1
sixième année.
N. IT.
28 Avril 18T1.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialement consacrée aux intérêts matériels et spiritnels
de la Famille Vaudoise.
Que toutes les choses qui sont véritables....... occupent
vos pensées — ( Phiîippiens., IV. 8.)
mx d’abohhemeht :
Italie, h domicile (un an) Fté 3
Suisse.......................
Prance................» 6
Allemagne 6
Angleterre. Pays-Bas . • $
Un numéro sépare : 5 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
B0REAUX d'aBOMNCKEHT
Torrr-Pbli.icb : Via Maestra,
N.42, (Agenzia bibliografica)
PiONBRoL : J. Chiantore Irapr.
Torin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22.
Florbncb : Libreria Evangelica, via de'Panzant.
ANNONCES : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour radministratioD
au Bureau à Torre-Pelllce «
via Maestra N. 42. — pourla
rédaction ; à Mr. E. Malan
Prof. A Torre-Pellice.
Sommaix*e*
De la libre nomination des pasteurs. —•
Correspondance. Nouvelleê religieuses. — Chronique vaudoise.— Chronique politique. —Souscriptions.
DE LA LIBRE INOHINATION
des Pastenrs.
Monsieur le Rédacteur,
Permettez à un homme qui est
personnellement aussi désintéressé
que possible dans la question de la
libre nomination des pasteurs par
toutes les paroisses de notre Eglise
d’ajouter quelques considérations
pratiques à tout ce qui a déjà été
inséré dans votre journal sur ce
sujet.
Un observateur attentif et quelque peu intelligent n’a pas de peine
à se convaincre que, cette fois encore , les paroisses, aussi bien
que les individus qui se sont déjà
prononcés dans la discussion préparatoire , ont été giénéralement
sous riuâueuce, inconsciente peutêtre , biais très, réelle, de préoccupations étramgàresan principe
même de la liberté dont il s’agitIci l’on vote avec enthousiasme pour
l’adoptions, là avec une ardeur
égale pour le rejet de la réforme
proposée, selon que l’on craint de
se voir imposer un pasteur vers
lequel ou ne se sent pas attiré,
ou que l’on espère par le maintien
du statu quo être , tôt ou tard ,
débarrassé d’un ministère que l’on
ne goûte pas. Ailleurs encore c'est
un pasteur qui tremble à la pensée
de passer de longues années, peutêtre toute sa vie , à la montagne ,
et cette crainte lui suggère des
arguments plus ou moins forts
contre cette innovation.
Ces appréhensions, il faut le
reconnaître, sont très légitimes,
car une Eglise ne peut ni ne doit
se résigner à subir indéfinitiveraent, ou à accepter un ministère
insuffisant, ou tout à fait infructueux. Et d’un autre côté, c’est
une perspective assez peu réjouissante que celle de passer sa vie
entière à la montagne quand on
u’y est pas né et de souffrir, avec
ou sans une famille, les plus dures
privations matérielles aussi bien
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que morales et intellectuelles. Ceux
là sauront nous le dire qui ont
pu croire que telle serait leur destinée.
Mais s’il n’est plus question de
revenir, comme le proposerait un
de vos correspondants, à l’état
de choses qui existait avant 1848
et que, voulût-on le rétablir en
théorie, la pratique en serait absolument impossible ( entr’autres
à cause de notre œuvre d’évangélisation comme vous l’avez énoncé
vous-même ), il ne reste qu’à examiner quelles seront les conditions
les plus favorables à la prochaine
application franche et complète du
principe dont il s’agit ; et voici
à mon jugement les deux principales de ces conditions.
La première concerne les églises
ou paroisses elles-mêmes, et si
elles négligent de s’en préoccuper activement, elles témoigneront par là de leur incapacité à
jouir de la liberté qui va leur être
donnée. La seconde s’impose aux
pasteurs, et s’ils ne travaillent pas
avec le plus grand sérieux à la
remplir, ils justifieront pleinement
et ceux qui les évitent au lieu
de les rechercher, et ceux qui
soupirent après le moment de leur
départ.
