouëbes, est content
d’avoir un élève plus avancé, capable
de comprendre et avec lequel il peut
causer. El alors il s’attache à lui et
met beaucoup de soin à l’instruire ;
cet élève fera des progrès visibles ;
oui, mais tous les aiilres resteront en
arrière pour avoir été négligés au
profit d’un seul, et le maître lui-môme
aura perdu le goût pour l’enseignement plus humble et tout-â-fail élémentaire qu’il doit donner.
( à suivre ) H.
La crise religieuse en Belgique.
La crise religieuse a atteint une sin
gulière intensité en Belgique.
On sait que la loi sur l’instruction
primaire a été modifiée , par le parti
iibéra! qui est an pouvoir, de façon à
séparer l’école de féglise.
La loi enlève auîf ministres des cultes loule autorité sur l’instiluleiir et sur
l’école, mais avec une réserve importante: ces minisires sont aulorisés à
donner aux élèves dans le local même
de l’école, une instruction religieuse ,
aux jours et heures réservés à cet
effet.
C’est précisément ce qu’a demandé
un de nos Synodes officieux, dans le
cas ou la loi qui régit actuellement
la matière en finance, serait abrogée.
On sait que le clergé calholique
belge n’a pas acceplé la nouvelle législation. Il a ouvert des écoles libres
ce qui était son droit, et il a refusé
de donner l’instruction religieuse dans
les écoles laïques.
Aussi par dérogation à la loi, les
iiisiiiuleurs ont-ils été autorisés à enseigner le caléchisme de Malines. tls
ont été excommuniés, et le clergé calholique a entrepris conire eux une
campagne des plus violentes.
La liilte a été leüemenl vive, la passion que le clergé a déployée dans
cette affaire a été si ardente, que la
Chambre des députés a^ dû nommer
une commission d’enquête.
Aujourd’hui la lumière est faite:
l’enquêle a révélé les faits les plus
graves à la charge du clergé. ¡Non content d’installer, contrairement à la loi,
l’école dans le presbytère, et d’insulter le gouvernement, le curé de Bor-
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nimont chasse des bancs de l’église
tes enfants des écoles communales, et,
en plein catéchisme, il prononce l’injure la plus grossière contre une jeune
fille .appartenant à une famille libérale.
Un autre prêtre asperge abondamment d’eau bénite l’instituteur et l’institutrice laïques, à la grande joie, des
itssislanls. Un fils, poussé par le clergé
déclare à son père, qu’il n’ira pas à
l’école laïque et il s’enfuit de la maison
paternelle.
Ailleurs, on prend l’instituteur public
par la famine et on refuse de lui vendre
quoi que ce soit. Dans une autre localité, on ameute après lui les enfants
des écoles catholiques. Des femmes
quittent leurs maris parce qu’ils ne
veulent pas envoyer leurs enfants à ces
écoles.
Un vicaire est réprimandé pour avoir
prêché l’Evangile, au lieu d’attaquer
les libéraux. Un vieux curé se voit
excommunié et chassé du saint lieu
pour avoir donné Jes derniers sacrements à un instituteur laïque.
Nous'passons d’autres faits non moins
graves. L’effet de ces révélations n’était
pas douteux. Le clergé, se voyant dévoilé, pousse à la résistance. A Heule,
— mais dans cette localité seulement,
—■ le sang a coulé.
Ces faits portent en eux mêmes leurs
enseignements. Us montrent ce (ju’il
faut penser du beau zèle que les écrivains catholiques mettent à défendre
la liberté des pères de famille. Et ils
nous fournissent la preuve de celle
vérité, si souvent répétée mais trop
oubliée, que l’ultramontanisme crie à
la persécution dès qu’il n’a plus le
droit de dominer partout.
^Extrait du Christianisme au 19^ siècle).
^tbltojgraphte
La Discipline Ecclésiastique.
Tel e.'il le titre de l’excellent rapport
que M. le pasteur H. Bosio de Saint
Germain a présenté à notre dernier
Synode qui en a volé l’impression
et la diffusion la plus abondante possible, au sein des différentes paroisses
de l’Eglise Vaudoise et de ses stations
d’Evangélisation.
