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Année ¡Septième.
18 Novembre 1881
N, 45
TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vüu$ me serez témoins.
Actes 1, 8.
Suivant la vérité avec la charité , Ef . J *15,
PRIX D'ABBONWEMENTPAR ANl
Italie . . L. 3 I
Tous les pays de rüaiou I
de poste . • * ^
Amérique . • » 9 |
Oq s'bbonne :
Pour yIniérieiir chez MM. les
pasteurs et les libraires de
Torre Pellice.
Pour ï’^Æféj'iiwau Bureau d'AtP
minisiratioD.
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P.oar I'ADMINISTRATION adresser ainsi : ArAdniinistration du Temoii!, Pomaretto iPineroloJ Italie
SoiTiiiiair*e.
18 Novembre. — Une maladie dont les
Vandois sont parüiftüèrement Iravaillés.
— Corm'pontfaiiK' — Un dernier mol
sur',le.s réforméi'êi i Moravie, — Artigianolli valdesi. — lien :t iifiüiiijue.
IS novemT^r*©.
US eüTEGflOli^ËS.
Le soin des calécfiumènes est
sans conlredil la partie la pins importante, mais aussi de beaucoup
la plus difflcile,‘'de l’œuvre pastorale, et ce n'est jamais sans un certain tremblement que nous voyons
arriver l’époque où une coutume
que nous ne voudrions pas abolir,
néfus amène vingt à trente jeunes
garçons et autant de jeunes filles,
dont nous devons au moins commencer l’instruction religieuse.
Une première difficuilé, universellement sentie dans notre Eglise,
provient de la lenteur avec laquelle
les jeunes gens s’inscrivent pour
suivre les leçons. A la répugnance
assez naturelle des enfants, qui
n'ont pas encore commencé à goûter les enseignements de la Parole
de Dieu, s’unit trop souvent la stupidité et l’avarice des parents, qui
regardent comme une perle inutile,
de se priver, sans une absolue nécessité, du travail de leurs enfants.
Il y a partout de ces gens insensés
qui tiennent pour seules utiles les
écoles enfantines, qui les délivrent
pendant legour de ces petits enfants
qui ne rapportent rien à la maison
et font perdre du temps.
Lorsqu’enfin tous les catéchumènes sont réunis, une seconde difficulté, plus grande encore que la
première, vient mettre à une rude
épreuve la patience, le courage et
le dévouement du calhéchisle. 11
s’agit de les faire marcher ensemble, c’est-à-dire de leur donner un
enseignement tel que les plus faibles
puissent en tirer quelque profit, et
que les plus intelligents ne soient
pas sacrifiés. Ceux qui se sont
consciencieusement efforcés d’atteindre ce double but savent que
jamais il n’ont eu la satisfaction d’y
toucher, même en ne le perdant pas
de vue un seul instant. .
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362
En présence de celle insurmonlabie difïicullé, quelques-uns de
nos jeunes collègues pleins de vigueur ei de bonne volonté, se sont
décidés à la tourner, c’esl-à-dire
qu’ils divisent leurs caléchuraènes
en deuK classes, et qu'ils donnent
à chacune d’elles un enseignement
à la portée des enfants qui la composent. Impossible de trouver une
solution meilleure et nous souhaitons de tout notre cœur que cet
exemple puisse être suivi partout.
Mais comme il faut, en dédoublant
la classe des catéchumènes, doubler
le nombre des leçons, que c’est en
hiver, c’est-à-dire, loi’sque le travail surabonde, que se donne l’instruction aux catéchumènes, nous
douions fort qu’un pasteur seul,
déjà affaibli, peut-être, par l’âge,
soit capable de porter ce surcroit
d’occupations.
Du reste il n’est pas convenable
que l’on fasse du pasteur un régent
de quartier, chargé d'apprendre à
lire à des enfants, dans les mains
desquels U veut mettre la Bible, et
que des parents stupides, ou intéressés, ont négligé d’envoyer à l’école.
Après avoir longuement réfléchi
et longuement gémi sur cette grave
difficulté, il nous est venu une idée
qui nous semble mériter quelque
attention, et c’est pour avoir l’occasion de la communiquer aux lecteurs du Témoin, que nous avons
abordé aujourd’hui le sujet du caléchuménal.
