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Année Septième.
25 Février 1881
N. 8
LE TÉMOIN
ECHO DES VALLEES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
7oms seres iémotns. Actes 1, 8. 5'ïiit‘ani la Mériié avec la charité. Ep. 1, 15,
PRIX D’ABBONNEMBNT PAR AN Italie . . .. L. 3 Tous les pays de rUuion dû poste . . *6 Amérique ... • P Ou s'abonne : Pour. VIniérieur chez HM. leu pasteurs et les libraires de Torre Peliice. Pour VEûCtérievr au Bureau d’Ad- minist ration. Un ou plusieurs numéro» sépa- rés^ demandés avant la ti- rage 10 oent. chacun. Annonces : 2b centime» par i igne. Lee envois d'argent se font par lettre recommandée ou par mandats sur le Bureau de Pe- rosa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser aiüsi : A la Direction du ï'^wioirt, Pomaretto (Pinerolo) Italie. Pour l’ADM^NISTRATlON adresser ainsi : Al'Administraiion du Téwfltn, Pomaretto i Piuerolo) Italie
Som.mal3?e*
Lo 17 Février. — Nos origines. — Correspondance. — Nécrologie. — Chronique mudoiset — Revue politique.
LE 17
Quelques milliers d’enfants et un
nombre dé peu inférieur d’hommes
et de fqmmes de tout âge, ont, une
fois de pïüS', fêlé joyeusement celle
date, ld''pîus mémorable de toutes
pour le petit peuple vaudois. C’est
notre fêle nationale ; tant pis pour
les envieux qu’elle scandalise, aussi
bien que pour les esprits forts et
dégoûtés qui dédaignent de s’y associer. Mais pour qu’elle ne dégénère pas en une simple occasion,
pour les petits de s’amuser mieux
qu’à l’ordinaire, et pour les grands,
de se livrer aux excès dans le manger et dans le boire, |1'est urgent
qu’elle devienne de plus en plus la
fête de la reconnaissance; reconnaissance envers Dieu qui nous a
affranchis par le don' de son Fils
unique, et recoanaissance envers nos
Souverains bien-aimé« qui ont ren
versé et se refuseront à relever jamais ces odieuses barrières qui nous
enfermaient depuis tant de siècles
dans nos étroites vallées.
Nous n’exagérons pas en affirmant que l’une des recommandations les plus fréquentes, peut-être
celle que l’on rencontinè plus souvent dans les livres de Moïse, est
précisément celle que Dieu fait à
son peuple de se souvenir des merveilles dont il a été l’objet. Les
pères devront en parler à leurs enfants. — C’esjl jusque le peuple
élu se rappelle délivrances
dont ses pèresyomr^té les objets,
et du mépris qu’lO fait lui-même
de la loi sainte delfeqn Dieu, c’est
alors qu’a lieu>(!l#s son sein un
réveil plus ou moins étendu et plus
ou moins durable. Un peuple qui
perd le souvenir de son histoire,
lorsqu’il en a une dans laquelle la
puissance et la bonté du Seigneur
sont ûifervenues avéc’éclat, ce peuple est comme le sel qui a perdu
sa saveur.
Nous n’en sjommes pas là encore,
grâce à Dieu. — Ici et là dans nos
Nallées on connaît un peu notre
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histoire, on s’en entretient volontiers à l’occasion, — on l’enseigne
même quelque peu dans quelques
écoles. — Cela n’empêche pas que
la plupart de nos enfants ne soient
très embarassés lorsqu’on leur demande ce que signifie la fêle du
17 février. Ils le sont peut-être tout
aulatii, ces mêmes enfants, lorsqu’on
leur demande la signification de nos
fêtes chrétiennes.