Quant à la paroisse, il faut
qu’elle s’efforce d’offrir à son pasteur des avantages tels qu’il en
trouverait difficilement ailleurs de
pareils. Que l’on me comprenne
bien ; je n’entends pas parler uniquement, ni même essentiellement
d’avantages matériels. Je croirais
faire injure aux pasteurs en les
supposant capables de n’être que
des mercenaires. Je me souviens
d’avoir entendu même plus d’un
d’entr’eux, placé à la tête d’une
grande paroisse de Is.‘plaine, parler
avec de sincères regrets des belles
années passées au sein d’une paroisse de la montagne. Pourquoi
cela? c’est que, dans son champ
de travail plus vaste, il avait rencontré des difficultés jusqu’alors
inconnues; c’est que, peut-être, à
la place du respect dont il était
jadis entouré, et de la cordialité
des rapports avec ses premiers
paroissiens, il n’avait trouvé que
froideur hautaine chez quelquesuns des gros bonnets de l’endroit,
indifférence chez la plupart, et qu’il
ne savait de quel côté se tourner
pour trouver des amis sincères,
et des soutiens dans les moments
difficiles.
Que de fois n’est-il pas arrivé
déjà qu’un ministre de notre Eglise
n’a pas eu le courage d’accepter
l’appel d’une paroisse, malgré les
avantages matériels qu’ elle lui
offrait? Que les paroisses se disent
donc bien que si elles veulent être
aimées et recherchées il faut qu’elles se rendent aimables, qu’elles
offrent au pasteur qu’elles désirent
avoir, la perspective d’un ministère paisible et béni. L’on ne va
pas volontiers se jeter dans un
guêpier, et trop souvent les luttes
mesquines mais violentes des partis
qui divisaient une paroisse, ont
été un épouvantail pour les plus
courageux, aussi bien que pour
les plus timides. Je ne crois pas
manquer de justice ni de charité
en affirmant que bien peu de nos
paroisses se sont jusqu’ici préoccupées du devoir de rendre la position de leur pa.<?teur agréable et
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facile, et cela dans leur propre
intérêt et afin de retirer plus de
fruit de leur ministère. Il faudra
que désormais elles en fassent l’objet de leurs plus sérieuses considérations, si elles ne veulent pas
se voir réduites à une condition
bien autrement fâcheuse que celle
que leur faisait l’ancien règlement.
Voilà pour la paroisse; je crois
superflu d’entrer dans les détails
et d’insister davantage sur l’importance de cette idée pour l’avenir
de notre Eglise.
Quant aux pasteurs, la condition à remplir, s’il ne veulent pas
avoir à souffrir un dommage par
le fait de la liberté donnée aux
paroisses, elle a beaucoup d’analogie avec la précédente. S’ils veulent être appréciés et recherchés,
eux aussi, doivent se rendre recommandables, par la pureté de
leur doctrine, le sérieux de leur
vie, l’activité et le dévouement
qu’ils déploient dans l’exercice de
leur ministère.
Si la paroisse de montagne où
ils ont été d’abord placés fait beaucoup d’efforts pour les retenir, ils
peuvent être assurés qu’une paroisse de plaine les désirera et
qu’ils ne seront jamais longtemps
oubliés comme quelques uns semblent le craindre.
Si au contraire le jeune ministre,
fraîchement consacré et installé
dans un poste de montagne, s’imagine qu’il a assez appris, que
le temps des études est passé,
qu’il est établi pour faire régulièrement des sermons, baptiser,
ensevelir et bénir des mariages
quand on l’en requiert et sans
rien faire au delà, — s’il estime
qu’il n’a pas d’efforts à faire, pas
de peine à se donner pour être
bien compris de ses simples montagnards; si, par ses imprudences
ou par l’absence de sérieux et de
gravité, il donne prise à la médisance , si par son manque de patience et de douceur, il indispose
contre lui tantôt l’un tantôt l’autre
de ses paroissiens, il ne doit pas
s’étonner que sa position devienne
enfin très pénible, et que, impatient de quitter son poste, autant
que l’est sa paroisse d’être débarrassée de lui, il se voit partout
précédé d’une telle réputation de
paresse et d'incapacité qu'il n’ait
que peu ou point de chances d’être
appelé ailleurs.
