1
Année HnUième.
PRIX D'ABBONNEMENT^PAR AN
Itaîîâ > . 3
Tous les i^ays de l'Union
de poa t# . , . » 6
Amérique ... >9
Ott s'nbonne- :
Pttur VIntéVieuy chez MM. 1«h
pasteurs et les libraires de
Terre t^ellîcé.
Pour l’ÆiCién'ewrauBurea’U d^Administration.
*
N. 38
22 Septertibre jl.88i
Un tm plusieurs iiiîméro-i séparés» rfemandés avant I« Li'
ra^re 10 oenc chacun.
Annonces: ‘¿fi centimes par Ugne.
Les envois d'argent se foiit par
lettre recommandée ou par
mandats sur le Bureau de l'erosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser
ainsi : A la Direc ion du Témoin,
‘Pomaretto fPinerolo') Italie.
Pour radministration adreeaer ainsi ; A P Adrninistration du
Témoin, Pomaretto (PineroloJ
Italie.
ECHO DES VALLÉES VAUDOISES
' Paraissant eb&que Vendredi
«10^ serez iémoins. Acïrs 1, S'.
Za véi'tid avec la charité. Kp. I»lf»
SoiTimaii?e
'16 Seplembrp. — Synode Vaudois dn
1882/swiieA — Les Temples d’Angrogne
f'AuUej. — Remiê politique — Souscription. — Annonce,
I' ® 1 Si^p^teiïilbx*©
Si Dieu TÎ’a pas épargné ete.
' ■' ( Il Pierre ii, 4-D.
N’est pas athée qui veut, et
celui qui aurait le plus grand intérêt à nier l’existence de Dieu ,
est olaligé dV croire et il endremble, d’épouvante, autant que d’imjpuissante fureur. Jacqües n, 19.;
Que trop de gens vivent comme
s’il n'ÿ avait point de Dieu, ni'
'de responsabilité, ni de compte
à rendre, cela ne veut nullement
dire que leur intelligence, -leur
conscience surtout, soient parvenues à s’affranchir de ces préoccupations importunes et gênantes.^
Ils s’étourdissent du mieux qu’ils!
savent dans le toutbilîon des affaires ou des plaisirs ët dans un
travail incessant, s’efforçant 'd'oublier. En réalité ils n’oublient pas,
et le jour vient où ces éventua
lités , si peu attrayantes pour
l’homme charnel, se dressent devant eux sans qu’il leur soit‘possible de s’en détourner et's’imposent à leur sérieux examen.'C’est
alors que commence, avec plus
ou moins de vigueur, ce combat
des pensées qui s’accusent*énti''''çlîës, ou aussi s’excusent, (RéW.ùft,
15) et pour peu qu’ils aierit’)gàirâé
le souvenir de la parole dë Dieu,
qu’ils ne lisent plus, quelquesunes de ses déclarations solennelles et absolues leur reviendront
él'esprit et troubleront cette fausse
tranquillité dont ils se vantaient
peut-être. C’est alors aussi que,
après avoir vainernent essayé de
s’affranchir de la pensée d’un Dieu
souverain, dominateur des cieux
et de la terre, juge des vivants
et des morts, ils tourneront leur
attention vers cette redoutable
question : «que feronsmous quand
la fin viendra » on « cominent
échapperons-nous? »
Il leur manque probablementla
trompeuse ressource de beaucoup
de bonnes œuvres accomplies, et
qui .seraient une compènsàtipn
pour une vie de dissipation et
d’oubli de Dieu, r— Mais il leur
reste l'une ou l’autre des trois
2
-298.