Lorsque le Synode a ordonné
que^^désormais l’admission au nombre des membres communiants de
l’église n’aurait lieu qu’à la suite
d’un examen subi devant le Consistoire, il a fait une chose excel
lenle à beaucoup d’égards, en diminuant la responsabilité du pasteur
et en rendant à l’ac^ de la confirmation du vœu du baptême l’importance qu’il avait perdue aux
yeux du plus grand nombre. Cela
ne veut pas dire que les Anciens,
qui ne jugent quejl’épreuve àia quelle
ils assistent, ne puissent être parfois
en parfait désaccord, soit par excès
d’indulgence, soit par excès de sévérité, avec le pasteur qui a donné
renseignement et qui connail le
caractère et les aptitudes du catéchumène; et c’est ce qui arrive assez fréquemment. Pour compléter
les dispositions du règlement sur
l’admission des membres de paroisse et pour rendre ces dispositions efficaces, nous pensons qu'il
est indispensable d’adopter tôt ou
lard, et plus tôt que plus lard, lu
mesure suivante; Avant de commencer l’enseignement catécliélique
les Consistoires soumettent à un
examen préalable les jeunes gens
qui se sont présentés pour te suivre.
L’objet tout spécial de cet examen
est de s’assurer que les cathécurnènes savent lire couramment et
possèdent les connaissances les plus
élémentaires de l’histoire biblique,
celles que l'on acquiert par la fréquentation pendant trois ou quatre
ans d’une école du dimanche. —
Les enfants qui ne remplissent pas
cette double condition sont déclarés
exclus, pour l’année, de l’inslruction
donnée aux catéchumènes
Cette mesure procurerait aux
pasteurs un immense soulagement,
et leur permettrait, soit de faire
avancer un peu plus vite les enfants
dont ils demeureraient chargés, soit
de donner plus de temps et de
soins à la partie de leur tâche la
3
v363.
plus imporlante, à leurs propres
yeux, quoique bien souvent ils la
perdent de vue, nous voulons parler
de la cure d'âmes à exercer à l'égard de chacun d'eux individuellement. C’est avec un sentiment de
tristesse profonde que le ministre
de Jésus-Christ, arrivé à la fin
d’une labourieuseinstruction, pendant
laquelle il a beaucoup parlé du
Sauveur à ces jeunes intelligences,
est forcé de se dire que le très
grand nombre d’entr’eux ne l’a pas
connu et ne lui a pas donné son
cœur. Bienheureux est celui qui
peut s’écrier avec une joyeuse reconnaissance; «Me voici, Seigneur,
avec tous les enfants que tu m’as
dominés ! »
lUUDIË
diinl les Vaudois
sont parliculièremenl travaillés
Celle maladie je la nommerai
sans réticences ni périplirases : le
manque de suite dans les choses que
nous avons entreprises. Les bonnes
idées ne nous manquent pas plus
qu’à d'autres. Il suffit d’assister à
l’un de nos Synodes pour s’en convaincre. Que de bonnes l'ésoiu lions
y sont prises, qui, si elles étaient
effectuées avec suite et persévérance,
par cliacun de ceux 'que cela concerne, ne pourraient manquer de
produire les plus excellents résullals.
Mais est-ce là ce qui arrive !
Hélas! non; la plupart du temps,
c’est exactement le contraire. Vous
faut-il, ami lecteur, la preuve de
ce que j’avance? Celte preuve vous
ii’avez pas à aller la chercber bien
loin pour la trouver, Ouvrez tout
simplement pour cela, l'un après
l’autre, les compte-rendus, de nos
différents Synodes et chacun d’eux
vous en offrira et plus d’une.
En 1878, par exemple, monsieur
le pasteur Hugon de Rorà présente
au Synode un rapport sur le Gâtéchuniènat jugé assez bon pour que
l’assemblée, à l’unanimité, en vote
l’impression. Cela doit vouloir dire
que chacun des membres du Synode
pour la part qui le concerne, fera
son possible pour que les excellentes
idées émises dans ce travail soient
traduites dans la pratique, et que,
de celte manière, d’importantes
améliorations soient apportées à ce
dicaslère si important de notre vie
religieuse. Mais en quoi les choses
sont-elles aujourd’hui, sous ce rapport, différentes de cequ’elles étaient
avant la composition et la publication de celle brochure?