Ici encore je dis; voulez-vous
être aimés et choisis préférablement à d’autres, travaillez à vous
rendre aimables et, par la fidélité
que vous déploierez dans l’administration qui vous est confiée,
vous vous préparerez sûrement à en
recevoir une plus considérable. L’on
peut, je crois, appliquer très naturellement ici la parole du Seigneur:
« A celui qui a, il sera donné et
» il aura encore davantage; mais
» à celui qui n’a pas, même ce
» qu’il a lui sera ôté ». Quelque
restreint que soit le champ qui lui
est donné à défricher, à ensemencer
et à cultiver, un ministre de l’Evangile a besoin d’y déployer toute
la capacité dont il est doué, toutes
les forces qu’il a reçues pour l’édification do Corps de Christ. Alors
seulement il sera un bon et fidèle
serviteur que le Maître lui-même
établira sur beaucoup , parcequ’il
aura été fidèle à la place plus
humble qui loi avait d’abord été
assiarnée.
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®orrcs|)onbiance.
Caselle Torinese, 15 avril 1871.
Monsieur le Rédacteur,
Permettez-moi d’entretenir une autre
fois vos lecteurs de la question que j’ai
effleurée dans ma lettre du 6 mars que
vous avez insérée dans le N* 12 de l’Echo.
Je pose en fait que la misère existe au
sein de notre population et que si ce
qu’on a nommé la fièvre de l’émigration
est un fait incontestable, c’est à la misère
seule qu’on doit en attribuer la cause.
Des centaines de familles sont dans l’alternative ou bien de mourir à petit feu
dans les privations de l’indigence et en
tombant à charge à autrui, ou bien de
chercher ailleurs des terres et un travail
qui leur procurent une existence honorable. Le but de ces lignes est de faire
sentir à tous ceux qui se souviennent de
nos pauvres que le meilleur remède à
cette plaie ne consiste ni dans l’expatriation individuelle de nos jeunes gens , ni
dans l’émigratioii en Amérique, mais dans
rétablissement régulier et graduel de colonies dans le sud de l’Italie.
Je soutiens que si l’on voulait sérieusement travailler à réaliser ce projet il en
résulterait plusieurs avantages précieux.
1° D’abord la colonisation n’aurait lieu
que graduellement et dans la mesure oU
le besoin réel s’en ferait sentir ce qui
tranquilliserait notre population, tout en
déroutant les plans trop humanitaires de
certains spéculateurs transatlantiques auxquels cette fièvre d’émigration ne déplaît
nullement.
2° La colonisation en Italie pouvant
s^effectuer sans précipitation laisserait en
outre aux colons plus de facilité dans la
liquidation de leurs affaires.
3" La proximité relative des colons en
question par rapport aus Vallées, loin
d’éteindre la flamme précieuse du patriotisme vandois, la nourrirait par la pensée
que les colons n’abandonnent pas déiQnitivement leur pays natal.
4’ Des relations toujours plus fréquentes
et faciles s’êtablil*aient entre ces codohies
et les Vallées dont les institutions (scolaires p. ex.) souvent trop peu appréciées,
seraient toujours à leur portée et leur deviendraient chères.
En un mot, un bien intellectuel!, moral
et religieux ne cesserait d’unir ces colons
à nos Vallées.
J’espère avoir l’occasion de justifier mon
projet par des données plus précises que
j’exposerai dans une assemblée publique
de mes compatriotes.
Je compte que les personnes intelligentes prendront au sérieux une idée que
j’ai émise pour la première fois, il y a
deux ans, s’ils veulent bien réfléchir que
Garibaldi lui-mème caresse celle de coloniser la Sardaigne.