I Fu^/\A>*jW'./Wyv.
auxquelles l’apôtre fait allusion
dans le passage que nous avons
noté en tête de ces lignes. Pour
quelques uns seulement, ce sont
les richesses de l’intelligence,
les trésors de la science et de la
connaissance. C’est le génie peutêtre, selon cette parole d’un poëte,
dont on a voulu faire l’apothéose
de son vivant; Et vous fléau de
Dieu, qui sait si le génie n’est
pas une de vos vertus? A ceux
qui se flatteraient de se soustraire
à la justice de Dieu, parcequ’ils
ont reçu de lui des dons peu
communs., la parole de Dieu déclare qu’il sera plus redemandé
de celui auquel il aura été plus
confié, et St. Pierre nous rappelle
que Dieu n’a pas épargné les anges
qui ont péché, mais les a précipités dans l’abîme, chargés des
chaînes d’obscurité, les livrant
pour être réservés au jugement».
— Or aucune intelligence humaine,
si',ce n’est qu’q||e soit éclairée et
sanctifiée par le Saint Esprit, n’est
comparable à celle des anges déchus, et n’élève au dessus du jugement universel et d’une juste
rétribution ceux qui en ont été
. doués.
Pour un petit nombre aussi la
ressource àlaquelle ils s’attachent,
comme à une ancre de salut, en
présence du jugement et de l’éternité, c’est l’abondance dés biens
qu’ils s’imaginent être une preuve
irrécusable du bon plaisir de Dieu ;
c’est la civilisation dans toute sa
splendeur. Comment le Créateur
anéantirait-il, avec ses plus belles
créatures, les fruits merveilleux
de leur industrie et de leur travail ! Que de pauvres villages,
peuplés de pauvres habitants,
soient balayés de la surface de la
terre, cela ne soulève pas la
moindre objection; mais que les
habitation.? princières, mais que
des villes grandes et splendides,
orgueil de leurs habitants, objets
d’admiration et d'envie pour tous
ceux qui les visitent, soient pareillement détruites, et que leurs
habitants ne soient pas épargnés
plus que de simples paysans,
voilà ce que l’on ne saurait admettre. Mais .Sodome et Gomorrhe
et les autres villes de la plaine
du Jourdain , que l’abondance et
le luxe avaient affreusement corrômpues, n’ont-elles pas été soudainement englouties sous un déluge dé feu et de loufre? Et Ninive
la superbe, et Babylone la grande,
et Tyr et Sidon, ont-elles trouvé
grâce à cause de leurs merveilleuses richesses, et Jérusalem, la
ville du grand Roi, a-t-elle été
épargnée plus que les antres?
Il reste enfin une dernière ressource, et cette fois non plus
seulement pour quelques privilégiés de l’intelligence et des richesses; mais à l’usage des multitudes, c’est celle du îiomirs.
Précisément parceque c’est l’illusion du grand nombre, nous l’avons
très-souvent entendu exprimer naïvement par les uns, brutalement
par les autres, .â les entendre il
n’est pas pos.sible que Dieu dont
l’essence est la bonté, prenne
plaisir à la mort d'immenses multitudes de ses créatures pécheresses, car ils sont forcés de
convenir qu’elles le sont. Passe
encore, s’il ne s’agissait que de
quelques-uns des plus criminels !
Mais que les pécheurs en masse
soient jetés dans les ténèbres du
dehors, parcequ’ils ne se sont
pas convertis, voilà ce qui leur
répugne profondément, et parceque cette perspective leur répugne, ou les effraye, ils la repoussent hardiment comme contraire
à la notion même de Dieu. S’ils
ne sont pas du petit nombre des
élus, ils n'en seront pas moins
sauvés avec le grand nombre auquel la justice ne saurait ‘s'attaquer.
A ceux qui comptent ainsi se
sauver darfs la foule, St, Pierre
3
V wW\/Vv^,
299
rappelle que Dieu n’a pas épargné
le monde ancien, et que, d’un
nombre de millions qui ne peut
pas être précisé, huit personnes
seulement ont trouvé grâce devant
Dieu et ont été sauvées de la destruction générale. D’où nous devons retirer cet enseignement très
sérieux que , au jour du jugement
et devant le tribunal de Christ,
ce n’est pas le nombre des ouvriers d’iniquités qui désarmera
la souveraine justice, pas plus que
le génie ou la richesse et la grandeur qui auront été le partage en
ce monde d’un petit nombre d’entr’eux. — « Il nous faut tous comparaître devant le tribunal de
Christ, afin que chacun reçoive
selon ce qu’il aura fait soit bien,
soit mal, étant dans son corps,»
Il Cou. v. « Qui croit au Fils, a la
vie, mais qui désobéit au Fils ne
verra point la vie; mais la colère
de Dieu demeure sur lui, » Jkan
m, 30.
