1
sixième année.
IV.
23 Juin 1871.
L'ECHO DES VALLÉES
FEUILLE HEBDOMADAIRE
Spécialemenl consacrée au\ intéréls matériels et spirituels
de la Famille Yaudoise.
Que toutes les cliose>s qm eunt véritables,
vos pensées — ( Philippiens., IV. 8.)
occupeui
PRIX D*ABOMNEHERT I
Italie, à domicile (un an^ Fr. 3
Suisse........................
Fraut*e................» 6
Alleniapne 0
Angleterre, Pavs-Bas . ■ 8
fn iiuinéro repayé : 5 cent.
Un numéro ayriéré : 10 cent.
BUREADX D*AB0NHEHEMT
Torrk-Peleìce : Via .Maestra,
N.J-J, (Agenzia bibliografica)
PiGNRRoL : J. Chiantore Impr.
TuriniJ.J. Tvou, via Lagrange
près le N. 22.
Ff.or.ENCR ; Libreria Evangelica. via de'Panzani.
ANNONt'KS : 5 cent, la ligne
ou portion de ligne.
Lettres et envois franco. S’adresser pour radininistrat:on
tPi Bureau à Torr.e-Peiltce,
via Maestra N. 42 — pour la
rédaction; A Mr.lÆ. Malan
Prof. A Torre-Pel Ice
Siommair'o.
De l’instriictton obligatoire en Italie. —
Le Collège au Synode. -- Cornspondensa —
Adresse aux catholiques allemands. — Nouvelles religieuses. — Chronique polHique.
DF L'nSTRlCTIO;^ OBLIGATOIRE
en Italie.
Lo journal L’Italie dans son n” du 25
avril, parle d’une suite de lettres remarquables publiées, sur le disceniramento,
dans la Gazzetta d’Ilalui, et en particulier
de la 17' qui traite de l’instruction. —
«L’auteur, y est-il dit, signale incidemment les dangers que pourrait courir
l’instruction publique si la Commune était
délivrée de toute espèce do tutelle. Il assure que les écoles élémentaires existant
actuellement dans les communes rurales
sont dûes, en grande partie, aux excitations répétées, incessantes des autorités
gouvernementales plutôt qu’à l’initiative
des Conseils communaux. Souvent même
l’autorité a dû joindre aux excitations son
action directe, procurer des maîtres, fournir des locaux, acheter des livres.
C’est malheureusement ainsi que les
choses se passent; et un seul fait suflit
pour l’expliquer; en Italie le sentiment
libéral descend de haut en bas, conlrairoment à ,ce qu’on voit généralement dans
les autres pays, où l’impulsion de tout
progrès monte des masses au chef de
l’état. Tandisqu’ ailleurs les populations
accusent le Gouvernement de réaction ou
d’obscurantisme, s’il ne propage pas l’instruction , et se servent précisément de
l’arme puissante de l’instruction afin de
pousser le Gouvernement en avant; c’est
au contraire le Gouvernement qui en Italie
fait violence aux populations pour les
contraindre à s’instruire. Il n’est pas nécessaire de prouver celte assertion, car
elle concerne des faits qui sont à la portée
do chacuü.
Nous le répétons avec l’auteur des lettres sur le disrentramento : si l’Italie a
déjà obtenu quelques bons résultats en
fait d’instruction élémentaire, elle le doit
plutôt à l’action du Gouvernement qu’à
l’œuvre des Conseils communaux. En parlant des Conseils communaux, nous devons
faire certaines exceptions qui, si elles ne
sont pas très nombreuses ( elles ne .sauraient l’être trop) n’en sont pas moins
remarquables.
Du reste nous n’entendons pas dire que
le Gouvernement ait fait tout ce qu’il devait ou pouvait. Non, il doit et peut faire
beaucoup encore; mais son œuvre sera
longue et les résultats en seront tardifs,
s’il ne se décide pas à adopter le principe
de l’instruction primaire obligatoire. On
peut croire désormais qu’il y est résolu
en théorie, mais il ne doit pas en rester
là. Une simple loi ne sufDt pas pour guérir
uu mal. Elle manque son effet, si le ter-
2
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raia u’est pas préparé, si tous n’en comprennent pas l’importance, et si elle a*eëf
pas partout exécutée. — Il est nécessaire
qne l’opinion publique soit prête à de
grands sacrifices.