Nous avons souvent eu l’occasion
d’exprimer un sentiment que nous
savons être partage par plusieurs
do nos amis. Le goût de la lecture
est presque nul parmi nous ; ni
la Bible môme, ni les bons livres
qui abondent aujourd’hui, n’ont le
pouvoir de secouer cette inertie des
intelligences qui ne se nourrissent
que de niaiseries ou de rêves malsains. — Notre scntiiuenl est que
si nous réus.sissions à réveiller l’intérêt des vaudois pour leur propre
histoire, nous les aunons gagnes à
la lecture en général, surtout a^ux
lectures saines et nourrissantes. Voilà
pourquoi nous avons applaudi de
tout notre cœur à l’excellente idée
de deux amis des enfaiils ( ils sont
trois celte année), d’oifrir en cadeau
aux enfants Vaudpis, à l’occasion
du i 7 févriejç, une jolie . brochure, aussi bien écrite qu’élégaramenl imprimé^ frailanl de quelque
trait de notre histoire. L’année dernière c’élail, le frappant contraste
entre les enfants vaudois d’autrefois et ceux d’aujourd’hui. Cette
année e’est le récit émouvant dans
.sa simplicité, de la cauite activité,
des longues, souffrances et du martyre triomphant de Louis Pascal,
ou plutôt, de Ludovico Pasquale,
pasteur des vaudois de Calabre. ~
Que nos amis.... Maille, — puis
qu’il est inutile de taire leurs noms,
reçoivent l’expression de la très
vive reconnaissance de ces milliers
d’enfants et de jeunes gens ( 5 à
6 mille croyons-nous ) qui ont reçu
et ont probablement déjà dévoré le
joli opuscule qui leur rappellera la
fêle de 1881 et les généreux amis
qui ont concouru à rernbellir.
Nous ajoutons, sans y être autorisés par personne et en notre
nom seul; « l’appétit vient en man-.
géant ». A bon entendeur peu de
paroles.
A propos d’appétit qui vient à
mesure que l’on mange, pourquoi
n’annoncerions-nous pas aux Vaudois que nous espérons leur offrir,
dans le courant de cette année un
mets plus volumineux et de digestion beaucoup moins facile. Nos
lecteurs se souviennent peut-être
encore, — nous ne l’avons pas.
oublié, — qu’en annonçant la réimpression de la Glomeme Rentrée
(que ceux qui ne l’ont pas encore,
se hâtent de se la procurer s’ils
ne veulent pas arriver trop lard ) ,
nous disions que liotre vieux Gilles
aurait son tour. C’est de lui qu’il
s’agit et nous ne doutons pas qu’il
ne lui soit fait un accueil, aussi
bienveillant que celui qu’a r.eçu Ar-*
naud. Mais comme il s’agit dlun
millier de pages, c’est-à-dire, de
deux épais volumes du f&nnal et
caractère de la Gioriettse ifimtrée ^
la question présente certaines dif->
ficultés dont nous ne voulons pas,
parler aujourd’hui,
Revenant à notre fêle de la semaine dernière, nous croyons imilile d’entrer dans des détails sur
les actes principaux dont elle a été
généralement composée. Chants* récitations, discours, goAter, distribay
3
.(53.
lion de liivrea, — lambours, drapeaux, feux de joie la veille. A
pi'opos d’un de ces feux de Joie, ou
nous a raconté qu’un calholique
bigot, pilier de sacristie et porieur
de cierges, ce qui ne l’empéche pas
d’être un ivrogne , disait aux enfants vaudois qui avaient préparé
leur farb, et sautaient de Joie en le
voyant flamber; vous auriez mieux
fait de portier cos fascines dans vos
maisons et de les brûler et vous
avec ».
Ce que la plupart de nos lecteurs
ignorent, et que nous n’àvons aj)pris
nous-mêmes que tard dans la Journée de Jeudi, c’est que le 17 février,
jour anniversaire de l’émancipation
des vaudois, à aussi été fêté à Edimbourg , par le Comité des dames
collectrices pour' la Société auxiliaire d’Evangélisalion vaudoise.