Synod« Vanduis de 18^82
Gestion de la Table: —• L’examen de
celle gestion, précédé du rapport de
la Commission examinatrice lu par
M. le pasteur Hugon , a été fait en
diverses fois, dans les journées de
mercredi et de jeudi.
La paroisse de Praruslin donne lieu
à un entretien auquel prennent part
MM. Roman, Gay, Cardon et Tron
professeur. La fraction de Rocheplate
ayant été recommandée, le pasteur
répond qu’il y a établi , pendant l’été,
un culte chaque dimanche matin et
que les réunions s’y tiennent comme
ailleurs. R explique en outre comment la paroisse de Prarustin n’a pu
arriver à profiter de l’offre qui lui a
été laite du don Meille, pour un second pasteur; ce dont s’étonne le
prof. Tron qui regrette que l’occasion
ait été péraue.
M. Forneron instituteur, député de
la Golonia Valdense, remercie le Sy
node d’avoir pris en considération la
demande de notre lointaine colonie
pour avoir un second pasteur qui
lui a été envoyé cette année. La colonie remercie l’administration pour
les subsides qui lui ont été accordés
pour bâtisses.
A propos de l’état relipeux des
Eglises des Vallées, M. Turin recommande qu’on emploie, pour le réveil
de la vie religieuse, les moyens dont
a parlé le rév. Murray du Cap: visites
de pasteurs étrangers à la paroisse,
conversations à la suite des réunions.
Nous ne connaissons pas assez, ajoutet-il, l’état des âmes. D’autres personnes observent que les pasteurs
sentent le besoin de travailler au réveil du peuple; qu’il règne parmi
eux un excellent esprit. Ils se sont
occupés de la rédaction d’un petit
catéchisme et travaillent à autre cnose
pour répandre la connaissance de la
Bible, sans laquelle il ne peut y avoir
de réveil des âmes. On recommande
que le.s chrétiens s’unissent davantage
pour prier; que l’on profite des réunions de quartier pour interroger les
auditeurs afin de s’assurer qu’ils ont
compris; que l’on groupe davantage
les bons éléments d’une église; que
l’on s’habitue à suivre la lecture publique sur son propre Nouveau Testament.
Sur la proposition de la Table,
deux articles du Règlement pour la
pension de retraite des régents sont
modifiés. On supprime l’alinéa qui
garantissait une pension de L. 250 à
ceux qui, par pure et simple négligence, ne se seraient pas munis du
brevet de la Table. L’art. 5 est modifié comme suit: «La pension de
retraite peut être accordée, (sauf le
cas d’infirmité prévu par l’art. 4), à
tout enseignant qui aura 30 ans de
service et sera arrivé à l’âge de 50
ans, pour les maîtres, et de 44 pour
les maîtresses ». L’on constate, une
(bis de plus, avec joie, la bonne
marche de ['Orphelinat.
Quelques remarques sont’présentées sur le Collège. Le programme
est fort chargé ; on recommandé l’usage des manuels partout où la chose
4
est praticable. La 9® armée ne doit
pas devenir une 10®, vu qu’elle est
un filet dont les trous doivent être
étroits. Les jeunes gens qui la sui^
vent doivent être dans les conditions
de personnes qui se préparent au
St. Ministère Quelques plaintes sont
élevées contre la manière dont se fait
l’examen d’inlrodiictioii au Collège.
