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Année XXXVm.
16 Janvier 190B.
N. â.
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S’adresser pour la Rédaction à M. N. Tourn, prof.. Torre Pellice,
et pour l’Administration à M. Jean dalla, prof. Torre Pellice.
Tout changement d’adresse coûte 15 centimes, sauf ceux du commencement de l’année.
Que toutes les choses vraies, honnêtes, justes, pures, aimables.... dignes de louange, occupent vos pensées. (TM. IV, 8).
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SOMMAIRE :
Journaux jeunes et vieux — Les droits
de Dieu vis-à-vis do riioinme — Correspondance — Pour les jeuues ‘gens
— Evangélisation — Chronique —
Bibliographie — Italiens à l’étranger
— Nouvelles et faits divers — Revue
Politique — Annonces.
Journaux jeunes et vieux
“Il faut en toute compagnie,
Le moins qu’un peut parler de toi ,„
disait le bon fabuliste. Nos lecteurs nous
sont témoins que VEcho parle en effet
« le moins qu’il peut » de lui-même.
Mais il est bon de parler quelquefois
des autres, c’est-à-dire, pour un journal,
de ses confrères, ne fût-ce que pour se
réjouir avec eux quand ils ont des sujets de joie et les plaindre quand ils
sont dan.s les difficultés, ce qui est
beaucoup plus fréquent.
Et d’abord un mot de cordiale félicitation à deux périodiques qui célèbrent ces jours-ci leur jubilé cinquantenaire. Nous voulons parler de la Semaine Religieuse de Genève — si connue
par le soin qu’elle met à l’étude des
diverses questions qui préoccupent les
églises protestantes, sa fidélité aux principes évangéliques, l’esprit de modération et de courtoisie qu’elle met dans
toute discussion, et la rédaction toujours soignée de ses articles — et de
la Revue Chrétienne, qui a pris sa place
dans toute famille cultivée du protestantisme de langue française.
Par la même occasion nous envoyons
volontiers une salutation confraternelle à
un autre journal très connu parmi nous,
quoique peut-être moins lu qu’autrefois :
VEglise Libre, qui pour être encore loin
de sa cinquantième année, n’en a pas
moins fourni déjà une belle carrière. Nous
le faisons d’autant plus volontiers qu’elle
a toujours montré un esprit d’équité
et d’impartialité, dont tous les journaux
français n’ont pas donné l’exemple,
dans le mouvement qui a amené à la
séparation d’une partie des membres
de l’Eglise vaudoise de *iiice et à la
fondation d’un poste de l’Eglise réformée française dans cette ville. Encore
dans le dernier numéro, Memor expliquait les raisons de ce mouvement de
manière que... nous ne comprenons guère
mieux qu’auparavant. Mais ce que nous
avons fort bien compris, c’est que Memor
^as plus que le Directeur de VEglise
Libre, ne veut de rivalité ecclésiastique,
et qu’il aurait désapprouvé le mouvement s’il n’avait cru et ne croyait que
les deux églises peuvent vivre et vivront
côté à côté, faisant chacune son œuvre et travaillant dans un esprit d’a
mour fraternel et de cordiale harmonie;
— ce dont nous remercions, pour ce qui
nous regarde, VEglise Libre et ses rédacteurs.
î|î ^
*
Mais venons à des journaux qui nous
intéressent de plus près. Avant tout
la Rioista Cristiana. C’est une chose évidente à première vue, que nous avons
besoin d’un périodique qui étudie les
questions religieuses et sociales de
notre peuple au point de vue de l’Evangile et dans un esprit évangélique.
Si la Rivista n’existait pas, il faudrait
se hâter de la fonder. Pourquoi, alors,
ce périodique a-t-il peine à vivre? Pourquoi est-il obligé, en quelque sorte, de
pousser le cri d’alarme et de dire ;
venez à mon secours ! je suis en danger
de mort ? — On pourrait en donner
diverses raisons, accuser l’indifférence
des uns, l’avarice des autres, le manque
d’intérêt du grand nombre pour ce qui
devrait cependant nous intéresser tous.
Mais la principale cause, c’est que,
vraiment, nous sommes encore biim
pauvres, nous autres évangéliques d’Italie. Nous,sommes pauvres de moyens,
pauvres par le nombre, mais surtout
pauvres d’hommes, et c’est là la grande
difficulté. Pour avoir un bon journal,
une bonne revue surtout, il faut avoir
assez de collaborateurs pour que les
diverses questions puissent y êtr(> traitées avec la compétence nécessaire, et
que non seulement le contenu en soit
bon, mais varié. C’est la difficulté contre laquelle se heurte tout journal évangélique de ce côté-ci des Alpes. Nous
en savons quelque chose.
Nous ne voulons cependant pas la
laisser tomber notre Rivista ; nos lecteurs
ne le veulent pas plus que nous, pas
plus que le Comité rédacteur, qui vient
d’adresser un appel pressant pour qu’on
soutienne cette publication. Aussi voulons-nous prier ceux de nos lecteurs
qui ont été abonnés jusqu’ici à la Rivista
Cristiana, non seulement de renouveler
leur abonnement, mais de recommander
le journal à leurs amis pour lui trouver
de nouveaux abonnés. Nous voudrions
aussi prier ceux qui le peuvent de la
soutenir d’une autre manière, par la
collaboration. Nous sommes pauvres
d’hommes capables, avons-nous dit,
mais pourtant pas si pauvres qu’on
pourrait le croire, si tous ceux qui ont
des richesses savaient les faire valoir.
N’en disons pas davantage espérant que
ceux qui ont des oreilles pour ouïr
entendront.
Que dirons-nous de notre bonne vieille
amie — pas si vieille pourtant — 1’/talia Evangelica ? On dit autour de nous
qu’on l’entoure de tant de rivaux, qu’elle
aura que faire pour soutenir la concur
rence. On se trompe, croyons-nous.
Elle a sa mission à accomplir. N’étant
pas liée à une dénomination, elle est
bien’ placée pour faire une œuvre d’alliance évangélique nécessaire en Italie
plus encore qu’ailleurs. Nous souhaitons
C[ue tous ses anciens amis lui restent
fidèles et qu’elle en trouve de nouveaux.
