1
Hultlèiùe année.
N. 4.
31 Janvier 187’3.
L’ECHO DES VALLEES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialenii'nl consacrée aux intérêts matériels et spiritnels
de la Famille Vandoise.
Que toutes les choses qui sont véritables. occupent
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
PRIX d’aboniukert ;
Italie, k domicile (tinaniKr. 3
Suisse................» 5
France....................*6
AllernagDe 6
Angleterre, Pays-Bas . • 8
Un numéro séparé : 10 cent.
Un numéro arriéré : 10 cent.
BUBEAHl d'ABONNEMENT
Torrk-Pku.icr ; Via Maestra,
N.42. (Agr.nzia bibliografica)
PiGNERoL : J. Cliìanlore Impr.
Tcrin :J.J. Tron, via Lagrange
près le N. 22,
Florencr : Libreria Evangelica, via de'Panzani.
ANNONI’ES ; 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S'a
dresser pour l'administration
an Rvreau li Torre- Pclììre,
via Maestra N. 42 — polirla
rédaction : à Mr. E. Ma!an
Prof, il Torre-Pellice.
Sommaire.
De la prière. — Hommage fi’uu juif à
un chétien. — Correspondance. — Bibliographie. — Nouvelles religieuses. — Chronique Vaudoise. — Chronique Politique.
— Petit correspondanco.
V.
DE L4 PRIÈltE
A quels signes pouvons-nous reconnaître qu'une prière, quoique
non appuyée sur une promesse
spéciale de Dieu dans l’Ecriture ,
est cependant faite selon l’Esprit,
t sera par conséquent exaucée. En
I D lieu tous les réveils religieux,
tous les succès dans l’œuvre d’Evangélisation , ou dans l’œuvre
pastorale ont toujours été précédés et accompagnés d’un ardent
esprit de prière chez un certain
nombre de chrétiens, spécialement
intéressés à cette œuvre. — DaBs
les réveils de r,\mérique, et
de l’Irlande septentrionale , nous
voyons que dès le commencement,
quelques chrétiens se réunirent,
bien décidés à persévérer dans la
prière jusqu’à ce que Dieu les eût
bénis eux et l’Eglise à lacjucUe
ils aj)parlenaient et le pays dans
lequel ils vivaient.
Dieu veut que tous les hommes
soient sauvés cl parviennent à la
connaissance de la vérité, et (|ue
la terre soit remplie, de. la connaissance du Seigneur. Mais nous n’avons aucune certitude qu’une telle
personne, une telle classe de personnes, ou une telle nation, sera
convertie à un temps déterminé.
Cependant, lorsque, sans cause naturelle capable d’exciter vivement
les penséesetles désirs, il se trouve
qu’une localité, une nation ou une
personne ’est l’objet des prières
d’un certain nombre de chrétiens
nous avons là une très grande probabilité que ce besoin est inspiré
par la secrète opération intérieure
de l’Esprit.
La chose est plus difficile à décider lorsqu’il s’agit d’une prière
individuelle , au sujet d’une personne qui nous est très chère,
parcequ’alors, le désir naturel est
tellement mêlé avec l’intercession
de l’esprit qu’il est impossible à
2
-(26)
riiomme de décider où l’un finit
et où l’autre couamence. Mais le
cas bien connu, de Luther pi'iant
pour le rétablissement de la santé
de Mélanchton, semble être un
exemple de la prière en vertu de
l’Esprit. Ses sentiments naturels
étaient sans doute beaucoup plus
excités lors de la maladie de son
enfant, mais il ne put pas prier
auprès du lit de sa chère Madeleine comme il le fit auprès du lit
de Mélanchton avec la pleine certitude d’être exaucé. — Ee sont
encore des prières selon l’Esprit,
que celles de ces divers directeurs
de maison d’orphelins, d’hôpitaux,
ou d’autre oeuvre de bienfaisance
chrétienne, comme M. Muller de
Bristol, Frauke en Prusse; qui priaient avec pleine confiance que
Dieu leur fournirait les moyens de
sortir de leurs embarras financiers.
