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ÎPB diL E «E ?IT COÎiSiCEÉE AUX IÏÏÉB ÊT8 DE LA FAMILLE TAÜDOISE
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« Ils (lisent q u ’ il e stV a u d o is »
Nobla leyczoïi.
SouMAiRE. Histoire vaudoise : Le Seigneur d’Alene. — instruction ; État
de l’instruction publique dans les Vallées vaudoises. — Les der
niers événements. — Variétés : D’un monument à élever par les
Vaudois au roi Charles Albert. - Tout est de s’entendre. — Économie
domestique : Pensées économiques extraites de Renjamin Franklin.
— Nouvelles religieuses. — Nouvelles politiques.
HISTOIRE
TAEDOISE
LE SEIGISELR D’ALENC
Fragmtnl d'une histoire des Faudois racontée aux enfants.
Les dix-neuf délégués, représentant la ville de Mérindol (1), n’ayant pas comparu au jour fix é, un arrêt fut
rendu, le 18 novembre ISitO par le Parlement d’Aix (2),
d’après lequel non seulement les dits délégués devaient être
(1) Petite villette bâtie par une colonie Vaudoise partie de nos montagnes il
y a environ 400 a n s , laquelle fonda encore d’antres villettes ou villages
tels que Lourmarin , Cabrières, La motte etc. Cette colonie devenue trèsprospere en peu de temps fut entièrement exterminée l’an 1545, cinq ans
après tes événements qui font la matière de ce chapitre.
(2) Ville importante du Midi de la France, jadis capitale de la Provence et
siège comme telle d’un Parlement, soit haute Cour de justice, laquelle ju
geait en dernier ressort toutes les affairos appartenant à la province oè
elle résidait.
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—
brûlés vifs , leurs biens, ceux de leurs femmes et de leurs
enfants , et même, de leurs domestiques confisqués, mais de
plus la ville de Mérindol livrée aux flammes, ses habitants
dispersés e t , pour surcroit de barbarie, les bois d’alentour
qui auraient pu leur servir de retraite, rasés jusqu’à une grande
distance !
Un tel a rrê t, mes petits amis , était quelque chose de si
horrible, surtout prononcé contre des gens dont le seul crime
était de vouloir servir Dieu ainsi qu’il le leur avait enseigné
dans sa Parole, que ceux-là mêmes qui l’avaient rendu , ne se
sentaient pas le courage de le faire exécuter. Mais si la pitié
avait saisi les ju g es, il n’en était pas ainsi de ceux qui les tout
premiers auraient dû s’y montrer sensibles: les prêtres, l’ar
chevêque d’Arles et l ’évêque d'Aix surtout, insistaient sur
la pleine et immédiate exécution de l’arrêté : vaincu par leurs
instances le Président donna l’ordre aux troupes de marcher.
Ce qui se passa à Mérindol, mes petits amis , à l’ouïe d’une
pareille nouvelle est plus facile à imaginer qu’à décrire :
ce n’était, au sein de la population tout entière, que lai’mes,
que sanglots, que prières, prières fervantes à l ’Éternel qui
semblait se retirer d’eux et les abandonner. Quand il fallut
se décider à sortir de la v ille , les hommes les prem iers,
les femmes ensuite ; ceux-là chargeant sur leurs épaules leurs
effets les plus précieux ; celles-ci menant par la main leurs
petits enfants, ou les portant suspendus à leur s tin , l ’air re
tentissait des plus déchirantes lamentations. La ville devenue
entièrement déserte n’attendait plus que le moment d’être
livrée aux flammes, quand tout-à-coup...... les troupes qui
s’avançaient se re|,irèrent, tout se fit de nouveau tranquille,
et les Vaudois sortant de leurs cachettes purent reprendre
paisiblement le chemin de leurs demeures !
Mais d’où pouvait donc provenir, vous entends-je déjà me
demander l’un après l’autre, une délivrance si inattendue?
— Le v o ic i, mes petits a m is, et de ce que je vais vous
raconter, apprenez tout le bien que peut faire un seul homme,
quand à un caractère pieux et intègre il unit une noble
franchise et le courage de son opinion.
Dans cette même ville d’A ix , où le Parlement tenait ses
séances, vivait un gentil-homme d’A rles, J acques R aynaud ,
seigneur d’Alenc, grand homme de bien, disent les histoires,
et de plus fort versé dans le droit cl dans la connaissance
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des Ècrilures. A l’ouïe de l’affreuse nouvelle, saisi de pitié
pour tant de malheureux que l’on allait sacriüer injustement;
et décidé à tout tenter pour éviter un pareil crim e, il s’était
aussitôt rendu chez le Président Chassanée , et admis à son
audience il lui avait parlé en ces termes : (1)
« Vous ne pouvez ignorer les divers propos qui se tiennent
» sur la sentence dernièrement portée contre ceux de Mérin» d o l, et ce n’est ni mon intention, ni mon affaire de rien
» décider à ce sujet, sachant combien il importe que dans
» un État bien constitué, l’autorité des juges demeure in» tacte et respectée. Mais vu la gravité de l’a rrê t, on se
» demande si l’exécution n’en devait pas être différée, et la
» dureté adoucie au moins de cette manière; et moi-mème,
» me prévalant de l’amitié qui nous lie, j ’ai résolu de trai» ter familièrement avec vous cette question, recourant pour
» cela à vos propres raisonnements. — Vous souvient-il d’un
» fait qui vous arriva, lorsque vous o ’étiez encore que simple
» avocat à Autun.? (2). Vous l’avez vous-m êm e consigné
» dans vos ouvrages, et je sais que votre candeur et votre
» modestie vous rendent précieuse la mémoire de ces temps.