Celle brochure, d’une cinquantaine
de pages , environ, se subdivise en
trois parties se succédant dans l’ordre
le plus logique. La première contient
l’exposilion des Données Bibliques sur
le sujet. Six questions y sont successivement examinées : A) Vinslitulion
divine de la Discipline ecclésiastique ;
Zî,/ le but pour lequel le Seigneur l’a
instituée; D) qui doit être soumis à
la Discipline; C) quels sont \es moyens
disciplinaires qui s’accordent le mieux
avec ce but ; Ej par qui la discipline
doit être exercée; F) enfin, quels sont
les enseignements de l’Ecriture, sur la
réhabilitation du frère discipliné.
La seconde partie se compose d’un
Coup d’œil histoiuque sur la pratique
de la Discipline au sein de l’Eglise
Vaudoise depuis les temps qui ont
précédé le contact des Vaudois avec
les Réformateurs, jusqu’à nos jours,
et occupe à elle seule, les deux tiers
de la brochure.
La troisième partie, enfin, intitulée:
Qu’y a-t-il à faire ? Est le développemeql concis, mais pourtant complet
et marqué au coin d’une modération
et d’un sens pratiqué qu’on ne saurait
trop apprécier, de la question que
voici ; Etant donné l'étal actuel de l'Eglise Vaudoise, dans quelle mesure devradrQii, ou pourra t-on, en travaillant
à son relèvement se servir de la discipline ?
Une question intéressant au plus
haut degré notre Eglise et son relèvement, a donc été traitée, et, nous
pouvons dire sans flallerie, remarquautement traitée, et, — grâces à la décision du Synode de faire imprimer le
rapport auquel elle a donné lieu , —
portée à la connaissance de tous les
membres de l’Eglise qui s’intéressent
à ses destinées et en ont à cœur la
la prospérité. Que resle-l-il imainlenanl à_faire? •— Etudier celte question d'aussi près que possible ; examiner, avec loule rallenlion dont elle
est digne, la solution qui y est proposée ; et, si celte solution est,jugée
7
.363
bonne, s’appliquer sans relard, à la
traduire dans la pratique.
Et de celle étude qui devra donner
le premier l’exemple? — A notre avis
les Consistoires dans les Eglises des
Vallées, et les Conseils d’Eglise|, dans
les Eglises de l’Evangélisation. Que
chacun de ces Corps donc consacre
une ou plusieurs de ses séances à l’étude que nous nous permettons de
leur recommander; et quand il aura
abouti, pour son propre compte à des
conclusions, qu’il porte , à son tour
la question devant l’Assemblée générale
soit de la Paroisse , soit de la Congrégation , et provoque, au sein de
celle-ci, une élude semblable à celle
qu’il aura faite lui-même; et quand,
ici aussi, des conclusions auront été
adoptées, qu’il les communique à la
Table pour que celte administration
puisse, en temps voulu, les soumettre
au Synode, auquel seul il appartient
de so prononcer en dernier ressort ,
sur ce qu’il conviendra de faire.
Ce sera, en procédant de celte manière, que le travail de notre frère
portera, au protit de notre Eglise, les
fruits qu’il est juste que nous en attendions, et qui sont au fond du cœur
de tout bon vaudois.
Que si nous suivions une fois de
plus, dans cette circonstance, la voie
que nous n’avons que trop souvent
suivie, et qui consiste, —après avoir
bien parié, et, voire même, doctement
écrit sur une question, à ne faire que
cela, et à laisser les choses au même
point exactement où elles étaient auparavant , non seulement nous nous
rendrions coupables d’ingratitude envers le frère qui, pour l’amour de
nous, s’est soumis à un travail digne
au contraire de toute notre reconnaissance, mais nous proclamerions en
agissant ainsi, que toute amélioration
réelle, au sein de notre Eglise, est
chose absolument impossible et qu’il
est inutile de la tenter.
Ajoutons, en terminant, et pour engager chacun à se procurer cette brocluire, qu’elle ne coûte que la trèspetite somme de 15 centimes, ce qui
la met' à la portée même des moins
moyennés. J. P. Meille.
Soyons reconnaissants.
Pendant Tété de 1875j, raconte le
Christian Héralcl, la fille d’un pasteur
anglais, se jeta dans la mer au péril
de ses jours, et sauva deux dames qui
étaient en grand danger d’être noyées.
Ges deux dames s’en allèrent sans
même demander le nom de celle qui
les avait sauvées, pendant que celleci était évanouie à la suite des efforts
extraordinaires qu’elle avait faits. Voilà
cinq ans écoulés, et les deux dames
sauvées n’ont pas encore donné de
leurs nouvelles, et celle qui a exposé
sa vie pour elles n’a jamais recouvré
la santé depuis lors. Sa bonne action
peut ne pas être récompensée sur la
terre, mais le Seigneur l’a remarquée
et cela suffît. Ce trait nous montre
que nous devons faire le bien pour
le bien lui même, et que bien souvent nos semblables sont ingrats envers nous, presque autant que nous
le somme envers Dieu, Sa Parole divine nous dit pourtant à tous: Soyez
reconnaissants! (Colos. m.T8).