Nous n’avons pas dans l’Ecriture
une promesse évidente surlaquelle
nous puissions nous appuyer pour
prier avec la certitude d’être exaucés, dans le cas d’œuvres de charité qui réclament des secours
immédiats. Mais nous voyons que
Dieu a honoré de la manière la
plus remarquable la simple et filiale confiance en Lui , dans des
cas semblables.
Il y a des enfants de Dieu auxquels semble avoir été donné d’une
manière spéciale, ce don de la
prière; par lequel ils exposent à
Dieu telle œuvre chrétienne, le
bien-être ou le salut de telle personne, de ¡façon qu'ils voient en
priant, comme le sourire de Dieu
qui les encourage à revenir à la
charge chaque fois qu’ils en éprouvent le désir.
Par leurs prières , . le pasteur
Blumhardt de Wurtemberg, feu Madame F’rudel et maintenant M. Zel1er de Maunedorf à Zurich ont
obtenu de très remarquables guérisons de malades de corps et
d’esprit. Dieu bénissait en général
le malade selon le degré de confiance de celui qui priait. Dans
divers cas, ils avaient le sentiment
en priant , que leur prière serait
exaucée. Dans d’autres, ils ne pouvaient y dire autre chose si non
« ta volonté soit faite ». — Cependant tout en reconnaissant que
ces prières étaient selon l’esprit,
il ne faudrait pas abuser de cet
exemple. Il n’est pas facile de discerner dans de telles prières ce
qui est sentiment personnel, excitation, enthousiasmefébrile, d’avec
ce qui constitue le sceau de l’Esprit. — Ce n’est pas à dire que '
tout ce qui, dans nos prières, est
marqué au coin d’un’ardent enthousiasme soit nécessairement
mauvais. Au contraire, nous ne
pouvons douter que Dieu ne sanctionne de pareils sentiments et
ne s’en serve pour nous aider à
persévérer dans la prière. Le tendre amour d’un père pour son fils,
Tardent désir qu’éprouve un pasteur ou un maître fidèle pour les
âmes de son troupeau ou de son
école, même l’enthousiasme d’un
jeune chrétien pour la conversion
des âmes ou pour la délivrance
de ceux qui sont persécutés pour
la justice, peuvent être des sentiments naturels, mais ce sont des
sentiments saints et sacrés, et iis
3
-{27)
ne peuvent qu’être agréables aux
yeux de Dieu, lequel s’en est souvent servi comme de moyens de
riches bénédictions pour ceux en
faveur desquels on sympathisait
et priait.
Seulement nous ne devons pas
oublier que le plus saint et le plus
pur des sentiments naturels peut
nous induire en erreur, et tout en
cédant au mouvement intérieur qui
nous pousse à prier, gardons-nous,
surtout en parlant aux autres ,
de les assurer que de tels sentiments sont des signes infaillibles que Dieu veut exaucer nos
prières.
Plusieurs prennent volontiers
cette ardeur dans la prière comme
la seule marque de la sainteté de
la décision à laquelle ils se sont
arrêtés. « J’ai beaucoup prié pour
cette affaire; je dois donc avoir
raison de la faire », voilà une
conclusion imprudente et inconsidérée. Et cependant nous pouvons
dire, dans un sens , que pas une
prière humble et fidèle ne manque
d’être exaucée, au temps et selon
la manière qu’il plaît à Dieu , quoique son objet immédiat puisse
être refusé. Lorsque S‘ Paul pria
trois fois d’être délivré de l’echarde
qu’il avait en sa chair, c’était son
sentiment naturel qui le poussait
à chercher du soulagement dans
sa rode épreuve. — Mais en même
temps l’indistincte voix de l’Esprit
saint, au fond de son cœur, était
que Dieu fût glorifié par elle ; et
cette demande fut abondamment
exaucée par cette promesse « Ma
grâce’|te suffit ». Dans ce sens nous
pouvopsêtre^surésquQtoutes nos
prières offertes à Dieu dans cet
esprit, seront exaucées.