L’utilité de l'instruction obligatoire n'est
jusf|u’ici reconnue que par la classe insIruito et intelligente des centres de popu*
lation; en un mot, cette utilité n’est admise, quaut à présent, que dans les loca"
lites où l’instruction obligatoire n’est pas
un besoin. Il faut donc se hâter delà rendre
familière partout, même dans les plus modestes hameaux. Naturellement, nous ne
voulons pas dire qu’il faille des eflorts
immenses pour persuader les italiens des
avantages que procurent la lecture et
l’écriture; nous voulions dire, au contraire , qu’il ne sera pas facile d’amener
tout le monde à faire les sacrifices nécessaires pour que chaque commune ait au
moins une école élémentaire, comme en
possèdent toutes les Communes de r.411emagne, de l’Ecosse, de 1’A.mérique et de
la Belgique. En Wurtemberg, l’instruction
est obligatoire depuis trois siècles déjà.
En Ecosse et aux Etats-Unis depuis près
do deux siècles ; en Prusse depuis uu
siècle.
Quant à la Belgique on ne peut pas dire
que l’iiislruction y soit obligatoire de par
la loi ; mais elle l’est de fait, grâce aux
efforts des Communes, des provinces et
de l’Etat. La première impulsion vraiment
sérieuse date à peine de 1842; mais ses
.résultats sont déjà merveilleux. Cette année là les Communes, les provinces et
l’Etat n’ont dépensé qu’un peu plus d’un
million pour les écoles primaires; en 1867
ce chiffre s’est élevé à 13 millions environ.
Proportionnellement au nombre de ses
habitants, l’Italie devrait dépenser à peu
près 80 millions, tandis qu’elle en dépense
à peine 42 : l’Etat 15 et les Communes 27.
Mais la Belgique a fait, depuis 1867, de
nouveaux et gigantesques progrès, de
sorte que si l’on voulait maintenir la
même proportion, l’Italie devrait inscrire
plus de 100 millions par an pour l’instruction primaire obligatoire.
C'est ici le point difficile pour les finances de l’Etat, comme pour celles des Communes, mais nous y voyons une nouvelle
raison pour insister et'pour demander
qu’on lie tardé pas à préparer le terrain,
à pénétrer les administrateurs des Communes rurales de la nécessité de pareils
sacrifices.
Revenant an point d’où nous sommes
partis, c’est-à-dire aux assertions de l’auteur des Letlere sul dincenlramento , nous
constatons encore une fois la nécessité
de recourir à l’iustruction obligatoire pour
faire disparaître ces millions d’illéltrés qui
constituent la plus ti'islo partie du patrimoine national. On se tromperait si l’ou
comptait que les Communes pourront et
voudront faire voloutairement eu Italie
ce qu’elles ont fait et ce qu’elles font en
Belgique. L’obligation est donc indispensable chez nous , mais.il est aussi iudispensable de pourvoir aux moyens de la
rendre réelle.
LË COLLEGE AU SYIÜODË
Nous avons dit, dans notre dernier N.
que la Commission d’examen a appelé l’attention du Synode sur plusieurs queslious
qui concorneut cet établissement, et d’abord sur celle de la discipline et de la
direction. La question d’un directeur spécial du Collège, qui feiait de Cette tâche
son œuvre exlusive, a déjà été mise en
avant précédemment, mais toujours écartée. Evidemment un homme qui n’aurait
que la direction des études et de la discipline dans un Collège qui a le bonheur
d’âvoir des maîtres animés du sentiment
de leur devoir, n’aurait pas une occupation suffisante, quand même on lui donnerait une heure de leçons par jour. C’est
là un luxe que l’Eglise Vaudoisê n’a pas
les tooyens de s’accorder. D’ün autre côté
on sentait le besoin d’avoir une direction
générale plus rapprochée que celle de
l’inspecteur, c’est pourquoi le Synode,
désireux de laisser à la'ïable cette direction, ftt dans l’osprit du nouveau régletnedt, à pris la résblùtïôti suivante ’. —
« L’assembiéè invite la table à nommer
"^chaqué année dans son sein un directeur
du Cqllége » lequel puisse, par aa sitnatîon et pai* sa posttion uon trop éloignée
du Collège, s’acquitter de ses fonctions.
3
-X95
La Commission (rijamen a, eu second
lieu, exprimé le vœu que la discipline
des classes inférieures ne soit pas trop
assimilée à celle des classes supérieures.