Si j’ai tort, je suis en bonne compagnie,
si mon projet échoue, j’aurai du moins
la satisfaction d’avoir voulu sérieusement
le bien de mes frères.
Votre bien dévoué
Jules Pabisb.
Monsieur le Rédacteur,
Àngrogne , le 15 avril 1871.
Veuillez donner une petite place dans
YEcho des Vallées au récit suivant qui est
à l’adresse des jeunes gens, et qui prouve
que l’Evangile produit aussi parmi nous,
sans bruit et dans l’humilité, quelques
uns de ces fruits doux et paisibles*, dont
nous parle l’Ecriture. La courte notice que
je désire donner de la vie et de la mort
d’un jeune homme de la paroisse d’Angrogne, montre une fois de plus la vérité
de cet adage ; «telle vie, telle mort *.
Cl. G. était celui de neuf enfants de A.
G. qui réjouissait le plus ses parents à
cause des sentiments pieux qui se sont
manifestés en lui, par la grâce de Dieu,
vers la fin de son instruction religieuse.
Sa vie dès lors, sans rien ofQrir d’extraordinaire aux yeux des hommes, était
cependant cachée avec Christ en Dieu; et
le monde et ses plaisirs, auxquels il avait
promis de renoncer, n’avaient plus d’attraits pour lui. 11 sut et put résister toujours aux sollicitatious des jeunes gens
de son âge, qui rengageaient à participer
à leurs fêtes. La lecture d’ouvrages sérieux
était sa récréation ftvorifc et il aimait h
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s’entretenir avec \in petit nombre d’amis
des choses du salut. Il jouissait d’une excellente santé et la maladie, qui eut pour
issue la mort, a élé amenée par un accident imprévu. Sur son lit de douleur, il
priait et chantait des cantiques; il parlait de son prochain délogement avec
certitude et sans frayeur ; il répétait souvent que la seule chose qu’il regrettait
sur la terre, c’était de quitter sa bonne
mère à laquelle il a toujours donné des
preuves d’un grand attachement, et dont
il était la ’consolation depuis le veuvage
de la pauvre femme, maintenant doublement éprouvée. La Bible, après sa conversion , a été « une lampe à ses pieds et
une lumière à ses sentiers». « Lisez dans
la Bible, disait-il, elle est une si grande
consolation dans la maladie et sur le lit
de mort». Le chapitre xxii de l’Apocalypse
était son chapitre de prédilection. Près de
sa (in, il dit à un de ses frères qui se
trouvait à côté de lui ; « ne manque pas
de faire, chaque soir, le culte de famille; »
et noos avons lieu d’espérer que cette
recommandation ne restera pas sans effet.
Toujours affectueux pour les siens, il aimait à les voir tous autour de son lit,
et quand ils s’en éloignaient, il les appelait’, chacun par son nom. — Il voyait
dans ses derniers moments son Sauveur
è ses côtés ; et un soir il dit à une de
ses sœurs qui le veillait : « Je vois Jésus
qui vient».
Il chantait à demi voix les paroles d’un
cantique, quand il s’est endormi le 3 avril
1871 à l’âge de 23 ans, pour ne plus se
réveiller qu’au jour de la résurrection.
Oh ! « que je meure de la mort des justes !
et que ma fin soit semblable à la leur»
reltjguuseô
et Variétés
Rome. Les réunions religieuses
de M Gavazzi , Ribet et Sciarelli
de l’Eglise méthodiste, augmentent
de jour en jour. M. Gavazzi trouve
surtout un bon accueil de la part
des Romains ses contemporains, qui
l’avaient déjà connu en 1848. 11 ne
paraît pas encore avoir trouvé un
local pour ses conférences, de sorte
qu’il est toujours obligé de les tenir dans la chapelle écossaise et
ailleurs. — M. Ribet a célébré à
Pâque la sainte-cène avec une vingtaine de personnes,parmi lesquelles
six sont italiennes. 11 n’y a point
encore admis aucun d'entre les romains nouveaux convertis.