Un mot du dernier venu, le Rinnovamento. Il commence sa carrière plein d’entrain et de vigueur. Il sent en lui-même
toute la force et 1’ enthousiasme de la
jeunpsse. Il a su, nous assure-t-on,
s’assurer la collaboration des meilleures
plumes. Il a pour lui l’avenir. La seule
crainte, pour le moment, que nous
ayons à son égard, c’est qu’il ne devienne.... un nouveau journal évangé-,
liquè, je veux dire un journal pour les
évangéliques. Je sais qu’on se r’écrie
et qu’on nous assure que tel n’est pas
son ,'but, qu’il veut au contraire s’adresser à ceux qui vivent en dehors
du’■A;.,.-u’.-craer.t évangélique, parler de
tout dans l’esprit de l’Evangile, mais
parler surtout à ceux qui ne professent
pas l’Evangile comme nous l’entendons.
Nous n’avons garde d’ignorer que telle
est l’intention des membres du Comité
de rédaction, et cependant nous croyons
que là est le danger contre lequel
ils auront toujours à combattré, parce
que le plus grand nombre des lecteurs
du journal sera d’adord et peut-être
pour longtemps composé d’évangéliques,
et aussi parce que la plupart de ceux
cjui écrivent trouveront plus facile de
parler des choses qu’ils connaissent le
mieux, et dans le langage qui leur est
le plus familier, ainsi qu’au plus grand
nombre de leurs lecteurs, que de s’adapter aux besoins de ceux qui n’ont pas
la même éducation et ne parlent pas
la même langue. Si prémunis qu’ils
soient ou croient être contre ce danger,
il n’est pas inutile de le rappeler en
recommandant à quiconque écrira dans
le Rinnovaniento de ne pas le perdre de
vue, sous peine de faire manquer au
journal son but ; car le jour où il deviendrait un simple journal évangélique,
il n’aurait plus de raison d'être, à moins
que ce ne fût pour en remplacer un
ou plusieurs autres.
N. T.
LES''DROITS DE DIEU
vIs-à-vis de l’homme
Venez maintenant et débattons nos
droits, dit l’Eteniel.
(Esa'ie I, 18).
Un procès ! et quel procès ! Le plus
grandiose de tous. Devant lui disparaissent tous ceux dont nos journaux
ont fait, ou font, tant de bruit. C’est
Dieu lui-même plaidant contre un peuple et prenant à témoins, si ce n’est
même comme juges, les deux et la
terre. Ce peuple c’est le peuple d’Israël ;
mais c’est aussi toute autre fraction
de l’humanité, qui, comme peuple ou
comme individu, a reçu des bienfaits
au moins pareils à ceux qu’avaient reçus
de Dieu le peuple d’Israël.
C’est donc nous aussi à qui Dieu
s’est révélé, mieux encore qu’ il ne
l’avait fait jusqu’alors à Israël, nous
qu’il a « élevés » comme des enfants
bien-aimés et qu’il ne demande qu’à
bénir.
Dans un procès, chaque partie met
en avant ses droits. C’est ainsi que
Dieu nous propose de faire : Venez et
débattons nos droits.
Commençons par voir quels sont
ceux de Dieu.
I. Tout d’abord, qui pourrait méconnaître que r Eternel, notre Créateur,
notre Providence, notre Ssigneur suprême, notre Père céleste, notre Sauveur, a droit à toute notre adoration,
à toute notre obéissance, à tout notre
amour ? Comment pourrions-nous refuser à Celui de qui nous tenons notre
existence le droit de la régler, à celui
de qui nous tenons, en définitive, tous
les biens, toutes les facultés, toutes les
jouissances qui embellissent cette existence, le droit d’exiger que ces biens,
ces facultés, ces jouissances servent au
but qu’il s’est proposé en nous les accordant ? Comment pourrions-nous refuser notre amour à celui qui nous a
aimés et qui nous aime, comme Dieu
nous a aimés et nous aime en JésusChrist ?
Si vous êtes le créateur d’une industrie, admettriez - vous, mon frère,
qu’on ne tînt pas compte de vos conseils, ni de vOs ordres pour la faire
marcher ? Si vous êtes le chef d’un
établissement, accepteriez-vous qu’on
y fît tout juste le contraire de votre
volonté ? Si vous êtes père de famille,
vos entrailles ne s’émouvraient - elles
pas d’indignation si vos enfants n’avaient pour vous aucun respect, aucune crainte, aucune obéissance, aucun
amour ? Si vous aviez sauvé la vie à
quelqu’un, admettriez-vous qu’il ne fît
rien à l’occasion pour vous ?
Que l’on nie que Dieu existe, et l’on
comprendra qu’on n’ait cure de faire
sa volonté, mais si l’on n’a pas le malheur d’être athée on ne peut que reconnaître que c’est à lui, avant tout,
que nous nous devons, dans notre esprit, dans notre âme et dans notre
corps.
Il y a de ceci quelques milliers d’années, un vieillard plus que centenaire
et un jeune homme dans toute la force
de ses quelque vingt ans gravissaient
2
_ 2 _
ensemble une montagne. Le vieillard
portait en sa main du feu et un couteau ; le jeune homme portait sur ses
robustes épaules un fagot de bois. Evidemment, ils allaient offrir quelque
holocauste ; mais la joie n’était point
leur compagne de route ; une expression de triste résignation assombrissait
le visage du vieillard, pendant qu’une
expression de vague inquiétude perçait
sur celui du jeune homme. Tout à
coup, celui-ci s’écria : « Mon père ! »
Le vieillard répondit : « Me voici, mon
fils!» Le jeune homme reprit: Voici
le feu et le bois ; mais où est l’agneau
pour l’holocauste ?» — « Mon fils, répondit le vieillard, Dieu se pourvoira
lui-même de l’agneau pour l’holocauste».
Et ils continuèrent leur route.
Arrivés à l’endroit désigné, l’autel
est élevé, le bois est arrangé dessus,
puis le vieillard saisit son fils, ce fils
de la promesse, ce fils unique, ce fils
sur la tête duquel se concentrent toute
son affection, toutes ses joies, toutes
ses espérances ; il le lie et le met sur
l’autel, par dessus le bois, puis il étend
sa main et prend le couteau pour l’égorger... C’était assez, l’épreuve était
faite. Une voix du ciel arrêta son bras.
Le vrai Dieu n’est pas un Moloc ; il
ne voulait pas le sang d’Isaac ; il lui
suffisait d’avoir mis Abraham en mesure de montrer que l’obéissance à
Dieu ne doit point avoir de limites,
que l’amour pour lui doit surpasser
même celui pour un fils unique.