La Commission a fait <i cet égard un anacroiiisme. Co vœu ost exaucé depuis long
temps et surtout depuis l’abolitiou de la
directiou du Collège, qui a eu pour conséquence une responsabilité plus grande
laissée à chaque professeur de classe. Les
principes généraux du réglement sont les
mêmes pour le Collège inférieur et pour le
Collège supérieur; mais chaque maître et
le directeur avec lui les appliquent d’une
manière paternelle et selon l’âge et le
développement moral des 'élèves. Nous
ne pensons pas qu'il y ait rien à changer
et à réglementer à cet égard ; tout au
plus peut-on recommander (ce qu’on ne
saurait donner ) un grand tact pédagogique et beaucoup d’amour pour les enfants.
La troisième question concerne les examens. Nous avions la présomption de
croire que c’est le cété par lequel le Collège de la Tour, et avec lui les autres
établissements d’instruction secondaire ,
sedistinguaitavautageusement. Nous nous
trompions, à ce qu’il paraît. Il nous faudra
perdre encore cette illusion, si nos opposants ont raison. Mais nous nous hâtons
de dire que leurs arguments ne nous ont
pas converti. Nous avons bien entendu
dire en Synode que ces examens étaient
à la fois trop prolongés et trop superficiels. Mais ce qu’il y a de certain , c’est
que nous y mettons tout le temps voulu,
nous leur duunons toute la publicité désirable et si nous y employons quinze
jours, même trois semaines, c’est parceque nous désirons qu’ils soient réellement
utiles aux jeunes gens qui ont ainsi le
temps de revoir toute la tâche de l’année.
Nous savons par une longue expérience
que ces semaines de répétition sont très
bien employées; nous pouvons aussi être
plus exigeants que nous ne le serions,
si ces épreuves se faisaient joutes eu deux
ou trois jours, comme dans le bon vieux
temps. — Il y a un examen oral pour
chaque élève et dans toutes les branches
d’études, et il y a des examens par écrit
pour les quatre langues enseignées dans
le Collège. Nous espérons que pour aussi
longtemps qu’on ne nous aura par donné
do bons arguments sur les inconvénients
qu’il y a è suivre cette méthode. nous
ne la changerons pas, quoique la longueur do ces examens ne soit pas ce qu’il
y a de moins pénible surtout pour les
professeurs et les autres examinateurs.
— Le plus grand danger qu’il y ait à espacer les examens pour chaque classe,
comme nous le faisons. consisterait en ce
que les jeunes gens pourraient se relâcher
dans leur application dans li courant de
l’année, pareequ’ils savent qu'ils auront
tout le temps de se préparer à l’époque
même des examens; mais celle objection,
qui a quelque valeur, pour ce qui regarde
les mauvais élèves, n’en a point pour les
bons qui ne travaillent i)as en vue des
examens; et quant aux écoliers paresseux,
on peut être sêr que le travail des jours
d’exameo ue suffit pas à les tirer d’affaire; du reste, il y a, à cet inconvéaieut,
un correctif dans le soin que les professeurs mettent à interroger leurs élèves
pendant le temps des leçons. — Mais,
nous dit-ou, si les examens étaient moins
espacés, on pourrait avoir des commissions permanentes, et c’est sur ce point
qu’ont porté particulièrement les observations. Nous avouons ne pas avoir bien
compris ce qu’on a entendu par ces Commissions permanentes pour les examens
annuels de classes. Ces Commissions devraient-elles être toutes prises en dehors
des professeurs? Ceux-ci devraient-ils en
faire partie ,.!’ si l’on veut des Commissioijs
dont les professeurs seraient exclus , nou.s
aurions de la peine à les former pour nos
divers établissements, car, eu dehors des
pasteurs, où prendre les examinateurs? Si
les professeurs en font partie vous avez
en eux l’élément permanent. Nous n’aurious du reste pas la moindre objection
à ce que deu.x examinateurs, de ceux qui
assislent aux examens, fussent adjoints ,
pour chaque classe, aux professeurs, et
les mêmes pour quelques années consécutives. Quant aux examens de licence
lycéale, nous verrions un avantage à ce
que la Table appliquât, dès cette année,
l’article du réglepient ainsi conçu : <• L’examen de licence lycéale est dirigé par
4
-196
une Commission pormanenle de trois
membres, désignée par la Table, et en
outre par chacun des professeurs intéressés ». f A suivre J.
Corresponbi anee.
Lousbeck-Arnhem, 4 juin 1871.