Au N. 17 de Grosvenor-Crescent
nous raelünons vcjlontiers, si la chose
était permise, rinscripiion suivante:
ïci on loge les vaudois, on les soigne
quand ils sont malades ; on relève
leur courage quand ils sont abattus;
s’ils ont par aventure un peu le
lïiali du pays,- on- conjure 66 mauvais esprit par de rexcellenie mu■siqué. On parle, on travaille, et l’on
prie beaucoup pour eux. Ceux qui
ne: les aiment pas sont priés de ne
pas entrer.
Ntfs Origines
IV.
Une clé qui grince:
Pour s’assurer que l’on tient dans
la maini la clé d’une maison!, il n’y
a pas de meilleur moyen que de ressayer à la scrriïKe,' Si ellei tousne saasi
grincement et sans effort c’est une
preuve que c’est la bonne clé; si au
contraire elle n’entre qu’avec peine,
s’il faut la forcer pour qu’eile ouvre,
c’est signe qu’on s’est trompé. De
même lorsqu’ on veut s’assurer en
matière d’histoire qu’une théorie est
vraie, il faut voir si elle rend compte
de tous les faits auxquels elle se rapporte. C’est à cette épreuve que nous
voudrions aujourd’hui soumettre la
théorie du prof. C. pour voir si elle
rend compte d’une manière satisfaisante des faits relatifs à nos origines.
1. Rend-elle compte suffisamment
des raisons pour lesquelles Vaido a
dirigé une forte troupe d’exilés du
côté des Alpes Gottiennes ? — Des
terrains à cultiver, des retraites alpestres, un souffle de liberté, c’est
quelque chose sans doute pour des
fiigitjfs; mais est ce tout ? Lorsqu’on
examine les Mts relatifs à la dispersion des Vaudois et que l’on se demande quelle règle a bien pu guider
le réformateur lyonnais dans le choix
qu’il fit pour ses disciples des divers
Eoù il dirigea « avec bon ordre »,
5 troupes, on est amené à croire
qu’il a cherché pour eux autre chose
que des « terroirs vuidès » ; qu’il a
cherché à les conduire là où le terrain avait été préparé par d’autres
avant lui, en un mot, là Où la population n’était pas bien catholique.
C’est du moins ce qui eut lieu pour
les Vaudois qui se dirigèrent vers le
Dauphiné, la Provence et le Langue! doc, vers la Bohême et vers le Milanais. Y aurait-il eu exception à cette
règle pour ceux qui prirent la route
des Alpes ? Nous hésitons fort à le
croire, surtout lorsque nous nous rappelons le témoignage de Gilles sur
tes « originaires et circonvoisins ».
2. La théorie du prof. C. expliquet-elle la multiplication rapide et extraordinaire des Vaudois des Alpes et
spécialement l’abondance de l'élément
indigène dans la composition de leur
Eglise ?
Leur aceroissement fut en effet si
grand que les Vallées se trouvèrent
bientôt dans la nécessité de verser le
trop plein de leur population sur
4
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d’autres contrées en fondant les colonies de Provence et de Calabre et
en s’étendant vers le Marquisat de
Saluces et vers la Vallée de Suse.
Et quant_ à l’abondance de l’élément indigène dans la formation des
Eglises, Gilles l’atteste lorsqu’il parle
de la « promptitude de grand nombre
d’iceux originaires à se joindre avec
les dits iyoïlnais en la profession de
la même religion », et même en dehors du témoignage de cet historien,
elle nous parait résulter de faits qui
ne sont pas à nos yeux, sans importance. Ainsi, comme l’a montré
Muston ce n’est pas le dialecte lyonnais qui a prévalu aux Vallées, mais
c’est le dialecte des Alpes Cottiennes
qui a absorbé celui des lyo.nnais et
qui a servi aux écrivains Vaudois pour'
leur poèmes et pour leurs traités. —
On ne peut se rendre compte de ce
fait qu’en admettant que l’élément
chrétien indigène a dû être considérable. En outre un grand nombre de
villages, situés dans la partie basse
des Vallées, occupée par les originaires , portent des noms vaudois.