Environ deux siècles plus tard, l’arrière petit-fils d’Abraham, jeune homme
«beau de taille et beau de figure»,
obsédé par les sollicitations impudiques
et adultères d’une grande dame d’Egypte, s’en défendait en lui disant : « Comment ferais-je un si grand mal et pécherais-je contre Dieu ? (Gen. XXXIX, g)
Lui aussi reconnaissait le droit de Dieu
à l’obéissance la plus absolue. Et ils
le reconnurent aussi ce droit Pierre et
les Apôtres, quand ils répondaient au
Sanhédrin, au péril de leur vie : Il faut
obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes (Actes
V, 29). Ils le reconnurent les cinq cent
mille protestants qui abandonnèrent la
France à la révocation de l’Edit de
Nantes, parce que, autrement fidèles que
le roi qui avait octroyé cet édit pour
compenser en partie son abjuration,
ils ne voulurent pas l’imiter et dire :
«Nos foyers valent bien une messe».
Ils le reconnurent ce droit nos pères,
durant les longs siècles où ils préférèrent l’exil, la prison, le bûcher à l’abandon de la Parole de Dieu. Ils le reconnurent tous ces martyrs de l’Ouganda
de l’Arménie, de Madagascar, de la
Chine qui ont renouvelé, de nos jours,
les miracles de fidélité à l’Evangile
des siècles passés. Il le reconnaît ce
droit quiconque, dans n’importe quelle
circonstance connue ou inconnue des
autres hommes, où la fidélité appelle
le sacrifice, peut dire hautement ou se
dire à soi-même : Il faut savoir souffrir,
il faut savoir mourir pour obéir à Dieu.
Il faut savoir renoncer à tout et à soimême pour l’aimer et l’adorer.
II. Le droit d’être obéi entraîne avec
lui un autre droit de Dieu : celui de
juger, de juger précisément la manière
dont les hommes lui donnent obéissance, de juger s’ils ont le respect
voulu pour sa loi, pour ses ordonnances,
pour sa volonté et s’ils s’efforcent de
les pratiquer, de juger s’ils l’aiment et
l’adorent comme il veut être aimé et
adoré.
C’était ce qu’il faisait à l’égard du
peuple d’Israël, d’après ce premier cha
pitre d’Esaïe qu’on ne saurait lire et
relire trop attentivement, c’est ce qu’il
a fait, ou qu’il fera, envers tous les
autres peuples de la terre, c’est ce qu’il
a fait, ou qu’il fera, envers chaque individu, avec une pleine justice, avec
une entière équité, se manifestant en
tout et pour tout comme « le juste
juge ».
III. Le droit de juger est inséparable de celui de condamner tout autant
que de celui d’absoudre. A quoi bon
juger, si l’on ne pouvait jamais prononcer de sentence, ou bien ne prononcer que des sentences d’absolution ?
Dieu ne serait-il pas le plus inutile des
juges, s’il en était réduit à cela ? C’est
pourtant à cela qu’essaient de le léduire ceux qui osent travailler à détruire la foi au Dieu juste juge de
l’univers, pour y substituer la foi en
un Dieu aveugle, incapable de discerner
le juste d’avec l’injuste, le coupable
d’avec l’innocent, le vice d’avec la vertu.
Et c’est à cela aussi que, inconsciemment, tendent à le réduire ceux qui,
le croyant trop bon pour condamner
personne, font de lui un Dieu prêt à
recevoir tout le monde dans la vie
éternelle et à serrer dans ses bras paternels aussi bien les monstres que la
société elle-même rejette de son sein,
que les hommes et les femmes d’élite
qu’elle va jusqu’à déifier.
IV. Par contre, hâtons-nous de le
constater, ce juste Juge, aux sentences
sans appel, est en même temps le Souverain absolu, qui fait tout ce qui lui
plaît dans les deux et sur la terre, et
comme tel il possède, dans toute sa
plénitude, la plus douce des prérogatives de la souveraineté, celle que l’on
appelle le droit de grâce, le droit de
pardonner au coupable, de ne point le
laisser sous le coup de la sentence
prononcée contre lui, de ne point lui
infliger la peine méritée, le droit de le
relever même, de le réhabiliter, de le
réintégrer dans sa condition première.
Ce droit-là, ô profondeur de l’amour
divin, c’est celui que Dieu se plaît le
plus à exercer :
Venez maintenant et débattons nos droits,
dit VEternel, quand vos péchés seraient
comme le cramoisi, ils seront blanchis comme la neige, quand ils seraient rouges
comme le vermillon, ils deviendront comme
la laine (Esaïe I, 18).
Ainsi donc, tandis que, devant les
autres droits de Dieu, nous ne pouvons que nous sentir humiliés, troublés,
terrifiés, nous voyons par celui-ci et
par l’usage que Dieu veut bien en faire,
s’ouvrir devant nous la porte du salut.
Pourquoi ? Comment ? C’ est ce que
nous dira l’examen des droits de l’homme vis-à-vis de Dieu.
J. Weitzecker.
CûlilSFÛlMlGI
-o-O-o
Cher Monsieur le rédacteur.
Quoique plus habitué à manier les
outils d’un artisan que la plume, je ne
puis me dispenser de vous écrire quelques lignes que vous voudrez bien accueillir favorablement, je m’assure. J’y
rappellerai quelques souvenirs relatifs
à notre bien-aimée Madame Jenny
Rivoir, dont tout le monde, ici à Mancille parle, soit pour l’avoir connue
personnellement, soit pour en avoir ouï
parler. Quoiqu’il y ait environ 40 ans
qu’elle a quitté Mancille pour le Pomaret, son souvenir est aussi vivant
au milieu de nous, que si elle y avait
rendu le dernier soupir. Je ne fais que
payer un juste tribut à sa mémoire
en essayant de la faire revivre ailleurs
comme elle vit ici. Quoi de surprenant
qu’ici il soit aussi vivant ? Elle connaissait nos maisons comme la sienne,
pour les avoir visitées une à une. A
l’occasion de l’examen de quartier, pour
peu que le temps le permît, elle entrait dans chacune, poussée par le vif
désir de faire quelque bien, là où c’était
le plus nécessaire ; ici elle recommandait
la propreté, dont elle donnait l’exemple dans la tenue exemplaire de sa
propre maison ; là elle cherchait à rétablir entre les membres de la famille
l’union et la concorde, si facilement
troublées et perdues ; ailleurs elle apportait une pièce d’habillement pour
un enfant qu’elle avait vu trop en loques ou bien elle déposait une couverture pour un vieillard qu’elle avait vu
grelotter. Aidée par des sociétés de
travail de Pignerol ou de Turin auprès
desquelles elles ne cessait d’intercéder
ou par des familles riches d’entre sa
parenté, elle a pu souvent dans des
moments difficiles, comme on n’ en
connaît plus maintenant, secourir bien
des familles par des distributions de
riz, de maïs, et surtout des remèdes.