Ecosse. UEvangéliate raconte
qu’un réveil religieux extraordinaire a lieu en ce moment à Buckie
parmi les pêcheurs de la côte. Ceux
qui sont ainsi appelés au salut,
d’une manière efficace, sentent la
profondeur de leur misère spirituelle et ne font monter vers Dieu
que cette prière : Seigneur sauve
mon âme !
Angleterre. — Les Missions
évangéliques contiennent un article
dans lequel elles constatent l’étendue progressive du commerce de
l’opium en Chine ; de 4000 caisses
que le Gouvernement britannique
de rinde en envoyait annuellement,
il en expédie maintenant 75.000 à
90.000 caisses de ce poison mortel.
C’est 150-175.000.000 que la Chine
paye à l’Inde. Sir Lawson a demandé au Parlement anglais de
mettre un terme à ce mal ; mais ce
serait, a-t-on dit, vouloir la ruine
matérielle de l’Inde. La proposition
a été repoussée par 150 voix contre
46. 11 faut que la Chine périsse
pour que l’Inde vive. — L’article
dont noos tirons ces détails termine
par ces lignes que nous enregistrons
avec douleur : — « Si l’Angleterre
commence à perdre du rôle prépondérant qu’elle a joué dans lo
monde depuis pins de deux siècles.
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ne doit-elle pas s’en prendre , en
partie du moins , aux infamies que
ses hommes d’état lui ont fait commettre par rapport à l’odieux trafic
de l’opium , infamies que les dernières délibérations- de son Parlement viennent de sanctionner tout
de nouveau ? »
Chronique Cauhotoe
La Tour- Nous avons l’avantage
de posséder à la Tour, depuis deux semaines , M““ Pearse avec son mari et sa
sœur, et c’est avec édification que nous
l’avons entendue dans deux réunions au
Collège et à l’Ecole paroissiale. M”" Pearse
a entretenu, dans chacune de ces conférences, ses nombreux auditeurs pendant
deux heures de l’œuvre de Dieu, et nous
n’avous éprouvé aucune fatigue et nous
n’avons vu dans ceux qui l’écoutaient aucun signe d’inattention ni d’impatience.
Chacun au contraire aurait voulu l’engager à continuer, si on n’avait eu égard à
l? fatigue de l’orateur que l’on soupçonnait; mais que l’on n’apercevait point.—
C’est dire que le genre d’exposition de
M"' Pearse est nouveau et attrayant, mélange naturel, sans art et sans artifice,
de doctrine, d’exhortations, de faits;tout
cela éprouvé, vécu, venant du cœur et
allant au cœur; simple, populaire, sans
apprêt et sans apparat, rien de ce christianisme de circoustance et de position,
de cette religion du dimanche, dont il
n’est plus question le lundi; chacuil a
senti que tout ce qu’elle disait, était sa
vie, sa joie, son bonheur, et même, quand
elle nous a raconté ce que Dieu a fait
d’elle, en la tirant de l’incrédulité, de l’amour du monde et de ses vanités, et de
la propre justice pour la convertir à lui,
nul ne s’est avisé de penser qu’elle parlait trop d’elle-même, car on avait le sentiment qu’elle ne le faisait que pour rendre
gloire à Dieu et pour montrer, dans le
sens dans lequel S' Paul parlait aussi de
lui comme du dernier des apôtres, la libre
grâce du Seigneur. — Nous n’éssayons pasde reproduire ces deux conférences; qu’il
nous soit cependant permis de résumer
en quelque lignes le récit de l’œuvre
qu’elle a accomplie depuis sa conversion.