J. D. Turin.
HOHIUGI! DU^ JUIF
à un Ciirélifl)
L’Univers Israélite, journal de.'^
principes conservateurs du Judaïsme, renferme un article nécrologique de son directeur, M. S.
Bloch , sur M. le pa.steur Vallette.
C'est un hommage qui fait autant
d’honneur à celui qui le dniuie ,
qu’à celui auquel il est donné ,
car il jirouve que le véritable
amour fraternel n'est point arrêté
par lesdifférencesreligieuses. Voici
comment M. Bloch s’exprime :
« Un juste vient de quitter ce
monde, d’appauvrir la terre (.-t
d’enrichir le ciel, de faire pleurer
les hommes et de réjouir les anges,
« Il n’était pas de la race Israélite ; mais il possédait à un suprême degré toutes les belles et
nobles vertus dont elle se glorifie
dans ses grands esprits et dans
ses hommes de Dieu. Pontife chrétien, il aimait et protégeait tous
les hommes , sans distinction de
culte et d’origine ; il avait pour
tous une bonté et une tolérance
sans pareilles , un cœur plein d’amour, de charité, d’active et magnaminefraternité, un dévouement
sans bornes, qui allait jusqu’au
sacrifice de soi; il était un fidèle
et pieux messager de la miséricorde divine dans l’humanité souffrante, matériellement et moralement).
4
-(88)
« Tel fut le pasteur Jean Louis
Vallette, président du Consistoire
de l’Eglise de la confession d’Augsbourg.
« A côté de l’élévation de son
caractère, du charme puissant de
sa personne , et de l’extrême affabilité de ses rapports , il était
un savant éminent, prédicateur
hors ligne, écrivain élégant, classique, surtout bon hébraisant. Il
se plaisait dans la société des Israélites et manifestait à leur égard
une gracieuse et ardente sympathie. Beaucoup de nos pauvres
connaissaient bien le chemin de
sa maison.
« Le signataire de ces lignes ,
trop ému en ce moment pour raconter dignement cette belle vie,
perd en lui un sincère ami de
vingt-cinq ans.
»11 ii’approuvaitpas toujours nos
idées et .tous nos écrits , mais il
était toujours pour nous un cher
consolateur dans nos peines, nous
encourageant et nous soutenant
dans nos heures d’épreuve et d’aftliction, et ses affectueuses paroles,
ses doux et émouvants accents ,
sonnant dans notre cœur en deuil
comme une voix d’en haut, nous
arrachèrent des larmes bienfaisantes et, saints rayons d'àme , les
séchèrent en même temps 1
» Que d’Israëlites, en pensant au
pasteur Vallette , répéteront cette
exclamation du prophète païen ;
« Puissé-je mourir de la mort du
juste et puisse ma fin res.sembler
à la sienne I» ( Nombres XXIII, 10).
— Qu^nt à nous nous ne pouvons
que répandre des pleurs et quelques fleurs sur sa tombe ouverte
trop prématurément pour le monde
et dire: que la mémoire du juste
soit bénie, et qu’il repose en paix
dans le sein du Très-Haut 1
Et puisse son succes.seur dans
la chaire évangélique de Paris posséder quelques-unes de ses vertusl
Ce sera une gloire pour les chrétiens et un bonheur pour les Israélites ».
' (Semaine religieuse).
Comopottbance
Monsieur le Rédacteur,
I.a Tour, le 14 janvier IS73.
Dans un article de votre eslimé petit
journal publié vendredi passé, et signé
H. S. , il est question de nouveau d’instruction religieuse à donner aux enfants
de notre Eglise dans les écoles des Vallées, et cela, est-il dit, en opposition aux
idées de personnes fort honorables, d’ailleurs , qui voudraient les bannir.
Or, il y a ici, de la part de l’écrivain,
une trop flagrante confusion de principes
pour qu’il ne faille pas la rectifier.