par exemple on trouve à S. Jean les
Appiots, les Appia, les Muston, les
Nazerots, les Betlonats, les Bertots, les
Gonins, etc. ; — à La Tour les Bouisscs,
les Barmls, les Fassiots, les Simonds,
les Cliabriols , les Coupers, etc. ; — à
Prarustin et Rocheplate, les Gay, les
Cardonal, \es Bastan, les Cardon, etc.;
— à Angrogne les Jouve, les Jourdan,
les Malan, les Gonin, les Odins, les
Prassuit, les Coîsson; — à St.. Germain les ChaWand, les Bert, les
Balmas, les Bernard, les Rondins,
etc. ; — à Pramol {resté cependant
en bonne partie catholique jusqu’en
J573), les Clôt, les Michelet, les Bibet,
les Ckaurenc, les Bous, les Bouchard,
les Pellenc, les Allier, etc.; — au
Pomaret, les Pom, les“ Enfoux, les
Aimars, les Gilles, etc. — Ces noms
ont dû appartenir en grande partie
aux habitants primitifs qui se joignirent en grand nombre aux lyonnais
pour former avec eux une même
Eglise. Nous disons en grand nombre, et en effet la population catholique des quatre Vallées est restée
depuis lors et pendant fort longtemps
une infime minorité. On pourrait dire
qu’elle disparut à peu-près du Val
Cluson et du Val St. Martin, tandis
3u’elje resta un peu plus nombreuse
ans quelques localités du Val Luserne et du val Pérouse.
Or comment explique-t-on ce double fait de l’accroissement rapide des
Vaudois et de l’abondance de l’élément indigène ?
On peut bien cornprendre qu’une
population robuste, laborieuse, remarquable par ses mœurs pures et
austères se soit, par la simple loi de
la multiplication naturelle, trouvée
bientôt a l’étroit dans ses montagnes ;
mais comment expliquer l’adjonction
presque en masse de la population
indigène, établie dans la partie plus
basse des Vallées, si on admet avec
le prof. G que cette population était
bien catholique à l’arrivée des vaudois persécutés ? — Nous n’avons
garde d’oublier l’esprit missionnaire
des disciples de Valdo, mais nous
avons quelque peine à croire que le
prosélitisme explique les faits mentionnés plus haut, surtout si l’on se
souvient des édits persécuteurs qui
entravent dès l’abord son action.
La difficulté que nous signalons est
bien sentie par M. le prof' G. ; aussi
admet-il que les Vaudois trouvèrent
un «milieu favorable». Mais si la
population était « bien catholique »,
on n’arrive pas à comprendre en quoi
pouvait bien consister cet ambiente
qui a sa source dans un « souffle de
liberté », choses toutes qui n’offrent
pas une grande consistance.
3. L’opinion du prof. G. rend-elle
compte des faits en ce qui concerne
les Comtes de Lu seme ? M" G. nous
fait savoir, dans une de ses notes,
qu’il n’attache aucune importance aux
inscriptions latines qui se lisent à
Luserne. G’est vite dit. Mais lorsqu’on
rapproche les deux, inscriptions bibliques du palais des Comtes «lalumière luit dans les ténèbres » et « Ta
Parole, Seigneur, est la lampe (lucerna), de mes pieds », du fait incontesté qu’ils protégèrent ouvertement
les Vaudois à leur arrivée, leur garan-
5
.65
lissant lo libre culte, môme quand ils
firent soumission à la maison de Savoie en 1233, lorsque l’on se souvient
en outre de la tradition rapportée
par Léger et par Costade Beauregard
selon laquelle quelques uns de ces
comtes auraient autrefois professé des
opinions hérétiques, on ne peut se
défendre d’attacher quelque valeur h
ces circonstances réunies; qui peuvent
du moins servir de confirmation au
témoignage de Gilles sur les « originaires et circonvoisins ».
k. Enfin les conclusions du prof. G.
s’accordent-elles avec le témoignage
des écrivains catholiques du XIII siècle
qui nous parlent du mélange des Vaudois venus en Italie avec d’autres hérétiques qui les avaient précédés ?