Dans le Synode de 1880 il est
donné lecture d’un travail remarquable aussi de monsieur le pasteur
Bosio de St. Germain sar Vexercice
de la discipline au sein de l’Eglise
Vaudoise, et de ce travail aussi
l’impression fut demandée et ordonnée... Mais avec quels résultats? et
qu’a-l-il été fait, dès lors, pour
populariser et faire passer dans la
pratique les excellentes idées qui y
sont contenues ?
Le même Synode entend la lecture qui lui est faite par une Commission nommée ad hoc d’une première livraison de la Liturgie révisée,
remercie les auteurs de ce travail,
en autorise l’Usage au sein de nos
églises, et imite les pasteurs, les
évangélistes, chacun des membres
de l’église à mettre par écrit leurs
observations sur ce projet, pour les
4
.364^
communiquer avant la fin de mai
188i, à la Commission chargée de
le compléter... ce qui n’a pas empêché que la date sus indiquée ne
fût plus qu’écoulée, quand arrivèrent à celle Commission les deux
ou trois seules listes d'observations
qu’elle ait reçues.
Une recommandation toute pareille a été faite par le Synode de
cette année concernant une seconde
livraison, beaucoup plus importante
encore que la première, de ce projet... les résultats en seronL-iis autres
que pour celle de l’année dernière?
C’est ce qu’un prochain avenir nous,
apprendra ; il nous dira aussi à
quoi aboutira, en fait de résultats
pratiques positifs et durables , cette
fondation, excellente entre beaucoup d’autres, d’une Société d’histoire Vaudoise, dont les bases
ont été jetées à l’occasion du dernier Synode. Notre ardent désir est
qu’ils réalisent et au de là les espérances qu’en .ont conçues ceux qui
ont été les promoteurs de celle institution. Mais si notre désir est ce
que nous venons de dire, notre
conviction profonde est qu’il ne lui
sera donné satisfaction que si un
grand changement se produit dans
nos habitudes et dans notre caractère.
^omepottbancc
Ce n’est pas la fauta de noire ami
si sa lettre, vieille déjà de plus d’un
mois, n’a pas été publiée plus tôt. C’est
nous qui avons été dans l’impossibililé
de la préparer pour l’impression, et qui
pour ne pas trahir le secret de Jacques,
n’avons pas voulu charger de ce soin
un de nos collaborateurs. En la parcourant une seconde fois, nous avons
hésité un moment', nous demandant
s’il y aurait encore opportunité â la
publier; nous avons conclu alTirmativemenl. Nos lecteurs jugeront bientôt
si nous avons eu raison.
Rédaction.
Cher M. le Directeur,
11 est fort possible que je me donne
une peine inutile et que vous n’estimiez pas prudent on convenable de
présenter celle lettre aux lecteurs du
Témoin. Si cela arrive, croyez que je
n’en mourrai pas de chagrin et que
cela ne m’empêchera pas d’employer
à votre service tous les moments de
loisir que me laisseront les travaux de
la saison. C’est une curieuse histoire
que celle que je vais raconter.
Il y a une dixaine de jours que je
suis passé bien près de votre maison,
sans pouvoir vous saluer. Le temps
pressait, il me manquait quelque peu
de blé pour achever mes semailles;
selon une habitude, déjà ancienne et
que je crois très-bonne, j’allais ctieicher d’un côté quelques hémines de
froment et de l’autre quelques nnes
de seigle.
Pour le dire en passant, Tune des
choses les plus utiles en agriculture
c’est préci.séraent le changement fréquent et le choix très-attentif des différentes semences, pommes de terre,
poix, haricots et fèves aussi bien que
de céréales. Vous payez 1,50 par hémine voire blé de semence, de plus
que le blé ordinaire, mais il vous rendra
8 ou 10 pour 1 au lieu de 4 ou 5, en
sorte que vous réaliserez un fort joli
bénéfice. J’aurais sur ce sujet beaucoup
de choses à dire à mes collègues en
agriculture, mais je le réserve pour
une autrefois.
Comme j’étais en pays de connaissance, j’entrai sans hésiter dans une
maison où je m’étais souvent arrêté.
Je n’eus presque pas besoin d’indiquer
le but de ma visite, et en quatre paroles le contracl fut canclu. J’avais
remarqué chez l’ami R. et sa femme
quelque chose' d’embarrassé et de préoccupé qui ne leur était pas naturel.