Quand , avec quelques autres personnes
[lieuses et éclairées, nous avons soutenu
qu’il fallait laisser de côté, dans les écoles,
renseignement religieux , nous nous sommes toujours placés sur le terrain des
Ecoles Civiles Comunales, écoles qui doivent
être ouvertes aux enfants de tous les citoyens, sans distinction quelconque de
symboles religieux et dans lesquelles on
ne doit froisser les convictions de personne,
tout en y enseignant les grands principes
de la foi et de la morale universelles.
Cette manière de voir ne peut être qu’approuvée par quiconque connaît et respecte
le droit publie et individuel; et ce ne sont
pas les pasteurs et les chrétiens vaudois
qui me contrediront, eux dont les ancêtres
I ont si fort souffert parce qu’on les opprimait jadis, qu’on les froissait, et les
rejetait indignement de la loi commune.
Ce prioeipe de largeur, de droit Booial,
5
-(29)
de liberté, nous le réclamons donc pour
tontes les Ecoles, les Collèges, les Universités de notre royaume constitutionnel,
et, selon nous, l'Etat ne peut, dans aucune école qui relève exclusivement de
lui, et soit salariée uniquement avec les
fonds publics, permettre qu'il y soit enseigné ou le Catéchisme calholi(|ue, ou
la Bible proteslaule, on le Talmud, ou le
Coran. Non, les écoles publiques gomerne
mentales sorti pour tous, et dès lors, on ne
peut, on ne doit y enseigner les dogmes
et pratiquer.lesrites d’aucune Eglise, secte,
confession religieuse, sans se mettre en
dehors du droit de la liberté et du progrès. Je fais- les vœux les plus ardents
pour que , dans notre bien aimée Italie ,
nous voyions nos écoles publiques revêtir
toutes ainsi un caractère large, vrai, constitutionnel, et certes, mes vœux, à cet
endroit sont déjà, plus ou moins, en pleine
voie d’accomplissement.....
Mais qu’est ce que cela a à faire avec
les Ecoles vaudoises? — Si notre Eglise les
salarie et les maintient, pourquoi u’auraitelle pas le (iroit d’y faire enseigner ses
doctrines religieuses? — Cela coule de
source. Si nos Ecoles ne sont pas communales, elles sont à nous. Eglise-, donc,
lais.sons à l’Eglise son droit, je dis plus,
imposons-lui le devoir de renseignement
évangélique. A YElal il incombe de ne
favoriser aucun symbole religieux; à cha
que Eglise indépemiante de l’Etat, il incombe, au contraire, d’enseigner ses propres doctrines, et elle serait infidèle, en
ne le faisant pas.
Monsieur H. S. enfonce donc une porte
ouverte et donne des coups en l’air en revenant sur un argument qui est nécessairement envisagé de la même manière
pour nous tous amis des lumières, de la
liberté et de l’éducation basée sur une
piété éclairée et pratique. Oserais-je pourtant le prier de bien vouloir s'occuper toujours de cette grave question, en soumettant plus particulièrement à ses fraternelles méditation^ les points suivants. ;
a) Comment notre Eglise fera-t-elle cesser
désormais tout comflit possible entre elle
et les Municipes relativement aux écoles
pubi)((uea ouvertaa dans nos Vallées?
bj Comment augmenter les honoraires
de nos grands et de nos petils régents .
dont la science et l’éducation ne sont,
chez plusieurs, que trop en harmonie avec
leur mince salaire?
cj Quelle nouvelle méthode d’enseignement y aurait-il à introduire , peu à peu
chez nous, et (juelle admiuistralion scolaire
è y élablir pour forcer la vieille ronliue à
prendre la fuite, et les populations ignorantes et rétives, à accepter l’instruction
et l’éducation que l’Eglise est |)lus que jamais appelée à leur donner......t
Veuillez, honoi'é frère, donner, dans
votre Echo, une place favorable à ces quel
ques lignes, et en attendant un développement pratique vrai et réjouissant dans
l’instruction chez, nous, permellez-moi de
vous remercier de continuer la rédaction
de votre feuille et de me dire votre etc.