» Voici donc comment vous le rapportez : Une immense quan» tité de rats faisait des dégâts énormes dans la province
» de l’Auxois, et les habitons ne sachant quel autre remède
» opposer à ce fléau, eurent l’idée de les faire excommunier
» par l’évêque. Ouïe leur demande, le prélat exigea qu’au» paravant les délinquants fussent cités durant trois jours de
» suite à comparaitre pardevant le tribunal ; et cela fa it, il
» ne consentit à prononcer la sentence que si premièrement
» un avocat n’était donné aux rats absents afin de plaider
» leur cause. Vous fûtes cet avocat, et par beaucoup de
» raisons excellentes vous persuadâtes aux juges que la ci» tation n’avait pas été faite dans les règles, et que par con« séquent elle devait être renouvelée, puisqu’il ne s’agissait de
» rien moins dans cette affaire que du salut de tous les rats.
» Vous ne vous bornâtes pas à cela: les rats n’ayant pas
» répondu non plus à cette seconde sommation, vous mon» trâtes que cette absence ne pouvait leur être imputée,
(I) Si pour mettre ce discours à la portée de nos jeunes lecteurs, nous avons
-dù nous éloigner quelque fois de la lettre même de l’historien qui le rap
porte, nous avons mis le plus grand soin à ne nous éloigner en quoi que ce
soit du sens.
i‘2) Ville de France dans le département de Saône et Loire.
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» puisqu aussi longlcnips que les chats se tiendraient en
» embuscade sur les chemins, il serait impossible aux rats
» de se présenter ; enfin vous déduisîtes des Écritures , un
» si grand nombre d’arguments en faveur de vos clients,
>> que vous finîtes par obtenir que tout au moins la sen» tence serait renvoyée. Cette affaire, monsieur de Chassa» née, vous fit beaucoup d’ffonneur et vous acquit un grand
» renom d’équité et de connaissance des lois.
» Maintenant permettez que ce soit à vos propres arguî> ments que j ’en appelle. Est-il bien possible que vous ayez
« jugé qu’on pouvait, quand il était question de la vie, et
» des biens de beaucoup d’hommes, passer par-dessus ces
» mêmes formalités que vous estimiez devoir être observées,
» lorsqu’il n’était question que de rats?......... Et cette
» équité dont vous aviez donné des preuves si éclatantes
» dans une affaire de pur badinage , et à un âge peu avancé,
« serait-il vrai que vous consentissiez à vous en départir
» maintenant, dans une affaire aussi grave que celle dont
« il s’agit, à l’âge où vous êtes et revêtu d’une si haute
« dignité? Les vies de tant de malheureux sont-elles donc
» si peu de chose à vos yeux qu’elles vous trouvent plus
» dur à leur égard aujourd’hui que vous êtes juge ^ que
» jadis les rats quand vous n’étiez que simple avocat? Je
» ne vous parle pas de leur innocence : vous même vous
« savez combien sont nombreuses les calomnies dont on
« poursuit ces gens lesquels servant Dieu consciencieusement,
» ne se refusant jamais de rendre à leurs seigneurs ce qui
» leur est dû , l’obéissance aux magistrats et le tribut au
» Prince.
» Au nom donc de l’amitié qui nous lie , je vous supn plie et vous conjure de bien peser ces raisons et de vous
» persuader qu’un retard n’est jamais trop long quand il
» s’agit de la vie ou de la ! mort de tant de monde ! »
Ces paroles, prononcées avec chaleur et une grande solen
nité, firent une telle impression sur l’esprit du Président,
qu’il donna l’ordre, à l’instant même, que les troupes fussent
rappelées, et que l’exécution de la sentence fût différée,
jusqu’à ce que rapport eût été fait au roi sur cette matière.
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— 173 —
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État de, l’Inslruction publique dans les Fallées Vaudoises
Qu’on se représente un Vaudois absent de sa patrie depuis
une vingtaine d’années, et y revenant tout-à-coup sans avoir
plus entendu parler de rien de ce qui s’y faisait; quelle
surprise ne sera pas celle d’un tel homme à chaque pas qu’il
fera dans nos campagnes !