Lecteurs,
S’il est dans notre siècle une étude digne de l’attention de tout homme de cœur,
c’est celle de ces classes inférieures de la
société qui, tenues trop longtemps dans
la plus affreuse misère en face d’une opulence arrogante et d’un luxe effréné, veulent aujourd’hui s’affranchir do ce joug
d’humiliation et de misère et, d’opprimées
qu’elles étaient, devenir dominatrices à
leur tour.
Les tristes évènements dont Paris nous
donne le douloureux spectacle au moment
oh je vous adresse ces lignes, évènements
dont le contre-coup s’est fait sentir dans
la France entière, l’Italie, la Belgique et
la Hollande sont là pour le prouver.
Je no viens pas ici vous exposer mon
jugement ou des vues nouvelles sur cet
état de choses, mais vous raconter ce qu’a
fait et fait journellement la Hollaude dans
l’intérêt de ces classes ouvrières ou classes indigentes, ce qui dans les villes se
ressemble plus qu’on ne croit généralement. Supposons en effet que l’ouvrier
actif et intelligent gagne, au jour le jour,
de quoi s’entretenir lui et sa famille, il
ne le pourra plus dès que la maladie, la
mauvaise saison, le chômage viendront
suspendre le travail de ses bras. En Hollande, les peintres, les maçons, les terrassiers, les bateliers, etc. sont forcément
oisifs durant les trois ou quatre mois
d’hiver, et j’ai vu alors des artisans, qui
gagnaient en été 12 à 14 francs par semaine, se contenter de cinq en faisant le
métier de bûcheroqs ou de. défricheurs.
La misère est doqc grande en hiver,
et les murmures qui s’en suivent se traduiraient bientôt en violence ouverte, si
la charité qui est immense, n’était là pour
en combattre la cause et en prévenir les
effets.
Les sacrifices que les classes aisées s’imposent , sont de tout genre ; outre les
contributions et les collectes ordinaires,
il n’y a pas de riche qui, comnme membre de deux ou trois sociétés de bienfaisance ( kl Société d’utilité publique, les
hospices pour les vieillards, pour les orphelins, l’institut de Mettray pour combattre la paresse et le vagabondage), ne
contribue largement à leur entretien. —
Les dames aussi ont des fondations charitables à soutenir et cependant tout cela
est bien au dessous des besoins.
Dans toutes les principales villes on a
organisé, pendant la saison d’hiver, des
distributions d’aliments, de combustibles,
de couvertures, etc. dont les frais sont
couverts par des souscriptions volontaires,
les recettes de coocerls de charité, de
représentations dramatiques données par
des amateurs ou des étudiants. Mais pour
vous montrer combien le dévoûement est
ingénieux à trouver des moyens, je vous
citerai un exemple très caractéristique ;
— A dix minutes de la ville d’où je vous
écris, est une campagne avec un vaste
parc, parsemé d’étangs. Lorsqu’on hiver
il a gelé bien fort et que les pâtineurs
ont bien pris goût à un exercice tout national , on engage un corps de musique à
venir y donner quelques concerts sur la
glace, et le public paie une entrée de 50
centimes par tête. Jamais je n’ai rien vu
de plus gai et de plus animé que ces fêtes
de la charité hollandaise.
Voilà un faible et incomplet aperçu de
ce qui se fait en Hollande pour secourir
l'indigence, soutenir la vieillesse, adoucir
l’infortune et combattre le vice. Cette sollicitude et ces sacrifices sont amplement
recompensés par la paix et la confiance
qui y règne entre les différentes classes
de ses citoyens, et malgré les ressorts
que des esprits passionnés mettent en jeu
pour provoquer des troubles, nous serons
exempts des désordres qui se passent ailleurs.
La charité- a porté ses fruits et établi
des rapports de bienveillance et de solidarité entre les différentes classes de la
société.
H. Gay.
5
-197
ADRESSE
au\ Calholiques Allemands.
Nous lisoDS dans le Journal de Genève-^
— Une réuüion de savants, anciens
calholiques, rassemblés ici des diverses
parties de l’Allemagne, vient de publier
une adresse aux catholiques allemands,
dée à la plume du Prof. Dollinger. Elle
porte en substance :
D’abord , nous persistons à repousser
les nouveaux dogmes du Vatican, qui,
malgré toutes les dénégations des évêques,
attriliuent au pape l’infaillibilé personnelle
dans l’Eglise.