M. Fo'rneron voudrait que les questions fussent données par écrit; que
l’on ne demandât aux élèves vaudois
qu’une langue, comme cela se fait
pour ceux qui n’appartiennent pas
aux Vallées. Il désirerait même qu’un
certificat signé par le pasteur et le
régent suffit pour l’admission. Après
une courte discussion, aucune délibération n’est prise, pour le moment.
— Le Synode vote ensuite un ordre
du jour par lequel les élèves qui ,
au terme de la 6® année, ne se seront pas munis de la licence gymnasiale du Gouvernement, ne pourront
plus jouir d’aucune bourse.
Au § Bâtisses, M' J. P. Meilie se réjouit de ee qui a été fait on vue de
préparer l’éreclion d’un monument
commémoratif de la Glorieuse Rentrée, devant servir à la tenue des
Synodes, au Musée Vaudois, aux
archives encore errantes de l'Eglise,
à la bibliothèque etc. J’espère, ditil, que ce projet si utile se .réalisera.
Que la Table ne perde pas de vue
ce qu'elle a commencé.
Un vote de remercîment clôt l’examen de la Gestion de la Table.
L’examen du rapport du Conseil
de théologie donne lieu â une discussion sur l’admission des élèves non
munis des certificats voulus par nos
règlemenls, Le Conseil est chargé
d’étudier cette question ainsi que
celle de l’utilité, d’établir une catégorie spéciale d’aidë-êvangélisles autorisés à administrer les sacremenls.
Dans la journée de jeudi le Synode
a eu, à deux reprises, le privilège
d’entendre les députés des' églises
sœurs. Nous tâcherons de donner
prochainement un extrait de leurs
discours. Hâtons-nous, aujourd’hui,
de résumer les délibérati'ons prises
dans la séance de vendredi.
Après le culte et la lecture du
procès-verbal, la parole est à la Commission examinatrice de la Gestion
des Hôpitaux. Deux points occupent
quelque temps l’assemblée ; les conditions d’admission dans nos deux
hôpitaux et la dépense moyenne pour
chaque malade. Le règlement exige
que les malades soient vaudois, c’estâ-dire membres de l’Eglise Vaudoîse;
et, malgré le désir que l’on aurait
de pouvoir « faire du bien à tous, »
on est forcé de reconnaître que ,nos
hôpitaux ne sont pas en mesure d’adraellre tout le monde. Quant à la
dépense moyenne de L. 2,59 par jour
et par malade, elle est, il est vrai,
tant soit peu au dessus de celle des
hôpitaux (les villes; mais il faut tenir
compte du fait que les dépenses pour
remèdes sont plus fortes que dans
les villes, que le personnel de service est presque doublé par soite du
dédoublement de notre hôpital et
que nos malades mangent et boivent
bien. Le Synode remercie la Commission pour la manière dont elle s’est
acquittée de son mandat.
La Commission de la Liturgie, par
la bouche de M. Melile, demande ensuite dbs directions pour le travail
qui lui reste à faire. On lui conseille
de préparer des formulaires séparés
pour consécration, ouverture dn Synode, et Synode avec consécration.
Elle devra séparer aussi la liturgie
du Vendredi Saint de celle pour un
jour de jeûne.
Le relateur du jury pour le concours sur le « devoir de donner systématiquement pour le Seigneur » i'end
compte à l’assemblée de la décision
du jui^. Celui-ci n’a reçu, cette année,
que deux manuscrits dont un anonyme. Le prix a été adjugé au travail , quelque peu amélioré, du pasteur de S. Germain. Ce manuscrit
sera imprimé et mis en vente «â un
pris très-accessible à toutes les bourses.
Peu de propositions ont pu être
discutées et volées avant l’heure fixée
pour la clôture des délibérations. Le
Synode a pris acte de la démission
de M. Léon Pilatle pasteur émérite.
5
.301.