Leur ayant demandé, selon l’usage, des
5
-365^
nouvelles de la famille, du bétail, des
recolles et de tout ce qui se rapporte
aux choses de ce monde, ils me répondirent de manière à me prouver qu’ils
n’avaient, quant à leur prospérité malérieile,|auciin sujet d’être inquiets ou
mécoiilenls. Voyant que ma curiosité
était éveillée t’arni R. me dit enfin:
* vous ne savez donc pas que dans deux
jours on doit venir nous massacrer
tous » En effet je ne le savais pas et
j’en entendais parler pour la première
fois. Comment le savez-vous? sonl-ce
les assassins eux-mêmes qui vous ont
prévenus? — Entre le mari et la femme, ils m’ont raconté que dans telle
commune on était tout en émoi; que
dans tel village on n’osait pas dormir,
que dans tel autre on montait la garde
toutes les nuits. Cela devenait grève,
mais cela me rappelait aussi le temps
où à La Tour le bruit courait que tout
le val Pérouse et le val Sainl-Mai'tin
avaient été mis à feu et à sang par une
bande de brigands que, en définitive,
■ personne n’avait vus — Nos gens sont
d’une crédulité sans pareille. Intrépides
en présence d’un danger réel, ils Irem' blenl comme la feuille devant un danger
imaginaire. De l’iiistoire de nos pères
ils n’ont gardé que le souvenir d’horribles massacres, mais en oubliant tes
circonstances et les instruments dont
Satan s’est servi alors pour éprouver
la foi de sa petite Eglise et l’épurer
au creuset de la sanglante persécution.
Encore une fois, je demandai à ces
braves amis d’où leur viendrait celle
ruine funeste et qui la leur avait prédite. Naturellement ce sont les catholiques, nos immortels ennemis, qui sont
à l’affût pour nous exterminer et c’est
l’un d’eux (ils me l’ont nommé, mais
ce nom m’échappe en ce moment) un
mauvais drôle qui se plait à effrayer te
monde par des menaces obscures et
des prédictions de malheurs très-prochains.
Je n’ai presque pas besoin de vous
dire que j’ai ri de ces frayeurs, que je
me suis efforcé de leur montrer combien ^elles étaient absurdes et comment il était tout simplement impossible que les scènes d’autrefois se renouvelassent de nos jours. Les soldats que
l’on envoyait autrefois|contre nos pères,
seraient maintenant envoyés pour nous
protéger, et aucun pape de notre temps
ne pourrait prêcher ou faire prêcher
une croisade contre nous.
J’ai ajouté quelque chose qui n’aura
peut-être pas votre approbation; mais
n’oubliez pas que j’ai passé un certain
temps sous les armes, et que si, grâce
à Dieu, je n’ai eu l’occasion de tuer
personne, il est sûr que si quelqu’un
avait attenté à ma vie, je me serais
défendu au risqne de lui ôter la sienne.
Après avoir assuré ces bonnes gens
que le 22 septembre se pass'erail sans
qu’on eût tordu un cheveu à un seul
vaudois, je lui dis: combien êtes-vous
de vaudois dans votre Commune et dans
votre Vallée? Tant, me répondit-il.
C’est-à-dire que vous êles dans la proportion de plus de deux poui' un , et
vous tremblez !
Voici ce que je ferais, si j’habilais
parmi vous. Je dirais à qui voudrait
l’entendre: ce n'est pas nous qui avons
sujet de craindre, s’il arrive que Satan
souffle dans les cœurs de quelques fanatiques ignorants, ces vilaines passions
qui ont fait couler tant de sang dans
les siècles passés. C’est plutôt vous,
— car nous ne serons pas assez simples pour nous laisser piller et égorger.
Nous avons des armes et nous sommes
bien- décidés à nous en servir contre
les chiens enragés de toute sorte.
Mais ajoutai-je, en les quittant ; tranquillisez-vous k dormez en paix. Que
s’il y a, par ci par là, des hommes
malveillants qui prononcent des paroles
imprudentes que les imbéciles vont
ensuite colportant, la masse de la populalio’n catholique, même là où l’on
prend à lâche de la laisser dans son ignorance bigolle, ne lèvera pas un doigt
pour vous maltraiter.