Quand il partit il y a 20 ans, l’écoie de quartier (1) où
lui furent données ses premières leçons de lecture était le
plus souvent une étable ; l’écoie paroissiale qu’il avait fré
quentée ensuite une pièce mal disposée, obscure et surtout
beaucoup trop étroite pour les nombreux enfants qui s’y en
tassaient chaque jour ; l’écoie latine enfin, où son instruction
s’était poursuivie, une espèce d’établissement nomade, com
posé de 15 à 20 écoliers, divisés en 3 classes, sous la
direction d’un seul m aître, se réunissant tantôt ic i, tantôt
là , dans le local que l’on réussissait, avec le moins de
frais possible, à sc procurer.
Maintenant, où qu’il aille, et jusques dans nos hameaux
les plus reculés, partout ses yeux découvrent, à quelque
distance des chaumières et dans une position en général trèsbien choisie, une petite maisonnette, proprement construite,
avec son entrée tournée au levant et ses deux fenêtres au
raidi, qu’on lui dit être Véeole du quartier , ou plus géné
ralement l’écoZe du Colonel f2J.
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Dans le chef-lieu de la paroisse un bâtiment beaucoup
plus vaste, et d’une architecture plus élégante frappe ses
regards. A la question qu’il adresse : de qui est celte habi
tation de si belle apparence? il reçoit' pour réponse : c’est
l’écoie paroissiale ou la grande école. Surpris il entre : une
vaste salle voûtée, close au nord et au couchant et percée
au midi de quatre à cinq grandes g u êtres, en occupe le
rez-de-chaussée; de longues tables légèrement inclinées, et
disposées parallèlement les unes aux autres en remplissent le
,1) Petites écoles d’hyver, dont il y a un nombre plus ou moins grand dans
chaque paroisse. Voir le tableau ci-après. I u *■
î) Nos lecleurs étrani^rs verront plus tard pourquoi ce nom donné à nos
écoles.
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centre, laissant tout autour un espace libre pour la circu
lation ; de grandes cartes de géographie , des tableaux de
lecture, des planches noires sur lesquelles sont posés un
problème d’arithm étique, un modèle d’écriture ou l’air d’un
cantique , en ornent les murs; une estrade s’élevant d’un à
deux pieds au dessus du sol, et sur cette estrade un pupitre,
dénotent la place du régent qui de cette élévation embrasse
d’ un regard sa nombreuse fam ille, rangée devant lui
en différentes classes, suivant les divers degrés de déve
loppement de ceux qui ia composent. — Notre visiteur
monte au premier étage , parcouru dans toute sa longueur
par une gallerie extérieure, et ce n ’est pas sans une nou
velle surprise qu’il fait le tour des diverses pièces toutes
propres, commodes et bien aérées, destinées au logement
de l’instituteur et de sa famille.
Ce vaudois que nous supposons, arrive-t-il à La Tour?
— Au sortir du bourg, du côté du couchant, il ne man
quera pas d’être frappé à la vue d’un bâtiment de structure
un peu bizarre auquel les hautes murailles qui l’entourent de
tous les côtés donnent une certaine apparence de cloître : ce
bâtiment est l’Institut dans lequel une vingtaine de jeunes
personnes du sexe reçoivent, sous la surveillance d’une directrice
et par les soins de cinq à six m aîtres, une instruction plus
complète que celle qui se donne communément dans les écoles
de campagne (1).
Fait-il quelque pas de plus? — Un grand et bel édifice,
à l’aspect vraiment monumental, lui apparaîtra, se dressant
au milieu d’une verte pelouse enceinte de toutes parts d’un
mur élevé bordé à l’intérieur d’une récente plantation d’orttieaux, d’acacias et de platanes ; c’est le collège (l’école
latine d’il y a quelques années), avec sa bibliothèque spacieuse
et déjà passablement garnie de liv res, ses salles d’étude
(1) L’institut n’admettait à son origine que des élèves internes, lesquelles y
étaient entretenues et éduquées pour la modique somme de 3Ô0 fr. par an.
L’établissement n’ayant pu subsister sur ce pied, on en fit ce qu’il est en
core aujourd’hui, une espèce A’école supérieure où presque toutes les leçons
étaient données par une Institutrice, venue de la Suisse. Depuis un an en
viron, la V. Table trouvabon de ne laisser à l’Institutrice (maintenant vaudoise)
que la surveillance, le dessin et les ouvrages du sexe, et de faire donner
toutes les autres leçons par les maîtres du collège. Les branches enseignées
dans cet établissement, sont : la Religion, l’histoire, la géographie,le calcul,
la calligraphie, le dessin, la musique sacrée , les langues française et ita
lienne et les ouvrages du sexe.