Etienne de Bourbon affirme qu’en
Lombardie (qui comprenait alors le
Piémont^, « ils se mêlèrent avec d’autres hérétiques et que buvant et semant leurs erreurs, ils furent condamnés comme hérétiques».
D’un autre côté, l’édit d’Othon IV
fl209), mentionne avec les Vaudois,
d’autres hérétiques qui semaient leur
ivraie dans le diocèse de Turin. Qu’il
y ait eu mélange et même fusion de
divers éléments, M. le prof. G. l’admet pour les Vaudois du Milanais ;
mais, voilà, ce qui est un fait historique pour la Lombardie orientale,
devient un rêve et une fantaisie lorsqu’il s’agit de la Lombardie occidentale (Piémont^, où nous voyons cependant l’église prospérer plus que
nulle part ailleurs et la langue indigène servir de vêtement aux plus
belles productions littéraires des Vaudois.
Les considérations ci-dessus justifient à notre avis, le titre que nous
avons donné à cet article et que nous
nous permettons d’appliquer à la théorie du prof. G. Vaudés.
Correeponbance
Torre" Pel lice» février ÏB81.
Honoré Momiewr le Bédacteitr,
VoS'Correspondants, anciens et nouveaux, ont ao bonnes plumes à leur
service, mais il paraît que, par ces
derniers froids, leur encre a gelé à
blanc! Autrement, ils n’auraient pas
manqué de vous parler d’une conférence, donnée par M. le professeur
B. Tron , à l’Ecole de Sainte Marguerite.
Nous avons à La Tour une réunion
de prière, chaque mercredi soir, dans
la salle du Synode. Le 26 janvier l’on
s’occupait des pauvres. Les choses
dites par M. le profes.seur Tron parurent si intéressantes , qu’on le pria
de bien vouloir les répéter devant une
assemblée plus nombreuse qui se réunit, en effet, le lundi suivant, à l’Ecole de Sainte Marguerite.
Voici, en peu do mots, d’après
M. Tron , ce que les chrétiens doivent
faire et demander au Seigneur, pour
celle classe nombreuse, qu’on appelle
les déshérités des biens de la terre.
1° Des pauvres. — La première
chose qu’il nous faut demander à Dieu,
pour nos pauvres, c’est qu’ils cessent
d’être mendiants. En nous recommandant d’avoir soin des pauvres, le Seigneur n’avait certes pas en vue des
gens qui, faisant métier de leur misère plus ou moins volontaire, se
complaisent dans le vice de la mendicité! Celui qui ne veut pas travailler
ne doit pas manger.
En second lieu, nous devons demander à Dieu que nos pauvres soient
retirés de l’état de dénûment où ils
se trouvent. Ils ne doivent pas considérer leur position comme la règle,
mais comme une exception, et faire
tous les efforts possibles pour l’améliorer. Nous avons des familles qui ,
de génération en génération, regardent, à tort, la pauvreté comme un
héritage et se resignent trop facilement a vivre d’aumônes !
Enfin, ce que nous devons surtout
demander à Dieu, c’est que nos pauvres soient « riches en la foi et héritiers du royaume » que Jésus a promis à ceux qui l’aiment. La pauvreté
est trop souvent un piège et un oreiller
de paresse spirituelle pour nombre
d’âmes. On s’imagine que parceque
on est privé des biens de la terre,
on doit nécessairement mériter les
6
66.
biens du ciel. Rien de plus erroné.
Il n’y a qu’ün seul moyen de salut,
la foi, qu’un seul et unique Sauveur,
Jésus-Gbrist. Gela doit-être rappelé au
pauvre comme au riche.