Le bureau a été chargé de répondre
à la lettre des frères Moravrs maniTestant le désir de reprendre les relations avec leur ancienne sœur des
Vallées. De légères modifications ont
été apportées au règlement de l’Ecole
de Théologie. Des remereîments à
nos bienl'aiteurs, à la Commission
des logements etc. ont été votés. —
Une dépêche a été envoyée au Roi,
et après les nominations et la lecturè
des Actes la session synodale a été
dòse par ta prière et par le chant
du TeMïim, vendredi soir vers les 6
heures.
les Tempies d’ittgrftgne
(Voir le N. 37).
Nous avons trouvé le nom de quelques; aijtres pasteurs dits d’Angrogne,
sans que nous ayons pu nous assurer
à’ils ont réolleraent exercé le ministère au sein de cette paroisse, ou
shls ne sont que originaires de ce
vallon Voici leurs noms: Barthélemy
et Thomasin Bastie, morus en Calabre
en IADO environ, Jacques Bellonal,
Antoine Gianone, Martin Arnot et
Diel Ghanforan (1587).
Mais en revanche nous sommes
heureux de pouvoir donner les noms
des pasteurs qui ont travaillé à Angrogne depuis tout près de la glorieuse rentrée jusqu’à nos jours. Ce
sont :
Guillaume Malanot .
Jean Jahier . . .
Jean' Vincent Arnaud
Jean Signoret . . .
Isaac Appia , . .
Louis 'David Jahier .
Paul Appia fils . .
Emmanuel Rostan .
Pierre Grill . ' . .
Paul Goanla ... .
Pierre Monastier . .
Henry Peyrot . . .
Pierre Monastier (la 2®
fois . . , . .
Matthieu Gay . . .
de 1692
de 1708
de 1715
de 1727
de 1739
de 1745
de 1750
de 17-65
de 1772
de 1818
de 1828
de 1833
à 1708
à 1715
à 1727
à 1739
à 1745
à 1750
à 1765
à 1772
à 1818
à 1828
à 1883
à 1838
de 1838 à 4855
de 1855 à 1858
Jean Jacques Durand
Canton .... de 1858 à 1873
Etienne Bonnet de 1874 au temps
qu’il plaira au Seigneur de fixer.
VI. DE LA. LANGUE EN USAGE
DANS. LES TEMPLES,
Ce ne sera pas hors de propos,
croyons-nous, que de rechercher avec
le secours des historiens les plus
compétents quelle était autrefois la
langue employée dans nos temples.
Le plus ancien de nos temples
actuellement existants n’ayant été bâti
qü’en 1555, nous n’avons pas à nous
occuper des époques (de beaucoup
antérieures à cette date) où le culte
se faisait en langue latine. Mais nous
croyons être suffisamment appuyés en
disant que lorsque le latin allait disparaissant, et jusqu’au temps où fut
impi'imée la première Bible en langue
française (1535), même jusqu’à l’époque où les vaudois eurent besoin du
concours des pasteurs venus de l’étranger, le culte se faisait parmi
nous en langue vulgaire , langue
dans'la quelle étaient rédigés les
anciens écrits, a C’est de cette époque,
dît Monastier, que date l’usage de
liU-lêmgue française dans le culte des
Vallées Vaudoises du Piémont. Jusques
là il' avait eu lieu dans la langue
vulgaire de la contrée, c’est-à-dire
dans la langue romane, dans la quelle
tous les anciens écrits étaient composés. Désormais il se îevR généralement en français, car les éditions de
la Bible imprimées aux frais des
Vaudois et répandues dans les tnqisons
seront dans cette langue, et la totalité des pasteul’s la parleront également, soit par le fait de leur origine,
soit par celui de leurs études ».
(Monastier i, 213. Voir aussi Gilles
chap. vu et viii et Perrin pag. 161).
A la suite des décisions du Sypode
d’Angrogne (1532), la prédication
de la pure doctrine avait pris un
nouvel élan et des auditeurs affamés
du pain de vie venaient en grand
nombre, même de la plaine, Anfourer
les 'fidèles prédicateurs de la vérité.