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— 173 —
commodes et bien éclairées, où se réunissent journellement
de 30 à 60 enfants sous la direction de 5 professeurs et
recteurs. On informe notre visiteur qu’une succursale à ce
collège dirigée par un 6“ ® professeur, existe au Poraaret (1)
à l’entrée du val St Martin, pour les enfants de cette vallée
qui s’y réunissent ordinairement au nombre de 10 à 12;
et l’on finit en lui faisant le récit des importantes amélio
rations opérées ces derniers temps dans le domaine de l’in
struction publique ; augmentation de salaire aux régents parois
siaux; séjour plus ou moins prolongé de chacun d’eux dans
les écoles normales de la Suisse et (mesure éminemment
salutaire !) obligation imposée à quiconque aspire à cette charge,
d’être muni d’un brevet de capacité délivré par la Table
ensuite d’un sévère et consciencieux examen.
Emerveillé au plus haut degré de tout ce qu’il a vu et
entendu, notre vaudois demande quel est le magicien q u i,
en si peu de tem ps, a pu opérer une transformation si
remarquable? — Et on lui fait alors l’histoire d’un des plus
beaux dévouements dont notre temps fasse mention ;
d’un homme qui laissant patrie, famille, am is, tous les
agréments d’une existence opulente et considérée, est venu
cacher sa vie dans nos montagnes, et l à , au milieu de dif
ficultés de toute espèce que lui suscitaient, d’un côté, la
jalousie d’un gouvernement despotique et ombrageux, de
l’autre l’apathie d’un peuple pendant longtemps écrasé et
dans les premiers commencements plus hostile que favorable
à ses v u es, a réussi à force de prudence, de talents et de
sacrifices à conduire au point où nous la voyons une œuvre
q u i, aux yeux de tous, sinon aux siens, se présentait
comme impossible, y intéressant peu à peu non seulement
ses amis et les étrangers bienfaisants qui visitaient les Vallées,
mais ce qui vaut mieux , la population vaudoise elle-même
au point de l’amener à s’imposer eu faveur de cette œuvre
des sacrifices considérables, et comme tous ses coréligion(1) Les étades faites dans ces denx collèges sont celtes communément appelées eioisiçwt.Les élèves qui sortent du collège duPomaret, doivent passer trois ans
encore à celui de La Tour, où les études sont poussées jusqu’aux Bei/es-Letlres
inclusivement. Le traitement des maîtres dans l’un et dans l’autre établis
sement est de 1500 francs par an; mais deux seulement de ces traitements
sont entièrement assurés; trois autres ne le sont que partiellement, et un
pas du tout. Une gratification de 2500 fr. accordée par le dernier mini
stère est le seul secours que l'instruction publique vaudoise ait jamais reçu
du gouvernement.
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476
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naii’es , noire vaudois répalrié apprendra à répéter avec amonT
et vénération le nom du Colonel Beckwith (1).
Voici du reste un tableau qui dira plus complètement que
nous n’avons pu le faire dans ce qui précède , le véritable
état de l’instruction publique au sein de l’Église vaudoise ;
il est extrait en majeure partie d’un rapport présenté par la
V. Table , en décembre dernier au ministère de l’Instruction
publique.
(1) Un nom qui vient de lui-raème se placer à côté de celui du Coto^eL,
maintenant Général B eck w ith , quand il est qpiestion de bienfaiteurs des
Vaudois, est celui du Révérend W . Stephen G il l y , cher à notre peuple,
non- seulement comme principal fondateur du collège de La Tour, et com
me écrivain dont les ouvrages ont si puissamment contribué à réveiller
l’intérêt des Chrétiens Anglais en notre faveur ; mais par la large place que
nous savons occuper dans ses affections et dans ses pensées de chaque jour.
Nous n’aurions pas fini de sitôt si nousvoulions rappeler ici les noms de tant
d’autres personnes généreuses de cette nation et d’ailleurs, envers lesquels
l’instruction publique, et en général la cause de l’Évangile dans les
Vallées, a contracté une forte dette de reconnaissance.
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LE« DERSriERS ÉYÉlKERIEBiTS
Si la nouvelle de notre défaite à Novara fut pour le Pié
mont et pour une grande partie de l’Italie une nouvelle de
deuil profond; elle le fut d’une façon toute particulière pour
la population de ces Vallées. Quand celte nouvelle y par
vin t, l’affliction était générale; beaucoup d’yeux restés secs
depuis longtemps furent vus pleurant à chaudes larmes,
comme en un jour de grande calamité domestique. Ce qui
faisait couler ces larmes, ce n’était pas seulement les belles
espérances de l’Italie dissipées en un clin d’œil, comme par
un coup de violente tempête, ni ces milliers de morts et de
blessés parmi lesquels nous étions bien sûrs d’en compter
beaucoup de nos frères ; c’était de plus, la grande infortune
de ce Roi magnanime q u i, vaincu sans avoir pu mourir ,
plutôt que de voir de ses yeux envahie et profanée par les
hordes étrangères cette terre qu’il avait voulue libre, se con
damnait de lui-mème à l’exil, jetant loin de lui une cou
ronne sans aucun prix à ses yeux, maintenant que le rêve
qui la lui rendait chère, le rêve de l’indépendance italienne
était devenu impossible !