En second lieu, nous demeurons pleinement convaincus et persuadés que les
décrets du Vatican constituent un danger
sérieux pour l’état et pour la société;
qu’ils sont inconciliables avec les lois
existantes et avec les institutions des différens pays, et qu’en les acceptant nous
nous mettrions en flagrant antagonisme
avec nos devoirs politiques et avec nos
serments.
Troisièmement, les évêques de nos contrées ont prouvé, par les interprétations
les plus contradictoires qu’ils ont essayé
de donner des dogmes du Vatican, qu’ils
les reconnaissent comme des innovations
et qu’ils en sont humiliés. Nous les plaignons d’être réduits à faire un pareil
usage do leur autorité épiscopale et nous
déplorons surtout que les évêques allemands n’aient pas eu honte, dans de récentes lettres pastorales, de répondre au cri
de la conscience de leurs diocésains par
des injures contre la raison et contre la
science.
Quatrièmement, nous repoussons les
menaces des évêques comme n’ayant aucune valeur et ne pouvant nous lier. Nous
savons que leurs excommunications ne
sauraient enlever aux fidèles leur bon
droit et les moyens do grâce que leur
offre l’Eglise, ni aux prêtres leurs titres
et leurs attributions ; et nous sommes
parfaitement déterminés à ne pas nous
laisser dépouiller de nos droits par des
censures que voudrait nous imposer la
propagation de fausses doctrines.
Cinquièmement, nous espérons que le
conflit actuel sera entre les mains de Dieu
le moyen d’arriver enfin et après l’avoir
longtemps inutilement désirée, à une réforme do l’Eglise , aussi bien dans ses
circonstances extérieures et dans sa constitution que dans sa tie. Nous comptons
sur une vraie régénération ecclésiastique,
par laquelle chaque pays catholique, s’organisant d’une manière conforme à sa
culture, en harmonie avec ses besoins et
avec son dévelo[>pement, deviendra un
membre libre des grands corps de l’Eglise
universelle ; le clergé et les laïques travaillant ensemble à procurer la vie de
l’Eglise, l’épiscopat se distinguant pas ses
vertus et par scs lumières, et le primat
de l’Eglise reprenant sa place à la tète de
la civilisation du monde. Par cette régénération , nous espérons nous rapprocher
du but excellent que doit poursuivre l’Eglise chrétienne dans son développement, savoir la réconciliation des diverses confessions et branches de la grande
Eglise. —
Ce document est revêtu de 81 signatures, entr’autres de celles de Dollinger,
Friederich, Schulte, lord Acton, etc.
Ainsi les anciens catholiques repoussent
résolument les nouveaux dogmes; ils veulent une régénération ecclésiastique, sans
toutefois abandonner les principes fondamentaux de la doctrine de l’Eglise de
Rome. Le résultat du mouvement antifaillibilistc allemand serait donc de constituer des églises nationales catholiques.
lioutieUee rcltjteus^d
Stati.stlq.xio religieuse de l'empire
d’Allemagne ;
Religion protestante 24.254.018
Id. catholique 14.551.651
Cultes dissidents et juifs 1.327.330
Total 40.131.999
Des avis do Bombay du trois mai, portent qu’on a des nouvelies du Docteur
Livingstone. Le célèbre voyageur africain
est eu bonne, santé.
6
-m
On cite ce propos d’un membre de .t’aris>
tocratie romaine, au sujet de riDfaillibiiité:
n Les papas ont cru être les vicaires du
Christ-; mais celui-ci estime que notre
Seigneur Jésus-Christ est son vicaire dans
le ciel.
des Sfimces Théologiques,
fondée à Genère. Les pretniers articles de
SOS statuts soDt :
Ari. 1' La Société a pour but î'étude
et le développement des sciences théologiques.
Art. 2. Elle tend à ce but par des travaux écrits, dos discussions, des publications périodiques et autres.
Art. 3. La Société s'interdit totite note
sur les questions dogmatiques et ecclésiastiques. Elle réunit tous ceux qui cultivent l'une quelconque des sciences théologiques, quelles que soient d’ailleurs leurs
vues en matière de doctrine et d’église.