La vie diretienne avait acquis plus
6
^302^
de vigueur parmi les vaudois, elles
besoins religieux se faisaient sentir
iV tel point que les Barbes n’y pouvaient plus suffire. C’est alors que des
pasteurs étrangers furent appelés aux
Vallées, ou ils apportèrent la langue
française.
C’est d’ailleurs en cette langue que
nos pères lurent les Saintes Ecritures
dès 1535, époque où fut imprimée
à leurs frais la Bible dite d’Olivetan.
11 ne faut donc pas s’étonner si la
langue dans la quelle nos pères
lisaient la Bible devînt nécessairement celle dont se servaient les Barbes pour l’expliquer depuis la chaire.
Mais la persécution et la peste
aidèrent tout particulièrement à l’introduction de la langue française
dans notre pays, qui du reste n’est
séparé de la France que par les Alpes.
La peste importée en Italie en 1630
par l’armée française, fit un grand
nombre de victimes dans nos Vallées,
et les rangs des Barbes furent éclairées au point que ces derniers se
virent rédnits au nombre de trois, si
nous ne comptous pas le vieux Antoine Bonjour de Boby qui avait dépassé les 80 ans, et qui ne pouvait
plus exercer le ministère. Nos pèrçs
n’eurent donc plus à cette . éufique
qu’un pasteur pour chacune ciq nos
trois Vallées: Valère Gros .pour le
Val S. Martin, Jean Barthélemy pour
le Val Pérouse et Pierre Gilles pour
le Val Luserne. • ,53,
« Il fallut alors, écrit Légjer^.avoir
recours en France et suilout à Genève pour avoir d’autres pasteurs.
Et au lieu que jusques alors il n’y
avait pas un seul pasteur qui ne
prêchât en Italien, il en fallut recevoir avec actions de grâces une dizaine qui ne prêchaient qu’en François. Ceux là commencèrent à être,
Messieurs et leurs femmes Mes-Damoiselles, et pour les originaires des
Vallées on commença à appeler Messer.
Messer Gillio, Messer Grosso» (Léger
I. 205),
Comme il est facile de le voir par
la citation que l’on vient de lire, le
français, même dans ses plus beaux
jours, n’a jamais chassé l’italien de
chez nous. Nous voudrions aussi gue
dans l’époque où nous sommes l’italien se contentât d’occuper la première place, et qu’il ne chassât pas
le français que le gouvernement établit au contraire dans les écoles de
son ressort. Non seulement l’italien
subsistait alors à côté du français,
mais il était la langue dont se servaient maints prédicateurs dans les
Vallées Vaudoises.
Gilles nous raconte en efiet qu’en
Î557 , « l’Eglise de S. Jehan , de Luserne n’avait point de pasteur ordi-,
naire résident sur le lieu, et en
requérait un de la langue italienne.
Porquoi de Genève lui fut envoyé
Varadle qui y prêcha quelques mois
avec grand fruict » (Gilles chap. x.
pag. 106).- Notons en passant que
c’était l’églis'e elle même qui tenait
à jouir du Ministère d’un pasteur
qui prêchât en italien (or c’était ce
que pouvait faire Geôffroi Varaglia
originaire de Busca on Piémont), ce
qui prouve qu’à cette époque la langue italienne était connue et goûtée
par la masse de la population vaudoise, et non pas seulement par les
personnes cultivées. L’usage de prêcher en italien ne se perdit pas aux
Vallées, même longtemps après l’arrivée de pasteurs de langue française.
Presque un siècle plus tard Jean.
Léger prêchait à S: Jean, où il venait d’être installé pasteur en 1643,
lorsque Padre Angelo préfet des pères
missionnaires entra tout-à-coup à la
tête de plusieurs moines capucins
et augustins. « Ayant ce jour-lA, dît
Léger, commence ma prédication en
françois en faveur de quelques étrangers, et sachant que celte, langue
était barbare à mes nouveaux auditeurs, à ce qu’ils me pussent mieux
entendre, jemg remis sur l’ilalien et
relus mon texte en cette langue».