Amédée Bert Pasteur Eme'r.
Nous laissons à M' H. S. le soin de répondre à M. le pasteur Bert. En attendant
nous faisons suivre cette lettre, de quelques
observations seulement. Nous admettons
que dans les Ecoles gouvernementales on
n’enseigne pas le catéchisme spécial d’aucune confession. Nous sommes bien d’avis
([u’aucune religion ne doit f>tre enseignée
de par l’Etat; c’est une exigence de la liberté de conscience. Ce principe libéral
peut être pralique sans inconvénients dans
l’enseignement supérieur, peut-être même
dans les établissements d’enseignement
secondaire ; mais il n’en est plus de même
dans les écoles primaires. En ell’el, dans
celles-ci, on ne donne pas seulement aux
enfants l’instruction, rnai.s encore l’éducation , et celte dernière est impossible sans
l’enseignement religieux. Il y a là une
grande difficulté. Mais nous n’avons pas
à la résoudre. Nous n’avons pas à nous
préoccuper des écoles de la Chine, de la
Turquie, ni même du Royaume d’Italie.
Nous nous préoccupons dos nôtres ; et
comme nous avons la conviction que la
Bible, non comme livre de lecture, mais
comme livre d’édification et de vraie éducation religieuse et morale , doit rester
dans DOS écoles, que c’est airtblivré^des
livres que vous devons d’ex^fler et d’avoir
le peu de bien ciu’il y a encore parmi nous,
6
-{30)
que c’est la Parole de Dien qui éclaire les
consciences, forme les cœurs et les caractères et fait de l'enfant un homme, nous
ne cherchons pas à faire de nos Ecoles
vaudoises des Ecoles communales. Car
nous pensons que l’Ecole qui a la Bible,
quehjue faible qu'elle soit, est de beaucoup supérieure , au point de vue de l'éducation , à celle qui ne l’a pas. Il nous
semble qu'il ne devrait pas y avoir deux
avis, à cet égard, parmi les vaudois. Nous
avons déjct eu l'occasion de développer
nos idées à ce sujet. Nous y reviendrons,
s’il le faut, d'autant plus que dans l'état
actuel de notre population, l'éducation
morale et l’instruction religieuse en dehors
de l’école , dans la famille surtout, laisse
beaucoup à désirer. — Nous le répétons,
l’instruction sans l’éducation est une arme
dangereuse, l’Ecole sans Dieu nous donnera une génération athée et immorale.
Pour nous vaudois , nous voulons dans
l’Ecole la Bible et la religion de la Bible,
car nous savons ce qu’elle est. mais nous
ne savons pas ce que sont ks principe^
de la foi el de la morale unimmellea. Nous
disons: ou la Bible ou rien.
BIBLIOGRAPHIE
F. E0RAZ7.ini. — L’ÜOMO E LA ('.HIESA. —
Yerona , Slnbüimenlo Civelli.
En lisant cet opuscule qu’une main amie
nous a envoyé , nous n’avons pu nous
défendre du désir de le faire connaître ,
en peu de mots, à nos lecteurs. Il traite,
peut-être, avec une certaine liberté de langage qui n’est pas permise eu semblable
matière, une question ijui devrait, plus
qu’elle ne le fait malheureusement, remuer
la conscience de nos compatriotes.
Voici ce dont il s’agit. Après avoir jeté
un rapide coup d’œil sur les nations catholiques , l’auteur se demande où il faut
chercher la vraie cause de leur abaissement et même, en plusieurs contrées, de
leur dégradation. La cause, si on y regarde de près, on la trouvera, dans ce
catholicisme qui détruit le caractère et le
sens moral , qui efface ainsi la dignité
humaine et donne, à ceux qui se laissent
pétrir par lui, l’habitude et l'amour do
l’esc||«rage^n outre, la religion de Rome,
ennemie de t|»tes les libertés, marche,
à phalanges sRéa, contre f’Elat moderne,
^e fait ne peal se nier, <
Aux yeux des libéraux italiens, quelle
que soit la couleur politique de leur drapeau, cette vérité est incontestable; mais
par une inconséquence qu’on ne saurait,
en aucune manière, excuser, ils continuent à envoyer leurs enfants à l’école du
prêtre. Voici le beau raisonnement dont
ils font usage : Pur troppo verrà un giorno
in cui conosceranno che tulio ciò che si
dice religione, è impostura. Quando sarà
tempo apprenderanno il vero da sè; ora
È bene che credano questo , per avere avuto
almeno una volta, una fede. ( page 9 ).