Puisse, ô Prince digne d’une autre fortune,, le sentiment
que si l’Italie t'a manqué et s’est manquée à elle-même, tu
n’as pas manqué. Toi, à ce que tu devais à l’Italie, être de
rafraichissement à ton âme ulcérée, et contribuer à rendre
moins poignantes et moins amères les tristesses de ton exil !
Ne crains pas qu’en t’éloignant de nos personnes tu te sois
éloigné de nos cœurs ! Non, aussi longtemps qu’il y aura en
Italie un cœur qui battra sincèrement pour la liberté, ta
mémoii’e sera pour ce cœur une mémoire sacrée ! et dusses-tu
(ce qui n’arrivera jamais) être oublié de tous les autres ,
ton nom vivra, entouré d’une auréole d’amour et de recon
naissance au sein de cette population que tu as affranchie ,
rompant les chaînes ignominieuses et sept fois séculaires, par
lesquelles le fanatisme espérait, mais en vain, de l’étouffer !
Nous tous, et nos enfants avec nous,-nous prierons pour
ta paix, et nous demanderons pour toi au Roi du Ciel une
de ces couronnes incorruptibles de gloire qu’il tient en ré
serve pour tous ceux qui, désabusés sur les faux biens d’ici
bas , ont mis dans le seul Rédeùîpteur toute leur foi et
toutes leurs espérances!
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De nobles et généreux sentiments ont éclaté avee les larmes
dans ces jours de cruelle visitation pour tant de monde.
Quand arriva la nouvelle de la défaite , chacun qui avait
des parents à l’armée s’empressait tout tremblant, pour tâcher
d’obtenir quelques renseignements à leur sujet. Parmi eux
(je ne veux citer que ce seul fait) une pauvre domestique
ne pouvait dissimuler, malgré tous ses efforts, sa vive in
quiétude au sujet de son frère qu’elle aimait de l’affeclion
la plus tendre. Quelques personnes touchées de son é ta t,
cherchaient à la consoler : « 11 y en a ta n t, lui disait-on,
qui ont su se mettre à l’abri du danger en s’éloignant du
combat ; peut-être votre frère sera-t-il de ce nombre ». —
« Oh ! pour cela non » répondit avec feu et presqu'indignée, celle que l’on voulait consoler de cette manière, « je
connais assez mon frère pour être assurée qu’il est incapable
d’une pareille lâcheté! Non, non, bien plutôt sera-t-il nmrt
lui aussi avec tant d’autres ; mais si Dieu le veut ain si,
que sa volonté soit faite; au moins aurai-je cette consolation
que 'mon frère aura succombé pour une bonne cause, et en
faisant son devoir! »
Quoique l’on ne connaisse pas encore le chiffre de nos morts
vaudois, tout fait prévoir qu’il sera plutôt considérable :
Le jour de Pâques, un grand convoi de parents, d’amis, le
Corps entier du Génie et une compagnie de la Garde natio
nale de T u rin , accompagnaient au cimetière protestant de
cette ville les restes de l’un d’entr’eux, jeune homme que ses
qualités aimables et la noblesse de son caractère avaient
rendu cher à un grand nombre. Michel Pellegrin, après avoir
terminé honorablement ses cours à l’école Centrale de Paris,
était arrivé aux Vallées où il se proposait d’entreprendre
une carrière en rapport avec ses études, quelque temps avant
que s’ouvrit la première campagne de l’Indépendance. Il fut
de cette campagne. La seconde ayant commencé, il ne voulut
non plus que la précédente fois consentir à rester en arrière.
Frappé d’une balle sous les murs de Novare , il alla tomber
aux pieds du Roi, auprès duquel il combaltait. Transporté
à l’hôpital on eut pendant quelques jours l’espoir de le con
server. Son unique frère qui l’aimait avec toute la tendresse
d’un frère et d’un p ère, (Michel était le cad et,et son père
ni sa mère ne vivaient plus) accouru auprès de lui, se flattait
de pouvoir le transporter à Turin où toute espèce de soins
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luì auraient été prodigués ; mais hélas ! il n’y ramena que
sa dépouille ! — Oh ! la liberté coûte ! et le prix auquel
elle s’acquiert est d’autant plus élevé , que dans ces luttes,
ce sont d’ordinaire les plus généreux et les plus dignes
d'estime qui succombent ! Que Dieu dont les consolations
sont les seules efficaces, les répande avec abondance sur tant
de cœurs froissés et cruellement déchirés {>ar les événements
qui viennent de se passer !
La condition du Piémont après un aussi grand revers que
celui qui l’a atteint, est certainement des plus douloureuses.
Toutefois, si grands que soient nos malheurs, ils ne le sont
pourtant pas tellement que nous devions en perdre tout cou
rage , ni surtout négliger et dédaigner ce qui nous reste.