(Léger ii. pag. 362).
Que ce fût réellement en italien
que Léger avait l’habitude de prêcher,
nous en avons la preuve ; dans ces
quelques mots qu’on peut lire au
commencement de la préface de son
'histoire: «Pour mon langage, s’il se
ressent de la rudesse des Alpesil
7
--------303--^
porte pour contrepoids la naïfveté,
sincérité et simplicité vaudoise, qu’il
ne lairra pas ae passer chez ceux'
qui cherchent plutôt de hiéh connaître la vérité des choses, que de
se façonner au jargon des Romans :
encore diront-ils'que pour un italien,
qui jusqu’à l’âge d’environ cinquante
ans avait incessamment écrit, parié
et prêché en italien, il se fait assez
entendre en françois». (Léger, Préface au lecteur), < ¡¡j,,,.
Nous ne sommes pas en présëhce
d’un fait isolé puisque Gilles aussi
nous tient un langage seinblable.
« Vous sçavez en partie, dit-il dans
sa préface, pourquoy, par qui et
comment j’ai eu la charge de recueillir
l’histoire- de ' VOs égliseset' avec quel
soin je m’y suis employé ,■ pour vops
en,/aire voir un, ,abrégét,assçm'é „ le
quel je'VOUS, présente .maint enant ^non
en n'ds.tre langue conimune ilàliénné,
comme bu‘m’avait ordonné au commencement); mais en celte'oy, pour
les raisons qu’on y a depuis considérées »,
11 est donc évident qu’à ces différentes époques la langue italienne
était en usagé'dans nos temples, et
que cë'n’èsl que dans des temps plus
rapprochés de nous que la langue
française a pris sa place. Et ce que
nous disons des temples vaudois en
général nous pouvons le dire des
temples d’Angrogne en particulier.
En adoptant maintenant pour les
assemblées de culte la langue de la
patrie nous ne ferions que revenir
aux usages anciens qui ont cessé
pour un temps à cause de circonstances historiques indépendantes de
la volonté de nos ancêtres.
(La fin dam un frochain article).
I&C19UC |»0ltttC|UC
Ælalie. — Nos journaux nous ont
donné des descriptions détaillées des
grandes manœuvres qui ont eu lieu
dans rilalie centrale, aux environs
de Foligno et de Perugia, avec l’intervention de LL. MM., le roi Hum
bert et la reine Marguerite. Ces manœuvres ont réussi assez bien, et
les officiers étrangers qui y assistaient
en bon nombre se sont exprimés
d’une manière favorable sur les progrès de notre armée.
Les ministres se sont réunis à
Rome, à plusieurs reprises , pour
s’occuper des évènements politiques
du jour, et tout parliculièrement
pour fixer l’époque aes élections générales. On parle des derniers jours
d’octobre, mais rien n’est encore déterminé d’une manière définitive. En
attendant il commence à se produire
une certaine agitation électorale, Des
discours sont prononcés, d’autres se
préparent; : parmi les ministres, le
député de Stradella, seul, fera entendre sa voix et lancera le mot
d’ordre des progressistes aux quatre
coins du royaume. ; _
•Le mois de 'ëëplemhrë. ! ordinairement le plus beau et le plus agréable
mois-: de l’année s’estii signalé i, cette
année, par, des pluies, persiëtautes,
qiufvünon seulement ont causé en
Italie de grands dommages aux récoltës'j'raais ont prqduitîdes inondations
dans tou te la; haute Italieet spécialeidéht dans lia; Lombardie et là Vénétie;,Cônie, Brèscia; ;Véroneji Legriago,
Vicenee,i Pad6ue,' /révise, beàuéoup
d’autres villes et villages, etdc grandes
étendues de territoire sont couvertes
par les eaux débordées. Les nouvelles
qui nous arrivent de Vérone sont
particulièrement tristes. Les rues basses sont des torrents, les ponts sont
emportés et menacés, plusieurs maisons se sont écroulées battues par
les eaux; les habitants se sauvent sur
les toits et demandent du secours ;
les vivres et même l’eau potable manqiient. On s’attend à ce qu’il y ait
un grand nombre de victimes; mais
on ne peut .pas encore apprécier l’éteudue du désastre. On signale cependant une légère décroissance et quelques rues commencent à être praticables. — Le ministre des travaux
publics; Baccarini s’est rehdu sur les
lieux. De prompts secours de la part
du Gouvernement et des pafliculiers
sont réclamés avec urgence.