Nos libéraux sont dans uno grave erreur.
Ne savent-ils pas, par expérience, que
« nessuno più o meglio del prete distrugge
radicalmente ogni maniera di fede? e qui
appunto è il lato mortifero della dottrina
della Curia romana, qui sta la causa della
morte di tutte le nazioni cattoliche » Or il
faut, pour les individus et pour les nations,
une foi, une foi religieuse et l’argument
ci dessus inentionnéjaurait sa raison d’étre
s'il n’y avait au monde d’autre religion
que la religion catholique. Il n’en est heureusement rien , et l’Italie peut, si elle
le veut, suivre le conseil de Macchiavelli
et s’armer d’une autre religion. Ecoutez
la parole de notre grand penseur : « Noi
non potremo guerreggiare con profitto e
rendere innocua la Curia romana, se non
armandoci di un’altra religione». M. Corazzini invite ses compatriotes à se rallier
au protestantisme. Ce serait un acte de foi
et de liberté. Que les libéraux n’oublient
jamais que l’on ne peut rien fonder sur
la négation.
Voilà la solution , la seule bonne. Cela
est tellement marqué au coin de la vérité
(]ue l'Eglise romaine se moque de tous
les libres penseurs, mais elle ne se moque
pas de l’œuvre missionnaire du protestantisme ; elle prend au contraire en main
ses meilleures armes pour le combattre.
Elle sent qu’il y a là quelque chose de
positif.
L’auteur termine son intéressant opuscule en ces termes; que nous sommes
heureux d’avoir trouvés sous sa plume :
A mantenere l’impero della nuova civiltà,
a compiere l’unificazione morale d’Italia,
ad aumentare la grandezza, la potenza,
la gloria della nazione, niente varrà meglio del portare la ragione nei confini della
scienza, la fede nella pratica della vita,
e dell' opporre alla religione della Curia
romana la vera religione di Cristo
C’est là la belle, la noble, la saiate
œuvre que nos évangélistes accomplissent,
sous le regard de Dieu, dans notre Italie.
H. Selli.
7
-(31)
iiouücUee rdigìcuees
Itftlio. Nous extrayons (i'un rapport
lie M. Spiarelli sur son œuvre, oomme
pasteur et évangéliste île l'Rglise luéttiodiste à Rome, pour l’anuée 1872, les données i|ui suivent:
Les réunions ordinaires ont été suivies
par une moyenne de oO personnes, les
réunions d’Rvangélisalion par une moyenne de 10), et les conférences histoni|ues
sur la de des papes par une moyenne de
150.
Le noyau de l’Eglise méthodiste de Rome
est de 58 coinnuiuianls et de 10 catéchumènes.
Ki-Jinoe. Le père Hyacinthe, parlant
à la chapelle TaitbonI à Paris des hases
de la réforme catholiipie actuelle en Allemagne et en Suisse, dit ; « Ce sont de
grandes choses ipie la science et la conscience, la pairie et la liherté; mais elles
sont trop petites pour réformer on pour
fonder une église. Tontes les tentatives
de réforme ont Iristement et ridiculement
échoué ipii n’ont pas en pour base le
seul fondement solide . plus large, plus
ferme que la science et la conscience! ,
que la liberté cl la patrie, je veux dire
la foi et la piété fervente vis-ià-vis de notre
Seigneur .lé.sns-Chrisl ». — Kt, huit jours
a[)rès, dans la réunion qui eut lieu ilans
le, temple de l’Oratoire, iiarlanl île ce lien
de culte (pii a été autrefois le sanctuaire
d’une de.s congrégations les pins pieuses
et les plus instruites, il dit à scs auditeurs;
« Pniscpie l’Kglise de Krance, s’abdiipiaut
ello-meme, comme elle l’a fait derriii'i'cmenl, s’est rendue impuissante <à continuer
de telles traditions et à honorer de tels
souvenirs, ce temple ne pouvait passer
dans des mains plus dignes que les vôtres».