Deux gains, entr’autres , me paraissent résulter pour le
Piémont de ses pertes mêmes.
Le
de ces gains, c’est le sacrifice auquel pour l’indépen
dance italienne notre pays s’est soumis. C’est pour cette indépen
dance que le Piémont souffre et souffrira longtemps encore ; de
celte indépendance que la nation et son Roi sont martyrs.
O r, jamais il n ’est arrivé q u e, soit individu, soit peuple,
ait fait des sacrifices à une bonne cause , sans que tôt ou
tard il n ’en ait été largement récompensé. Le sacrifice est
une semence dont ceux qui la Jettent en terre ne recueil
leront peut-être pas les fru its, mais qui ne peut périr. Ce
q u ’en ces jours de malheur nous avons semé avec larmes,
soyons en certains, nos descendants , en des jours plus heu
reu x , le recueilleront avec chants i de triomphe. Or, n ’est-ce
pas aux pères à amasser pour leurs enfants?
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Le 2“*® de ces gains , non moins considérable que le pre
mier , c’est Yaffermissement, et je dirais presque Yacquisitim
de nos libertés intérieures. Ces libertés, il est v r a i, nous
les avions déjà ; le Statuto n ’est aujourd’hui ni plus ni moins
libéral qu’il ne l’était avant la lutte. Mais voici, la grande
différence: cesrlibertés dont nous ‘ jouissons il n’étaient il y
a un an que des libertés octroyées,M des libertés qui ne nous
avaient rien coûté, dont par conséqurait nous sentions peu le prix,
et qu’à la longue oinn’eût peut-être pas eu de la peine à nom
reprendre. Tandis que maintenanti|es libertés que nous avons
sont des libertés que le S(%au de «nolfe sang et de nos s u ^ rs
a faites nôtres; des libertés qui nous sont devenues précieuses, et
dont à aucuniprix nous ne consentirons à nous laisser dépouiller 1
13
— 181 —
Voilà ce que nos pertes au lieu de nous l ’enlever, nous
ont donné. Elles nous procureraient plus encore, s i, sous le
coup de ces pertes, la nation italienne tout-entière , rentrant
en elle-niém e, cherchait une bonne fois, décidée à l ’e x
tirper de son sein aussitôt trouvée, la cause qui condamne
un peuple de 2 5 ,0 0 0 ,0 0 0 d ’habitants , riche de bien , de
talents et de cœur à l ’égal de tout a u tre , à croupir dans un
avilissant servage, objet tour à tour de mépris et de com
passion de la part des étrangers.
E C O W O lfllE n O M E S T lO lIE
PENSÉES ÉCONOMIQUES extraites de BEN JAM IN FR A N K LIN .
— « A force de prendre à la huche sans y rien mettre, on en trouve
bientôt le fond, et quand le puits est sec, on connait le prix
de l’eau ».
— « Voulez-vous apprendre ce que vaut l’argent V essayez d’em
prunter. Celui qui va faire un emprunt va chercher une mortification ».
— « L orgueil de se parer est une malédiction : l’orgueil est
un mendiant qui crie aussi haut que le besoin et est bien plus
insatiable ».
— « 11 est aussi fou au pauvre de vouloir singer le rich e,
qu’il l’est à la grenouille de s'enfler , pour devenir égale au boeuf ».
— « L ’orgueil déjeune avec l’abondance, dîne avec la pauvreté,
et soupe avec la honte ».
— « Songez bien à ce que vous faites quand vous vous en
dettez : vous donnez des droits à un autre sur votre liberté. Si
vous ne pouvez pas payer
auterme fixé, vous rougirez de voir
votre créancier ; vous ne lui parlerez qu’avec crainte ; ........ peu à
peu vous perdrez votre fr a n c h ise e t vous vous déshonorerez par de
misérables menteries. Les dettes portent le mensonge sur leur dos.
Ainsi, couchez-vous sans souper, plutôt que de vous lever avec
des dettes ».
— «Epargnez pour le temps de la vieillesse et du besoin
pendant que vous le pouvez. Le soleil du matin ne dure pas
tout le jour. Le gain est incertain et passager; mais la dépense
est continuelle. Il est plus aisé de bâtir deux cheminées que
d’entretenir du feu dans une ».
— « Cette doctrine, mes am is, est celle de la raison et de
la prudence. Mais ne vous fiez pas trop à votre travail, à votre
sobriété, à votrei écunomie. Ce sont d’excellentes choses, mais elles
vous seront inutiles sans la bénédiction du Ciel; demandez donc
Immblemenl ces bénédictions ».
, ,
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—
182
—
T ilB lÉ O rÉ s
D'un Monument à ériger par íes Vaudoié au roi C h a r l es - A l b e r t .
U ne peut se faire que le Piémont, et avec lui , ce qu’il y a
d hommes sincèrement libéraux en Italie ne soient dès à présent
occupés d’ériger à Charles-Albert un monument qui rappelle aux
générations à venir, tout ce dont la cause de l’indépendance ita
lienne est redevable à ce magnanime autant qu’infortuné monarque.