— Désireuse de travailler pour le Seigneur qui s’était fait connaître à elle par
un traité .sur la mort et par le moyen
de la biographie de Hedley Vicars, elle
prit la résolution d’évangéliser les soldats
et comme elle demeurait alors à Paris,
elle commença à annoncer le salut aux
invalides, ces vieux restes des [armées
de Napoléon 1". L’incrédulité et l’ignorance du nom de. Jésus qu’elle trouva
chez ces pauvres vieillards est incroyable;
mais elle eut bientôt l’occasion de faire
du bien à deux pauvres jeunes soldats
malades, l’un protestant allant au devant
de la mort dans sa propre justice, l’autre
dans l’incrédulité. L’un et l’autre moururent dans la paix en confessant le Seigneur
Jésus. Dès lors, encouragée et soutenue
par M. Guiness, elle alla porter des traités,
des portions de l’Ecriture dans les casernes et dans les corps de garde ; elle n’eut
pas honte de l’Evangile et le fit connaître
aux soldats et à leurs chefs, non seulement à Paris, mais aussi particulièrement
quelque temps avant la guerre, à Monpellier, à Nîmes et Marseille; et bien des
militaires devinrent sérieux par son moyen.
Un régiment qui fut le plus évangélisé et
qui reçut le mieux la parole fut presque
entièrement détruit à la bataille de Wœrth.
— M“* Pearse s’occupa aussi avec son
mari et avec sa sœur, de l’institution des
f&mmes de la Bible en France ( Bibelwomen),
et elle en établit 16 qui étaient chargées
d’aller de maison en maison parler du salut
et lire la parole de Dieu, Lorsque la guerre
eut éclaté, elle partit de l’Angleterre, moitié malade et, accompagnée de son mari
et de sa sœur, elle alla porter les consolations de l’Evangile aux prisonniers français et aux malades; elle les visita dans
les barraques et les ambulances è Stettin,
à Berlin et ailleurs elle s’adressa aux soldats, et aux ofiSlciers et même elle fit offrir
un N. T. au prisonnier impérial de Wilhelmshœhe. Elle nous dit n’avoir jamais
reçu d’insulte de la part de ces pauvres
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-135
soldats bien légers, tant il est vrai que
lorsque l’on se présente à eux avec sérieux
l’on est respecté et l’on peut leur faire
du bien. Elle pense avoir vu au moins
100.000 prisonniers. Les détails qu’elle
nous a donnés sur les souffrances des
pauvres blessés sont vraiment navrant.
Ces récits dont nous n’avons donné que
les faits saillants sont mélés de faits, d’exhortations, d’appels pressants h se convertir, à recevoir .1. Christ, d’avertissements à ne pas se contenter d’avoir le
nom de chrétien ou (Tacoir le bruit de
vivre. Sans rien dire de nouveau, il
semble que tout est nouveau. Nous avons
été particul ièrement frappés du parti qu’elle
a su tirer de l’oraison dominicale pour
montrer à ceux qui peut-être répètent
matin et soir cette prière, qu’ils ne font
que de vaines redites, parcequ’ils ne sentent
pas la valeur de leurs paroles et ne sont
pas convertis. — Impossible do rendre
d’une manière approchante l’impression
do cette parole vivante. .Mais nous avons
lieu d’espérer que le témoignage que M~
Pearse a rendu au milieu de nous, et
compte encore rendre dans les paroisses
voisines aura été en bénédiction à beaucoup d’âmes, et que les fruits de cette
bonne semence seront abondants aus.si
dans les vallées au grand jour ou les secrets des cœurs seront manifestés Une
vérité importante qu’elle a tout particulièrement mise en évidence et par son
enseignement direct et par les nombreux
foits dont elle l’a appuyée c’est que l’Evangile fidèlement et simplement annoncé,
se démontre toujours comme la puissance
de Dieu d salut.
Nous sommes assurés d’être l’organe de
notre public religieux, en remerciant sincèrement M“' Pearse d’avoir porté ses pas
dans nos vallées et de nous avoir fait
entendre les choses qui se rapportent d
votre paix.