Dans la circulaire, qui est une espèce
de manifeste, il est dit que cette association « appelle à elle indi.stinctement tous
les hommes qui croient avoir sans cesse
quelque chose h apprendre dans l’immense champ de la religion et sur le
chemin de l’infinie vérité; qu’elle les
groupe sur le terrain supérieur (à quoi?)
de la science autour du drapeau de la
recherche libre et impartiale, sous la seule
règle du travail consciencieux et respectueux pour tes choses saintes » C’est un
programme qu’on n’accusera pas d’étroitesse. Mais nous doutons fort qu’une telle
«ntNprise, à la tête de laquelle bp’trouvent des hommes distingués et bien intentionnés, puisse donner de bons résultats. Impossible qu’elle n’altire a elle, à
cause de la trop grande largeui' deises
principes, si on peut leur donner ce uom,
que des hommes réellement ■« respectueux
pour les choses saintes ».
Uja© lettrée dxx père Hyaclntlie. — Nous extrayons, d’une lettre
du père Hyacinthe adressée au Gaulois,
à propos des évènements de 1*8118, les
passages suivants: « Qu’est-ce qu’un peuple sans Dieu? Les sages avaient essayé
de le dire, mais les faits l’ont Tévélé
dans une réalité qui défie toute parole..
La démoDslratioD de l’athéisme social est
faite : La Providence lui a laissé pour une
heure le plus grand théâtre du monde,
la plus libre des orgies et le plus terrible
des drames...... L’Eglise, pas plus que
l’Etat, n’a fait ce qu’elle aurait dû pour
l’instruction et la moralisation du peuple.
Le pouvoir temporel et l’infallibilité papale
avaient distrait ailleurs les pensées et les
efforts. A la place des promesses et des
en.seignements de l’Evangile aux déshérités
de ce monde, elle leur avait fait entendre
tous les échos bruyants de la presse, et
quelquefois même, dans la voix de ses
évêques, les âpres discussions sur le
pape-roi, la dograatisatioa de l’intolérance
et la canonisation de l’inquisition. Je ne
calomnie pas le régime politique et religieux que nous avons subi pendant plus
de vingt ans et qui se résume dans ces
deux mots: scepticisme à Paris, fanatisme
à Rome. Je ne calomnie pas, je n’accuse
pas, je raconte.
« .Mais je dis que c’e.st là la leçon de l’heure
présente, et qu’il s’agit de savoir si nous
voulons ou non continuer ces errements
funestes. En face de ce Paris en cendres
que j’ai habité, que j’ai évangélisé et dont
je sais l’histoire, j’ai le droit de pousser
ce cri de douleur dont Dieu seul connaît
l’étendue.
« Voilà l’œuvre d’un peuple qui n’a pliis
ûe Dieu!
« Et voilà l’œuvre de ceux qui lui rendqnt impossible de croire en Dieu et surtout de l’uimer». Signé Hyacinthe.
(ÎTlxroniquc politique.
Italie. La Chambre des députés a
oontiDué la rdiscussion du projet de loi
du chemin de fer du S‘ Gothard et l’aap.prouvé avec une forte majorilé; eiJe a
ensuite passé à la discussion du projet
■de loi de la réorganisation de l'armée et
d’après le travail de la Commission, dont
le député Corte est rapporteur. Dès que
celte loi aura été adoptée, nous en ferons
connaître les principaux points à nos lecteurs dout plusiews J put nn intérêt direct
<et iflainédiiat.
7
-190
Toutes les dispositions sont déjà prises
pour que les ministres avec leurs cabinets,
particuliers soient établis à Rome le 1"
juillet. — Le corps diplomatique a été inl'ormé que le ministre des affaires étrangères a établi sa résidence dès le 1" juillet
au Palais Valentin.
On parle beaucoup depuis quelque temps
d’une alliance entre l’Italie et l’Empire
d’Allbmagne, et ce qui semble donner à
la chose queUjue probabilité, c’est l’empressement du ministère à faire discuter
et approuver par le Parlement le projet
de loi du chemin de fer du S' Gothard.
bous ne savons ce que ces bruits ont de
réel, (lit la Gazzelta del Popolo de Turin;
mais si la France voulait vraiment restaurer la monarchie des Bourbons, dont
le représentant Henri V proclame ouvertement et avec ostentation , par son programme , le rétablissement du pouvoir
temporel du pape, il est certain que nous
serions bien insensés si nous ne prenions
les mesures que suggère la prudence.—
Indépendamment de toute autre considération politique, nous pouvons conclure
(¡u’il dépend de la France seule de nous
avoir, comme elle le voudra, pour amis
ou pour ennemis. Elle nous aura pour
amis si elle suit une politique de paix et
de liberté; si, au contraire, elle préfère
se mettre avec le clergé pour méconnaître
nos droits et pour combattre les plus
saintes aspirations du monde civilisé,
l’Italie fera son devoir; et ce ne sera pas
sa faute si elle devra se trouver dans un
camp opposé.