Comme Piémontais et comme Italiens , les Vaudois concourront
avec tous les autres à l’acquittement d’une dette aussi sacrée.
Mais une fois cette dette nationale payée, une autre demeure
que nous sommes tenus d’acquitter par nous-mêmes , c’est celle
<{ue la population vaudoise a contractée envers Charles-Albert en sa
qualité de roi émancipateur. Un si grand événement , doit de
toute nécessité avoir au milieu de nous son monument qui
le consacre. Erigé par un peuple peu nombreux et pauvre,
ce monument ne pourra être que très-simple; mais qu’importe?
— Dans une des deux grandes niches qui ornent le vesti
bule du Collège, le buste du Roi , posé sur une colonne de
marbre, sur laquelle seraient gravés ces simples mots : A C arlo
A lb e r t o E m ancipatore b e i V a l d e s i , 17 fe bb r a io 1848; voilà pour
notre part ce que nous proposerions. Ce que nous demande
rions de plus , c’est qu’à l’érection de ce monument concourût,
pour autant que cela serait faisable, la population vaudoise tout
entière, et qu’à cet effet des listes de souscriptions d’un à quatre
sous au plus fussent ouvertes dans toutes nos paroisses et parmi
nos frères domiciliés à l’étranger. Que les honorables personnes
préposées à l’administration des affaires vaudoises daignent prendre
en considération notre vœu qui nous en sommes certains , est
aussi celui de tout le monde au milieu de nous, et aviser à l’exécution
de ce projet ou de tel autre jugé meilleur qui remplisse le même but.
LE TOUT EST DE S’ENTENDRE.
Un de nos amis s’indignait, on ne peut plus, de ce que dans
une petite localité de Piémont du nom de....... (le nom ne feit
rien à la chose) où se trouve un Convitto, de 6 à 8 prêtres,
quand arriva la nouvelle de nos désartres , le carillon fut sonné
et un Te Deum chanté comme pour un jour de grande victoire.
« Qu’on puisse , disait-il, se réjouir du triomphe d’une cause
» si mauvaise soit-elle, je le conçois ; mais qu’on puisse et qu’on
» ose s’en montrer à ce point heureux , lorsque ce triomphe
» a coûté tant de sang et que les cadavres de milliers de nos
« frères, tombés sur le champ de bataille, n’ont pas encore eu
» le temps de se refroidir....... c’est quelque chose de si horrible,
» que la pensée en est confondue ! » — Notre ami , en s’indi
gnant ainsi, ne savait pas que le but de ces réjouissances , en
effet extraordinaires dans un jour comme celui dont il s’agit ,
était (ainsi l’affirment ceux qui les ont faites) de rem er c ier D ie c
POUR LA CONSERVATION DE LA VIE DU Rol ET DES AUGUSTES P r ISCES !!!
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—
V allées V audoises . — Sous le lilre de l’Israël des Alpes , ou les mar~
tyrs vaudois , Mr le pasteur A . Muston se prépare à publier en un seul
volume les faits les plus saillants et les plus intéressants de notre histoire.
Si le nombre des souscripteurs le perm et, le même auteur publiera par
livraisons mensuelles de 52 pages in quarto un autre ouvrage intitulé: Sources
de l’histoire des Faudois , lequel nepourra qu’être du plus grand intérêt.
Le prix du premier de ces ouvrages qui paraîtra à la lin de celte année
ou au commencement de l’année prochaine est de 5 fr. pour les sou
scripteurs; l’abonnement au 2'"' de U fr. 7S cent, par an. Nous recom
mandons instamment celle double entreprise à l’ intérêt de nos lecteurs.
— ToscAîiE. L’Écrit suivant se lisait le jour seize A vril , mil - hcit
cE.vT QLARAXTE-NEi'F sur Ic coin dcs principales rues de Florence.
. NOTIFICATION »
« Par un billet du ministère des affaires ecclésiastiques en date de
« ce jour, 16 av ril, j'ai été invité à prendre les dispositions oppor» tunes pour q u e , le jour suivant, depuis le matin de bonne heu re,
« jusqu’à 6 heures du soir, la Sacrée Image de la Vierge Santissima
« Annimziata, que l’on vénère dansla Basilique
de ce nom , soit dé• couverte, et cela pour répondre au désir exprimé par la religieuse
« population de Florence. Vu la brièveté du temps, je ne puis au« Irement que par la présente prévenir de la susdite invitation tous
« les religieux citoyens, pour que dans le jour sus-indiqué, ils aillent
« vénérer et bénir notre très-miséricordieuse Mère M arie, en invoquant
« la très-eflicace protection sur notre commune patrie. J ’accorde en
• même temps à tous ceux qui iront visiter la dite Basilique , une
• indulgence de ftO jou rs, leur donnant avec toute effusion de cœur
< la Bénédiction Pastorale ».