Le corps des Pasteurs de l’Eglise vaudoise est convoqué à la Tour dans une
des salles de la Bibliothèque du Collège
pour le 2. mai prochain à 10 heures du
matin, pour s’occuper: 1. de la nomination des Commissions d’examen de la gestion de la Table et de celle des autres
Commissions administratives; 2. de l’examen de foi et de convictions religieuses
de M. Michelin candidat en théologie.
Nous apprenons de bonne source qu’une
vingtaine de familles de Rorà, séduites par
les belles promesses contenues dans le manifeste Baridon, se disposent à partir pour
S" Fè dans la République Argentine. Nous
croyons de notre devoir de rendre le pasteur et le anciens, le Syndic et les conseillers de Rorà attentifs au danger auquel
s’exposent nos compatriotes; nous les
prions de porter à leur connaissance les
lettres du Modérateur, contenues dans
les N' 5 et 7 de VEcho, sur cette question.
Chronique ))oUtique.
Italie. — Le Parlement s’est trouvé
enfin en nombre sufiTisant pour adopter
le projet de loi sur les Cais.ses d’épargne
postales. Le Président avait fait dans uno
séance précédente aux 162 présents des
reproches très vifs à l'adresse des 288
absents. — Le Sénat a commencé la discussion de la loi des garanties papales et
de la liberté de l’église. — Le Gouvernement et la Municipalité de Rome ont enfin
pris des mesures énergiques dans le but
de procurer des logements aux employés
qui devront se rendre à Rome en juillet
et août prochains.
— La Libertà de Rome publie le texte do
l’adresse des professeurs de TUniversitô
romaine à Dôllmger professeur d’histoire
ecclésiastique et doyen de la faculté de
théologie dans Tuniversité de Munich. -En voici la teneur : « Nous saluons votre
voix avec de grandes espérances et nous
faisons des vœux pour le triomphe de
votre cause, parcequ’elle est aussi la
nôtre et celle de toute la civilisation chrétienne. Nous vous le disons publiquement,
afin qu’à l’avenir, dans votre jugement
libre et éauitable, vous sépariez la responsabilité du peuple italien de celle do
l’épiscopat italien. L’épiscopat qui habite
notre pays est sans patrie, et n’a rien de
commun avec le peuple italien. Le syllabus, l’infaillibilité, l’autorité papale, toutes
ces négations de la raison humaine et
divine, composent un système qui n’a
aucune connexion avec le caractère romain et avec la pensée romaine. Nous,
race romaine, c’est-à-dire italienne, nous
avons en horreur, aussi bien que la race
germaine, ce système de l’esclavage de
Pintelligence. La moralUé italienne n’est
plus celle du xvp siècle , et maintenant
nous savons que l’heure est venue où les
deux peuples, les italiens et les allemands
doivent combattre et vaincre pour la cause
sacrée de la réforme. — Rome le 10
avril 1871».
Allemagrne. Le chancelier fédéral
a demandé à la diète de l’Empire l’autorisation de faire un emprunt de 450,000,000
pour payer les frais d’occupation de la
France, ce pays ne pouvant pas, pendant
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la guerre civile, faire face à ses obligations. Les dépenses de la guerre se sont
élevées à 1.076.000.000 de francs. La nouvelle constitution de l’empire a été approuvée à une grande majorité, malgré
l’opposition d’Ewald et de quelques aufres
qui ne peuvent concilier les dénominations
¿'Empire allemand et de Confédération
allemande, ni l’idée d’un empire allemand
qui comprend des danois et des polonais,
pendant qu’il ne renferme pas les allemands de l’Autriche, ni ceu.v du Luxembourg et du Limbourg.
— Munich, 18 avril. — L’archevêque a
excommunié hier le chanoine Dôllinger
Le même jour le clergé et l’aristocratie
de Prague ont signé une adresse au pape,
en l’invitant à choisir Prague pour son
lieu de demeure et d’asile.