2° fíe ceux qui donnent. Pour les
personnes qui viennent au secours des
pauvres, nous demandons à Dieu qu’il
leur enseigne à ne pas confondre la
charité avec Vaumône, Nous souhaitons que kur charité sait miséricordieuse, c’est-à-dire que leur amour ne
soit pas stérile, mais qu'il les pousse
à venir en aide à leurs frères qui
sont dans la détresse.
En second lieu, demandons à Dieu
que chacun donne avec ordre. Il fhut
d’abord prendre un soin particulier
des membres de sa propre famille :
« Celui qui n’a pas soin des siens
est pire qu’un infidèle ! » Il y a donc
une infidélité grave à ne pas secourir
les personnes qui nous tiennent de
près, par les liens du sang. Se décharger de ce devoir d^humanité sur
l’Eglise, sur les établissements de
bienfhisance c’est méconnaître une des
lois établies par le Seigneur,
En outre, il faut pourvoir aux besoins de ceux qui partagent notre
espérance ; € Faites du bien à tous,
mais particulièrement aux domestiques de la foi *. Il y a là une règle,
bien claire, pour les familles et pour
l’Eglise chrétienne.
En troisième lieu, il serait à souhaiter que, le plus possible, les secours fussent donnés personnelkment.
Il est certes plus commode de donner
quelque argent à la diaconie ou à
telle'autre caisse puMique, que d’aller
soi-mèm© ciiér<dïer le malade ou le
pauvre qu’il faut soulager. Mais la
voie- aisée n’e»st pas toujours' la bonne
voie.
Donnez enfin, avec une hurnhle et
pieuse recounaissiaace, envers Gelai
qui vousi en fournit les moyens et qui
vous choisit pour ses éco««meis.
Nous avons à peine besoin de relevar que le aecouEa le plus propre
à relevîer le pauvre, et a le réhaniMter à ses propres ycax, est eelui
que l’o« donne aous forme de travail,
quand- eela est. pjraticabte.
3” De ceux qui ne donnent pas, ou
qui donnent trop peu. '— Nous n’avons
qu’une grâce à demander pour les
trop nombreuses personnes qui ferment ou resserrent la main en face
du pauvre : Qu’ils deviennent riches
en Dieu, afin d’êtres riches pour Dieu
( Luc XII, 21 ).
Nous trompons-nous, en nourrissant
l’espoir que,, malgré ce qu’elles offrent de nécessairement incomplet,
ces idées que nous avons cherché à
résumer, -pourront être utiles et bénies pour ceux qui n’ont pas eu l'avantage de les entendre de la bouche'
de laquelle elles sont sorties pleines
de chaleur et de sympathie chrétienne ?
Ce n’est pas sortir du sujet qui
nous a occupé jusqu’ici, que de payer
une dette de reconnaissance que nos
pauvres, et leurs amis, ont envers la
Société des dames, — Il y a tantôt
un demi-siècle que quelques dames
de La Tour et des environs ont formé
une association de travail en faveuf
des pauvres. Elles se réunissent pen- '
dant les mois d’hiver, le jeudi soir,
à tour, chez chaque membre, pour
coûiéctionner des chemises et autres vêtements de première nécessité. Pendant l’année qui vient de
s’écouler ia société a distribué plus
de 330 objets, dont 239 chemises.
Quoique les pauvres de La Tour
n’aient qu’à ouvrir la main, par centaines, pour recevoir ce qui leur est
si généreusement préparé, il n’est pas
boin d’oublier qnmne soixantaine de
chemises , ont été accordées sur des
demandes venues de quelques autres
paroisses.
Dorcas vit et travaille au milieu
de nous ! Puissent les bonnes- œuvres
qu’ellë accomplit, en soulageant les
misères du corps, amener aussi les
âmes à se revêtir de la robe de justice.
Le Glaneur.
7
~61.
F
le
Lundi dernier un long convoi funèbre accompagnait au lieu du repos
la dépouille mortelle de M. Antoine
Monastier. Nommé recteur de l’ancienne école latine à l’âge de ans
en 1827, il a continué son enseignement dans le Collège, dont il était
le plus ancien professeur, pendant
plus de 40 ans , de sorte que les pasr
teurs en actiiiité les plus avancés en
âge, à ce moment, ont été ses élèves.