8
„304
— «La guerre est finie,
tl’envoyez plus de troupes,» écrivait,
il ÿ a cjuelques jours le général Wol~!
seley à son gouvernement. En effet
la victoire de El-Kebir a été si complète que l’armée anglaise a pu, sans
coup férir, s’emparer, le jour suivant, du Caire. L’armée beaucoup
plus forte en nombre d’Araby a été
dispersée, Araby lui-même est fugitif
où prisonnier.
Tous les gotivernenients, y compris
le gouvernement français et le' gouvernement italien, ont fait parvenir
au Ministère anglais leurs félicitations.
A Alexandrie on proclame Wolseley
et le Khédive libérateurs de l’Egypte.
Araby n’est plus ip’un rebelle, un
chef de brigands. Cependant, il y/'â,
au es jours, tous nos journsiux,’
s et petits, ministériels et'ofïlr
cieux ou de l’opposition; à peu d’exceptions près, considérant Araby et
ses arabystes, comme les • représentants dé la nation égyptienne, accusaient l’Angleterre d’ambition et de
cupidité, lui reprochaient de condulîquei' une nationalité. Mais on'recbnnait rbaintenaht de plus en plus qu’il
ne s’agissait pas de cela et que lés
incendiaires ’ et les égorgeu'rs d’Alexandrie ne saliraient être des amis
de la liberté, dé' la civilisation , de
l’indépendance d’iiin peuple.
îLa campagne militaire est finie,
une campagne diplomalique va commencer aii sujet de l’Egypte; etj pour
ne parler que de l’Italie, il est évident que si nous avions pris part à
la campagne militaire, comme l’Angleterre nous y avait sollicité, notre
voix en faveur de l’indépendance dej
l’Egypte pourrait être entendue; le|
sera-t-elle mainlénant? Nous en dou-'
tons. Ce qu’il y a de certain c’"esl,
que les journaux aiiglais fiAppent desj
edups, drus comme grêle, sur l’Italie;
et les journaux italiens. Nous né méritons pas tant de haine et de colère.
Mais le comité Cavour n’a pas perdu'
son temps à regarder de tout côté
pour se décider à aller én Crimée.
Nous; au contraire, nous avons voulu
plaire à la France' ou ne pas lui déplaire, nous avons attendu l’appro
bation de l’Autriche et de Bismark,»
et, à force de précautions, nous
n’avons contenté personne. Quand
aurons-nous le courage de ne consulter que nos intérêts ?
SOüSCRII’TtON'EN FAVÉÜK
DES IJÎ^ENDlfiS
dit viltdgB de Brunissdrd (ArûeuxJ
Famille Long, Pignerol . Fr. 50
:ANIN'0]Sï0I3'i§
Les examens d’introduction au Collège , à- l’Ecole Normale, à l’Ecole
Supérieure' de La Tour, et à PEcole
Latine du Pdmaret, auront lieu lé
lundi, 2 octobre prochain, à 8 heures du matin.
Messieurs les Pasteurs voudront
bien publier cette annonce du haut
de' la chaii'e. "
P. Lantaret Modér.
cifaklore et mascàréAl 'UbrairesiÈdftfeots.
'k riGXKRdL
IISTOM DES iGLI» VilOISES
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P. GILLES.
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Pignerol, imp. ChiaiUore et Mascarelli.