En rentrant chez moi et en interrogeant quelques personnes qui ont plus
d’âge et plus de mémoire que moi,
je suis arrivé à ce résultat qui me parait assez intéressant. Ces bruits sourds
et ces menaces de spoliation et de
massacre des Vaudois, se sont toujours
produits à l’occasion de guerres ou
de bruits de guerre. — C’elail tantôt
l’Autriche et tantôt la Fi'ance qui de-
6
valent venir mellre à la raison rilalie, '
rendre au Pape son pouvoir lemporel,
el rélablir celle union autrefois si fiinesle du trône et de l’autel. En 1870
lorsque la France allait infailliblement
déiruire le protestaulisme allemand ,
on pourrait nommer en plus d’une
r.onamune bien de pauvres ignorants
qui, 1res naïvement et très brulalemeni, désignaient la propriété vaudoise
dont ils se melIraient bientôt en possession. Sédan a calmé ces ardeurs conquél’anls. El l’autre jour, c’est au moment
0(1 l’on disait qu’une armée française
se réunissait à Briançon, que les mêmes
bruits ont couru , au moins dans la
partie des Vallées qui est la plus l'approchée du briançonnais. — Il serait
intéressant de savoir par qui ces gens
d’ordinaire illellrés, sont renseignés
sur la marche de la politique.
Voire dévoué
Jacques.
îiii dernier i»ul
sur les Eglises Réforinées de ülortivie
L’ histoire du cieco milanese se renouvelle ions les jours : voilà ce qu’on
dira de nous, en lisant le litre que
nous avons placé à la lêle de ses lignes. Rassurez-vous, car ce sont bien
les dernières , trop peu iméressanles,
sur un sujet qui a pour nous les plus
vif allrail.
Il me l'auf, celle fois, commencer
par qneiques corrections. Le proie m’a
fait dire qu’il y a 250 ans que toute
relation avait cessé entre les Vaudois
et les Eglises de Bohême et Moravie.
C’est 350 que noirs avions écrit, savoir depuis le synode des Chanforans.
En outre on a mutilé le nom du D*' Lang
de Glasgow, el nous voulons le maintenir intacl. Quand aux erreui’s de
inoindre importance, »nou.s laissons aux
lecteurs la peine de les rédresser.
Les quelques jours passés au sein
des Eglises réformées de Moravie, ne
nous permettent pas de juger de leur
étal religieux et spiriluèl avec pleine
connaissance de cause. Nous bornant
à relever ce qui nous a frappé, il est
permis d’affirmer qu’il y a, chez nos
frères en la foi , un désir ardent de
sorlir de l’isolement où ils ont vécu,
durant des siècles, avant el après
I’ édit de tolérance. Les besoins de
l’âme sont réveillés el les pasteurs cherchent à les accroître en même temps
qu’ils s’efforcent de les satisfaire.
La prédication de tous les ministres
inoraves réformés est francliement
évangélique. Plusieurs d’entre eux sont
aniniès d’un vrai zèle missionnaire el
prêt à attaquer le boulevard de l’erreur papi.sie, dès quelles dernières en
través qui les en empêchent tomberont
brisées par le puissant souffle de la
liberté. Jusqu’ici il a presque été impossible d’évangéliser sériensemenl les
catlioiiquôs. Les lois et le mœurs s’ y
opposaienl. Mais dans vingt ans, que
de barrières qui ont disparu ou fléchi!
Le coips pastoral se recrute en Moravie el en Bohême. Pour satisfaire
aux exigences des lois de la monarchie, chaque futur ministre doit étudier
pendant quelque temps à la faculté
Ihéologïque Vienne. Cela fait, presque
tous fréquealenl, plus ou moins longtemps , les universités d'Allemagne
et même d’Angleterre el d’Ecosse.
C’est pendant leur séjour dans ce dernier pays, que les jeunes ministres de
Bohême el Moravie ont fait de connaissances et contracté des relations
qui ont commencé déjà à donner les
meilleurs fruits. Les Synodes. tenus
dernièrement à Klobouk et à Prague,
auxquels les députés étrangers ont
assisté en grand nombre , en sont la
meilleure preuve.