FËRD1NA^D archevêque de Florence..
Ce n’est du reste là qu’un très-faible échantillon de ce qui se passe
journellement dans celte partie de l’Italie depuis la restauration du gou
vernement de Léopold 11.
— K o h e . Une forte édition du Nouveau Testament , en Italien , ver
sion de Diodati, vient de paraître dans cette ville. Une autre édition,
version de Martini, et une troisième version de Diodati, ont également
paru ou sont sur le point de paraître à Florence. Le même soin que
cerlaines personnes ont mis à faire publier ce Saint Livre, d’autres le
mettront à le faire disparaître. De quel côté est le zèle pour l’ instruction
religieuse du peuple et pour le salut des âmes?
N O W I T E I é l^ B S P O Ï Ï j I T M Q V m S
INTÉRIEUR.
PzÉHo:«T. Le 29 mars, le nouveau roi Victor Emmanuel II a prêté par-devant
les Chambres le serment de demeurer inviolablement attaché à la Constitution
donnée au pays par son illustre prédécesseur. — Gênes qui s’était soulevé, ne
pouvant consentir à accepter les conditions de l’armistice , a été ré
duite au bout de peu de jours par le corps d’armée du Général LaMarmora. — La Chambre des Députés a été dissoute par le Ministère
qui a cru devoir, vu la gravité des circonstances , faire nouvellement
appel à l’opinion du pays. — L’ex-ro i, Charles A lbert, après avoir ab
diqué la couronne et s’étre séparé, le cœur brisé, de ses Fils et de ses
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— 184 —
Généraux , s’ est dirigé vers le Portugal passant par la France. Partout où
il a été reconnu sur son passage, les témoignages les plus \ifs de
sympathie lui ont été donnés par les populations émues de tant de
générosilé unie à tant d’infortune. — Les journaux ont parlé d’une
alliance offensive et défensive entre le Piémont et l’Autriche, mais il
ne parait pas que cette nouvelle ait aucun fondement.
— T oscane. Le gouvernement provisoire institué par le peuple , il y
a peu de mois, lors de la fuite du Grand-duc, a été dernièrement ren
versé par ce même peuple aux cris de; vive Léopold second. La muni
cipalité de Florence q u i, de concert avec quelques-uns des citoyens les
plus notables, a pris momentanément en main la direction des affaires,
a solemnellement promis , dans son manifeste, le maintien de la Constitution
entourée d’institutions démocratiques. C’est là presque du lu xe; car qu’a
à faire de liberté un peuple dont toute l’existence semble s’être réfugiée
dans ce seul mot p la isir , et pour qui un changement de gouvernement
n’a guère d’autre signification que celle d’un changement de fête? Aussi
la réaction s’en donne-t-elle.
— E tats -R omains. Avec la défaite de Novara, la République Romaine
est devenue une chose absolument impossible. Le Pape va retourner au
premier jour (la France le veut), et avec lui sera rétabli tout cet en
semble d'administration qui faisait des États-Romains le pays le plus
tristement gouverné qu’il y eût en Europe.
EXTÉRIEUR.
La défaite de l’armée piémontaise a été reçue à Paris avec une hausse
considérable dans les fonds publics : c’est le plus grand témoignage d’in
térêt que la France ait donné à l’Italie, à l’exception pourtant de l’appui
très-énergique qu’elle ne cesse de donner au Pape. — Malgré le puis
sant renfort envové par la Russie à l’ Autriche, il ne paraît pas
que les affaires de celle-ci aillent remarquablement en Hongrie. —
Le roi de Prusse a été proclamé par l’Assemblée de Francfort Empe
reur héréditaire d’Allemagne. C’est pour l’Autriche un soufflet terrible
et dont elle ne prendra pas si facilement son parti. — La guerre a été
reprise entre l’Allemagne et le Danemark. — En Angleterre tout est tranquille.
NOUVELLES POSTÉRIEURES
— P iémont. L'humiliation est consommée: le 2ft avril le manifeste
suivant était publié dans Alexandrie:
« Le Gouvernement m’informe que ses efforts pour se soustraire à l’exé» cution de l’article 5“*= de l’armistice sont demeurés sans succès ,
Il et que trois mille autrichiens arriveront aujourd’h u i, pour former de
» concert avec trois mille des nôtres la garnison de la ville et de la
» citadelle. J ’invite tous les habitants à se maintenir dans une convenable
» tranquillité ».
Le Général Commandant la Division: S onnaz .
i
Le même jour les Autrichiens sont entrés, musique en tête, l’arme
sur l’épaule et le myrte au schakot.
— É tats -R omains. Neuf mille Français ont débarqué à Civitavecchia
se,dirigeant sur Rome.
I
,
Le G‘éi-ant: JEAJi
Pigiici'ol
iinp. de Joseph Cbiaiitorc.
RBVEl.