Sa fidélité, sa ponctualité, sa régularité dans l’accomplissement de son
humble ministère auprès des jeunes
gens , lui ont mérité ÎMpprobaiiôn et
la confiance du Gomlte Waflqn de
Hollande qui poui'vtrjai't; à la plus
grande partie de ses honoraires et,
après sa retraite, à sa pension ; et
le Gouvernement lui avait reconnu,
ar un diplôme, le droit d’enseigner
es éléments dés langues classiques
dans la 3® et la 4® année du Collège
inférieur, ou du Gymnase, selon la
dénomination actuelle. —> tes quesr
tions religieuses et ecclésiastiques de
notre Eglise ont toujours eu une
large part dans ses préoccupations.
— Tout en s’occupant de l’instruction
de notre jeunesse, il a pu donner
une excellente éducation â sa nombreuse famille, et U a en la. satisfaction de la voir toute elevée, et chacun
de ses membres dans une position
honorable. Les afflictions ne lui ont
cependant pas été épargnées , mais à
la fin de sa carrière de 76 ans, H a
pu dire avec le psalraiste: « mon âme,
retourne en ton repos, car le Sei*
gneur t’a fait du bien ». Ps. 116, 7.
^Iirontque ©audoisc
Les Vaudois de Marseille auxquels
nous avons plus d’une fois entendu
faire le reproche mérité par quelquesuns, d’être d’une infatigable peisété
rance à réclamer des secours de toutes
espèce , ont dernièrement conçu et
fért convenablement réalisé l’idée de
témoigner aussi pnhliquement et officiellement leur reconnaissance pour
la généreuse bienveillance et Tintérêt
chrétien dont ils sont lés objols. Et
comme c’est au vénérable président
du Consistoire rcfoi’mé de celle vdfé
que le Gouvernement italien avait fait
parvenir une marque de sa haute satisfaction pour les soins pastoraux et
les secours sans nombre prodigués
à ses sujets vaudois par les pasteurs
de Marseillé, c’est aussi à M. le pasteur Béziés que les vaudois eux-mêmes
ont voulu exprimer leurs sentiments
de respect et de profonde gratitude.
Par rinitiative de deux d’entr’enx.
Mess. B. Chauvi© d’Angrogne et J. J.
Bernard de Pomaret une souscription
èTaiquelle ont pris part 476 pei’soanes,
a permis d’offrir k M. le ebev. pasteur Béziés lin fort joli souvenir, —
à en juger par la desicriplion qu’on
nous en fait. C’est un écusson ovale,
brodé, portant les armoiries vaudoises,
chandelier, étoiles, devise, -—dont le
dfi^in a été fait par M. le professouir
Oliivet, — à l’écusson était suspendu«
la croix de la Couromae. dHlaiie, —
avec l’inscription : Al Presidente del
Con&iitaro della Chiesa. Riformala éi
Marsiglia, i Valdesi d’Italia ticanescenti. 1880.
Une députation composée d’un représentant de chacune des paroisses
des Vallées se rendit le 23 janvier
auprès du vénéré M. Béziés pour lui
presealer ee modeste, mis S'ignificatif
tôwoâgnage dereconnwssanice, — dans
lequel çeîoH le vœu de la députaiiçon,,
il était prié de yonloir compi endre
aitssi Mess, ses Co.ljègpes, la Birecirice de ripfirnieric protestante , la
fondatrice, de l’Asile des qrpheúqs,
JÎess. qt'L- Eraisainet et tânt d’autres gépépepx amis des vaudois.
M. Bèziès qpi élwt visiblement
touché dt^ cette démoïKîtFalion,. —
peut-être m^Wendufi , yî répondit par
une aiioeutiori pleine de; bienveillance
et ne. voulut pà». fituo la députation
1« quittât sans qp’il eût, prié avec elle
et pojw’ ellei-
8
.68.