Non moins soucieuse du bien-être spirituel, que de fois ne l’a-t-on pas vue
l’après-midi du dimanche, pendant que
ses enfants prenaient leurs ébats non
loin d’elle, faire une lecture édifiante
à un groupe de femmes réunies autour d’elle. Elle savait aussi, quand
il le fallait, réprimander, un coupable plus vertement qu’on ne l’aurait
attendu. J’en ai eu la preuve sur
moi-même et je le rappelle avec reconnaissance. J’allai un jour lui faire
visite ayant bu un verre de trop. Elle
ne manqua pas de me signaler le
mauvais exemple que je donnais, et
la périlleuse voie où je mettais le pied.
Elle s’intéressait spécialement aux
enfants, les accompagnant dans les
sentiers, les attirant à elle dans les
maisons ; refaisant en un clin d’œil leur
pauvre toilette et allumant pour eux
le premier arbre de Noël que Maneille
eût jamais vu. Un hiver, la maîtresse
étant tombée malade, elle voulut absolument la remplacer ; et ce fut un
précieux service qu’ elle rendit ; elle
coupa court, ce que seule elle pouvait
faire, à la vieille habitude de beaucoup de parents, de s’ingérer bon gré
mal gré dans la marche de l’école. Elle
établit une discipline ferme et égale
pour tous, riches et pauvres, et ferma
résolument la porte aux mal arrivés.
L’ école du Dimanche, complément
indispensable de l’école de la semaine,
était l’objet, de sa part, d’une sollicitude maternelle ; elle y mettait la vie
surtout par les cantiques qu’elle chantait avec une facilité et une précision
entraînantes.
Rien n’égalait le déplaisir qu’elle
éprouvait à la nouvelle, hélas ! trop
fréquente, que tel jeune homme ou telle
jeune fille avait faibli à l’endroit de
la pureté, mais sa douleur ne l’empêchait pas de s’occuper du nouveau-né,
et de faire son possible pour qu’il fût
gardé dans la maison, au lieu d’être
porté aux enfants trouvés.
M.me Rivoir a été la compagne intelligente et dévouée de son mari, l’aide
convenable dont parle la parole de
Dieu. Jamais que je sache, elle ne l’a
découragé de faire son devoir ; au contraire, souvent, avec sa famille en bas
âge, elle a consenti à rester seule des
semaines entières pour qu’il pût plei
nement le remplir. Elle a abondamment
et courageusement semé, et si bien
des grains ont été perdus par la dureté
du terrain, plusieurs je le sais, sont
tombés dans une bonne terre, et si son
travail avait pu être continué, je suis
persuadé qu’une belle moisson aurait
mûri sous nos yeux à la gloire de Dieu
qu’elle a servi.
J. P. P.
POTI LIS JElllS QHS
Un jeune collaborateur nous écrit de Turin :
Aux jeunes étudiants qui viendront
un jour poursuivre leurs études à Turin
je voudrais donner un conseil d’ami ;
je voudrais indiquer un endroit où ils
pourront passer de belles heures, nos
bibliothèques. Il en est une rue Po, à
l’Université. C’est un ambiant austère
où d’interminables rangées de livres
vous regardent du haut des rayons.
L’autre, au Palais de Ville, m’est plus
sympathique ; ses locaux sont plus
neufs, plus propres, le silence y est
plus religieux. J’y ai passé de bons
moments et souvent dans l’entrée je
me suis arrêté à dévisager les lecteurs
qui arrivaient en longue file. A cette
bibliothèque les enfants mêmes sont
admis, et ils en profitent !
On les voit venir en foule : jeunes
ouvriers au visage noirci, mais qui se
sont lavé les mains afin de feuilleter
sans les maculer les livres aux belles
pages qui jettent dans leur cœur tant
de gaie lumière et ouvrent à leur jeune
intelligence tant d’horizons nouveaux !
Ne craignez rien, pessimistes moroses,
si les livres sont souvent bien dangereux, on ne les leur donne pas ces
livres qui souillent l’âme. Et quand je
les vois penchés, rivés aux livres ces
enfants, ces jeunes gens, ces hommes
d’âge mûr, aux mains calleuses, je me
dis que c’est là une œuvre de vraie
et haute moralisation. Cet ambiant lumineux est non seulement pour eux
un moyen d’instruction, mais il les
arrache aux bouges malsains, aux auberges enfumées.
J’ai reporté mes pensées à la Tour
et je me juis dit : là aussi il y a des
ouvriers qui passent leurs soirées en
de grossiers plaisirs, là aussi il y a des
enfants qui rôdent le soir dans les rues.
Ne pourrait-on rien faire pour eux ?
Les livres ne manquent pas, les locaux
non plus.
Ne pourrait-on pas tâcher de leur
fournir, le soir, un peu de la nouritture
dont a besoin l’esprit de l’homme, de
l’homme qui ne vit pas seulement de
pain !
Nous extrayons d’une lettre de M. le
pasteur C. A. Bujfa, de Codisotto.
.... A Codisotto, il y a eu par le passé
(2 ou 3 années passées par exemples)
des assemblées énormes; on m’a raconté
qu’ une fois l’on a dû faire entrer un
enfant par la fenêtre du local pour
pouvoir le baptiser. Pour quelles causes
r enthousiasme d’une fois a-t-il ainsi
disparu? Je ne sais; mais quand je suis
arrivé ici, l’œuvre nous a fait l’impression d’être presque morte. — Comme
le local des cultes était des plus inadaptés pour diverses raisons et que
plusieurs attribuaient à cette circonstance l’arrêt de l’œuvre, le comité décida de bâtir une chapelle. Les travaux
3
'Ik
— 3 —
commencèrent à notre arrivée ici, et
avancèrent rapidemment ; et le 14 Déc.
dernier eut lieu le service d’inauguration, avec le concours du chef du district M.r le pasteur B. Revel de Milan,
et des pasteurs B. Soulier de Revere,
D. Borgia de Milan et M. Zamperini,
pasteur méthodiste de Parme. Au culte
d’inauguration, qui eut lieu à 3 h. p.
m., le chef du District a parlé le premier, avec beaucoup d’à propos, après
avoir déposé la Bible sur la chaire;
puis M. Soulier a prononcé le discours
de circonstance, en prenant pour texte
les paroles de Jean 8, 32. «Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira ».