Nos frères d’Ecosse el d’Angleterre,
les vaudois le savent mieux que personne, témoignent de leur inlérêl autrement que par des paroles ! Nous
avons vu , en Moravie, des pasteurs,
des anciens el plus d’un simple fidèle , venus de la Grande Bretagne ,
s’ arrêter là des semaines entières, à
fin de parcourir les pays en visitant
les Eglises , s’allacbanl de préférence
à celles qui sont plus éloignées (les
grands cenlres el par conséquence plus
nécessiteuses. Ces visites ne manqueront pas d’ôlre une source de riches
bénédictions pour nos a¡nis, car elles
7
.,367..
leur ont fourni i’ occasion de faire
connaître leurs besoins aux représenlanlsdes Eglises sœurs qui savent sympathiser et aider.
Aucun doute, dès lors j; qu’une ère
nouvelle a commencé pour les descendants de nos anciens frères. En leruiinanl ces quelques mots sur les
Eglises de Moravie, nous ne voulons
pas taire un souhait. Que le Seigneur
les Tortifie et les bénisse , a fin que ,
bientôt, elles puis.sent, elles aussi,_ venger leurs pères morts pour le témoignage de r Evangile , en amenant à
Jésus Christ les fils des anciens persécuteurs. J. P. Pons.
La Société fiustâve-üdolphe
Nous avons sous les yeux le rapport
de la Société Gustave Adolphe qui a
tenu celle année son assemblée générale à Dorlmund dans la Weslphalie,
les jours 46, 17 et 18 août. Ce rapport
très circonstancié nous apprend que
la Société Gustave Adolphe , dont le
hui principal est de tendre une main
secourabie aux protestants dispersés au
milieu des catholiques, a déjà 49 ans
d’existence, et qu’elle se propose de célébrer le 50® l’année prochaine à Leipzig
même, et en partie à Luizen , où le
grand roi de Suède a succombé après
avoir assuré la victoire à la cause
proleslante qu’il avait soulenue avec
tant de foi et de valeur. ^
Depuis sa fondation la Société a disli'ibué plus de 20 millions de secours
ù 2875 églises ou instituís et l’année
dernière environ 940 mille francs.
El cependant, M. le Docl. Ericke ,
président du Comité central de la Société, dans une de ses, alloculions, a
invité avec instance les 26 millions
d’évangéliques allemands à faire plus
Encore ; car a-t-il dit, s’ils ne donnaient
chacun , qu’une seule pièce de monnaie .d’environ 16 1i2 cenlimes , ce
sont 3 millions au lieu de 900 mille
h’ancs dont la Société pourrait dispo.^er
en faveur de tant d’Eglises qui sont
en souffrance. Soit le docleur Fricke,
®oil.d’autres orateurs, enlr’aulres le
docteur Tliônes de Lenness, dans son
beau sermon sur ces paroles tirées du
livre d’Esllier : 8, 6, Comment pourrais-je voir la destruction de ma race,
ont in.sisté sur le devoir des évangéliques de venir au sccOur.s de leiii'.s
coréligionnaires. Trop longtemps, disent-ils, nous avons négligé ce devoir ;
el cet oubli, celle coupable négligence
à été la cause de la ruine de bien des
Eglises. Dans l’Archiduché d’Aulricbe,
par exemple , dans un temps en grande
pallie évangélique, de nos jours le
nombre des proteslanls s’élève à quel
3ues cenlaines de mille âmes, répanues au milieu de 8 à 10 millions de
catholiques.
L’Italie était représentée à l’assemblée de Dorlmund par le pasteur d’Ancône , M. Calvino, qui a fait un rapport très exact et très circonstancié
sur l’étal de l’église vaudoise dans les
Vallées el dans l’Evangélisation. Il a
longueménl parlé de la belle fêle de
la dédicace du temple de S. Giovanni
in Conca à Milan ; il a recommandé
nos diverses œuvres à l’inlérél de la
Société, et il a profilé de la liberté
qui lui a été accordée de parler assez
longuement pour reclifier une assertion contenue dans une lettre adres.sée
à un journal religieux de Leipzig.
Voici en quels termes celle rectification a eu lieu : n un journal allemand
a dit que les Vaudois oui supprimé
dans la confession de foi ces mois :
il est descendu aux enfers ». Je suis
chargé de repousser celte assertion.
Un tel acte serait une excessive piélenlion de la part de In plus petite
des églises évangéliques. Nous sommes
avec vous el avec la chiélienlé universelle sur le terrain du même Credo.