— La Neue freie Presse de Vienne appelle
déjà Dôllinger un nouveau Luther. Nous
n’en sommes pas encore là. On n’est pas
un Luther, parceque, se fondant sur l’Ecriture et la tradition, on ne veut pas admettre que le pape soit infaillible, pendant
qu’on reconnaît ¡’infaillibilité de l’Eglise
catholique e des Conciles. Ce qui a fait
de Luther un grand réformateur c’est qu’il
a cherché et trouvé dans l’Evangile, c'està-dire en Jésus-Christ et dans son œuvre
rédemptrice, pour lui d’abord, parcequ’il
en sentait le besoin, non seulement le
libre examen, la liberté de conscience et
de cuite, mais, avant tout, le pardon des
péchés, la délivrance de leur esclavage,
la source de la sanctification et de la vie,
après avoir vainement cherché le salut
et la paix dans l’accomplissement des devoirs imposés par l’Eglise, dans les œuvres
et dans la propre justice.
— La Meue freie Presse après avoir rendu
à l’œuvre de Luther et à celle de Dôllinger un témoignage éclatant fait un rapprochement intéressant, il compare l’état
de décadence des peupies qui sont restés
soumis à Rome à la grandeur à laquelle
se sont élevés ceux qui ont su s’en émanciper, et il se plaint que la tyrannie de
Ferdinand III ait ramené la monarchie
autrichienne sous le joug papal. Ce journal, qui représente à Vienne les intérêts
du parti allemand, profite de l'occasion
qui se présente à lui, de donner un coup
de bec au ministère Hohenwart pour les
tendances ultramontaines qu’on lui suppose. « Et, comme si, dit-il, notre mauvaise étoile devait durer toujours, nous
avons aujourd’hui un gouvernement qui
veut reconduire l’Etat rendu à moitié libre
par le peuple, dans les chaînes du romanisme.
Krano©. La guerre civile continno
avec un acharnement înom. SUV-plusieurs
points des environs de Parts, dans la ville
même, la faim commence à se faire ¡œntir et l’on prévoit que le jour n’est pas
éloigné où les révoltés seront obligés de
se rendre. Le gouvernement de Versailles
comptant sur cette nécessité a refusé les
offres d’intervention des troupes prussiennes, et Thiers aurait fait savoir à Bismarck
que s’il persistait dans son projet d’intervention il donnerait sa démission.
En attendant la Commune continue son
œuvre de vandalisme et la colonne impériale de la place Vendôme, « monument,
est-il dit, dans le décret de destruction,
de barbarie, symbole' de force brutale et
de fausse gloire, confirmation du matérialisme , négation du droit international.
insulte permanente des vainqueurs aux
vaincus, attentat à la fraternité, » va être
démolie et mise en vente en quatre lots.
Quoique dans la contradiction des nouvelles de la guerre civile entre Paris et
Versailles, nous soyons dans l'impossibilité de dire de quel côté est la victoire,
il paraît pourtant certain que les in.surgés
et la Commune perdent du terrain soit
dans les environs de Paris, où ils ont été
vaincus à Asnières avec de grandes pertes,
soit dans Paris où des bataillons de la
garde nationale refusent de sortir de la
ville pour se battre, ou bien s’égarent
en route, réduits du reste à la moitié et
même au quart de leur effectif. Les élections supplémentaires des membres de la
Commune ont complètement failli; sur
276.000 électeurs , 26.000 seulement ont
déposé leurs votes dans l’urne, et, légalement, Ménotti Garibaldi porté à Belleville,
serait le seul membre élu. — Ces symptômes de faiblesse nous présagent-ils la fin
du triste état de choses à Paris? Nous le
désirons vivement.
COLLECTES POUR LES MISSIONS.
La Tour, la paroisse par icpaaiewr fr. 65
» l’Ecole des filles par MHeMeille » 16
» la Société de travail de S“
Marguerite p. M”" Chambeaud » 65
» le sou par semaine par M”
Caroline Malan » 28
Fr.
174
Leçons de Français et d'Allemand.
S’adresser à M. L. Bert , au t&té
restaurant de M. Jaime. — Place de
la foire. La Tour.
E. Màlàn Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. taiantorc.