— M. iJardier ipii en avait appelé d’une
première sentence , a été condamné à
Lyon à 50 francs d’amende, pour avoir
remis à qnehines personnes des hrochures
sur l’ivrognerie. La première amendo avait
été do 100 francs.
— Il semble se confirmer ipie le missionnaire Ramseyer et ses compagnons de
captivité dans là cajiilale des Ashantis,
ont été enfin relâches par ordre du roi,
après trois ans de souffrances. L’est à l’énergique intervention de l'Angleterre que
l'on attribne cet heureux dénouement.
Ber*!.!!!. Grand bruit è cause de la
destitution par le Consistoire de Rrandebonrg de M. Sydow, pasteur hétérodoxe
très connu, soi-disant disciple de Schleiermacher.
Suisse. M. le pasteur Louis Burnier
est mort le lundi 14 è Vevey après une
longue et douloureuse maladie. C’est une
grande perte pour le Canton de Vaud, et
en particulier pour l’Rglise libre, dont il
était un des membres les plus actifs et
les plus influents.
Le Bien public de Genève qm nous annonce cette triste nouvelle, y ajoute les
lignes suivantes : « Successivement pasteur à Rolle et à Morges, membre do la
délégation des classes en 1837, M. Burnier s’était séparé de l’Eglise nationale
un an avant la sécession. Il a fondé à
Morges une écolo supérieure ()ui, sous
son habile direction, est arrivée à un haut
degré de prospérité. Prédicateur élo(|uent,
pédagogue distingué, esprit lucide, M.
ituruier laisse un grand nombre d’ouvrages parmi lesquels nous nommons .ses
Études sur la Parole de Dieu, son Manuel
pédafjoqiq UC, des sermons, des notices
biographi(pies , des articles de journaux
etc. 11 fut, avec. M. Caussen, l’uu des prinei[)au\ collaborateurs de la traduction littérale du N. T('Slament, plus connue sous
le nom do rersion suisse.
Clironique ®auboiee
La 'Toxn •-! Réunions reli
qieuses dans les quartiers. Elles ont commencé avec l'ouverture .des écoles, ( mi
novembre), et dureront ciu<| mois. Nous
avons pu cette année en établir n.e»//’grâce
au concours de plusieurs membres de
l’Eglise (anciens, instituteurs, étudiants,
etc. ). Nous avons la joie de les voir suivies
avec intérPT par un assez grand noinlire
d’auditeurs (cimi cents environ). Puissent
beaucoup d ûmes y trouver une réelle ,
solide édification et ifevenir des témoins
fidèles et bénis de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Ghi ist. (Communiquéej.
TiTrlxi. Nous extrayons d’une lettre
adressée par le prince E. Pallavicini, président de la Commission centrale de secours en faveur des inondés, les paroles
qui suivent que nous roi'roduisons toxlnellemenl à la demande d'un de nos correspondants: « 'futti gli offerenti sono di
» certo benemeriti, ma pili specialmente
» va segnalato il rev. sig. G. G. Paraudero,
» pastore evangelico in San Gallo, il (piale,
» mosso da spirito di sola cristiana caritè,
» volle eilìcacemente adoperarsi a sollievo
» dei nostri (e suoi) coana'/ionali trava» gliati da lauta sventura »..— M. Parander
a collecté dans son église fr. 113, et a
transmis pour le compte du directoire des
négociants de Saint Gali fr. 555.