Cela est fort bien dit. — Nous aurions
bien voulu que M. Calvino eût eu aus.si
l’occasion de reclifier, (et il rauraii
sans doute fait s’il l’avail pu ou su)
la nouvelle publiée encore dans le
Rapport de la Société en octobre dernier, d'après laquelle toute la ville de
Berloulla en Piémont (2000 hab.) aurait passé du calholicisme à la foi
évangélique. — Nous savons à quelles
minimes proportions il faut réduire
ce fait emprunté à la Civillà Evanne^
lica du 19 janvier dernier.
8
„368
Ce qui nous a surtout frappé dans
plusieurs ailoculions et surtout dans
les quatre beaux sermons qui ont été
prêchés pendant la session de l’Assemblée, c’est la préoccupation de l’ennemi contre lequel l’Evangile doit particulièrement lutter dans ce moment;
c’est moins l’incrédulité et la superstition que l’indifférence provenant de
rattachement aux richesses. Amasser,
s’enrichir, jouir ; telle est la grande
affaire des hommes de notre généralion.
Artigiaiielli Vaidesi.
Nous avons sous les yeux le vinglunième Rapport sur l’institution dite
des Arligianelli Valdesi du l* janvier
au 31 décembre 1880, présenté par
le Comité Directeur aux amis et bienfaiteurs de celle œuvre, et nous pensons qu’il est bon d’en donner un résumé aux lecteurs du Témoin.
l/élablisseinenl contenait 26 élèves
au 31 décembre 1879, les admissions
en 1880 ont été de 7, ce qui porte à
33 le nombre des enfants qui ont passé
par l’asile.
Les sorties dans ce même laps de
temps ont été de 14 , dont 6 pour
des causes diverses et 8 d’élèves qui
ont terminé avec satisfaction leur apprentissage.
Les motifs de satisfaction n’ont donc
pas manqué à l’Administration qui est
encouragée à persévérer dans une œuvre si belle, enl reprise il y a environ
un quart de siècle. Les heureux résiiilals obtenus font espéier que les
bienfaiteurs continueront à cet établissement leur précieux et indispensable
concours, comme aussi que de nouveaux bienfaiteurs viendront s’ajouter
aux anciens.
La santé des élèves n’a rien laissé à
désirer et leur conduite, à trois exceptions près, a été satisfaisante, très satisfaisante même pou r un certain nombre.
La situation financière est assez prospère, moyennant la libéralité des amis
de l’œuvre et le précieux concours de
la Société des Demoiselles.
Les dons en argent et en nature sont
reçus avec reconnaissance, quelle que
soit leur valeair, dans les Vallées Vaudoises, chez mess, les Pasteurs des
différentes paroisses, et h Turin , enir’autres, chez M' Jos. Malan,jbanquier,
via Carlo Alberto.
Eeüue poUttquc
Halle. — Leurs Majestés , le roi
et la reine , doivent être rentrées à
Rome, metcredi dernier. Le roi sera
dans la capitale pour le jour de l’ouverture des Chambres.
Plusieurs députés ont prononcé des
discours politiques,Minghelli à Legnago
et Crispi à Palerme. On parle beaucoup de révolution du premier qui
se serait rapproché du ministère. Dans
tous les cas, Minghelli et Gaccarini se
sont échangé force compliments.
France. — Le ministère Ferry a
donné officiellement sa démission qui
a été acceptée. Gambetta, appelé par
Grévy, a présenté le nouveau ministère
composé de noms peu connus, en
dehors de P. Berl, ministre de Î’insiniclion publimie. Au dernier moment
Freycinet a refusé de faire parlie de
la nouvelle administration.
Allemagne. — Il est de nouveau
question de la démission de Bismark.
Le Grand Chancelier, mécontent des
dernières élections, parle de se retirer.
Il a eu une longue conférence avec
l’Empereur Guillaume, à la suite de"‘
laquelle il consentira probablement encore à rester à son poste. Il parait réellement que l’on est fatigué'du gouvernemenllpar trop personnel du prince ,
moins pour les affaires étrangères,que
pour les questions d’administration
intérieure.
Erptkst Robert, Gérant et Administrateur
Pignerol, Imp. Chiaoture et Mascarelli.