Au culte du soir, après l’administration d’un baptême, M. le pasteur Borgia
de Milan donna une conférence sur les
paroles : « En vérité je te dis, que
quiconque ne naît de nouveau, ne peut
voir le royaume des deux » — A la
conférence du soir, aussi bien qu’ au
culte d’inauguration de l’après midi,
il y avait à peu près trois cents personnes présentes dont plusieurs venues
de Luzzara et de Guastalla.
Le jour suivant, à 7 heures du soir,
M. le pasteur Borgia donna encore
une autre conférence sur les fameux
vers de Giusti : « Il fare un libro è men
che niente, se il libro falto non rifà la
gente. » Il y avait encore environ deux
cents personnes présentes et l’auditoire a visiblement beaucoup apprécié
l’orateur, qui a parlé d’une manière très
intéressante et efficace.
Deux mots maintenant sur Felónica
Po et l’œuvre que j’ai commencée en
cet endroit. Felónica est une petite commune de 3.500 âmes environ, à quelques 25 k.m. de distance de Ferrare,
située sur la rive droite du Po. Pendant l’été dernier, plusieurs ouvriers
de Felónica furent employés aux travaux de la Bonifica près de S. Lucia
et eurent l’opportunité d’assister aux
cultes à S. Lucia même. Quand ils
retournèrent dans leur pays, ils firent
une pétition, signée par une cinquantaine de personnes, et l’envoyèrent à
notre Comité, lui demandant de leur
envoyer un ministre pour leur prêcher l’Evangile, et s’engageant à faire
tous les frais pour le local, l’éclairage
etc. Le comité me passa la pétition,
me priant d’aller voir et de me régler
en conséquence. Bref, voilà deux mois
que j’y vais à intervalles plus ou moins
réguliers y ayant déjà tenu 6 conférences religieuses. Une seule fois, qu’il
faisait un temps épouvantable, je n’eus
qu’environ trois cents auditeurs ; les autres 5 fois j’en ai toujours eu plus de
500, c’est-à-dire autant que le théâtre peut
en contenir, debout et serrés comme des
sardines dans une boîte. Je dis la pure
vérité en affirmant que je n’ ai jamais
eu nulle part même dans les Eglises
Constituées de longue date, un auditoire aussi attentif, sympathique, silencieux et respectueux. J’ai vendu à
Felónica plus de 60 cathéchismes Evangéliques, une 2o.ne de portions d’Evangiles, une dizaine de N. Test. Avant
et après les conférences publiques dans
le théâtre, c’est encore des 20.nés, 30.nés
et même 50.nés de personnes qui me
suivaient au restaurant et avec lesquelles
]e parlais, sans aucun effort, de religion
pendant des heures et même des demijournées. *
Plusieurs m’ont déjà demandé ce
qu’ ils doivent faire pour avoir une
Eglise ou une école Evangélique ou
les deux ; c’est le moment de l’enthou
siasme. Dieu veuille que ce ne soit pas
un feu de paille!.
C. A. Buffa.
C aï îj O jM a fi k
La Tour. — L’Assemblée d’Eglise,
réunie lundi soir à Sainte-Marguerite,
a passé en revue les chapitres de la
nouvelle Costitution et les a votés l’un
après r autre, à l’unanimité. Le vote
final sur le projet dans son ensemble
a été également unanime pour l’acceptation. Deux vœux ont été formulés et
seront transmis à la Commission des
Réglements : le premier, sur l’article
8, que le droit de vote en matière ecclésiastique soit accordé aux femmes
comme aux hommes ; le second, à propos
de l’article 12, qu’il n’y ait aux Vallées
qu’une seule Conférence de district.
L’ordre du jour n’ étant pas épuisé
la séance a continué mardi soir et l’on
a abordé une question fort grave, celle
qui concerne le poste de second pasteur de l’Eglise de la Tour. — On sait
que ce poste fut fondé il y a 22 ans,
à la suite de l’offre généreuse faite par
M. Paul Meille de pourvoir à la plus
grande partie du traitement (1500 fr.
par an). Plus tard, il est vrai (en 1893,
sauf erreur) M. Aleille réduisit d’un
tiers la somme qu’il affectait à cet objet
et l’Eglise dut pourvoir les 500 frano
qui venaient ainsi à lui manquer. Maintenant, à la suite du décès de M. Meill(%
tout subside est supprimé et l’Eglise
de la Tour se trouve en face du dilemme ou de renoncer au poste de
second pasteur ou de fournir elle-même
en entier son traitement. Cela ne serait
pas pour l’effrayer si tous ceux qui
en font partie contribuaient, chacun
selon son pouvoir. Mais il en est à la
Tour comme dans beaucoup d’autres
paroisses, ceux qui donnent sont la
minorité et comme les besoins sont
nombreux et toujours croissants, il faudrait pour y suffire, que l’on pût accroître en proportion le nombre des
contribuants et, pour beaucoup, le montant de leurs contributions. Personne,
croyons-nous ne peut penser à renoncer
au ministère d’un second pasteur qui
est une nécessité pour une paroisse
comme la Tour, si vaste et aux besoins
si variés. Ce ne serait pas seulement
se résigner à un recul, ce serait imposer un tel fardeau au pasteur qui serait
placé à la tête de cette Eglise, qu’ il
serait difficile de trouver un homme
assez fort et assez courageux pour se
l’adosser.
La question a été renvoyée à une
prochaine assemblée d’Eglise, dans laquelle on cherchera à connaître non
seulement l'opinion des divers membres,
mais si chacun d’eux est disposé à
s’imposer, volontairement, les sacrifices
nécessaires pour résoudre d’une manière
satisfaisante cette question vitale.
Conférence. Ce soir. Vendredi, M.
le prof. D. Jahier donnera sa IV Conférence, au Collège, à 8 1[2 heures.
Snint .Jean. — La Semaine de Noël
a été bien mouvementée pour la paroisse. L’arbre de Noël pour les Ecoles
du Dimanche eut lieu la veille de Noël
et attira une grande foule dans le temple. Le jour de Noël il y eut le matin
l’admission à la Comunión d’une catéchumène qui devait p artir pour la Suisse
et dont l’examen de vant le Consistoire
fut très satisfaisant, et l’après midi les
funérailles de M.me Turin des Broi.