ROME. C’est le 16 juin (et non le 25,
comme nous l’avons publié par erreur)
(|ue le pape a célébré son jubilé et qu’il
est entré dans la 26',année de son pontificat. VUnità Cattolica a paru, ce jour,
feinte en jaune et a pris occasion de cette
fête pour résumer les principaux faits du
pontificat de Pie IX, y compris la procla
mation du syllabus, la canonisation des
martyrs japonais et celle de bon nombre
de saints et de saintes.
— La fête du jubilé s’est passée tranquillement et sans troubles; et les dépuputations étrangères pourront raconler.de
retour dans leurs pays, qu’il y a de l’ordre
à Rome et que le prisonnier volontaire,
le martyr du Vatican, jouit de toute la
liberté désirable pour l’exercice de son
pouvoir spirituel.
Le républicain Mazzini dé.sapprouvc, luiméme, dans la Roma dtl Popolo, avec
des paroles énergiques, les horreurs de la
guerre civile de Paris, et dit qu’elle rappelle quelques-unes des plus affreuses
visions de l'Enfer du Dante.
TURIN. Le,jubilé, célébré un peu partout en Italie, mais beaucoup moins que
dans les autres pays catholiques et surtout en Belgique, l’a aussi été à Turin;
le centre do la fête a été l’Eglise de Saint
Philippe, splendidement ornée par le
laicato catlolico. Une pièce de vers à l’honneur du pape a été répandue à pleines
mains; mais celte démonstralion, plus
politique que religieuse , a provoqué plusieurs conlre-démonslrations de la part
du parti libéral, (pii a été ass(v. iimtuiioux
pour faire parvenir même en lieu saiut
une foule de petites affiches portant ce
(|ui .suit:
Gloria a Dia
che ameesge a Pio IX
Innli anni di fila
da poter vedere l'Italia libéra cd unn
con Roma sua Capitule
Le soir du 16 les Eglises et quehpies
maisons ont été illuminées.
FLORENCE. Le roi Victor Emmanuel ,
ainsi que l’ont fait la plupart des princes
de l’Europe, y compris l’Empereur d'Allemagne et la reine d’Angleterre, ou par
lettres autographes ou par des ambassadeurs, a envoyé à Rome auprès du pape
le Général Bcrtolé-Viale pour le féliciter
à l’occasion de son jubilé. Nous apprenons que le représentant du Roi d'Italie
bien accueilli par Antonelli, n’a pas été
personnellement reçu par le pontife, sensible à l’attention du roi de Sardaigne,
pareeque tout son temps était déjà réparti
pour les nombreuses audiences qu’il devait accorder, sans doute aux trois mille
et plus (ie pèlerins venus de tous les pays
catholiques.
France. L’abrogation des lois d’exil
comprend aussi les membres de la famille
des Bonaparte et tous les serviteurs de
l’Empire. Ceux-ci se présentent en grand
nombre pour être élus députés de l’Assemblée nationale aux élections supplémentaires du 2 juillet.
RENNES. Le régiment des zouaves pontificaux a été consacré, par un serment
solennel de son général de Charrette, au
Sacré Cœur de Jésus.
-PARIS. Il est prouvé par une statistique
presque officielle que la Commune dii
Paris avait à son .service 6Ü0 polonais,
76 italiens; 13 anglais et 3 espagnols et
quelcpies allemands; et même parmi ceux
<iui sont donnés pour italiens, plusieurs
8
-200
sont corses ou tessiuois. Ou le voit, l’insurrectiou du 18 mars n’a pas été internationale mais française. Une preuve de
plus qu’il y a eu moins -d’ilaliens qu’on
ne le disait, qui y aient pris part, c’est
que le miuistre Lanza, interpellé sur la
conduite de notre gouvernement dans cette
affaire, a déclaré qu’il ne résultait pas
jusqu’à ce moment, d’une manière oflicielle qu’il y eût des sujets italiens impliqués dans * cette affreuse revolution et
qu'aucune demande d’extradition n’avait
encore été faite.