Nous avons forcément abrégé le
récit qui nous a été adressé, mais
nous avons été heureux d’apprendre
que nos compatriotes et coreligionnaires en si p;rand nombre à Marseille
savent apprécier les bienfaits dont
on les comble dans cette grande ville
où la misère et le vice les consumeraient fatalement s’ils n’étaient les
objets de l’active sympathie des chrétiens et particulièrement des membres du Consistoire.
A cette occasion nous répétons le
vœu que nous avons souvent exprimé,
savoir que les Yaudois de Marseille
ne s’isolent pas entièrement de leurs
vallées, mais se tiennent au courant
de tout ce qui s’y fait ; en particulier nous voudrions les voir s’intéresser aux œuvres de leur Eglise, au
dedans et au dehors. Quelques-uns
d’entre eux ont été jusqu’au Collège
et à l’Ecole Normale, tous ont fréquenté nos écoles. — Combien nous
serions heureux et reconnaissants envers le Seigneur, si de temps à autre,
le plus régulièrement que possible,
nous voyions arriver aux Vallées une
marque sensible du souvenir affectueux et reconnaissant des Vaudois
de Marseille, parmi lesquels nous savons qu’il y en a un bon nombre
qui jouissent déjà d’une honnête aisance !
IKcduc
Mtaiie. ■— La Chambre des députés a continué et achevé la discussion générale de la loi pour l’abolition du cours forcé ; elle a adopté,
presque à runanimitê le premier et
le principal article du projet ; c’est
de bon augure pour son ensemble.
Le Comice des Corajces s’est dissous sans amener du désordre ; et
bientôt pn ne s’en souviendra plus.
On se divertit beaucoup à Rome et
dans toute l'Italie dans cette saison;
il n’est pas étonnant que les aflàirés
sérieuses, et surtout les questions
sérieuses, soient en souffrance.
Il s’est formé au sein de la Chambre
un nouveau parti, composé de déutés du centre et de la gauche. Son
programme semble être essentiellement celui de la gauche, tout en se
réservant une certaine indépendance
vis-à-vis du ministère, soit dans les
questions financières, soit dans les
questions politiques.
Wrnnee. — La question la plus
importante qui se débat dans la Chambre des députés est celle du scrutin
uninominal que l’on propose de remplacer de nouveau par le scrutin de
liste. Gambetta se prononce pour ce
dernier ; il le considère comme plus
favorable à la république et propre
à éloigner de l’Assemblée législative
un grand nombre d’incapacités qui
n’ont dû leur nomination qu’aux intérêts de clocher.
Atietnagne. — Bismark fait de
l’éloquence à coups de massue contre
tous ses adversaires, quelque haut
placés qu’ils soient. Il n’entend pas
qu’on le contrarie dans ses projets
de réforme financiers. — Le discours
d’ouverture de la diète de l’Empire,
lu par le comte Stolberg, au nom de
l’Empereur, est tout-à-rait pacifique.
Avtgteterre. — La Chambre des
communes continue à s’occuper de
l’Irlande. Parnell est de retour de
son voyage à Paris et continue à
recommander à son parti ce qu’il
appelle l’opposition légale. Dans l’Afrique Australe les perspectives semblent de plus en plus favorables à la
paix ; des propositions dans ce sens
sont faites aux Boërs, et nous avons
lieu d’espérer que le nouveau gouverneur du Gap exercera aussi bientôt
une influence bienfaisante en faveur
des Bassoutos.
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DANS LEURS VALLEES
par
H O r» r* i A !■ n a 11 d
Pignerol Imprimerie Chiantore et Masoarelli
l>rix fr. t,GO
En dépôt chez le pasteur de Pomarei
et à Genève, chez M. Jos. Salomon,
Rue Neuve de Neuchâtel.
Ernest Robert, Gérant et Administrateu f
Pignerol, lmp. Chiantore et Mascarelli.