8
-(32)
On nous écril ri’Ângrogiie que la commission scolaire de trois membres, nommée par le Conseil communal, a fait fermer
les écoles à toule espèce de services religieux présidés par le pasteur, comme
catéchismes, réunions etc.; mais il ne
paraît pas qu’il soit défendu de danser
et de faire des orgies dans ces mêmes
écoles, ainsi que cela a eu lieu dernièrement,-nous assure t-on, dans l’une d’elles,
qui, comme l’Ecole paroissiale, appartient
au Consistoire.
C’est faire un usage honorable des droits
qu’on s’arroge ! !
dirontque politique.
ï talie. A la Chambre, discussions peu
animées sur des projets do loi d’intérêt
secondaire. Dans le journalisme, et spé(dalement dans celui de Combardie, vives
polémiques au sujet des souscriptions pour
élever un monument à Napoléon et un
autre aux victimes de Montana.
Les prisons, les galères remplies rie plus
de 60.000 détenus que la nation doit nourrir, à grands frais, font sentir la nécessité
de. posséder un lieu de déportation oii les
malheureux condamnés ()uissenl se livrer
à un travail productif et moralisant. Il
avait été question du Birman , d’une île
près de Bornéo, mais la tentative de MM.
Cerulti et Racchia paraît n’avoir pas réussi; on parle maintenant de la NouvclloCuioée.
— La Gazzetle Officielle du 21 publie une
circulaire du ministre de l’Inlérieur, aux
préfets, par laquelle il leur recommande
de donner des instructions précises et rigoureuses afin d’empêcher l’émigration
illicite à l’étranger et de mettre un frein
à l’émigration permise. Il est nécessaire,
dit le ministre , de mettre un terme à la
coupable spéculation de certains agents
qui excitent des paysans ignorants et pauvres à abandonner leur patrie pour se
rendre tout particniirremoiit dans l’Amé
que méridionale, par l’appât d’une fortniio
facilement acquise, et en réalité pour faire
eux-mêmes par ce trafic des gains considérables.
France. Il est question plus que
jamais de la fusion du parti légitimiste et
du parti orléaniste et de l’accord du duc
de Chambord et du comte de |Paris, les
chefs des deux partis monarchiques. —
On avait dit que le fils de Napoléon III
prendrait le titre de Napoléon IV et l’eximpératriee celui de régente. Mais comme
le premier n’a rien à gouverner et la séconde rien à régenter, il a paru plus sage
de renoncer à de telles prétentions et le
jeune prince ne portera que le titre de
prince impérial.
Thiers continue à avoir des conférences
avec la commission des Trente.
Angletecr©. Grève de 50.000 ouvriers en fer et en charbon dans le Pays
de Galles. ,
AIlexxiag;ne. Grande irritation dans
le sein du parti clérical, à cause de la
nouvelle loi présentée par le ministre Falk
sur les études lycéales et universitaires
imposées aux étudiants en théologie catholique et sur les séminaires qui devront
être soumis au contrôle et à la surveillance du gouvernement. — Le député libéral Dunker a fait opposition au projet,
lui préférant la séparation de l’Eglise et
de l’Etat. Les conservateurs protestants
se sont prononcés en sa faveur, parceqn’ils la croyent nécessaire pour tenir en
bride le parti catholique, allié naturel de
la France qui se prépare à la revanche.
Oonôve. Le grand Conseil a commencé la discussion du .'nouveau projet
de loi concernant la constitution civile
de l'Eglise catholique dans le Canton de
Genève. L’article qui établit la nomination
des curés par les paroisses est le plus eu
faveur. L’assemblée paraissait pencher
plutôt pour la séparation de l’Eglise et de
l’Elat.
Fetît© corr*espond.anc©
M' M. P. Gênes. — Reçu fr. 30, 50. — ail
right.
M' Al. R. Casale. — Pas reçu la somme
dont vous parlez.
M' Ed. R. Pirier. — Reçu p. un abonnement fr. 3.
M' J. Blanc. Florence. — Reçu fr. 2, 15.
M' J. P. Brescia. — Reçu fr. 31. *— Merci
pour la lettre dont on fera bon usage.
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol, Impr. Chiantore.