Le lendemain, fête des vieillards à notre
Asile, et puis, le double service de deux
sépultures, de Jacques Martinat et Marguerite Albarin, deux vieillards. Le
Dimanche suivant plus de 1500 personnes
assistaient à 3 h. au service funèbre
près de la fosse où furent descendus
les restes de Henri Gay qui avait été
tué la nuit après Noël. Le matin avait
eu lieu au temple un service d’humiliation à propos de ce crime qui a si
profondément affligé toute la communauté.
La première semaine de Vannée ont
eu lieu successivement dans les différentes écoles de quartier chaque soir
les réunions de prière de l’Alliance
évangélique qui ont été bien fréquentées et nous l’espérons seront bénies
pour toute la paroisse.
Aux Salles Vaudoises aussi, fête de la
Société Chorale à la veille du jour de
l’an; arbre de Noël de l’Union des
jeunes filles; fête de l’Union des jeunes
gens, et le 8 courant, très belle matinée
de récitations de la Société du Printemps. Une des Salles est ouverte et
chauffée tous les soirs à la disposition
de tous les Vaudois qui veulent en
profiter pour la lecture.
Refuge. — Nous recevons le cin
(jnicme rapport du llefuge « Boi Charles
A/lu t» Ce n’est pas cette fois une
broi hiin illustrée, comme les rapports
précédi'iils, mais une simpjle feuille sans
ai.tii gr.ivure que la vue du Refuge.
C’esi que, d’un côté, l’état de santé de
M. Meille rend extrêmement pénible
pour lui tout effort intellectuel, et de
l’autre l’augmentation des dépenses occasionnées par le nombre croissant des
malades et par les améliorations apportées aux immeubles dans le désir
de les remettre aux mains de la nouvelle administration en d’aussi bonnes
conditions que possible, impose la suppression de tous frais non absolument
indispensables.
Le Refuge a été érigé en Ente morale
par décret royal du 6 septembre 1902.
Il aura donc le droit de posséder et
d’hériter.
A partir du i.r janvier 1903 c’est
à la Commission des Institutions hospitalières que l’administration du Refuge
est confiée. Mais cette Commission ne
peut ni payer ses dettes ni pourvoir à
son entretien, pour lequel il faut de
8 à 10000 fr. par an en sus des lits
déjà dotés. La dette qui était descendue
de 25 000 fr. à 8 000 grâce à des collectes spéciales, est remontée à 20 000
francs environ à cause des nouvelles
dépenses mentionnées plus haut, et de
la maladie de M. Meille qui l’a empêché de s’occuper à recueillir des fonds.
Aussi le Refuge a-t-il toujours besoin,
et urgent besoin, de secours de la
part de ses généreux bienfaiteurs.
Un seul lit a été achevé depuis le
dernier rapport, le lit Henri Âppia,
commencé à Genève l’an dernier. Aucune nouvelle fondation de lit n’a été
entreprise.
Le nombre des malades a oscillé toute
l’année entre 25 et 30 et était de 32
à la fin (le l’exercice. Il y a, entre autres,
bon nombre d'enfants. Ces chers petits
infirmi's ne perdent pas leur temps ;
il> !rav.iillent de toute la vite.sse de
leurs doigts dans le but de préparer
une petite vente pour le printemps prochain. En voilà du courage ! C’est qu’ils
espè ent sans doute recevoir quelque
aide d’autres enfants ou même d’êtres
plus grands.
C’est Madame Meille qui, pendant
la maladie de son mari, veut bien se
charger d’une œuvre à laquelle elle a
été associée depuis sa fondation. C’est
donc à M.me W. Meille aux Appia, Luserna San Giovanni, que lettres et dons
doivent être adressés.
Nous faisons des vœux ardents pour
que Dieu rende à M. Meille les forces
et la santé.
Villesèche. — La semaine de prière
que nous venons d’avoir, a été bénie,
à en juger par les bonnes réunions qui
se sont tenues dans la paroisse.
Nos fêtes de Noël nous ont également
réjouis, grâce au zèle particulier qui
s’est manifesté, surtout dans notre jeunesse, Nous sommes reconnaissants à
notre maître-chantre qui a su relever
ces services religieux, soit des enfants,
soit des grandes personnes, par la préparation de beaux chants d’occasion.
Cinquante ans dans l’Eglise romaine, par le Père Chiniquy. Ouvrage
complet en deux volumes. TomeI. Genève,
Jeheber. Prix 3 francs.
On ne saurait faire un réquisitoire plus
sévère contre le catholicisme romain, sa
théologie, son enseignement, son système
d’éducation et l’application qu’en fait la
très grande majorité du clergé. Les horreurs du confessionnal, en particulier, dont
on n’a qu’une vague idée quand on ne
l’a jamais vu de près, sont dévoilées avec
une évidence à faire frémir. On aimerait
à penser que l’auteur exagère, mais on
sait que tout ce qu’il dit de cette institution profondément immorale n’est que
trop vrai. Tout est d’ailleurs documenté
par des citations authentiques tirées des
ouvrages les plus recommandés comme
contenant l’exposition de la pure doctrine
officielle de l’Eglise. Naturellement l’auteur s’est bien gardé de les traduire.
Ces choses-là peuvent se lire en latin,
par ceux qui le savent, mais ne sauraient
être dites dans une langue vivante. Outre
l’intérêt que présente toujours l’histoire
intime d’une âme sincère qui voudrait
connaître la vérité et que l’erreur et
le préjugé enveloppent de toutes parts,
cet ouvrage sera d’une très grande utilité
dans la controverse, parce que l’on sent
que l’auteur y parle de choses qu’il a
vues et qu’il connaît à fond. Aussi ne
croyons-nous mêmes pas devoir attendre
la publication du second volume pour
le recommander à nos lecteurs. Ajoutons
que M. Eug. Eéveillaud, dans la préface
par laquelle il présente ce livre aux
lecteurs de ce côté de l’Atlantique, laisse
espérer une prochaine édition française
d’un autre ouvrage du même auteur:
Quarante ans dans l’Eglise de Christ — ce
que nous souhaitons avec lui.
N. T.
Italiens à 1 ’ étranger
Nous avons, depuis quelque temps déjà,
sur notre table le Compte-rendu de l’œuvre d’évangélisation parmi les ouvriers
italiens résidant dans le canton de Vaud
(8.e rapport, 1901-1902). L’œuvre s’est
poursuivie à Lausanne, Vevey, Montreux,
Chexbres et parmi les ouvriers dispersés
à la montagne. Elle a eu surtout à lutter
contre la propagande athée, qui devient
de plus en plus entreprenante et active.