Pensées.
La liberté religieuse, est la liberté
de faire ce qui plaît à Dieu , ou du
moins ce que nous croyons qui plaît
à Dieu; c’est la liberté de le servir,
de remplir notre devoir non seulement
quand il nous plaît mais quand il nous
déplaît, en un mol, c’est la liberté d’obéir.
La liberté religieuse n’est p.is un
droit seulement], mais une nécessiié
impérieuse de la nature humaine. Elle
est loi avant de passer dans les lois.
Les codes des nations peuvent la pi oclamer, l’enregistrer; ils ne la font
pas être. Ils peuvent l’opprimer, il ne
la détruisent jamais.
Notre conscience n’est pas au nombre de ces biens dont nous pouvons
disposer à notre gré; la conscienca
n’est pas à nous elle n’est pas même
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nous', elle est une autorité qui réside
en nous; elle est l’organe de la divinité auprès de notre âme; elle est la
toi sujprôme, la loi des lois. Livrer la
conscience, c’est livrer Dieu.
Culte, rites, prédication, sont aussi
essentiels à la conviction religieuse ,
que la parole à la pensée, que la respiration à l’organisme des poumons,
que la pulsation au sang artériel.
Ma liberté est bonne, aussi longtemps qu’elle ne gêne pas la liberté
d’un autre; passé ce point elle est
mauvaise.
Quand la liberté religieuse est violée
quelle autre pourrait être sacrée ? Qui
respectera ma demeure, ayant violé le
sanctuaire*de mon âme? Qui s’abstiendra de nies biens ayant porté la main
sur mon plus précieux trésor ? Qui me
laissera mâîlrè de mes opinions, ne
rtv’ayant pas laissé obéir à ma conscience ? Cette liberté est la clef de la
voûte; avec elle tout tombe, tout s’écroule.
Un peuple ne peut pas se flatter
d’aimer ni de comprendre la liberté
en général, tant qu’il n’aime ni comprend la liberté de consciencé.
Ministres de l’Evangile, ce n’est pas
une industrie que vous exercez; mais
c’est un travail productif. Vos produits
sont immatériels; mais ce sont des
produits. Vous voulez produire pour
Dieu et pour l’élernilé. Voire production c’est le salut des âmes, et dans
ce monde déjà , le bonheur de l’humanité.
L’Eglise chrétienne est un missionnaire.
Même dans sa paroisse, un vrâi pasleur est missionnaire.
La véritable puissance dans ce monde
ce n’est pas l’auiorité. c’est l’influence.
L’influence est la reine du monde.
Quand on connaît la vérité, c’est
un devoir que de la dire. Faisons
notre devoir, écoule qui voudra, advienne que pourra;
On n’est maître de ses actions que
pour en faire des bonnes.
A. ViNET.
Mtaiie. — Cairoli et Déprétis sont
arrivés à Rome et ont convoqué un
conseils des ministres, où il a été
question de la position du ministère
et s’il convenait on non de le modifier avant la réunion des Chambres.
Déprelis voudrait des modifications
pendant que Cairoli né les croit pas
nécessaires.
Garibaldi s’est rendu à Milan pour
l’inauguration du monumenllàj|#e«ianfl.
Il y est entouré par tout l’étal major
républicain d'Italie, assisté de la présence des intransigeants français, représentés par Rochefort, Pain, etc. Garibaldi est à Milan l’objet des ovations
les plus excessives ; chevaux dételés ,
voilurê conduite à bpas d’hommes,
pendant deux heures à travers les rues
de notre capitale morate.
JPfanee, — L’exécution des décréls
contre les associalions, continue en
province; bientôt ce sera le tour de
Paris.
Allemagne. — La diète prussienne
a été ouverte par le comte Holberg
au nom de l’empereur.
Rasale. — Contrairement à tous
les bruits, la santé de l’empereur est
très bonne.
.A.iinotioe
On recherche six jeunes filles pour
une fabrique de tricots située à Prarustin, à la Barine.
S’adresser au propriétaire J. B.
Berton.
Ernest tiOBEKT, Gérant et Administrateur
Piguerol, lmp. Chiantore et Mascarelli.