VERSAILLES. Cinq évôques ont adressé
à l’Assemblée nationale une pétition dans
le but de l’engager à rétablir le pouvoir
temporel du pape. Le journal clérical Le
Monde se bâte de déclarer que ces évêque ne demandent pas (jue la France
intervienne, à main armee, en Italie,
mais seulement qu’elle fasse une protestation diplomatique. Le Journal des Débats
répond que la protestatiou diplomatique serait déjà de trop. Nous n’avons pas le droit,
ajoute-t-il, de nous mêler de ce que les
italiens font chex eux. comme ilsn’auraienl
pas le droit de se mêler de nos affaires.
Liondros. On lit dans un livre publié à Londres en 1869 sous le titre de
Droits de l’ouvrier, le programme suivant
de la terrible Association internationale:
!• .Abolition de toutes les religions;
2” Abolition de la propriété;
3“ Abolition de la famille;
4" Abolition de l’hérédité;
5’ Abolition de la nation.
Pour réaliser ce programme il faut la
force; car lorsque deux puissances contraires sont en présence, il faut, sous
peine de se neutraliser, que l’une des
deux soit anéantie par l’autre. On l’a
essayé à Paris. — Aussi y a-t-il eu dés
démonstrations de cette association des
ouvriers à Londres, à Genève, à Zurich ,
pour approuver pleinement les assassinats
et les incendies de Paris.
Le journal sociali.ste le Volkeslaat, publié
à Leipzig et dirigé par Liebknecht et par
Bebel, députés à la Diète de l’Empire, fait
la déclaration explicite suivante : « nous
sommes et nous nous déclarons solidaires
de la Commune de Paris, et nous sommes prêts à soutenir, toujours et contre
tous, ses actes.
De Londres ont été expédiés dernièrement des manifestes à tous les comités
européens de l’Internationale. Ces manifestes seront mis en circulation dès qu’on
pourra le faire sans péril de violente répression. En voici un extrait; « Nous accbptons les événements de Paris et les
Actes de la Commune. C’est notre programme, non tout entier, mais en germe.
Les riches ont forcé la Commune à la
lutte, La Commune a incendié, fusillé,
assassiné. Si: une semblable sitüation se
reproduit, nous réunirons ces trois modes
de combat en un seul ; et nous fórpns
sauter en l'air les villes avec tout ce
qu’elles contiennent; nous nous ensevelirons sous leurs ruines avec nos ennemis.
Les riches peuvent crier: la Commune
est morte. A ce cri des milliers d’ouvriers
répondront dans toutes les parties de
l’Europe: la Commune est morte! Vive la
Commune! ». — Et cependant ceux qui
écrivent de telles horreurs et ceux au
nom desquels elles sont écrites, ceux qui
se proposent de sang froid de tels crimes
ont été baptisés, ont été admis dans l’Eglise. portent officiellement le nom de
chrétiens. Voilà les beaux fruits des Eglises
d’Etat, d’un christianisme sans convictions
individuelles, sans la Bible, les fruits, du
romanisme et du ralionalisme ; ils conduisent à l’athéisme, à l’abolition de la
famille, même de la patrie. Quel terrible
accomplissement de la parole de l’Apôtre.
« Dieu les a livrés aux convoitises de leurs
propres coeurs». Rom. 1, 24.
Allomafçne. L’Empereur d’Allemagne a clos la session de la Diète de
l’Empire par un discours dans lequel il
exprime l’espoir que la paix actuelle sera
de longue durée.
BERLIN. Le 16 juin a eu lieu l’entrée
triomphale des troupes allemandes dans
la capitale de la Prusse. Tous les régiments qui ont pris pari à la guerre étaient
représentés La statue élevée en l’honneur
de Frédéric Guillaume III, père de l’Empereur, a été solennellement découverte.
Le 18 a été célébré dans toutes les Eglises
d’Allemagne un culte d’actions de grâces.
T ,P) clioiïiîri cio fox' cl© 1*1—
gixorol à la Toxxr. — On nous demande d’annoncer à nos lecteurs que la
question ilu chemin de fer de Pignerol à
la Tour, dont on parle depuis quelques
années, semble près d’une solution. Il
n’y a plus que quelques formalités à accomplir pour qu’on puisse commencer
les travaux. Ce qui nous fait croire que
ce n’est plus seulement un projet en l’air,
mais qu’il y a réellement du sérieux,
c’est que le Conseil d’administration du
Chemin de fer de Turin à Pignerol a, dans
sa séance du 14 courant, voté en faveur
du projet de Pignerol à la Tour une subvention de fr. 120,000.
E. Malan Directeur-Gérant.
Pignerol,* Impr. Chiantore.