Les prédicateurs de l’athéisme ont fait
distribuer largement une brochure inti-
4
tulée Catéchisme de l'ouvrier italien, dans
laquelle, outre les recommandations habituelles des meneurs socialistes et anarchistes, on lisait ce conseil significatif :
« Compagnons ouvriers, ne fréquentez
pas les réunions des évangéliques et
n’acceptez pas leurs brochures, cela ne
vaut pas mieux que nos prêtres ». Cela
rend l’œuvre difficile surtout parmi les
ouvriers qui ont habité les grandes villes
et y ont été en contact avec les apôtres
des idées révolutionnaires. Cependant,
beaucoup d’entre eux savent résister aux
sollicitations des meneurs et fréquentent assidûment les réunions.
L’œuvre a fait une perte des plus
douloureuses en la personne de M. de
Schoulepnikow, ancien conseiller de l’empereur de Russie. Tenu en Suisse il y
a une dizaine d’années pour raisons de
santé, cet homme de bien fut frappé de
voir qu’on ne faisait rien pour l’évangélisation des nombreux ouvriers italiens
qui travaillaient soit à la construction
du chemin de fer de Glion aux Rochersde-Kaye, soit à la bâtisse de plusieurs
hôtels. Il en écrivit à M. Ernest Favre,
à Genève, et M. Ed. Tourn fut envoyé
dans le canton de Yaud pour y commencer aussitôt une œuvre d’évangélisation parmi les Italiens, avec le concours
actif autant que pécuniaire de M.de Schoulepnikow, qui, à l’âge de 68 ans, eut le
courage de se mettre à apprendre l’italien pour parler à « ses chers ouvriers »
dans leur langue. Depuis lors il n’ a
cessé de s’occuper d’eux aussi longtemps
que sa santé et ses forces le lui ont
permis, prenant part assidûment aux réunions, y tenant l’harmonium en vrai
maître et prononçant de courtes et chaleureuses allocutions en langue italienne
qu’ il avait apprise avec une étonnante
facilité, et ne cessant de soutenir l’œuvre
de ses dons généreux.
Il est mort le 16 octobre à l’âge de
78 ans. Que Dieu lui suscite des imitateurs.
NouYelles et faits divers
Nice. Le Comité du Foyer a publié
son 5.e rapport (1Q01-1902). Cette maison hospitalière a logé, pendant le dernier exercice, 311 personnes (contre
265 l’année précédente) avec un total
de 3208 journées de présence, dont 114
gratuites. Dans ce nombre figurent 99
« Italiennes » parmi lesquelles sans doute
beaucoup de Vaudoises. Il serait intéressant pour nous de savoir le nombre
de ces dernières. Le Foyer est de plus
en plus apprécié et bien des jeunes filles
y reviennent pour la seconde ou la
troisième fois, et le rapport cite l’exemple de telle «Vaudoise des Vallées»
qui écrit à la Directrice pour lui exprimer sa reconnaissance et aux pensionnaires pour les féliciter d’y être.
Tous les Dimanche, après midi, plusieurs ex - pensionnaires viennent au
Foyer prendre le thé comme dans leur
propre famille. 827 demandes de domestiques ont été adressées à la Directrice, ce qui montre la confiance dont
jouit rétablissement auprès de la population de Nice. 237 jeunes filles ont
été placées par son intermédiaire, outre
39 qui se sont placées par elles-mêmes.
Sauf trois ou quatre cas, la conduite
des pensionnaires a été satisfaisante.
Les dépenses se sont élevées à francs
4693,55
Journée des missions. Le Comité
des Missions adresse aux journaux
français une lettre par laquelle il recommande à nouveau la journée du 25
janvier, qui devra être spécialement
consacrée à la méditation et à la prière
pour les Missions.
« Le Comité, dit-il, tient à dire au
public qu’il ne s'est engagé dans aufiune
entreprise nouvelle et qu'il s’eÿorce au contraire de diminuer de tous côtés les dépenses, ce qui ne se fait pas sans enrayer la marche en avant.
« Qu’ on nous permette de le dire,
ce n’est pas sans angoisse que nous
nous voyons obligés, par économie, de
fermer la porte du Soudan, d’empêcher
nos missionnaires du Congo de donner
à leur œuvre l’extension qu’ils réclament et de s’attaquer aux populations
de rOubanghi et de la Sangba ; de
faire les réserves que nous avons dû
formuler dans le journal de janvier,
sur le programme de conquête religieuse que M. Bianquis nous propose
pour Madagascar.
« On nous dit que nous avons atteint,
pour le moment du moins, la limite
de l’effort missionnaire possible au protestantisme français. Nous ne le croyons
pas. Mais c’est à Dieu de nous le montrer, et c’est lui seul qui a le droit de
nous arrêter ou de nous pousser en
avant. Nous nous en remettons à sa
sagesse. S’il ferme la porte à l’extension aujourd’hui, il sait ce qu’il fait
et quand l’heure viendra il la rouvrira».
Suisse. — La poste et le dimanche.
L’administration des postes suisses vient
de faire faire un nouveau pas en avant
à l’importante question du repos dominical. Désormais, en effet, dans tous
les bureaux et dépôts de poste, les
articles de messagerie, à l’exception
des envois exprès proprement dits, ne
seront plus distribués ni le dimanche,
ni les jours fériés reconnus par l’Etat.
Genève. Eglise italie^me évangélique.
On écrit à la Semaine lieligietise :
« Cette intéressante petite communauté, dont le siège est : rue Ami-I.ullin,
3, est entrée le i.er juillet 1902 dans
sa cinquième année d’existence. Elle
vient de célébrer sa fête de Noël le
dimanche 28 décembre, de 4 ï\2 h. à
6 h., dans le temple luthérien, qui lui
a été de nouveau gracieusement concédé. Deux courtes allocutions ont été
suivies de chants et de récitations, fort
bien exécutées par les élèves de l’Ecole
du dimanche et de l’Ecole du jeudi ;
puis on a procédé, devant l’arbre brillamment illuminé, à la distribution traditionnelle des cadeaux. Tout s’est passé
avec le plus grand ordre. La réussite
de cette petite fête est due au zèle et
au dévouement du pasteur de cette
Eglise, M. A. Carmagnola, si bien secondé par plusieurs moniteurs et monitrices. »
Revue Politique
Le 25.me anniversaire de la mort de
V. Emmanuel II a donné lieu, vendredi
dernier, à Rome, à une manifestation de
patriotisme des plus imposantes. Un cortège de 20 mille personnes représentant
toutes les provinces du royaume, plus
de vingt corps de musique, des centaines
de bannières ont défilé dans les grandes
rues de la capitale, avant de se rendre
au Panthéon où reposent les cendres du
grand Roi. Malgré le mauvais temps une
foule énorme se massait dans les rues
pour assister au défilé des vieux vétérans, des vieux garibaldiens et des dé
4 —___________________________
putations venues de l’étranger parmi
lesquelles celle de Trieste, portant une
immense couronne avec cette inscription
« Au Roi qui a voulu l’unité de la patrie,
Trieste avec une foi inébranlable », a été
particulièrement remarquée et applaudie.
Le défilé devant la tombe du Roi, n’a
pas duré moins de deux heures. Le général De Sonnaz, président du Comité
du pélérinage et les représentants de
toutes les délégations ont été cordialement reçus, les jours suivants par LL.
MM. le Roi et la reine mère.
M. Prinetti et le comte de Bellegarde
de St. Lary, marié à une nièce de Pie
IX ont failli se battre en duel, et voici
pourquoi. Le comte de Bellegarde, chargé,
il y a quelques mois, d’une enquête sur
les enfants italiens occupés dans les
usines de vitreries françaises, avait présenté un rapport qu’on n’avait pas jugé
à propos grâce à quelques détails que
le ministère avait trouvés inexacts. S’étant
plaint un peu trop vivement de la chose
au ministre Prinetti, ce dernier le fit
jeter à la porte par un huissier.
D’après les préjugés concernant les
soi-disant questions d’honneurs, il y
aurait eu là un bon prétexte pour un
duel. Il y a môme eu un abouchement
entre les représentants du ministre et
ceux de M. de Bellegarde. Heureusement que des explications réciproques
ont évité cette partie d’honneur qui aurait fait grand tort surtout à M. Prinetti.
— La question marocaine est loin de
la solution pacifique que certains événements postérieurs auraient laissé espérer. La population de Fez s’étant manifestée hostile au Sultan, celui-ci se
hâte de fortifier la ville pour être à
même de résister aux ennemis du dedans
et à ceux du dehors. Il n’a môme pas
hésité de recourir humblement auprès du
chérif Ouezzam, un protégé de la France,
pour qu’il s’emploie à la soumission des
rebelles toujours menaçants et vainqueurs.
Les dernières nouvelles annoncent que
le prétendant aurait établi un dépôt d’approvisionnements à 4 heures de Fez et
qu’il a formé le dessein de prendre la
ville par la famine. Bref, la situation
devient de jour en jour plus grave.
— Après maintes hésitations de part
et d’autre, après maints pourparlers, il
est enfin convenu que le conflit vénézuélien va être soumis à l’arbitrage des
Etats-Unis, dont le chargé d’affaires à
Caracas est parti samedi dernier pour
Washington. Il a reçu du Vénézuela
pleins pouvoirs pour engager, le cas
échéant les douanes de la République à
titre de garantie sur les indemnités que
l’Italie, l’Allemagne et l’Angleterre réclament. Les représentants de ces trois
puissances vont s’aboucher à Washington
avec le représentant du Yénézuela. Le
blocus est maintenu, en attendant
— Tandis que le petit roi d’Espagne,
retournait, le 11 c. au palais royal, accompagné de sa mère et de sa sœur
Thérèse, à la sortie de l’église, un certain Giuseppe Feito, âgé de 30 ans, a
tiré sur la voiture qui suivait immédiatement l’équipage de 8. M. Arrêté immédiatement sans qu’il opposât la moindre résistance, Feito a déclaré avoir
voulu se venger du duc de Sotomayor,
le grand chambellan, qu’il croyait dans
la voiture. Le duc lui avait, dit-il, promis un emploi au palais, et il n’avait
pas tenu sa promesse : voilà pourquoi
il voulait le tuer. On a cru d’abord à
un attentat anarchiste en rapport avec
celui de Rubino, mais il semblerait
que l’équipée de Feito serait l’œuvre d’un fou et que les anarchistes n’auraient rien à faire là-dedans. N'empêche
que le petit roi, malgré les affirmations
contraires de la presse espagnole, n’ait
eu bien peur !
- Le parlement français a repris ses
séances le 13 c. Par 336 voix M. Bout.
geis a été rééln président de la Chambre
MM. Etienne Lockroy, Guillain et Jaurès
sont nommés Y. Présidents. Les socialistes ont salue l’élection de leur champion Jaurès par de vives acclamations.
______________________.j- C.
lioüveiiient dps ïaiidois de ilarseilîT*
(Mouvement du 20 novembre au 25 décembre)
Baptêmes : Olga Gay, Ferdinand Micol
Jean Reffourn, Blanche Jahier, Louise
Malan, Emile Bounous,
Mariage : Albert Lachaud et Thérèse
Chauvie.
Décès : Jean Reffourn, 25 ans ; Emilie
Guigue, 7 mois ; Jean Long, 36 ans ;
Auguste Arnaud, 70 ans; Julie Armand
V.ve Radix, 66 ans ; Catherine Gaudin,
V.ve Fréau, 56 ans; Louis Villielmi
4 ans; Françoise Roux, V.ve Mourot,
78 ans.
Abonnements payés.
MM. Math. Poët, Payé ; Pomaret : Th.
Ribet, Peyrot; Bosio, Pramol ; B. Long,
8. Germain ; Yillar : Tron, Elisée Jahier,
J. P. Cairus ; Toscano, la Tour; Peyrot,
Marauda; Morglia, Bubiane ; Turin : M.
Brochet, Leidheuser, Toscano ; Bosio,
Aoste ; Bert la Salle ; Bosio, Florence ;
Soulier, Revere ; Caïrus, Avignon; Peyrot,
Bordeaux ; Paris : Evans, Bertinat. Amérique du Sud : Long, Col. Iris ; Guigou,
Rosario Tala ; B. A. Pons, Buenos Ayres ;
De Benedetti (aussi 1902); Pasquet,
Campana ; Pavarin, Alejandra; Salvageot,
Alejandra ; Grill, Pomaret; E. Pascal;
Gander, Pignerol; Gay-Micol, S. Secondo;
Bertalot et Reynaud, Abbadia ; E. Pons,
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